FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Ela le 28 juillet 2016 à 01:19:09

Titre: Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 28 juillet 2016 à 01:19:09
Bonsoir à tous... Mon chéri m'a quittée brutalement, le 14 avril dernier, suite à un arrêt cardiaque alors que nous étions partis nous balader sac au dos. Il avait 33 ans. Pour ma part, j'en ai 26.  J'ai hésité à m'inscrire sur ce forum et hésite encore au moment d'écrire ces mots. C'est que j'ai beaucoup de mal à communiquer autour de ce que je vis. J'ai le sentiment que cette séparation, autant, voir plus encore que le reste de notre histoire est tellement intime que lui seul peut réellement comprendre ce que je vis. Je lui parle beaucoup, lui écrit... Sa disparition est si récente et pourtant, depuis quelques jours, j'ai l'impression de traverser une sorte d'accalmie dans ma souffrance. Je pleure moins, j'arrive même à ressentir une sorte de joie timide, qui se rattache à une foi, une confiance encore vacillante en l'existence d'une force qui nous dépasse, pleine d'amour, et qui détient le sens de toutes ces épreuves que nous traversons. Lorsque je ressens ça, assise seule dans ma chambre ou quand je me promène, je me sens proche de lui d'une certaine manière. C'est un homme qui, sans être rattaché à un dogme religieux, avait une foi extraordinaire, et cette foi me porte. Et puis, notre rencontre en avril 2014, en plus d'être une rencontre entre un homme et une femme, a réellement été une rencontre entre deux âmes. Elle m'a totalement bouleversée. Notre rapport au monde, aux autres, à la spiritualité était toujours présent dans notre relation. Seulement, j'ai connu dans ma vie des épisodes de profonde angoisse et j'ai une tendance à culpabiliser excessivement. Du coup, j'ai du mal à accueillir ces épisodes d'accalmie, de sérénité. J'ai peur d'aller mieux et que cela signifie que je ne l'aimais pas assez, qu'il se sente trahi, abandonné.... Je suis très (trop) cérébrale et cet aspect de ma personnalité fait que j'ai parfois tendance à inhiber mes émotions... Je sais que ça peut paraître étrange, mais j'aimerais tellement être submergée, secouée de sanglots, encore et encore... J'ai peur de continuer sans avoir pris la réelle mesure de ce que j'ai perdu, d'aller mieux, d'oublier... Et pourtant, j'ai connu ces dernières semaines des moments où la douleur était si forte que je sais bien que c'est impossible. J'ai aussi, par moment, rejeté en bloc la sérénité que j'ai pu trouver en moi et ai traversé quelques épisodes de colère noire. J'ai envie qu'il sache à quel point je l'aime, que les gens sachent qui il est et ce qu'a représenté notre amour pour moi mais j'ai l'impression que c'est si difficile de dire, de communiquer... tous les mots me semblent creux, et quand je parle de lui et de ce que je vis au gens autour de moi, j'ai souvent l'impression que mes paroles sont vides, incomplètes... Aujourd'hui, je me sens perdue... J'ai l'impression d'avoir la force en moi d'accueillir et d'accepter les épreuves qui se présentent, et en même temps j'ai parfois envie de saborder tout ce travail intérieur que j'ai accompli pour choisir consciemment de m'enfoncer dans la douleur, de creuser... Il avait tant de choses à dire, à apporter, à défendre... Je suis parfois impatiente d'aller mieux pour l'honorer en continuant à porter ses projets dans la joie et en même temps, l'idée d'accepter les choses tellement vite me fait peur, mal, me révolte... S'il était avec moi, il rirait de voir à quel point je me complique la vie et trouverais certainement un moyen d'empêcher mes neurones de me tyranniser... Comme j'aimerais qu'il soit là...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: loma le 28 juillet 2016 à 07:35:06
Ela,
j'ai lu ta profonde tristesse, et hélas le seul avec tu aurais pu partager cela est précisément celui qui vient de disparaitre.

Mais ici nous traversons les mêmes états d'âme que toi, les mêmes tourments, les mêmes épreuves et pourtant chaque deuil est différent.
Tu seras lue avec bienveillance et comprise, certains et certaines te répondront, beaucoup n'oseront pas par peur de mal exprimer leurs pensées et blesser alors qu'ils espèrent réconforter.

N'hésite pas à lire les chemins des un(e)s et des autres, leur lecture éclaire un peu le notre. Aussi surtout ne crois pas que nos aimés veulent nous voir mourir de chagrin, et ne ressens aucune culpabilité à ne pas être effondrée de douleur à chaque instant. Le nombre de larmes versées n'a jamais été proportionnel à la profondeur de notre amour.

Prends soin de toi avec douceur, ne t'impose rien, un pas après l'autre.
La lecture de " Vivre le deuil au jour le jour  Christophe FAURÉ"  m'a bien aidée, tu peux regarder sa conférence :
https://www.youtube.com/watch?v=aIuL7GTSnXM

Reviens vers nous quand tu le souhaites, déposer ici un peu de ta peine afin d'alléger ton fardeau

tendrement loma
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: kompong speu le 28 juillet 2016 à 08:49:58
Loma
J'ai perdu mon fils de 19ans il y a 9mois , il avait deux sœurs la première chose que je leur est dit c'est que l'on est triste mais qu'elles peuvent avoir des bons moments avec leurs amis ou profiter de petit bonheur , elles passaient toutes les deux le bac cette année , ils fallait des moments de repis.
Je compare souvent ce chemin avec la marée et son ressac
Pensees
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: loma le 28 juillet 2016 à 10:31:47
Oui kompong speu, j'aime bien cette image avec la marée et son ressac, des vagues, des creux, des hauts, des bas, et on ne peux pas lutter ... juste se laisser porter ... et nous, nous sommes juste le petit bouchon de liège qui flotte ...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Orfila le 28 juillet 2016 à 11:34:30
tu réussis à dire que tu veux l'honorer...
bravo.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 28 juillet 2016 à 17:14:21
  Bonjour Ela. J'espère que le forum t'apportera l'aide dont tu as tans besoin, comme chacun d'entre nous.

  Ton deuil est tout récent, il est naturel-aussi insoutenable que ça puisse être dans un premier temps-que tu souffre autant. Je ne sais que trop ce que c'est, et à quel point ces premiers mois sont déchirants. N'hésite pas à t'exprimer aussi souvent que tu peux en èprouver le besoin, même si c'est difficile de mettre des mots sur nos maux, et de les accepter en les mettant noir sur blanc, c'est, en même temps, un soulagement très bienvenu dans les moments difficiles.
  Je comprend ce que tu veux dire-j'ai eu la même impression à un moment donné, mais je sais maintenant que mes craintes étaient infondées: une partie de toi voudrait te sentir mieux, et acceuillir avec soulagement les moments où tu te sens moins mal, et en même temps tu crains que moins souffrir, connaître de petites joies  sois synonyme d'"oubli", du moins périodique, d'une sorte de trahison parce-que ça te paraît trop tôt...
 
  Mon compagnon est décédé le 2 mai 2015, à l'hôpital, des suites d'une chute accidentelle. Je me souviens à quel point la douleur a été déchirante, à la limite du supportable, dans les premiers mois, et en même temps il me semblait que cette souffrance c'ètait lui, quelque part, et mon amour pour lui. Cela dit, j'ai accepté, acceuilli les premières lueurs, les embellies d'abord infimes, puis plus marquées, à peu près au bout du même laps de temps que toi. J'ai pus ressentir, peu à peu, des petits moments de quelque chose qui ressemblait à de la joie, puis en est devenue. J'ai accepté de goûter, petit à petit, les petits plaisirs simples de la vie quotidienne. J'avais un peu peur dans un premier temps, pour les mêmes raisons que toi, mais j'avais tort:
  Mon ami n'a jamais quitté un seul instant mes pensées, mon amour envers lui, nos merveilleux souvenirs communs n'ont absolument pas diminués. Ce mieux-être (je me sens à présent, la plupart du temps, en paix avec mon deuil) n'a en aucun cas amoindri tout ceci. Vu de l'extèrieur, les gens se disent qu'on "tourne la page, passe à autre chose, "oublie" etc mais c'est faux. C'est juste que penser à lui en permanence, avec une tendre et constante intensité, m'apporte à présent plus de douceur, de sérénité, de reconnaissance envers lui, envers ce que la vie a pus nous apporter, que de douleur. Il y a encore des moments très difficiles, mais en règle générale c'est très doux.
  Comme toi je suis très croyante à ma manière-j'ai ma spiritualité, même si je ne me réclame d'aucune religion-et j'ai la quasi-certitude qu'il y a bien une vie après la mort, pas incompatible d'ailleurs avec certaines nouvelles découvertes scientifiques. Ce qui m'a permis de tenir-et même d'être dans une sorte d'acceptation dès les premiers jours, en dépit de la douleur extrême-c'est cette conviction que de là où il est, il ne peux pas vouloir que ma vie s'arrête maintenant. Il voudrait à tous les coups-il veux je pense, et personne ne peux nous prouver le contraire, donc tout reste ouvert-que je continue ma vie et profite pleinement de tout ce qu'elle peux m'apporter de bon. Je veux me montrer digne de lui, de nous, de notre amour, de tout ce qu'il m'a apporté. Je veux qu'il puisse être fier de moi, et heureux pour moi. Pour lui j'ai pus garder la tête hors de l'eau et ne pas perdre ma dignité.
  J'espère que tu pourras voire les choses sous cet angle, et accepter ces petites embellies.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 29 juillet 2016 à 01:22:37
Merci à toutes, du fond du cœur pour vos messages. Votre écoute, la douceur avec laquelle vous avez accueilli mes paroles ainsi que  la rapidité avec laquelle vous m'avez témoigné vos marques de soutien me touchent beaucoup. J'ai pris le temps de lire un peu les récits de certaines d'entre vous aujourd'hui et suis très touchée par ces témoignages.  J'aimerais un jour, prendre le temps d'apporter à d'autres la même écoute que celle qui m'est accordée. En attendant, je tiens à vous dire que je suis sincèrement désolée que chacune ait à endurer de telles épreuves et en même temps, je trouve du réconfort à retrouver dans certains messages les mêmes émotions, craintes et espoirs que ceux que je rencontre sur mon chemin. Aujourd'hui, j'ai oscillé entre des moments de lassitude, de tristesse, d'angoisse et d'accalmie... J'ai malgré tout réussi à me motiver à dessiner: un portrait de mon amour, moi et sa fille, lors d'une sortie à la neige, que je tacherai d'envoyer à sa puce dès demain. Car oui,  il a également du quitter sa merveilleuse fille de 11 ans, issue d'une précédente union et qui vit désormais entièrement chez sa maman, dans le Var. Quant à moi, je suis retournée vivre chez mes parents en Alsace, à l'autre bout du pays... Je me sens parfois dans la 5ème dimension: téléportée ici, du jour au lendemain, si loin de tous les repères de notre vie commune, après avoir du faire précipitamment le tri dans ses affaires et quitter notre appartement. Et sa fille, que j'aime tant et qui est si loin, à qui j'aimerais apporter mon soutien du mieux possible tout en me sentant impuissante du fait de la distance... C'est terrible, d'être si loin des lieux, des atmosphères, des personnes, de toutes les petites choses empruntes de nos souvenirs. J'ai souvent l'impression, du fait de ce déracinement géographique, que nous sommes séparés depuis une éternité. En même temps, je sens bien que pour mon propre équilibre, il me fallait revenir ici. Que je n'aurais pas supporté de rester "seule" dans la ville où nous avions emménagé ensemble il y a moins d'un an, d'autant plus que malheureusement, au lendemain de son départ, de vieilles tensions irrésolues se sont réveillées dans sa cellule familiale. Ici, j'ai le soutien de mes parents, qui tentent de m'accompagner tant bien que mal. Je suis au repos, à la campagne. Je me laisse "chouchouter"... En même temps, je réalise bien que je suis en train de me lover dans un univers coupé du monde. Je réalise que les accalmies dans ma souffrance qui me donnent parfois l'impression d'oublier mon chéri viennent aussi de ce que je me maintiens dans un univers très solitaire, fait de silence et... de silence, dans lequel je suis totalement coupée du monde extérieur. Mais ce silence, s'il m'est souvent pesant, je le recherche également  car j'ai l'impression de l'y retrouver. Seulement, je sais que cette situation ne pourra pas durer éternellement.  Mais la perspective de rechercher du travail(car je suis pour l'instant sans emploi), de recouvrer mon autonomie me semble pour le moment inaccessible... Si je ne suis pas tout à fait effondrée, c'est aussi parce que je ne me suis pas encore confrontée à cette réalité: Il me faut tout redémarrer. J'ai bien revu quelques amis, à l'une ou l'autre reprise, mais souvent, ces rencontres m'épuisent. Je me sens en décalage total. J'entends les gens parler de leurs projets de couple, leurs vacances, leur boulot... J'ai deux bonnes amies avec qui j'ai pu parler un peu, mais personne dans mon entourage ici ne connaissait réellement mon chéri, du coup, parler de lui ne me vient pas aisément, et les conversations retombent vite sur ma souffrance, ma peine, etc. ce qui tantôt peut m'aider un peu, mais me fatigue également. En fait, je réalise en l'écrivant que de ne pas avoir auprès de moi un ami, quelqu'un qui le connaîtrait bien et avec qui je pourrais parler de lui me pèse énormément. Mon chéri était un être exceptionnel (et je ne le dis pas juste parce que je l'aime ^^). Un personnage, totalement atypique. Il était à la fois incroyablement sociable, proche des gens, et totalement "électron libre", un peu (beaucoup diraient certains) marginal. Il laissait rarement les gens indifférents, marquait les esprits. A la cérémonie, pour lui rendre hommage, beaucoup de personnes de tous horizons se sont déplacées et m'ont évoqué avec sincérité à quel point leur rencontre avec mon homme les avait marqué. Ce qu'il y a, c'est que mon chéri était quelqu'un de totalement entier, intègre, qui ne mâchait pas ses mots et ne se pliait pas aux pressions des groupes, aux modes... n'arrondissait pas les angles par peur des jugements, ne posait aucune parole et aucun acte s'il ne trouvait pas en lui même une bonne raison de le faire. Quitte à parfois être incompris ou sembler totalement en décalage. Il renvoyait beaucoup de choses aux gens en miroir, ce qui fait qu'il avait systématiquement des discussions très profondes et à coeur ouvert, même avec de parfaits inconnus, mais le rendait également agaçant ou dérangeant par moment, aux yeux de certains. Moi même j'ai pu ressentir tout cela en étant avec lui, ce qui m'a énormément enrichi même si ça n'a pas toujours été simple pour nous de trouver un équilibre. Il avait une foi énorme, en la vie, l'Homme, la nature. Il écrivait énormément: de chansons, de poésie. Il avait vraiment un petit côté déjanté: toujours original dans ses réponses, sa façon d'analyser les choses, de résoudre un problème... Un côté presque un peu "mystique" aussi (allez, j'ose le mot), qui le rendait parfois incompris, même jugé, moqué (ce qui pour moi était insupportable) alors que dans le fond, ses paroles étaient toujours pleine d'une infinie sagesse. Il parlait à tout le monde: sans distinctions d'âge, de religion, de nationalité, d'origine sociale... J'étais toujours étonnée de voir toutes les personnes qui le saluaient et qu'il saluait. Il avait un lien particulièrement puissant avec les gens de la rue, les galériens, les incompris, ceux qui ne cadrent pas avec les attentes de notre société. Cependant, s'il avait quelques personnes autour de lui, dans le sud, qui sont restées proches de lui au quotidien, beaucoup entretenait avec lui une relation en dent de scie... D'après moi, beaucoup le voyait un peu comme un feu: qui attire quand on a besoin de se réchauffer ou de lumière, et qu'on fuit parfois: parce qu'il nous aveugle ou peut nous brûler. Ce qui fait qu'il y a très peu de personnes avec qui je peux partager des anecdotes du quotidien le concernant. Et pourtant, comme j'aimerais qu'il y ait davantage de gens conscients de qui il était dans toutes ses nuances. Qu'en plus de sa douce folie , de son intégrité, de son côté borné/obstiné, colérique parfois aussi, il avait en lui des trésors de joie, de bienveillance, d'humour, de douceur, de réserve, de fragilité... Je suis immensément, incroyablement heureuse et pleine de gratitude de l'avoir rencontré. C'est la première fois de ma vie que j'ai autant le sentiment d'avoir fait une "rencontre". Comme si c'était écrit, que cela devait avoir lieu. Et il y a tant de signes, de petites choses survenues au courant de ces deux dernières années qui me confortent en ce sens. Et maintenant, que faire? Que faire de tout ça? Je sais déjà que ma vie sera changée à jamais, et j'ai l'espoir et la volonté de tirer quelque chose de positif de tout ce qui arrive. Je crois réellement comme toi Stana que la mort n'est pas une fin, mais une transformation. Que mon amour est encore là quelque part, autrement, différemment et que nous ne sommes pas totalement séparés, voir même que nous nous retrouverons. Cependant, c'est si dur parfois, de poser toutes ces questions et d'avoir ce silence assourdissant pour réponse... Je vais en rester là pour l'instant je crois. Ca m'a fait tant de bien de parler de lui. Je crois qu'une partie de la clé est là: réussir à se tourner vers lui, vers qui il est et vers les autres et se décentrer de sa souffrance. Demain, j'essayerai de me remettre un peu au jardinage pour prendre soin de cette Terre qu'il aimait tant (et qu'il continue à aimer, j'en suis sure). Bonne nuit et une pensée affectueuse pour vous toutes.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: kompong speu le 29 juillet 2016 à 06:40:35
Eh bien Ella quelle belle déclaration d'Amour, je suis émue  merci a toi d'avoir entrouverte un pan de cette relation solaire
Pensées
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Romane le 29 juillet 2016 à 07:53:49
Oui ton témoignage est très émouvant , remplit d'amour .
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 30 juillet 2016 à 01:07:54
  Si nous t'avons un peu aidée Ela, j'en suis heureuse  :) oui comme tu dis, nous vivons tous la même chose.

  Ton témoignage est vraiment poignant  :'( :)
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 01 août 2016 à 18:33:54
Je vous envoie mes pensées les plus affectueuses... J'ai pris le temps de lire certains de vos témoignages... vos histoires... Je réalise à quel point il m'est essentiel que d'une façon ou d'une autre, mon amour: Hanaël, ne sombre pas dans l'oubli. Qu'il ne disparaisse pas des coeurs et des mémoires. Alors voilà, sachez que ce soir, je fais moi aussi une place dans mes pensées et mes prières pour Marc, Sam, l'amoureux de Orfila, Pierre et Tommy. Courage à toutes.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: dom1 le 02 août 2016 à 09:04:07
Bonjour,
Je suis très touché par le portait que tu fais de ton chéri car il ressemble à Nathalie.
Elle, atypique, différente, avec ce besoin immense d'être aimée et d'aimer. Elle était belle et aussi fragile.
Elle qui s'est donnée la mort, voilà 6 mois, et là encore je ressens les mêmes émotions que toi.
Je la vois à mes côtés très souvent et vis des moments et dans des lieux où elle se serait épanouie.
Injustice de cette mort, gâchis, regrets, culpabilité, tous les ingrédients sont là. Toutes ces sensations, toutes ces pensées qui taraudent.
Hier, j'ai sauté en parapente.
Hier, j'ai pensé à elle. Nous devions le faire ensemble...
Hier, dans les airs, elle était avec moi, et tellement loin à la fois, dans l'horizon verdoyant de la Chaîne des Puys, dans les nuages qui masquait le soleil qui brillait.
Demain, je sais qu'elle va s'éloigner de moi, petit à petit, et de plus en plus, et malgré tout, elle sera avec moi, elle sera encore plus en moi pour ne faire plus qu'une personne avec moi.
Je ne sais pas encore à quoi ressemblera cette personne, mais je sais aujourd'hui qu'elle sera formée par elle et moi, par la fusion de nos deux âmes.
Oui, je le sais maintenant, nous ne ferons et ne formerons qu'une seule et même personne.
C'est peut être ce qu'elle souhaitait en se donnant la mort.

Pour toi, la mort de ton ami, par la brutalité et la violence subie te donnent forcément les mêmes difficultés que je rencontre pour vivre son Absence.
Je te sens très intelligente et pleine de vie et bousculée par ce drâme, comme en déséquilibre. Je voudrais ici te soutenir comme un ami qui te prend le torse pour te tenir debout.
Te donner un peu de la force que j'ai en trop pour t'aider.

dominique
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 03 août 2016 à 18:35:59
Merci ela, ça me touche profondément  :)
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 04 août 2016 à 01:03:26
Merci Dominique, merci Stana...
Ce soir, je me sens perdue... Tout est gris. Rien, rien, rien, absolument rien dans ma vie ici pour me rappeler que notre histoire   a réellement existé... Même pas 4 mois sont passés, et j'ai l'impression d'avoir vieilli de 1000 ans. De m'être réveillée d'un rêve, ou plutôt, de m'être endormie dans un cauchemar qui ne se termine pas. Qui me secoue moins violemment qu'il y a un mois encore, mais qui repeins les contours de ma vie en noir et blanc. Mon arc en ciel, c'était lui. Et cette douleur sourde, tapie dans l'ombre,  c'est presque pire que l'insoutenable souffrance du tout début qui me donnait au moins l'impression d'être vivante.  Ce soir: plus rien n'a de couleurs ni de saveurs.
Je sais que je me renferme, que je ne peux pas blâmer qui que ce soit, mais il n'y a personne à qui j'ai envie de me confier, personne avec qui j'ai envie de passer du temps. Si ce n'est sa fille, qui est si loin de moi. Ici, personne ne me parle de lui... Je sens bien que mes parents, mes amis d'enfance, se font du souci pour moi... mais la plupart du temps, ils ne savent pas quoi faire de ma peine, et moi je ne sais pas quoi faire de leur gêne. Je ne ferai sans doutes pas mieux à leur place, mais la vérité c'est que pour le moment, je m'en fous. Je m'en fous qu'ils soient mal à l'aise en ma présence, je m'en fous que ma situation les mette dans l'inconfort... J'en suis désolée, mais je n'ai pas l'énergie de sans arrêt chercher à les rassurer et les aider à se sentir mieux. Ca m'oppresse... Cette semaine, j'ai jardiné. Mon amour et moi étions engagés dans différentes assos, dont les Incroyable comestibles, alors j'ai fabriqué une jardinière que j'ai installée devant la maison de mes parents. Pour ne pas rester sans rien faire. Pour lui montrer que malgré tout, j'ai la volonté de me relever, pour moi, pour lui, pour nous. Pour honorer cette vie qu'il aimait tant. Pour qu'il soit fier de moi. Mais voila. Je montre que je vais un peu mieux et j'ai l'impression qu'autour de moi, tout le monde se dit: ouf, c'est réglé. Je projette un peu, peut-être, je manque d'indulgence ce soir: surement... Depuis mon retour, mon père me fuis constamment... Dès que je montre le moindre signe de tristesse, il change de pièce, ou s'en va carrément de la maison... Je sais qu'il est mal à l'aise, qu'il n'y arrive pas... Ma mère essaye de m'écouter davantage. Ca me fait du bien. Mais elle a tendance à se culpabiliser beaucoup (tendance dont j'ai malheureusement hérité). Du coup, j'ai souvent l'impression de marcher sur des oeufs et de ne pas pouvoir me confier réellement. Aujourd'hui, je lui ai dit que j'avais mal, parce que si peu de choses me rappellent mon amour ici. Que personne ne parle de lui, que son nom n'est quasiment jamais prononcé, que c'est comme s'il n'avait pas existé. Je voulais juste lui faire part de ma souffrance et tout de suite, j'ai senti qu'elle se mettait sur la défensive. Comme si je l'attaquais. Je n'en peux plus d'avoir ce sentiment que les gens se sentent attaqués par ma douleur. De me sentir comme une pestiférée. Je sais que c'est injuste, je sais que c'est égoïste, mais je suis en colère. J'ai l'impression qu'il était le seul qui me connaissait réellement. On s'engueulait pas mal mon chéri et moi, mais c'est parce qu'on ne se cachait rien: de nos défauts, de nos caractères, de nos opinions. Et surtout, je réalise à quel point c'est rare de trouver une personne à qui on peut se montrer entier: avec ses qualités et ses zones d'ombres, qui ose nous dire quand il n'est pas d'accord avec nous et à qui on ose nous aussi remettre les pendules à l'heure, parce qu'on a confiance dans l'amour que l'on se porte... C'est même plus que rare. Pour moi, cette personne, c'était lui. Et il a emporté toute une partie de moi avec lui. Ici, je ne me fâche jamais avec personne, pour ne pas vexer, ne pas faire de vagues, ne pas froisser... Mais j'ai l'impression de n'être plus tout à fait moi.... Je sais que je ne suis pas totalement objective. Même pas du tout. Mais là, tout de suite, j'ai le sentiment qu'il y a tant de choses fausses, superficielles dans ma vie, dans mes relations... Tant de paraître. Tant de non-dits. J'ai parfois envie de tout faire voler en éclats et de m'enfuir. Mais pour aller où? Aucun endroit ne le ramènera.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 04 août 2016 à 14:47:54
Seule, seule, seule... Mon amour, je ne m'aime pas sans toi. J'essaye, mais je n'y arrive pas. Je ne m'aime pas sans toi et j'en ai honte. J'aimerais rester digne, forte. J'aimerais réaliser que mon amour était pur, désintéressé, à chaque instant. Que je t'aimais mais n'avais pas "besoin" de toi pour me combler. Mais ce n'est pas tout à fait vrai... Je suis désolée mon chéri. Tu es parti et je t'ai promis de rester forte. De prendre confiance en moi. D'être indulgente avec mes erreurs maintenant que tu n'es plus là pour me les pardonner, pour effacer mes soucis en me serrant contre toi. Je vais continuer d'essayer, toujours. Mais pour l'instant, je ne m'aime pas sans toi. Je n'aime pas ces pensées obsédantes qui me rongent. Je n'aime pas ce masochisme romantique qui me pousse à rechercher la douleur pour soi-disant "mieux t'honorer". Je n'aime pas ce besoin de rechercher l'assentiment des autres face à ce que je vis. Je n'aime pas cette souffrance égocentrique qui me coupe de toi plus qu'elle ne te rappelle à moi. Je n'aime pas ce combat à double vitesse que je mène, cette fracture en moi: entre mon cerveau qui analyse tout et cavale loin devant, et mes sentiments qui se traînent, s'épuisent loin derrière. Je n'aime pas mon manque d'indulgence qui rajoute une double peine à tout ce que je vis. Mon amour je ne m'aime pas sans toi. Je suis désolée... Mais ça va aller. Ca ira. "Indulgence", "légèreté". Je t'entends. J'ai l'impression de te voir rappliquer, cavaler: sur ton "cheval blanc du positivisme" (tu te rappelles?), pour me remonter le moral. Je t'aime. Je t'aime tellement mon amour. Je ne sais pas pourquoi je t'écris ici. Pourquoi je déballe tout comme ça. Je crois que je ne supporte plus ce silence quand je te parle. Je crois que je ne supporte plus qu'aucun regard ne se pose sur ma souffrance. Je crois que j'ai besoin de dire que je vais mal. Je crois que j'ai besoin de me plaindre, de me montrer faible et fragile devant tout le monde. C'est grave tu crois? J'aurai honte après sans doutes. Pour le moment j'ai honte et j'ai mal quoi que je fasse de toutes façons, alors tant pis... Je ne suis pas très douée pour la vie tu sais.... et je sais bien que c'est lâche et facile de dire ça. Que tu voudrais que je me lève pour prouver, pour ME prouver le contraire, mais je suis fatiguée... fatiguée...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 06 août 2016 à 14:17:33
Hier j'ai rêvé de lui, de sa fille, de nous. Merveilleux cadeau d'un bienfaiteur anonyme. Hier j'ai vu des amies, j'ai parlé, j'ai même un peu ri. Hier j'ai senti de la joie et tout au fond, toujours, cette tristesse qui ne me quittera jamais (et je ne voudrais pas qu'il en soit autrement). Hier j'ai ressenti notre amour vibrer plus que jamais... Hier je l'ai senti tout près de moi: sa lumière, son "énergie"...  Aujourd'hui, je ne sais pas... Mais hier m'a montré qu'il existe un chemin. Une pensée pour vous tous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Vanessa le 06 août 2016 à 23:06:49
Comme je comprends ce que tu ressens..... Car tout Ca c est exactement mes sentiments..
Cette impression d être seule au monde, que tout le monde est géné de ma présence car ne savent pas quoi me dire... Ou alors me sortent des énormités... Et la j ai juste envie de leur crier dessus... Pourtant les pauvres, ne le font pas expres.. Mais moi j en peux plus de tout cas... Ça fait moins de 2 moins que celui qui aurait dû devenir mon mari l année prochaine est parti.. Seulement 2 mois... Je ne vis plus,plus envie de rien... Mon cerveau me rappelle tout... Notre rencontre, nos problèmes, toutes nos parties de rigolades, la naissance de notre fils, qui aujourd hui, marche tout seul et Ca, îl ne l aura meme pas vu....
Bref tout ça pour dire, que je suis fatiguee ....  Que je me sens dans la 5 eme dimension et que mon amour etait , j en suis sur, l homme de ma vie...
Je ne sais pas si je vais m en sorti un jour... Et si je sourirai de nouveau pour de vrai et non pas, pour ne pas continuer à inquiéter les gens...
Je t souhaite beaucoup de courage...
Continue d écrire si ça te fais du bien.. Moi je n ai rien trouve qui me fasse un minimum de bien... Je suis un zombie..
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 06 août 2016 à 23:58:44
Vanessa... Merci pour tes paroles.  Tout ce que je peux te dire ce soir, c'est que je suis moi aussi solidaire de ta douleur... Si tu as envie de parler, n'hésite pas. Je crois qu'on ne peut pas faire grand chose, si ce n'est s'accrocher... Kompong speu et Loma m'avait écrit il y a peu qu'on est comme des petits bouchons de liège pris dans la marée et son ressac... C'est exactement ce que je ressens... Hier, j'ai entrevu un peu d'espoir, aujourd'hui je suis à plat... Chaque jour, je fais face à ce qui se présente, au dehors et surtout au dedans de moi... Je ne vois pas quoi faire d'autre pour le moment.
Je t'embrasse. Courage à toi.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Orfila le 07 août 2016 à 09:30:12
Ressac. Une vague qui revient nous chercher. On la pensait un peu moins haute. Elle revient nous desoler encore davantage.  Ton fils est sa présence. Embrasse le.
Caresse le, touche le, embrasse le.
Courage à toi. À vous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 08 août 2016 à 11:43:19
  Je suis heureuse de savoir que tu as pus connaître une petite embellie-d'ailleurs il n'y a pas de "petite" embellie, chaque progrès, chaque instant de mieux-être comptent, c'est toujours un répit très bienvenu qui permet de souffler un peu, de laisser "le malheur se reposer un peu, comme on dit. Ces instants précieux doivent être acceuillis et vécus dés qu'ils se présentent. Il ne faut surtout pas être tenté de culpabilisé dans ces cas-là, c'est un cadeau que la vie nous fait, et ils ne signifient pas que l'être aimé est oublié, ne serait-ce que provisoirement, que nous l'aimons moins. Ils resteront toujours dans notre cœur, c'est juste que dans ces moments-là, le deuil devient plus supportable. Tu as droit à ces rayons de soleil, c'est ce qu'aurait voulu ton conjoint.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 10 août 2016 à 00:52:11
Merci Stana...

Ce soir, je réalise qu'une impression m'accompagne, depuis les premiers instants, une impression qui ne m'a pas quitté d'une semelle et que je n'avais pas identifié avant... Celle que je suis seule responsable désormais de la survie de notre lien, seule garante de la survie de notre amour. Et je réalise que cette impression fait peser un poids énorme sur mes épaules et ma poitrine... Je me sens comme porteuse d'une mission qui ne tolère aucun échec, celle de trouver la voie pour sauver, sauvegarder en moi notre relation, notre amour. Celle de trouver comment ouvrir un chemin en moi pour pouvoir continuer à être avec lui, pour qu'il puisse communiquer avec moi d'une autre manière. Et mon cerveau cherche, inquiet du matin au soir, comment faire. Sans indications, sans mode d'emploi, dans un brouillard épais... Est ce cela l'essence de ce "travail de deuil"? Je réalise que la peur d'échouer et les conséquences que j'y rattache: que notre amour disparaisse, qu'il bascule dans l'oubli, me paralysent. M'empêche d'accueillir ce qui vient... J'analyse constamment ce que je vis, ce que je pense, ce que je ressens, ce que je fais...  dans l'espoir de trouver des bribes de solution... mais du coup, je crois que quelque part, je fais barrage aux émotions... Pourtant, la douleur est là, immense... Mais souvent, j'ai cette sensation qu'elle est emprisonnée, bridée, quelque part en moi. Qu'elle ne me parcoure pas librement, mais que je dois la chercher, la faire éclater, car je me sens trop en tension, sous contrôle... Cette après midi, j'ai craqué, en regardant une vidéo de lui, en écoutant des chansons... Une fois les vannes ouvertes, je me suis sentie submergée, remuée, secouée... Mes larmes, ma souffrance, tout était là. Et puis tout de suite après, sans même que je le veuille, quelque chose en moi a repris le contrôle... C'est comme si une part de moi essayait de répondre à cette tempête, à ce raz de marée qui s'est abattu sur ma vie de la façon dont on chercherait à résoudre un problème sur les bancs de l'école... Je me retrouve happé dans ce rôle de la "bonne élève" qui s'acharne à trouver LA solution à un problème insoluble, auxquels sont rattachés des enjeux démesurés... D'autres que moi ont-ils ressenti cette pression? Parvient-on toujours à recréer ce lien intérieur avec la personne qu'on aime, quoi qu'il advienne? Que de questions.... Cependant j'entraperçois le chemin particulier qu'il me faut emprunter. Celui de la confiance, du lâcher prise... Il faut que j'apprenne à apprivoiser mes peurs, mes angoisses... Et lorsque j'y parviens, je sais qu'il est là. Toujours.
Mon amour, tu me fais un sacré pied de nez... Je te vois, je t'entends... Ton absence m'oblige à affronter tout ce sur quoi tu me rassurais... Aujourd'hui c'est à moi de le faire. Je sais.... Mais tout n'est pas noir. Non, tout n'est pas noir.  Ce soir j'ai parlé de toi, j'ai évoqué des souvenirs, des anecdotes avec ma mère et une amie. Des images de toi qui m'ont faite sourire. Je souris même d'y repenser... Il y a en moi un flot d'amour, de tendresse qui ne demande qu'à continuer de couler jusqu'à toi... Je prie de trouver la force et la patience de détruire en moi tous les barrages et les obstacles... pour te trouver. Te retrouver... Je t'aime.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 10 août 2016 à 01:19:05
  Je vois très bien ce que tu veux dire ela. J'éprouve précisément la même chose: je me sens en communion avec mon compagnon et ça gonfle mon cœur d'une très douce émotion, et à certains autres moments-moins rapprochés que pour toi parce-que ça fait plus longtemps, mais les personnes extérieures ont tort de croire que ces moments sont anodins-l'absence, les souvenirs de lui quand il était en fin de vie sont encore très difficiles. Mais je tiens bon quoi qu'il arrive, pour lui, en mémoire de notre amour, toujours présent d'ailleurs. Je te souhaite de connaître, dans un laps de temps pas trop long, davantage de moments plus sereins.

  Une petite chanson qui évoque le deuil de manière très juste je trouve, avec une belle note d'espoir malgrès tout:

https://youtu.be/fw6jO_wbfVM

Partage  :)

Je pense à toi  :-*

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 10 août 2016 à 13:47:43
Merci pour cette chanson... et pour ta réponse. Hier soir, j'ai fini mon message en disant que j'aimerais le trouver, le retrouver en moi, et juste après, en allant me coucher, j'ai reçu un magnifique signe (dont je parle dans une autre rubrique). Un signe dont je ne doute pas... Alors aujourd'hui, l'inquiétude me laisse un peu de répit et je choisis d'accueillir ce cadeau qu'il me fait. Je vais aller au jardin, faire un gâteau pour l'anniversaire d'une amie... et je sais qu'il sera là <3.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 11 août 2016 à 02:00:16
J'ai respecté mon programme, dans la joie... Tout l'après midi je t'ai parlé, tout l'après midi je t'ai senti près de moi... J'ai même cru avoir droit à un nouveau clin d’œil de ta part, lorsque j'ai perdu les clés du garage en jardinant... La dernière fois que nous avons jardiné ensemble, c'est tes clés que nous avions perdu... C'était il y a quelques mois... C'était hier... C'était il y a une éternité.... Le gâteau que j'ai fait pour C. est réussi je crois, j'en suis plutôt fière. C'est son anniversaire demain... L'an dernier, nous y étions ensemble... L'an dernier tu étais là. Ce soir, ma sœur et mon beau frère sont arrivés. J'étais heureuse de les voir et d'un coup, j'ai eu le cœur lourd. Si lourd. Lourd comme le monde. La dernière fois qu'ils étaient ici, tu étais là aussi. Et ce soir, nous étions tous assis autour de la table, comme l'été dernier... mais ta chaise était vide... Ils ont parlé du festival de jazz: nous y étions ensemble. D'une escapade à Strasbourg: je revois tes yeux et ceux de ta fille devant les illuminations de la cathédrale... Je réalise que je suis dans une bulle aseptisée ici... Et chaque changement, chaque intrusion dans cette bulle, chaque perturbation de la "retraite" que j'ai entamé ici il y a deux mois est une épreuve... Arriverai-je un jour à ressortir de cette bulle sans m'effondrer? Sans avoir le sentiment de te perdre une deuxième fois? Arriverai-je un jour à quitter ce silence dans lequel je me suis installée? A revoir des gens? A refaire des choses que j'aimais faire avant: sortir, voyager? Non. Non. C'est trop tôt. Je ne peux pas y penser pour le moment. Ça me fait peur... Le monde est tellement grand, immense, effrayant sans toi. J'ai besoin de cette bulle... Reste encore un peu dans cette bulle avec moi... Je ne veux pas, je ne peux pas penser à demain et à tous ces jours qui m'attendent. Je ne peux pas penser à ce monde si vaste que tes pieds ne fouleront plus. Ici, maintenant... c'est tout ce qui est à ma portée... Reste encore près de moi, ici et maintenant... Je t'aime.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 12 août 2016 à 16:36:50
Envie de parler de lui, de nous et de moi aussi... sans trop bien savoir par où commencer, quoi dire... Envie de trouver un moyen d'immortaliser notre histoire dans sa totalité. De créer quelque chose: un texte, une chanson, un tableau, un film... quelque chose qui contiendrait l'essence de "nous", son essence à lui surtout. Bien sûr je sais que c'est impossible. Ce que nous avons vécu, je ne pourrai jamais le recréer. Mais l'idée de distiller ce que nous avons partager pour en extraire un peu de beauté me maintient en vie je crois... Alors pour le moment, je consigne des bribes de pensées, de vécu ici. Ailleurs aussi, mais j'assume avoir besoin de ces regards, de ces réactions, de ces encouragements. Ceux que mon amour ne peut plus me témoigner aussi directement quand je me contente de lui parler dans le secret de mon cœur...
Hier j'ai souffert. Beaucoup. D'un coup. Un état de sidération, d'effondrement, de suffocation... d'un coup. Comme au premier jour. Et je vais sans aucun doute paraître masochiste si je confesse qu'entortillée dans mon désir de reprendre mon souffle et de retrouver un peu d'apaisement, il y avait un filet de joie: celle de retrouver l'intensité de la douleur liée à son absence. L'intensité du mal de lui. Et en même temps, la certitude douce-amère qu'il ne me quittera jamais. Que je ne pourrai pas l'oublier comme il m'est arrivé d'en avoir peur...
Et puis j'ai repris le contrôle... Cette faculté que j'ai de rebondir, de me ressaisir, que je maudits la plupart du temps mais avec laquelle je vais devoir apprendre à me réconcilier... Sombrer, mourir d'amour... quelque chose en moi y aspire désespérément et rage, trépigne que je sois encore debout alors que lui n'est plus là... Mais c'est ainsi. Les épreuves successives, celles d'avant aussi, m'ont fragilisée et paradoxalement rendue plus forte et je crois que je ne m'effondrerai pas... Ce que je retourne contre moi parfois en m'accusant d'insensibilité, ce sont aussi les armes qui m'aident à affronter le quotidien. Et je ne pense pas qu'il m'en veuille d'être encore debout. Je m'efforce même de croire qu'il s'en réjouit...  Assumer ça,  même timidement, même temporairement, c'est un progrès je crois...
Je suis allée à l'anniversaire de C... Il y avait du monde, je n'ai plus l'habitude. Elle était contente que je sois là je crois... Elle et les autres, ceux aussi qui ne savent pas quoi me dire, qui se montrent gênés en ma présence... Hier, je me suis sentie en paix face à eux. J'ai pu faire un pas de côté vis à vis de ma souffrance et voir la leur aussi sans la mépriser: celle d'être impuissants face à ce que je vis. J'ai parlé un peu de tout et de rien avec les uns et les autres... J'ai fait un peu semblant, comme toujours, mais ça va... Et puis quand ça n'allait plus, je suis partie. Et j'ai vu dans le regard des autres qu'ils lisaient la profondeur de ma tristesse dans mes yeux. Ça m'a fait du bien qu'ils le voient. De ressentir qu'ils l'avaient vu. Je n'ai pas eu à parler, à me forcer. Je n'ai pas cherché à donner le change. Un autre petit pas en avant pour moi je crois. Un petit pas que je note pour ne pas l'oublier.
Et aujourd'hui, cette envie, de noter quelques bribes de notre histoire... Comme ça, en vrac... Ce besoin de lui rendre le rôle titre dans ce que je vis, ce rôle que ma douleur liée à son absence s'accapare le plus souvent, le repoussant dans l'ombre... Autre paradoxe... Cette impression que dans ma souffrance, je pense à lui continuellement, sans y penser vraiment... Voilà, donc:
Je l'ai rencontré, par un heureux hasard que j'appellerai destin, sur les marches de l'opéra de Toulon... On a commencé à parler, comme ça... Sans raisons particulières... Attirés comme deux aimants (d'ailleurs, c'est drôle ce double-sens du mot "aimant")... Ce soir là, j'avais prévu d'aller au cinéma, voir "le grand Budapest Hôtel"... Je connaissais à peine son prénom, (celui, comme je l'ai appris plus tard, qu'il s'était choisi)... pourtant je l'ai invité. Nous y sommes allés ensemble... A ce moment là, je ne crois pas que j'étais amoureuse de lui. Je suis même certaine que je ne cherchais pas à le séduire... C'est ça le plus étrange.... Il me semble simplement que je ne pouvais pas faire autrement que de rester avec lui. Que je ne pouvais pas faire autrement que de le faire entrer dans ma vie, comme ça. Tout simplement. Après le cinéma, nous avons parlé. Longtemps... Petit à petit, je l'ai trouvé de plus en plus mystérieux et fantasque aussi... De plus en plus proche de moi et en même temps, totalement inaccessible... Cette impression de m'a jamais quitté par la suite... Il parlait totalement librement, de ses émotions les plus profondes et les plus intimes, de ses rêves, de ses croyances... Des expériences qu'il avait faites aussi, à la limite de ce que mon cerveau alors un peu trop cartésien était capable d'entendre sans les assimiler à de la "folie". Oui, je le trouvais un peu "fou"... Je me souviens m'être dit: "il est peut-être psychotique ou je ne sais quoi"... Je m'en veux à présent de  toutes ces pensées, mais à l'époque je ne savais pas... Poser des étiquettes sur le monde et les gens devait me rassurer, même si bien sûr j'aurais été bien incapable de l'admettre... Et pourtant, malgré tous mes doutes, mes questionnements, comme il se faisait tard, je lui ai proposé de rester dormir chez moi. Je n'éprouvais toujours pas d'élan amoureux particulier envers lui. Pas de coup de foudre "à l'américaine"... Mais indéniablement, un coup de foudre d'un autre genre... Profond, inéluctable. Aussi étrange que cela puisse paraître, je n'avais pas d'idée derrière la tête. Je ne saurais expliquer ce qui m'a dicté ma conduite, à ce moment là. C'est comme si quelque chose avait pris les commandes en moi. Tout s'est fait simplement, comme une évidence. Il est donc resté dormir, dans mon épouvantable petit studio. Nous sommes restés allongés, côté à côté, sans nous toucher, nous effleurant à peine de temps en temps... Et puis le lendemain, il est reparti...
Et puis le lendemain, ou le surlendemain je ne sais plus: je l'ai revu, sur la petite place en bas de chez moi, à la table d'un café. Il m'a fait un signe de la main et est venu me rejoindre. Habillé de toutes les couleurs, comme toujours. Il m'a rejoint, m'avouant qu'il passait par là dans l'espoir de me croiser. Il parlait fort, riait aux éclats... Moi je savourais sa présence, tout en me recroquevillant un peu sur ma chaise, honteuse de me sentir malgré moi touchée par les regards en biais des serveurs qui visiblement, passaient au crible ce drôle d'oiseau coloré et sa verveine menthe. Nous sommes restés ensemble, encore, longuement... Et puis les souvenirs et la chronologie se mélangent un peu dans ma tête... Je le revois, en bas de chez moi avec sa fille. Sa magnifique puce qui le rendait si fier et qui avait alors 9 ans. Sa fille, son trésor: si intelligente, si lumineuse. Je me revois découvrir son appartement de l'époque, ces tentures multicolores tendues au plafond: on se serait cru dans une tente berbère. Et partout des dessins de sa fille, de objets sans aucune valeur pécuniaire mais emprunts d'une valeur sentimentale bien plus grande: des fleurs séchées, des pierres, des morceaux d'écorce, des petites figurines, des instruments de musique... Et cette odeur, d'épices, de papier d’Arménie, d'eau de cologne... L'odeur de la vie, l'odeur du bonheur... gravée à jamais en moi... Et puis doucement, les choses ont évolué entre nous... Doucement pour moi et entre nous, car il voulait respecter mon rythme, et beaucoup plus soudainement pour lui. Il m'a très vite avoué qu'il m'aimait. Bien que dans son cas, le mot "avouer" ne convienne pas. Il n'avait rien à cacher, donc rien a avouer... Il n'y avait aucune distance entre ses pensées, ses émotions, ses paroles, ses actes... Il m'a dit qu'il m'aimait, avec des mots forts, enflammés... Il m'a dit qu'il m'aimait sans aucune gêne, sans aucune peur, sans aucune entrave... Il s'est livré, mis à nu, alors que nous nous connaissions à peine... J'ai eu peur. J'ai toujours eu peur... Même maintenant, si je n'y prends pas garde, je me sens comme "pressurisée" par la force de ses sentiments... Mais il y avait toujours cette force en moi, qui, en quelques sortes, savait. Qui a fait que j'ai plongé, que j'ai osé, que je suis restée au lieu de m'enfuir. Il m'est arrivé de me sentir perdue dans notre relation... Inquiète. Moi qui ai toujours revendiqué fièrement mon autonomie, mon indépendance. Moi la célibataire endurcie, j'ai perdu tout contrôle. J'ai eu peur d'être engloutie, de m'oublier... Aujourd'hui, je regarde notre histoire et certaines choses m'apparaissent dans toute leur évidence... Je trouvais parfois qu'il allait trop vite. Que les choses allaient trop vite entre nous... Je ne comprenais pas cette urgence. Cette urgence de vivre. Maintenant, comme je la comprends. C'est comme s'il savait. Comme si nous savions. (D'ailleurs, étrangement, je pense vraiment, aussi brutale qu'ait été sa mort, qu'une part de nous savait... Il a écrit un texte la veille de son départ incroyablement troublant. Quant à moi, je suis retombée sur un dessin que j'ai fait de lui, il y a environ un an (bien avant son départ) où je le représente, la main sur son coeur fissuré, mis à nu par un trou béant dans sa poitrine. Je ne me l'explique pas..). Cette urgence de vivre notre amour, donc,  prends tout son sens aujourd'hui. Alors comme je lui suis reconnaissante de m'avoir brusquée un peu, secouée, sortie de mes repères... Et comme je suis heureuse de ne pas avoir succombé à mes peurs et d'avoir continué à marcher à ses côtés... Pas seulement par respect pour la force de ses sentiments à lui, mais parce qu'aujourd'hui, je comprends réellement l'intensité de ceux que moi-même j'éprouvais et éprouve plus que jamais pour lui... à travers cette absence, qui me révèle tant de choses... Parfois je me désespère devant l'absurdité de la vie. Maintenant que j'ai compris tout ça, pourquoi faut-il que nous soyons séparés? Et puis je repense à tous ces signes, toutes ces synchronicités, toutes ces choses qui nous ont amenés à nous rencontrer, à cheminer ensemble et je me raccroche à la conviction que nous nous retrouverons... Oui, d'une façon ou d'une autre, j'y crois... En attendant, je sens, je sais qu'il vit en moi. A travers moi. Son regard sur le monde, la vie, les gens... notre amour... tout, tout ça, est gravé en moi. Je souffre et souffrirai encore, je douterai de nouveau, je serai rattrapée par mes peurs... certainement surement. Mais la tempête peut bien ravager la surface, il y a un trésor qui repose, serein, protégé, en profondeur... <3 Merci mon amour. <3
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: dom1 le 14 août 2016 à 11:33:20
Je te lis avec beaucoup de soin.
Pas simplement de l'empathie, non une forme d'admiration.
Tes qualités humaines explosent ici, un peu comme des grains de maïs chauffés dans une poêle pour créer des pop-corns.
Ton chéri me rappelle tant Nathalie que j'en suis très ému.
Troublé.
Tu es comme moi sur le fil du rasoir coupant de la vie.
Des signes d'elle ?
Oui, j'en reçois presque journellement.
C'est très déstabilisant et en même temps presque jouissif.
Je n'ai pas peur de ce terme.
Puis la fameuse question: " qui de la poule ou de l'oeuf, etc".
Comme toi, mon esprit cartésien reprend la main assez vite.
Sauf que quand mes yeux se remplissent de larmes lorsque se dévoile devant moi un signe dans une image, une
chanson, un mot, quelque chose d'elle, cet esprit cartésien se met en veille.
C'est une expérience que je ne pouvais imaginer vivre un jour.
Je ne sais pas si ton chéri a vécu un deuil avant de te connaître ?
Je sais aujourd'hui que Nathalie en a vécu un qui a la même teneur que le mien.
Je me dis, peut-être naïvement, mais tant pis, qu'elle pensait que je serais assez " costaud " pour tenir le choc de son suicide.
Je pense que je le suis.
Grâce à elle.
Je crois qu'elle m'aide.
Son souvenir me brise et en même temps ou autrement ou à d'autres moments, il m'aide.
Elle m'aide.
Paradoxal ?
Oui.
Non seulement ça, mais lorsque viendra mon heure de mourir, car elle viendra, elle m'aidera.
Elle m'aidera.
Je le sais.
Je ne sais pas pourquoi, mais je le sais.
 
" Mourir d'aimer ", cette expression que je voyais comme désuète, par le passé, me devient familière.
Des fragments de cette idée de faire comme elle, me titille le cerveau.
Comme la majorité de ceux qui vivent ces moments là.
Pourquoi se le cacher.
Mourir d'amour...
Pourtant, je sais que je ne le ferai pas.
Notre amour, sans être le vrai moteur à été le déclencheur de sa mort.
Tu comprends évidemment, je le sais, ce que cela induit dans ce moment de vie particulier que l'on vit à fleur de peau.
L'idée que le bonheur créait le malheur.
L'idée que notre amour l'a tuée.
Une idée folle ?
Non, une réalité.
Tout comme son geste.
Un geste fou.
Absurde.
Mais toute mort est stupide, absurde.
Ainsi,tout ce qui traverse tes pensées me traverse aussi.
Comme si nous étions 2 jumeaux d'un deuil liés à 2 " belles " personnes.
De ces personnes qui te font grandir.
Bien sûr, toute perte et ce site en est la preuve, est unique.
Cette alchimie humaine qui permet ces rencontres là est fascinant.
Le suicide de Nathalie me reste incompréhensible et absurde.
Je lui en veux et je m'en veux de lui en vouloir.
Et je m'en veux aussi.
Ce manque est si puissant.
Je lis dans tes écrits toute l'agilité qu'il faut pour transformer ce manque imposé en une force de vie.
Je suis persuadé que tu es sur la bonne voie.
Continue à t'exprimer, pour toi, mais aussi pour ceux qui te lisent car tu possèdes en toi des clefs que d'autres ne peuvent avoir.
Et je pense que c'est ton chéri qui te les a données et te les donne encore.
Je doutais du fait qu'il fallait exprimer ses sentiments et que ça pouvait paraître incongru. Et plus j'avance et plus je comprends qu'au contraire, il faut les faire sortir.
Tout comme les cris.
Tout comme les questions.
Car nous savons tous ici, consciemment ou pas, que nous sommes en train de muer, de changer de peau, de devenir quelqu’un d'autre, et qu'ainsi , et évidemment, nous ne pouvons pas savoir qui nous serons demain.
Cette mue est une souffrance.
Et comme tu l'as compris, ces êtres chers que nous pleurons, feront avec nous ce que nous deviendrons.

