J'ai voulu me distancer du forum pendant un temps... L'impression ces derniers jours de n'être plus capable de recul... D'être totalement confuse, mélangée, emmêlée... De ne plus savoir où se situe la limite entre moi et le reste du monde, entre ce que je pense et vis et ce que vivent les autres... Confusion... Impression d'avoir tant besoin d'être rassurée qu'il m'est arrivé de prendre personnellement des ressentis qui ne m'appartiennent pas... au risque de blesser... puis m'en apercevoir, honteuse...
Cependant je reviens, car j'ai besoin de ce partage avec vous... Sans vous connaitre personnellement, je me sens liée à vous de par l'épreuve que nous traversons... J'ai besoin de ce lien, de cet espace de partage que je ne trouve pas complètement ailleurs... Et j'aimerais tant aussi apporter un peu de soutien à d'autres, par mes paroles... bien que je me sente maladroite et impuissante... Alors me revoilà ici, encore...
Hier, je suis allée voir une dame de mon village qui pratique des soins Reïki... Ça m'a fait du bien... De par les soins qu'elle m'a prodigués et qui m'ont permis de lâcher un peu de lest... de pleurer sans trop de retenue... et surtout parce qu'elle ma beaucoup rappelé mon chéri... Une dame qui a traversé beaucoup d'épreuves: deuil, maladies... et qui s'est présentée à moi si confiante et paisible... Elle m'a tant rappelé la foi d'Hanaël... Son lien à l'Innomable," la Source" comme il les désignait... Alors que je ne la connaissais pas, à la fin de la séance, elle a pleuré avec moi, m'a prise dans ses bras... Je me suis sentie soutenue et épaulée... C'était un moment de partage sincère et authentique. Une belle rencontre...
Puis je suis allée marcher en forêt... Je l'ai senti si proche avec pourtant ce manque physique, si présent... Ce besoin, cette soif de toucher sa peau, de sentir le contact de sa main, son parfum... d'entendre sa voix... Et tout de même, cette sensation de présence... Il est et a toujours été chez lui au milieu des arbres, en pleine nature... Il m'est arrivé à plusieurs reprises de marcher seule dans la forêt depuis son départ, de le chercher, de vouloir le trouver à tout prix... d'être remplie de hargne de ne pas y parvenir...
Hier c'était différent, grâce à cette dame qui m'a un peu aidé à calmer la tempête... A un moment, je me suis arrêtée longuement à côté d'un arbre qui portait un petit écriteau "14"... Son chiffre, celui du jour de sa naissance et du jour de son départ... Lorsque je suis repartie, un oiseau, près de cet arbre a commencé à pousser des cris stridents et je suis revenue sur mes pas. Après quelques secondes, il y a cet écureuil qui a jaillit tout près de moi et qui est resté là plusieurs minutes, à s'agiter dans tous les sens, en couinant... Comme s'il m'offrait un petit spectacle... Signe ou non, je ne sais pas... Mais je me suis sentie si proche de lui dans cette forêt, loin de tout...
L'après midi, j'ai taché de préserver ce calme en moi... Je ne sais pas bien y faire.... La peur que cette sensation d'être proche de lui dans une sorte de sérénité disparaisse précipite bien souvent la chute... Hier, elle s'est maintenue un peu... Le soir, au repas, j'ai essayé de parler un peu à table, de cette sensation de présence. Du fait que mon chéri, même s'il n'avait que 33 ans, a vécu plus intensément que beaucoup et que je crois qu'il n'a pas disparu. Qu'il a simplement été rappelé ailleurs... Mon père, à la fin du repas, au moment de se lever me regarde les sourcils froncés et dit en se levant de table: "quand même, 33 ans c'est injuste, c'est pas normal" puis il s'en va vaquer à ses occupations...
Coup de couteau en plein cœur... Je sais très bien qu'il ne voulait pas me blesser par ses paroles. Au contraire même... Mais ça m'a révolté... Qu'est ce qu'il pense, que c'est facile pour moi de mettre ma foi en avant pour avancer? Que je n'ai pas passé des nuits blanches entières à maudire le ciel de m'avoir enlevé l'homme que j'aime à seulement 26 ans? Que c'est facile pour moi d'avancer sur ce long et fastidieux chemin, sur lequel mon chéri avançait lui aussi, pour apprendre à aimer cette vie et à faire confiance à ce que je ne peux pas comprendre? Et bien non ce n'est pas facile. Pas du tout... Et j'ai peur car je n'ai pas ce courage dont disposait mon Amour: celui d'assumer entièrement ses émotions et ses croyances sans se laisser déstabiliser par les jugements et l'incompréhension... Moi j'ai besoin des autres, de leur soutien et en même temps je sais si mal me protéger et me prémunir de ce qu'ils me renvoient.
Long et douloureux apprentissage... Alors pour le moment, je préfère rester seule... Limiter au maximum mes contacts avec l'extérieur... Mais j'espère que je retrouverai un jour assez de courage pour m'ouvrir à nouveau, car je ne veux pas basculer dans la misanthropie...