Je vous remercie pour vos paroles, vos partages... Oui, Loma, cette perle, les autres la voient sans doutes... Tu as raison... Et je sais qu'il faudra du temps pour que je puisse réaliser avec davantage de discernement qui sont ceux qui la voient, qui me voient et avec lesquels je pourrai continuer à avancer sans le trahir, me trahir...La route est longue et malgré l'absence de force, avancer est la seule possibilité...
Cette semaine est très dure pour moi... Je suis rattrapée par des crises de sanglots qui m'assaillent avec une intensité renouvelée... Le manque vient me frapper comme un coup de poing, me couper le souffle, par à-coups.... Et pourtant, cette souffrance là, je l'accueille... Je l'accepte je crois...
Le plus difficile, c'est que les coutures de certaines vieilles cicatrices se défont... A la fin de l'adolescence, j'ai souffert d'une forme particulièrement violente de TOCS... Pas de "rituels de réassurances" pour moi: ce besoin de compter, vérifier, toucher des objets, se laver les mains ou autres... Rien de tout ça, mais tout s'est joué dans ma tête... J'étais assaillie par des pensées intrusives, obsédantes dont j'étais incapable de me débarrasser... Des phobies d'impulsion... Cette peur irrationnelle d'être capable, contre sa volonté, de se faire du mal, de faire du mal aux gens... jusqu'à me persuader, dans les pires heures, d'être un monstre: sociopathe, pédophile, insensible... puisque ces peurs atteignaient leur paroxysme en présence des personnes que j'aimais le plus... Cette voix dans ma tête qui me répétait du matin au soir que je ne suis qu'une merde tout en m'obligeant à imaginer les pires horreurs pour être sure que je n'y trouvais pas un quelconque plaisir... Un peu comme si j'étais coincée en permanence, les yeux écarquillés sans pouvoir les fermer, devant un film d'horreur dont les principaux protagonistes étaient les gens que j'aime et moi-même. Un enfer. L'enfer sur Terre. Littéralement.
C'est difficile pour moi de l'écrire ici car si j'ai compris beaucoup de choses sur ces troubles qui sont somme-toute plus fréquents qu'on ne le pense, je ne peux m'empêcher de ressentir de la honte en les évoquant... M'avouer cette fragilité à moi-même et l'avouer aux autres plus encore, est un rude combat. Mais si je décide d'écrire tout ça, c'est avec la volonté de ne plus accorder de crédit à ce sentiment de honte, car c'est la première erreur à ne pas commettre pour s'en sortir.
Après avoir touché le fond (en ayant sérieusement envisagé de m'ôter la vie), j'ai réussi à rebondir... Sans psy ni anxiolytiques... J'en suis fière, même si à l'époque, ne sachant pas ce que j'avais, c'est la peur d'être internée, prise pour une folle et de sombrer définitivement qui m'a empêché de consulter ce qui est regrettable, car une aide m'aurait certainement été plus qu'utile... En revanche, pour les anxiolytiques, j'ai toujours décidé de tenir bon et d'apprendre à m'en passer pour développer mes propres outils et faire face.
Par la suite, j'ai toujours réussi à dompter ces phobies, même si elles m'obligent à une vigilance de chaque instant dans différents aspects de ma vie... Dans ma vie amoureuse, elles prenaient parfois la forme du TOC de couple: des ruminations incessantes sur notre relation, sur la véritable nature de mes sentiments: peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas aimer mon chéri autant qu'il m'aime, de le blesser... Penser qu'il serait mieux sans moi...
Dans le deuil, c'est cette peur d'aller mieux, d'être insensible...
Ces phobies, ces TOCS, c'est la croix que je porte sur cette Terre mais je ne suis pas résignée. Jamais. Je veux avancer malgré elles, et j'ai l'espoir de trouver la voie pour m'en débarrasser totalement un jour.
Mon chéri savait tout de ces troubles et il m'a acceptée ainsi... Lui même a connu des épisodes douloureux qui l'ont ébranlé psychiquement et savait que la séparation entre "fous" et "bien portant" n'est qu'une barrière fictive érigés par certains pour se couper de ce qui leur fait peur. Il m'aimait pour ce que j'étais, avec mes casseroles et je l'aimais, je l'aime tel qu'il est, avec les siennes... Il me faisait confiance et je lui aurais confié ma vie les yeux fermés... Je lui faisais davantage confiance qu'à moi-même. Et s'il s'agit d'une déclaration d'amour pour lui, c'est aussi une déclaration de désamour pour moi-même, ce qui est bien au cœur du problème...
Je vous confie tout ça, car depuis quelques jours, ces vieux démons tentent de me rattraper et c'est terriblement douloureux... Je suis assaillie par des pensées qui me poussent à croire que je suis un danger pour sa fille et qu'il aimerait sans doutes que je prenne mes distances avec elle. Qu'il y a quelque chose de mauvais en moi et que je n'ai rien à offrir. Que maintenant qu'il n'est plus là, mon chéri doit avoir réalisé qui je suis réellement, quelqu'un de mauvais et qui n'en vaut pas la peine et qu'il doit être déçu. Me mépriser... Et cette sensation, qu'il m'a retiré sa confiance, que je le dégoûte, qu'il me méprise est monstrueuse...
Pourtant, je lutte, je résiste... Ecrire ici pour y voir plus clair fait partie de ce travail... Je suis déjà passé par là, et la connaissance de ce mal fait que je garde au fond de moi une petite lueur qui me permet de ne pas me laisser happer totalement par ces illusions... Car ce sont bien des illusions... Seulement désormais, mon amour n'est plus là pour les chasser, y faire face à mes côtés et ce double combat que je mène est harassant. Épuisant... Mais je ne peux pas renoncer. Je ne sais pas pourquoi je suis soumise à de telles épreuves mais ce mal, ce n'est pas moi. Et ce qu'il me renvoie de moi-même, c'est une erreur. Et ce qu'il veut me faire croire concernant mon chéri, c'est un mensonge... Il m'aime, il m'a aimé et il me fait confiance pour me battre et avancer... Renoncer n'est pas une option... Mais mon Dieu, aidez moi...