Je voudrais te donner tout le courage que j'ai parfois en rab pour t'aider quand c'est lourd.
À distance, sache que je pense à vous.




Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 15 août 2016 à 00:34:19
Merci Dominique. Ton message m'a et continue de me mettre du baume au coeur... Je suis touchée moi aussi par tes paroles et par ton histoire, et aujourd'hui: heureuse de voir que tu sembles renouer avec la lumière qui émane de ta relation avec Nathalie. Que cette lumière se fraie un chemin en toi, entre la douleur et l'obscurité. Tu emploies le mot paradoxe et je crois que ce mot en dit long: sur le travail de deuil mais aussi sur les relations humaines, sur l'amour. Tant de paradoxes en nous. Tant de paradoxes entres nous... Mais je crois que toute vérité est issue d'un paradoxe et que pour la toucher du doigt, il faut s'avoir accueillir, embrasser la réalité dans sa totalité: avec ses hauts et ses bas, ses pleins et ses creux, sa beauté et sa laideur, ses joies et ses peines, ses ombres et sa lumière... Dans ce que je vis et dans les histoires que je lis ici, tant de questions sans réponses, de peine, de colère, de culpabilité... et en même temps, tant de beauté, de joie, d'espoir... Je me plais à croire qu'au final,  tous ces états ne sont que des formes que revêt l'amour que nous portons en nous...
Aujourd'hui (14 août), cela fait 4 mois que mon amour nous a quittés... Je me suis réveillée d'humeur plutôt sereine, ai tenté de me faire un peu jolie pour aller marcher sur un sentier en forêt que nous avons emprunté ensemble... J'étais même un peu excitée, comme si je me préparais à le rejoindre pour un rendez-vous galant. Une fois seule, sur le chemin, entre les arbres... tous ces souvenirs qui sont remontés. J'ai eu mal... je n'ai pas réussi à me maintenir dans la joie... J'ai pleuré et j'ai continué d'avancer, dans une sorte de brouillard... Je lui ai parlé. A un moment je l'ai senti si proche, et l'instant d'après, loin, si loin. Loin comme je ne l'avais pas encore perçu... J'ai senti d'un coup la réalité froide, implacable de cette distance qui nous sépare. J'ai entrevu comme je ne l'avais pas encore fait il me semble, ce que signifie réellement son départ. J'ai pris conscience, l'espace de quelques secondes, que je ne le reverrai pas dans cette vie-ci... Puis quelque chose en moi a comme "ravalé" cette idée, cette idée trop absurde pour que je sois capable de lui accorder un quelconque crédit. Cette idée qui je le constate, n'a pas encore fait son chemin en moi et m'apparaît irréel. Cette idée que j'entends, que je me répète sans toutefois la comprendre... Je sais, et en même temps je ne réalise pas... Et ce soir, je me demande si je réaliserai un jour. Pour l'instant, il me semble que je vis dans l'attente. L'attente de son retour, l'attente de ses signes, l'attente d'une explication, l'attente de quelque chose qui viendra apporter un éclairage sur ce que je vis et dissiper un peu la brume... Je ne sais si c'est une bonne chose ou non, si je vais rester coincée dans ce monde fait d'espoirs (d'illusions?) mais pour l'instant il me semble tout simplement que je ne peux pas faire autrement...
Il me manque tant... Ce manque, c'est un peu comme si je m'étais réveillée un matin avec des ailes et la faculté de voler, de découvrir le monde à travers de nouvelles perceptions, et que d'un coup, ces ailes m'étaient arrachées... Je peux toujours marcher, respirer, sentir... Je survis et même: je vis. J'éprouve des joies au milieu de mes peines. Mais tout est plus terne. Je ne peux plus voler. Le piment de mon existence s'en est allé et c'est si dur d'apprendre à ré-apprécier la chance d'avoir deux bras, deux jambes quand on a perdu ses ailes...
Mon ange, je prie pour que tes ailes à toi te portent vers un monde d'harmonie, de joie profonde, de douceur... Et un peu plus égoïstement, je prie pour que ce monde ne soit pas trop éloigné du mien et pour que tu continues à m'y réserver une petite place...
Je vous embrasse et vous envoie à tous mon soutien et mes pensées les plus affectueuses.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: dom1 le 15 août 2016 à 01:33:45
Coucou,
Ce sont des " passages " obligés, ces moments où leur absence nous saute à la gorge et nous tire les larmes. Au hasard d'un chemin, d'un endroit, d'une situation.
Sache que je les vis aussi et que c'est le cas de tout ceux qui vivent un deuil.
Le Manque né de l'Absence.
Admettre la réalité, son absurdité.
La Réalité de son Absence irréversible.
La Réalité de l'absurdité de la Séparation irréversible.

Il faut beaucoup de temps pour cela.
Personnellement, je suis encore loin de l'avoir admis.
Comme admettre la Réalité de son geste.

Courage.
Nous y arriverons.
Pour eux et grâce à eux.

Dominique
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Orfila le 15 août 2016 à 13:22:39
Ela,

J'ai eu la même image des ailes. Mais les ailes cassées. Pas seulement qu'il n'y en a plus. Qu'elles sont brisées. Qu'elles pendent sur mon dos.
J'étais franche, et  entière,
on m'a arraché.

Moi aussi Ela,  j'ai ce sentiment que l'intensité de notre Amour était une urgence
deux ans d'intensité impérieuse d'avaler la vie, de l'engloutir, au point d'être tétanisés d'Amour:
il nous arrivait de ne pas pouvoir se décoller du lit une journée entière tellement nous ne pouvions pas nous séparer
comme toi, Edouard est arrivé chez moi, dans mon appart en bordel, et je lui ai dit: "vous savez, vous pouvez dessiner sur les murs" je lui ai donné des craies, et il a barbouillé ses dessins joyeux et pleins de couleurs comme il aimait en peindre
on riait tant
j'étais son clown
il était mon coeur
mon coeur ne bat plus/ et l'autre qui continue
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 23 août 2016 à 19:38:49
Merci pour vos messages... Je reviens après une semaine d'absence. Je suis descendue dans le sud, voir la fille de mon chéri. c'était son anniversaire, elle a fêté ses 12 ans. Ses 12 ans sans son Papa, ses 12 ans que nous devions fêter ensemble en Alsace... Globalement, cette semaine m'a fait du bien je crois. A elle aussi j'espère. Parler de mon chéri avec sa fille, de nos souvenirs... Vivre de nouveaux instants ensemble, des jeux, des baignades... mais le cœur serré, toujours. Mes parents, ma sœur et son mari étaient là aussi: j'ai beaucoup parlé avec eux. Et avec mon beau-père, avec des amis de mon amour... Des instants qui rappellent que la vie peut être belle et en même temps: qui font mal. Mal parce qu'il n'était pas là.
Puis ce besoin de repartir, ce soulagement d'être de retour en Alsace dans ma solitude. Soulagement de courte durée... Parce qu'à mon retour, tout est là qui m'attend, intact. La même souffrance, qui petit à petit, s'est métamorphosée mais  qui, malgré les différentes formes qu'elle revêt est toujours bien présente... Les mêmes questions... Les mêmes incertitudes... La même impossibilité de me projeter plus loin que demain...
Et puis cette fatigue... Cette fatigue avec un immense "F" qui me fait repousser toujours plus loin le moment où je me lèverai le matin, qui me fait souhaiter l'heure du coucher devant l'angoisse de ces longues heures sans lui qui se succèdent, puis qui m'empêche de dormir lorsque à nouveau je rejoins ma chambre. Cette fatigue qui me donne l'impression qu'il y a quelque chose de terriblement sombre et gris qui s'interpose entre moi et ce ciel bleu d'été qui me nargue dehors.
Cet état, malheureusement, je le connais et je le crains plus que tout. Il distille lentement et sournoisement un terrible poison dans mes veines. Celui de l'extrême lassitude, du désespoir, de l'ennui, du désintérêt, de la morosité... Sans mon amour, j'ai l'impression de m'éteindre. Petit à petit, inévitablement...
Je crois que dans les premiers mois, j'étais comme tenue par la relecture de notre histoire. J'étais persuadée que tout cela avait un sens: notre rencontre et même, d'une certaine façon, son départ. Je m'imaginais qu'il avait été rappelé ailleurs, mais que nous étions toujours liés, comme deux personnages d'une épopée fantastique, séparés par les épreuves pour mieux se retrouver après... Je me raccrochais aux signes que j'ai pu recevoir... La douleur était plus vive, mais tout en moi était aux aguets, en éveil... Ma sensibilité exacerbée à l'affût de la moindre trace de lui, de "nous". J'étais dans l'attente de quelque chose... Je le suis toujours je crois. Ma foi ne m'a pas quittée: j'ai trop d'éléments de notre histoire en tête qui m'interdisent de tout remettre en question et de détruire le sens que j'ai pu construire. Et de toute manière, je n'ai aucune envie de détruire ce sens. Lui seul me donne l'énergie de continuer...
Seulement, malgré les signes, malgré la foi dans l'idée que la mort est une nouvelle naissance, malgré l'intuition que notre rencontre n'était pas pur hasard... je réalise petit à petit que je ne le reverrai pas. Du moins pas avant ma propre mort. Je réalise que les intuitions que j'ai citées sont les seules choses auxquelles je pourrai me raccrocher pour reconstruire quelque chose. Je réalise qu'il me faudra me relever et avancer sans jamais pouvoir être certaine que même s'il vit encore d'une façon ou d'une autre, il ne m'a pas oubliée. Sans pouvoir être certaine qu'il m'aime encore. Je réalise que toute ma vie, j'aurai cette amour pour lui dont je ne sais pas quoi faire, ni quelle place lui accorder en moi.
Je sais désormais que je ne l'oublierai jamais, mais après seulement 4 mois et une semaine, je réalise déjà qu'une part de mes souvenirs va irrémédiablement s'estomper, perdre de son intensité, de sa précision... devenir plus vaporeuse, impalpable. C'est déjà un peu le cas...
J'ai l'impression d'être assise sur un rivage et de le regarder s'éloigner, sans rien pouvoir faire pour le retenir. Et dans ses mains, il emporte une partie de moi... Voila, c'est ça. Ce sentiment d'impuissance. Qui me plombe. Qui m'ôte toute énergie quand il ne me culpabilise pas... J'en suis là. Assise sur ce rivage à regarder sa barque qui s'éloigne, comme paralysée. Incapable de me relever et de tourner le dos à la berge, par peur de le manquer s'il se rapproche, par peur de ne pas entendre s'il m'appelle, de ne pas voir s'il me fait un signe. Je suis assise sur ce rivage et je ne peux pas, je ne veux pas me relever.
 Et en même temps, il y a quelque chose en moi qui rage, qui bouillonne... Quand j'ose quitter la barque des yeux un instant, je vois derrière moi des gens qui s'amusent, qui rient, qui font la fête, qui vivent... Je rage d'être coincée sur cette berge du haut de mes 26 ans alors que d'autres profitent de la vie, insouciants. Je rage de comprendre que même si un jour je quitte cette berge et rejoins la fête, une partie de moi sera toujours ailleurs, le regard au loin. Surtout, je rage de me dire que mon amour ne sera plus avec moi dans cette fête. Et je me désespère de ne pouvoir entendre sa voix qui m'indique ce que je dois faire. Ce qu'il aimerait que je fasse.
Il était et il demeure l'amour de ma vie. Il était mon premier véritable amour. Ma première relation sérieuse. Le premier avec lequel j'ai essayé de construire quelque chose. Le premier avec lequel j'ai pris des risques. Le premier avec lequel je me suis jetée à l'eau sans bouée de sauvetage... Il était est il demeure l'amour de ma vie: LA rencontre. Celle qui justement, vous fait dire: là, j'ai fait une rencontre. Une vraie. Une qui vous bouleverse. Une qui vous secoue. Une qui vous marque. Une qui reste gravée, qui vous marque à jamais. J'ai tout appris de lui et en premier lieu: à quelle point la vie est belle. Il aimait la vie. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui aimait la vie à ce point tout en étant tellement en paix avec son dernier cadeau: la mort.
C'est tout ce qu'il me laisse. Cette graine de confiance. C'est un cadeau magnifique et en même temps quelle ironie. Quelle injustice... Je ne lui en veux pas, mais je me sens comme abandonnée... Délaissée.... Avec un poids trop lourd pour mes petites épaules... Et j'ai ce cadeau qu'il m'a fait entre les mains et je ne sais pas quoi en faire... La vie est belle. D'accord. Et après? Sa fille m'a dit l'autre jour, du haut de ses 12 ans: "j'espère qu'un jour, tu retrouveras l'amour. Mais bien sûr, tu seras obligée de me le présenter. Et bien sûr, il ne pourra pas être aussi cool que Papa. Et puis, si tu as un bébé, je pourrais être la marraine?"... Je suis restée sciée. Comme je l'aime cette petite. Et comme elle comprend des choses de moi que moi-même je cherche à repousser dans l'ombre...
L'avenir me terrorise parce que tous, tous, tous les aspects de ma vie se sont écroulés lorsqu'il est parti. Les seuls projets que j'ai envie d'envisager, de concrétiser, sont ceux qui me rapprochent de lui et en même temps, je me demande si je ne réaliserai pas un jour que tel Don Quichotte, j'aurai usé du temps dont je dispose pour lutter contre des moulins à vent... Gâchant par la même occasion le cadeau, cet amour de la vie, que mon amour m'a fait par le biais de notre rencontre. J'ai peur de le trahir en prenant les mauvaises décisions. J'ai peur d'avancer et de l'abandonner. J'ai peur de vivre et qu'il choisisse de s'en aller. Comme si dire oui à la vie, c'était lui dire au revoir une deuxième fois.
J'ai envie de lui promettre la fidélité. J'ai envie que ma vie passe en un éclair. D'être à la fin et de pouvoir me retourner en me disant qu'elle a été belle malgré tout et que je lui ai fait honneur, sans pour autant avoir à la vivre. Ainsi, je pourrais mourir en paix et être avec lui, sans avoir à affronter tous ces choix qui se présenteront peut-être un jour et qui me terrifient tellement que j'ai du mal à les évoquer.... Et pourtant, ces perspectives, elles sont là, avec le manque, la souffrance... elles grossissent la boule au niveau de mon estomac: est ce qu'il comprendrait si je prenais telle ou telle décision? Est ce qu'il serait fier de moi? Et surtout, la pire de toutes les inquiétudes: est ce qu'il m'attend? Est ce que je le retrouverai si je renonce à retrouver l'amour un jour? Est ce qu'il se sentirait trahi si je devais rencontrer quelqu'un? En serai-je seulement capable?
Au moment d'écrire ces mots, je ressens comme une sorte de dégoût, de nausée... Je déteste ces pensées qui s'imposent à moi alors que tout le reste: mon cœur, mes émotions... n'est absolument pas prêt à les accueillir... C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup trop tôt... Mais parfois je n'en peux plus. J'ai l'impression qu'il me faut des réponses. Je n'en peux plus d'être bloquée dans ce quotidien qui me vampirise. Sans espoir. Sans perspectives...
Mon amour, je ne veux que toi. Et plus encore: je ne veux que ton bonheur, ta félicité.... Mais que faire? Qu'est ce que je dois faire?
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 24 août 2016 à 14:00:26
Sensation d'irréalité... d'être hors du temps... Je me sens comme anesthésiée. Déconnectée. Comme si je flottais dans un épais brouillard. J'ai l'impression que tout m'est indifférent. Que la vie coule sur moi et non en moi. J'ai l'impression que tout m'est indifférent, jusqu'à ce qui est arrivé, jusqu'à ce qui lui est arrivé, jusqu'à ce qui nous est arrivé... Sensation qui me glace d'effroi. Mes parents me parlent de mon beau-père, de sa peine. Mon beau-père qui a cette force de réussir à parler de son fils avec tout le monde, de pleurer avec les gens. Mes parents me parlent de lui et de sa peine comme s'ils souhaitaient que je prenne exemple. Parce qu'avec la mienne de peine, avec la façon étrange, décousue qu'elle a de se manifester: ils ne savent pas quoi faire. Et moi non plus d'ailleurs... J'en veux à la terre entière, à lui, à moi... Manque d'indulgence à nouveau. Aujourd'hui, ou plutôt en cet instant, je nage dans les illusions. J'ai le sentiment d'être une des pires versions de moi-même. Mais j'ai déjà connu ça, alors je sais qu'il y aura un lendemain... C'est une promesse que je te fais mon amour... Il y aura un lendemain. Un lendemain qui m'autorisera à te dire "Je t'aime" avec confiance et sérénité. J'ai tant besoin que tu saches que je t'aime, lorsque moi-même j'ai la sensation que mon cœur s'est changé en pierre...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Orfila le 24 août 2016 à 18:40:53
Oui sensation d etre la pire version de soi-même. Indigne au fond du cadeau qu' il m'a fait de tenir ma main.
Moi aussi: je me dis que Tous autour relève les yeux le poing et regarde le ciel en lui adressant un " merci de nous avoir tant donné"
Or moi je regarde le sol. Et ne me connais plus. Je vous aime mon amour et et et.....?
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 24 août 2016 à 20:19:50
Tu sais mon amour, aujourd’hui ça ne va pas. Ça ne va pas. Et je sais qu’il y avait un jour avant celui-ci, et que demain, le soleil se lèvera et qu’il y en aura un autre. Je sais que ce que je ressens maintenant n’est pas figé. Je te fais confiance pour le comprendre aussi. Mais j’ai besoin de te dire ce que j’ai sur le cœur.
Je suis en colère. Je suis en colère parce que je me sens abandonnée. Parce qu’à côté de l’amour et de la gratitude infinie que j’éprouve à ton encontre, il y a aussi une blessure, celle de t’avoir parfois trouvé égoïste. Parce que ta mort a été à l’image de ta vie et de notre relation. Un coup de théâtre. Pas une mise en scène non. Pas un coup de théâtre dans le sens d’une comédie, d’un mensonge orchestré. Je te savais et je te sais toujours entier, sincère, authentique comme personne. Mais un coup de théâtre dans le sens d’un excès, d’une folie, d’une bourrasque impétueuse qui balaye tout sur son passage. Tu ne pouvais pas supporter de rater la moindre miette de vie. Tu voulais tout vivre, tout ressentir, tout exprimer, tout le temps, tout de suite… Comme un enfant : avec sa beauté, sa candeur, mais aussi ses caprices. Et peu importe les conséquences. Tu voulais pouvoir te mettre en colère, rire aux éclats, parler fort n’importe où n’importe quand, profiter de chaque instant… sans te préoccuper des conventions, des « on dit », des jugements... Toujours en quête de buts grands et nobles : de justice, d’amour, de  vérité… Tu traversais la vie avec sincérité, authenticité, courage… et en même temps avec impétuosité, irrévérence, insolence… Tu attirais, tu repoussais. On t’admirait, tu agaçais. Le philosophe de la caverne de Platon, c’était toi. Le poète incompris, c’était toi.
Et moi, j’étais quoi là-dedans ? Je suis quoi ?!! Celle qui tentait d’amortir les chocs pour que tu ne te fasses pas trop mal, celle qui était là pour arrondir les angles, celle qui était là pour assouvir ton besoin d’aimer et d’être aimé, de déverser ce besoin excessif, incompressible de tout donner, tout le temps, sans tenir compte de la capacité de l’autre à recevoir ? Celle qui faisait office de médiateur lorsque tes humeurs creusaient un fossé entre toi et le reste du monde ? Celle qui se faisait molle, flexible, arrangeante, quitte à se faire mal, pour éviter que tout explose sans arrêt ? Le petit astéroïde terne qui a eu la chance de pouvoir graviter autour d’un astre éclatant ? Je suis quoi moi ? Un personnage secondaire dans l’épopée tragique d’un héros ? Condamnée à renouer avec la banalité, avec la normalité, avec les conventions, condamnée à ne « pas faire de vagues », à sourire timidement, à s’excuser, à rassurer, « non, non, je ne veux pas déranger », « ça va, je vous assure… »… Parce que oui, face à ceux qui osent tout, qui n’ont pas de limites, il faut bien des gens sans saveur qui s’écrasent pour éviter le cataclysme…
Alors, ça me travaille, ça me torture. Est-ce que tu m’aurais aimé autant si je m’étais affirmée davantage ? Si j’avais répondu en miroir à ton tempérament ? Je l’ai fait parfois. J’ai réveillé ma fougue pour tendre à un plus grand équilibre et j’ai bien vu tous les efforts que tu as fait toi aussi pour agir avec plus de retenue, de tact… Nous étions en chemin, je le sais. Et ce qui nous poussait à avancer, à changer, c’était l’amour, je sais. Mais ta mort me laisse ce goût affreux d’inachevé. Cette frustration. Et j’ai besoin de la laisser éclater aujourd’hui.
Alors oui, ce soir, je rage. Je rage d’endosser une ultime fois le rôle dans lequel tu m’as mis si souvent. Celui de composer avec ce que tu m’imposes. Celui de ramasser les morceaux après l’explosion. Celui de me démerder, de gérer les conséquences après les coups d’éclat. Et je crois t’entendre me dire que tout comme toi, j’ai été et je  suis libre de faire ce que je veux, d’accepter ou non les cadeaux qu’on me fait, de prendre ou non les choses personnellement, de tenir compte ou non des normes et des dictats. Je crois t’entendre me dire que je suis libre, que tu ne m’imposes rien. Moi j’ai besoin de te dire que cette liberté, sous cette forme-là, s’il est peut-être possible de s’en saisir je m’en méfie parce qu’elle est forcément un peu égoïste. Moi aussi j’étais et je suis libre. Je sais que j’ai choisi. Je n’ai pas de regrets. Aucun, Mais le seul choix que j’ai fait, c’est celui de continuer à t’aimer, toujours. De rester, de me battre pour que ça marche entre nous, en prenant sur moi. Tu m’as tellement apporté, tu m’as tellement aimé, mais j’ai besoin que tu saches tout ça aussi. De te dire ma blessure. Ma blessure que je t’ai déjà montrée auparavant sans que je sois sure que tu l’ais réellement vue pour ce qu’elle est.
Et j’ai besoin aussi de me mettre à nu ici, publiquement et en même temps anonymement, dans ce lieu virtuel et impersonnel où je sais que je serai lue, comprise ou non, mais sans les conséquences qu’engendrent les confessions auprès des proches. J’assouvis ainsi ce besoin impulsif (car je peux l’être aussi, et je sais que tu le savais) de hurler mes émotions sur la place publique. C’est comme une catharsis. C’est ce dont j’ai besoin là maintenant. Pour ne pas disparaitre. Pour ne pas devenir réellement cet astéroïde gris et mort qui dérive dans l’espace après l’explosion d’une étoile…
P.S : Nos engueulades me manquent. Autour de moi, tout est tellement lisse, contenu, polissé… Tu m’énerves. Je t’aime.
Titre: Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 24 août 2016 à 20:32:36
Oui sensation d etre la pire version de soi-même. Indigne au fond du cadeau qu' il m'a fait de tenir ma main.
Moi aussi: je me dis que Tous autour relève les yeux le poing et regarde le ciel en lui adressant un " merci de nous avoir tant donné"
Or moi je regarde le sol. Et ne me connais plus. Je vous aime mon amour et et et.....?

Orfila... Quelques heures ont passé et me voilà sortie des bras de l'abattement pour me glisser dans ceux de la révolte. Une bonne chose? Je n'en sais rien, c'est comme ça. C'est tout. Mais comme chaque émotion s'accompagne de nouvelles perspectives, j'ai envie de te dire que nous ne sommes pas indignes. Nous ne sommes pas indignes. Blessées, mutilées, mais pas indignes. Nous sommes debout, nous faisons ce que nous pouvons, c'est tout.
Merci pour tes marques de soutien. J'espère que toi aussi tu trouves quelques petites béquilles sur ce forum. Je  t'embrasse et t'envoie toute mon affection.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 25 août 2016 à 13:52:36
Jour nouveau...
A force de te hurler à quel point j'aimerais que tu sois là, je ne t'entendais plus répondre. Je t'aime <3
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Orfila le 25 août 2016 à 23:02:17
Chères âmes soeurs seules
Passez une nuit douce
La chaleur n est pas tendresse humaine
Je vous envoie mon affection

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Orfila le 25 août 2016 à 23:07:02
Il est fou de la vie.
Nous étions insensés
Nous étions deux planètes aimantes et aimantées
Nous nous sommes percutées....
Mon étoile d amour brille brille et je brillerai pour que tu me reconnaisse je suis celle qui brûle....
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: pitchounette le 26 août 2016 à 14:19:22
Bonjour Ela et tous les autres,
Ça fait très longtemps que je n'ai plus rien écrit sur ce forum et pourtant je vous lis beaucoup.
Lorsque ça va pas, et ça arrive souvent, je lis toutes vos histoires  et ça m'aide. Sans doute parce que je trouve toujours beaucoup de similitudes avec la mienne. Les sentiments ressentis sont identiques au point que parfois je me dis que ces mots qu'un tel ou une telle écrit, j'aurais pu les écrire moi même. Parfois je trouve même que certains ont le don de pouvoir écrire leurs ressentis d'une façon si simple et complète ... Alors que moi je n'y arrive pas.
Mon histoire je l'ai écrire maintes fois sur ce forum et c'était il y a 20 mois.
Une éternité .. Et une seconde a la fois tellement le temps semble s'être arrêté a ce fameux 15 décembre 2014.
Jusque la je pouvais dire que j'avais eu de la chance dans la vie.
J'avais Trouve l'amour de ma vie, on venait juste d'avoir notre deuxième petit garçon et notre plus gd avait déjà 2ans.
Hugo était fait pour être papa et c'était un mari exceptionnel.
Je sais que les gens me diront " tu l'idolâtres" mais tous ceux qui ont eu la chance de le connaître ne m'ont jamais contredis
Il avait 41 ans et est vraisemblablement décédé d'un malaise cardiaque suite a une myocardite,
Je dis vraisemblablement parce qu'on ne saura jamais et cet absence de sertitude est difficile a gérer.
Il avait eu de la fievre la nuit précédant le drame et s'est senti mal d'une seconde a l'autre alors que nous étions près a dîner , nous étions en vacances en Picardie ( je viens de Bruxelles).
encore aujourd'hui j'ai des trous de mémoire, je ne me souviens pas du retour a Bruxelles et d'autres choses arrivées apres le drame. Par contre je pourrais dire tout ce qu'il a dit ce jour la et la veille...
Je ressasse ces moments en continue, me disant que j'aurais du voir que qqch n'allait pas. ..moi qui le connaissait tellement bien. Mais Hugo se plaignait jamais et la veille au soir alors qu'il me disait qu'il couvait qqch il me disait aussi" je suis désolée de te gâcher ton WE". Une perle partie beaucoup trop tôt avec tellement de choses a apporter a bcp de monde... Surtout ces enfants. Et la je rejoins les mots d'une personne qui disait qu'on est tellement triste pour eux pcq nous on voit ts ces changements et lui non, les premières panades, les sourires, les mots, les pas, la crèche, l'école ... Les anniversaires .
Rien ne sera jamais parei, tt occasion sera tjs entachée par son absence. Je parle de ça parce que demain c'est l'anniversaire de Samuel, il aura 4 ans .. Et malgré cet événement heureux, c'est encore la tristesse qui domine.
Je ne voulais pas ça pour mes enfants. Ils avaient un papa qui aurait tt donne pour eux et qui les adorait et c'est tt ce que je peux leur dire..
Parce que Parler d'Hugo est tjs douloureux, ça nous ramène a cette triste réalité de notre nouveau quotidien et qui est " qu'il n'est plus la".  On accepte jamais ça. On essaye de vivre avec et c'est ça le travaille que fait le temps...
Le temps n'élimine pas l'amour, il est omniprésent mais ne peut plus être partage et c'est très difficile et triste.
Ce deuil nous plonge aussi dans une solitude. On se sent plus a notre place avec les autres.., on est différent, on est changée parce qu'on a été traumatisée, on nous a empire d'une partie de nous et cette personne que nous étions n'existe plus.
Celle qui reste survie, honore du mieux qu'elle peut tt ce que l'autre aurait voulu ..
Parce que c'est pour elle aussi qu'on continue et parce que c'est tt ce qu'on peut faire encore pour elle.
Apres 20 mois, les gens pensent qu'on va mieux, ils nous voient vivre... Travailler et même sourire parfois mais peu sont ceux qui creusent pour savoir ce qu'il y a en nous , dans notre cœur de peur...
De peur de quoi???  Il est difficile de partager des émotions que SEUL ceux qui sont passes par la savent vraiment.
On se sent souvent incompris mais peut on les blâmes?
Oui je suis tjs en colère de voir que des bons partent et que des mauvais eux restent.
Oui je culpabilise tjs de ne pas avoir pu faire qqch.
Oui je lui enveux parfois de ne pas s'être plainds et de ne pas s'être alarme.
Je suis triste pour mes enfants et pour lui et a chaque instant il me manque et me manquera et il faudra vivre avec.
Je remercierai jamais assez ma sœur et ma famille d'avoir été et d'être tjs la aujourd'hui ....
Désolée d'avoir été longue et si vous voulez discuter ou même se voir ... Faites moi signe.
Parler ... Ça aide
Bisous
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 26 août 2016 à 16:45:36
Pitchounette, Orfila, Elia... Je vous lis avec beaucoup d'émotions et vous remercie de partager un peu de votre histoire ici. Moi aussi, ça me met un peu de baume au cœur de retrouver des bribes de ce que je vis dans vos récits. Je vous souhaite, à chacune, beaucoup de courage, de douceur... D'être toujours entourées, malgré tout, de personnes compréhensives, bienveillantes... Je vous souhaite, comme à moi-même, de réussir à maintenir, retisser, transformer, consolider vos liens avec vos êtres aimés. Pour qu'ils vous accompagnent à chaque instant et que vous puissiez toujours ressentir leur amour...
Mon chéri à moi, j'ai l'impression qu'il est encore là, quelque part. J'y crois. Plus j'avance sur ce douloureux chemin, et plus la conviction que cette vie-ci, telle qu'on la connait n'est que la partie visible de l'iceberg grandit en moi... Bien sûr, c'est parce que pour moi, concevoir le contraire serait tout simplement insoutenable... Mais c'est aussi parce que ce qui lui est arrivé, même si je ferai tout, tout, tout  pour l'annuler si j'en avais la possibilité, m'a obligé à me confronter à toutes ces questions qu'avant, je préférais refouler ou survoler...
Je crois qu'il est toujours là, du fait des signes que j'ai reçu, mais bien plus encore à cause d'une intuition très forte. Que je ne cherche pas à expliquer. Et parce que je crois que l'amour, ce n'est pas quelque chose qui peut exister en dehors d'une relation. Alors, si j'éprouve encore de l'amour pour lui, selon moi, c'est bien que cet amour trouve écho quelque part. Qu'il vibre entre moi et lui, quelle que soit l'endroit où il est, les nouveaux paramètres avec lesquels il compose...
Mais c'est si douloureux, de ne pas avoir de réponse directe à mes questions, de ne pas pouvoir le voir,  le sentir, le toucher... Souvent, lorsque je me sens nulle, c'est parce que je suis désespérée de ne pas réussir à recréer parfaitement en moi son essence. Par exemple, ma mère me dit souvent "pense à ce qu'il t'aurait dit ou à ce qu'il aurait fait dans cette situation"... Et ce que mon esprit imagine alors, même si ça m'aide un peu, reste tellement en dessous de la vérité. Tellement imparfait... Car il était lui. Avec son histoire, sa personnalité. Tellement imprévisible... Je ne suis pas lui. Je ne peux pas et ne pourrai jamais être lui.
Pour cette raison je crois, j'entretiens un rapport en dents de scie avec mes souvenirs et plus généralement avec toutes les pensées qui me ramènent à lui. Je les recherche, les entretiens en permanence pour ne pas l'oublier et en même temps je les fuis. Parce que ce à quoi je pense, ce que j'imagine, ce dont je me souviens, c'est de lui mais au travers des filtres de mon esprit, de mon histoire, de mes raisonnements, de ma sensibilité... Et j'ai si peur de le remodeler, de le dénaturer dans mes pensées... Maintenant qu'il n'est plus là pour affirmer qui il est, dire ce qu'il a à dire, agir en son nom... Maintenant qu'il n'est plus là pour créer avec moi de nouveaux souvenirs teintés de sa joie de vivre et de sa spontanéité...
Ça fait plusieurs semaines que je ressens comme une urgence: celle d'écrire, de noter le maximum de petites anecdotes, de souvenirs partagés... J'ai si peur d'oublier... Mais je sens bien que je fuis cette mission que je me suis donnée... J'ai peur de m'y mettre... Pour les raisons que j'ai évoquées, pour d'autres sans doutes aussi... Par peur de réaliser que j'ai déjà oublié tant de choses... Par refus aussi de m'engager dans une démarche qui ressemblerait à une tentative d'"archivage" de notre histoire... Car on archive ce qui est clos, achevé... Or pour moi, rien n'est achevé et je désire que ça reste toujours ainsi.
Je réalise que je pense relativement peu à nos souvenirs... Au passé... Ça me fait mal. Et puis ça me demande d'énormes efforts de concentration... Comme si mon esprit tirait à l'autre extrémité d'une corde pour m'empêcher de hisser toutes ces images à la surface. Je crois aussi que pour moi,évoquer les souvenirs c'est un peu comme repenser avec nostalgie à des amis d'enfance avec qui ont a coupé les ponts. Je ne peux pas penser à mon amour de cette manière. Car je n'arrive pas à considérer que notre lien est coupé, que notre histoire est terminée.... Du coup, quand je pense à lui, c'est davantage au présent qu'au travers de mes souvenirs... Je lui parle. Je me demande où il est, ce qu'il fait. Comme si nous vivions à nouveau dans une relation à distance (ça a été le cas pendant un temps) d'un nouveau genre. Suis-je la seule à fonctionner ainsi? Comment pensez vous à ce que vous aimez? En évoquant des souvenirs? Ou bien y a t'il des personnes qui se reconnaissent un peu dans ce que j'écris?
Ça me questionne vraiment... Car si je suis heureuse d'avoir ce sentiment de continuer à vivre des choses avec mon chéri différemment dans le présent, le fait d'avoir tant de mal à accéder à mes souvenirs est une source d'angoisse et de stress considérable... J'ai peur qu'un jour les images de tous ces moments partagés s'éteignent parce que je ne les aurai pas assez convoquées, ravivées...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Nandou_Guanaco le 26 août 2016 à 17:02:02
Comment vous faites pour avoir des souvenirs, vous en rappeler avec précision? J' en suis pantoise, moi je cherche à oublier, le passé je veux l' enterrer lui aussi, le devoir de mémoire, ce sera pour quand je la perdrai, les photos je ne les regarde plus dans les albums ou sur le PC par contre je suis bien obligée de voir les photos de groupe des mariages des enfants ça et là dans le séjour et le monsieur en costume, qui n' était qu' en costume pour les mariages, ah ben si finalement j' ai des souvenirs, au moins celui-là, bref, je commence à regarder le passé avec détachement comme une vache regarde passer le TGV. J' en suis au stade amnésique. Puisque vous mettez souvent des liens, voici le mien pour mon humeur-humour du moment:

http://michel.buze.perso.neuf.fr/lavache/muriel_robin_l_amnesique.htm
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 28 août 2016 à 01:17:49
Oui, le stade amnésique... L'esprit plein de brume. Qui nous camoufle les images qui font mal... Mais dans mon cas, je oscille entre l'envie et le besoin de maintenir ce brouillard et par moment, la nécessité urgente de le dissiper. Car oui,  malgré tout, je sais que je ne désire pas oublier. Je ne veux rien oublier, même si ça me fait mal. Je ne sais pas... chacun(e) de nous développe ses propres béquilles et sa propre façon de faire face je suppose...

Et puis, un peu comme pour les photos de groupe dans le séjour, je crois que même si je voulais oublier, il y a trop de choses dans le quotidien qui le rappellent à moi.... Ce soir, c'est la fête de mon quartier. J'entends la musique et les rires chez mes voisins.... L'an dernier, nous y étions ensemble... Sa fille était là aussi... Il était radieux, au milieu de ma famille, de mes voisins, de mes amis d'enfance... Un instantané de bonheur. Un moment plein de promesses de lendemains heureux...

Mon amour, je t'ai dit au revoir mais pas adieu... A moins qu' "à-Dieu" veuille dire que je te reverrai lorsque ce sera mon tour de fermer les yeux... Mon amour, j'ai envie de croire que si la mort à l'échelle d'une vie ressemble à une fin, au regard de l'éternité elle est une renaissance et que tes yeux se sont ouverts sur encore plus de joie, d'amour et d'harmonie ... Mon amour j'ai envie de croire que dans cette éternité, nous aurons droit à d'autres lendemains heureux... Ensemble.
Je t'aime.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Noëlle le 28 août 2016 à 09:54:18
Je retrouve Ela dans tes écrits ce que je ressentais les premiers temps après avoir perdu l'amour de ma vie : cette peur d'oublier,  chercher le moindre souvenir dans sa mémoire, même si ça fait mal, et le besoin, l'envie d'écrire, imaginant que ça peut soulager et finalement ne pas y arriver parce que c'est trop douloureux, ou parce qu'on ne trouve pas les mots. ça me donne l'impression d'un oiseau enfermé dans une cage qui cherche la sortie et se cogne sans cesse sans la trouver : inconsciemment peut-être échapper à l'envahissement de cette souffrance, à cette irréalité.
Et aujourd'hui, après huit mois, même  si ce mal est omniprésent, et le manque permanent, je n'ai rien oublié ; les souvenirs reviennent tout seuls sans que je les cherche ; bien sûr c'est très douloureux aussi, mais la mémoire est là. Je crois que cette crainte d'oublier n'a pas lieu d'être, on n'oublie pas. Ce qu'on a vécu était trop bon pour qu'on l'oublie.
Et je cherche aussi un sens, à la vie, à cette fin qui m'a emportée avec elle, autrement.
De tout coeur avec vous,
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 29 août 2016 à 19:02:17
Merci Noëlle. Merci Noëlle de tout cœur pour ces douces paroles... J'ai besoin de temps à autre de ces témoignages qui me rappellent que si chacun vit les choses à sa manière, en fonction de son histoire, il existe des sensations, des émotions communes entre nous. Ça me donne l'impression d'être un peu moins seule. Moins isolée dans ce que je vis.

Il me manque terriblement...

Ces derniers jours, j'ai tenté de me donner un regain d'énergie. J'ai fait la cuisine, suis sortie au jardin, ai joué aux cartes avec mes tantes et même ri un peu avec elles et mes parents... Je dis que je "me suis donnée un regain d'énergie" car à d'autres moments, je traverse des phases où j'ai l'impression de me maintenir volontairement, consciemment dans la douleur pour être sure qu'elle ne disparaisse pas... Toujours cette peur étrange qu'il se sente abandonné si j'allais mieux. Cette culpabilité d'être encore en vie alors qu'il n'est plus là...

Et là, donc, j'ai décidé d'essayer de lâcher un peu cette idée. D'essayer de faire quelque chose de ma journée et en même temps, de lâcher un peu prise sur ma tendance à vouloir contrôler mes pensées pour les ramener vers lui coûte que coûte...

Ça a marché par moment, et puis à d'autres j'ai réalisé à quel point c'était absurde de ma part de penser que la douleur allait disparaître si je ne l'entretenais pas, ou que j'allais l'oublier si je ne cherchais pas à penser à lui.

La douleur n'est pas un effet de ma volonté. Pas que en tous cas. La douleur est là que je le veuille ou non parce que je l'aime. Parce que je l'aime et qu'il n'est plus près de moi. Plus de la même manière en tous cas. Alors je peux bien m'autoriser des accalmies puisque de toutes manières, la souffrance se rappellera à moi toute seule, bien assez vite et pour le reste de ma vie... Je sais que pour certains, l'idée d'avoir peur de ne plus souffrir est incompréhensible. Sachez juste que dans mon histoire elle a un sens. Car ayant connu des périodes d'angoisse terribles vers la fin de l'adolescence, mon cerveau a développé une tendance à me protéger par l'anesthésie des émotions lorsque je vais trop mal. Et pour moi, c'est cette impression de ne plus rien ressentir le véritable enfer. D'être un zombie. Pour moi, c'est bien pire encore que d'avoir mal...

Mon amour me manque tellement... Je suis un disque rayé... Sa disparition a déclenché un bug dans mon système... Mon disque dur n'arrive pas à intégrer qu'il n'est plus là... Et puis, sans être là, il est partout. Partout. Tout le temps. Même sans penser à lui je pense à lui... Depuis deux semaines, peut être plus ou un peu moins (j'ai perdu la notion du temps), je fais des rêves agités. Toutes les nuits, je rêve que je le cherche... Je le cherche. Parfois je le trouve en rêve, ou plutôt je trouve une image de lui mais je sens que ce n'est qu'un avatar, une pâle copie... Tout de même, ça me réconforte un peu et puis il disparaît à nouveau....

Parallèlement et paradoxalement, j'ai lu des témoignages sur les expériences de mort imminente, des récits de médium... Je lis des choses qui s'associent à mes expériences de vie, aux signes que j'ai reçus... et tout ça renforce ma confiance dans l'idée qu'il est toujours là quelque part. Dans l'idée que la mort, c'est comme ouvrir les yeux à la fin d'un rêve pour se rendre compte que le degré, la sensation de réalité est plus forte maintenant qu'on a ouvert les yeux que lorsque l'on dormait... Tout ça me réconforte... Mais m'oblige en même temps à assimiler cette réalité douloureuse: que je ne le reverrai pas ici, sur Terre, avec ce corps, ces expressions, ce sourire, cette voix...

Ça me ronge, à chaque seconde le cœur, les tripes...  Ça n'enlève rien à la part de moi qui sait encore s'émerveiller du mystère de la vie, de l'amour. A la part de moi qui renoue avec l'essentiel, avec une confiance et une foi nouvelle en l'existence d'une vie plus vaste. Seulement plus rien ne sera comme avant. Plus rien ne sera comme avant... Et je tente d'accepter avec un sourire triste, douloureux, ironique et pourtant emprunt d'une pointe d'espoir et de gratitude chaque nouveau cadeau que m'offre la vie. Cette vie qui nous oblige à avoir confiance en l'idée que si elle nous dépouille de tout c'est pour nous aider à accéder à l'essentiel...

Long et sinueux chemin... Mon chéri l'avait compris mieux que moi je crois... Comme j'aimerais pouvoir être une petite bougie pour apporter un peu de lumière sur son chemin à lui, où qu'il soit... Intuitivement, je me dis que c'est en travaillant sur le lâcher prise et la confiance et en prenant soin de moi ici que je l'aiderai. Et en lui communiquant mon amour, dans le silence, dans mes actes, par la parole... Là encore, il faut faire avec cet impératif édicté par la vie de "croire sans avoir vu"... Croire qu'il ressent mon amour, croire que mon bonheur participe du sien, croire qu'il m'aime encore lui aussi et qu'il ne m'a pas oubliée... J'ai été élevée dans la foi chrétienne et depuis quelque temps je pense sans arrêt à cette phrase de Jésus à l'encontre de Saint Thomas: "heureux celui qui croit sans avoir vu"... C'est fou comme cette phrase prend tout son sens dans ma vie à présent... Et comme c'est difficile. Comme cette idée même peut me révolter parfois parce qu'elle implique d'accepter les limites de ma raison, de faire taire mon scepticisme... Et pourtant face à la vie et ses lois, je ne fais pas le poids... Si je ne crois pas, elle ne me montrera pas pour autant ce que je désire voir plus que tout... Le Père Brune qui s'est beaucoup questionné sur la vie après la mort disait ceci: "on dit toujours qu'il faut le voir pour le croire, mais peut-être que parfois il faut croire pour le voir"... Peut être... Mais quel travail pour y parvenir...
 
Titre: QAS
Posté par: Orfila le 30 août 2016 à 14:24:29
Chères vous,

Hier un médecin me dit: - mais dans ce dévouement, y'a t'il une place pour Vous, vous Claire?

que cette souffrance n'EST PAS NORMALE
qu'un tel degré de détresse, non, n'est PAS dans l'ordre logique de chacun de nous.

Il s'agit d'Amour.
Absolument, folle d'amour, folle de chagrin

Avant de le perdre,
j'écrivais déjà que dans son sommeil, je me sentais seule.
Avant sa mort nous nous étouffions de désirs
Je me souviens de ces nuits passées à le regarder dormir, collée à lui
respirant son souffle, prenant le sien, prenant son rythme
collée à lui
fondue

L'Amour n'est pas donné à tous.

Je vais danser mon cri.

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 31 août 2016 à 01:27:34
  Ce que tu ècris me touche beaucoup Orphila  :( :)
  Hé bien, il y aura toujours des gens dépourvus d'empathie-ou de compréhension, ou les deux-pour nous dire que "ce n'est pas normal". Ils voient les choses d'un point de vue extèrieur, et tout le monde n'a pas la sensibilité de comprendre.
  Moi ce que tu dis ne m'étonne pas, je sais ce que c'est: mon compagnon et moi étions également très fusionnels, si on ne se voyait pas pendant un jour ou une nuit on ètait littéralement en manque l'un de l'autre. Nous n'avions qu'une seule chaire, qu'une seule âme comme on dit. Nous nous adorions. Moi aussi j'aimais le regarder dormir, me blottir contre lui, sentir sa peau tout contre la mienne, sa merveilleuse cheleur, m'emerveiller d'être sa compagne.

  Je pense à toi  :)
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 31 août 2016 à 23:14:39
Où es tu? OÙ ES TU?!! J'attendais quelque chose, je ne sais pas... J'attendais quelque chose... Mais rien n'arrivera. Tu ne reviendras pas...  Ca ne finira jamais... Ca ne finira jamais... J'en peux plus... Je suis seule.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 31 août 2016 à 23:29:35
Même ce forum, ce que j'y cherche, je n'en sais rien... Du soutien? Qu'on me rassure? Ce soir, j'ai envie de tout envoyer bouler, même ça... Oui, j'ai besoin de soutien. Mais du coup je commence à être droguée à ce forum. Droguée parce que j'ai l'impression d'avoir besoin de ma dose pour tenir le coup: ma dose d'empathie, de mains tendues... mais droguée aussi parce que quand ça ne vient pas, ça me fait encore plus mal. Je me sens encore plus seule... D'où sortent-ils d'un seul coup tous ces corbeaux noirs qui sont venus se nicher dans mon esprit?
Je veux être avec lui. Rien d'autre. Je veux être avec lui et j'en ai marre de ce travail de deuil: souffrir d'aller mal, souffrir d'aller mieux... J'en ai marre de cette réalité qui nous impose ses règles... Qui m'impose de me sentir abandonnée alors que mon amour me hurle peut-être son soutien sans que je puisse l'entendre, réalité qui peut être lui donne l'impression que je l'ai oublié ou que je ne l'aime plus alors que je cherche du matin au soir comment lui témoigner qu'il compte plus que tout pour moi... Enfin, dans mon cas, c'est ce que je ressens, dans le sien au fond: je n'en sais rien. Je n'en sais rien et il faudrait accepter et continuer?!! Dire merci et poursuivre la joie au cœur?!! Ben ce soir ça me fait chier! Foutue réalité, foutue vie... qui en plus réclame qu'on l'aime faute de quoi elle nous renvoie notre colère et notre hargne droit dans la figure...
Désolée, c'est pas très joyeux... Non en fait, pas désolée non plus. Ce soir, c'est comme ça... voila.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Doudouzoe le 01 septembre 2016 à 11:21:31
Ela tu n as pas être désolée tu as le droit d exprimer ta hargne.
J aimerait  que le monde entier soit en deuil, et oui pourquoi une minorité devrait souffrir et une majorité heureux.
J ai fait la rentrée scolaire ce matin et j avais l impression d être dephasee plus en rapport avec les autres.
Ils étaient tous là avec tu as passé de bonnes vacances heureux que l école reprenne même le discours de la directrice était joyeux mais je peux pas leur en vouloir ils étaient tous regroupé et ma fille et moi étions seule derrière à ne rien comprendre avec les regard de biais genre ''tu crois qu elle va bien tu crois qu on peut lui dire bonjour. Un parent un seul est venue me voir pour les autres j y suis allée moi même
Et oui la vie continue... Tous est comme avant et pourtant tout à changé.. Je ne refait pas ma vie car la refaire signifie que j ai raté celle ci or ce n est pas le cas elle était bien même très bien pas parfaite mais juste bien et je vais simplement continuer...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Orfila le 01 septembre 2016 à 12:32:26
Ahhh ELA!

tiens tiens la barre!
je suis secouée comme toi, les secousses me donnent la nausée
tiens bien tes mains accroche toi
sens la violence du vent qui n'épargne ni ton coeur ni ton visage
tiens!

peut-être qu'après l'ouragan, un peu de soleil réchauffera nos âmes

tiens!
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 01 septembre 2016 à 15:37:46
Merci <3... Pour vos réactions, votre soutien... Je suis toujours étonnée, ébahie par ces sauts d'humeurs, ces hauts et ces bas... Je vous remercie de les accueillir avec autant de bienveillance... Je sais que vous comprenez...
J'ai besoin de les exprimer parce que je crois que tout ce qui est enfermé à l'intérieur ne disparaît pas mais finit par stagner, moisir. J'ai besoin de les exprimer parce que mon amour m'a appris que toutes les émotions ont le droit de citer et que j'essaye de ne pas perdre cet enseignement de vue. J'ai aussi besoin de les exprimer pour pouvoir les relire, y revenir et lutter ainsi contre les illusions dans lesquelles une partie de moi essaye de me maintenir... L'illusion que tout m'est égal, que la vie glisse sur moi, que je suis insensible... Je sais bien que c'est faux et je cherche à faire taire cette voix en moi qui cherche à me convaincre que je suis ce que je ne suis pas... Cette voix qui titille une mauvaise estime de moi et un sentiment de culpabilité, comme pour me punir de je ne sais quelle erreur inscrite en moi dans mes gènes, mon éducation, mon histoire...
Mon chéri me disait souvent que selon lui, je me jugeais faussement et sévèrement... Par exemple, je lui disais parfois me sentir comme sèche à l'intérieur, incapable d'aimer alors que lui me rendait sans arrêt attentive au fait que dans mes actes, mon comportement vis à vis des autres et de lui en particulier, je démontrais naturellement tout le contraire... Il y a comme un décalage entre ma nature spontanée et l'image que mon mental me renvoie de moi-même, et dans cette épreuve ce décalage se révèle dans toute son ampleur...
J'ai peur parfois, parce que j'ai l'impression qu'un combat se livre à l'intérieur de moi, qui en fonction de son issu, déterminera la façon dont je ressortirai de tout ça: grandie ou aigrie, confiante dans le lien qui m'unit à mon amour ou inquiète et coupée de lui, débarrassée de certaines barrières de mon égo ou plus renfermée que jamais... Je cherche l'équilibre mais il est si fragile, si subtil, qu'un rien peut faire basculer la balance d'un côté ou de l'autre...
Alors pour le moment, je tente de faire ce que tu dis Orfila, je tiens la barre pour prendre de la distance, tenter de m'éloigner des secousses. Et faire ce que tu dis Doudouzoe: continuer cette vie-ci en essayant de me servir de mes casseroles pour préparer quelque chose de bon, plutôt que de tout jeter et de tout refaire....
Je vous embrasse...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 02 septembre 2016 à 13:42:01
Mon amour, je t'aime et par moment cet amour enrobe mon cœur d'une douce chaleur... Tu fais parti de moi, tu seras toujours là... et un jour je te retrouverai. J'y crois... C'est difficile, si difficile de garder le cap parfois, dans ce monde où il reste souvent si peu de place pour parler de l'essentiel. Du sens des choses, de la vie, de la mort... J'aimerais pouvoir sortir et parler en toute confiance des signes que tu m'envoies, de mes intuitions, de ce lien si subtil qui nous lie, des choses de l'invisible... Mais je perçois souvent le tabou, la crainte, le sarcasme...  Pas uniquement bien sur... Je perçois aussi, mieux qu'avant sans doute, le besoin de certains de renouer avec l'essentiel, l'ouverture, la curiosité qui demeure chez ceux qui souhaitent se poser les questions qui comptent...
Le manque de toi, cette plaie béante est toujours là et sera toujours là... C'est une souffrance déchirante, mais une souffrance naturelle, une souffrance qui ne m'éloigne pas de la vie.
Et puis à côté, il y a ces souffrances qui se rajoutent. Celles qui proviennent de tous les démons que je n'ai pas encore réussi à vaincre en moi et de tout ce qui ne va pas dans ce monde qui m'environne... Ces souffrances là me révoltent, me mettent en colère... Car elles m'éloignent de la vie... Oui, c'est ce que je ressens... Le contraire de la vie n'est pas la mort mais la "non-vie"...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Doudouzoe le 02 septembre 2016 à 17:55:40
Perdre quelqu'un qu'on aime, c'est perdre une partie de soi même.
Bien sûr, ceux que nous aimons ne nous appartiennent pas mais notre coeur leur appartient ...
Celui que tu aimes fait partie de Toi.
Le perdre, c'est souffrir dans ton corps.
Cette blessure en toi est aussi tangible que le vide que tu ressens autour de toi.
Tu te demandes si tu auras la force de marcher dans un monde où la personne aimée ne laissera plus jamais ses empreintes.
Tu te demandes comment la Terre peut continuer de tourner alors que ton univers s'est arrêté.
Tu parles en silence le langage des larmes, et ton coeur s'efforce de comprendre ce que personne ne peut comprendre.
Les pensées spirituelles, les convictions religieuses,
La philosophie, sont impuissantes à guérir tes blessures.
Mais le pouvoir de l'Amour te réconfortera.
Tu trouveras l’Amour dans le cœur de ceux qui t’entourent et qui se préoccupent de toi.
Ceux qui ont traversé le pays des larmes où tu te perds aujourd’hui te montreront le chemin.
Le soleil se lèvera chaque jour et, chaque nuit, la lune et les étoiles brilleront dans le ciel.
Tu entameras le rituel sacré du souvenir.
Le chagrin deviendra ton compagnon de route…
Il nourrira cette partie de toi qui sais ce que signifient compassion, force et profondeur.
Ton chagrin te donnera le courage d'affronter les défis les plus exigeants de la vie ...
De savoir accepter ce que donne la vie et ce que la vie reprend....
De savoir accepter les mystères qui font partie intégrante de la vie.
Un beau jour, la paix reviendra.
Peut-être la paix reviendra-t-elle dans un timide rayon de soleil
À travers la fenêtre close.
Peut-être la paix reviendra-t-elle dans le chant d’un oiseau.
Avec le temps, le voile du chagrin se lèvera.
La paix reviendra dans ton cœur…et tu sauras que l’amour partagé est un don du ciel qui ne meurt jamais.
Tu sauras que l’Amour partagé est la plus précieuse et la plus sacrée de nos richesses en ce monde.
est éternel. "
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 02 septembre 2016 à 20:28:41
Merci doudouzoe... C'est magnifique.... Tellement magnifique et tellement vrai... "L'amour éternel est un don du ciel qui ne meurt jamais"... J'y crois... C'est la bouée à laquelle je m'accroche dans la tempête... Si je n'y croyais pas, je me noierai je pense... j'imagine... je ne sais pas car je ne peux pas ne pas y croire.
Cet après-midi j'ai pleuré et ça m'a fait tant de bien... Toute cette eau... Je me suis sentie comme lavée... Il y a ceux qui s'inquiètent quand ils me voient pleurer et sont comme rassurés lorsque je garde tout à l'intérieur... Ils ne comprennent pas que pleurer me fait tant de bien et que c'est de ne pas réussir à ouvrir les vannes qui me fait le plus mal...
J'ai pleuré, pleuré... et en même temps, tellement d'images, de sensation de "nous" me sont revenues en mémoire... Des images, des sensations de notre quotidien, de notre petit cocon... Des souvenirs qui provenaient de mon cœur bien plus que de ma tête... C'est comme s'il était là... j'aurais pu le toucher... C'était comme retrouver la chaleur du foyer après une longue absence: cette sensation unique d'être chez soi qu'on ne peut pas reproduire mentalement quand on est loin. Dont on sait qu'elle existe mais qu'on ne peut retrouver qu'en passant le pas de la porte...
Alors tout en pleurant, j'ai presque eu envie de rire... Et puis il y a ce moment où l'inquiétude que ce soudain cadeau m'échappe m'éloigne de lui à nouveau... Le sentir si proche puis le perdre à nouveau...
Je prie de toutes mes forces pour qu'un jour ce que j'ai ressenti aujourd'hui s'installe dans mon cœur et ne me quitte plus...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Doudouzoe le 04 septembre 2016 à 12:47:05
On me donne l impression que mon veuvage ne vaut pas la perte d un enfant.
Comment expliquer que la souffrance est réellement là douloureuse horriblement douloureuse j ai perdu ma moitié.
14 ans d amour avec des hauts et des bas bien sûr rien n est parfait dans les couples cela se saurait.
Les derniers mois de sa maladie ont été merveilleux dans le sens où je me suis aperçu que je l aimai plus que tout et qu il n était pas question une seule minutes de penser à vivre le restant de ma vie sans lui, hélas il est partie et a emmené mon coeur avec lui...comme toi ela lors de notre rencontre j ai trouvé un homme sensible et je me suis retrouvée dans un studio de la rue Saint Michel a rennes tenture aux murs odeur d encens et je ne l ai plus quitté on amenageait ensemble aux bout de 6 mois et cela a durée 14 années 9 ans de mariage et une magnifique petite fille de 6 ans.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 05 septembre 2016 à 02:03:45
Tout me semble irréel
Même moi en train d'écrire ces mots
Toi tu ne l'étais pas... toi tu étais réel
Jamais mon cerveau n'aurait pu te créer
Ce qui émanait de toi débordait, dépassait largement ce que j'aurais pu imaginer, projeter
Tout ce que je vis ou crois vivre est peut être illusion désormais
mais toi tu ne l'étais pas
S'il demeure une vérité quelque part dans l'univers, un principe fondamental, premier...
alors tu y es nécessairement relié d'une façon ou d'une autre
Tu vis encore à travers lui ou il existe encore à travers toi
La réincarnation, la résurrection, le brahman, le champ éthérique, les principes de la physique quantique...
tout ça peut bien disparaître...
Dans un monde où tu n'existes pas, rien d'autre n'existe...
Mon amour, tu dois être quelque part...
Cette idée tenace, qui s'obstine, me protège de l'absurdité qui m'environne comme le fin scaphandre qui maintient en vie le plongeur dans les profondeurs abyssales...
Ces profondeurs auquel j'aimerais faire face avec témérité et curiosité...
et qui je l'avoue me donnent le vertige, me font peur, me dévorent parfois...
Il y a cet amour plus grand que nous, plus grand que tout dans lequel nous baignons je crois... Tu y croyais aussi... Ce n'est pas qu'affaire d'opinion, c'est aussi affaire d'intuition, liée à une expérience intérieure, personnelle, profonde...
J'ai le souvenir en moi que cet amour existe, tout comme j'ai le souvenir en moi de notre amour... Un écho d'amour qui résonne en moi... Il possède une force, un pouvoir consolateur... mais parfois j'ai le sentiment que ce n'est qu'un écho, un reflet... qui s'atténue, s'éloigne... Est ce  vrai ou est ce moi qui l'étouffe, cet écho, en pensant ainsi?
J'ai si peur que notre amour s'éteigne... J'ai si peur que l'amour en moi s'éteigne... J'ai si peur de m'éteindre: de ne plus pouvoir aimer, de m'enfoncer dans les abysses et que mon scaphandre explose...
Des années en arrière, je dessinais ce funambule, en équilibre sur une fine corde suspendue au-dessus du vide et des ténèbres...
Je suis à nouveau ce funambule et je l'ai toujours été... J'avais appris à avancer en regardant devant moi et non en-dessous, jusqu'à en oublier l'abîme...
Ce dur apprentissage d'une autre époque m'a donné de l'assurance: je me sens malgré tout plus forte. Je sais que je peux y arriver. Je sais comment avancer.
En même temps, il m'a privé de mon innocence... Il m'a donné le goût, la sensation de l'abyme... L'a imprimé dans ma chaire...
Et ce goût se renforce dans ma bouche dès que je te sens t'éloigner...
Quel rôle puis-je jouer dans tout ça?
La solution serait-elle plus simple si je voyais les choses plus simplement?
Et comment faire simple quand on est compliqué?
Là je souris... Je t'imagine en train de me regarder avec tes grands yeux... En train de guetter mon "court-circuitage neuronal" pour me proposer un jeu, une ballade, une glace, un câlin...
Toi, tu savais...
Accéder aux pensées les plus profondes, les plus paradoxales, les plus complexes... et revenir dans la simplicité... dans la vie.... comme ça... Tu savais naviguer dans ton esprit sans craindre les écueils et les tempêtes...
Oh mon amour, il me reste tant à apprendre... à comprendre...
Et de savoir que c'est sans doutes dans le lâcher prise et la simplicité que notre amour continue à vivre, à vibrer... c'est à la fois une consolation et pour moi, une sacré frustration et un satané pied de nez...
J'ai trop lu, trop cherché à comprendre aujourd'hui... Trop forcé, trop, trop...
J'ai besoin de repos...
Peut-être se retrouvera-t-on en rêve et même si je ne m'en souviendrai pas au réveil, c'est cette réalité ci qui deviendra pendant un temps un lointain cauchemar... A tout de suite alors...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Doudouzoe le 05 septembre 2016 à 09:13:08
Cette nuit j ai fait un rêve ou plutôt un cauchemar j ai rêver que tu étais mort je me suis réveillée en pleurant et ouf soulagement ce n était qu un rêve j ai voulu mettre mon bras autour de ton torse comme je le fait à chaque fois que je me réveille et non ce n était pas un rêve tu es vraiment partie.... Quelle souffrance..
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 09 septembre 2016 à 17:39:05
Je connais cette sensation Doudouzoe... Je rêve que je le cherche toutes les nuits... Parfois dans mon rêve, comme toi, j'apprends qu'il est mort ou alors je le sais déjà et c'est l'angoisse: j'essaye de trouver une impossible solution... ou alors je suis avec lui et c'est au réveil que je réalise l'impensable... Courage... <3
De mon côté, j'ai l'impression depuis quelques jours de nager en pleine absurdité tant l'écart entre les différents états qui me traversent est immense... J'ai l'impression d'être schizophrène et d'être guidée tour à tour par les différentes personnalités qui m'habitent... L'autre nuit, j'ai à nouveau pleuré jusqu'à tard dans la nuit, dévorée par son absence, puis j'ai connu des moments de réelle accalmie et me suis sentie proche de lui, puis par moment, je me suis sentie comme coupée, détachée de tout: de ce qui m'arrive, de ce que je vis avec l'impression de poursuivre ma vie "comme si de rien n'était", "normalement"... Quand j'y pense: "comme un robot" serait sans doutes plus approprié même si ces moments là en particulier s'accompagnent d'une impression terrible et difficile à définir: celle d'être en partie dans une sorte de déni, d'en avoir conscience mais de ne pas pouvoir m'en extraire....
A tout ça s'ajoute la présence d'une sourde colère... je croyais qu'elle s'était atténuée, mais elle est toujours là... Révolte contre ce qui est arrivé, contre cette réalité qui nous oblige à accepter cette violence terrible qui nous est faite sans avoir de réponses... Et puis colère aussi contre les gens... Ras le bol... Une partie de cette colère est sans doutes injustifiée d'ailleurs, mais je suis parfois si fatiguée que je n'arrive pas à faire la part de choses. Et puis cette colère m'aide je crois... Elle me fait ressentir que je suis en vie.
Je suis particulièrement en colère contre mon père... que j'aime, là n'est pas là question, mais que j'ai de plus en plus de mal à supporter. Il est dans une totale incapacité de faire face à ce que je vis et du coup m'évite complètement lorsque je montre que je vais mal, ou pire, nie totalement mon état (consciemment ou pas) en continuant de parler comme si de rien n'était, en faisant des blagues, en rigolant, en sifflotant... Ma mère a tenté de le lui faire remarquer à plusieurs reprises, mais il ne semble pas réaliser que le fait qu'il m'aime en son fort intérieur (car malgré tout, je suis sure de son amour) ne me suffit pas en ce moment mais que j'ai besoin d'un minimum de soutien... C'est difficile, car je suis seule avec lui à la maison toute la journée (il est à la retraite et ma mère travaille encore). Au début, le malaise était tellement palpable que maintenant, je "fais comme si" et lorsque ça ne va vraiment pas, je vais dans ma chambre ou pars me promener....
Je crois que d'être dans cette atmosphère contribue également à nourrir ma propre tendance à ravaler voir minimiser ce que je vis, puisque, le plus souvent, c'est le message que me renvoie mon environnement... Et ce problème ne date pas d'hier...
Du coup, gros gros ras le bol aussi de tous ces conseils dont je suis abreuvée par les gens du village de mes parents (car ici tout se sait et tout le monde se connait) qui me disent "que je me fais du mal" (ah bon), "que je devrais sortir" et surtout, que "je devrais faire un effort pour comprendre et rassurer mon père et mes copines qui se font du souci pour moi mais ne savent pas comment s'y prendre"...
Merde. Merde et re-merde. Oui, je sais bien que les gens se font du souci pour moi. Je sais que leurs intentions sont bonnes. Je sais que je n'aurais certainement pas fait des miracles à leur place... Mais par pitié, là tout de suite, ne me demandez pas de trouver la force d'aider les gens à être à l'aise en ma présence. Ne me demandez pas en plus de ce que j'affronte de les aider à affronter leur propre peur de la mort, de la souffrance qu'ils me renvoient dans la tronche comme un miroir.
C'est vrai, j'ai du mal à parler, à trouver des gens à qui j'arrive naturellement à me confier... J'ai été élevée dans un univers où la colère, la tristesse n'ont pas de place. Où on tache de toujours se montrer sous son meilleur jour... Du coup aujourd'hui je réalise que même face à mes amis d'enfance: inconsciemment je ravale, je dissimule... Et mes proches (famille, amis...) qui ont eu une éducation du même ordre se comportent bien souvent de la même manière. Quels liens authentiques ai-je réellement réussi à tisser jusqu'à présent? Alors que j'étais une gamine hypersensible, à fleur de peau, débordante de vie, sortir mes émotions en présence d'autrui est aujourd'hui pour moi une tâche difficile dont j'ai perdu le mode d'emploi...
Avec mon chéri je m'étais réconciliée avec la petite fille que j'étais... Dans notre couple il y avait de la place pour tout. Pour tous les ressentis, toutes les émotions... Pour la joie, la folie, la colère, la tristesse et la joie à nouveau... Pour les sourires et les larmes, la douceur et les coups de gueule... Je suis partie de la maison très tôt pour ça je crois. Pour faire exploser ce carcan lié à mon éducation. Mais c'est avec mon chéri que j'ai réellement pu renouer avec cette part enfouie de moi-même.
De retour chez mes parents, je me sens comme amputée de moi-même. Amputée de lui, de notre amour, et amputée de toute cette palette d'émotions qu'il avait su réveiller en moi. Qu'il disait aimer, qu'il trouvait belles et qui ici ont si peu de place...
En même temps, je suis reconnaissante à mes parents d'être là pour moi... Ma mère a conscience de beaucoup de choses et sait se remettre en question. Nous parlons beaucoup... Cependant, dans ce décors de mon enfance, une part de moi étouffe, une part que je refuse de laisser disparaître car elle me relie à lui. A celui que j'aime et qui m'a appris tant de choses... En même temps, je n'ai clairement pas la force de recommencer ailleurs pour l'instant, de déménager, de me déraciner à nouveau...
Je ne sais plus quoi faire...
J'aime la vie. Je ne peux m'empêcher de penser qu'au fond, la vie est belle mais j'ai l'impression qu'elle m'a abandonnée... Cette impression d'être exilée, bannie, livrée à moi-même... Cette impression d'être dans une impasse... comme un GPS fou qui se réactualise sans cesse sans trouver la voie pour poursuivre.
Et je rumine, je rumine, je rumine...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 09 septembre 2016 à 17:54:53
Je rumine sur ma souffrance, sur "moi" "moi" "moi"... mais au fond c'est bien de toi que ça parle tout ça... Toi qui n'es plus là. Toi qui m'a été arraché... Toi et tes mimiques, que je connais par cœur. Que je me passe en boucle en fermant les yeux et qui tantôt me réconfortent, tantôt me torturent sans que je sache à l'avance à quel résultat: réconfort ou torture je vais avoir droit. Toi et ta guitare, toi et tes chansons... Toi et tes attentions, tes gestes... Cette élégance, presque féminine sans être efféminée. Toi et ta voix... Tes mots qui résonnent encore dans mes oreilles... Toi et tout ce que jamais aucun mot ne pourra exprimer... Toi et tout ce que tu dégageais. Toi et tout ce que tu représentais pour moi. Toi et tout ce que tu représentes plus que jamais. Toi qui m'a fait sortir de "moi"... Toi et nous. Nous. Nous. Je veux "nous". Je "nous" veux. Je veux commencer toutes mes phrases au présent et avec "nous". Je hais ce "je" dans lequel ton absence me rejette...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 09 septembre 2016 à 18:59:36
  On sens tout ton amour pour l'homme que tu as tans aimé, que tu aimes toujours, dans chacune de tes phrases, dans chacun de tes mots, on les perçoit pour ce qu'ils sont: des cris d'amour envers Lui, de magnifiques déclarations, malgrès la souffrance exprimée. Ces alternances de petites acalmies et de moments de souffrance plus intenses sont inévitables, et la moindre étincelle est toujours bienvenue dans cette grande détresse.
  Je pense à toi  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 14 septembre 2016 à 02:29:45
Merci Stana.
Tes paroles sont toujours source pour moi d'un grand réconfort... Tu sais lire attentivement et de ce fait, deviner aussi ce qui est écrit entre les lignes. J'ai tant besoin qu'il sache que je l'aime et que le monde en soit témoin également.  Ça me touche beaucoup que par tes paroles, tu ais mis l'accent sur ce point.
J'essaye de tempérer, calmer cette urgence en moi pour retrouver avec davantage de sérénité le lien qui nous unit. J'ai tant besoin de retrouver la confiance en la constance de notre amour... Je sais qu'il n'aimerait pas que je pense ainsi, mais je me sens parfois coupable: de ne pas l'avoir aimé assez, de ne pas le lui avoir dit suffisamment, d'avoir douté à des moments, d'avoir laissé certaines de mes angoisses s'interposer entre nous... Je sais bien que personne n'est parfait, que chacun fait avec son histoire et ce qu'il est, que lui aussi avait ses casseroles... Mon manque d'expérience de la vie de couple et ma soif d'indépendance nourrissaient ma peur de l'engagement, et cette angoisse faisait écho à sa peur de l'abandon et à son côté "jaloux"... Parfois, il arrivait que mon besoin d'espace produise chez lui l'effet inverse et qu'il se fasse encore plus présent, presque pressent...
Cependant, je sais que nous n'avons pas de regrets à avoir. Nous parlions de tout, étions conscients de nos limites et tentions de les surmonter ensemble. Nous sommes toujours restés fidèles et malgré les tempêtes, avons avancé main dans la main... Notre relation nous a fait changer, évoluer... Objectivement, je sais qu'il n'y a rien à regretter, que nous pouvons être fiers de nous...
Seulement voilà, aujourd'hui je suis déstabilisée car notre relation est toujours vivante en moi, plus que jamais. Et je ne veux pas que ça change. Seulement que je le veuille ou non, plus rien n'est comme avant... Et cela implique forcément que notre relation évolue en moi elle aussi.... alors qu'il n'est plus là, du moins plus de la même manière, pour franchir cette étape à mes côtés... Car si, à bien des égards, tout a basculé, tant de choses sont restés en suspend ce jeudi 14 avril où il est parti... La question "Aurions nous réussi à surmonter toutes nos casseroles avec le temps? Serions nous restés ensemble coûte que coûte?" m'obsède. Elle m'obsède et je me sens comme obligée d'y apporter une réponse. Comme si je le lui devais... C'est irrationnel,  sans doutes, mais j'ai du mal à lutter contre cette impression...
Comme je l'ai déjà dit, j'ai une intuition, un sentiment profond que ma rencontre avec mon amour n'était pas due au hasard... Que c'était écrit... Il y avait dans notre rencontre quelque chose de fort, d'inéluctable... Cela n'implique pas pour autant que tout était tracé, évident entre nous même si j'aurais tellement aimé que ça le soit... Il y avait dans la rencontre de nos deux personnalités quelque chose de tellement fort, explosif parfois que j'ai souvent ressenti un besoin de prendre de la distance pour me préserver.
Et maintenant qu'il n'est plus ici alors que moi je suis toujours en vie, je ne peux m'empêcher de ressentir cette culpabilité  de ne pas m'être abandonnée davantage à notre amour quand il était encore temps, parce que justement, je pensais que nous en aurions bien plus, du temps. Du temps pour faire des erreurs, nous pardonner, nous éloigner un peu pour mieux nous retrouver... Culpabilité aussi, même si je sais que c'est absurde, de ne pas pouvoir lui promettre ce que l'avenir nous aurait réservé s'il était resté parmi nous... Je sais qu'il ne me demanderait jamais une chose pareille, qu'il cueillait avec moi les fruits de notre amour au jour le jour, mais que signifient encore ces paroles aujourd'hui? Comment continuer à lui être fidèle désormais?
Je n'envisage pas du tout de me remettre avec quelqu'un, j'en suis très très loin. Ce n'est pas vraiment de ça qu'il est question... C'est plutôt cette difficulté à m'autoriser à vivre une vie sans lui qui me questionne... Je ne sais pas si je m'exprime très clairement... Tout est confus dans mon esprit... J'ai peur en goûtant aux plaisirs de l'existence qu'il se sente trahi. J'ai déjà évoqué cette peur à plusieurs reprises... Qu'il s'imagine  que je m'en sors bien sans lui. Voir même que son départ est une libération du fait de ma peur de l'engagement... Si ces idées m'obsèdent autant, ce qui les rend si douloureuses, c'est justement que ce genre de pensées font échos à nos limites à tous les deux... Malgré la souffrance, la séparation  peut me procurer du fait de ma peur de l'engagement, une sorte de sentiment de liberté tandis que pour lui, me voir m'épanouir sans lui pouvait réveiller des pensées jalouses et du coup, possiblement culpabilisantes.... Je ne peux m'empêcher de repenser à cette phrase que j'ai lue quelque part, de la plume d'une c...n.sse de psy disant que les personnes anxieuses s'en sortent bien face au deuil parce que la disparition de l'être cher leur procure un soulagement, puisque les angoisses liées aux liens avec cette personne disparaissent par la même occasion... Mon Dieu suis-je vraiment ce monstre? Cette idée est insupportable, elle me donne la nausée... Elle me dévore...
Non non non.... Je suis tellement plus que ma peur de l'engagement et lui aussi était, est tellement plus que sa peur de l'abandon et sa jalousie... J'ai tellement besoin qu'il le sache. Qu'il sache que je l'aime et que j'aurais tant aimé continuer à avancer cahin caha à ses côtés... Que je renoncerais des millions de fois à ma "pseudo liberté" et à ma "pseudo indépendance" pour que nous puissions continuer ensemble à avancer, à lutter contre nos démons... Car je sais que le bonheur authentique se trouve rarement sur le chemin de la facilité et au plus profond de mon âme, le rencontrer demeure la plus belle chose qui me soit arrivée...
Alors voilà, cette nuit mon amour, j'ai besoin de te dire que j'emmerde les analyses simplistes qui font de nous des poupées névrosées et prévisibles. J'emmerde les petites voix dans ma tête qui me dénigrent et qui  m'éloignent de toi et de ton amour. J'emmerde les mauvais psys, les penseurs obtus, les analystes qui enferment les gens dans des cases et par la même, je hurle "tais toi" à la part de moi qui accorde du crédit à ces inepties...
Je t'aime mon cœur,  imparfaitement, humainement, mais tellement, tellement, tellement fort....
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 14 septembre 2016 à 13:07:02
5 mois aujourd'hui... Et je suis toujours debout... Je sais que c'est ce que tu voudrais... Alors je lutte. Je lutte. Contre moi-même la plupart du temps. Je lutte... pour que notre amour et une part de mon innocence sortent indemne du champ de bataille...
C'est à cette heure ci à peu près il y a 5 mois que tu t'effondrais et au moment où j'écris ces mots, j'entends la télé dans la pièce à côté, ma mère qui cuisine, mes parents qui discutent... C'est si absurde...
Je me repasse sans arrêt cette dernière matinée, paisible... Ce petit déjeuner à la terrasse du café, la rencontre avec cet ami de ton père, notre petit désaccord suite au coup de fil de ta mère, puis l'arrivée sur la corniche... Tu avais le souffle un peu court mais tu souriais... Je m'en voulais d'avoir marché si vite mais ensuite nous avons avancé encore un peu et tu semblais reprendre ta respiration... Nous étions bien. La vue était magnifique, nous regardions les jardins des maisons sous le pont... La suite je ne veux pas en parler...
Mon amour, j'aimerais tant venir me réfugier à la terrasse de ce café avec toi et arrêter le temps...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 14 septembre 2016 à 13:28:52

    Bonjour Ela,

    La chance d'avoir fait une grande rencontre
    et puis le malheur de perdre cet homme
    brutalement
    A 26 ans, la vie "devant toi" te semble "derrière toi"
    et je devine combien c'est dur
    Seule consolation
    avoir été aimée
    d'un homme formidable
    Avoir connu un amour partagé
    c'est toujours trop peu de temps
    même s'il reste beaucoup.

    Tendrement, M.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Doudouzoe le 14 septembre 2016 à 14:19:00
Ela, je ne sais pas si cela peut t aider mais sache que ce que tu dis de ton amour ses traits de caractère ressemble au miens jusque  dans leur vie professionnelle... Je l ai rencontré j avais 26 ans, j avais peur, peur de M accrocher, peur d aimer, peur d avoir mal.
J ai un caractère assez sauvage et renfermé cela est dû à ma vie passée et à la douleur et souffrance qui en a découlé.
Mais il s est accroché il M a montré le chemin j ai réussi à dire je t aime,
Nous avions des haut et des bas, des caractères totalement opposés, lui l amoureux de la vie et moi la peur personnifiée.
Alors je te le dis malgré nos disputes, nos éloignement, nos rapprochements nous avons continué la main dans la main.
J ai mis sept longues années à me dire que l on pourrait avoir un enfant ne plus être autant fusionnel et donner de l amour à une autre personne,  cela aussi il a réussi à force d amour et de persévérance.
Il M a tout simplement appris à aimer la vie, aussi cruelle soit elle. J en veux à cette vie pourquoi créé autant de gentillesse et la reprendre.
La ou il est s il me regarde il doit se dire que se n est pas possible tout ce travail ne peut pas être fichu en l air, alors je me bat. Je me bat pour vivre je me bat pour sa mémoire pour notre fille et pour lui prouver que je peux encore aimer cette vie....

Bizzz à toi
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 14 septembre 2016 à 23:40:50
Emmanuelle, Martine...
Deux petites lueurs en cette soirée. Merci.
 Si, Emmanuelle, ce que tu dis m'aide beaucoup... Ce que tu écris sur toi et ton chéri, je pourrais l'avoir écrit au mot près. "lui l amoureux de la vie et moi la peur personnifiée" ^^...  Et quand je te lis, je ne vois que de l'amour. L'amour qui transforme tout pas à pas, fait céder les digues... Et ça m'apaise concernant ma propre histoire, parce que oui, parfois, c'est plus facile de comprendre et d'accepter certaines choses quand on les observe chez les autres que lorsqu'on les vit soi-même... Ce soir, je me sens plus apaisée, et je sais que si mon amour m'a tant apporté, j'ai sans doutes été un soutien sur son chemin à lui aussi, tout comme toi "Doudouzoe", tu l'as été pour l'homme que tu aimes... J'aurais simplement aimé avoir plus de temps, j'aurais simplement aimé qu'il soit là, encore...
Car comme tu l'écris si bien Martine, "c'est toujours trop peu de temps"... Malgré tout, je suis heureuse de finir cette journée un peu plus sereine que je ne l'étais ce matin, pleine de gratitude pour "cette grande rencontre" que j'ai eu la chance de faire.
Ce soir je suis allée m'asseoir près de la rivière, à la lisière de la forêt à côté de chez mes parents: cet endroit où j'aime aller pour tenter de trouver un peu d'apaisement, pour penser à lui, à nous, pour lui parler... Mes angoisses se sont faites moins pressentes ce qui m'a permis de renouer un peu avec des choses essentielles et de me débarrasser un temps de certaines pensées illusoires...
Je suis repartie le cœur plus léger, avec la sensation de sa présence...
Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 15 septembre 2016 à 14:11:01
Et ça m'apaise concernant ma propre histoire, parce que oui, parfois, c'est plus facile de comprendre et d'accepter certaines choses quand on les observe chez les autres que lorsqu'on les vit soi-même...
c'est si vrai et tant le reflet de l'aide de ce forum
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 16 septembre 2016 à 17:18:10
Mon amour,

Je suis dans cet état étrange depuis hier... Comme si une porte s'était entrouverte pour m'offrir une parenthèse... Je crois que c'est une parenthèse, réelle, différente des "accalmies" que j'ai connues jusqu'alors. Une parenthèse cependant car je contemple le chemin parcouru et je sais que la route est encore longue et que des moments plus sombres viendront à nouveau, inévitablement... Du moins, aujourd'hui, ces heures me paraissent à ce point inévitables qu'elles le seront nécessairement.
Mais pour l'instant, dans cette parenthèse, je pense à la chance immense que j'ai d'avoir croisé ton chemin. Je pense à toi et je te trouve beau, magnifique. Je pense à tes yeux qui pétillent, à ton grand sourire, à ton espièglerie, à tes vêtements de toutes les couleurs... Je me souviens des moments où nous étions ensemble, immergés dans la vie et capables de simplicité, d'émerveillement. Fidèles aux grands enfants qui demeurent en nous...
"lunettes bleues, lunettes roses,
Pour regarder le monde autrement
Un beau jour on les pose négligemment
Ces lunettes bleues, lunettes roses
Et nous voila devenus grands"
Ils ont pris des sacrés baffes ces enfants qui demeurent en nous... Mais je sais qu'ils sont encore là, quelque part... Qu'ils attendent qu'on leur tende la main pour refaire un peu surface... Je pense à toi et j'éprouve tant de gratitude. Cette porte qui s'est ouverte aujourd'hui, cette parenthèse, c'est grâce à toi qu'elle existe. C'est toi qui m'a appris qu'il suffit parfois de changer de lunettes pour retrouver un peu d'espoir.
Alors aujourd'hui, j'essaye une nouvelle paire (ou plutôt une paire que j'avais laissée au fond d'un tiroir) et ça me permet de penser à toi d'une façon différente... Je ne sais pas pour combien de temps...
Je nous ai vu, revu, en grands gamins, main dans la main dans la cour de récrée, tellement complices, près à affronter ensemble toutes sortes d'aventures... J'ai vu nos caprices aussi, nos bêtises, nos petites crises mais ils m'ont dessiné un petit sourire attendri au coin des lèvres au lieu de m'affliger et de me faire peur comme c'est le cas parfois.
Et puis tous ces témoignages, toutes ces lectures sur le sens de la vie, sur la vie après la vie, sur le chemin qu'il nous faut parcourir ici-bas dont je m'abreuve depuis des semaines (parfois avec une sorte de dégoût, comme un remède qu'on prend à contre-coeur) se frayent peu à peu un chemin en moi... Je ne pense pas à toi au passé mon amour et je ne le ferai jamais... Si je conjugue certaines phrases à l'imparfait en parlant de toi parfois, c'est que je suis plongée dans le souvenir. Mais toi tu n'es pas un souvenir pour moi. Je crois que tu es là quelque part... Je ne sais pas ce que tu traverses, et c'est si dur. Pourtant je suis convaincue (et bien sur, je ne veux imposer cette conviction à personne, juste en témoigner) qu'il est possible de se mettre en quête de bonheur à chaque instant et que la mort ne met pas le point final à cette quête. Alors même si j'ai l'intuition que tu fais face, quel que soit le chemin sur lequel tu avances,  j'aimerais juste te dire que je te souhaite, tellement, tellement, tellement fort ce que je souhaite à chacun ici et que j'essaye de trouver en moi-même:  de l'apaisement, de la joie, de l'harmonie....

Je t'aime fort fort fort fort mon poète <3


Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Doudouzoe le 16 septembre 2016 à 20:33:01
Je me sens seule.....La solitude est apparue, elle a frappé à la porte ce matin...Elle a décidé de rester... pour un long moment.
.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 16 septembre 2016 à 20:48:35
Je pense à vous chers ami(e)s du forum...
Pensées qui me tracassent, dont j'ai besoin de vous faire part...En réalité, c'est d'une main hésitante, dans un murmure que j'ai parlé de mes petits mieux et de mes petits espoirs aujourd'hui... D'une main hésitante parce que tout ce que j'érige en moi demeure tangent, fragile... un château de carte... Parce que je sais que la souffrance n'en a pas fini avec moi et j'ai peur qu'elle se sente provoquée par cet élan de vie et revienne m'attaquer... Parce que même si elle pouvait ne plus m'attaquer (ça me semble impossible), je sens que je ne suis pas non plus prête à la laisser partir... J'ai encore tant besoin d'elle... De cette souffrance qui me lie à lui...
D'une main hésitante aussi parce que je sais que si les éclaircies peuvent être bienvenues quand on les recueille en son for intérieur, la simple évocation du fait que la vie peut être belle, peut être un affront, une agression dans les moments où on est au fond du trou... Du moins, c'est ce que je retire de ma propre expérience... Alors oui, j'ai besoin de parler des mieux aussi mais ma souffrance est bien là. J'ai besoin de parler des mieux pour les faire exister à mes propres yeux et parce que je me dis qu'ils peuvent contenir des bribes d'espoir que d'autres pourront capter aussi... Mais je ne veux surtout pas jeter ces "petits mieux" à la figure de ceux qui sont dans un état de souffrance tel qu'ils ne peuvent pas les entrapercevoir... Je ne connais que trop bien cet état de souffrance...
Chacun avance à son rythme, avance comme il peut, avec son histoire... Aujourd'hui, j'accueille ce mieux, demain, je ne sais pas...
Voila, je ne sais pas bien pourquoi, mais j'avais besoin de vous écrire tout ça...
Je pense fort à vous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 16 septembre 2016 à 20:55:08
Chère Doudouzoe, bien que fragile et vacillante, j'aimerais t'offrir mon bras pour prendre appui et recouvrer un peu de forces, reprendre ton souffle... Car la route est longue et malheureusement, chacun est seul sur la sienne. Mais de temps en temps, lorsque les chemins se croisent, on peut s'asseoir ensemble au pied d'un arbre...
Le mien est un saule pleureur mais il y a un merle rieur qui vient s'y abriter de temps en temps...
Je t'embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 17 septembre 2016 à 17:31:27
Petit oiseau sur le bord de la fenêtre, qui me fixe si longuement... à nouveau... mais pourquoi fuis-tu quand je m'approche... quel est cet endroit où je ne puis te suivre...
Je t'aime Hanaël... des que mes pensées s'éloignent, je ramène mentalement ma tête sur ton épaule, dans le creux de ton cou... l'endroit du monde que je préfère...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 18 septembre 2016 à 00:15:28
Ça y est, la revoilà cette p.....n de vague... Je suis en train de devenir dingue. Je ne sais plus qui je suis, ce que je veux (enfin si, ce que je veux je le sais et je ne peux pas l'avoir)... Tout s'écroule de nouveau en quelques instants.... Envie de hurler...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: tony36 le 18 septembre 2016 à 00:47:47
Comme je te comprends. C'est une sorte de malaise angoissant et écœurant.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 20 septembre 2016 à 16:25:46
J'ai voulu me distancer du forum pendant un temps... L'impression ces derniers jours de n'être plus capable de recul... D'être totalement confuse, mélangée, emmêlée... De ne plus savoir où se situe la limite entre moi et le reste du monde, entre ce que je pense et vis et ce que vivent les autres... Confusion... Impression d'avoir tant besoin d'être rassurée qu'il m'est arrivé de prendre personnellement des ressentis qui ne m'appartiennent pas... au risque de blesser... puis m'en apercevoir, honteuse...
Cependant je reviens, car j'ai besoin de ce partage avec vous... Sans vous connaitre personnellement, je me sens liée à  vous de par l'épreuve que nous traversons... J'ai besoin de ce lien, de cet espace de partage que je ne trouve pas complètement ailleurs... Et j'aimerais tant aussi apporter un peu de soutien à d'autres, par mes paroles... bien que je me sente maladroite et impuissante... Alors me revoilà ici, encore...
Hier, je suis allée voir une dame de mon village qui pratique des soins Reïki... Ça m'a fait du bien... De par les soins qu'elle m'a prodigués et qui m'ont permis de lâcher un peu de lest... de pleurer sans trop de retenue... et surtout parce qu'elle ma beaucoup rappelé mon chéri... Une dame qui a traversé beaucoup d'épreuves: deuil, maladies... et qui s'est présentée à moi si confiante et paisible... Elle m'a tant rappelé la foi d'Hanaël... Son lien à l'Innomable," la Source" comme il les désignait... Alors que je ne la connaissais pas, à la fin de la séance, elle a pleuré avec moi, m'a prise dans ses bras... Je me suis sentie soutenue et épaulée... C'était un moment de partage sincère et authentique. Une belle rencontre...
Puis je suis allée marcher en forêt... Je l'ai senti si proche avec pourtant ce manque physique, si présent... Ce besoin, cette soif de toucher sa peau, de sentir le contact de sa main, son parfum... d'entendre sa voix... Et tout de même, cette sensation de présence... Il est et a toujours été chez lui au milieu des arbres, en pleine nature... Il m'est arrivé à plusieurs reprises de marcher seule dans la forêt depuis son départ, de le chercher, de vouloir le trouver à tout prix... d'être remplie de hargne de ne pas y parvenir...
Hier c'était différent, grâce à cette dame qui m'a un peu aidé à calmer la tempête... A un moment, je me suis arrêtée longuement à côté d'un arbre qui portait un petit écriteau "14"... Son chiffre, celui du jour de sa naissance et du jour de son départ... Lorsque je suis repartie, un oiseau, près de cet arbre a commencé à pousser des cris stridents et je suis revenue sur mes pas. Après quelques secondes, il y a cet écureuil qui a jaillit tout près de moi et qui est resté là plusieurs minutes, à s'agiter dans tous les sens, en couinant... Comme s'il m'offrait un petit spectacle... Signe ou non, je ne sais pas... Mais je me suis sentie si proche de lui dans cette forêt, loin de tout...
L'après midi, j'ai taché de préserver ce calme en moi... Je ne sais pas bien y faire.... La peur que cette sensation d'être proche de lui dans une sorte de sérénité disparaisse précipite bien souvent la chute... Hier, elle s'est maintenue un peu... Le soir, au repas, j'ai essayé de parler un peu à table, de cette sensation de présence. Du fait que mon chéri, même s'il n'avait que 33 ans, a vécu plus intensément que beaucoup et que je crois qu'il n'a pas disparu. Qu'il a simplement été rappelé ailleurs... Mon père, à la fin du repas, au moment de se lever me regarde les sourcils froncés et dit en se levant de table: "quand même, 33 ans c'est injuste, c'est pas normal" puis il s'en va vaquer à ses occupations...
Coup de couteau en plein cœur... Je sais très bien qu'il ne voulait pas me blesser par ses paroles. Au contraire même... Mais ça m'a révolté... Qu'est ce qu'il pense, que c'est facile pour moi de mettre ma foi en avant pour avancer? Que je n'ai pas passé des nuits blanches entières à maudire le ciel de m'avoir enlevé l'homme que j'aime à seulement 26 ans? Que c'est facile pour moi d'avancer sur ce long et fastidieux chemin, sur lequel mon chéri avançait lui aussi, pour apprendre à aimer cette vie et à faire confiance à ce que je ne peux pas comprendre? Et bien non ce n'est pas facile. Pas du tout... Et j'ai peur car je n'ai pas ce courage dont disposait mon Amour: celui d'assumer entièrement ses émotions et ses croyances sans se laisser déstabiliser par les jugements et l'incompréhension... Moi j'ai besoin des autres, de leur soutien et en même temps je sais si mal me protéger et me prémunir de ce qu'ils me renvoient.
Long et douloureux apprentissage... Alors pour le moment, je préfère rester seule... Limiter au maximum mes contacts avec l'extérieur... Mais j'espère que je retrouverai un jour assez de courage pour m'ouvrir à nouveau, car je ne veux pas basculer dans la misanthropie...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 20 septembre 2016 à 19:12:06
  Nous pensons pareil Ela  :) pour ma part j'ai la conviction-disons à 99%, parce-qu'on n'est jamais certain de rien à 100%-que nos défunts sont là, pas loin, "de l'autre côté du miroir", dans une dimension qui nous est inaccessible dans cette vie-ci; nous ne pouvons plus les voire parce-que les ondes de ces deux plans d'existence ne sont pas en adéquation (c'est ma croyance, ma spiritualité qui n'a pas besoin de s'appuyer sur une religion en particulier), mais peuvent entrer en communion avec les nôtres, d'autres manières.
  Je pense qu'en effet nous pouvons percevoir leur présence, particulièrement à des endroits ou/et dans des situations spécifiques, ayant une signification pour eux, pour nous ou pour notre histoire avec eux. Je ressens en permanence cette présence bienveillante et elle m'emplit de douceur. J'en parle dans la rubrique "spiritualité"; je ne suis pas la seule  ;)il est question notamment des petits signes et synchronicités du quotidien. J'en ai constaté de nombreux-souvent liés, comme toi, à des chiffres significatifs pour nous, et de plusieurs autres façons. C'est pourquoi je pense qu'il en est de même pour toi  :)
  Je suis heureuse de savoir que tu ai pus connaître ces petits moments de répit, chaque embellie est réélement un rayon de soleil qui illumine même la plus noire des journées.
  Pour ce qui est de la spiritualité, je te déconseille d'en parler-à part à des personnes qui peuvent comprendre-les gens pourraient avoir l'idée érronée qu'il s'agit d'une forme de déni. Ils ne peuvent pas nous le prouver lol l'absence de preuves n'est pas la preuve de l'absence comme on dit^^d'ailleurs  certains cientifiques qui n'ont rien de plaisantins commencent à concevoir que la survie de l'âme-du psychisme" est plus naturelle que surnaturelle, et n'a parue en tans que telle jusqu'à présent que par ignorance. Rien n'est prouvé à 100%, ça se saurait, mais cette possibilité existe  :)
  Si nous avons raison, une chose est certaine: ceux que nous avons tans aimé et aimeront toujours ne peuvent que vouloir notre bonheur-ou ne serait-ce que notre mieux-être dans un premier temps-que nous vivions le moins mal, puis le mieux possible. Cette quasi-certitude non seulement ne m'empêche pas de vivre aussi bien que possible, au contraire: je veux qu'il puisse être fier de moi de là où il est. Je ne me prive d'aucun petit plaisir de la vie lorsque je suis dans un meilleur état d'esprit.
  Je te souhaite de connaître bientôt une autre embellie  :) :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 24 septembre 2016 à 19:38:35
Merci chère Stana. Tes mots m'apaisent, et cette foi, cette confiance partagée également... Effectivement, j'apprends petit à petit à me protéger un peu mieux, en choisissant mieux les espaces, les moments et surtout les personnes à qui je confie certains éléments de mon histoire, de notre vécu... Comme je l'ai déjà dit, mon chéri s'assumait à 200% quitte parfois à prendre le risque d'être incompris ou en décalage... Je crois que tapie au creux de ma peine, il y a également cette envie d'honorer son honnêteté, son intégrité en assumant davantage moi aussi ce en quoi je crois, ce que je pense et vis auprès des autres... Seulement je suis si fragile que je réalise qu'il me faut également apprendre à me préserver... à ne pas me brusquer... ne pas m'en demander trop... C'est un équilibre difficile à maintenir...
Dernièrement, je traverse une phase, à certains égards moins violente que celle des 2ème et 3ème mois... Je pense à mon amour avec une telle tendresse la plupart du temps... Cette tendresse me fait du bien, j'aime la sentir en moi et pourtant, c'est si difficile de ne pas trouver un moyen direct de la lui témoigner. J'aimerais tant pouvoir l'embrasser, le toucher, le serrer contre moi... Nous étions tous deux de grands bavards, mais maladroits avec les mots... Je crois que le 3/4 de l'amour qui circulait entre nous passait par les regards, les attentions... la communication non-verbale... Et désormais je me sens si maladroite, privée de tous ces moyens de lui dire "Je t'aime"... J'essaye de me relier à lui différemment. A travers la nature notamment... Mais j'ai tellement besoin d'un lien physique également. Alors je continue à porter son parfum. Je m'enroule dans son pull. Tous les matins, j'embrasse un grand portrait que j'ai dessiné de lui et qui est en permanence avec moi depuis son départ... J'ai développé un fort attachement à ce tableau. Pas par vantardise, mais parce que sous l'emprise de l'émotion, j'ai réussi à lui insuffler une sorte de "vie"... Je retrouve en le regardant ses regards, ses expressions... J'ai l'impression qu'il change d'attitude d'un jour à l'autre. J'embrasse ce portrait, je lui parle...
Cette période est un peu moins violente mais paradoxalement, je me sens épuisée... Plus envie de me balader, plus envie de jardiner, toujours pas envie de voir du monde... Envie de dormir, dormir, dormir... Plus que jamais: peur de demain. De tous les demains sans lui. Peur d'avancer. De sortir de mon isolement et de mon mutisme. Peur des projets, quels qu'ils soient. De me confronter au monde extérieur... Je me suis créé une sorte de bulle, de refuge d'ermite... et je sais que tôt ou tard il me faudra le quitter... et qu'une bonne part de souffrance est encore devant moi...
Je suis retournée voir la dame qui pratique les soins Reïki et cette deuxième séance, au contraire de la première, a été compliquée, douloureuse... Elle a jeté un froid entre nous et je ne sais pas si j'ai l'envie et le courage de le surmonter... Si je vais y retourner... Je pense effectivement que dans d'autres circonstances, je pourrais m'entendre avec cette dame... Je la sens sincère, bienveillante et nous partageons des croyances communes... Mais j'ai senti qu'elle me poussait à avancer, plus vite, trop vite... Je ne suis pas prête à ça... Je ne veux pas m'enfermer dans la souffrance, et en même temps je chéris cette plaie qui s'est gravée en moi et que je garderai... Je refuse le fatalisme et la morosité, mais je refuse qu'on me pousse à avancer trop vite, qu'on cherche à m'extraire de ma peine... Non, je n'ai pas envie de sourire, oui, j'ai le coeur en miette et cette blessure intime, elle m'appartient. Personne n'a le droit de me dire ce que je dois en faire...
Cette semaine, j'irai peut être en ville. J'ai envie d'un tatouage. D'une marque de notre amour dans ma chaire... Pour moi et pour qu'elle témoigne silencieusement de l'importance de cet Homme (de l'importance qu'il a eu, qu'il a, qu'il aura a jamais pour moi) aux yeux des autres...
Je vous embrasse. Prenez soin de vous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: loma le 24 septembre 2016 à 21:41:50
Ela, je pense que tu as raison de ne pas te laisser imposer un rythme qui n'est pas le tien, peu importe la vitesse, tu ressens les choses, la direction à prendre.

J'ai aussi été tentée par un tatouage, mais je ne savais pas quoi:  son prénom ? un papillon (en rapport aux papillons qui sont entrés dans l'église pour son enterrement) ? rien ne m'inspirait vraiment. Cet été j'ai vu une femme portant un tatouage des battements du coeur de son bébé à la naissance, j'ai trouvé cela très beau. Et tout à coup j'ai eu une idée, je ne savais pas si c'était réalisable, reproduire son écriture, un petit mot doux écrit de sa main. Alors je cherche désespérément dans les papiers ... mais nous avons déménagé tant de fois ... j'ai juste retrouvé pour l'instant une carte postale signée "smac, smac, Marc" et deux petits coeurs dessinés , j'espère trouver mieux...

Je te souhaite une douce nuit Ela
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Doudouzoe le 25 septembre 2016 à 17:13:57
Pour le tatouage moi je passe le cap cette semaine ''un attrape rêve ''garder le meilleur et enlever le pire!!
Je passe aussi un entretien d embauche pour travailler près de chez moi ne plus faire les 208 km quotidien qui me font cogiter au point de perdre le fil de la route.
Cet emploi je le voudrais, avoir une vie au travail où personne n est au courant et m occuper de moi et ma souffrance le soir et les week-ends.
Je sais que David serai fière de moi j avance même si je recule plus souvent.
Aujourd'hui nous sommes sorties avec ma fille nous avons fait 100 km pour aller près de son arbres  au cité cinéraire de Angers, que cette  forêt est calme et apaisante être un arbre pour des centaines d années il aurait adoré non''il adore j en suis sûre.

Je vous embrasse


Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 25 septembre 2016 à 20:39:08
ta phrase me rappelle celle de Phil33  " Emmener dans le futur le meilleur du passé "
(http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/deux-ans-et-alors-!/msg71647/#msg71647 où il la cite)

Je te souhaite d'avoir ce poste qui serait pour toi vécu comme une aide
c'est là un exemple d'autres ne se sentent pas capables d'affronter dans le deuil un changement professionnel

Oui tu avances car on avance sans le décider c'est ça le deuil mais on avance aussi parce que l'on pose certains actes sans se rendre compte.

Oui parler au présent est positif "''il adore j en suis sûre."
je t'embrasse
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 25 septembre 2016 à 20:48:10
  C'est bien que tu ai le courage de tes opinions Ela, que tu continue à vivre ton deuil à ta manière à toi. C'est ce qu'il faut. Et tans pis pour ceux qui ne te comprennent pas! Tu n'as pas à vivre et à penser en raison des autres, mais pour toi. Ce n'est pas toujours évident d'éviter les mauvaises personnes, je ne peux hélas qu'en convenir, Nous ne pouvoir faire "que" de notre mieux, et c'est déjà beaucoup  :'( :)au moins on limite les dégâts...
  Oui je vois ce que tu veux dire, l'absence brutale de la présence physique de l'Autre est particulièrement dure, surtout les premiers mois. Moi aussi je cherche d'autres contacts "physiques" avec mon amour; je porte (quand il fait frais), un blouson de cuir noir qu'il m'avait offert au tout début de notre relation. Il lui appartenait auparavant, c'est comme une partie de lui sous laquelle je me blottit amoureusement, d'autant plus que le cuir c'est une peau après tout, et que ce vêtement a gardé sa marque. Et autres accessoirs...et aussi, manger des plats qu'il aimait, utiliser la même marque de shampoing que lui, fumer ses cigarettes préférées même etc et, comme toi, la communion avec cette nature qu'il aimait tans  :)
  Pour ma part je me suis fait faire un tatouage sur le bras gauche deux semaines après la mort de Pierre. C'est écrit "Pierre For Ever" en fines lettres gothiques, accompagné d'une fleur de lys, le tout entouré d'étoiles (certaines filantes, mon espèrance^^); j'ai toujours sus que je ne regretterais jamais de m'être faite tatouer, que je serai toujours heureuse et fière de porter le témoignage posthume de notre amour fusionnel gravé dans ma chair, qui sera là tans que je vivrai. C'est un merveilleux réconfort.
  J'espère qu'il en sera de même pour toi  :)
  Je t'embrasse  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Doudouzoe le 26 septembre 2016 à 11:48:13
Je te remercie quigan.  J essai d avancer car depuis toujours le deuil fait partie de moi...ma tante mes trois oncles mes deux grands père ma grand mère ma cousine ma mère et maintenant mon mari.
Il y des familles comme cela qui apprennent la vie par la force des deuils..
Je parlais de ma mère avec David de sa fin de vie et de la souffrance qu elle avait enduree en me disant que plus jamais je n aurais à revivre cela..hélas la vie s' amuse de nous...et malgré tout ses deuils je reste debout mais celui de david est le plus dur à vivre il n y a aucune comparaison. Il était mon tout celui par qui le bonheur arrive et pour lui je me relèverai même si cela doit prendre des années...


Bizzze
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 26 septembre 2016 à 14:22:31
Je vous embrasse toutes bien fort, vous remercie pour vos paroles... Dans cette épreuve en effet, on ne choisit rien, ou si peu. On fait face. C'est tout. Cependant je me permets de t'envoyer mon soutien, mes encouragements Doudouzoe. Tu essayes d'avancer et tu tentes d'être à l'écoute de tes besoins et je trouve ça... je n'ai pas vraiment de mots.... mais c'est positif en tous cas. Bien sûr, il y a l'intention puis la réalité... Souvent on fait un pas en avant et plusieurs en arrière, mais malgré tout, cette intention d'avancer pour eux et pour nous aussi est déterminante je crois... La façon dont tu parles de ton chéri, l'énergie que tu déploies pour honorer votre amour, je trouve ça beau... Ça me touche beaucoup et ça m'inspire aussi. Car ton David me fait tant penser à mon Hanaël à certains égards et je suis sure qu'ils sont heureux de savoir qu'on ne baisse pas les bras...
Prenez soin de vous <3
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 27 septembre 2016 à 14:57:45
Aujourd'hui ou plutôt ces derniers jours, semaines...  Je ne sais plus très bien comment me situer dans le temps: fatigue, fatigue, fatigue.... Fatigue d'un autre monde... Se sentir aimantée au sol... Nouvelles lois de la gravité... Mais je tiens bon... Je vais sortir au jardin, car comme suite à une commotion, je sens que dormir est une mauvais solution... Et pourtant... Tellement envie de dormir... dormir... et surtout de rêver... Rêver de lui... dans un ailleurs, une autre réalité.... plus souple, moins radicale, froide, irréversible que celle-ci... Une autre réalité où je peux encore le voir, le sentir, toucher sa peau...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 27 septembre 2016 à 15:12:26
  Mais je t'en prie  ;)
  Oui quand on èprouve le besoin de sortir, ne serait-ce-que dans son jardin, il faut y cèder: ce qui nous y pousse sais mieux que nous ce dont nous avons besoin. Parfois on a envie d'être dans notre "cocon", d'autres fois de respirer l'air du dehors, voire même avoir une petite activité...
   :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 01 octobre 2016 à 01:28:40
Je me suis fait cette promesse un jour, bien avant de te connaitre, que je ne baisserai jamais les bras... Jamais, jamais, jamais... Cette promesse, je ne savais pas à quel point elle s'était inscrite dans ma chaire et j'aurais voulu ne jamais le découvrir... Cette promesse, elle s'est emparée de moi. Elle me domine. Je suis son esclave... Cette promesse, c'est ma planche de salut.... et ma plus grande malédiction... Elle m'interdit de sombrer et en même temps, elle est impitoyable...

Lorsque quelques fois, elle baisse sa garde et se repose, alors je plonge, toujours plus profond, et je rejoins, je redécouvre... cet océan de larmes, infini, vertigineux... qui sommeille, immuable, au fond de moi. Au cœur d'un  monde immense, souterrain... Bien plus réel que tout ce qui est au dehors... Ce monde dans lequel je me sens seule... Dont je ne sais indiquer l'accès aux autres... Les autres que je sens souvent si loin... Comme si une chaîne de montagne entière nous séparait... Toi tu avais trouvé l'accès... Tu étais parvenu, sans même avoir à chercher comment, à te faire une place dans mon monde... Tu me connaissais, profondément, intimement, comme personne... Mieux que moi-même, souvent, certainement... Aujourd'hui, mon monde est dépeuplé... Il reste cet océan, au centre... Cet océan et tout au fond, ce coquillage, et dans ce coquillage, cette perle... Toi...
Et cet océan dont tu es le trésor, jalousement enfoui... Lui aussi, a son double visage... Tour à tour, havre de paix ou bien tombeau... Comme j'aime y plonger, toujours plus profond... dans l'espoir de me rapprocher de ma perle... qui m'attire, qui m'appelle... Et pourtant, je sais le danger. Je sais ce choix. Ce choix qui me torture parfois... Dilemme du "Grand Bleu". Remonter vers la surface et reprendre mon souffle ou me laisser glisser au fond, succomber à l'appel de l'abîme... qui m'attire, me fascine.
Parfois, je perçois un petit sentier étroit, qui s'ouvre au bout de cette impasse. Cette impasse que j'ai participé à ériger, il me semble... Sur ce sentier, je te vois, grand, beau, souriant... Car oui, tu es ma perle et tu vis dans une part si intime de mon être, qu'elle demeure un mystère, même pour ma propre âme qui s'ignore... Et pourtant, rien ne te condamne à demeurer tout au fond... Parfois, je te sens... près de moi... avec moi... dans des petits riens, des petits tout... Au détour d'une chanson, d'une anecdote, d'un repas...
Puis je regarde les autres, qui sourient, qui parlent, qui mangent... avec moi... à côté de moi... et trop souvent j'ai la sensation qu'ils ne voient pas, ce coquillage, cette perle... qui est là, avec nous. Qui prend toute la place.  La place qui lui revient, et c'est très bien comme ça... J'ai envie de leur crier "Oh oh! Vous voyez? Est ce que vous le voyez? Est ce que vous me voyez?"... Et d'un coup je me retrouve à nouveau là, au pied de ces gigantesques montagnes, au bord de cet océan... Physiquement présente et loin de tous...
Mon amour, si tu es là... Emmène moi sur ce petit sentier, au bout de cette impasse... Prends ma main, serre la fort. Je serrerai moi aussi, de toutes mes forces si tu le veux bien... Aide moi à ressentir que c'est possible, de te garder près de moi, à la surface, au delà de ces montagnes... Aide moi à faire comme toi. A me tenir debout au sommet de ces montagnes et à affronter avec confiance chacun de ses versants, chacun de ces deux mondes...

Je ne veux pas... m'enfermer, m'effondrer en moi-même....

Je ne supporterai pas... de te perdre une deuxième fois.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Doudouzoe le 01 octobre 2016 à 17:54:44
Très chère Ela, comme je te comprends. Que cette montagne est dur à gravire et que l océan est beau pour y dormir mais non...non on doit vivre..vivre car tant que l on vie nos souvenirs des moments passés avec nos amour sont vivants et ces souvenirs restent vivants alors nos amours aussi.

Bizzzz...



Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: loma le 01 octobre 2016 à 20:55:14
Ela, cette perle, tout le monde la voit , mais personne n'ose t'en parler de peur de te faire mal ...

20 mois après le décès de Marc, devant mon calme, mes sourires,  on commence à peine à me reparler de celui qui a tant importé dans ma vie, enfin !! Je savais que personne ne l'oubliait, mais j'ai compris qu'ils attendaient "le moment" .

Et ce n'est pas une perle que tu vas retrouver, mais des tas de petites perles qui vont tapisser et illuminer en douceur ta grotte au fond de l'océan, où tu pourras te réfugier quand ça ira mal ...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 01 octobre 2016 à 22:10:59
  Je vois ce que tu veux dire loma  :) moi j'apprècie tout particulièrement lorsqu'une personne a la sensibilité de comprendre que je n'ai pas plus ou moins "oublié" mon compagnon, et qui m'en parlent naturellement, mais avec la délicatesse et l'empathie qui s'adressent à quelqu'un qui a perdu un grand amour, sans mièverie; et qui, ensuite, évoquent tout aussi naturellement avec moi des souvenirs le concernant  :) :-*heureusement que ce genre de personnes existent!
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 07 octobre 2016 à 13:16:13
Je vous remercie pour vos paroles, vos partages... Oui, Loma, cette perle, les autres la voient sans doutes... Tu as raison... Et je sais qu'il faudra du temps pour que je puisse réaliser avec davantage de discernement qui sont ceux qui la voient, qui me voient et avec lesquels je pourrai continuer à avancer sans le trahir, me trahir...La route est longue et malgré l'absence de force, avancer est la seule possibilité...
Cette semaine est très dure pour moi... Je suis rattrapée par des crises de sanglots qui m'assaillent avec une intensité renouvelée... Le manque vient me frapper comme un coup de poing, me couper le souffle, par à-coups.... Et pourtant, cette souffrance là, je l'accueille... Je l'accepte je crois...
Le plus difficile, c'est que les coutures de certaines vieilles cicatrices se défont... A la fin de l'adolescence, j'ai souffert d'une forme particulièrement violente de TOCS... Pas de "rituels de réassurances" pour moi: ce besoin de compter, vérifier, toucher des objets, se laver les mains ou autres... Rien de tout ça, mais tout s'est joué dans ma tête... J'étais assaillie par des pensées intrusives, obsédantes dont j'étais incapable de me débarrasser... Des phobies d'impulsion... Cette peur irrationnelle d'être capable, contre sa volonté, de se faire du mal, de faire du mal aux gens... jusqu'à me persuader, dans les pires heures, d'être un monstre: sociopathe, pédophile, insensible... puisque ces peurs atteignaient leur paroxysme en présence des personnes que j'aimais le plus... Cette voix dans ma tête qui me répétait du matin au soir que je ne suis qu'une merde tout en m'obligeant à imaginer les pires horreurs pour être sure que je n'y trouvais pas un quelconque plaisir... Un peu comme si j'étais coincée en permanence, les yeux écarquillés sans pouvoir les fermer, devant un film d'horreur dont les principaux protagonistes étaient les gens que j'aime et moi-même. Un enfer. L'enfer sur Terre. Littéralement.
C'est difficile pour moi de l'écrire ici car si j'ai compris beaucoup de choses sur ces troubles qui sont somme-toute plus fréquents qu'on ne le pense, je ne peux m'empêcher de ressentir de la honte en les évoquant... M'avouer cette fragilité à moi-même et l'avouer aux autres plus encore, est un rude combat. Mais si je décide d'écrire tout ça, c'est avec la volonté de ne plus accorder de crédit à ce sentiment de honte, car c'est la première erreur à ne pas commettre pour s'en sortir.
Après avoir touché le fond (en ayant sérieusement envisagé de m'ôter la vie), j'ai réussi à rebondir... Sans psy ni anxiolytiques... J'en suis fière, même si à l'époque, ne sachant pas ce que j'avais, c'est la peur d'être internée, prise pour une folle et de sombrer définitivement qui m'a empêché de consulter ce qui est regrettable, car une aide m'aurait certainement été plus qu'utile... En revanche, pour les anxiolytiques, j'ai toujours décidé de tenir bon et d'apprendre à m'en passer pour développer mes propres outils et faire face.
Par la suite, j'ai toujours réussi à dompter ces phobies, même si elles m'obligent à une vigilance de chaque instant dans différents aspects de ma vie... Dans ma vie amoureuse, elles prenaient parfois la forme du TOC de couple: des ruminations incessantes sur notre relation, sur la véritable nature de mes sentiments: peur de ne pas être à la hauteur, de  ne pas aimer mon chéri autant qu'il m'aime, de le blesser... Penser qu'il serait mieux sans moi...
Dans le deuil, c'est cette peur d'aller mieux, d'être insensible...
Ces phobies, ces TOCS, c'est la croix que je porte sur cette Terre mais je ne suis pas résignée. Jamais. Je veux avancer malgré elles, et j'ai l'espoir de trouver la voie pour m'en débarrasser totalement un jour.
Mon chéri savait tout de ces troubles et il m'a acceptée ainsi... Lui même a connu des épisodes douloureux qui l'ont ébranlé psychiquement et savait que la séparation entre "fous" et "bien portant" n'est qu'une barrière fictive érigés par certains pour se couper de ce qui leur fait peur. Il m'aimait pour ce que j'étais, avec mes casseroles et je l'aimais, je l'aime tel qu'il est, avec les siennes... Il me faisait confiance et je lui aurais confié ma vie les yeux fermés... Je lui faisais davantage confiance qu'à moi-même. Et s'il s'agit d'une déclaration d'amour pour lui, c'est aussi une déclaration de désamour pour moi-même, ce qui est bien au cœur du problème...
Je vous confie tout ça, car depuis quelques jours, ces vieux démons tentent de me rattraper et c'est terriblement douloureux... Je suis assaillie par des pensées qui me poussent à croire que je suis un danger pour sa fille et qu'il aimerait sans doutes que je prenne mes distances avec elle. Qu'il y a quelque chose de mauvais en moi et que je n'ai rien à offrir. Que maintenant qu'il n'est plus là, mon chéri doit avoir réalisé qui je suis réellement, quelqu'un de mauvais et qui n'en vaut pas la peine et qu'il doit être déçu. Me mépriser... Et cette sensation, qu'il m'a retiré sa confiance, que je le dégoûte, qu'il me méprise est monstrueuse...
Pourtant, je lutte, je résiste... Ecrire ici pour y voir plus clair fait partie de ce travail... Je suis déjà passé par là, et la connaissance de ce mal fait que je garde au fond de moi une petite lueur qui me permet de ne pas me laisser happer totalement par ces illusions... Car ce sont bien des illusions... Seulement désormais, mon amour n'est plus là pour les chasser, y faire face à mes côtés et ce double combat que je mène est harassant. Épuisant... Mais je ne peux pas renoncer. Je ne sais pas pourquoi je suis soumise à de telles épreuves mais ce mal, ce n'est pas moi. Et ce qu'il me renvoie de moi-même, c'est une erreur. Et ce qu'il veut me faire croire concernant mon chéri, c'est un mensonge... Il m'aime, il m'a aimé et il me fait confiance pour me battre et avancer... Renoncer n'est pas une option... Mais mon Dieu, aidez moi...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 07 octobre 2016 à 18:48:35
Quelques heures sont passées et mes angoisses se sont un peu calmées... Je ne regrette pas d'en avoir parlé ici... J'en avais besoin car malheureusement, toutes ces vieilles casseroles se mêlent au travail que j'opère quotidiennement pour tenir bon depuis le départ de mon chéri...
C'est si douloureux... si douloureux... D'accepter d'avancer avec ce que l'on est... Je me doutais bien que cette épreuve raviverait les souffrances psychiques du passé... mais bien sûr, si on peut travailler sur soi, on ne peut pas se préparer au raz de marrée qui survient quand on perd celui qu'on aime. Ni à toutes ses conséquences...
J'avoue malgré moi me sentir vulnérable d'avoir parlé de tout ça ici... Pour ceux qui ne savent pas ce que sont les tocs, la phobie d'impulsion... tout ça peut sembler incompréhensible. Effrayant même.... Je ne souhaite à personne d'avoir à connaitre ce type d'angoisses un jour... Comme pour la perte d'un être cher, on ne peut sans doutes pas vraiment comprendre sans en avoir fait l'expérience, et dans ce cas, je souhaite sincèrement être comprise par le moins de personnes possibles.
Cependant, ce ne sont que des angoisses. Des peurs absurdes, irrationnelles... que je vous confie car sur ce forum, je ne me sens pas jugée. Je ressens l'écoute, la bienveillance...
Ce soir, je l'admets... j'aurais bien besoin de l'une ou l'autre parole de soutien... D'un peu de baume au cœur...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 07 octobre 2016 à 19:07:16
Si certain(e)s se permettent de juger c'est leur problème
j'ai vue sur http://www.psy-coach.fr/phobies-impulsion/ une vidéo du Dr Lubszynski (Docteur qui sur son site met une bonne séance EMDR et autre c'est par ce biais que je l'ai découvert)
et oui pour ces personnes dans ton cas l'aide professionnelle est primordiale mais tant de barrières se présentent ..
Tu as eu envie d'écrire tout ça et tu sais que si tu le veux tu peux effacer ton message si cela devenait ton choix un peu plus tard, sens toi libre.
Ici en lisant les autres (les anciens) ont voit si on a des choses semblables ou différentes dans nos deuils continues à lire
sens toi libre d'écrire
et sois assurée de mes affectueuses pensées
(je répondrai à ton MP)
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 07 octobre 2016 à 19:57:58
Merci Qiguan.
J'ai regardé cette vidéo et ça m'a fait du bien... Je n'ai rien appris que je ne sache déjà, mais lorsque l'angoisse devient plus forte, regarder ces explications, lire des témoignages est une façon de se rassurer et de reprendre pied avec la réalité...
Concernant les jugements, j'aimerais dire qu'ils me laissent indifférente mais il font tant partie du problème que c'est plus compliqué... Cependant, j'ai déjà tellement travaillé sur moi concernant ce point, que je suis en capacité d'encaisser. Je suis allée consulter une fois, avec le soutien de mon chéri, car les réminiscences de ces angoisses me bloquent parfois sur des choses très pragmatiques (comme passer mon permis), et je refuse de laisser une peur, quelle qu'elle soit, me dicter ma vie. Le psy qui m'a reçue m'a dit que j'avais très bien cerné mon fonctionnement et qu'il ne fallait pas que j'hésite à revenir lorsque les angoisses se font difficiles à vivre, mais qu'entre temps, je pouvais me fier à mes ressources. C'est ce que je fais je crois. Je n'hésiterai pas à aller consulter si ça devient nécessaire, mais je tente d'apprendre à me faire confiance.
Ecrire ici, c'est une façon d'avancer, d'honorer mon chéri. De lui dire, de me dire et de dire au monde que je ne veux pas baisser les bras. Je veux qu'il sache qu'il a eu raison d'avoir confiance en moi et que je ferai toujours tout pour qu'il soit fier...
Je ne m'étendrai pas davantage sur cette dimension de mon histoire... J'ai eu besoin d'y revenir car je me dois d'affronter tout ça pour pouvoir penser à mon amour sereinement. Pour pouvoir lui dire à quel point je l'aime, pour pouvoir ressentir son amour, sa présence. Pour pouvoir avancer d'une façon qui l'honore...
Il est mon trésor...
Je l'aime... à l'infini... à l'infolie... et c'est tout ce qui compte.... tout ce qui compte....
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 07 octobre 2016 à 22:35:02

    Chère Ela,

    Ayant beaucoup de choses concrètes à bidouiller ces derniers temps, je n'ai pas lu attentivement le forum, et je découvre seulement, ad-mi-ra-ti-ve, la manière dont tu gères tes "vieilles casseroles"qui bien sûr, profitent du fait que tu es affaiblie par le deuil pour quincailler de plus belle !
    C'est très fort de parvenir, comme tu le fais, à mettre assez de distance entre ton mal, et ta volonté de le contrer, pour y glisser le bouclier de la patience, de la tolérance, de l'affirmation intelligente de toi-même.
    Et j'adore: ton infolie ! Splendide, merveilleuse devise !
    Bien solidairement, Martine.
   
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 09 octobre 2016 à 21:19:11
Merci Martine. Tes paroles sont un petit soleil en cette soirée.  :) Et oui... Comme beaucoup, je n'ai pas seulement l'âme qui pleure, mais aussi l'âme emmêlée... La souffrance appelle la souffrance et tout finit par se nouer, se mélanger. Et on n'y peut pas grand chose. A part essayer d'être honnête, juste avec soi même. Regarder les choses en face, se regarder en face sans (s')accabler ni (s')enjoliver...
Ces casseroles, c'est l'épée de Damoclès au dessus de ma tête... Et puis en même temps, paradoxalement, c'est cette fragilité qui m'oblige à redoubler d'efforts pour avancer, ne pas m'effondrer. Sinon, elles me rattrapent... Un peu comme un chien, tous crocs dehors, qui court derrière un vélo et grâce à qui on apprend à pédaler...pour sauver ses fesses!
Je me sens totalement à fleur de peau en ce moment... Vendredi, ça fera 6 mois que mon amour s'en est allé... et je sens que la douleur se ravive, reprend de l'intensité... La luminosité qui décline, les jours qui se font plus courts... ça ne m'aide pas trop non plus je crois... Je pleure, le soir dans mon lit... Le matin au réveil...
Mes angoisses se font à nouveau moins pressantes. Je suis fière de réussir à tenir bon... C'est une petite fierté timide, une victoire dans la tempête mais je l'accueille. Car qui peut valoriser ces petits "succès" si nous ne le faisons pas? Mon chéri aussi serait, est fier de moi je crois... Je le sens à nouveau plus proche. Il n'était jamais bien loin, je crois, mais je m'étais tant murée dans mes angoisses que je ne pouvais plus le percevoir. Hier, j'ai installé son portrait à table, tout près de moi. J'ai allumé des bougies et quelques lumières tamisées... Je nous ai servi un verre de vin, je lui ai parlé... Longuement.
Je m'imagine souvent que nous sommes deux personnages, dans une épopée tellement vaste... une épopée qui nous dépasse. Qui dépasse notre petite vie. Séparés par les péripéties de la narration... confrontés à des épreuves terribles... et pourtant... j'ai cette conviction qu'il nous reste encore tant de chapitres à vivre, ensemble... Que le dénouement, inaccessible, mystérieux, loin de tout ce que je peux imaginer... finira par apporter un nouvel éclairage sur tout ce que nous vivons...
Est ce une forme de déni? Une façon de fuir la réalité? Je ne sais pas... Peut-être et en même temps... imaginer... rêver... espérer... c'est une des seules choses qui me permettent de tenir bon alors je préfère voleter à côté de mes pompes que de rester enlisée dans mes sabots trop cartésiens... Seul impératif... ne pas regarder en bas... ne pas regarder en bas pour ne pas se casser la gueule.

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 09 octobre 2016 à 23:24:14
  Ton message m'a touchée plus que je ne saurais le dire Ela  :'( :) 6 mois ce n'est rien encore, je suis bien placée pour le savoir  :( il y aura encore beaucoup de ces moments avant que les instants plus sereins-comme celui que tu viens de décrire, ou en d'autres occasions-soient de plus en plus nombreux, puis plus nombreux que les moments vraiment déchirants. Je ne peux que te souhaiter d'en connaître d'autres très bientôt.
  Je suis heureuse de savoir que tu as pus de nouveau ressentir pleinement la présence de ton amour  :) sache que je suis sûre à 99% qu'il ne s'agit pas d'une forme de déni. D'ailleurs comme je dis toujours, si nous avons tort nous ne le saurons jamais, et si nous le savons ce sera une merveilleuse confirmation. En partant du principe que nous POUVONS avoir raison, tu as parfaitement le droit de savourer ces petits moments que je sais être de merveilleux rayons de soleil, furtifs ou non.
  Petite synchronicité: moi aussi ces quelques derniers jours furent plus difficiles (le deuil a fait de moi une ècorchée vive qui est hypersensible à tout ce qui peux me blesser, que ce soit lié au deuil ou non-mais cette hypersensibilité a bien un rapport "avec" de toute façon  :'...et tu sais que les gens ne sont pas toujours tendres avec nous, loin de là. Le deuil est plus douloureux par répercution dans ces moments-là. Hé bien, je peux te dire que depuis deux jours, et plus particulièrement ce soir, je sens plus intensément sa présence, c'est même impressionnant, et en même temps doux comme une carresse  :) je pense qu'il sais que j'ai besoin de lui, de ce merveilleux réconfort  :-*
  Oui, je vois ce que tu veux dire sur toute la ligne.

  Douce nuit à toi  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 10 octobre 2016 à 10:42:42
je voudrai rajouter
en plus de te souhaiter des accalmies pour te réconforter entre les tempêtes qui vont continuer
que ce thème je l'avais évoqué (on trouve le lien dans la table des matières
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/le-%27sensation%27-de-presence-est-elle-une-part-de-deni-et/
et je confirme que le la sensation de présence qui reste ensuite est un bon réconfort tout ce qui est aide est utile et à prendre !
je vous embrasse
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: loma le 10 octobre 2016 à 11:32:54
Bonjour Ela,
je suis heureuse de savoir que tu réussis " à tenir bon... ", tu sais prévoir, anticiper, tu te connais toi-même, tu sais maitriser les choses, sans doute mieux que nous, c'est parmi les "fragiles" que l'on trouve les plus forts. Je pense que tu as une longueur d'avance sur nous, ici nous avons maintenant tellement de "casseroles" que l'on pourrait monter un magasin Tefal . Toi au moins tu sais comment les utiliser à bon escient , les retirer du feu quand il le faut, nous, parfois on fait tout cramer ...

tendrement loma

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Faïk le 10 octobre 2016 à 12:34:37
Loma, si tu ouvres un tel magasin, je te suis ... de la conception à l'aménagement, conseils ?? en tout genre...
Si tu veux, je t'envoie dès aujourd'hui mon CV en catastrophes diverses ...
Des casseroles ...  pfff ! En ce qui me concerne la batterie de casseroles c'est déjà roupie de sansonnets ...

Avec vous
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 10 octobre 2016 à 13:18:05

   Si vouz'avez une bonne assurance incendie, je veux bien contribuer en exposant ma large gamme de friteuses ... sourire, amitié, M.
   (http://www.aht.li/2963783/friteuse.jpeg)
   
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 12 octobre 2016 à 20:18:06
Vous êtes tellement adorables... formidables... Merci à toutes. Je suis partante pour le magasin de casseroles... avec séances de cuisine dans la foulée, et bien sûr, dégustation... Parce que de toute façons, pour déguster... ça, on déguste! Alors autant assaisonner le tout comme il faut, et déguster ensemble.
Avec mon chéri, on aimait bien cuisiner aussi... Métaphoriquement: on essayait toujours de nouvelles recettes pour bien vivre, avec nos vieilles casseroles... Avec son zeste de folie, ses idées loufoques... Le menu était toujours au top. Comme elles me manquent ses idées imprévisibles, son regard pétillant comme des bulles de champagne qu'il arrivait à poser sur la pire des situations... Et justement, comme j'aurais besoin de ses conseils pour l'appréhender cette situation, la pire parmi les pires...
Et puis littéralement aussi... C'était un cuisinier hors pair... ^^ Pardon pour cette absence de transition entre le monde des concepts et l'estomac... C'est juste que... tout, tout, tout me manque... Notre compatibilité sur les questions les plus intimes. Sa façon d'être au monde, sa philosophie, sa sensibilité, ce qui émanait de lui... et aussi toutes ses petites habitudes, notre quotidien, ses petites manies... cuisiner ensemble... manger, jouer... nos câlins... marcher, danser... suspendre le linge... se brosser les dents ensemble devant le miroir de la salle de bain.... faire semblant de s'engueuler devant l'évier de la cuisine parce qu'ils ne lavaient jamais les couverts et que je préférais faire une tour de Pise avec la vaisselle que de la ranger... ^^ Peindre la table de la salle à manger... Aller au marché. Partir camper... Se faire des peintures de guerre sur les joues avec les cendres froides du feu de camp... Jouer de la guitare ensemble, chanter... Ne rien faire du tout... Se tenir la main, s'enlacer...
Mon Dieu comme il me manque...
Si je savais comment faire, je graverais chaque moment passé ensemble, chaque sensation, jusqu'au plus infime petit détail... au plus profond de ma chaire à l'encre indélébile...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 12 octobre 2016 à 21:37:16
  Oui, ces mille instants précieux que nous avons vécu avec eux au quotidien, y compris les moments les plus banals en apparence, mais en apparence seulement: tout est beau, tout est magique, précieux oui, quand on le partage avec un grand amour  :) me les remèmorer m'emplit de tendresse et de reconnaissance.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 13 octobre 2016 à 13:50:00
Demain, ça fera 6 mois... 6 mois... Si peu de temps... Une éternité... J'ai peur de ces anniversaires. De ce qu'ils symbolisent... J'aimerais les nier, mais je ne peux pas. Je ne peux pas. Que je le veuille ou non, le calendrier rendra ce jour "spécial", d'une façon que j'aimerais tant ignorer... J'ai pris rendez vous pour me faire tatouer... Une mouette, sur le poignet... Signe de sa présence à mes côtés, quoi qu'il arrive... "Ça fera mal... C'est une zone sensible". Peu importe, cette douleur là aussi sera un symbole. De celle que j'ai à l'intérieur et qui ne se voit pas, qui ne se voit plus... De moins en moins... mais qui pourtant, elle aussi, est tatouée sur mon cœur
J'ai peur de demain... Car après ce rendez vous, je ne saurai quoi faire, où aller.... Ici, je n'ai pas de lieu où me recueillir... Les lieux qui ont marqué notre histoire, le lieu où nous avons dispersé ses cendres...et puis... surtout... ceux qui me rappellent le plus qui il est, qui il a été... sa fille, ses parents, amis... ils sont tous loin de moi. A l'autre bout de la France... Alors demain, je ne sais pas où aller pour me recueillir. Et même si pour moi, il n'est pas où son corps repose, il est partout... et bien, je souffre d'être si loin. Où aller? Que faire? Je suis si lasse d'inventer mes propres rituels, mes propres symboles... Ceux qu'aucune tradition, aucun groupe, aucune tribu ne m'aide à porter...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Orfila le 13 octobre 2016 à 15:22:02
Ela, je crois que nous penserons à toi
tu ne t'inventes rien
tu te crées des repères
c'est tout sauf de l'irréel
c'est du concret pour comprendre ce qui est arrivé;
tes symboles extériorisent ta souffrance, et la concentrent
Ils sont le contraire de l"imaginaire''

je t'embrasse/
claire
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: loma le 14 octobre 2016 à 08:22:35
En ce jour, je pense à toi Ela,

ces dates que l'on déteste, qui nous martèlent en tête, pourquoi ? je ne sais pas, comme si on pouvait oublier , alors qu'on pense en permanence à nos aimés.

Le 11 octobre, 20 mois se sont écoulés, je ne parle pas d'anniversaire, il n'y a rien à fêter .... je cherchais à me vider un peu la tête, alors j'ai récuré les joints encrassés du carrelage du salon, à quatre pattes, avec une brosse à ongles. Alors j'ai mis de la musique, comme nous en avions parlé sur un autre fil, j'ai mis le requiem de Mozart en boucle, tout en gratouillant mes joints,  cela faisait très "Forrest Gump"... je te laisse imaginer la scène ...

Je suis comme toi, je n'ai pas de lieu pour me recueillir, Marc est enterré, à plus de 450 km, alors je me rappelle souvent les mots de Victor Hugo « Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis ».
 
J'espère que tu trouveras une idée autre que la mienne, même si mes joints sont bien propres à présent. Tu sembles avoir une certaine affinité avec les mouettes et les oiseaux, n'y aurait-il pas un lieu dans la nature où tu puisses aller à leur rencontre ? les nourrir ...

tendrement loma
Titre: Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 14 octobre 2016 à 12:11:32
Demain, ça fera 6 mois... 6 mois... Si peu de temps... Une éternité... J'ai peur de ces anniversaires. De ce qu'ils symbolisent... J'aimerais les nier, mais je ne peux pas. Je ne peux pas. Que je le veuille ou non, le calendrier rendra ce jour "spécial", d'une façon que j'aimerais tant ignorer... J'ai pris rendez vous pour me faire tatouer... Une mouette, sur le poignet... Signe de sa présence à mes côtés, quoi qu'il arrive... "Ça fera mal... C'est une zone sensible". Peu importe, cette douleur là aussi sera un symbole. De celle que j'ai à l'intérieur et qui ne se voit pas, qui ne se voit plus... De moins en moins... mais qui pourtant, elle aussi, est tatouée sur mon cœur
J'ai peur de demain... Car après ce rendez vous, je ne saurai quoi faire, où aller.... Ici, je n'ai pas de lieu où me recueillir... Les lieux qui ont marqué notre histoire, le lieu où nous avons dispersé ses cendres...et puis... surtout... ceux qui me rappellent le plus qui il est, qui il a été... sa fille, ses parents, amis... ils sont tous loin de moi. A l'autre bout de la France... Alors demain, je ne sais pas où aller pour me recueillir. Et même si pour moi, il n'est pas où son corps repose, il est partout... et bien, je souffre d'être si loin. Où aller? Que faire? Je suis si lasse d'inventer mes propres rituels, mes propres symboles... Ceux qu'aucune tradition, aucun groupe, aucune tribu ne m'aide à porter...
Pour le tatouage je te comprends entièrement Ela: lorsque je me suis fait faire le mien, deux semaines après la mort de Pierre, je savais que c'était l'un des plus beaux témoignages d'amour que je pouvais lui donner, un hommage à lui, à nous, à notre amour, afin qu'il soit immortalisé-du moins aussi longtemps que je vivrai-gravé profondément dans ma chair, faisant partie intègrante de moi. De toute façon il n'a pas eu droit à une sepulture digne de ce nom, donc j'ai décidé de gravé sur moi, en moi l'épitaphe que j'aurais mis sur une pierre tombale s'il y en avait eu une. C'est un témoignage d'amour d'autant plus important que nous savons qu'il sera toujours là, si nous choisissons ce moyen d'honorer leur mémoire, c'est que nous savons que nous ne le regretterons jamais parce-qu'ils seront toujours dans nos cœurs  :) et oui, la douleur que ça a provoqué sur le moment-ce fut mon cas, j'ai la peau fine et très sensible,, et mes précédents tatouages avaient déjà été vraiment douloureux-je l'ai ressentie comme une preuve d'amour supplémentaire. Il fait partie de moi  :)
  Joli choix la mouette, très symbolique  :)j'espère de tout mon cœur que ça te fera autant de bien qu'à moi.
  J'ai une pensée particulière pour toi en ce jour si important. bien que tristement important, 6 mois c'est une ètape, la moitié d'une année...J'espère que ce n'est pas trop dur.
  De tout cœur avec toi  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 14 octobre 2016 à 12:15:49
 :-* tout simplement pour toi
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Orfila le 14 octobre 2016 à 13:09:09
Pensée Ela.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 15 octobre 2016 à 15:11:21
Mes chères amies du forum....
Je suis tellement touchée par vos paroles... Tellement... Je vous remercie du fond du cœur.... D'avoir pensé à moi, à nous en cette journée... Je ne m'attendais pas, à toutes ces marques de soutien. Je vous embrasse.
Ça n'a pas été une journée simple... Au contraire même. Probablement l'une des plus difficiles que j'ai traversée depuis son départ. C'est ainsi. J'aurais aimé pouvoir penser à lui, à nous, me recueillir dans la sérénité mais ça ne s'est pas passé comme ça. Comme pour tout dans la vie,  les regrets sont inutiles. En réalité, la journée d'hier était une nuit noire... et pourtant il y a eu quelques étoiles. De magnifiques étoiles. Alors c'est à elles que je tacherai de penser lorsque je me remémorerai tout ça.
En arrivant en ville hier matin, pour le tatouage, j'ai senti l'angoisse monter, m'envahir... Mes vieux démons qui ont choisi ce jour si douloureux, de par ce qu'il symbolise, pour m'attaquer à nouveau. Impitoyablement. J'ai commencé à être envahie par l'angoisse terrible d'associer le tatouage que je m'apprêtais à faire à une idée noire, déplaisante, dont je ne pourrais plus me défaire... Du coup, tout le reste de la matinée et une bonne partie de l'après midi, j'ai subi des vagues d'idées intrusives, obsédantes... Des idées noires qui tournaient dans ma tête comme un disque rayé... Bien sur, je sais comment ça marche, tout ça, ce bordel dans ma tête... C'est cette vieille histoire de l'"éléphant rose". Quand on dit à quelqu'un "ne pense pas à un éléphant rose, ne pense pas à un éléphant rose..." et que bien sur, il ne peut s'empêcher de penser à... un éléphant rose... Sauf que dans mon cas, pas de joyeux lutins, pas de fées, pas d'éléphants roses... Juste des idées noires, terribles...
Il me restait un peu de temps avant mon rendez vous, alors j'ai essayé de respirer, de me calmer... De faire face, comme j'ai appris à le faire... J'ai cherché, mentalement, la main, le soutien de mon amour dans cette épreuve... Et je crois qu'il était là, qu'il m'a entendue. J'ai eu l'impression d'entendre sa voix, qui tentait de me calmer, de m'apaiser, de me rassurer... Je suis allée prendre un café et un croissant, près du tatoueur, et me suis focalisée sur sa voix, sur ses paroles... Était ce vraiment lui, ou moi qui parlait pour lui? Je ne sais pas... Je ne peux et ne veux répondre à cette question... Mais je me suis sentie un peu mieux. Et j'ai décidé d'aller me faire tatouer, malgré tout. Malgré les angoisses, les idées noires.... Car une fois encore, plus que jamais,  je ne veux plus que ces peurs, ce trouble, me dictent ma vie et mes choix.
Chez le tatoueur, ou plutôt la tatoueuse, j'ai eu droit à un peu de répit... Et surtout... à ce signe, que je prends comme une preuve de sa présence, de son soutien... nous étions juste toutes les deux, la tatoueuse et moi, dans son petit salon. Une petite entrée et deux alcôves avec des fauteuils et du matériel. Dans la plus grande de ces alcôves, un poster immense accroché au mur. La plus grande affiche de tout le salon... Celle du "Grand Budapest Hotel"... Le film que nous sommes allés voir ensemble mon chéri et moi, le soir où nous nous sommes rencontrés!!! J'ai beau y penser et y repenser... pour moi, ça ne peut pas être le fruit du hasard...
Puis la tatoueuse, adorable, m'a proposé un thé, m'a demandé quelle musique je voulais écouter pendant qu'elle me tatouerait... "Brassens? C'est vrai? Je l'adore!"... Sourires... Et oui... Brassens... J'ai l'impression qu'il vivait avec nous parfois, tant mon chéri l'adorait... Il connaissait toutes ses chansons, tous ses textes... Il les fredonnait, les jouait à la guitare... J'y avais droit dans le salon, dans la voiture... Au point d'en faire une overdose parfois! Et désormais, il est devenu comme un ami, un compagnon d'infortune dans les heures sombres...
Pour ma part, je n'ai pas eu trop mal... J'aurais presque souhaité ressentir davantage, ce symbole s'enraciner dans ma peau... Mais malgré tout, même si elle s'est faite moins violente que quelques heures auparavant, l'angoisse était toujours là, présente, tapie dans l'ombre... Et elle a le don de me couper de moi-même, de mes ressentis... Comme si je n'étais plus totalement dans mon corps... C'est peut être pour ça...
En sortant, j'ai eu du mal à regarder cette mouette, tatouée sur mon poignet... Les angoisses ont bien fait leur travail... Je me suis sentie mal, honteuse, coupable... sans véritable raison, comme toujours... J'ai décidé que je ne pouvais pas rentrer comme ça... alors je suis allée au cinéma, regarder "Captain Fantastic"... Car nous adorions aller au cinéma ensemble... et que la bande d'annonce de ce film, m'avait tellement fait penser à lui... Il était mon Captain Fantastic à moi... Extraordinaire, intègre, fantasque, unique... Je l'ai retrouvé, dans certaines scènes, certaines attitudes... Ça m'a fait du bien.
Puis je suis rentrée chez mes parents et je suis montée m'allonger dans ma chambre... Et là... Souffrance, souffrance, souffrance... J'ai pleuré, pleuré, pleuré... Cette impression horrible que le monde extérieur devient noir, sombre, toujours plus sombre... Comme s'il s'accordait avec l'ombre qui nous ronge à l'intérieur... L'impression de basculer dans une dimension cauchemardesque, à la "Silent Hill"... Heureusement, j'ai pu parler avec ma mère, qui sait... qui comprend... J'ai pu cracher toute cette souffrance, cette angoisse oppressante qui menaçait de m'étouffer...
Là, ça va mieux à nouveau... Alors je regarde la mouette sur mon poignet, et je suis heureuse qu'elle soit là, malgré tout. Je la trouve belle, et elle me rappelle pourquoi je l'ai choisie parmi d'autres symboles. Elle me rappelle que mon chéri est encore là à mes côtés, pour faire face, dans les moments les plus sombres... Que je ne suis pas toute seule.
Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 15 octobre 2016 à 18:14:33
chère Ela
ton récit montre que malgré tout tu as su être victorieuse (les démons n'ont pas gagné) et ce grâce à ce qui te sert à tenir ta perception de la présence du soutien de ton aimé, tes réceptions de messages-signes et tu as l'aide de ta maman aussi. Après cette grosse tempête je te souhaite des éclaircies pour reprendre ton souffle sur ton chemin personnel de deuil
je t'embrasse
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Orfila le 16 octobre 2016 à 09:32:09
Ela
Ta journée d hier extraordinaire.
Je suis touchée extrêmement d autant que tu es la.première à employer le mot "fantasque" que mon amoureux adorait au point de s en faire un pseudo....alors je te souris . Je te souris.....
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Nora le 16 octobre 2016 à 10:30:41
Ela,

Merci de nous avoir fait partager cette journée, ce beau moment très émouvant . Cet acte du tatouage est très symbolique, et même si la journée a été difficile, il en restera un magnifique souvenir.

Je pense à toi

Nora
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 16 octobre 2016 à 13:54:18
Merci à toutes <3.
Vos paroles sont comme de petits soleils sur ma route... Oui, Orfila. Fantasque, c'est un mot merveilleux. C'est toujours un des mots qui me vient en tête quand je cherche à décrire mon chéri. Fantasque... Un esprit libre, original, créatif... Un joyau brut, une perle... C'est un mot à son image. Fantastique... Ton amoureux devait l'être également pour choisir ce mot parmi tant d'autres... Je t'embrasse, vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 25 octobre 2016 à 17:03:15
"Mon chéri, je t'aime fort... Je pense à toi... Je ne t'oublie pas..."
Besoin de répéter ces mots, comme un mantra... C'est étrange... Je te sens proche et déjà si loin à la fois. Et dans cette distance, tant de paradoxes... Car je ressens, qu'elle est nécessaire, cette distance. C'est ma marge de manœuvre... Depuis deux jours, j'ai à nouveau ressenti qu'il m'était possible d'avoir des envies, de ressentir, des petits plaisirs, timides, modestes... L'envie, de ne pas me couper du monde, des autres.
Et puis, quand je n'y prends pas garde... cette inquiétude, qui peut enfler d'une seconde à l'autre... peur d'avancer. De te laisser derrière moi. D'oublier des sensations, des images, des détails de notre histoire... Cette difficulté, à s'autoriser à vivre encore... Cette difficulté à concevoir, à concéder qu'il reste de la beauté, de la bonté... des choses qui en valent la peine... dans ce monde que tes pieds ne foulent plus.
Parce que, même si je sais que tu n'étais pas parfait, tu es pour moi: unique, exceptionnel... un trésor. Mon trésor. Et c'est dur de ne pas se sentir "sale", "avili"... d'aimer une vie que ton départ a privé de sa superbe...
Et pourtant... c'est bien le chemin que tu aimerais me voir prendre, non? Celui d'apprendre à aimer la réalité telle qu'elle est et non telle que je voudrais qu'elle soit... J'aurais tant besoin que tu m'autorises, à vivre... Que tu m'y encourages... Car j'ai beau me répéter que c'est ce que tu voudrais, ce n'est pas ta voix, ce ne sont pas tes mots que j'entends... Et je souffre de ça aussi. Tellement. C'est un deuil qui se rajoute au deuil, celui de cet impossible au revoir... Celui de n'avoir pu te parler, ni échanger un dernier regard, avant que tu partes...
Je t'aime... "Tu danses dans mon cœur".
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 27 octobre 2016 à 19:58:04
Mon amour est pour moi lumière et source de joie profonde. Son sourire rayonne dans mon cœur et ma mémoire, ses paroles apaisent en moi le vacarme.
Mon amour est un héros ordinaire, un philosophe roi. L’intégrité et la sagesse, n’ont toujours été que ses seules couronnes. De lui j’ai appris qu’il n’y a pas l’ordinaire d’un côté, l’extraordinaire de l’autre… Il y a le regard que l’on décide de poser sur les choses. Il n’y a pas les héros d’un côté, le commun des mortels de l’autre… Il y a les choix que l’on fait, les actes que l’on pose…
Mon amour est pour moi signe de la providence. Il a été placé sur ma route comme je l’ai été sur la sienne… Chaque instant de notre histoire est vecteur de la Grâce, témoin d’un sens profond qu’on devine, qui nous dépasse.
Mon amour est pour moi, un puit de confiance, une source de courage. Je ne peux plus le voir, mais c’est par lui, pour lui que je marche. J’aspire à faire de ma vie, le plus beau des hommages.
Mon amour est absent pour vos yeux qui ne voient pas, mais sachez qu’il est et sera toujours là… Dans mon cœur et tout près de moi.
Alors, par pitié, n’ayez jamais peur, de le rappeler à ma mémoire. Il ne l’a jamais quittée et ne la quittera jamais. N’ayez jamais peur, de prononcer son nom… c’est le plus beau de tous les noms. Celui de mon ange. Hanaël.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 28 octobre 2016 à 21:13:57
Il me manque tellement... tellement... tellement...
Mon cœur et chacune de mes cellules hurlent en silence... ce cri qui ne trouve plus son chemin jusqu'à mes lèvres...
Un hurlement ininterrompu, qui se mêle au silence assourdissant de son absence...
Un hurlement ininterrompu, qui recouvre chaque phrase que je prononce, chaque phrase que l'on m'adresse...
Un hurlement ininterrompu, qui m'épuise, que je ne peux ni ne veux interrompre, pourtant... au cas où il pourrait l'entendre.
Un hurlement ininterrompu, qui enfle, et bien souvent, ne trouve en réponse que son propre écho... qui résonne dans le vide, immense...
Un hurlement ininterrompu, qui part du plus profond... si profond qu'il ne fait plus, que quelques vagues, à la surface... Parfois...
Et une fois encore, je cherche ma place dans ce tableau... Morcelée, "népsyvrochosétique," entre le fond et la surface, le fond et la forme, le dedans et le dehors, l'ici, l'ailleurs, l'avant, le présent, l'après, l'à peu près, les certitudes, les doutes,  l'optimisme forcé, l'optimisme forcené, le désespoir, l'acceptation, l'observation, la foi, le feu, la faim, le manque, la fin...
Confusément votre.

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Orfila le 29 octobre 2016 à 10:10:42
Je reçois ton cri
Ela

Crie toujours! Toujours
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 09 novembre 2016 à 17:06:32
Perdue... Peut-être ai-je tort, de m'obstiner, à vouloir retenir, les couleurs qui s'envolent, qui désertent les souvenirs, les décors, les visages... pour les laisser, nus, froids et gris...
Peut-être ai-je tort, de chercher à rattraper, à maintenir, un peu de chaleur, quelques rayons de soleils...
Je ne trouve plus ma place. Je n'ai plus de place... Trop d'élan pour m'arrêter, pas assez pour sortir de la fange...
Je tente de sourire et me sens blessée, jugée, taxée d'hypocrite... Mais au fond, ce n'est pas la voix des autres qui me blesse. Ta voix à toi Federico, si tu passes par là, ou celle de qui que ce soit... Vraiment.  Ce ne sont pas tant vos voix que la mienne, qui répète et amplifie ces paroles, qui ne me sont d'ailleurs pas destinées: "Hypocrite! Naïve! Tu es insensible! Tu n'as plus le droit de vivre! Tu ne mérites pas d'être heureuse. Il est mort. Tu ne mérites pas d'être en vie, d'éprouver de la joie. Ta vie est une offense. Pour ceux qui sont partis et pour ceux qui sont restés et qui eux, connaissent le sens du mot 'aimer' puisqu'ils s'en servent pour creuser toujours plus profond. Si tu veux que quelqu'un continue à croire que tu aimes ton chéri, tu devrais creuser aussi. CREUSE! Hypocrite. Egoïste! Espère de merde!".... Je tente de ne pas écouter cette voix, qui murmure à mon oreille, du matin au soir... Je tente de me convaincre, que ce n'est pas la voix de mon amour. Qu'il y a une autre voix et une autre voie.... aussi... Mais voilà... Là, je n'y arrive plus...
Et quand je n'y arrive plus, je me vautre... Je m'étale... Je me roule dans la merde et c'est si bon de ne plus combattre... D'avoir touché le fond... Personne ne peux plus m'atteindre, me faire tomber, faire vaciller mon équilibre puisque je suis déjà parterre... Bien que là encore, d'autres essayeront de m'atteindre pour d'autres raisons: me mépriseront parce que je me laisse aller, parce que je suis négative et que l'échec fait peur...
Je suis lucide:  c'est dur à admettre, mais j'ai probablement heurté moi aussi. Mon témoignage a sans doutes menacé autant que je me suis sentie menacée parfois, sans doutes... Ce n'est pas ce que je voulais... Désolée...
Désolée, si j'ai blessé, parfois... Désolée, s'il y a des choses que je n'accepte pas, si je n'ai pas su me protéger suffisamment, si je ne réussis pas toujours, à ne pas prendre personnellement...
Pourtant, je crois que nous sommes tous, malgré nos différences, nos différents, et l'ampleur de la souffrance à laquelle nous sommes confrontés, capable de chaleur, de tendresse, d'indulgence....
J'ai trouvé ici des trésors d'affection, des petites lueurs qui m'ont beaucoup aidée à avancer... Qui m'aideront peut-être encore. Je voulais vous en remercier...
Mais pour l'instant, je crois que je vais prendre mes distances, car, comme vous tous, malgré certaines croyances, malgré la tentative de combattre pour conserver un certain optimisme, je suis à cran, à vif, écorchée par la vie... et je n'arrive plus pour le moment à retrouver ici l'indulgence, le non-jugement qui m'ont fait tant de bien ces derniers mois. Je souffre de cette sécheresse qui est en train de me dé-sécher également...
Sincèrement, je ne veux blesser personne par ces paroles. mais bien sur, je ne peux que vous faire confiance pour me croire. Je sais que presque toujours, c'est la souffrance qui parle à travers nous qui agresse... Nous sommes, au final, comme n'importe quel animal blessé: la douleur peut nous rendre agressif...
Je voulais tout de même écrire ces quelques mots, car je crois qu'il est important que chacun de nous reste attentif au fait que sur ce forum, nous sommes tous en souffrance et vulnérable, et que malgré la dimension virtuelle, l'intimité de ce qui est partagé nous rend tous un peu responsable les uns des autres.
Moi j'essayerai de revenir, quand j'aurai à nouveau un peu de force pour m'ouvrir, partager et surtout accueillir vos paroles avec un peu de recul et de bienveillance. Pour l'instant, je vais me retirer dans ma grotte à l'approche de l'hiver pour panser mes plaies tant bien que mal et me remettre un peu sur pied.
Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 09 novembre 2016 à 18:54:50

   Bonne retraite d'hiver à toi, Ela ...
   Prends soin de toi, reprends pied comme tu le peux dans ton quotidien.
   Tendrement, Martine.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 09 novembre 2016 à 20:38:31
Merci Martine.
C'est pas la joie... Disons le franchement... Je me sens conne et vulnérable... D'un coup, comme ça... Je me suis assise sur ma dignité pour quémander, faire la manche... en espérant recueillir un peu de gentillesse, de compréhension...
J'ai honte. De cette attitude, cet emportement... De m'être autant mise à nu ici, sans mettre mes limites pour ensuite me déshabiller encore plus, jusqu'à m'écorcher en essayant de me justifier, de m'expliquer. Mais je n'effacerai pas, ces moments de faiblesse. Je vais les ravaler, comme j'ai ravalé tout le reste. Et assumer.
Mon besoin d'attention, d'affection, de gentillesse s'est réveillé violemment en moi et il est pareil à un trou noir, que personne ici ne peut combler. C'est à moi de résorber ça... Je ne veux pas vampiriser...
Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: loma le 09 novembre 2016 à 20:50:37
Ela, ta force et ta lucidité m'impressionnent , le deuil est un combat à mort, qui nous épuise.
Cependant notre ennemi n'est pas un valeureux guerrier, mais un insaisissable serpent qui nous échappe, nous glisse entre les mains , et s'appelle culpabilité, honte, et porte notre propre nom. Nous avons tous besoin par moment de nous mettre en retrait, pour reprendre des forces.
Prends bien soin de toi, loma
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 14 novembre 2016 à 02:07:10
Merci Loma...
D'avoir mis l'accent sur mes efforts... Je tacherai d'assumer aussi, mon inconstance... qui me ramène ici ce soir... malgré tout... Car presque demain, déjà aujourd'hui... c'est le 14.... Sept mois qu'il est parti...
Je ne voulais pas... Cette fois ci... écrire... marquer... ancrer cette date. Mais je ne peux me résoudre à ne pas le faire. Et puis le 14, c'était aussi le jour de sa naissance... Alors je dépose ces quelques mots ici, comme une bougie au pied de l'arbre où reposent ses cendres...
Aujourd'hui, j'ai avancé... Oui, sans doutes... Parce que petit à petit, je prends la mesure de ce que signifie cette vie... Une succession d'instants, lumineux, terrifiants, apaisants, déchirants... sur lesquels nous n'avons pas de maîtrise... et dans tout ça, une petite marge de manœuvre... Une possibilité à la fois infime et infinie de ne pas lâcher le gouvernail. Même si parfois, c'est dur de se rappeler, où on se trouve dans ce tableau... Sur le bateau, dans la tornade, au fond de la mer ou carrément ailleurs.
Pendant sept mois... j'ai cheminé, avec cette sensation de tantôt m'approcher si près, tantôt m'éloigner de lui sans que je  puisse vraiment saisir... comment... pourquoi... et je pressens, qu'il me faudra apprivoiser... de nombreuses fois encore... l'inconstance de cette sensation.... "Rien n'est constant dans ce monde que l'inconstance"... Ces dictons, ces maximes bien pensantes... qui parfois, m'irritent au plus haute point... souvent parce que je ne peux qu'admettre l'implacable vérité dont elles sont porteuses...
J'avance et tremble un peu moins en tenant le gouvernail, et en même temps je ressens, toujours là,  plus que jamais du fait de sa constance, de son immuabilité, ce trou dans ma poitrine.... ou plutôt cette grosseur.... Un vide trop plein, un trop plein de vide... Ce manque de lui, cet impossible deuil... qui je le sais désormais, ne peut finir, me suivra toute ma vie... Ce qui me rassure et me désole à la fois... Paradoxe, dichotomie...
En général, ces deux scénarios, ces deux versions de moi-même, la confiance et le doute, la joie et la désolation cohabitent en moi. Depuis toujours sans doutes, mais je les perçois plus que jamais. Violemment, exposés en pleine lumière.
Si j'arrive un jour à les réconcilier, j'aurai sans doutes effectué un pas de plus...
Et puis, mon plus grand allié dans cette lutte est à la fois le plus grand absent... pourtant si présent...Mon chéri, mon Hanaël... Qui était, qui est... lui à qui le verbe "être" sied si bien, de par la façon qu'il a mené sa vie...
Car jamais, par contre, je ne me résoudrai à dire qu'il "n'est plus"... "Il n'est plus là" ou "il n'est plus visible" est déjà bien assez cruel... et c'est la seule vérité qui se soit révélée à moi, à mes yeux jusqu'à présent...
J'aimerais tant parler, vous parler de lui...  davantage... mieux... Mais comme je l'ai écrit à Eva Luna, c'est comme si certains mots... et les secrets qu'ils décrivent étaient partis se réfugier, quelque part, au fond de moi... dans une part tellement intime de moi-même qu'elle se cache à mes propres yeux... Cette sensation étrange, dont j'ai déjà parlé...
Et en y pensant... ça me donne un léger sourire et ça me rend triste... Infiniment triste... Le sourire, parce que tout est  là... Ce "nous", je sais qu'il est encore là... Parfois il ressort d'un coup et je souris... ou bien souvent encore, j'éclate en sanglot et puis il retourne se cacher... pour me préserver sans doutes... mais alors ça me rend triste, ça me rend tellement triste... que "nous" me rende triste...
Pluie fine sur le pont de mon bateau... J'attends l'arc en ciel... mon chéri aimerait ça...
Je vous embrasse.



Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 19 novembre 2016 à 17:36:38
"Mon bel amour, ma déchirure... je te porte dans moi, comme un oiseau blessé"
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Eva Luna le 19 novembre 2016 à 22:56:44
"Un lien intime, privilégié, puissant, unique... et: douloureux revers de médaille: nécessairement exclusif, impartageable...
Quand la peur de l'indifférence, de l'oubli me guette... c'est à ces quelques mots en italique que je pense."


Malgré l'inconstance des émotions...tu suis ton cap...tu navigues entre lumières et ténèbres... tu penses son absence , tu l'aimes  toujours...tu mets des mots sur ta douleur et tu la partages...c'est déjà énorme si près encore de la tragédie...Tu oscilles entre 2 ressentis contraires...qui cohabitent ...
le 14 est jour de tristesse infinie...
je t'embrasse
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 28 novembre 2016 à 15:53:31
Après ces jours d'absence, je reviens ici déposer quelques fleurs... Pour mon amour... Aujourd'hui, je suis fatiguée... oui, fatiguée... Épuisée même. Relativement apaisée cependant. Un nouveau calme après une nouvelle tempête...
Il me manque... Toujours autant... Plus même... différemment... je ne sais pas bien... Comme si une boule dense, lourde... un condensé d'émotions liées à son absence avait explosé en moi suite à son départ et que désormais, j'étais couverte, remplie toute entière d'une fine poussière de mélancolie, de manque... une poussière absorbée irrémédiablement par chacune de mes cellules.
J'ai beaucoup lutté cette semaine. J'ai besoin de l'écrire quelque part... Les soldats ont leur monument aux morts alors que leurs luttes me laissent souvent de marbre... Je m'accorde le droit de déposer ici quelques phrases pour témoigner de mes propres combats, de mes petites victoires... J'étais dans le sud cette semaine, aux côtés de ma belle-fille, cette petite princesse, le trésor de son papa. Elle s'est faite opérer du cœur,  car suite au départ de mon chéri, on a découvert qu'elle souffrait de la même anomalie.  J'ai tout fait ces derniers mois pour brider ma peur, l'étouffer. Pour ne pas la lui communiquer... Elle qui du haut de ses 12 ans se montre si courageuse. Courageuse, elle l'a été plus que tout cette semaine. L'opération s'est bien passé. Voila. C'est tout... Et c'est énorme. Énorme.
De retour chez mes parents, j'accueille tant bien que mal les conséquences de cette nouvelle tempête émotionnelle. Un mélange chaotique de soulagement, de fatigue extrême, de peine intense... La prise de conscience de cette vague d'angoisse contenue jusqu'à présent.... Des coutures qui ont pété, de la casse engendrée... De l'ampleur de ce qu'il faudra, tant bien que mal, tenter de reconstruire... de cautériser... de réparer...
Je ne veux rien lâcher, pourtant. Même si je ne sais pas vraiment ce que ça signifie... Je ressens simplement, que je ne dois pas perdre de vue, cette volonté... Je ne sais pas comment expliquer ce pressentiment, mais quelque part, j'ai cette sensation que je le lui dois. Que je lui dois de faire de mon mieux....
Alors je reste cramponnée à la barre, ballottée par des vagues d'incompréhension, de frustration, d'intransigeance face à mes faiblesses, face à la maladresse des autres...
Le plus dur sans doutes, reste la frustration... qui engendre tout le reste. Celle de ne pas savoir, comment continuer à lui dire "je t'aime", "je t'aime", "je t'aime". "Je suis là".  "Je pense à toi". "Je t'aime mon chéri, mon cœur, mon ange". Alors je parle à haute voix. Toujours. Je lui parle dans ma tête, même si j'espère de tout mon cœur qu'il ne s'y attarde pas trop, vu le bordel qu'il y a à l'intérieur... Je lui écris.... Puis je suis rattrapée à nouveau par l'angoisse de mal faire, de le décevoir... L'angoisse qu'il ne reçoive pas, tout ça, toutes ces paroles que je lui adresse... Alors je rumine, je rumine... et vient la culpabilité d'être d'un coup, centrée sur moi au point que je n'arrive presque plus à penser à lui. J'y pense, mais mal. Sans y penser vraiment. J'y pense comme s'il devenait le carburant de mes propres lamentations... Cet état là chez moi, peut vite devenir pathologique... Cet état là: je le crains... Et cette crainte ne fait bien entendu, qu'alimenter mes ruminations... Cercle vicieux...
Heureusement, qu'il y a sa voix... qui vient me trouver... qui me répète: "indulgence, indulgence, indulgence..." Merci mon amour, mon cœur, mon ange... Comme je t'aime, comme tu me manques... Comme j'ai besoin de toi, aussi... encore... Comme j'aimerais être plus sage pour savoir comment t'aider, comment te soutenir, comment t'aimer... où que tu sois..."
Et à vous tous, je vous embrasse. Prenez soin de vous, toujours, tant bien que mal.


Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 28 novembre 2016 à 20:56:57
Bonsoir Ela,
J'aurais pu écrire tes lignes !
Je vois  le monde pour nous deux ; je lui offre mes yeux.  Je lui fais visiter cette étrange contrée  qu'il ne connaît pas : ma vie sans lui.
J'essaye d'éteindre cette colère qui affleure, trop prompte à vomir ma douleur dans des rages inutiles.
La fatigue ; ces moments où, vidées de toute   énergie, nous ne  pouvons que nous écrouler dans des coussins  sans être sures de parvenir à en sortir un jour...
Le fauteuil, le canapés sont nos amis. Même épuisée, j'ai toujours refusé de m'allonger sur  mon lit dans la journée. Mais blottie dans mon vieux fauteuil préféré, bien au chaud , bercée par cette télé qui est devenue ma compagne des mauvais jours, lorsque je suis si fatiguée,  il n'est pas rare que le sommeil m'emporte.
Il faut écouter cette voix qui murmure "indulgence, indulgence...".
Oui, il faut être douces et indulgentes avec nous-mêmes tant l'épreuve est rude.
Nous sommes de vaillants petits soldats ; nous tenons encore et encore. Alors nous avons bien le droit d'être fragiles aussi.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: stephfab50 le 15 décembre 2016 à 10:20:54
je t'envoie beaucoup de courage en cette triste journée.

Je suis retombée sur ton post après des recherches sur ceux qui ont perdu leurs conjoints dans les mêmes temps que moi. (26 mois) Comme toi il est parti d'une crise cardiaque. C 'est vrai que le temps fait son œuvre, mais les jours ne se ressemblent pas. Les larmes peuvent toujours arrivées sans prévenir. 
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 21 décembre 2016 à 20:00:31
Je reviens à nouveau après quelques semaines d'absence... Pour vous dire un immense merci d'abord. Merci à stephfab50 d'être passée dans ma petite grotte virtuelle, au lendemain du 8ème mois du départ de mon chéri... Merci à toi élia, pour tes mots et tes encouragements qui m'ont émue aux larmes. Merci à toi Ephémère de lutter pour toujours laisser transparaître une petite lueur, une petite étincelle dans tes écrits. Ces petites lueurs me réconfortent car elles me rappellent avec une infinie douceur mon amour et la philosophie qu'il s'évertuait à incarner: celle de toujours essayer d'allumer de petites chandelles plutôt que de maudire l'obscurité... Il me répétait souvent cette phrase qui raisonne si fort en moi aujourd'hui.

Pourtant, difficile de voir les chandelles en ce moment... Il me manque affreusement... D'un manque qui vient m'assaillir d'un coup. A m'en couper le souffle. Et qui m'isole parce qu'alors je ne peux pas parler, dire... être avec les autres. Je ne peux et ne veux rien. Il n'y a plus que lui. Et ça fait tellement mal et tellement de bien à la fois... c'est une souffrance que j'ai du mal à lâcher. Parce que j'aime qu'il occupe toute la place... bien que cette place devienne un gouffre lorsque celui qui l'occupe la sature de par son absence. Une photo de lui tellement nette... mais en négatif.

Je le cherche encore, je le cherche toujours. Je "nous" cherche constamment... Et peut être qu'un jour ce "nous" laissera à nouveau un peu plus de place à autre chose qu'à de la peine, qu'à des larmes. Je l'espère.. Pour l'instant j'accueille les larmes...

Je les accueille d'autant plus que lorsque je me suis inscrite sur ce forum il y a quelques mois, c'était en partie parce que j'avais peur: peur d'aller mieux, de l'oublier, de ne pas prendre la mesure de son départ.  J'avais beau être consciente d'être un terreau fertile pour ce type d'angoisses, cela ne les rendait pas moins menaçantes. Aujourd'hui, un peu plus de huit mois après son accident, je réalise pleinement le caractère illusoire de ces pensées... Je ne vais pas aller mieux si facilement. Je ne m'en sortirai pas d'un claquement de doigts. Et même s'il m'arrive encore d'avoir peur d'oublier des détails, des bribes de notre histoire, je sais bien désormais que l'essentiel de ce que nous avons partagé, je ne l'oublierai jamais. Jamais.

En me relisant, cet écart entre ce que je vis et ces peurs me saute aux yeux. M'agresse, même. Chaque jour, chaque seconde est une lutte pour ne pas m'écrouler. Chaque cellule, chaque parcelle de moi hurle silencieusement mon désir d'être auprès de lui. Du matin au soir. Du soir au matin. Et malgré tout, j'aurais peur d'aller mieux?

C'est tellement absurde. Tellement absurde... Comme si en plus de la souffrance, ou affaiblie par elle, je devenais une proie facile pour le non-sens, les idées erronées... pour la folie qui rode.

Alors c'est peut-être celle là, ma petite chandelle du moment. J'embrasse la souffrance pour me soustraire à l'étreinte de la folie. Etre capable de dire vraiment à quel point j'ai mal que tu ne sois plus là mon amour. Infiniment. Et à quel point c'est dur de laisser une chance à cette chienne de vie qui t'a arraché à moi, à nous, comme ça, sans explications. A quel point demain me terrorise, en écho à cette absence d'envies que je ressens ou plutôt ne ressens pas...

Car tu le sais bien que j'avancerai malgré tout, sur cette longue route qui m'attend. Avec ou sans envies.... car même lorsque la tête déraille et que le cœur est en miettes, les pieds continuent de marcher, mus par je ne sais quelle force mystérieuse, quel impitoyable sens du devoir. J'ai tous ces jours sans toi, tant de jours sans toi à mes côtés qui m'attendent pour apprendre à marcher...

Alors je peux bien, m'asseoir encore un peu sur le bord de la route avec ma gueule morose... Parce qu'en cette fin d'année, j'ai bien le droit de le dire encore: que tu me manques si fort. Que j'ai le mal de toi. Que j'ai le mal de "nous" et de moi aussi. J'ai bien le droit de le dire encore: que je suis fatiguée. Épuisée même.  Que j'ai le cœur en miettes et la tête en vrac. Bien plus encore que ce que je m'avoue à moi-même parfois. Bien plus encore que ce que je laisse voir aux autres, eux qui s'inquiètent parfois déjà de ne pas me voir retrouver un travail, sortir avec mes amis, faire de grands périples sac au dos comme je faisais avant... Car non, ces "bonnes résolutions" qui pointent le bout de leur nez sur le calendrier et dans les discours et que certains aimeraient me voir prendre, ne sont pas encore à l'ordre du jour dans mon agenda...

Pour le moment, j'allume des petites bougies... que j'éteins souvent accidentellement, maladroitement... Mais j'en rallume d'autres, toujours. C'est ma petite résolution mon amour. Bien modeste mais tenace. D'allumer, de rallumer des petites bougies.

Je t'aime. Infinivrai.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 21 décembre 2016 à 21:21:43
Bonsoir Ela,
C'est presque étrange tant tes lignes pourraient être miennes.
8ème mois pour toi, bien davantage pour moi.
Ce qui me permet d'écrire que oui, aussi incroyable que cela puisse paraître,  le temps arrondit la peine.
Cette  peine, je l'accueille encore    lorsqu'elle s'invite et vient me laver les yeux.
Mais elle se fait plus discrète, et les larmes sont plus rares.
Il arrive que la pluie sur les joues revienne. Ce n'est pas grave.
Elle fait partie de ma vie, et coule doucement.
Pluie fine, presque douce,  qui  n'a plus rien de ces torrents qui me dévastaient et me laissaient exsangue.
Non, juste une ondée que j'accepte.
Elle fait partie de ma vie.
De cette vie avec mon adoré  si bien installé au creux de mon cœur.

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 23 décembre 2016 à 21:58:54
Merci Ephémère, pour ces quelques mots....  Moi aussi, j'accueille, je cherche même, peut être trop parfois, cette pluie sur les joues... J'aime ces larmes. Elles sont un cadeau, un trésor... Une preuve que je ne suis pas morte à l'intérieur.... Ce qui me dévaste, c'est lorsque j'erre en moi-même et que je ne la trouve pas cette eau. Ou que j'ai peur de ne plus la trouver. Que la source soit tarie...
Une amie m'a questionné l'autre jour sur mes projets. Sur ce qui compte encore ou ne compte plus pour moi désormais. D'une façon un peu froide, maladroite. Elle s'en est aperçu et s'est excusé... Je ne lui en veux pas. Comme moi, je sais qu'elle lutte. Comme moi, c'était une gamine trop sensible, qui en grandissant a érigé des murs autour de sa sensibilité, de son humanité à coup de mental, d'analyses, de pragmatisme... murs qu'elle ne sait plus toujours très bien comment franchir... Je ne lui en veux pas, mais sa question m'a fait prendre conscience du gouffre que je ressens en présence des autres. De cette sensation d'être ailleurs. De cette autre dimension dans laquelle j'évolue... Une dimension hors du monde, de son rythme, de ses préoccupations, de sa dynamique...
En réalité, j'ai toujours ressenti ça... ou depuis longtemps en tous cas. Avant de connaitre mon amour, cette sensation était déjà bien présente en moi. Mais lui, mon amour, mon ange... avait su me rejoindre dans cette autre dimension. Ou plutôt, sans avoir besoin de mots, c'est comme si nos regards s'étaient croisés, à la fois dans le monde, et dans cet ailleurs. Aujourd'hui, je ne sais pas bien, à quoi me raccrocher. Avec lui, ensemble, nous étions comme deux cosmonautes, entre Terre et Lune, qui cherchions à renouer avec les lois de la gravité. A retrouver ensemble, un enracinement dans ce monde.
Aujourd'hui, ce qui me manque, c'est l'envie de prendre racine. De faire des choses concrètes. D'investir cette vie, ma vie. Parce que lui, plus que jamais, s'est envolé. Ailleurs.
Et moi, entre deux mondes, je flotte.... Je flotte... 
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 24 décembre 2016 à 13:58:34
Ne pas penser à l'an dernier... ne pas penser à l'an dernier... Le répéter ne sert à rien. En vérité tout est là, tout est présent... Le petit sapin devant la fenêtre... Les décos bizarres qu'on y a suspendues parce qu'on n'avait rien pour le décorer... Des portes clés, des bouts de ficelle, des petits rien des petits tout....
La soirée chez A et P. Le fou rire a cause d'E qui n'a pas aimé son cadeau: ce livre qu'on lui avait pris au kiosque...
Ton rêve d'aller ensemble à la neige. Avec ta fille. Et puis juste nous deux, un peu, aussi... Ma main dans ta main. ta main dans ma main...
Où es tu? Est ce que tu m'entends te parler? Est ce qu'au moins, tu sais à quel point je t'aime? Est ce qu'au moins, tu sais à quel point je t'aime?
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Pucinette le 24 décembre 2016 à 14:51:18
J'ai peur aussi qu'il ne sache pas à quel.point je l'aime. ...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 24 décembre 2016 à 17:34:24
Bonsoir à toutes deux,
Votre amour éclaire chacun de vos mots.
Il dessine de magnifiques enluminures sur chacune  des lignes que vous tracez ici.
Alors comment votre  aimé qui a tant partagé avec vous aurait-il pu ignorer la force de vos sentiments ?
Je suis sure, absolument sure, que ceux que nous pleurons connaissaient la puissance de notre amour.
Et cette certitude est  un chagrin de moins dans le tourbillon des doutes et interrogations qui viennent parfois me tourmenter...
J'espère de tout cœur que vous parviendrez à vous rassurer à ce sujet.

Une pensée pour vous en cette fin d'après-midi un peu morose.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 25 décembre 2016 à 21:04:05
Merci Ephémère, du fond du cœur... Je viens me mettre au chaud devant mon ordinateur... Je suis sortie dans la nuit, allumer quelques bougies dans le jardin... J'y ai aménagé un petit endroit, pour lui. J'y dépose des petits cadeaux, j'y ai planté quelques fleurs... Un petit lieu auquel je me raccroche moi qui suis si loin du lieu où reposent ses cendres.
Nous sommes le 25 au soir, et je reprends mon souffle... Car même en tachant de ne pas y prêter trop attention, ces deux jours et tout ce qu'ils symbolisent... c'est comme si l'énergie dont ils sont porteurs s'imposait sans qu'on puisse choisir ou non de lui ouvrir la porte... Le seul choix qui reste, c'est "comment" l'accueillir... Comme tout le reste.... J'espère que cette vague de Noël n'aura pas ravivé trop de cicatrices, provoqué de nouvelles égratignures dans les cœurs blessés.
Pour ma part, j'ai beaucoup pleuré hier. Mais j'ai réussi à ne pas m'en demander trop. A ne pas me retrouver au cœur d'une trop grande agitation, avec l'appui et la compréhension de mes parents, ce qui m'a permis de voir cette nouvelle vague passer sans trop de casse... Pour le moment du moins.
Cependant, une nouvelle douleur m'assaille depuis quelques jours (qui n'est pas du tout nouvelle en vérité, mais que j'identifie plus clairement depuis peu), c'est cette peur qu'il ne m'aime plus. Qu'il choisisse de me laisser tomber. Que de là où il est désormais, il me trouve insignifiante. Cette peur de le décevoir, de le rebuter. Qu'il continue sa route sans moi et que par manque de confiance en moi, je finisse par m'écrouler. Ça me fatigue tellement, toutes ces pensées... Toujours les mêmes angoisses (peur de décevoir, d'être mauvaise... qu'on m'abandonne) déclinées sous des milliers de formes...
Et ces pensées, elles sont tellement injustes au fond... Elles se nourrissent d'un manque de confiance en moi qui me pousse à manquer de confiance en lui. En l'amour qu'il me portait, qu'il me porte. Et ça me désole, de mettre du doute là où j'aimerais trouver du réconfort. Là où j'aimerais être forte pour lui aussi. Mais c'est justement de réconfort que j'ai besoin pour ne pas douter, et j'aimerais tant qu'il puisse m'en envoyer. Qu'il puisse me rassurer, me consoler. Un mot, un regard, je ne demanderais pas plus... mais il ne peut pas. Il ne peut plus... Et cette impossibilité jette tous mes manques, toutes mes failles, tous les morceaux manquants de mon puzzle incomplet en pleine lumière...
Je l'aime tellement, tellement fort. Et j'ai tant besoin de lui aussi.... Et je sais bien qu'au fond, ce sont deux vérités, mais deux choses totalement différentes. Et j'aimerais tellement que le fait d'avoir besoin de lui ne m'empêche pas de lui dire à quel point je l'aime...
Alors je lui dis sans cesse, d'entendre mes mots d'amour et de ne pas écouter le reste... Mais ce "reste": ces peurs, ces failles, ces défauts, ce qui est laid, cassé, abîmé... comment faire pour le porter seule désormais?
Alors mes angoisses, je les déverse un peu par-ci, un peu par-là... sans bien savoir si je les évacue où si en parlant d'elles je ne fais pas que les alimenter.
Alors pour ce soir, je vais arrêter. Arrêter de parler de tout ça. Et je vais continuer à lui dire "je t'aime" dans le secret de mon cœur. Comme je le fais chaque jour, à chaque heure...
Parce que ça, personne ne peut me l'enlever, même lui. Même pas toi mon amour. Je t'aime.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 25 décembre 2016 à 21:48:43
Bonsoir Ela.
Moi aussi, je suis bien au chaud au coin de la cheminée.
La vie dans les flammes qui dansent.
Solitude  choisie.
Tête à tête avec le chat plein de tendresse.
Souvenirs des Noëls d'enfance.
La pluie sur les joues.
Le thé parfumé ;  nuage de lait.

Ela, nul ne peut  voler ou effacer notre vécu.
Notre amour fut.
Partagé.
Nul ne peut le nier.
Cette certitude est notre force.
Cette force qui nous maintient debout.
Et nous permet d'avancer, doucement, certes, mais avancer tout de même sur ce chemin qui s'ouvre sous nos pas.
Tu as tant de peine, Ela.
Il faudrait tellement que  cesse  le tourment de ces interrogations et ces doutes qui te font saigner davantage.
Notre aimé n'est plus.
Nous ne pouvons le nier.
Mais ce n'est pas l'amour qui est mort.
Vous vous aimiez, Ela.
Ne l'oublie pas.
Cette certitude est ta force.
Je te souhaite une  nuit sereine.
Qu'elle t'offre le repos dont tu as besoin.



Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 26 décembre 2016 à 19:38:40
Encore une fois: merci de tout cœur Ephémère...  Tu m'as vraiment soutenue, et tes paroles continuent à le faire. sur ce terrible chemin. Je te lis et tes mots me touchent... Ils ravivent en moi une force, que j'ai en moi, que nous avons tous en nous, mais que je n'arrive plus toujours à trouver au milieu des décombres...
En ce moment, je le sais bien: je lutte pour ne pas devenir folle. Je sais bien que c'est ça. Je suis déjà passée par là et c'est bien de ça qu'il est question. Je sens quelque chose de cassé, de malsain, d'irrationnel... s'infiltrer, grossir en moi. Et le plus étrange c'est d'être capable de le voir, d'être lucide sur ce qui se passe en moi. Etre lucide et se sentir devenir folle. C'est tellement paradoxal, tellement étrange... Et ça prend de la place. Trop de place.
C'est dur de me souvenir qu'il m'a aimé ainsi, avec mes cassures, mes fêlures... mais aussi, quand j'arrive à me l'accorder: avec les armes que j'ai développées pour faire face. C'est dur d'accepter d'avancer avec ce que l'on est, d'admettre qu'il est vain de rêver à la page blanche, vierge de toute rature. C'est dur de ne pas tenter de fuir la réalité. D'accepter que ça ne résout rien. C'est dur de rester droit dans ses pompes et d'assumer. De ne pas fuir celui ou celle que l'on est et ce que l'on a vécu.
En ce moment, je l'avoue, j'ai tellement envie de me fuir, tellement peur parfois de ce qui se passe dans ma tête, tellement envie d'abandonner le gouvernail, de supplier quelqu'un d'autre de prendre les commandes de ma vie, de me dire quoi faire, comment faire... de le faire à ma place. J'aimerais abandonner ma vie parce que je ne me sens pas capable de la vivre, de guérir, d'aller mieux, d'aimer encore, de faire du temps qui m'est imparti quelque chose dont il pourrait être fier. J'aimerais abandonner ma vie parce que j'ai beau avancer au milieu des ronces en cherchant à faire de mon mieux, j'ai parfois l'impression qu'il n'y a rien à attendre, à espérer. J'aimerais abandonner ma vie parce que j'ai la sensation qu'il y a trop de ratures pour sauver le tableau. J'aimerais abandonner ma vie par peur de la gâcher... J'aimerais abandonner ma vie par excès de souffrance, de fatigue... par manque d'envies si ce n'est la tentation de la résignation...
Les mots sont forts, je sais, mais conformes à la dureté de ce que je ressens par moment... Car c'est bien tout ça qui me traverse, qui me ronge, que je traîne.
Mais j'ai aussi conscience que ces vieilles peurs archaïques ne me définissent pas. Je crois même qu'elles ne m'appartiennent pas. Elles sont comme des hologrammes menaçants qu'il me faut apprendre à apprivoiser pour réaliser à quels point ils sont factices...
Et pourtant: savoir ou supposer savoir est une chose, l'intégrer en est une autre.
Mon état d'esprit est tellement sombre, effrayant, glauque par moment...  Je le sens et le sais bien. J'ai peur de le confier, de le montrer pour ne pas contaminer, inquiéter les autres, mes proches.... Et parce que je crains qu'ils ne soient pas assez forts pour me démontrer que j'ai tort, mais qu'au contraire, ils alimentent mon mal être  en me renvoyant leur propre inquiétude et leur apitoiement.
Mais surtout, aussi bizarre que ça puisse paraître, j'aimerais tant que malgré tout, malgré tout ça... Les gens, mes proches, et surtout mon amour, de là où il est, se rendent compte qu'en profondeur, au delà de tout ça... il y a une part de moi, une part qui peut sembler minuscule mais bien coriace qui continue à espérer, qui ne demande qu'à espérer. A aimer la vie, à nourrir des choses positives.
Et ça ne change rien au fait qu'en ce moment tout me semble noir et que je ressens un énorme besoin de décrire, de parler de toutes ces souffrances, de tous ces trucs moches que j'affronte, que je vis, qui me hantent... simplement pour les désamorcer, pour me sentir moins seule. J'ai besoin de racler le fond du gouffre, de faire remonter tout ça, de l'exposer en pleine lumière. Mais j'ai tellement peur qu'à cause de cette attitude, on m'identifie comme étant pessimiste, démoralisante, voir flippante. Pas parce que je crains les critiques: pour le coup: en dehors de l'opinion de mon amour, je me fiche de ce que les autres peuvent penser. Mais parce qu'à force de lire en miroir dans les yeux des gens cette gêne, cette peur que la souffrance inspire, je me demande si je ne finirai pas par m'auto-convaincre qu'effectivement, je suis bel et bien cassée. Pour de bon.
J'ai tant besoin d'encouragements, de consolation, d'inspiration.... J'en trouve ici et j'en suis tellement reconnaissante, mais je ressens véritablement cette soif, insatiable. Je ne sais plus qui disait que "notre besoin de consolation est impossible à rassasier... Peut être... Sans doutes... J'ai toujours essayé de me sortir seule, autant que possible, des galères, des coups durs... pour ne pas vampiriser les autres en étanchant, malgré moi, ma soif à travers eux.
Mon chéri et moi, sans être rattachés à un dogme, nous croyions...  Notamment en la possibilité de se relier à quelque chose, à une source, une énergie bienveillante dans laquelle on peut puiser. Se ressourcer. J'ai déjà pu ressentir ça, trouver la paix, l'apaisement... dans la "prière", la méditation... Ces instants, cette sensation... peu importe le nom qu'on leur donne, me donne également la sensation d'être plus proche de mon amour. Et c'est bien tout ce à quoi j'aspire en ce moment... Et c'est bien ça, que je recherche de tout mon être, et qui m'échappe à force de trop essayer, de trop vouloir...
En cette fin d'année, je crois que j'arrive à un point où j'ai besoin d'une aide concrète. D'un tuteur. De quelqu'un, quelque chose pour m'aider à reprendre pied, me guider. Quelqu'un qui ne se laissera pas entamer, vampiriser par mes angoisses et mes manques... et qui ne cherchera pas non plus à abuser de mes faiblesses.
Je sais bien que le Père Noël n'existe pas. Mais si vous connaissez des outils, des choses qui vous ont aidées à ne pas perdre pied... Si vous connaissez un psychiatre ou psychothérapeute compétent (c'est à dire, selon moi: qui ne se contente pas de droguer ses patients) dans la région de Strasbourg ou ailleurs dans le Bas-Rhin: si vous avez entendu parler d'un cercle de parole, pour les personnes en deuil, pour les grands anxieux... J'ai tellement de casseroles que je n'ai que l'embarras du choix! ^^
J'ai déjà lu certains témoignages dans d'autres rubriques et reçu des messages, sur ce fil ou en privé qui m'ont beaucoup aidée. Une fois encore, je ne pourrai jamais assez remercier les personnes de ce forum...
Si je ne viens pas, écrire davantage, chez les uns et les autres... ne m'en tenez pas rigueur. J'espère un jour, en retrouver l'envie et le courage... Rester centrée sur soi ne résout rien, je le sais bien... C'est juste que parfois, on a tellement l'impression qu'on ne peut rien apporter, que ce n'est pas le moment... voir même qu'il vaut mieux qu'on ne dise rien parce qu'on n'est pas capable d'aider... qu'on va juste ajouter de la peine à la peine... ou sonner faux... être à côté, en décalage.... Et alors on s'autorise, de temps en temps, à ne pas faire le petit effort supplémentaire pour envoyer un gros coup de pied dans ses excuses, un peu égoïstes parfois...
Aujourd'hui, c'est comme ça. Demain sera un autre jour.
Quelque part entre le rire et les larmes, l'absurde et l'envie d'y croire, la rage et l'abattement, l'ici et l'ailleurs, les figues et les raisins... je vous embrasse.


 
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 26 décembre 2016 à 20:12:05

    Vingt mille lieues sous les mers ...

    Probablement c'est là que je vais passer quelque temps ...

    Fermer les écoutilles rentrer le périscope ...

    Faire de jolies bulles couleur de corail ... chut ...

    c'est calme, en bas, c'est moins tourmenté, le grand bleu ...

    Sain, malsain, tout est question d'équilibre
    et de besoins du moment ...
    dans le deuil nous passons d'un extrême à un autre,
    et la seule chose qui nous empêche de nous perdre complètement,   
    c'est de laisser "tout ça" arriver sans dégoût ...
    respecter toutes ces émotions en nous,
    aimer dans la tristesse,
    aimer dans le désespoir,
    aimer dans la colère,
    aimer pour pas asphyxier.
    Solidaire, M.
   
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 26 décembre 2016 à 20:36:26
Veux tu encore de moi, comme ça? Cassée tordue... perdue? Veux tu encore de moi comme ça? Moi qui ne sais plus, qui est ce "je"? Veux tu encore de moi, flippante, sombre, compliquée comme jamais? N'oublie pas, que je suis là sous les décombres... N'oublie pas que je respire encore, quelque part, à l'intérieur... Ne me laisse pas tomber. Mets tes limites, prends tes distances: c'est tout ce que je te souhaite. Tout ce que j'espère pour toi. Mais ne me laisse pas tomber...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 26 décembre 2016 à 20:40:49
Et qu'est ce que ça veut bien pouvoir dire... tout ça... puisque tu n'es plus là... Allez... c'est bon... j'arrête. J'arrête. Je me rappelle... vaguement... qu'il faut au moins essayer, d'être un peu gentille avec soi-même... Voila. Tu vois? Tu n'as pas à t'inquiéter. Tu peux mourir tranquille. Je serai sage.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 26 décembre 2016 à 20:55:40
Et merci Martine... j'accueille, je ressens cette invitation: d'oser se montrer blessée, laide... pour s'apercevoir que ce qu'on croyait laid, ne l'est pas tant que ça... C'est vrai pour beaucoup de choses... Ma folie et son cortège d'idées affreuses, je n'ai pas encore réussie à les trouver belles.  A ne pas avoir un haut le cœur, quand elles viennent me provoquer: violentes, obscènes... Je n'arrive pas encore, à ne pas avoir honte, de les laisser avoir une telle emprise su moi. C'est peut-être ça, le problème... 
Mais là, c'en est assez. Alors, je vais compter les bulles moi aussi. Et attendre une météo plus favorable pour refaire surface.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Pucinette le 26 décembre 2016 à 21:01:04
Merci.... Tu as réussis à écrire tout ce que je ressens. ... Tout vraiment....
Bon courage...
Je t'embrasse fort.....
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 26 décembre 2016 à 21:59:08
Oui, Ela, comme tes mots nous parlent.
Comme ils  disent bien ce que nous éprouvons lorsque notre ciel est gris.
Je fais le vœu que se dessine vite cette nouvelle météo qui éclaircira tes matins.
Titre: Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Federico le 26 décembre 2016 à 23:10:55
....... Je me rappelle... vaguement... qu'il faut au moins essayer, d'être un peu gentille avec soi-même... Voila.
Je serai sage.

Je t'embrasse Ela.

Federico
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 10 janvier 2017 à 02:47:55
Je me lève, à 12h tous les jours... Parfois 11h30, pas avant... Je n'ai pas de travail. J'en recherchais avant... avant.... et puis maintenant, je n'ai pas la force... J'ai un diplôme dans le social... Pour le moment, je ne me sens pas capable... je ne me sens pas capable... d'écouter, de soutenir les gens... d'autre gens, parce que je n'ai pas l'énergie... Je ne peux pas... En tous cas pas comme ça. Pas maintenant. Pas encore. Pas pour un salaire. Pas dans une institution, auprès de gens qui voudront me voir forte, à qui je devrai rendre des comptes... Les rares personnes que je croise, en dehors de mes parents,  et de quelques amis qui n'ont pas pris la fuite... me demandent: "alors, tu as des projets? Tu as trouvé du travail? " Et moi je m'en fous. Je m'en fous tellement. Pas de tout non. Je ne me fous pas de tout. Mais de ça, oui. De ce vernis de surface qui se craquelle. De mes apparats qui se délitent: je m'en fous. Tant mieux d'ailleurs. Qu'elle meure, cette peau de surface. Cette collection de masques. Je m'en fous. Éperdument.
Mais ça va bientôt faire 9 mois que je vis dans un monde sans matins. Parce que, j'ai peur de me réveiller tôt. Des journées trop longues, remplies de vide. D'absence. Des plages de temps trop longues dans lesquels mon cerveau pourrait projeter toutes mes angoisses, toutes mes peines... Mes journées, c'est manger, meubler mon après midi comme je peux, chercher l'oubli devant la télé... puis tenter de me souvenir de tout... de tout ce qui est "lui", "nous"... en allant marcher, seule, ou avec ma chienne.... Et puis dormir. D'un sommeil dans lequel je sombre assez facilement, en général, mais qui m'emporte vers des rêves agités dont je sors plus épuisée encore.
Cette semaine, mon historique de navigation est truffé de mots angoissants... Des recherches sur les troubles de l'anxiété, sur les maladies mentales. Car oui, en plus, je suis "malade". Enfin, ce que j'entends par là, c'est qu'un jour, un groupe de médecins en blouses blanches, très certainement merveilleusement bien dans leurs baskets et se considérant comme tout ce qu'il y a de plus normal ont décidé de créer des cases, en fonction de certains symptômes. Selon cette merveilleuse classification, certains, très rares, atterrissent dans la colonne "équilibrés", d'autres dans la colonne "barrés mais juste ce qu'il faut", et d'autres, moins chanceux, dans la colonne "malades". Moi je suis de ceux là.
Je souffre de troubles de l'anxiété. Une forme de ce qui s'appelait des "névroses obsessionnelles". Une part de moi cherche à me persuader que je suis ce que je ne suis pas, que j'ai envie de ce que je ne veux pas... et pour tenter de retrouver qui je suis réellement dans ce merdier, mon cerveau s'emballe et m'entraîne dans d'incessantes ruminations. S'en suivent des angoisses monstrueuses. Et puis il y a l'épuisement, la culpabilité terrible liée à ces pensées sur lesquelles je n'ai plus d'emprise. Qui m'entraînent là où je ne veux surtout pas aller.
J'avais dompté tout ça... Je croyais avoir dompté tout ça... Quand mon amour est parti, j'étais tellement sonnée, choquée... la souffrance est venue après. Pas très longtemps après. Oh non. A peine le temps de se dire "je vais morfler" et là voila. Mais pendant ce laps de temps, où la vague n'était pas encore là, où je la voyais approcher, j'ai eu le temps de me dire que je devrai être forte. Tout faire pour ne pas me laisser happer à nouveau par la "maladie". Au moins ça... Au moins ça... Je ne voulais pas que la maladie me vole ma vie, ma survie, sa mort... la souffrance de son absence...
Et aujourd'hui, je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quoi penser... Je me suis montrée forte... J'ai lutté. Lutté. Lutté. Mes phobies, mes angoisses n'ont pas repris la même emprise sur moi que par le passé. Je sais que j'ai déjà été plus loin sur le sentier de la folie... Mais malgré tout, je sens toutes ces faiblesses, tapies dans l'ombre comme des vautours. Alors comment garder espoir, par moment, quand on à la sensation que c'est sans issue? Que tôt ou tard, même si j'avance d'encore un mètre, de quelques centimètres... L'épuisement finira par l'emporter et tout ce merdier par me rattraper?
C'est triste... c'est glauque... Oui, sans doutes un peu. C'est vrai. Mais je ne veux pas qu'on me plaigne. Je refuse qu'on me plaigne. Je ne suis pas à plaindre. Ceux qui s'apitoient sur moi parce que "vue de l'extérieur", ma vie semble fichue. En miettes... Parce que mon amour est parti, si jeune. Parce que je suis retournée vivre chez mes parents à la campagne. Parce que je suis seule.... Parce que ma vie sociale, professionnelle a volé en éclats... Ceux qui s'apitoieraient sur moi s'ils savaient pour les troubles contre lesquels je lutte depuis l'adolescence... Tous ceux là...  Leur attitude me met en rogne. Parce qu'ils ne voient que le résultat. Pas la lutte. Ils ont les yeux rivés sur l'arrivée. Ils ne voient pas le chemin, la course...
Je ne suis pas à plaindre. Parce que même si ma souffrance fait peur, elle ne m'a pas mise à genoux.
Je ne suis pas résignée. J'espère ne jamais l'être. Je ne suis pas résignée, et je ne détourne pas les yeux pour autant. A l'heure où toutes les enseignes, les magazines, les commerces... nous bombardent avec la recherche du bien être, la pensée positive.... je dis qu'il ne doit pas s'agir d'un prétexte pour fuir la souffrance. Eviter de la regarder en face... Le bien être, l'apaisement, l'épanouissement ne sont pas des injonctions. Elles ne peuvent être des injonctions. Elles sont l'objet d'une quête. D'un cheminement. Qui passe par la prise en compte de la souffrance. L'apprentissage de comment vivre malgré elle, avec elle.
Je suis tellement en colère par moments, lorsque je ressens, lorsque je lis parfois aussi dans vos commentaires, la pression que certains nous mettent pour qu'on aille mieux, qu'on se bouge, qu'on passe à autre chose. Je suis tellement en colère parfois lorsque je ressens, comme un reproche dans les regards, lorsque je montre ma souffrance. Parce que beaucoup préfèrent ne pas voir, ne pas savoir...
J'ai dépassé, ou du moins j'essaye, le stade de la colère dirigée contre des personnes en particulier, à cause de leurs maladresses... Je sais qu'elles ne comprennent pas. Qu'elles ne peuvent pas. Que j'étais comme elles souvent aussi. Que je le serai encore, malheureusement, peut être...
Mais ce contre quoi je demeure en colère, c'est le système, la société et ses rouages. Qui a fait germer en nous cette impossibilité de regarder en face la mort et la souffrance. Qui a condamné certains d'entre nous à la maladie, en nous rendant symptômes des dysfonctionnement d'une communauté. La société et son modèle perverti, axé sur la réussite, le mérite... sur tout ce qui brille. La société qui se moque des sentiments, des émotions.... et qui survalorise l'intellect, les mots savants, les esprits cartésiens... et qui pourtant repeint le monde en noir et blanc à coup d'amalgames, d'idées simplistes... dès que les intérêts de quelques uns sont menacés, ou dès qu'on tente de lui ouvrir les yeux sur ses propres névroses.
La souffrance liée au manque, à l'absence de mon amour, de mon chéri, de mon ange.... est immense. Impitoyable. Mais il ne saurait en être autrement. Et c'est une souffrance que je chéris. Que j'aurais tant aimé ne pas connaitre, mais puisqu'il ne saurait en être autrement: je la chéris. Je la chéris cette souffrance. Et si elle m'a ébranlée au plus profond de mon être, ce n'est pas elle qui sera responsable si je devais chuter un jour et ne plus me relever. Ça ne pourrait pas être cette souffrance, car il y a de "lui" dans sa mort, comme dans la vie qu'il a mené. Et rien de ce qui est "lui" ne peut me détruire...
Ce qui me détruit, ce qui pourrait me faire chuter:  c'est tout ce qui en moi a été abîmé, déchiré, sali par une société, un monde qui n'aura pas su me préparer à faire face à la souffrance dans ce qu'elle a de plus pur. A la mort dans ce qu'elle a de plus implacable. Ce qui pourrait me faire chuter, c'est cette société qui, à travers tous ses fanatismes; religieux ou laïques, ne m'aura pas enseigné la confiance, dans les choses invisibles et pourtant essentielles comme l'amour, l'harmonie...
Je ne sais pas comment, je ne sais pas comment... pas vraiment, pas précisément, pas encore... mais j'espère tellement que j'arriverai à quitter le navire avant qu'il coule.
Parce qu'une chose est sure: lui, mon poète fantasque et fantastique, mon justicier solitaire, mon philosophe incompris, mon ange terrestre, mon amour, mon cœur, ma moitié... dans ce bateau là, il n'y est pas.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 10 janvier 2017 à 10:31:56

    Salut Ela,

    Ne t'en fais pas, tous les humains sont fous, et les plus graves sont ceux qui se croient mieux que ceux qui savent que "quelque chose cloche" dans cette vie ...
   Prends tout ton temps de convalescence de deuil, tu sentiras bien un jour si quelque chose en toi te dit de chercher "du neuf".
   Pour ma part, je suis carrément une retraitée de la civilisation depuis longtemps ... encore plus gnouf "depuis" ...
   Si je me lève le matin, c'est pour admirer la lumière, être en phase avec la Nature, me réjouir de certains ciels.
   Hier fut une journée assez uniforme au niveau des couleurs ... toutefois, vers cinq heures du soir, le ciel s'est magnifiquement déchiré en deux endroits, m'offrant deux tableaux extraordinaires ...
  L'un, de zébrures jaune-orangé sur fond d'acier, l'autre, une trouée d'un ovale imprécis, claire, douce, en tons délicats et pâles, rose, blanc, pêche, bleu tendre ...
   J'ai pensé: "pas besoin de courir au Guggenheim, à la Tate Gallery ou au Prado ... au Reijksmuseum ... pfft !"
   Ah ... il ne fallait pas m'apprendre à vivre, "avant" ...
   Ton poète-philosophe-justicier et amoureux te manque, j'ai mal, si mal, à la mort par suicide de mon neveu ... on est en rééducation ...
   On est des boules de aïe aïe aïe ...
   Bien solidairement et tendrement, Titine.
   
   
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 10 janvier 2017 à 13:58:51
Merci Martine...

Oui, se lever le matin pour "admirer la lumière, être en phase avec la Nature, se réjouir de certains ciels"... Ça me parle... Je tenterai peut être... Je me souviens à quel point ça peut être beau... Chez mes parents, en ce moment, il neige. Comme il n'avait pas neigé depuis longtemps et c'est vraiment magnifique. Mon amour aurait tellement aimé ça. C'est un gars du sud, alors la neige pour lui... c'est tellement rare, et magique... J'irai sans doutes marcher un peu tout à l'heure.

Je sais qu'il faut que je fasse preuve de patience... Que je prenne mon temps... J'ai beau le savoir, j'ai parfois besoin de le lire ou de l'entendre. Alors je te remercie pour tes paroles... Parce que c'est dur, tellement dur de gérer la souffrance, et en plus, de devoir lutter pour qu'elle soit perçue comme légitime... Et à défaut, de se rassurer soi-même, de s'autoriser soi-même à flancher...
Sincèrement, ces derniers temps, j'ai vraiment peur par moment. Une trouille affreuse... Que mon Humanité, ma capacité d'empathie, ma joie de vivre... toutes les petites lueurs qui brillaient en moi (qui brillent encore mais si faiblement que je n'arrive plus toujours à les voir)... toutes ces lueurs qu'il aimait en moi, qui faisaient que je me sentais digne d'être aimée de lui... j'ai peur qu'elles s'éteignent. J'ai peur de devenir indigne, indigne de son amour. Indigne de l'amour de qui que ce soit.
Et je sais que c'est absurde. Une connerie sans nom. Parce que l'amour n'est pas une récompense pour élève méritant. J'ai beau le savoir, en être convaincu, je subis les retombées d'une façon de penser dans laquelle je me suis trop bien acclimatée pendant de trop nombreuses années. D'où ma colère aujourd'hui.
Nous n'avons rien à prouver, rien à justifier... Je sais que mon chéri m'a aimé, qu'il n'aimerait sans doutes pas me voir douter de son amour aujourd'hui. Je sais aussi qu'il aimerait, qu'il espère... tout comme je l'espère pour lui.... me voir trouver un peu de sérénité, d'harmonie en ce monde. Mais c'est un souhait, un désir... pas un ordre. Pas une attente.  Et si c'était le cas, s'il attendait vraiment de moi que je rebondisse, là, maintenant: c'est lui qui aurait tort. Ça ne serait pas à moi de m'aplatir, de m'excuser pour ce que je vis... (Ne t'inquiète pas mon chéri, c'est juste une supposition. Je ne prétends pas, que ce sont tes intentions) Et c'est ce qu'il faut tenter de faire comprendre à nos entourages également. Je crois. Que s'ils nous aiment, ils sont en droit d'espérer, de nous souhaiter de trouver l'apaisement. Ils sont en droit de nous proposer des choses, même maladroitement. Mais pas d'attendre de nous un mieux qui ne servirait qu'à soulager leurs propres inquiétudes...

Je me sens un peu plus apaisée aujourd'hui... J'ai lu quelque part qu'au bout de 8 ou 9 mois, le deuil se faisait à nouveau plus intense, plus douloureux... C'est différent pour tout le monde bien sur... Encore des "règles" qu'il faut apprendre à transgresser... Mais je crois que c'est un peu ce que je vis en ce moment... Des hauts et bas impressionnants... Le manège du quotidien, avec son lot de souffrance constante, mais moins imprévisible, qui se mue à nouveau en montagnes russes, vertigineuses...

Je reviendrai peut être plus tard... J'aimerais... j'aimerais parler de lui. De toi, mon ange. Et non de la souffrance. De toi et de ton sourire, de toi et de ta guitare. De toi et de ton satané caractère! De toi et de ta force. De toi et de ton amour de la vie.... Je n'ai pas oublié... Non, je n'oublie pas... Et je ne baisse pas les bras non plus... Je t'aime.... Infinivrai....

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 10 janvier 2017 à 18:37:50
Mon amour... Ce qui est plus douloureux que de n'avoir envie de rien, c'est d'être rongé par le désir de tout partager avec celui qui n'est plus là... Partager des mots, des silences... Que tu me consoles de ton absence. Que tu me rassures, que tu chasses mes peurs. Que tu me guides dans mes errances...
Tout ce flot d'amour, mais aussi ces questions, ces désirs... ce torrent invisible et pourtant bien présent qui coulait jusqu'à toi... vers où, vers quoi coule-t'il désormais? Certains jours je me dis qu'il saura te trouver... et que tu sauras accueillir ce qui est bon dans ce flot ininterrompu... et te préserver du reste... Et puis parfois, il y a cette douloureuse impression que désormais, ce torrent se désintègre dans le néant, dans l'espace... Un amour sans destinataire, des questions sans réponses...
Et pourtant je n'y crois pas. Tu m'as laissé ta foi en héritage....
L'an dernier, au mois de janvier, tu m'as emmenée, dans un endroit magique.... des sources d'eau chaude sauvages, dans les Pyrénées... Je me souviens... ce séjour... qui avait failli ne jamais avoir lieu... car j'avais besoin de distance... de m'éloigner... et puis cette fille sur le parking de la zone commerciale... où nous nous sommes arrêtés pour faire une mise au point.. cette fille qui suite à un coup de fil, s'est mise à hurler de désespoir et à répéter: "c'est pas possible... il est mort... c'est pas possible... il est mort"... Ce regard échangé... Cet avertissement, du destin... Cette baffe... Mais qu'est ce que je m’apprêtais à  faire? Pardonne moi mon amour.... Pardonne moi...
Et puis ces quelques jours, magiques... Je nous revois debout, en pleine nuit, avec nos lampes frontales, sur le barrage du lac des Bouillouses... Le lac éclairé par la lune et les sommets enneigés au loin. Je me souviens t'avoir dit "imagine si le barrage cédait" et tu m'avais entouré de tes bras pour me dire de ne pas toujours vivre dans la peur de ce  qui pourrait arriver. Qu'il faut accepter, qu'on ne maîtrise rien...
Aujourd'hui mon amour, le barrage a cédé... mais je repense à tes paroles et je te promets que j'essaierai malgré tout, de ne jamais les oublier. Parce que, pendant tout ce temps, c'est comme si tu avais compris. Comme si tu savais... Et malgré tout, tu n'as jamais cessé d'avoir confiance. Tu n'as pas eu peur. Jusqu'au bout.
J'admire tellement ton courage mon cœur. Et même si je vomis mon angoisse parfois. Même si je n'arrive pas toujours, comme tu l'as fait, à accueillir, à transformer tout ce qui m'assaille... je n'oublie rien de ce que j'ai appris à tes côtés... Je ne pourrai jamais assez te remercier... pour tes mots. Tes paroles à toi et non celles que j'invente quand je suis au plus mal... Tes paroles à toi, qui ont toujours été et sont toujours pleines d'espoir, de douceur, d'amour... et qui viennent me trouver, parfois, quand je ne les attendais plus...
Je t'aime mon ange, mon miracle, mon amant, mon amour.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Pucinette le 10 janvier 2017 à 21:50:35
C'est si beau.... Si rempli d'amour....

Je ne peux rien t'apporter tellement je souffre.... Mais je t'ai lu... J'ai lu l'amour que tu portes à ton homme....

Bon courage

Que ta nuit soit la.plus belle possible...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 10 janvier 2017 à 23:36:32
Merci du fond du cœur chère Pucinette.
Prends bien soin de toi. Comme tu le peux. Malgré la souffrance. Pour toi, pour tes enfants, pour ton Christophe...
Je te souhaite moi aussi une douce nuit...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Alexandra le 11 janvier 2017 à 10:23:15
Ela,
Juste une pensée pour toi ce matin, les sources chaudes des Pyrénées, à moi aussi elles me rappellent les beaux souvenirs avant que tout bascule… Et ces avertissements qu’on n’a pas pu comprendre, à moi aussi ils me rappellent les souvenirs douloureux avant que tout bascule… Et cette insouciance, cette soif de vivre, avec la magie et les doutes, nous étions tous si jeunes … Cette impression que mon Tom lui aussi savait et qu’il a voulu vivre jusqu’au bout comme si tout ça n’existait pas, cette envie de le croire parce que je me refusais à le perdre… Je t’ai lue hier dans le tourbillon des jours de plus en plus gris et ce matin j’avais juste envie de te tendre la main. Pour te souhaiter une accalmie et te souhaiter de faire fuir les vautours tapis dans l’ombre, tout doucement, un pas après l’autre…
Titre: Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 13 janvier 2017 à 16:38:45
Mon amour... Ce qui est plus douloureux que de n'avoir envie de rien, c'est d'être rongé par le désir de tout partager avec celui qui n'est plus là... Partager des mots, des silences... Que tu me consoles de ton absence. Que tu me rassures, que tu chasses mes peurs. Que tu me guides dans mes errances...
Tout ce flot d'amour, mais aussi ces questions, ces désirs... ce torrent invisible et pourtant bien présent qui coulait jusqu'à toi... vers où, vers quoi coule-t'il désormais? Certains jours je me dis qu'il saura te trouver... et que tu sauras accueillir ce qui est bon dans ce flot ininterrompu... et te préserver du reste... Et puis parfois, il y a cette douloureuse impression que désormais, ce torrent se désintègre dans le néant, dans l'espace... Un amour sans destinataire, des questions sans réponses...
Et pourtant je n'y crois pas. Tu m'as laissé ta foi en héritage....
L'an dernier, au mois de janvier, tu m'as emmenée, dans un endroit magique.... des sources d'eau chaude sauvages, dans les Pyrénées... Je me souviens... ce séjour... qui avait failli ne jamais avoir lieu... car j'avais besoin de distance... de m'éloigner... et puis cette fille sur le parking de la zone commerciale... où nous nous sommes arrêtés pour faire une mise au point.. cette fille qui suite à un coup de fil, s'est mise à hurler de désespoir et à répéter: "c'est pas possible... il est mort... c'est pas possible... il est mort"... Ce regard échangé... Cet avertissement, du destin... Cette baffe... Mais qu'est ce que je m’apprêtais à  faire? Pardonne moi mon amour.... Pardonne moi...
Et puis ces quelques jours, magiques... Je nous revois debout, en pleine nuit, avec nos lampes frontales, sur le barrage du lac des Bouillouses... Le lac éclairé par la lune et les sommets enneigés au loin. Je me souviens t'avoir dit "imagine si le barrage cédait" et tu m'avais entouré de tes bras pour me dire de ne pas toujours vivre dans la peur de ce  qui pourrait arriver. Qu'il faut accepter, qu'on ne maîtrise rien...
Aujourd'hui mon amour, le barrage a cédé... mais je repense à tes paroles et je te promets que j'essaierai malgré tout, de ne jamais les oublier. Parce que, pendant tout ce temps, c'est comme si tu avais compris. Comme si tu savais... Et malgré tout, tu n'as jamais cessé d'avoir confiance. Tu n'as pas eu peur. Jusqu'au bout.
J'admire tellement ton courage mon cœur. Et même si je vomis mon angoisse parfois. Même si je n'arrive pas toujours, comme tu l'as fait, à accueillir, à transformer tout ce qui m'assaille... je n'oublie rien de ce que j'ai appris à tes côtés... Je ne pourrai jamais assez te remercier... pour tes mots. Tes paroles à toi et non celles que j'invente quand je suis au plus mal... Tes paroles à toi, qui ont toujours été et sont toujours pleines d'espoir, de douceur, d'amour... et qui viennent me trouver, parfois, quand je ne les attendais plus...
Je t'aime mon ange, mon miracle, mon amant, mon amour.
Ce post m'a profondément émue Ela.
  C'est très beau, et positif aussi, que tu t'appuie sur le courage, sur les paroles de ton amour. Il continue de te montrer la voie. Je t'encourage vivement à garder cet état d'esprit.
  Je m'y retrouve pas mal. Pierre avait un pressentiment et m'avais dit plusieurs fois: "Je ne serai pas toujours là pour te protéger, tu vas devoir apprendre à le faire toute seule. Vis pour toi, Je veux que même si un jour on n'est plus ensemble, d'une manière ou d'une autre, tu reste forte, que tu sois heureuse. Je t'aimerai toujours de toute façon." Ces paroles ont pris leur vrai sens après son décès, et m'ont été d'une aide immense y compris les premier jours  :'( :)
  Douce soirée  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 13 janvier 2017 à 20:26:19
Comme tu as raison d'écrire, Ela...
Il y a dans tes lignes une puissance qui doit t'inciter à  encore tutoyer le papier pour lui offrir tes mots.
Elles sont le reflet de ton âme et de ta richesse intérieure.
Et un miroir dans lequel nous retrouvons notre propre image.

Bien sur que nous voyons arriver la vague, immense, sur nous, pauvre petite figurine. Et la certitude : "elle est pour moi". Nous restons debout, sachant que l'abomination va s'abattre sur nous  inexorablement.
Debout.
Nous vacillons. Le choc est si violent.
Et puis nous voilà, à échanger autour de notre vie d'hier. De notre chagrin d'aujourd'hui.
De la douleur qui s'estompe ; de la peur qu'elle n'abandonne jamais...
Des  sourires refleuris ; du ciel bleu revenu.

Tu évoques la souffrance.
Moi aussi, j'ai eu besoin de la regarder en face.
Je l'ai défiée. Puis accueillie.
Parce que  j'ai toujours pensé que dans  cette douleur il y avait encore un peu de mon aimé.
Un peu de nous.
Mais comme toi, Ela, je peux lui dire qu'elle ne m'a pas mise à genoux.
Je ne la laisserai pas faire.
Mon adoré ne l'aurait pas voulu. Il m'aimait trop.
Pour lui qui a tant combattu ; pour lui mon rebelle, mon rêveur.
Mon tant aimé.
Pour lui je ne me résignerai pas.
D'ailleurs, il me savait combattante et pugnace.

Tes lignes sont si belles, Ela.
Elles nous donnent à lire toute la force qui est en toi.
C'est un cadeau que tu nous offres.
Alors merci à toi.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 14 janvier 2017 à 01:17:05
Je vous remercie, du fond du cœur, pour vos paroles.... votre bienveillance, votre douceur. Toutes ces lueurs... fragiles, si belles, qui émergent malgré l'immense souffrance.  Des étoiles dans la nuit. Merci. Du fond du cœur.

Aujourd'hui, c'est le 14... neuf mois... un cycle... celui qui précède la naissance... Ton départ ne m'a pas fait renaître, mon ange.   Il m'a écorchée, oui... mais peut être qu'un jour, après avoir vu partir tous ces morceaux de peau, ces parcelles de moi qui se détachent, comme une mue,...   je parviendrai à trouver un peu de paix, à me réconcilier avec ce nouveau moi, dans lequel tu auras laissé ta marque indélébile... C'est un souhait, un espoir, un rêve. Qui souvent, semble bien inaccessible, mais auquel je m'accroche, obstinément.

Aujourd'hui, c'est le 14... neuf mois... que je t'imagine dans cet ailleurs, dont je prie qu'il t'apporte... tant de douceur, d'amour de réconfort... Ce n'est pas qu'une prière non. C'est un ordre, une commande, à l'univers... Et je sais bien que malgré tout, une part de moi, jalouse, aimerait encore, te garder un peu ici, un peu pour moi.... Ne m'en veux pas.  Et... je t'en prie... ne m'oublie pas.

Aujourd'hui, c'est le 14... et j'ai compris, à quel point tout peut changer, basculer... si vite... C'est pourquoi je n'attends pas, pour t'écrire ces quelques mots, à la faveur d'une accalmie, que je tacherai de prolonger... bien que je ne sache pas toujours voir même jamais, où commence et où finit ma volonté.

Ce dont je suis sure désormais, c'est que je t'aime, je t'aime si fort... et ni la faucheuse, ni Saturne n'y changeront rien.
Je t'aime infinivrai.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 15 janvier 2017 à 21:12:43
Voilà, Ela, le 14 s'est envolé depuis des heures.
J'espère que ce dimanche t'aura offert  l'une de ces accalmies dont nous avons tant besoin.
Et je te souhaite une nuit tranquille et sans larme.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 16 janvier 2017 à 21:14:18
  J'espère que ce 14 n'a pas été trop dur Ela. J'ai pensé à toi  :-*
  Certaines dates sont plus difficiles que d'autres, et ces dates reviendront tous les ans, à jamais figées, indélébiles, comme fixées dans l'éternité, tans que nous-mêmes auront un souffle de vie. Nous le savons. On ne peux qu'espèrer qu'au fil des années, les vivre sera plus aisé, bien qu'il soit évident qu'il  y aura toujours au moins un fond de tristesse  :( :) 
  Prends soin de toi  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 31 janvier 2017 à 00:27:16
Je passe par là... et je vous dis merci pour vos paroles... Et je souhaite de la douceur et de l'apaisement à chacun d'entre vous... Je n'ai pas la force de passer chez chacun et chacune pour y déposer des paroles en ce moment, mais sachez que je vous lis...  Pandor, Pucinette, Stana, Qigan, Federico, Souci, Ephémère et tous les autres.
Dans mon cœur et ma tête, présentement, c'est le chaos. Pourtant, dans cet tornade, je continue à m'accrocher avec obstination à ce petit fil qui brille faiblement, sans doutes plus tenace qu'il n'en a l'air... ce petit fil de vie. Les petites onces d'espoir... les petites lueurs... les petits riens qui me permettent d'avancer encore...
Je ne m'attendais pas... à souffrir ainsi, de cette façon... maintenant... La souffrance se joue de nos codes et de nos représentations. Elle ne se laisse pas diriger. Elle refuse de se cacher ou de prendre les chemins qu'on aimerait la voir emprunter.... La mienne me déborde. J'ai pris rendez vous pour tenter de trouver un soutien extérieur...
Au fond, je me dis qu'il ne pouvait pas en être autrement... J'ai perdu l'amour de ma vie... L'amour de ma vie.  Et si notre rencontre a ancré en moi la nécessité de ne pas baisser les bras et de toujours garder espoir, l'absence de mon amour ne peut être qu'une plaie béante qui ravive toutes les douleurs passées, les peurs ensevelies...
L'amour de ma vie est parti. L'amour ne ma vie n'est plus là, avec moi... Et malgré ma foi, malgré l'intuition de sa présence et de ce lien qui perdure, malgré l'espoir de le retrouver un jour... il me faut affronter la réalité de son absence...
Quelle épreuve terrifiante... Et la vision vertigineuse, de tous ces combats de vie qui se mènent derrière les apparences...

Mais maintenant, mon amour, plus que jamais... lorsque je souris, j'ai les yeux ouverts... Une petite chanson au sourire triste, pour toi, ce soir: Une petite cantate (https://www.youtube.com/watch?v=0BEBo9Mvk-c)
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 31 janvier 2017 à 22:38:21
Et la peine peu à peu se change en une douce mélancolie.
Qui ourle nos cils de rosée les matins gris.
Et dessine sur nos lèvres cet étrange sourire qui hésite entre hier et demain.

Comme tes lignes nous parlent, Ela...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 31 janvier 2017 à 22:52:11
Oh que oui  :)
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 06 février 2017 à 19:20:12
Chéri... mon chéri... Quelle est cette dimension dans laquelle ton absence m'a jetée... Une dimension où les choses, en apparence, sont toujours ce qu'elles sont, mais où pourtant, plus rien n'est comme avant... Ton départ a ouvert une faille, une brèche. Invisible, imperceptible lorsque l'on se contente d'observer la réalité froide, matérielle. Pourtant, qu'elle soit en moi ou que ton départ m'ait seulement rendu capable de la voir, cette brèche est bien là. Elle  jette sur le monde une lumière étrange. Elle me plonge dans un épais brouillard, dans une sensation d'irréalité...
Je ne sais comment me comporter en présence de ce brouillard... Parfois, lorsque j'arrive à l'observer avec un peu de détachement, à rester calme: c'est dans cette sensation d'être ici tout en étant ailleurs que je puise le mince et ténu espoir qu'il existe une réalité plus vaste que celle que je perçois par le biais de mes cinq sens. D'autre fois, cette sensation fait naître en moi un sentiment de panique. Une peur d'être engloutie. De ne plus être capable de retrouver un ancrage, quel qu'il soit, dans la réalité concrète. Celle que je partage avec ceux qui sont encore "ici".
J'ai l'impression d'être comme un personnage de ces romans de Murakami. Cet auteur dont je te parlais et que j'affectionne tant. Si un soir, je devais lever les yeux et réaliser que dans mon monde, il n'y a plus une, mais deux lunes dans le ciel, je crois que je serais à peine surprise. D'une certaine façon, mon monde s'est déjà peuplé de tant de choses ineffables, de tant d'expériences impartageables qu'aucun mot ne saurait décrire... que c'est comme si deux lunes brillaient déjà dans mon ciel.
Aucune croyance, aucun dogme ne saurait enfermer ou décrire ces sensations. Dans mon esprit, mon cœur et ma chair, elles n'en demeurent pas moins réelles. Mais quelle place accorder à cette "réalité parallèle", si intime, dans la vie que je mène à présent? Je n'en ai aucune idée. D'autant plus que si peu de gens semblent compter deux lunes dans leur ciel. Ou alors, c'est un secret  qu'ils ont choisi d'enfouir si profondément en eux que je pourrais passer mon existence entière à côté d'eux sans en être informée... Ont-ils raison d'agir ainsi? Existe t-il une loi qui établit que certaines choses ne doivent pas être en contact, ne doivent pas se mélanger? Que leur nature même les en empêche, comme l'eau et l'huile?
Peut être... Et pourtant, dans la retraite dans laquelle j'évolue depuis ton départ, je ne peux m'empêcher de penser que tant de choses vont de travers dans cette réalité, réalité qu'il me faudra bien apprendre à réinvestir tôt ou tard. Tout est tellement lisse. Trop lisse. Dénué d' "âme", de sens. Comme s'il y avait bien deux couches: une couche d'huile et une couche d'eau: séparées par une frontière nette. Implacable. Et c'est comme si cette frontière nous invitait ou plutôt nous obligeait à un choix. Choisir la réalité "concrète", pragmatique et ses règles: marche ou crève... ou basculer dans une autre dimension... Un autre "plan" diraient certains... avec le risque de perdre pied et de s'enfermer dans une vérité hermétique, faite de rêveries et de croyances. Un univers à huit-clos...
Moi je me prends à rêver d'un monde qui ressemblerait un peu plus à ces lampes à lave... Celles dans lesquelles des bulles d'huiles multicolores dansent à l'intérieur d'un récipient rempli d'eau. Un monde où à défaut de te voir, je pourrais parler de toi sans tabou, où on me parlerait de toi sans tabou. De ta vie, de ton départ, de mes questions, de cette sensation que tu es si proche parfois, de ce gouffre dans ma poitrine, de cet amour immense qui lui est toujours là et de sa destination que j'ignore... En somme, un monde dans lequel je n'aurai pas autant la sensation d'être double. D'être divisée entre ici et cet ailleurs.
J'écris ici parce que ce forum, au fond,  c'est peut être ce qui se rapproche le plus à mes yeux de ce monde là. Des bulles qui parfois fusionnent, parfois s'entrechoquent... mais qui ont au moins le mérite d'exister. Le mérite de casser les frontières trop nettes, les vérités trop lisses... J'écris ici parce que la seule chose plus étrange que d'évoluer dans un monde à deux lunes, c'est d'avoir la sensation qu'on est seule à contempler ce nouveau ciel, qu'on aurait préféré ne jamais découvrir...
Cette semaine, je suis un peu sortie de ma tanière. Beaucoup plus que ces 10 derniers mois réunis... Et à côté de la "joie" timide de passer du temps avec des personnes qu'on appréciait, (qu'on apprécie sans doutes encore... même si  le lien qui me lie à toi repousse les autres dans l'ombre) il y avait en permanence cette sensation désagréable... de ne plus faire partie du même monde... Plus tout à fait...
En parler, t'en parler ici ne changera sans doutes pas grand chose à tout ça. Seulement... entre tenter de mettre des mots sur ma solitude et l'assumer en silence, la première solution me semble un peu meilleure... Parce que l'idée que ces mots te parviennent m'aide à tenir. Parce que l'idée que je serai lue m'aide à rester amarrée à quelque chose... à ne pas partir à la dérive.
Où que tu sois, où que tu ne sois pas... je t'aime. Je t'aime.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Federico le 07 février 2017 à 00:18:04

Ela,

J'aime ... ton message !

Federico
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Myrphije le 07 février 2017 à 08:39:28
C'est exactement ce que je ressens, Ela. Faire partie de ce monde et sentir ce décalage, entre les autres et moi.  Au point d'avoir l'impression de ne plus en faire partie. Une chose est sûre : il y a eu ce monde, avec nos aimés, celui d'avant, et il y a celui d'aujourd'hui.  Est-ce qu'on pourra un jour concilier les deux ?...
Douce journée.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 08 février 2017 à 13:14:34
Federico, Myrphije... merci d'être passés par là. Tout ça... ce dont je parle, ce dont nous parlons... ce sont des sensations tellement intimes, et pourtant, chacun à notre manière... nous devinons, nous touchons du doigt toutes ces choses... Je crois que pendant longtemps, je continuerai à écrire, à vous lire aussi... car il me semble que c'est ainsi que petit à petit, je tente de concilier l'inconciliable.
Je nous souhaite d'accueillir d'autres choses, au delà... en plus de la souffrance qui se déverse en nous à travers cette brèche... Pour ma part, chaque jour un peu plus, je découvre à quel point le monde m'apparaît différemment. Parfois, trop souvent encore: sombre et triste... mais aussi emprunt d'une sorte de magie, d'une subtilité... que je ne lui connaissais pas, que je ne savais plus contempler...
Je vous embrasse et serai heureuse de vous retrouver en ce lieu, peuplé de rencontres qui n'ont rien de virtuel.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 08 février 2017 à 18:46:35
Ela,
le message que tu m'as laissé me touche énormément, alors j'avais envie de passer chez toi ;-)
 j'ai lu la façon dont tu as décrit ton amour et que je trouve ça beau... Beaucoup de passages raisonnent en moi
Concernant les segments, je crois que tu m'as aidée : les passages de chagrin indicible, de douleur inacceptable sont aussi des segments, donc ses segments s'exprimeront eux aussi, pour laisser place à un peu plus de douceur après ...
Ces moments là ne sont finalement eux aussi que des segments, ne leur laissons pas plus de place!
En tout cas, je suis très heureuse de ces échanges qui sont nouveaux pour moi
Merci Ela
très sincèrement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 08 février 2017 à 23:51:36
Bien sur que nous lisons tes lignes, Ela.
Elles sont "bulles d'huiles multicolores" qui font palpiter ton histoire dans la nôtre.
Et l'écho de tes mots dans nos silences...
Nous lisons tes lignes, Ela... et nos regards posés sur elles sont  comme autant de mains tendues pour t'amarrer à notre quai et te préserver des mauvais courants.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 09 février 2017 à 11:12:39
en affection avec toi Ela et vous toutes et tous
http://www.dailymotion.com/video/xffvtn_lampe-a-lave_tech
https://pixabay.com/fr/videos/lampe-%C3%A0-lave-lampe-lumi%C3%A8re-d-argent-2819/
j'aime ces lampes en pratiquant les méditations de pleine conscience
(http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/boite-a-outils/msg57305/#msg57305 )
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 10 mars 2017 à 00:37:35
Amour, amour, mon amour...
Le temps passe... Je t'écris moins, je m'écris moins... je crois que parfois, je perds le goût d'écrire... Sans doutes parce que je réalise qu'aucun de mes mots ne te fait revenir. Sans doutes parce que, si l'écriture est un exutoire, l'absence de tes réponses en est le coût. Et c'est un coût si élevé...
Parfois je crois aller "mieux". Parce que je ne passe plus mes journées à pleurer, à lutter contre l'angoisse, paralysée, roulée en boule...  Et puis, je réalise que ce "mieux", c'est un fragile équilibre entre l'oubli de moi-même et la somme de mes efforts: ceux que je fournis en attendant de te retrouver... Mais "te retrouver", dans mon esprit, c'est un mirage, une zone de flou, un lieu sans cesse recouvert d'une brume épaisse... "Te retrouver", ce n'est jamais bien loin, jamais dans bien longtemps... Mes efforts s'arrêtent à cet horizon fictif. Car au delà, ils seraient pulvérisés dans l'infini.
Je crois bien qu'aussi dingue que cela puisse paraitre, je ne peux me défaire de l'idée que je vais te retrouver. Un jour. Bientôt... Je ne sais pas bien quand... Simplement, il y a cette idée folle qui demeure au fond de moi. Ce rêve éveillé. Cette idée que tu pourrais encore revenir. Que je pourrais te rejoindre... Je ne pense pas au suicide, non... Ou juste comme ça... Comme une ombre qu'on ressent le besoin d'étreindre avant de la dissiper... Et pourtant elle est bien présente en moi, cette idée délirante... Que je pourrais te retrouver.
Je crois bien que c'est cette illusion, dont je peux dire qu'elle en est une sans pour autant parvenir à m'en défaire, qui rend possible les petits mieux... J'essaye de prendre de la hauteur, de m'observer, de comprendre ce que je fais... Je crois, sans en avoir conscience la plupart du temps, que je me prépare. Je fais des choses pour pouvoir te les expliquer, pour pouvoir les justifier auprès de toi. Je fais des choses pour que tu sois fier de moi à ton retour. Je fais des choses pour te plaire. Pour te plaire encore lorsque tu reviendras... Lorsque tu reviendras.
Tu ne reviendras pas. Je tente de comprendre. Tu ne reviendras pas. J'écris, je lis cette phrase, et je ne parviens pas à l'intégrer. Je ne peux pas. Je ne peux pas... Ça ne veut rien dire... Les mots glissent et ne s'impriment pas. J'ai parfois cette sensation que tout glisse... Tout... Tout glisse, tout m'échappe. Plus rien ne s'imprime.
Il y a un an, s'imprimaient les dernières images... Toi, moi... Il y a pile un an: en train de manger un fondant au chocolat sur une aire d'autoroute déserte, en pleine nuit, quelque part entre le Var et l'Alsace... Un voyage en autostop à l'improviste, pour faire une surprise à ma mère le jour de son anniversaire... On se trouvait fous. On se pensait invincibles.
Je te revois, en train de jeter des fleurs sur les pares brises des conducteurs, bloqués dans les bouchons, pour les faire sourire. Je t'entends rire de mes pitreries, savamment exécutées pour inciter les voitures à s'arrêter et nous amener jusqu'au prochain village, jusqu'à la prochaine sortie... Je me souviens de ta main, si chaude, si rassurante dans la nuit froide... Je me souviens de ces heures passées dans cette caravane avec ce sympathique Monsieur à l'accent Belge et son chien. Et puis la dernière ligne droite,  après 26h de stop:  ce chauffeur qui nous as offert cette énorme cigogne en peluche à notre arrivée en Alsace de bon matin... Cette peluche, elle est toujours là, chez mes parents... Elle me rappelle, parmi tant d'autres choses, que je n'ai pas rêvé. Que je ne t'ai pas rêvé. Que toutes ces choses là, nous les avons bien vécues ensemble, il y a un an à peine...
Que nous est-il arrivé mon amour? Que nous est-il arrivé... J'entends mes parents parler de cet anniversaire, l'an dernier. De leur surprise en nous voyant arriver, épuisés mais radieux... J'entends mon père dire à ma mère "tu te rends compte... on est bien peu de choses..."... Une tentative, maladroite, pour mettre des mots, sur sa propre incompréhension... Moi, il y a bien longtemps que je n'en ai plus, des mots, pour dire, pour exprimer, ce qui se terre dans ce trou béant... J'écris encore, un peu... je tâtonne... Mais dans la parole, il n'y a plus rien.  Il n'y a plus de paroles. Tous les mots sonnent faux, creux dans ma bouche...
Je repense à nous, il y a un an à peine... et je ne sais ce qui me fait le plus peur... Ce brouillard irréel vers lequel j'avance, ou celui qui recouvre petit à petit les souvenirs des moments que nous avons partagés... Le passé et l'avenir sont comme deux mirages, qui s'éloignent de plus en plus lorsque je tente de les retenir, de m'en approcher. Reste le présent. Le présent. Cette offrande dont je ne sais que faire, qu'il m'est si difficile d'accepter sans toi à mes côtés...
Je tiens bon, pourtant. Car je ne sais pas faire autrement... Je tiens bon, pourtant. Tu le sais bien... Je tiens bon, car si le monde est irréel, ta mort l'est peut-être elle aussi... Je tiens bon, car je ne comprends rien, et que je n'aime pas ça. Je tiens bon, car je suis têtue. Je tiens bon, car je suis cassée, et que j'aimerais bien apprendre à réparer ce qui peut l'être. Je tiens bon, car je suis malade, et que j'aimerais bien guérir, un peu... pour te plaire encore. Te plaire à nouveau. Je tiens bon, car je ne peux pas faire autrement. Je ne peux pas...
Je t'aime. Tellement, tellement, tellement fort.

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 12 mars 2017 à 16:52:16
Voilà que je passe et repasse sur tes lignes.
Sans rien oser inscrire dessous.
Pour ne pas abimer la beauté ce que tu offres à notre lecture.

Mais tout de même te dire que je t'ai lue.
Que, mais tu le sais bien, tu n'écris pas dans le désert.

Et te faire un signe d'amitié.

Oui, nous les aimons tellement, tellement.
Au-delà du temps qui passe et souffle sur la brulure
Pour peu à peu adoucir notre peine.

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 12 mars 2017 à 20:46:24
Merci Ephémère... Du fond du cœur. Merci à toi de me lire, de prendre le temps de me répondre... Ça me touche tellement. Ça me touche que dans l'épreuve, certains parviennent aussi naturellement à s'ouvrir à la souffrance des autres. Ça me touche car chacun a déjà tant à faire avec sa propre peine, mais malgré tout, beaucoup de personnes ici manifestent cet élan, cette intelligence du cœur, cette générosité.
Je cherche moi aussi la force de tendre la main. J'admets que c'est difficile parfois. Difficile de lutter pour ne pas se laisser happer par une forme d'égocentrisme. J'ai parfois l'impression qu'il n'y a plus que moi, et lui, et moi, et lui, et moi... Ça m'attriste de ne plus ressentir aussi fortement qu'auparavant cet élan qui me portait vers les autres. Cette curiosité, cette empathie... L'élan est toujours là, mais il est comme '"essoufflé"...
Je tente d'accepter de ne pas encore être en mesure de soutenir autant que je le souhaiterais. Je donne ce que je suis en mesure de donner et à côté de ça, j'apprends à recevoir... J'apprends:  l'humilité de recevoir...
Alors j'accueille. J'accueille ton soutien Ephémère. J'accueille le soutien de Qiguan, de Souci, de Mononoké, de Stana... pour n'en citer que quelques un(e)s. J'accueille le soutien de toutes celles et ceux qui viennent semer leurs douces paroles de réconfort ici et partout ailleurs sur ce forum. Le soutien de ceux qui parviennent à donner. Vous êtes merveilleux. Recevez simplement ma sincère et profonde gratitude.
Quant à ceux que la souffrance empêche, comme elle m'empêche parfois, de se tourner vers les autres: ne vous jugez pas trop sévèrement. Je crois qu'il faut s'écouter, en premier lieu. Apprendre à se donner à soi-même, l'amour qu'on sera à nouveau un jour capable de répandre autour de soi...
Je pense bien fort à vous tous, solidaires dans l'épreuve. Je vous embrasse. Prenez soin de vous. Prenons soin de nous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 13 mars 2017 à 00:50:47
merci Ela,
dans ton message tu nous donnes beaucoup.

"Difficile de lutter pour ne pas se laisser happer par une forme d'égocentrisme. J'ai parfois l'impression qu'il n'y a plus que moi, et lui, et moi, et lui, et moi... Ça m'attriste de ne plus ressentir aussi fortement qu'auparavant cet élan qui me portait vers les autre"
je pense vraiment que le retour sur soi n'est en rien égoïste, et qu'il nous est nécessaire, c'est un énorme traumatisme qu'il va nous falloir apprivoiser. et je pense que tu as raison,  la première personne de qui nous devons prendre soin est nous-même.
tendrement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 13 mars 2017 à 16:01:07
Prendre soin "correctement" de soi même est si difficile
entre ne pas succomber aux injonctions des autres
pour leur faire plaisir ou ne pas les peiner plus ...
nos injonctions internes que l'on se fabrique autour de "il aurait voulu, aimé, préféré"
l'attente d'un frémissement d'envie ...
tout cela nous est bien compliqué ...
avec vous
très chaleureusement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 14 mars 2017 à 01:04:58
Merci à vous. Merci... Je sais, que vous savez... et c'est si réconfortant...

Qiguan, lorsque tu parles de "nos injonctions internes que l'on se fabrique autour de "il aurait voulu, aimé, préféré" ", cela résonne tellement en moi... Je m'en veux souvent, lorsqu'il m'arrive de déformer qui il était dans mon esprit... Lorsque ma peur de le décevoir le rend presque tyrannique, lui qui pouvait être si doux, si indulgent. Lui qui probablement, souhaiterait simplement me rassurer... Cette peur de ne pas être à la hauteur, ce manque de confiance... se sont mes propres jugements, et c'est à lui que je fais porter ce masque de juge!
Et j'ai beau m'en apercevoir, c'est si difficile de se défaire de cette peur d'être doublement abandonnée... Abandonnée de par sa mort, et potentiellement abandonnée au-delà de sa mort... Cette idée que désormais, il pourrait avoir accès à toutes mes pensées et être déçu, voir rebuté par mes idées noires. Cette idée que j'ai une part de responsabilité dans cet abîme impossible à combler qui nous sépare... Des culpabilités qui se succèdent: culpabilité d'être en vie, culpabilité de ne pas mieux gérer cette vie... Paradoxe absolu qui parfois me paralyse. Je ne peux, je ne sais, je ne veux, je n'ai le droit: ni de vivre, ni de mourir...
Tout ça, ce ne sont bien que des idées, des peurs, des illusions... Et pourtant, comme elles paraissent menaçantes... Il y a cette séparation réelle, terrible, impossible à résoudre... et toutes ces "fausses croyances", ces abîmes imaginaires qui se rajoutent... C'est contre eux que je lutte... C'est eux que je veux anéantir, dans l'espoir d'un jour, pouvoir contempler l'abîme de sa mort, dans ce qu'il a de plus cru, dans sa vérité implacable, sans artifice... Et peut être alors pourrais je m'apercevoir qu'en vérité, le fossé qui nous sépare n'est pas si grand...

Mon amour, ça y est... Alors que j'écris, nous sommes le 14.... Il y a onze mois, à cette heure ci, tu dormais paisiblement sur le canapé du salon. Et moi, j'étais là, serrée contre toi, en train de regarder une série... Tu n'arrivais jamais à garder les yeux ouverts devant un film, après une certaine heure... Moi, je regardais les images défiler, tout en écoutant ton ronflement, en passant ma main dans tes cheveux, en déposant de temps à autre un baiser dans ton cou... Demain ou plutôt, déjà aujourd'hui... devait être une belle journée... Une ballade, sacs et guitare au dos, un pique nique au sommet du Mont Faron... Un jour, peut être, je finirai cette ballade, et peut-être aussi que tu seras là...

Je t'aime.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 14 mars 2017 à 13:19:01
Citer
Qiguan, lorsque tu parles de "nos injonctions internes que l'on se fabrique autour de "il aurait voulu, aimé, préféré" ", cela résonne tellement en moi... Je m'en veux souvent, lorsqu'il m'arrive de déformer qui il était dans mon esprit... Lorsque ma peur de le décevoir le rend presque tyrannique, lui qui pouvait être si doux, si indulgent. Lui qui probablement, souhaiterait simplement me rassurer... Cette peur de ne pas être à la hauteur, ce manque de confiance... se sont mes propres jugements, et c'est à lui que je fais porter ce masque de juge!
Et j'ai beau m'en apercevoir, c'est si difficile de se défaire de cette peur d'être doublement abandonnée... Abandonnée de par sa mort, et potentiellement abandonnée au-delà de sa mort... Cette idée que désormais, il pourrait avoir accès à toutes mes pensées et être déçu, voir rebuté par mes idées noires. Cette idée que j'ai une part de responsabilité dans cet abîme impossible à combler qui nous sépare... Des culpabilités qui se succèdent: culpabilité d'être en vie, culpabilité de ne pas mieux gérer cette vie... Paradoxe absolu qui parfois me paralyse. Je ne peux, je ne sais, je ne veux, je n'ai le droit: ni de vivre, ni de mourir...
Tout ça, ce ne sont bien que des idées, des peurs, des illusions... Et pourtant, comme elles paraissent menaçantes... Il y a cette séparation réelle, terrible, impossible à résoudre... et toutes ces "fausses croyances", ces abîmes imaginaires qui se rajoutent... C'est contre eux que je lutte... C'est eux que je veux anéantir, dans l'espoir d'un jour, pouvoir contempler l'abîme de sa mort, dans ce qu'il a de plus cru, dans sa vérité implacable, sans artifice... Et peut être alors pourrais je m'apercevoir qu'en vérité, le fossé qui nous sépare n'est pas si grand...

oui Ela cette quête dure ... pour moi et je crois durera encore
Le deuil de ma maman me permet de comprendre plus "facilement" ces injonctions et fausses croyances/mon aimé en "jugement" de mon attitude dans son deuil ...
car je ne sens pas la même chose/deuil de ma maman ...
l’irréversible est la perte de sa corporalité ... tout le reste n'est que travail du lien, de gestion d'émotions, ...
la plaie de la déchirure n'est pas cicatrisée ... je peux vivre avec elle, respirer

Comme toi Ela imaginer des choses à finir seule qu'on aurait fait à deux ... se sont installées dans mes pensées à voir si je les reconsidèrerais ...

affection amicale à toutes et tous
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 15 mars 2017 à 21:34:42
Bien sur, Ela, qu'il sera là,  lorsque tu finiras cette ballade.
Bien au chaud, bien à l'abri dans ton cœur et tes pensées.

Que ta nuit soit sereine et sans pluie salée sur l'oreiller...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 16 mars 2017 à 17:12:20
Merci à vous, chères amies de ce forum...

Aujourd'hui, je me sens ballotée entre les possibilités extrêmes, offertes par cette vie... La beauté qui subjugue, l'incommensurabilité de l'horreur, la douceur infinie des instants de grâce, la souffrance de l'angoisse extrême...

Je me dis parfois que tout ça est trop grand, trop énorme pour mes petites épaules... pour ma petit personne... J'ai le vertige, le souffle court... l'impression que balancée entre des cimes vertigineuses et des abîmes sans fond, mon cœur pourrait éclater...

Je me demande parfois, mon amour, si dans le fond, ce n'est pas ce qui t'es arrivé...  Si ce n'est pas ainsi, que tu es parti.

Et je me demande aussi, si le plus terrible, ne serait pas que ça s'arrête... La fin de ce va et vient incessant... Serait-elle synonyme de sérénité absolue, ou de néant? Y a t'il de la vie dans l'équilibre parfait, ou la vie n'est elle pas justement permise par le déséquilibre... A cela je n'ai pas de réponses...

J'aimerais peut-être juste, pouvoir dessiner moi-même, les contours de mes propres sommets et plus encore, de mes abîmes... Mettre ton visage partout, dans mes joies comme dans mes peines et effacer tout le reste...

Mais malheureusement, je ne crois pas avoir ce pouvoir...  Et lorsque je crois l'avoir, le constat de mes échecs est trop lourd à assumer.

Plus, ou moins que jamais, je ne sais pas vraiment ce que "je peux"... Je respire, voilà tout. Et j'attends de comprendre ce qui m'anime... ou je me laisse "animer" à défaut de pouvoir même le comprendre...

Journée étrange... entre ciel et terre, en suspend, en attente...

Je t'aime.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 17 mars 2017 à 23:19:23
Ela,

tu le dis si bien :
Aujourd'hui, je me sens ballotée entre les possibilités extrêmes, offertes par cette vie... La beauté qui subjugue, l'incommensurabilité de l'horreur, la douceur infinie des instants de grâce, la souffrance de l'angoisse extrême...
tendrement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 18 mars 2017 à 13:02:54
Oh oui, Ela...
Je respire, je marche,
Mon corps tient debout.
Il se rappelle à moi, et me fait peur, parfois.
Douleurs inconnues,
Dont il faudrait s'inquiéter, peut-être.
Mais je respire, je marche,
J'avance.
"Et j'attends de comprendre ce qui m'anime".
Tout en respectant la vie.
Cette vie qui m'a été laissée, quand elle fut volée à  mon aimé.

"Et j'attends de comprendre ce qui m'anime"...

Merci à toi, Ela.
Encore une fois,
Pour ces mots-miroirs...

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 23 mars 2017 à 20:32:42
Merci Ephémère, de passer par ici, de lire ces mots...

Pardonnez moi chers amis de ce forum, si bien souvent encore, je ressens davantage le besoin de vous partager mes peines et mes souffrances que les éclaircies et les lueurs qui se présentent à moi... Peut être parce qu'elles sont encore si fragiles... J'ose à peine en parler, de peur de les effrayer, de les voir s'envoler à peine évoquées... Elles existent pourtant. Je tiens pour elles, grâce à elles... Grâce à l'intuition dont elles sont porteuses que la vie est plus grande et mystérieuse que ce qu'il m'est donné de voir... et de ce fait, grâce à l'espoir que lui, mon amour, mon cœur, existe toujours quelque part, différemment, peut être, sans doutes... Grâce à l'intuition que j'ai des choses à apprendre de ma souffrance. De toutes mes souffrances, qui aussi terribles soient elles, viennent révéler les failles qu'il me reste à mettre au travail, à soigner... Toutes ces intuitions dont je m'autorise à parler ici...

Mais présentement, j'ai besoin d'exprimer ma souffrance... Depuis quelques jours... Je ne sais pas bien quand... mais j'ai recommencé à m'enliser, à m'enfoncer... J'ai tellement mal. J'ai tellement peur... Il me manque tellement. Tellement. Tellement.... Et lutter contre cette fatigue, cette angoisse lancinante, ce découragement... tous prêts à m'engloutir me demande une énergie folle. Et c'est si difficile de ne pas me laisser happer dans l'immonde cercle vicieux qui se tapit en moi... Car l'absence d'énergie, qui devrait être compensée par un regain de bienveillance et d'attention à l'égard de mes besoins, attise mon manque d'indulgence. Vis à vis de moi, et des autres. De moi surtout... Le pire, le plus difficile à supporter, une fois de plus, ce sont mes angoisses. Mes tocs irrationnels. Qui viennent s'attacher à lui, à son image, à nos souvenirs. Je ne peux plus me tourner vers nos souvenirs sans avoir peur de les salir, de les dénaturer par des pensées honteuses, avilissantes... C'est la nature même des tocs, d'agir ainsi. D'isoler celui qui les subit. D'assiéger son esprit. De le priver des pensées réconfortantes. De les transformer en angoisses supplémentaires...
Souvent, j'accepte. J'accepte d'être ainsi.  De devoir faire avec.  De devoir assumer cette fragilité supplémentaire dans l'épreuve. Je fais de mon mieux pour me souvenir que je suis plus que ça. Que ces angoisses, cette maladie soi disant chronique, et ce découragement qui m'assaille... Je fais de mon mieux pour me convaincre que "nous" sommes plus que de simples souvenirs. Que notre amour subsiste ailleurs que dans mon mental. Dans mes tripes, dans mon cœur et dans une part peut être présentement inaccessible, mais bien vivante de mon esprit. Je fais de mon mieux pour lutter avec la seule arme efficace contre cette maladie: l'affrontement. Se repasser encore et encore les pensées angoissantes jusqu'à les rendre banales, plutôt que de les repousser... Thérapie choc dont j'aurais tant aimé me passer dans un moment où j'ai déjà tant à affronter. Seulement parfois je n'en peux plus. Je ne vois pas l'issue. Je ne vois que les épreuves, les souffrances... et ma vulnérabilité extrême face à ce qu'il me faut traverser. J'aurais tant besoin qu'il soit là pour me prendre dans ses bras, serrer ma main dans la sienne... et l'entendre me dire  qu'il m'aime avec mes défaillances... L'entendre me dire que je n'ai pas le pouvoir de détruire ce qu'il reste de notre amour.  Qu'aucune pensée ne le peut. J'ai besoin qu'il me rassure. Besoin de sa confiance...
Le 14 avril prochain, cela fera un an qu'il est parti... Lorsque je repense à l'année écoulée... elle est comme recouverte d'un épais brouillard... Je sais qu'il y a eu dans ce brouillard des instants "hors du temps"... Des instants de beauté, la sensation de sa présence, des instants magiques... d'une richesse infinie. Je ne les oublie pas. Je ne baisse pas les bras... Je sais que probablement, vous comprendrez, vous accueillerez, ce dont je parle... Tout comme je sais qu'ici, sera compris mon besoin de lâcher du lest. De venir exprimer la souffrance. Encore, et encore. Cette impression, alors que cela fera juste 1 an, d'être sortie du temps tel que l'appréhendent la plupart des gens... Cette impression que chaque journée passée depuis son départ m'a fait vieillir de 1000 ans. Ce vertige écrasant qui m'envahit par moment, lorsque, consciente de ce nouveau rapport au temps, je pense à tous ces jours qui m'attendent. Toutes ces années sans lui... Tout ce silence, ce mystère... avec mon cœur et mon esprit si fragiles pour seules boussoles... Cette angoisse sourde qui parfois s'éloigne, puis qui revient se glisser dans mon lit, certains matins... Et qui m'accompagne, à chaque heure... Discrète au départ, lorsque la vague m'offre un peu de répit... jusqu'au moment où à nouveau, elle prend toute la place. Angoisse, peine oppressante...
Cet anniversaire inévitablement symbolique des "1 an" qui approche.... et qui sous la surface, en profondeur, me travaille, me laboure... Je le ressens, et je subis... Je me sens impuissante, démunie... Et je tâtonne... Je cherche un semblant d'équilibre entre la révolte et l'acceptation... "1 an" enfin... "1 an" déjà... "enfin" "déjà"... qui ne veulent rien dire. Il n'y a pas de mots... Je sais seulement que cette date approche. Je vois le chemin parcouru, mais celui qu'il me reste à parcourir est énorme. Un peu comme lorsqu'on gravit une montagne, par paliers... On finit une côte, et on en découvre une nouvelle.... Seulement, ce soir, j'appréhende. J'appréhende. Parce que je sais bien que pour moi, la route est encore longue. Mais pour tant d'autres, pour le "reste du monde", le plus gros est derrière moi. La vie "reprend son cours". La vie continue...
Pour moi,la vie n'a jamais cessé de continuer, mais ne pourra plus reprendre son cours. Le chemin qui s'ouvre à présent est tellement étroit. Il m'a rapproché de certains, peut-être, oui. Il m'a éloigné de beaucoup: assurément... Mais sur ce chemin, c'est toujours lui que je cherche... La sensation de sa présence, son image, sa voix... Dans les joies, comme dans les peines. Dans l'angoisse... et pas suffisamment encore: dans la confiance.
Vous écrire m'a fait du bien... Pour l'instant. Seul l'instant est à ma portée. Alors je finirai ce message par un "merci". Aux gens de ce forum. A ceux qui ont créé cet espace. Ce petit oasis. Qui permet des instants moins pénibles. Qui permet de se libérer un peu...
Je vous embrasse et je pense fort à vous toutes et tous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 23 mars 2017 à 22:19:43
merci à toi Ela,
Si nous écrire t'a fait du bien,
te lire m'en a fait aussi (je parle en mon nom, mais je suis certaine que je ne serai pas la seule à penser ça)

Ce que tu dis es si vrai
Mais pour tant d'autres, pour le "reste du monde", le plus gros est derrière moi. La vie "reprend son cours". ça les rassure, ils vient qu'on relève la tête, ils sont rassurés.

Il m'a rapproché de certains, peut-être, oui. Il m'a éloigné de beaucoup: assurément... oh que oui

et j'aurai pu citer d'autres passages!! Tu as raison de venir écrire cette douleur, l'écrire pour la fatiguer, l'écrire pour l'user, j'aime ce mot que j'ai souvent lu ici, et qui me semble si vrai : "user sa peine, user son chagrin, user son deuil "
le temps a érodé les roches, il érodera notre douleur

L'approche de cette fameuse date, les "1 an", date que je n'ose imaginer, tant certaines m'ont déjà faite tant souffrir!! Date que je ne connais pas encore, dont je ne peux rien dire, juste imaginer ce qu'elle peut engendrer, date(s) dont on se passerait bien. Alors j'ai une pensée pour toi en cette période difficile,
 je t'envoie un peu de douceur, de chaleur
tendrement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Régine le 24 mars 2017 à 05:22:58
Votre témoignage et votre douleur me touche beaucoup!
 
Je comprends tellement votre peine. C'est si récent et si cruel. En écrivant,  c'est comme ci , vous donnez de l'espace å l'intérieur de vous å tout ce qui vous fait souffrir et vous affrontez cela courageusement.

Allez vers les personnes de votre entourage qui vous font un peu de bien..quelqu'un m'a dit un jour << dans tout désert,  il y a toujours un oasis>>. On pense que c'est le désert complet et il arrive quelque chose qui nous interpelle un peu, qui nous accroché un peu
Douceur, douce douce douce..un pas å la fois!


Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 24 mars 2017 à 10:47:44
oui forum oasis dans le désert ... et il n'est pas un mirage !
une route si longue oui, le découragement à dire oui pour le supporter
la période si particulière de quelques mois avant et après les un an ...
partager oui
les éclaircies et la peur d'aller mieux  (http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/peur-d%27aller-mieux/) ...
les rechutes ...
les partager ici pour ne pas se sentir seule
je te serre fort
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 24 mars 2017 à 15:30:33
  Comme je te comprends Ela  :'( :) le passage des un an est une ètape importante, marquante. Je me souviens de cette date si particulière, le 2 mai 2016 (ce n'est pas si loin.. et même pas loin du tout,les deux ans inclus  :( :) ) : j'appréhendais ce passage obligé, je ne savais pas comment j'allais réagir. Au court de cette année, la souffrance presque insoutenable, implacable s'ètait peu à peu changée en douleur, puis en cette mélancolie qui s'est faite de plus en plus douce au il du temps, à part par intermittence. Quelles qu'aient été mes craintes, je savais désormais par expèrience que le fait que je pouvais maintenant sourire plus naturellement, savourer un petit moment agréable, èprouver de la joie-à èvoquer nos beaux souvenirs et aussi en d'autres occasions sans rapport-n'estompait nullement le souvenir de Pierre, ce n'était pas "tourner la page", "oublier" etc je pouvais tout simplement vivre son absence plus sereinement, comme je l'espérais. Je n'avais plus de craintes à ce niveau , mais je pensais que j'allais peut-être, à nouveau, souffrir énormément. En fait j'ai bien vécu cette journée spéciale, avec une douce mélancolie, j'ai honrer tout particulièrement sa mémoire, je l'ai d'ailleurs sentis plus proche  :-* :-* il y a eu un contrecoup peu après, je l'ai acceuilli, accepté, puis ça s'est de nouveau adouci.
  Il ne faut surtout pas culpabiliser lorsqu'il y a un mieux-être, c'est ce qu'ils auraient voulu, comme nous aussi l'aurions voulu pour eux le cas échéant  :)
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 19 avril 2017 à 15:51:41
depuis un peu avant le 14 je pense plus souvent ou plus fort à toi
tu sembles ne pas être passée ici depuis 3 semaines
comment te sens tu
reçois mes affectueuses pensées
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 19 avril 2017 à 22:56:15
Ela,
envie de te déposer quelques mots pour te partager un peu de chaleur, un peu de douceur
bien tendrement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: *Ephémère* le 27 avril 2017 à 13:17:28
Ela, voici qu'Avril s'achève jour après jour dans le gris et la fraicheur.
Le froid aussi certains matins de givre.
Avril, le mois des promesses.
Et le mois de la douleur pour certains d'entre nous.
Avril qui nous laisse parfois dans le silence des yeux humides.
Avril des anniversaires sans bougies.
Une pensée pour toi, Ela.
Avec l'envie d'avoir quelques nouvelles lorsque cela te sera possible.
Bien à toi.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 03 mai 2017 à 01:17:34
Comme il est doux... de vous lire... de découvrir, vos marques de tendresses, vos encouragements, vos mains tendues... C'est comme rentrer chez soi après une longue absence, et découvrir que la boîte aux lettres n'est pas vide, mais que de jolies lettres s'y sont glissées... Ou bien trouver des fleurs sur la table en entrant... Alors, une fois de plus, MERCI. Ça me touche, beaucoup...
J'ai besoin de repasser par ici, discrètement, ce soir, pour vous dire que par delà mon silence, j'ai souvent pensé à vous, ami(e)s de ce forum... L'écriture m'a déserté, depuis quelques temps... Ce besoin, qui jusque là se montrait si impérieux, s'est peu à peu tari... Ça me rend triste... mais comme tout ce qui est survenu depuis le départ de mon amour, je tente de l'accueillir... de "faire avec"... Il reviendra, ce besoin, je l'espère... car je sens que j'ai encore tant à dire, et à redire... Qu'au delà de la souffrance qui s'est accaparé mes mots, il y a aussi toutes ces choses, de lui, de nous... que j'ai tant besoin, tout au fond de moi, de ramener à la vie à travers l'écriture...
Pour l'instant, je me sens désertée, de cet élan... Il y a pourtant tant de choses, de ces dernières semaines, de cette période si particulière, que j'aimerais confier, déposer ici... mais c'est comme si toutes ces vagues qui m'ont tant secouée ces derniers mois s'étaient retirées d'un seul coup... m'avaient désertée... pour me laisser dans un état si étrange... une sorte d'hébétude... Une bulle au cœur de laquelle la perception du temps, celle du bien être et de la souffrance, m'atteignent de façon déformée, distendue et discontinue, étiolée...
Peut être que ces quelques mots constitueront l'amorce d'une nouvelle salve... qu'ils m'aideront à retrouver le fil sur lequel il me faut tirer pour parvenir à exprimer ce qui m'habite, ce qui m'anime... encore...
Mais ce soir, je suis simplement revenue vous dire que je ne vous oublie pas... Que je ne pourrai jamais, disparaitre de ce forum et oublier ce que j'y ai trouvé. Oublier vos présences, vos mains tendus, vos cœurs lacérés et aimants et vos histoires. Merci à vous.
Je vous souhaite, une infinité de douceur, de tendresse... dans l'espoir qu'au final, quelques bribes de mes intentions parviennent à destination et viennent réchauffer vos cœurs. Je vous embrasse. Prenez soin de vous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 03 mai 2017 à 10:36:25
oh Ela tes mots font écho, écrire ici m'est moins facile ces temps si, et je pense si souvent à vous tous,
la tristesse prend le dessus pour ma part et les envies, besoins se font moins présent, accueillir, et laisser faire

tendrement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 09 mai 2017 à 16:20:18
Le 14 avril, cela faisait un an... Un an. Et je ne peux exprimer avec des mots ce que ce "un an" signifie. Ce n'est pas quantifiable, mesurable... C'est à la fois "rien", et à la fois "énorme"... Un an qu'il n'est plus là... Non, ce n'est certainement pas "rien", c'est "énorme"... Le 14 avril, c'était "vendredi saint".... Et l'an dernier, tu es parti, à tout juste 33 ans, tandis que nous gravissions ensemble le Mont Faron... Je sais mon chéri, ton amour pour les symboles, les mystères... et pour les taquineries subtiles... Je t'imagine en train de rire, fier de cette énorme plaisanterie. Toi qui te montrait toujours si agacé, lorsque les gens te faisait remarquer ton petit "côté christique"... Tu es parti comme tu étais, dans un coup d'éclat, de théâtre... Dans un élan imprévisible... J'ai été en colère... Mon désarroi était énorme... Il l'est encore, parfois. Et puis parfois aussi, je ne peux m'empêcher de sourire... Comme lorsque j'ai découvert cette "coïncidence" du vendredi saint... De tes 33 ans... C'est comme si quelque part, tu étais parti dans un grand éclat de rire... Ça m'a fait repenser, à cette scène... lorsque nous marchions ensemble dans les rues de Toulon et que nous sommes tombés sur cette procession d'église... Des prêtres en rangs, chantant et fixant le sol d'un air morose... Et toi, avec ton espièglerie et ton impertinence, tu t'es mis à danser en faisant de grands moulinets avec tes bras et à hurler avec une joie provocante: "Alléluia mes frères!! Alléluia!" Mon grand fou. Comme je t'aime. Comme tu m'as agacé parfois. Et comme je t'aime.
Le 14 donc, je suis allée marcher à la Sainte Baume... J'ai réservé trois nuits au monastère... J'ai réussi à faire abstraction, des moments où le cadre d'église prenait le dessus sur le fond... mettant à nu l'orgueil des hommes qui pensent détenir la vérité. J'ai fait de belles rencontres... L'une d'elle, totalement improbable: le coup de cœur de S., dont elle me parle depuis si longtemps... Au milieu de cette foule, il a fallu que je tombe sur ce type, qui a ressenti le besoin de se confier à moi.... Tu n'imagineras jamais sa surprise, lorsque je lui ai demandé "tu ne connaitrais pas S. par hasard?", alors qu'il pensait se confier depuis plus d'une heure à une parfaite inconnue venue qui plus est de l'autre bout de la France... Enfin si, tu imagines sans doutes... Tu devais être là, près de nous, heureux de cette nouvelle plaisanterie, de ce nouveau tour de magie improbable... J'en ai parlé à S. bien sûr, par la suite. Et apparemment, cette rencontre providentielle a fortement ébranlé l'esprit cartésien de son ami... Tu as bien réussi ton coup. Bravo ;)!
Et puis, j'ai parlé à cette dame, d'une douceur incroyable... qui a fini par me confier que son mari était parti lui aussi, il y a trois ans... De belles rencontres, donc.
Le jour J, je me suis levée aux aurores pour arpenter cette forêt que tu aimais tant, que tu arpentes encore.... Du moins, mon cœur en est-il convaincu.... Et je t'ai senti. Partout. Partout. Tu me disais toujours à quel point tu trouvais cette forêt magique. Tu tentais toujours de me décrire ce qui se produisait en toi, au contact de cette nature si ancienne, si préservée... Cette vague de joie, de confiance qui s'emparait de toi. J'avais du mal à comprendre... Je tentais d'analyser, d'intégrer ce lien privilégié à la nature dont tu ne cessais de me parler, mais je ne le comprenais pas. Pas vraiment... Et je peux bien te le dire maintenant, souvent, j'étais à la fois curieuse, fascinée, mais aussi frustrée. Jalouse même.... De ne pouvoir te suivre totalement là où ta sensibilité exacerbée te portait...
Et bien le 14, je me suis sentie plus proche de toi que jamais, parce que j'ai compris je crois. J'ai compris vraiment.... Sous ces arbres, au cours de cette journée, j'ai senti toute appréhension me quitter, et je me suis sentie guidée... Et submergée, littéralement submergée par tant d'amour et de beauté.... Je me suis surprise à pleurer à grandes eaux, puis à rire comme une démente en criant "merci" au milieu de ces arbres... Nous n'étions que tous les deux, et cette nature... et peut être y avait il, un peu plus loin, hors de ma vue, quelque promeneur étonné, quelque observateur décontenancé par ces élans de folie... et bien je m'en fous. Tant mieux, tant pis... Je sais que toi, tu aurais regardé amoureusement cette percée victorieuse de la déraison à travers ce carcan raisonnable, moralisateur qui m'empêche de respirer.
Mon amour, cette joie que j'ai ressenti... je la note ici pour ne jamais l'oublier.... Car c'est étrange comme des sensations aussi fortes deviennent insaisissables, fugaces... lorsqu'on tente de les enfermer dans notre mental... Comme il est facile, de dénaturer un ressenti aussi authentique par des analyses empruntes de doute, d'anxiété et d'incrédulité...
Ce jour là, j'ai ressenti de la joie, une joie énorme. Et cette joie était la tienne. C'est cette sensation que j'ai eu, dans cette forêt où nous avons dispersé tes cendres... C'est cette sensation qui s'est imposé à moi, et il me faut admettre que cette sensation restera sensation... Qu'aucune preuve rationnelle ne pourra la rendre plus vraie, plus réelle que ce qu'elle a été en cet instant.
Et puis la veille de Pâques, après avoir regardé une derrière fois toutes ces magnifiques fleurs qui poussent désormais près de ton arbre, dans cette clairière où nous allions ensemble... j'ai pris le chemin du retour... Je suis arrivée en Alsace le samedi soir.
Le jour de Pâques, j'ai ressenti le besoin de me lever aux aurores, une fois encore, pour me joindre à ce rituel auquel je n'ai plus participé depuis des années... La vigile pascale... Un peu avant 6h, nous nous sommes assis dans l'église, pour chanter tout doucement, en attendant la lumière du jour... Puis nous nous sommes retrouvés autour d'un feu de camp, sur le parvis... Tu aurais aimé ça, je pense... Je ne crois plus à l'église en tant qu'institution depuis longtemps... mais ce jour là.... j'ai ressenti à nouveau, la chaleur discrète de la communauté se raviver en moi. Cette chaleur qui nait de l'amour et de la solidarité, qui peut jaillir n'importe où, n'importe quand, indépendamment des dogmes et des cultures qui tentent de la dominer... Je t'ai senti avec moi, là encore.... A ta place. Dans cette atmosphère aussi puissante qu'éphémère de réconciliation, d'accueil, d'acceptation...
Et puis nous avons pris le petit déjeuner, ensemble, et je me suis retrouvée face à ce Monsieur. Ce Monsieur d'un certain âge... Avec ses yeux bleus profonds. Comme les tiens... Et pendant un temps que je ne saurais déterminer, nous avons eu un échange sincère, authentique....  Comme si une bulle s'était formée autour de nous. Comme si l'information passait entre nous au delà des mots, sans entraves... Cette impression d'un voile qui l'espace d'un instant, s'est levé, déchiré... Comme lorsque tu m'avais emmené, l'été de notre rencontre, dans les Pyrénées, à la rencontre de tes amis... Des chercheurs de vérité, comme toi... Je me souviendrais toute ma vie de cet été... De ce cadeau que tu m'as fait, de ré-ouvrir une porte en moi... entre moi et les autres, entre moi et le monde.... Toutes les fois que je vis un moment de cette intensité, un moment de rencontre véritable... Tu es là. Plus que jamais. C'est à toi que je le dois. J'ai tant appris de toi. Aujourd'hui encore, j'apprends tant de toi.

Merci mon amour, mon ange. Je t'aime. Tu danses dans mon cœur.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 09 mai 2017 à 21:22:52
tu as bien fait Ela d'écrire ces moments "magiques" et tu pourras les cultiver à ta manière
je t'en souhaite plein d'autres et te serre fort  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 11 mai 2017 à 00:49:19
Merci Qiguan... Pour cette attention, cette présence bienveillante, discrète. Je pense souvent à toi... à Jean, à ta Maman.  J'ai disparu pendant un temps du forum.... je ne sais pas bien pourquoi, comment...  Moi qui pendant un temps que je n'arrive pas à déterminer trouvais dans ces pages la seule bouée à laquelle raccrocher ma vie et mes journées...Je crois que je tente tant bien que mal de suivre ce qui en moi demeure vivant... Comme un pilote automatique qui m'indique les directions à prendre, mais dont j'ignore le plan de route...
Oui, je suis heureuse d'avoir trouvé les mots pour graver ces instants magiques... Car ils sont comme des lueurs fugaces... Des lueurs fugaces qui me laissent croire que notre amour n'est pas condamné à devenir une histoire triste... Elle l'est déjà bien assez... j'ai besoin de noter ces lueurs pour injecter des couleurs dans ce tableau en noir et blanc... Pour moi, pour nous, pour lui qui aimait tellement les couleurs. Qui s'habillait toujours de couleurs vives, d'accessoires multicolores... pour éclabousser encore plus les autres de vie, de vie et encore de vie...
Au fond de moi, c'est bien plus compliqué... Bien sur... Ça l'est toujours. Je porte à l'intérieur, comme chacun de nous, une palette complète de jaune, rouge, vert, bleu... mais aussi un incroyable nuancier de gris... Et tenter de faire ressortir chaque jour le meilleur de moi, de maintenir, de ramener de la couleur dans ma vie est un tel effort. Un tel effort pour ramener du sens dans l'absurdité... Un peu d'ordre dans le chaos.
Et puis, j'ai peur de le sentir s'éloigner. De le laisser s'éloigner... De me laisser cicatriser de l'obsession de son départ...  J'ai peur de ça... Si peur.... Peur de pleurer moins, peur de devenir froide... robotique.... De ne plus trouver quoi faire de tout cet amour, peur qu'il s'épuise à force de monologues sans réponses... de silence... Peur d'être à cours de combustible... De ne plus réussir à raviver la flamme qui me maintient, non pas en vie, mais vivante. Vibrante...
Où aller désormais? Que faire désormais? Comment accepter, ce silence qui s'installe de plus en plus? Cette mer de quiétude qui après un an, finit par dérober totalement les décombres à la vue du reste du monde?
A toutes ces questions, je n'ai pas de réponses... Le chemin est encore bien long... Alors, avant d'aller tenter de rejoindre les bras de mon aimé (Morphée peut bien aller se faire voir), j'envoie toute mon affection à celles et ceux qui passeraient par là. Et une pensée particulière ce soir aux "anciens" "anciennes" de ce forum... A celles et ceux qui se voient contraints d'accepter qu'avec le temps qui passe, le monde recouvre peu à peu leur perte d'un voile de silence.... Comme si c'était réglé.... Comme si c'était possible...
Je ne vous oublie pas, et j'aimerais tant que jamais ma souffrance ne soit oubliée et à travers elle: lui, lui, lui... Hanaël... mon amour...
Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 11 mai 2017 à 10:23:41
chère Ela
j'ajoute en tant qu'ancienne que oui on peut (avec chacun sa manière) mettre de la couleur dans ce tableau
mais d'abord le noir blanc se nuance
du pastel vient comme une aquarelle (faite avec nos larmes
puis ça avance malgré nous
quant au silence il se garni aussi ...
la peur d'aller mieux ...
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/peur-d%27aller-mieux/
un tel programme paradoxal
tant de choses à gérer : nos changements voire transformations radicales, nos questionnements anxieux/avenir faire face à cet être nouveau qu'on devient mais qui change encore et encore, jamais de certitude, ...
affectueusement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 23 mai 2017 à 15:26:05
Je passe par là... Je me sens perdue... Je me sens tellement perdue, depuis quelques temps... La souffrance a tellement de visages... Elle est métamorphe... Quand on croit l'avoir cernée, elle emprunte une forme nouvelle pour nous apprendre qu'il est vain de chercher à la contrôler... Il faut la laisser passer. Oui. Je sais. C'est tout... Parfois j'y arrive. En ce moment: j'ai du mal. Je me sens nue et misérable.
Mes yeux sont souvent humides, mais je les sens secs. J'ai parfois envie de me les arracher... J'aimerais arracher tant de choses en moi qui me dérangent, comme on le fait avec les herbes du jardin... Mais le jardin est bon professeur: il me montre chaque jour que ça ne sert à rien. Que ce qu'on arrache finit toujours par repousser.
Accueillir, accepter... oui, oui, bien sûr.... Si c'est vers là que je dois marcher, mes pieds m'y porteront tôt ou tard. Mais présentement: j'ai tellement de mal à m'accepter sans lui. Avec lui, je n'y arrivais pas bien non plus... Il y a cette intransigeance, cet arbitre impitoyable qui vit dans mon crâne et ne me laisse pas beaucoup de répit... Mais avec lui, je me sentais soutenue... Je pensais avoir amorcé un vrai travail, de guérison, d'acceptation... Avec lui j'avançais. Nous avancions.
Là, je stagne... Je m'enlise... ou du moins, j'ai la sensation de stagner, de m'enliser.... Est ce vraiment le cas? N'est ce qu'une impression? Comment savoir?
Pendant des mois, je l'ai cherché. Je ressentais comme un bouillonnement au creux de ma souffrance... Une envie de chercher, de comprendre... nourrie par l'illusion que j'allais obtenir une sorte de réponse ultime... Connaitre un dénouement, un événement par lequel je me sentirais libérée... J'attendais la "chute" de l'épreuve en quelques sortes... Mais cette chute ne vient pas... Il n'y a que cette lente érosion. Cette lutte de fond. Ce marathon....
Tout ça n'est que sensations... et au fond, je sais que comme tout le reste, elles passeront... Comme tout le reste, elles passeront... mais moi je cherche à retrouver un petit quelque chose "qui reste" . Un petit quelque chose "qui reste" auquel m'amarrer, me rattacher pour avancer à travers toutes ces années sans lui qui s'annoncent...
Ce qui reste, c'est sans doute l'amour... Ce qu'on appelle "amour"... Mais de l'autre côté: la souffrance, le mal-être... Une source blanche et une source noire.... Et je n'en peux plus, d'être balancée, écartelée entre les deux. J'ai beau être immobile, apathique la plupart du temps, je me sens en permanence écrasée, sous pression, tendue entre deux pôles... Et c'est tellement fatigant...
Désolée pour ce message, pas très reluisant... Compte rendu d'un instant T, d'un ressenti... Tentative d'immobiliser des sensations toujours fluctuantes...
A défaut de pouvoir faire le ménage dans ma tête, je vais tenter de mettre un peu d'ordre dans mon potager... Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 23 mai 2017 à 22:04:18
Ela c'est toujours aidant de poser des mots sur des maux
Ce que tu décris se vit à plusieurs reprise, avec des intensités différentes ensuite si j'ai bien compris notre capacité de résilience se met en route ... mais il faut TRÈS longtemps  pour beaucoup ... on en fait partie car plus sensibles plus ceci ou cela ...
bien affectueusement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 23 mai 2017 à 23:54:31
Ela,
encore une fois pour ton partage
ce soir les mots ne veulent pas venir, alors
une petite marque d'affection
tendrement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 24 mai 2017 à 00:42:50
Merci Qiguan, Mononoké... du fond du cœur. Je n'arrive plus à montrer à mes parents que je ne vais pas bien... J'ai peur de les inquiéter... et que leur inquiétude me revienne en pleine figure comme un boomerang. Alors pouvoir venir ici et être lue... ça ne règle rien mais ça me permet de survivre...
Je suis morte de peur depuis quelques jours... Parce que j'ai l'impression de régresser. D'être rattrapée par trop de choses... J'ai la sensation que j'arrivais à prendre davantage de distance vis à vis de mes pensées, de mes ruminations il y a quelques mois encore... Et je ne sais pas bien quand ça a basculé, mais depuis peu, j'ai l'impression de m'enliser. D'être rattrapée.
J'ai beau me rendre compte du caractère irrationnel de certaines de mes pensées, je n'arrive pas à m'en défaire. Je suis rattrapée par mes tocs d'agressivité. J'ai l'impression d'être mauvaise, perverse... Je m'accable sans arrêt, sans aucun motif apparent. J'ai une boule d'angoisse et de culpabilité au ventre et l'impression que quelque chose en moi est en train de dévorer mon humanité... Je fais des rêves angoissants. Même le sommeil ne m'offre pas de répit...
J'ai la sensation que mon chéri est à des années lumières... Mais je crois que c'est moi qui repousse son image et nos souvenirs... Parce que je me sens indigne de lui. Nocive... J'ai honte et je ne veux pas qu'il me voit ainsi. Je me sens abandonnée, jugée... Même si je sais que ces perceptions sont erronées... déformées... Que mon cerveau invente des menaces supplémentaires, là où il n'y a pas lieu d'en avoir...
Car une part de moi est consciente que toute cette culpabilité n'a pas lieu d'être... mais cette boule dans mon ventre... C'est plus fort que moi...
La psy m'a dit que le toc est une maladie chronique. Avec des causes chimiques, physiologiques... Déficit de sérotonine et tout le tintouin... Et cette décharge disproportionnée d'angoisses et de culpabilité: je sais bien que c'est le toc... Le plus fou, c'est qu'à chaque fois, je me dis que lorsque ça se représentera, je ne me ferai plus avoir, mais à chaque fois, cette saloperie arrive à me faire douter de moi. A me faire croire que j'ai de vraies raisons de me trouver misérable et de culpabiliser...
La méditation et la contemplation de la nature m'ont beaucoup aidé à démêler le vrai du faux ces derniers mois... J'étais même fière de parvenir à gérer mon anxiété. Mais là, c'est comme si cet équilibre était hors de portée... Je n'arrive plus à me relier à cette part de moi où toutes ces angoisses semblaient se vider de leur force. J'enrage de devoir encaisser cette nouvelle salve. J'ai l'impression de faire de mon mieux. Tous les jours. Je fais tout mon possible pour tenir bon. Alors pourquoi? Merde! Pourquoi?!
Demain, je retourne voir ma psy... Après tous ces efforts pour ne pas sombrer, je refuse de m'enliser dans cette impasse... Bordel! Comme si souffrir du manque n'était pas déjà suffisant.
Et je suis tellement désolée de déposer ces paroles dégoulinantes d'angoisses ici. Je ne veux pas faire peur à qui que ce soit... Ça va bientôt faire 14 mois qu'il est parti.... Je sais bien que j'ai déjà parcouru du chemin... C'est juste que présentement, j'ai l'impression de faire un prodigieux retour en arrière. Voir pire: de rechuter dans une zone cauchemardesque du passé que je pensais réussir à contourner.
Est ce que d'autres ont ressenti cette sensation de régression, d'effondrement au courant de la deuxième année de deuil? (indépendamment de mes problèmes de tocs).
Je sais bien que chacun avance à son rythme, c'est juste que, pour être honnête: en ce moment: j'ai peur. Je ressens plus que jamais à quel point mon identité s'est comme effondrée... Je me sens étrangère à moi-même... Ces derniers mois, par delà la souffrance: je me sentais habitée par l'envie de lire: sur la mort, sur le deuil, sur les peurs, sur la vie... sur pleins de choses. Habitée par l'envie d'être au contact de la nature... Habitée par l'envie de méditer. De penser à lui. Par l'envie d'écrire... Des envies simples, mais des envies tout de même. En ce moment, je me sens vide. Je n'ai plus d'envies. Seulement des automatismes, qui parviennent plus ou moins à faire illusion.
Tout le monde pense que petit à petit je vais mieux... mais au fond de moi, j'ai la sensation que c'est l'inverse qui se produit...
Je ne veux pas mourir... Enfin, ce que je veux dire: c'est que je n'envisage pas d'en finir. En sachant ce que perdre un proche implique: je ne pourrais pas faire ça, à mes parents, ma sœur, mes proches . Mais en même temps, je dois bien admettre que par moment: j'ai vraiment du mal à renouer avec ce qui en moi: a encore en-vie. Envie de vivre...
Et c'est dur pour moi d'admettre que j'en suis là. Si loin de ce que j'ai été, si loin de celle qu'il a aimée...

Je suis tellement désolée mon chéri...

Et voila que je pleure...  Un peu de pression en moins avant d'aller dormir...
Je vous embrasse. Prenez soin de vous. Il y aura un lendemain...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 24 mai 2017 à 00:58:20
ce soir je te lis Ela,
et tu vois je pleure avec toi,
et te lire n'est nullement effrayant, j'ai bien compris qu'un deuil, c'était à vie alors, des retours en arrière, des effondrements, des plus-goût à rien, des ... oui je sais qu'il y en aura encore et encore
mais des moments de douceurs aussi,
alors savourons les uns pour pouvoir subir les autres
subissons-les, ils nous maltraitent, allez -y gaiement, mais partez, la porte est grande ouverte, allez pfff, faisons un courant d'air, peut-être ça les fera fuir
prends bien soin de toi Ela
 :-*  :'( :-* :'( :-* :'( :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 24 mai 2017 à 06:41:57

    Chère Ela,

    Tu es forte jusque dans tes effondrements, parce que tu les identifies, tu sais à quel moment ils deviennent "maladifs", et c'est là que tu rebondis vers l'équilibre. Cette lucidité te permet d'être coopérative dans les soins, l'ouverture d'esprit est indispensable pour gérer ton énergie psychique qui a tendance à s'emballer.
    Le deuil ne nous rapproche pas de la "normalité", cha chè chûr ...
    Mais "normal", c'est quoi, et ça produit quoi !
    Les créatifs ont tous "un grain", et tu es loin de le réduire à un puits d'angoisse, tu es généreuse, attentive aux autres ... une super-personnalité.
    Tu as tout mon soutien, Titine.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 24 mai 2017 à 09:59:20
Oh, Mononoké, Martine. Merci <3. Et voilà, je chouine de nouveau... Ce matin il fait un peu plus doux... alors je vais tâcher d'employer mon énergie à cultiver mon "grain"... En douceur si possible...
Et merde, là tout de suite, je vous ferez bien une super accolade. Un élan du cœur qui parle. Mais il n'y a que cet écran et sa tête au carré qui me regardent bêtement... Alors je vous fais un "câlin éthéré", puisqu'il parait que la vie a choisi de faire de nous des super-spécialistes de l'éther. Pour le diplôme, c'est pas gagné...
Je vous embrasse. Avec toute mon affection.

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 25 mai 2017 à 11:48:54
Je rejoins l'analyse de Soucis quant à l'aide de ta lucidité.
Je l'ai déjà dit ici j'ai vécu une énorme régression à 9 mois puis à 14- 15 mois ...
Où chaque jour c'était pire.
Puis sans rien de plus ça c'est transformé doucement.
Je suppose que des médicaments pour réguler ta physiologie peuvent t'aider
Accepter cette chimie nécessaire est sans doute un travail mais voir qu'elle est aussi un cadeau possible de notre époque moderne un pas.
Continue à écrire c'est essentiel et fondamental
Accolade virtuelle, pensée oui
Affectueusement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 25 juillet 2017 à 14:45:35
Hanaël...
L'errance m'amène ici, une fois de plus... devant la page blanche. Une page que j'aimerais remplir de toi: de ton sourire, de ta voix, de ta chaleur, de ta lumière... sans savoir comment y parvenir... Ou plutôt, sachant déjà que cette tentative de te recréer au travers de mes mots est vouée à l'échec... J'ai tant envie de te parler... de te dire.... de me dire.... mais sans paroles. Sans efforts. Parce que l'effort est devenu mon quotidien et que j'aimerais tant ne pas devoir en fournir d'avantage pour me sentir plus proche de toi... Ce dont j'ai besoin, c'est de réconfort. De ton réconfort. De ta main dans la mienne, de ma tête sur ton épaule, d'un regard de toi par lequel je me sentirais comprise, sans avoir besoin de formuler quoi que ce soit...
Je t'aime tellement fort. L'idée que l'amour n'est en vérité qu'un besoin de l'autre me serre le cœur. Je me sens désolée, de n'être pas encore suffisamment sage pour t'aimer sans être dans l'attente... d'un signe, d'une preuve de ton amour, de ta présence... Mais c'est ainsi. Ton départ a révélé tout ce qui en moi demeure chaos, écueil, fragilité... et petit à petit, j'apprends à l'accepter... cadeau de ce deuil que je porterai en moi toute ma vie, que je reçois tel qu'il est, avec son emballage aux mille couleurs, parmi lesquelles, tristesse et amertume.
Mais je vois d'autres couleurs aussi... L'infinie et douce gratitude d'avoir croisé ton chemin, qui s'ancre en moi, jour après jour... Mon désir profond de te savoir libre, au delà des étiquettes imparfaites dont nous parons ce mot de "liberté", tellement inaccessible. Libre de nos angoisses, des tiennes comme des miennes... De nos peurs d'abandon, d'engagement... De nos peurs de perdre, de nos peurs de solitude. Je te veux "libre". Je nous veux libres, avec l'intuition profonde que l'amour qui nous lie est plus profond encore que ce besoin d'attachement et son cortège de souffrances.
Pourtant, je ne regrette pas de souffrir... Car cette rencontre, entre nos deux êtres imparfaits, pétris de fragilités et de questions sans réponses, est la plus belle chose qui me soit arrivée... Je t'aime imparfaitement, dans l'espoir d'être en mesure de t'aimer tout court, un jour... Je t'aime infini-vrai.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 25 juillet 2017 à 20:00:34

 Bonsoir, chère Ela ...
 En guise de mini-réconfort,
 mon petit copain Caramel ?
 (https://www.aht.li/3098970/DSCN1662.JPG)
 Mes mots sont partis en vacances ...
 Ils étaient si fatigués ...
 Amicalement et solidairement, Titine.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 28 juillet 2017 à 01:33:37
Merci Martine. Il est magnifique ton copain Caramel. Ton soutien et sa jolie frimousse me touchent beaucoup... Merci... oui... pour ce réconfort que tu me témoignes, même lorsque les mots se font la malle... C'est un problème que je connais bien... Mes mots à moi s'en vont complètement certains jours, puis reviennent envahir mon esprit comme un essaim d'abeilles, me plongeant dans la confusion.
Reviens quand tu veux. Toi et Caramel êtes toujours les bienvenus. Comme chacun(e) ici.... L'occasion pour moi de vous dire et vous redire merci à tous... amis vagabonds qui errez comme moi sur ce forum. Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 28 juillet 2017 à 13:33:38

   Oui, c'est étrange, moi qui suis toujours si bavarde,
   je me tais beaucoup ces temps-ci ...
   vacance d'idées ... phase paresseuse du cerveau ...
   je suis un peu "au pied du mur", à vrai dire, face à certaines choses du concret, que je n'avais plus le courage de faire depuis la mort de Kalahan ...
   Je reprends un peu la main de ce côté-là, je travaille physiquement, ce n'est bien sûr pas "essentiel" mais je ne veux pas tout laisser aller et puis j'ai comme une sorte de niaque à faire évoluer le décor, pour que tout ne reste pas sous mes yeux à me rappeler "avant".
   Je voudrais faire comme si Kalahan pouvait venir à tout moment me rendre visite, et penser "elle est bien punchy, ma tata".
   
   Et puis à la rentrée, je verrai, si les mots ont des choses à raconter ...
   En attendant, chère Ela, ainsi qu'aux  lecteurs de ces mots, silencieux ou non, clin d’œil de reconnaissance, encouragements et amitié ... M.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 28 juillet 2017 à 20:50:58
à cette heure je vois que 100 invité(e)s nous lisent
mais les habitué(e)s sont en vacances de mots même s'ils passent lire...
affection à toutes et tous
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: rivage le 28 juillet 2017 à 23:13:24
Juste un petit mot ce soir avant d’aller essayer de dormir
Mes nuits sont si courtes. Pour vous dire que cet après midi
J’ai jamais autant ri en lisant le fil ( spiritualité athée )
vous êtes formidables ,que de talent cachés vous avez,
Je me croyais au festival d’ Avignon lorsqu’on allait voir
des pièces de théatre avec mon épouse, elle me choisissait
des troupes qu’elle connaissait pour avoir de l’ humour et
parfois je riais aux larmes, les larmes maintenant sont pas
les mêmes, je ris et je pleure, vous m’avez fait passer un
bon moment, j’aurai pas cru sur ce forum, c’était tout à
fait inattendu. Je dois vous avouer une chose c’est que mes
trois enfants ont eu un baptême républicain, on est âme sœur
avec mon amour, pas besoin de communion, on se comprenait
d’un regard.

Bonne nuit à tous et amitié

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 11 août 2017 à 20:25:31
Mon amour, mon ange.... Je t'écris moins. Je te parle moins. Je me parle moins à moi-même.... Je "pensouille" beaucoup, mais quelque chose de l'ordre de l'ardeur, du feu du temps où nous étions ensemble puis du temps où la brulure de ton absence me dévorait s'est atténué... Reste une atmosphère trouble, un écran de fumée... du brouillard... Une attente indéterminée... Un paysage plat et grisonnant... Un peu comme ceux dont parle Brel dans son "Plat pays"... la vie qu'il me reste en somme....
Je suis tombée sur cette phrase aujourd'hui, d'un poète, philosophe du nom de Gustave Thibon,  qui résume assez bien ce qui continue de me porter, de me faire avancer dans cette plaine sans repères... "La foi consiste à ne jamais renier dans les ténèbres ce qu'on a entrevu dans la lumière".... 
Alors chaque jour, j'essaye de ne pas laisser mon esprit embrumé oublier ta lumière... Ce feu qui brulait en toi, entre nous... Ne pas oublier non plus, la lumière inhérente au monde, que nous contemplions cote à cote... Ne pas oublier, la lumière des signes que j'ai cru recevoir lorsque tu es parti. Ne pas oublier qu'il y a un réalité plus vaste que cette étendue morose que je perçois aujourd'hui.
Je t'aime, infinivrai.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 11 août 2017 à 22:28:30

    Hé, bonsoir Pensouille, c'est Glandouille !

    Que des carabistouilles dans ma citrouille,
    mais j'aime bien ta prosouille et ta cogitouille !
    Bisouilles, M.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 14 août 2017 à 19:27:49
Mon Pouêt pouêt... 16 mois aujourd'hui que tu es parti. Dehors, le soleil est revenu . Je me sens relativement bien... En cet instant, je te sens étrangement proche et la panique de te voir t'éloigner à nouveau se fait moins pressente... Peut être parce que je sais désormais qu'inévitablement, je traverserai à nouveau ces instants douloureux où tu me sembleras inaccessible... Il y en a eu tellement. Mais je sais aussi, sans savoir pourquoi ni comment, que certains jours, tu seras à nouveau là, naturellement présent au creux de chaque instant.
Aujourd'hui, c'est comme si je retrouvais des sensations de notre vie à deux, de notre quotidien... J'ai souvent du mal avec nos souvenirs... Ils sont comme enfermés dans un coffre dont j'aurais perdu la clé... Ceux qui me reviennent le plus facilement, le plus fréquemment, sont ceux chargés d'une grande force émotionnelle: nos plus beaux partages, nos plus grosses engueulades aussi... les instants significatifs... Aujourd'hui, c'est différent... Je ressens ta présence, je suis imprégnée de ton souvenir, comme si nous étions encore ensemble dans notre petit chez nous, lors d'une journée ordinaire, vaquant chacun à nos occupations, partageant simplement quelques mots, ou des silences... Un baiser, un sourire...
Je ne savais pas quoi faire aujourd'hui. Je ne veux pas me forcer à faire quelque chose de spécial chaque "14" du mois. Que ces dates deviennent une pression supplémentaire sur mes épaules... et en même temps, je ne parviens pas non plus à vivre ces anniversaires comme des jours ordinaires... Au moins, aujourd'hui suis-je parvenu à ne pas paniquer, à ne pas me forcer à quoi que ce soit...
Spontanément, j'ai fabriqué des panneaux "incroyables comestibles", "nourriture à partager" pour cette jardinière pleine d'aromates que j'ai mise à disposition du voisinage. Et je me suis souvenue de cet optimisme dans l'action que nous partagions tous les deux. Ou plutôt que tu savais raviver chez moi. Je te vois, chantant des chansons avec ta guitare dans la rue, distribuer nos récoltes du jardin partagé aux gens dans le tram... Leurs sourires et leurs regards déconcertés!! ^^
J'aimerais trouver la force de ne pas me laisser durablement contaminer par l'idée que culpabiliser d'être encore en vie est une façon de te rester loyale... Pour l'instant, elle est encore bien présente, cette culpabilité. C'est comme ça.... En fait, oui, c'est une façon de te rester loyale... De te prouver, de me prouver que tu es et resteras au centre de ma vie jusqu'à la fin. Mais ce n'est pas la seule façon. Il y en a d'autres... Et l'admettre me demande du courage.
Admettre que tu aimerais probablement mieux me voir continuer dans le chemin que nous empruntions ensemble, plutôt que de me voir verser dans la misanthropie. Admettre que la source à laquelle nous puisions notre force toi et moi, n'était pas uniquement présente dans l'autre. Admettre qu'il y a encore des possibilités de connaitre la joie, même si tu n'es plus physiquement à mes côtés... Ça demande du courage, parce que plus on remonte, plus on prend le risque de retomber de haut... Ça me demande, tout en acceptant qu'elle soit présente, de ne pas laisser les commandes de ma vie à cette culpabilité qui cherche à obscurcir chaque petite victoire.
Mon amour, tu m'inspires tellement... Je te charriais sans cesse. Je t'engueulais, lorsque mes angoisses prenaient le dessus et que malgré tout, tu tentais de m'aider à voir le verre à moitié-plein. J'étais exaspérée parfois... Je te disais "laisse moi trouver cette vie dégueulasse..." Ou alors je haussais les sourcils et je disais d'un air moqueur "et voila qu'il rapplique à nouveau sur son blanc destrier, le chevalier du positivisme." Et toi tu gardais toujours ce courage et cet aplomb de me répondre: "d'accord, mais toi, laisse moi continuer à dire que la vie est belle." Je me rends compte aujourd'hui de ton courage, de rester fidèle à toi-même, à cette joie en toi suffisamment profonde pour ne pas se laisser altérée par le fatalisme ambiant...
Je pense souvent à ce proverbe qui dit que "lorsqu'une personne exprime sa détresse, elle n'a pas besoin de gens pour se lamenter avec elle, mais de quelqu'un qui assume de parler plus fort que son malheur". Je ne suis pas toujours d'accord bien sur... Se lamenter ensemble, ça fait du bien parfois... Mais parfois aussi, je n'ose pas sortir de cette configuration. Je n'ai pas ou plus le courage de l'optimisme. Et dans ces moments là, je me rends compte, avec une lucidité toujours accrue, de cette force qui était la tienne....
Mon chéri, comme tu me manques... Et comme tu m'inspires. Tu me guides, tu m'apprends, tu illumines ma route.... même dans ton absence...  Continue à me faire enrager en refusant de te lamenter avec moi. Rappelle toi sans cesse à mon esprit, avec ce sourire lumineux et confiant qui était le tien. Je te suis infiniment reconnaissante. Quelle chance j'ai d'avoir croisé ton chemin mon "RMIste fou" ^^...
Et maintenant, je vais sortir dans le jardin, planter quelques fleurs jaunes pour toi. Mon soleil. Je t'aime.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 14 août 2017 à 23:24:57
Ces Soleils d'amour ne se transformeront pas en trou noir si nous veillons à faire vivre leur "fil rouge"
Mais que c'est dur puis la force intrinsèque vient et ce malgré nous parfois nous nourrir comme un arbre foudroyé d'où ressort au pied l'énergie nourrie de la terre pour faire grandir des repousses ...
Affectueusement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 09 septembre 2017 à 00:42:17
Mon amour... j'ai peur... Peur lorsque je m'aperçois que je ne me retrouve plus aussi souvent face à cette page blanche, mue par ce besoin déchirant de t'écrire... Peur de ce foutu temps qui passe. Peur de la part de moi qui continue à vivre. Qui s'autorise à sourire, parfois. Peur de ces yeux qui pleurent moins. Peur, non pas de la faille inguérissable, mais de ce qui chaque jour, la rend moins béante...
Tout au fond, je reste démunie, nue, brisée par ton absence... et cette part de moi regarde l'autre... cet autre moi qui tente de se relever, qui s'agite, qui s'affaire... Qui s'impatiente même. Et j'ai peur de ne plus me reconnaitre. Comment accepter, d'être ces deux personnes à la fois? J'aurais tant aimé, ne jamais avoir à me poser cette question. Figer le temps pour le ramener, sans cesse, à toi, à nous.
Mais le temps ne me laisse pas de répit, il m'entraine.... Loin de ta peau, de ton sourire, de ta voix.
Alors oui, tu es bien là, entre les lignes... mais comment pourrais je un jour me pardonner si j'en venais à accepter cette présence en filigrane?
Comment ne pas avoir la sensation de te trahir, lorsque je rêve, de bras qui m'enlacent, de regards aimants, de chaleur et de tendresse... Je voudrais me consumer. Me réveiller hors de ce corps et de ses désirs, et te rejoindre.... me mêler à toi au cœur de l'éther. Retrouver cette sensation d'être enfin à ma place, d'être chez moi. Cette sensation n'existe plus. Ce qu'il m'en reste, c'est le vague souvenir que conserve l'aveugle, d'un passé qui lui offrait de voir.
Et pourtant, si ces yeux là se sont fermés à jamais en même temps que les tiens, d'autres se sont ouverts et contemplent avec une lucidité nouvelle, des merveilles jusque là inconnues... Mais je ne sais que faire de ces merveilles, de ces mystères, de ces intuitions. Je ne peux les contempler que dans l'espoir fou de pouvoir à nouveau, un jour, les partager avec toi.
Et ce pari me coûte, chaque jour. Car il restera un pari, un acte de foi, jusqu'à la fin. Je le sais bien. Et ma foi a tant soif de certitudes...
Je t'aime Hanaël.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Federico le 09 septembre 2017 à 01:50:14

https://www.youtube.com/watch?v=F2zTd_YwTvo

Paradoxe de "Ma vie" et de "Mon autre vie"...

- Dis-moi Veilleur, où en es-tu dans la nuit ?
- Et bien, tu vois, mon Amour est un grand arc en ciel de couleur sur la vie et je veux continuer à aimer ... le jour et la nuit.


Amitiés.
Federico
 
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 09 septembre 2017 à 22:04:16
Merci Federico d'être passé par là... D'être là... Je lis et relis des histoires, vos histoires, mon histoire et mes yeux pleurent. Quelqu'un quelque part ici a écrit, "je suis entre deux personnes" (Fleur de coton). Ailleurs je lis: "Ce temps qu'on voudrait réduire a néant, ce temps qu'on voudrait détruire, ce temps que l'on haït.... Paradoxal, il me permet d'avancer et dans un même temps je le hais toujours car....... il me permet d'avancer...." (Stefy).
Vos mots sont les miens... J'erre entre deux personnes.... Entre hier et demain, tous deux inaccessibles...
Celle que je suis présentement va sécher ses larmes et laisser la place à l'autre, qui saura faire bonne figure le temps qu'il faudra.
Merci à vous d'accueillir les larmes de la première et de ne pas porter de jugement sur l'autre, celle qui continue de vivre insolemment.
Je vous embrasse, amies et amis de ce forum. Vous êtes chers à mon cœur.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 09 septembre 2017 à 22:19:43
Pourquoi te jugerions nous ?

Dans ta ble des matières j'ai inclus le lien sur le thème peur d'aller mieux
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/peur-d%27aller-mieux/
et ton post traite de cela ...

même à 40 mois de deuil j'ai cette peur d'aller mieux et comme toi je pourrai dire
Citer
Et pourtant, si ces yeux là se sont fermés à jamais en même temps que les tiens, d'autres se sont ouverts et contemplent avec une lucidité nouvelle, des merveilles jusque là inconnues... Mais je ne sais que faire de ces merveilles, de ces mystères, de ces intuitions. Je ne peux les contempler que dans l'espoir fou de pouvoir à nouveau, un jour, les partager avec toi.
Et ce pari me coûte, chaque jour. Car il restera un pari, un acte de foi, jusqu'à la fin. Je le sais bien. Et ma foi a tant soif de certitudes...

et j'ajoute dans ma folie ce que je lui dis :
 je les contemple en ayant le sentiment que tu partages avec moi ces contemplations ...
et je m'autorise à rêver de d'autres bras car tu me l'avais implicitement demandé quand tu attendais ma promesse de tout faire pour être heureuse ... avoir une nouvelle vie affective, amoureuse ... 

douceur à toutes et tous ici
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 10 septembre 2017 à 00:55:47
Merci chère Qiguan... Ton réconfort est précieux. Et j'ai parfois besoin de lire et de relire que même si tout au fond la souffrance s'affronte seule, les masques qu'elle revêt sont connus par d'autres. Je sais que toi aussi, tu continues d'avancer vaillamment sur ton propre chemin, guidée par cette sage folie qui t'habite. Ecoute là, cette folie... ce qu'elle insuffle en toi.... L'envie de rêver encore. Rêver d'amour, de chaleur, de tendresse. Le désir d'un supplément de vie. "We want bread and roses too". Nous voulons du pain, mais aussi des roses...J'aimerais que tu saches que je pense à toi, à Jean. Que si je ne peux faire plus, je vous porte dans mes pensées... Je t'embrasse.

Ce soir, j'ai besoin d'écrire. De remuer en moi ce que je n'ai fait qu'effleurer.... Peur d'aller mieux, oui... sans doutes... J'écrivais déjà ça des mois en arrière... et j'en suis encore là. J'y reviens... Combien de fois encore, me faudra-t-il arpenter ces mêmes chemins...
Je sais que vous ne me jugez pas. La peur, la culpabilité, la colère parfois... qui m'assaillent ne viennent que de moi.
J'ai peur d'aller mieux... Peur d'aller mieux et ça me répugne. Ne vous effrayez pas, ne vous formalisez pas... Je veux juste l'exprimer tel que c'est. Ça me dégoute. Il y a en moi quelque chose qui rage contre la tiédeur et pourtant, quoi de plus tiède que cette peur d'aller mieux? Que cette culpabilité collante?
Je m'entends chuchoter quand je voudrais hurler, je flotte entre deux eaux quand je voudrais plonger, je claudique quand je voudrais voler, je me sens tiède quand je voudrais bouillir...
J'écris pour me sortir de cet état catatonique. J'ai soif d'intensité, d'extrême, de nuit noire ou d'éblouissement, d'éclats de rire ou de crises de larmes... et plus cette soif s'intensifie, plus je me sens coincée entre deux eaux... C'est tellement étrange...
J'ai besoin d'une immense bouffée d'air, d'une énorme inspiration.... Celle qui vient emplir les poumons à la limite de l'éclatement, qui fait du bien jusqu'à en faire mal, à la fin d'une longue ascension, au sommet d'un mont enneigé. Respirer ne me suffit pas.
La tiédeur me fait somnoler, m'abrutit.... Une part de moi accueille avec reconnaissance cette anesthésie.... nourrie par le quotidien qui reprend ses droits: le retour dans ma vie, petit à petit, des soirées conviviales avec des amis... la tendresse dont m'entourent mes parents... le confort matériel dont je jouis....
Comment assumer jusqu'au bout le rapport paradoxal que j'entretiens avec tout ça, pour ne citer que ces quelques exemples? Oui, j'ai ça. Cette chance. D'avoir mes parents, des amis qui ne se sont pas enfouis. Un toit au dessus de ma tête. Et je suis reconnaissante. Et pourtant, simultanément, j'aimerais parfois que tout ce qui reste encore debout dans ma vie soit balayé, réduit en cendres, pour enfin pouvoir contempler, dans le dénuement le plus total, ce qui reste. Ce qui reste au bout du bout quand tout s'écroule.
Ma psy dirait: "c'est parce que vous êtes "toquée". Dans votre personnalité, tout doit forcément être blanc ou noir." Et bien moi j'aimerais tant pouvoir embrasser totalement ce blanc et ce noir dans ma vie, sans tout repeindre en gris.
Mon amour est mort et j'aimerais pouvoir mourir de tristesse, renaitre de mes cendres et entrer en extase, le retrouver, me consumer à nouveau, chaque jour que Dieu fait. A chaque instant.
J'ai tellement soif d'absolu. Une soif tyrannique d'absolu...

J'ai besoin de vous dire aussi, que je ne veux effrayer personne avec mes mots... Je parle de sensations, de  ressentis, de bribes d'existence. Je ne parle pas d'êtres humains dont certains seraient plus intenses, d'autres plus tièdes. Il n'y a pas de jugement, quant à nos vies, à leur valeur, à la façon dont nous choisissons ou non de les vivre. Tandis que j'avance sur ce long chemin, alors que je découvre l'ampleur du chaos en moi... tout jugement me déserte. Même ce regard que je pose sur mes propres zones d'ombre, mes propres mécanismes.... je le crois, au fond, nécessairement impitoyable, décapant... mais jugeant: non.

Je ne juge plus. Parfois, je m'entends, donner des avis plus ou moins tranchés, plus ou moins enflammés sur tel ou tel sujet. Parfois, je m'entends m'énerver quant au comportement d'un tel, m'agacer à cause de ce qu'à dit ou fait tel autre... mais au fond, ce ne sont que feux de paille...
Le jugement me déserte à mesure que croit mon intransigeance... C'est du moins mon ressenti, présent, fugace mais sincère.

Hanaël, où es-tu encore dans tout ça? Où m'entraines-tu? Où m'entraine ton absence? Où m'entraine notre amour?
Pourquoi ne puis-je tout résumer à "je t'aime", et "tu me manques"? Juste ces quelques mots... "je t'aime et tu me manques"...

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 10 septembre 2017 à 01:35:12
Qiguan, Federico.... A vous toutes et tous qui passez par ce forum....
Nous avons droit, à du pain... mais aussi à des roses...

Bread and roses (http://www.youtube.com/watch?v=BiiKgST_G2Q)
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: loma le 10 septembre 2017 à 07:53:15
As we go marching, marching, in the beauty of the day,
A million darkened kitchens, a thousand mill lofts gray,
Are touched with all the radiance that a sudden sun discloses,
For the people hear us singing: “Bread and roses! Bread and roses!”

As we go marching, marching, we battle too for men,
For they are women's children, and we mother them again.
Our lives shall not be sweated from birth until life closes;
Hearts starve as well as bodies; give us bread, but give us roses.

As we go marching, marching, unnumbered women dead
Go crying through our singing their ancient call for bread.
Small art and love and beauty their drudging spirits knew.
Yes, it is bread we fight for, but we fight for roses too.


Alors que nous arrivons, marchant dans la beauté du jour,
Un million de cuisines sombres, un millier de greniers sombres,
Sont touchés par l'éclat d'un soleil radieux soudain,
Car l'on nous entend chanter : « Du pain et des roses: du pain et des roses ! »

Alors que nous arrivons, marchant, nous bataillons aussi pour les hommes,
Car ils sont les enfants de femmes, et nous les engendrerons de nouveau.
Nous ne suerons pas nos vies de ma naissance à la mort ;
Les cœurs meurent de faim autant que les corps ; donnez nous du pain, mais donnez nous des roses !

Alors que nous arrivons, marchant, d’innombrables femmes mortes
Pleurent alors que nous chantons leur antique cri pour du pain.
Leur esprit besogneux connaissait les petites œuvres d'art, l'amour et la beauté.
Oui, c'est pour le pain que nous nous battons – mais nous nous battons pour les roses aussi !

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 10 septembre 2017 à 11:04:15
du pain et des roses,
oui
merci Ela pour tes partages, ta sincérité
Titre: Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 10 septembre 2017 à 14:21:29
du pain et des roses,
oui
merci Ela pour tes partages, ta sincérité
oui merci
c'est précieux ici
et merci aussi Nora de ton partage http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/pour-celui-qui-n'est-plus-la/msg88854/#msg88854
c'est magnifique que les témoignages puissent montrer aux lecteurs la diversité du vécu des deuils ! et ici celui en particulier du "veuvage" dont les échos sont si dans la chair des "survivants" ...
douceur à toutes et tous
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 10 septembre 2017 à 19:37:34
Voilà. Cet après midi j'ai pleuré. Ou plutôt j'ai été pleurée, parce que c'est venu comme ça, d'un coup. Et j'ai compris une chose je crois. Pour certains la peine coule comme le sang dans les veines, pour d'autres elle forme parfois des caillots, qui obstrue un temps la circulation des sentiments. Je crois que je suis de ceux là... et je n'ai pas choisi de l'être. J'aime mon chéri plus que tout, et aujourd'hui à nouveau, l'espace d'un instant, je suis parvenue à le lui dire. A trouver comment le lui dire. A me libérer un peu... Toutes les fois que je touche du doigt dans ce qu'elle a de plus profond cette peur étrange d'oublier, d'avancer, d'aller mieux... la culpabilité devient à tel point insoutenable que je me sens prête à bondir, comme un animal blessé acculé. J'ai peur de me lancer malgré moi dans une compétition de la souffrance, et c'est vrai, je prends anormalement et excessivement mal le fait que le monde puisse se mettre à douter de l'ampleur de ma perte simplement parce qu'elle se manifeste sous un jour aussi étrange. De la pure paranoïa. J'ai alors une telle colère en moi. Une rage incontrôlable, même contre vous autres endeuillés qui vivez le deuil différemment. Et j'en suis désolée.
Maintenant, je vais faire ce qu'il y a de mieux dans ces cas là.... m'éloigner, arrêter d'écrire pour ne pas déborder... me retirer à nouveau dans le silence de ma tanière pour panser mes plaies. Lui dire ce que je ne peux partager qu'avec lui, malgré son absence.
Prenez soin de vous et pardonnez moi l'agressivité latente qui parfois suinte de mes blessures...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 10 septembre 2017 à 23:04:13
tu es pardonnée
et chacun(e) a bien compris ce que ta douleur provoquait par ricochet dans l'écriture ...
prends soin de toi et reviens quand tu veux
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 11 septembre 2017 à 12:44:10
Merci Qiguan. Du fond du cœur. Aujourd'hui, la tempête est passée.... L'angoisse a fait place à une douce mélancolie. Je retrouve son doux sourire, son regard aimant, la sensation de sa main dans la mienne... J'ai surtout eu peur de l'oublier... Mais c'est la peur qui m'empêchait de le voir... Je te suis tellement reconnaissante Qiguan, pour ce petite message que tu m'as déposé hier soir.... Je vous embrasse.... Et me sens profondément solidaire de chacun et chacune d'entre vous, quelle que soit nos façons de supporter cette épreuve...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 16 septembre 2017 à 02:59:48
Hanaël... Je crois que, d'une certaine façon, je suis morte pleins de fois depuis que tu es parti... Alors je ne sais plus trop qui te parle maintenant... Flou total, absence de repères... Peu importe.
Tu me manques mon chéri... J'ai tellement de choses à te dire. Encore, et encore, et encore.
J'essaye de lutter pour recommencer à croire que j'ai encore le droit d'être ici, d'être en vie... 17 mois après ton départ...
Autour de moi, on me demande si j'ai des projets... des projets...
J'ai trahi notre projet une semaine avant que tu meures, en te disant que j'avais besoin de repartir un peu en Alsace, pour prendre du recul. Et je ne peux m'empêcher de penser que je ne saurai jamais à quel point j'ai participé à briser ton cœur.
J'avais besoin d'espace... Notre histoire a fait l'effet d'un raz de marée dans ma vie, et oui, j'ai eu peur (peur, peur, peur... qui me suit comme mon ombre).
Et bien de l'espace maintenant, je n'ai plus que ça.... De l'espace pour des projets inexistants...
J'imaginais m'éloigner un peu, pour reprendre pied. Après ce déménagement soudain, cette année passée auprès de toi, loin de tous mes repères... M'éloigner pour te revenir ensuite, plus apte à diriger ma vie, à poser mes limites pour ne pas me laisser avaler par "nous"... Je pourrais te dire que je suis désolée... Je le suis tellement parfois. Mais je voudrais ne pas l'être. Car il serait lâche de prétendre que je n'ai pas voulu m'éloigner de toi.
Je voudrais détruire cette culpabilité que tu ne peux plus ni apaiser, ni partager. Si je suis désolée, c'est à cause de ce jeu de miroir incessant qu'il y a eu entre nos peurs, encore elles. Ma peur de l'engagement et ta peur de l'abandon... Ce qui me désole, c'est que ce jeu de miroir ait pu te blesser au point de briser ton cœur. Littéralement. Ce qui me désole c'est l'idée que ta peur de me voir partir ait pu t'empêcher de voir à quel point je t'aime... Ce qui me désole, c'est de n'avoir pas su te rassurer...
Je ne suis pas amère, car je t'ai déjà pardonné des millions de fois, tout ce qui dans notre histoire m'a fait souffrir. Pour la souffrance que j'endure aujourd'hui, je te pardonne des milliards de fois. Ce n'est même pas une question de pardon... Je n'ai rien à te pardonner. Je ne t'en ai jamais voulu et ne t'en voudrai jamais de quoi que ce soit... Je t'aime tellement. Et je te vois Hanaël. C'est dans "Danse avec les Loups", non? Tu te rappelles? "Je te vois". Je te connais. Je connaissais tes failles, tes peurs, tes faiblesses... J'aurais simplement aimé mieux réussir à gérer les miennes pour te ménager, te protéger, prendre mieux soin de toi...
C'est moi qu'il faut que je parvienne à pardonner.
Objectivement, tout ça n'a pas de sens. C'est cette foutue cardiomyopathie qui t'a emporté... C'est juste que... ça ressemble tellement à un cauchemar... à un cercle infernal: j'ai peur de m'engager parce que je ne me sens pas à la hauteur, peur de te blesser... je ralentis car je sens bien que de ton côté, tu surinvestis notre couple à fond, avec cette peur de l'abandon en toile de fond... j'ai le réflexe de faire un pas en arrière et là, tu es blessé, mortellement... Comment ne pas être effleurée par l'idée que c'est moi qui t'ai blessé?! Comment accepter que je n'aurai pas de deuxième chance? Qu'il n'y a pas de retour en arrière possible?
Ma seule consolation c'est d'être restée près de toi, jusqu'au bout. De croire que tu as perçu tout ce que tu es et sera toujours pour moi dans ces derniers jours passés ensemble. Je me raccroche à ça... A ces instants magiques, volés au temps...
Aujourd'hui, quand on me parle de projets, de reconstruction... je suis tellement perdue Hanaël. Tous ces projets sans toi, ils m'apparaissent comme une punition pour les moments de doutes, d'incertitude dans nos projets communs... Comment recommencer à ériger des choses quand la vie m'a d'ores et déjà démontré qu'elle peut tout jeter à terre en quelques secondes? Comment croire encore au droit de faire des erreurs, quand on a le sentiment d'avoir payé aussi durement celles du passé?
J'aimerais qu'au moins, tu puisses être fier de moi. Me montrer moins lâche. Assumer davantage, mes choix, mes responsabilités. Tirer les leçons que tu aimerais me voir tirer de tout ça. Mais je me sens tellement ébranlée... Et je trouve ça, monstrueusement injuste. Ce qui nous arrive...
Je ne reviendrai plus sur cette histoire, cette décision de repartir en Alsace... Je dois apprendre à faire la paix avec ça. Il le faut. Je n'ai pas le choix. J'avais besoin de l'écrire. Mais je n'y reviendrai plus. Je refuse. Je REFUSE de laisser ça enfler, prendre toute la place, voler l'essentiel, le miel de notre histoire...
Je peux te le dire maintenant: je rêve de faire des projets, avec toi. J'en rêve oui. Ça ne sert plus à rien, c'est trop tard, et je m'en fous. J'en rêve, c'est tout. Je rêve des endroits qu'on pourrait visiter ensemble, de l'endroit où on pourrait vivre... Je continue à chercher des solutions à nos querelles, nos déséquilibres... Je continue d'en parler avec toi... Je te dis bonne nuit chaque soir, bonjour chaque matin... Je te dis je t'aime, dans ma tête, à voix basse, à haute voix... Je veux croire que tu m'entends...
Et les projets dans cette vie-ci, et bien, je ne sais pas.... survivre, c'est déjà bien.
Je t'aime Hanaël, mon Pouêt Pouêt, mon chéri, mon ange...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 16 septembre 2017 à 05:31:43
Grand pas chère Elsa
Tu as posé les points de vue d'analyses de ta culpabilisation, de regrets, le point de vue de ce que tu en fais intérieurement et celui "objectif" qui se voit.
J'ose te suggérer un autre, pour toi mais pour ne pas "étaler" cela ici ce sera en MP.
Cette manière de vivre le lien que tu décris comment tu lui dis ton amour dans ce présent est un moyen de survivre.
Les projets ... Il y en aura mais de surcroît pour toi il te faut continuer ta lutte contre ton ombre, tes peurs permanentes
Je t'embrasse
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 25 septembre 2017 à 00:16:27
Aujourd'hui, j'étais broyée. En miettes. En poussière... Je ne me suis pas levée... Aujourd'hui j'étais dans le néant, le rien, le vide... Aujourd'hui, je n'étais plus nulle part et lui non plus... Aujourd'hui, je n'étais plus du monde des vivants...

Ce soir... Je suis en vie.

Et je partage avec vous, cette victoire.

Je vous embrasse.

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Federico le 25 septembre 2017 à 10:57:20


OUI Elsa, oui...

Tu peux compter sur moi pour partager humblement cette victoire...

Ton corps en miettes... en poussières... tellement meurtrie !

Prends bien soin de toi... en attendant la prochaine bataille !

Tu es courageuse... une vraie combattante !

Aujourd'hui est un autre jour...

Je t'embrasse.
Federico
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 25 septembre 2017 à 11:44:16

    Qui peut imaginer parmi la foule des "bons vivants"
    à quel point cette VICTOIRE représente la véritable force de la Vie en nous ?
    Entre ovnitude, miettitude, couragitude, notre Tendresse seule retrouve parfois sa merveilleuse Unité ... je crois ...
    Bien amicalement et toujours attentive à tes "pensouilles",
    Titine.
   
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 25 septembre 2017 à 12:01:04
merci de nous partager ta victoire,
ici nous savons vraiment que c'en est une
je te dépose douceur et chaleur
pour cette nouvelle journée
mononoké
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 25 septembre 2017 à 20:50:36
connaissant le prix des victoires sur le néant
les anéantissements
merci de ton partage
tendresse
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 26 septembre 2017 à 23:37:31
Fédérico, Martine, Mononoké, Qiguan... Merci du fond du cœur... Comment vous témoigner un peu de cette chaleur qu'a fait naitre en moi la lecture de vos commentaires... Je sais que vous savez. Que vous vivez, chacun à votre manière, le poids de ces mots.

En ce moment, je lis "La pesanteur et la grâce" de Simone Weil (pas la ministre, la philosophe). Et ce titre m'évoque beaucoup de choses... Faire vraiment l'expérience, du poids. Du poids immense de vivre parfois... et savoir encore accueillir les instants de grâce...

Je vous souhaite, profondément, de pouvoir encore de temps à autre faire l'expérience de cette grâce, qui certains matins, discrètement, sait encore nous trouver au milieu des décombres.

Je vous embrasse et vous envoie toute mon amitié.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 28 septembre 2017 à 21:22:41
Je ressens l'envie ou plutôt le besoin de vous partager quelque chose...
Je me sens impuissante face à la souffrance de ma belle-fille, M. Cette petite puce, plus si petite que ça, qui vient juste d'avoir 13 ans cet été... Avant le décès de mon chéri, elle venait tous les weekends à la maison, alors petit à petit, nous avons appris à nous connaitre, nous apprivoiser, nous aimer. Comment pouvait il en être autrement? C'est un petit ange.
Mais voilà... la vie m'a repris mon chéri, j'ai quitté notre appartement, la ville, la région où nous nous étions établis ensemble... Je me trouve maintenant à mille kilomètre de cette vie, de notre vie. Et de M.
Peu après le décès de mon chéri, les médecins ont détecté que l'anomalie cardiaque dont il était décédé est héréditaire.... Sa fille souffre donc de la même malformation. Et alors que nous étions déjà tous dévastés par son départ, il a fallu faire face à cette nouvelle et  à la perspective de l'opération à cœur ouvert de M. La pose d'un défibrillateur en vue d'entériner les risques de mort subite.  Ma souffrance et mes états d'âme dans cette histoire importent peu, en comparaison de ce que cette nouvelle a du générer comme inquiétude et bouleversement pour elle...
L'opération en décembre s'est bien passée. Mais ensuite, en plus de toute la fatigue accumulée, elle a du faire face à l'infection d'une de ses cicatrices et à une attitude très peu compréhensive de la part de l'école.
Ajoutons à cela un contexte de tentions familiales réveillées par la mort de mon chéri...
Ensuite, au courant du mois de janvier, février, elle a du marcher un temps avec des béquilles à cause d'une cheville foulée, puis plus tard, en juillet, se faire opérer du pied pour se faire enlever un ongle incarné. Là encore, des béquilles pendant au moins deux semaines, et une dose d'antibiotiques conséquente....
M. veut toujours se montrer tellement forte, et gérer les situations "comme une adulte". En même temps, comment la blâmer pour ça, vu le nombres de situations auxquelles elle a du faire face du haut de son jeune âge? Je parle du décès de mon conjoint, mais également de crises familiales et situations complexes bien antérieures à cet événement...
Pendant un temps, elle répétait ce fameux et terrible "tout va bien" comme une litanie... Heureusement, petit à petit, au fil des mois, elle a lâché du lest et s'autorise davantage a parler de ses ressentis, émotions, craintes... Il y a des jours où ça va mieux, grâce à ses amis, son frère, sa sœur... à l'école qui, même si elle constitue un poids supplémentaire par moment lui assure une sorte de cadre rassurant... et puis il y a des jours où ça ne va pas, et le fait qu'elle s'autorise à vivre ces hauts et ces bas me rassure un peu.
Nous continuons à nous appeler très souvent (un peu moins ces derniers temps) et à nous voir régulièrement. Je descends dans le sud pour la voir, tous les  1mois 1/2 - 2 mois environ, et ces derniers 15 mois, elle est déjà venu me rendre visite 3 fois en Alsace. Ces moments sont toujours pleins d'échanges très riches, de  convivialité, de joie aussi. Nous parlons beaucoup de son papa, et toujours, après quelques jours passés ensemble, elle s'autorise à nouveau à me confier un peu plus en détails ce qui lui pèse...
Plusieurs mois en arrière, j'étais très inquiète de son état d'esprit et de son impossibilité à déposer son fardeau quelque part. Je n'ai pas de jugement à porter sur sa maman et la façon dont elle gère tout ça, mais je sais que parfois, M. et elle sont dans une relation trop "égalitaire"... Pour le dire autrement, sa maman, parfois, est encore un peu une mère-enfant. Et M. cherche à la préserver, à ne pas l'inquiéter. Elle s'occupe de beaucoup de choses à la maison du haut de son jeune âge. Se réveille seule pour aller à l'école, prend soin de son petit frère et de sa petite sœur...
Comme je suis relativement en bon terme avec sa maman, qu'elle me fait confiance, je lui ai suggéré d'emmener M. voir une psychologue. Histoire qu'elle puisse décharger certaines choses quelque part en étant sure qu'il n'y aura pas de retombées. Que ce qu'elle dira ne viendra pas non plus envenimer les relations des personnes autour d'elle (tentions entre la maman et mes beaux parents notamment). J'ai pas mal insisté car j'étais vraiment inquiète, et de là où je suis je ne voyais pas vraiment quoi faire d'autre. M. a accepté d'aller à ces rdv, et cela semblait lui faire du bien. C'est d'ailleurs un peu après les premiers rdv avec sa psy qu'elle a commencé à lâcher ce discours systématique du "tout va bien". Seulement voila. Comme la maman de M. était en galère financière, je m'étais proposée de payer les frais de la psy. Autant de fois que nécessaire, ce que j'ai fait. Jusqu'à ce que j'apprenne un jour de la bouche de M. qu'elle avait cessé de consulter et que maman avait eu besoin d'utiliser l'argent pour autre chose.
Je vous avoue que j'ai moyennement apprécié... Mais j'ai fini par considérer que de rajouter une couche de tension supplémentaire et de laisser ma colère se cristalliser n'arrangerait certainement pas les choses pour M.
Alors j'ai laissé un peu filer cette histoire, j'ai attendu de voir. D'autant plus que M. semblait aller un peu mieux (je veux dire par là qu'elle n'était plus dans le refoulement systématique de sa souffrance), et qu'elle était capable de m'expliquer sincèrement, je pense, que ces rdv avec la psy lui avait fait du bien mais que là, elle pensait pouvoir s'en passer (j'avais quand même toujours en tête un doute... qu'elle se sente obligée de dire ça pour ne pas embêter sa maman avec des dépenses "inutiles").
Ces derniers temps, depuis sa rentrée en 4ème, je trouvais qu'elle avait une" bonne "voix au téléphone. Un ton sincère. Pas un ton qui tente de masquer le malheur derrière un grand sourire quoi... Elle me disait qu'il lui arrivait certains jours de rester dans sa chambre pour pleurer, qu'elle était très stressée par moment mais qu'elle prenait un traitement naturel à base de plantes qui lui faisait du bien... mais à côté de ça: elle était heureuse de retrouver ses amis à l'école, elle avait des projets plein la tête... J'étais donc assez confiante.
Et puis ce soir, je l'appelle, et elle m'apprends qu'elle a fait une chute dans les escaliers du collège et qu'elle s'est cassée la cheville.... A nouveau, jambe dans le plâtre pendant 1 mois.... Bien sur, je suis inquiète et consternée de ce sort qui semble s'acharner sur cette petit puce... mais dans un premier temps de la conversation, sa voix semble relativement confiante, et empreinte d'une sage acceptation tellement impressionnante chez une enfant de son âge... Ça me rassure un peu... Elle fait même de son mieux pour plaisanter de la situation. Alors, je rigole avec elle au téléphone pour tenter de ne pas plomber l'atmosphère.... J'avoue me sentir désemparée. Et avec mon optimisme un peu forcé, je m'entends sonner tellement faux... C'est terrible... Mais j'essaye de faire de mon mieux... Je tente de réorienter la conversation vers quelque chose de plus posé, de plus sérieux... De faire ce que je peux pour créer un petit quelque chose qui pourrait l'aider à se confier...
Je lui dis que je sais bien que derrière cet humour dont on s'arme pour tenir bon, c'est tout sauf facile. Ça ne l'est pas pour moi non plus et qu'il est important pour moi qu'elle sache qu'elle n'a pas besoin de se montrer forte. Que j'aimerais savoir comment elle se sent ces derniers jours... Est ce qu'elle dort la nuit? "non" elle ne dort pas.... Et là elle me dit que de sa propre initiative elle est allée voir la psy scolaire, parc'qu'elle n'allait vraiment pas bien. Qu'apparemment, la psy l'aurait exhortée à recommencer un suivi auprès de ce qu'elle m'a décrit comme étant un CMP ou quelque chose dans le genre. "Elle l'a dit à maman?" "oui. oui." "Donc  maman va te prendre un rdv?" "je suppose..." Et puis je continue à lui poser des questions, et elle me dit qu'elle a vraiment des idées noires à certains moments ces derniers temps... "Tu veux me parler de ces idées?" "Non. Pas vraiment. Pas maintenant." "Tu dis tout à maman?" "Beaucoup de choses, mais pas tout." "Pourquoi pas tout? Tu n'as pas à avoir honte de tes idées noires tu sais (et j'en sais quelque chose). "Je ne veux pas l'inquiéter. Qu'elle s'inquiète pour rien..." "Elle s'inquiète pour toi parce qu'elle t'aime. C'est normal. Mais je suis sure qu'elle préfèrerait savoir quelles sont ces idées noires qui te font souffrir, et que tu te sentirais mieux si tu pouvais les confier à quelqu'un." "Ben je les confierai à la psy..."
Bon sang... Je me sens impuissante!!! Je ne sais pas si sa mère va faire le nécessaire pour s'assurer que M. ait un endroit où déposer tout ça. Et non seulement, légalement je n'ai aucun droit d'exiger qu'elle me rende des comptes sur ses agissements, mais plus le temps passe, plus ma légitimité à donner mon avis s'émousse... Au début, la maman de M. m'écoutait un peu, me concertait même parfois.... mais petit à petit, je me retrouve, de fait, à distance. Je ne suis que la belle maman. Et je ne sais pas ce que je peux faire...
Je voudrais seulement être sure que M. ne vivra pas cette terrible souffrance de ne pas réussir à confier ce qui lui pèse. De ne pas s'y autoriser, de ne pas avoir de lieu pour le déposer en toute sécurité. Je lui répète sans cesse que si elle en a besoin, je peux tout entendre. Vraiment tout. Je lui parle de ma propre souffrance en tant qu'adolescente pour lui faire comprendre que lorsque je dis "tout entendre", ce ne sont pas des paroles en l'air... Mais que faire de plus? Le téléphone, la distance sont forcément des obstacles à la confidence. Que je le veuille ou non... Et même si je tiens à descendre la voir aussi régulièrement que possible, je n'ai pas non plus la force de vivre sans arrêt écartelée entre deux lieux géographiques qui se trouvent à 1000 kms de distance! Ce n'est pas comme si, pressentant qu'elle ne va pas bien, je pouvais systématiquement sauter dans un train pour, le lendemain, l'emmener faire une balade, manger quelque part... Je le faisais un peu au début.... Mais je n'ai plus de pied à terre là bas. Et bientôt, quand ma carte-jeune sera HS, je n'aurai même plus le budget pour me payer ces allers-retours en train....
Je veux continuer à faire de mon mieux pour faire confiance à sa maman, l'ex compagne de mon chéri... La soutenir plutôt que la blâmer. Mais parfois c'est difficile... Car je ne sais rien. Toutes les infos que je reçois, c'est M. qui me les donne, ou mon beau papa quand il parvient à connaitre le fin mot de l'histoire... Mais autrement: impossible de savoir comment M. gère sa peine, ses angoisses.... Si sa mère prend cette histoire de psy au sérieux ou non, etc.
Si vous avez un nouvel éclairage à poser sur tout ça, je serai heureuse de vous lire. Même si ce n'est pas le cas, je crois que ça m'a fait du bien de poser tout ça par écrit et de le partager avec vous...
Voila... Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 28 septembre 2017 à 23:09:58
Oh Ela, ce que tu nous partages est si bouleversant, je ne sais que te dire, toi qui trouve des mots si chaleureux, si bienveillants. Moi je trouve que ce que tu fais pour ta belle-fille est magnifique. Elle a de la chance de te connaître, et je suis sûre qu'elle sait que tu es là pour elle.
Je ne sais pas si tu le sais mais les enfants ont accès au CMP gratuitement,( ça ne sera pas un frein pour la maman). c'est un service proposé par l'état aux enfants, ça passe par l'école et la démarche des parents.
Il existe aussi des maisons des adolescents (11-21 ans), de l'adolescence dans beaucoup de grandes villes, ils peuvent y aller sans l'autorisation des parents, accueil libre, confidentiel et anonyme, avec ou sans rendez-vous,
ici il y a toute une liste de ce type d'accueil :
http://www.anmda.fr/nc/les-mda/la-carte-de-france/

tendrement

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 28 septembre 2017 à 23:18:01
Ela tu prends si bien soin de ta belle fille ... Ton aimé, son papa ne peut qu'être fier.
Tu vas apprendre à aider tout en restant à distance, laissé toi guider, ne craint pas la nouveauté de cette situation.
Sois confiante que le meilleur pour elle trouvera un chemin, laissé son libre arbitre naître et grandir.

Regardes
http://lumiere-du-coeur.e-monsite.com/pages/les-membres-inferieurs-maux-causes.html

Cela donne un point de vue parmi d'autres ...
Bien affectueusement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Alexandra le 29 septembre 2017 à 11:56:00
Bonjour Ela,
l'autre solution serait que tu prennes en charge le/la psy sans en passer par la maman de M. J'imagine bien que ça doit être difficile, parce que normalement tu n'as pas à t'interposer... Mais quand j'avais 15 ans j'ai eu besoin d'aide et ma grand-mère payait directement la psy sans que mes parents soient au courant. J'ai bien conscience que c'est une situation différente pour M. et qui l'obligerait à avoir un "secret" avec toi mais si elle n'a pas accès à un CMP, c'est une solution possible.

Je t'embrasse,
Alex
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 29 septembre 2017 à 19:54:01

    Pensée pour la petite M.
    Pour le bien que tu essaies de faire, malgré la distance, l'inconséquence de sa maman ...
    Décidément que le sort peut être mauvais.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 04 octobre 2017 à 18:13:47
Merci à vous chères amies de ce forum :)
Ça me fait du bien d'avoir partagé ce pan de mon histoire avec vous. Je vais continuer comme je l'ai fait, à lutter contre mes propres démons pour rester disponible, du mieux que je peux, pour M., pour ceux qui comptent pour moi, et pour moi-même aussi.  Je vais tacher de ne pas céder à la panique et rester à l'écoute... Tacher de ne pas lâcher cette histoire d'"idées noires" et de psy... Je verrai peut être la puce pendant les vacances de la Toussaint, rien n'est encore arrêté, mais nous verrons...
Je vous embrasse. Prenez toutes et tous soin de vous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 04 octobre 2017 à 18:58:07
oui, Ela, merci
et toi,  prends bien soin de toi
tendrement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 12 octobre 2017 à 16:37:24
  Ton récit m'a profondément émue Ela. M. a, de toute èvidence, beaucoup de courage et de maturité dans ses injustes èpreuves, et, de ton côté, tu fais de ton mieux pour l'aider, ça doit lui faire du bien, en dépit de tout, de se sentir soutenue. J'espère de tout mon coeur que ça vas aller mieux pour elle, qu'elle pourra trouver toute l'ècoute dont elle peut avoir besoin.
  Douces pensées pour toi aussi  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: élia le 16 octobre 2017 à 20:02:36
merci Ela
tu mets des mots sur ce qui tourbillonne en moi...je ne prends plus le temps d'écrire, de lui écrire... j'aime un homme qui n'est plus de ce monde....je ne fais que pale figure chaque jour au milieu d'un espace et un temps que je ne reconnais ...je me déteste, agis comme une poltronne...je ne comprends même plus ce que je ressens...sauf quand tout me rattrape et que je fonds en larmes pendant des jours...je sais qu'il n'est plus là car les couleurs du monde qu'il m'avait fait découvrir près de lui n'existent plus...
merci du fond du coeur
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 18 octobre 2017 à 19:15:04
Merci à toutes, du fond du cœur.
Mononoké, Qiguan, Alexandra, Souci, et Stana et Elia (je suis heureuse de vous lire et d'avoir de vos nouvelles).
J'ai parlé à ma belle fille avant hier. Elle ne va pas bien en ce moment, non. Mais elle arrive à mettre des mots dessus et ça me rassure. Et bien qu'elle soit en souffrance, elle n'est pas désespérée. Elle continue à faire des projets, à apprécier les petits bonheur de l'existence. Je pense donc qu'elle traverse, à sa façon et à son rythme, les émotions du deuil, mêlées aux difficultés liées à son état de santé et à cette période spécifique de l'adolescence. Ce n'est pas simple, mais je veux croire (et j'espère vraiment ne pas me voiler la face) qu'il s'agit là d'un processus naturel, "normal", dans lequel nous ne pouvons que l'épauler, la soutenir, l'entourer. Je suis rassurée, car sa maman a pris les choses en main. Elle consulte désormais la psychologue du CMP, avec qui le courant passe plutôt bien. De plus, la psychologue du collège semble garder un œil sur elle, ce qui est une bonne chose car tout ne dépendra pas de la relation qu'elle parviendra à établir avec celle du CMP. Elle m'a raconté tout ça au téléphone, et je n'ai pas senti de malaise... de tentative de me dissimuler quelque chose sur ce qu'elle vit. Mais je reste vigilante car je sais à quel point elle peut afficher une façade, se montrer plus forte qu'elle ne l'est par moment...
Pour ma part, j'essaye depuis peu d'assumer, à travers des actes, des petites prises de décision... d'être encore en vie... Mais ce n'est pas simple, non. Et la machine à "pensouiller" est toujours prête à s'emballer... J'essaye petit à petit de "faire". De sortir de ma passivité. En envisageant à nouveau l'idée de chercher du travail (pas pour alimenter la roue capitaliste non... mais dans l'espoir de me sentir à nouveau un peu plus dans le monde des vivants), de m'investir dans des projets qui me tiennent à cœur...  L'un de ces projets concerne mes TOC. En refusant d'être identifiée à travers eux, j'ai trop longtemps nié la place qu'ils ont pris dans ma vie, et j'aimerais aujourd'hui m'engager plus ouvertement. Car tout comme on se sent seul face à la perte d'un proche, la maladie mentale isole tellement... Et il me faut accepter que sur mon chemin de vie, la perte incommensurable liée au décès de mon amour se mêle à cette problématique. Il y a cette part de moi qui après s'être nourrie de mes plus grandes peurs, de mes pires cauchemars et de mes faiblesses... menace toujours de m'engloutir. A force de me faire douter de moi, de ma valeur, de mon droit d'exister.... Elle se sert de chaque petit questionnement, de chaque peur, de chaque souffrance liée au départ de mon amour et agit sur eux comme une loupe. Tentant de me faire croire que mon chéri ne m'aime plus. Que je nuis pas digne de l'avoir connu, d'avoir été aimée de lui. Que je suis un monstre. Que je suis insensible. Que je suis malsaine et que je devrais m'éloigner de sa fille. Qu'il aurait mieux valu que je meure et qu'il soit toujours là... Cette voix, je ne peux pas toujours la faire taire du fait de la maladie, mais j'apprends chaque jour à ne plus la laisser diriger ma vie. A ne plus faire mes choix en fonction d'elle....
Mais je suis triste.... car mon amour.... je le sens souvent plus lointain. Sa présence est de moins en moins palpable pour moi. Dans ma pensée, trop de choses se mélangent pour me permettre de me replonger dans nos souvenirs sereinement.... Je continue de ressentir, tout au fond de moi, que nous sommes liés.... d'un lien puissant. Mais il me faut trouver d'autres moyens d'avancer avec lui que cette volonté de le maintenir sans cesse vivant dans ma pensée, car le mental chez moi est le siège de trop de souffrances....
La semaine prochaine, je partirai trois jours dans un monastère bouddhiste... J'espère retrouver dans la pratique de la méditation, l'intuition de ce lien si fort qui nous unit, au delà des apparences... Il me manque tellement, car en plus d'être l'homme que j'aime, avec qui j'ai eu la chance de partager toutes les petites et les grandes joies de l'existence, celui qui m'apportait de la tendresse, qui me connaissait mieux que moi-même... il était aussi ma moitié, mon "tout-autre"... celui qui me complétait. En étant à la fois... tellement moi, et tellement différent. Il m'exhortait à sortir de moi, me montrait des chemins que je ne pouvais apercevoir toute seule.... et ça, c'est un trésor inestimable qu'il me faut désormais apprendre à honorer sans lui...
Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 18 octobre 2017 à 21:08:40
Je continue sur ma lancée car je ressens ce soir le besoin d'écrire... Ce deuil (j'emploie le mot, même si il n'a jamais signifié et ne signifiera jamais pour moi qu'il est possible (ni même souhaitable) un jour de "tourner la page"... je tente de continuer, avec lui).... ce deuil, donc, ne ressemble en rien à ce que j'aurais pu imaginer, à ce que j'espérais... Il échappe totalement au contrôle, au vouloir... J'espérais tellement, qu'au fil du temps, je le sentirai à nouveau présent à mes côtés. De manière plus forte, plus palpable... Pour le moment, il n'en est rien. Mes souvenirs s'estompent, mes repères se brouillent, chaque jour un peu plus...
Et je découvre que malgré tout, il est possible de continuer à vivre. Je découvre que même si tout ce qui était palpable, physique, humain... dans notre amour s'efface, il y aura bien quelque chose... la force du lien, de l'amour... qui demeurera. Qui ne me quittera plus... J'essaye d'apprendre, chaque jour, à accepter cette réalité sans amertume. A l'accueillir avec reconnaissance et non avec frustration... C'est dur. Tellement dur encore. Peut être parce qu'au delà de tout ce que nous partagions tous les deux, en terme de philosophie, de valeurs... Au delà même de cette énergie, de ce magnétisme, de cette magie entre nous, invisible à nos yeux mais bien palpable... il y avait aussi ce lien charnel, physique.  Je ne parle pas uniquement de sexualité, je parle avant tout de cette tendresse. De toute cette communication non-verbale. De cette présence. De cette chaleur. De ces regards... Tandis que toute ma vie, mon cerveau? ma personnalité? mon caractère? m'ont poussé vers l'intellectualisation à outrance, l'analyse, l'abstraction... dans notre amour j'ai renoué avec cette part de moi méconnue ou oubliée.  Cette capacité à aimer avec simplicité... Cette sensibilité à fleur de peau. Cet élan instinctif de donner de l'amour, à travers les gestes, les attentions... J'ai eu l'impression de renouer avec ma vraie nature. Celle qui se passe de mots... mon chéri me disait toujours à quel point il était touché, au plus profond de son être, par ma communication non-verbale. Et je sentais moi-même, que grâce à lui, quelque chose d'autre prenait parfois les commandes en moi... une spontanéité échappant au contrôle de mon mental.
Alors ce qui me manque aujourd'hui, c'est lui, bien sûr... tellement... et c'est aussi de ne plus pouvoir aimer ainsi. Ne plus pouvoir aimer comme je l'ai aimé. Ne plus pouvoir lui démontrer à lui, mon amour, de cette manière...
Je me retrouve rejetée dans ce registre de la pensée, de l'abstraction, de la recherche d'un sens... toutes ces questions qui stimulent ma capacité d'analyse, ma réflexion... Toute cette dimension cérébrale prédominante. Je ressens cette impossibilité de lui témoigner mon amour dans les gestes comme une amputation. Je suis un peintre sans pinceau, un pianiste sans instrument... J'ai du vocabulaire et je peux user des mots à outrance, mais ce que j'aimerais continuer à lui témoigner, où qu'il soit à présent, se passe de mots. Se trouve au delà des mots... et si je commençais tout juste à comprendre à ses côtés la possibilité d'exprimer certaines choses dans les gestes, il me faut aujourd'hui à nouveau redécouvrir une autre façon de lui exprimer mon amour...
J'ai ressenti parfois, depuis son décès, en de rares et si précieux instants de grâce, cet amour circuler en moi, entre lui et moi... partout... Ça m'est arrivé fréquemment, au cours de la première année, lorsqu'à une vague de souffrance extrême succédait... une sorte d'espace de vacuité... un instant suspendu... empli de sérénité, de douceur..... d'une chaleur presque palpable. Dans ces moments là, l'amour que je ressentais, de lui à moi et de moi à lui était presque... physique, charnel. Cela n'avait rien d'une projection mentale, d'une idée... C'est difficile à expliquer... Pour moi, ces instants sont révélateurs de la possibilité pour la conscience d'emprunter une voie se situant au delà du mental.... J'imagine que c'est ce genre de vécu que certains expérimentent dans la prière, la méditation... Enfin... je ne l'imagine pas. C'est ce que j'ai moi-même vécu, et je m'accroche à la réalité de ces quelques étincelles lumineuses... Ce sont des instants qui se situent hors du temps, ou tout prend son sens... qui sont très difficiles à décrire... Des instants que j'étais prête à accueillir probablement.... du moins.... je sens qu'ils n'étaient pas le fruit d'un pur hasard et que mon attitude les a quelque part, rendus possibles... et en même temps, paradoxalement, ces expériences n'étaient pas le fruit de ma volonté... Et aujourd'hui, c'est un paradoxe qui continue à me questionner..... La place de la volonté dans la "grâce"... Cet équilibre si subtil à trouver entre le fait de "se prendre en main", et de "lâcher prise"...
Aujourd'hui, les vagues de souffrance sont moins intenses, mais je garde au fond de moi la sensation d'une lutte permanente et les instants de sérénité emplis de notre amour( tels que ceux que j'ai décrits) se font rares. Et je me demande pourquoi... Je tente de résister à la tentation de me juger, de m'en vouloir pour ce revirement de situation... J'ai la sensation d'une brèche qui se referme, toujours plus, et je me demande s'il me faut accepter de la laisser se refermer... même si ça implique de plonger dans ce brouillard, dans cette absence de repères où tout est moins intense... la souffrance, mais le reste aussi.... ou si au contraire je dois m'employer à trouver un moyen de renouer avec cette intensité.... J'aimerais pouvoir vivre ces moments de sérénité, cette présence lumineuse dont je parle plus haut... sans avoir pour cela à passer par des moments de grande souffrance... J'aimerais vivre le calme après la tempête, sans la tempête...
Je ne sais si ce que j'écris aura du sens pour vous... J'ai la sensation que pour pouvoir continuer à avancer dans cette vie, il me faut suivre un fil tellement ténu, tellement subtil.... qui se faufile au milieu de tant de paradoxes...
Je me réjouis de ces quelques jours qui m'attendent au monastère... J'espère parvenir à ne pas trop projeter d'attentes sur cette expérience... J'ai également tenté de prendre contact avec un groupe de personnes qui s'intéressent à la voie du soufisme près de chez moi... Le soufisme est une branche de l'islam qui recèle d'une telle sagesse....
J'aimerais d'ailleurs partager avec vous ce poème que j'ai écrit... après avoir découvert l'histoire de cet amour extraordinaire entre le poète Rûmi et le derviche Shams de Tabriz... Mon chéri, c'était mon "Shams", mon soleil à moi.... Cette histoire est venue raisonner si fort en moi... J'ai écrit ce poème il y a bientôt deux mois... Peut être l'une des dernières fois où j'ai eu la chance, l'espace d'un instant, de le sentir si proche...
Merci d'accueillir mes paroles. Je vous embrasse, toutes et tous. Vos présences sur ce forum, et sur cette Terre, sont précieuses. N'en douter jamais.

Shams
Soleil de mes jours et de mes nuits, derviche qui s’ignore,
Placé sur ma route pour éclairer les tréfonds de mon être,
Tu m’as ouvert la voie, honoré ici-bas tous tes engagements, gravés dans le secret des étoiles,
Et je devine au plus profond de mes entrailles, à travers ce contrat qui nous lie, qu’il me reste à accomplir, ma part.
Porter ta voix dans la société des hommes, être du soleil le rayonnement.
Et cette Vérité nue, que je cherche à contempler, tout en détournant le regard,
Fait battre la chamade dans mon cœur, amoureux et terrifié.
Saurais-je un jour, assumer de devenir, ce que Rûmi fut pour Shams ?
Faire de toi ma muse, devenir le poète ?
Car le soleil ne peut briller, sans que ses rayons n’acceptent de se briser sur le sol,
Et ta lumière sans être tienne, à travers moi, continue d’implorer en silence :
«  Laisse-toi me répandre… »
Où que tu sois désormais et au nom de l’Amour, je t’implore quant à moi de ne pas m’épargner, mais de me vaincre.
Brûle et révèle,
Apprends-moi à me consumer.


Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 18 octobre 2017 à 22:15:55
la blessure de nos paradis perdus ...
qu'on ignorait ou jugeait autre que des paradis ...
va durer
mais évitons de la renforcer nous même, si on peut, pas à pas
je t'embrasse très fort
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 19 octobre 2017 à 13:25:43

   Chère Ela,

   Tu as ressenti le besoin d'écrire et tu as bien fait, tes textes sont toujours riches et débordants d'amour ...
   Je ne ressens que carabistouille aujourd'hui donc je vais carabistouiller ... écritouille et pensouille ont congé ... dommage, pas ma souffrance, mais ça ...
   Merci à toi pour tes partages, à+, M.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Bulle 777 le 04 novembre 2017 à 17:52:46
Je pleure moins, j'arrive même à ressentir une sorte de joie timide, qui se rattache à une foi, une confiance encore vacillante en l'existence d'une force qui nous dépasse, pleine d'amour, et qui détient le sens de toutes ces épreuves que nous traversons.

Tout est dit et bien dit, chère Ela !
Oui il est possible de survivre et de ressentir de la joie, c'est fou mais c'est vrai !

merci pour ta visite sur mon fil et tes mots.
 :-*
Bulle
Titre: Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Bulle 777 le 04 novembre 2017 à 18:16:08

J'ai ressenti parfois, depuis son décès, en de rares et si précieux instants de grâce, cet amour circuler en moi, entre lui et moi... partout... Ça m'est arrivé fréquemment, au cours de la première année, lorsqu'à une vague de souffrance extrême succédait... une sorte d'espace de vacuité... un instant suspendu... empli de sérénité, de douceur..... d'une chaleur presque palpable.
J'ai la sensation d'une brèche qui se referme, toujours plus, et je me demande s'il me faut accepter de la laisser se refermer...



Ela, je ressens aussi cette brèche qui se referme et je ne veux pas ! La pleine souffrance me mettait en contact avec le vrai et je ne veux pas quitter ce "vrai" découvert à force de malheur... paradoxe quand tu nous tiens !
 :-*
bulle
Titre: Re : Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 04 novembre 2017 à 20:46:15

J'ai ressenti parfois, depuis son décès, en de rares et si précieux instants de grâce, cet amour circuler en moi, entre lui et moi... partout... Ça m'est arrivé fréquemment, au cours de la première année, lorsqu'à une vague de souffrance extrême succédait... une sorte d'espace de vacuité... un instant suspendu... empli de sérénité, de douceur..... d'une chaleur presque palpable.
J'ai la sensation d'une brèche qui se referme, toujours plus, et je me demande s'il me faut accepter de la laisser se refermer...



Ela, je ressens aussi cette brèche qui se referme et je ne veux pas ! La pleine souffrance me mettait en contact avec le vrai et je ne veux pas quitter ce "vrai" découvert à force de malheur... paradoxe quand tu nous tiens !
 :-*
bulle

Je crois que je la laisse se refermer mais je souffre, je n'avais pas mis de mots sur cette brèche, merci
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 05 novembre 2017 à 18:24:43
Je repasse par ici, pour vous dire merci pour vos messages et vos pensées... Bulle, Mononoké, Souci, Qiguan, Stefy, Elia, Alexandra, Stana, Federico et tant d'autres... Merci du fond du cœur. J'ai beaucoup pensé à vous et à vos aimés, même si je me suis absentée du forum ces deux dernières semaines.
Je me suis retirée une semaine dans un monastère bouddhiste... C'était une expérience forte, remuante... je reviendrai peut être en parler, mais pas maintenant, pas tout de suite...
Là, je voulais juste vous dire que je pense à vous qui ces derniers mois m'avez aidée à ne pas m'écrouler... en livrant ici ce que vous êtes, avec vos forces et vos fragilités.
Je vous embrasse.
Titre: Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Federico le 05 novembre 2017 à 19:28:20
Je repasse par ici, pour vous dire merci pour vos messages et vos pensées... Merci du fond du cœur.
Là, je voulais juste vous dire que je pense à vous qui ces derniers mois m'avez aidée à ne pas m'écrouler... en livrant ici ce que vous êtes, avec vos forces et vos fragilités.
Je vous embrasse.

Merci infiniment... sublime Ela !

Amitiés.
Federico
Titre: Re : Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 06 novembre 2017 à 13:16:19
Je repasse par ici, pour vous dire merci pour vos messages et vos pensées... Merci du fond du cœur.
Là, je voulais juste vous dire que je pense à vous qui ces derniers mois m'avez aidée à ne pas m'écrouler... en livrant ici ce que vous êtes, avec vos forces et vos fragilités.
Je vous embrasse.

Merci infiniment... sublime Ela !

Amitiés.
Federico

oui MERCI !!!
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 07 novembre 2017 à 18:43:28
Mon ami le cafard (venu me rendre une petite visite) et moi, nous vous saluons. Il m'avait un peu lâché ces derniers temps, mais il faut croire qu'il se sent encore à l'aise et que son petit nid est bien caché là, au creux de mes cicatrices, de mes casseroles, de mes fantômes et de mes ombres.
Drôle d'ami dont la compagnie me fait me sentir bien seule... petit atome dans l'univers.
Étincelle discrète qui demeure. J'ai peur que tu t'éteignes si je te fais l'affront de t'ignorer, alors tu vois? Je termine mon message en parlant de toi.
Douceur à tous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 05 décembre 2017 à 18:38:01
Un mois que je ne suis pas passée par le forum... Je continue de laisser la vie m'emporter où bon lui semble... J'observe tous ces changements qui s'opèrent en moi, ces métamorphoses tellement intimes et dont je demeure néanmoins spectatrice, de plus en plus consciente d'être dépassée, transportée, animée par des choses qui m'échappent, me dépassent...
Je constate aujourd'hui être à nouveau capable de rire. De rire franchement. De savourer intensément des instants fugaces. Et puis le courant m'emporte un peu plus loin, ailleurs... dans une intériorité inaccessible, une nécessaire solitude. J'apprends à aimer cette solitude. Même si parfois encore, j'y croise des démons qui continuent de me hanter,  à moins que ce ne soit moi qui les retienne prisonniers. J'aimerais les libérer, eux comme moi... Je tente d'avoir confiance dans le fait qu'un jour, je trouverai la clé... qu'elle me sera donnée.
Quant à Hanaël, il est toujours là, au creux de tout. Il a toujours été ma moitié, mon tout autre.: un miroir qui ma révélé à moi-même pour le meilleur et pour le pire. Je continue de souffrir, physiquement, intensément, de son absence... Une souffrance qui parfois, vient me couper le souffle. M'effraye de par son intensité. Du manque de sa voix, de son odeur, de sa présence. Je souffre de le sentir s'éloigner, s'estomper...  et pourtant... il demeure au fond de moi, plus que jamais, ce miroir dans lequel je me reflète et par l'intermédiaire duquel je continue d'appréhender le monde. Lorsque je parviens à être confiante, à accueillir de la joie dans mon quotidien... il est là, souriant. Lorsque je suis angoissée, torturée, il marche au milieu de mes démons.
J'ai compris désormais, qu'il fait et fera toujours partie de moi. Différemment et pourtant comme au premier jour, pour le meilleur et pour le pire. Alors je tente d'accueillir le meilleur, et d'apprendre à tirer les leçons du pire sans qu'il vienne tout envahir. Je ne sais pas comment cette nouvelle façon d'appréhender les choses s'est installée en moi. Tout bouge et se transforme sans arrêt, sans début ni fin. Et moi j'observe... Cette peur étrange d'aller mieux qui, parmi tant d'autres ressentis chaotiques, m'a tant fait souffrir... est moins violente elle aussi. Peut être parce que je commence à accepter d'être encore en vie. A accepter l'ironie de cette énergie qui me pousse à vivre, exacerbée par la souffrance de la perte.

Je reviendrai encore écrire ici, vous lire. Je pense à vous, vous embrasse. Prenez soin de vous.

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 06 décembre 2017 à 13:32:52

    Bonjour chère Ela, petite perle fine ...
    Tu continues de laisser la vie te mener où bon lui semble et ... moi aussi !
    Souvent, cette impression d'être comme un fétu de paille ...
    Mais mon esprit, je l'exhorte à explorer toujours vers la joie et la fraîcheur, et cette résistance est possible, oui, en douceur, patiemment ...
    Merci à toi de venir de temps en temps témoigner avec tes nuances sincères et inimitables ...
    Bisou, Titine.
   
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 06 décembre 2017 à 23:51:20
Merci douce Martine, pour ce message. Le fétu de paille...oui. Elle m'a accompagnée, aujourd'hui, ton image... qui rejoint et complète si bien ce que je ressens.
Nous ne pesons pas bien lourd et pourtant, étrangement, c'est sans doutes un peu grâce à cette petitesse, à cette fragilité.... que le vent parvient à nous emporter sans nous briser complétement, sans nous réduire en poussière.
Mais c'est aussi de réaliser que nous sommes de minuscules brindilles flottant au gré de vents contraires, qui nous fait nous sentir tellement vulnérables, tellement impuissants et tellement terrifiés... face à ces bourrasques et ces courants immenses qui nous emportent je ne sais où... qui surviennent, jaillissent, nous traversent de part en part et qu'on ne maitrise pas.
Nous ne pesons pas bien lourd, non... De fines enveloppes translucides au cœur desquelles brillent de petites lucioles appelées "conscience"... qui dérivent entre ouragans, cyclones, tempêtes... dans l'attente d'une brise d'été...
Bises et douce brise chère Martine.
Je t'embrasse.
Titre: Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 08 décembre 2017 à 17:17:40
Je continue de laisser la vie m'emporter où bon lui semble... J'observe tous ces changements qui s'opèrent en moi, ces métamorphoses tellement intimes et dont je demeure néanmoins spectatrice, de plus en plus consciente d'être dépassée, transportée, animée par des choses qui m'échappent, me dépassent...
Je constate aujourd'hui être à nouveau capable de rire. De rire franchement. De savourer intensément des instants fugaces. Et puis le courant m'emporte un peu plus loin, ailleurs... dans une intériorité inaccessible, une nécessaire solitude. J'apprends à aimer cette solitude. Même si parfois encore, j'y croise des démons qui continuent de me hanter,  à moins que ce ne soit moi qui les retienne prisonniers. J'aimerais les libérer, eux comme moi... Je tente d'avoir confiance dans le fait qu'un jour, je trouverai la clé... qu'elle me sera donnée.
....
A accepter l'ironie de cette énergie qui me pousse à vivre, exacerbée par la souffrance de la perte.


Merci Ela, merci pour ton partage, c'est si joliment dit, si vrai, si pur ....
Mononoké
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 08 décembre 2017 à 21:19:25
Merci à toi, chère Mononoké.  D'être là, d'avoir une parole bienveillante et chaleureuse pour tous.
Je nous souhaite à toutes et tous beaucoup de courage en cette période. Je nous souhaite de réussir à vivre de jolis moments de partage, de recueillir malgré tout un peu de chaleur au cœur de la froideur hivernale.
Je crois que c'est possible. J'espère, j'attends ces petites étincelles. Pour l'instant ce n'est pas évident... Et plus le temps passe, plus il m'est difficile d'évoquer cette blessure... je n'y parviens qu'à demi-mot...
Le mois de décembre, la lumière qui décline au dehors... qui reflète le voile de tristesse qui tapisse mon intérieur. Le constat nuancé qu'apporte le temps qui passe... Je suis toujours debout, oui. Certaines blessures peuvent être transcendées... mais non réparées... Et je crois que je ressens, présentement, cette tristesse d'avoir en moi la force de continuer sans être consolée. Je suis inconsolable.
Et je vous prie de me pardonner, chers amis de ce forum. Souci:  tu me remerciais plus tôt de venir de temps en temps témoigner ici, mais si je suis honnête, c'est la consolation, bien souvent, que je viens chercher auprès de vous. C'est la solitude, trop pesante, qui m'amène à revenir ici... même si au fond de moi, j'aimerais être capable d'agir dans la pure gratuité.
Je vous partage ma vulnérabilité, et choisis, par ces quelques mots tapés sur mon clavier, de me la pardonner.
Je reste solidaire de vos souffrances. Comment ne pas l'être lorsqu'on ressent toutes ces choses dans sa propre chaire? mais c'est bien souvent la mienne qui continue de me dicter la marche à suivre.
Besoin de vous partager ce ressenti, je ne sais pas bien pourquoi... Par souci d'honnêteté vis à vis de moi-même... de vous... de mes intentions... de ce que je mets en œuvre presque malgré moi. Et parce qu'au delà de ce besoin d'être consolée... j'éprouve trop d'affection, de respect pour les personnes croisées ici pour ne pas creuser ce besoin de venir chercher du réconfort sans me sentir capable de donner en retour.
C'est un peu confus, dans mon esprit, alors ça ne sera sans doutes pas très clair à la relecture.
Mais je ressens qu'il est important pour moi d'ouvrir les yeux sur ce comportement, cette attitude que j'évoque... car elle vient se mettre en travers de mes relations, sur le chemin de ma "reconstruction"... Je l'ai identifiée au monastère bouddhiste il y a quelques semaines... Lorsque je suis arrivée, je souriais à tout le monde et en retour, je ne suis tombée que sur des visages froids et relativement indifférents... Ça m'a beaucoup déstabilisé dans un premier temps, et j'ai très mal vécu les premiers jours. Et puis au fil de la semaine, j'ai compris que je ne souriais pas gratuitement. Je souriais dans l'espoir d'obtenir un sourire rassurant, bienveillant en retour. Je souriais pour être rassurée.
Constat difficile, pas agréable. A la fin de cette semaine de méditation, mon sourire avait changé pourtant... imperceptiblement... mais pourtant, ce n'était plus le même... Je souriais. Je ne souriais plus pour obtenir. Je souriais pour donner. Et là, d'autres sourires m'ont été offerts, que je n'attendais pas.
Mais il me reste un long chemin à parcourir, pour être capable d'aimer sans m'attacher, de donner sans rien attendre.
J'aimerais un jour revenir sur ce forum et être capable de vous sourire ainsi.
En attendant, j'espère que vous saurez me pardonner, d'avoir encore besoin de vous, de vos paroles rassurantes.
Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 08 décembre 2017 à 22:56:24

   Hmm, faudrait peut-être inventer la
   "seulidatité" ou le "solideuil" ?
   C'est vrai que "solidaire", ça sous-entend qu'on se serre les coudes pour venir au bout d'une difficulté ...
   Or, le deuil profond est irréparable !
   Tout-à-fait d'accord !
   Comme toi, je ressens néanmoins la possibilité d'une évolution positive ... dans la ... transcendance ? Attends, dico: (ouillle, c'est chelou ... chelou, la transcendance pour mon ascendance gaumaise, huhu!)
   Bon, alors je vais dire comme je le vois.
   Il nous est arrivé quelque chose d'immensément grave à notre échelle ... mais le monde n'est pas à notre échelle, alors en regardant le monde tel qu'il est, vaste, mystérieux, d'une infinie variété de sensorialité et de sens à traduire, cela nous ouvre ...
   Notre Blessure n'est pas moindre, mais nous avons plus de générosité, tellement il nous apparaît qu'il nous reste plein de possibilités de donner, transmettre, découvrir, apprendre ...
   C'est la brèche dans la brèche ... comme quoi blessés, nous pouvons, à l'inverse de l'idée de cicatriser(qui, personnellement, me fait horreur!), travailler depuis la profondeur de notre Entaille, je ne vois d'ailleurs plus aucun repère authentique ailleurs !
   Je pense que l'idée générale est que les personnes en deuil sont figées et se cramponnent au passé, alors que l'on creuse et que là-dessous les grands gisements sont pleins de vie et de nouveauté ... et n'attendent que notre exploitation !
   C'est mon espoir fou ... me dire que de la mort de Kalahan, je dois absolument tirer "quelque chose" de cette atrocité ... un combustible, un aliment, que sais-je !
   Je ne me contente pas de l'hypothétique réconfort (dont je comprends la logique) d'une vie APRES, c'est de cette putain de vie-ci que je veux mon Espoir, Mon Amour HUMAIN !
   Ne te laisse pas trop bluffer par l'idée de "gratuité", don absolu, c'est peut-être un peu trop propre pour être honnête, non ? La Nature ne fait rien pour rien, et prouve de toutes les façons que l'intéressement crée des dynamiques.
   Alors abuse de curiosité sans complexe, et sans jamais m'y sentir obligée, j'aurai toujours le goût de te lire et te répondre, Ela.
   Purée, on est bourrés de défauts et alors, comme disait Henri Michaux dans un de ses poèmes qu'un ami m'a fait connaître, si on les retire, qu'est-ce qu'il reste ? TU peux bien avoir confiance en toi, avec tes doutes et A FORTIORI avec eux, ne l'oublie pas.
   Bien tendrement, Titine.
Titre: Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 08 décembre 2017 à 23:18:56

   
   Ne te laisse pas trop bluffer par l'idée de "gratuité", don absolu, c'est peut-être un peu trop propre pour être honnête, non ? La Nature ne fait rien pour rien, et prouve de toutes les façons que l'intéressement crée des dynamiques.
   Alors abuse de curiosité sans complexe, et sans jamais m'y sentir obligée, j'aurai toujours le goût de te lire et te répondre, Ela.
 
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chuis d'accord avec Martine,
par exemple laisser des messages sur le forum me fait du bien, vous lire me fait du bien, venir sur le forum me fait du bien alors est-ce gratuit ? je n'en sais rien, j'en ai envie je le fais
lorsque je me suis inscrite sur le forum au début, c'était pour faire face à ma solitude, qui m'était insupportable

soyons ce que nous sommes, et fier de l'être, dans nos imperfections, nos paradoxes..
tendrement
mononoké
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 09 décembre 2017 à 02:11:42
Merci à vous chères amies... Lire vos réponses me fait beaucoup de bien. Me permet de regarder les choses, sous une nouvelle perspective. Une part de moi vous rejoignais déjà, même avant de vous lire... mais si j'ai écrit ce que j'ai écrit, c'est peut être justement parce que ce soir, j'avais besoin que d'autres me renvoient à une façon différente de contempler ce que je vis. J'avais besoin de ce reflet, de cet écho... Besoin de ne pas faire seule, mes questions et mes réponses... Oui, c'est ça... Je parle moins d'Hanaël, de ma souffrance autour de moi... et je crois que je suis peut être fatiguée... fatiguée de ce cerveau qui turbine, de mes questionnements, de mon bavardage intérieur! ^^
Besoin de réaliser que cette "exploration en profondeur de notre entaille" dont tu parles si bien Souci, même si elle se vit seul, nous fait parfois toucher du doigt les mêmes questionnements, les mêmes sensations.... Besoin de parler avec d'autres pour ne pas devenir zinzin et commencer à marmonner seule dans ma barbe!! ha ha!
Citer
" c'est de cette putain de vie que je veux mon espoir, mon Amour HUMAIN"
.... C'est exactement ça! Je veux encore me sentir reliée. Me sentir vibrer... Toucher du doigts l'essentiel. Ce qui nous rapproche! Cette envie est de plus en plus forte. Et puis parfois, je suis comme aveuglée et je me perds. Je ne sais plus comment continuer... Tout est confus et se mélange. Mais vos messages m'aident à y voir plus clair.
Qiguan me disait: "apprenons à nous foutre la paix". Je me répète souvent cette phrase! Je l'oublie souvent aussi... mais ça ne fait rien ^^.
Citer
"soyons ce que nous sommes, et fier de l'être, dans nos imperfections, nos paradoxes"
. Tu as tellement raison Mononoké....
Je ne sais pas trop pourquoi, je ressens beaucoup de pression en ce moment... Enfin si, bien sur, je le sais... mais pourquoi je ressens ça, comme ça, maintenant. Quelque chose qui m'enserre la poitrine... qui m'oppresse toujours plus... Un étau autour de ma tête... C'est sans doutes là depuis longtemps? mais en ce moment, je le remarque davantage... Une tension, physique... dès le réveil. Heureusement, parfois, les larmes coulent et la pression retombe un instant.
Bon, je vais vous laisser... je suis fatiguée. Mais je ressens beaucoup de gratitude pour les messages que vous m'avez adressés.
Je vous embrasse, vous envoie mon affection.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 14 décembre 2017 à 16:06:20
Ecrire ce que l'on ressent, mettre des mots sur nos maux comme on dit, comme ça nous vient, spontanément, c'est une libération, il ne faut pas hésiter à y avoir recours quand on en èprouve le besoin.
Ton mal-être actuel est peut-être lié aux fêtes qui approchent-simple supposition bien sûr. Qu'elles en soient la cause ou non, j'espère que les fêtes en question ne seront pas trop difficiles à vivres pour toi-pour nous tous d'ailleurs, et apporteront plus de douceur que de tristesse, si c'est possible. Quoiqu'il en soit, tu as raison de laisser tes larmes coulées quand elles viennent, c'est vrai que ça permet de relâcher la pression. Les larmes, c'est fait pour ça  :'( :)

Douces pensées  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 17 janvier 2018 à 01:01:20
Ce forum est un lieu ou j'ai pu exprimer ma souffrance, lorsque aucun autre lieu n'était prêt à l'accueillir. Un lieu où j'ai pu déposer, ce qui brulait mes doigts et consumait mon cœur...
Alors aujourd'hui, j'aimerais revenir y déposer un peu d'espoir. Hanaël me manquera toute ma vie. Son visage, son sourire, la lumière de ses yeux, sa voix, sa douce folie, son odeur, sa chaleur, sa douceur, ses manies... Tout ce qu'il était me manquera toujours, inévitablement, irrémédiablement...  Et sans doutes, ce manque me fera-t-il plier, pleurer, hurler silencieusement encore et encore, jusqu'à mon dernier souffle. Mais puisque ce manque, à sa manière, est plein de lui, alors j'apprendrai à aimer même ce manque... Car Hanaël est pour moi lumière et vie. Et rien de ce qui se rapporte à lui, pas même son départ, son absence... ne saurait attiser en moi l'ombre et le désespoir. Etty Hillesum, femme merveilleuse, écrivait cette phrase, que j'ai retrouvé sur une carte que m'a offerte mon aimé: "Et toujours, dès que je me montrais prête à les affronter, les épreuves se sont changées en beauté"... Je n'y arrive pas toujours : à concilier l'épreuve et la beauté, la souffrance et l'amour de la vie... Mais je sais que c'est possible. Et qu'il faut s'attacher chaque jour à cet effort, parfois surhumain, d'y croire. Car cet effort ne reste pas vain...
Hanaël me manquera toute ma vie et pourtant il est avec moi et je crois que petit à petit, j'apprends à ne plus avoir peur d'avancer. Ce n'est pas simple... mais je comprends que vivre est ma responsabilité... Une responsabilité que souvent, je ne veux pas regarder en face... par peur d'échouer. Mais c'est bien une responsabilité. Une liberté à assumer. Un pari à prendre. Un saut dans l'inconnu, chaque matin au réveil. Pendant des mois, j'ai cru que la perspective de ce saut serait pour moi source de terreur pour le restant de mes jours. Certains jours encore, l'angoisse me paralyse... et dans ces moments là, je fais de mon mieux pour m'accorder patience et indulgence... Sans pour autant renoncer à croire avec constance, que la vie, au plus profond de son essence: est un don. Quelque chose de beau.
Mais au fond.... ce n'est pas moi qui suit constante. C'est la vie elle même qui est constante. Car elle n'arrête jamais de s'offrir à nous, même si nous sommes parfois tellement en colère contre elle... Car il nous est impossible de la comprendre. De négocier avec elle. De la faire coïncider avec nos idéaux de bonheur et de justice. Mère Teresa, témoin pourtant de tant d'injustices, disait: "la vie est la vie, défends là".... J'essaye d'intégrer ces mots de toutes mes forces... Pas besoin de tout accepter de la vie, de tout comprendre, de tout aimer même.... pour continuer de défendre cette existence qui nous est donnée.
Petit à petit, je crois que j'arrive à accepter que ce que j'ai entre les mains, c'est ça, et rien d'autre. Pas plus, pas moins, pas mieux, pas pire... J'ai eu la chance extraordinaire de rencontrer, d'aimer et d'être aimée par un homme exceptionnel, qui m'a offert ce sentiment réconfortant qu'on peut être rejoint même au cœur de la part la plus solitaire de son être. Et lorsque ça arrive: c'est tellement beau... Je n'idéalise pas notre histoire... Les "bruits du monde" comme il les appelait, viennent nécessairement s'interposer dès-lors qu'on assume de mettre un amour figé dans l'idéal à l'épreuve de la réalité. Cette mise à l'épreuve, nous l'avons connue aussi. Et c'était très bien ainsi, car sans cette confrontation à la réalité, jamais nous ne nous serions accordé la chance de grandir et d'apprendre de nos erreurs. Et tout de même, au creux de tout, je garde le fait que si la vie a mis sur ma route une rencontre d'une telle beauté, c'est que j'ai et conserverai pour toujours une preuve indéniable qu'il y a des choses ici bas qui en valent la peine.
A moi désormais de me mettre en route pour les trouver...
Je vous embrasse.... Ne perdez pas espoir.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 17 janvier 2018 à 14:38:23

   
Citer
ce sentiment réconfortant qu'on peut être rejoint même au cœur de la part la plus solitaire de son être.

    Hé, si c'est pas de la super-pensouille, c'est que j'y connais que douille !
    Contente de te lire, ma très chère Ela ...
    Et tant que nous y souilles, bonne annouille et bonne santouille !
     ;) :D :-* Titine.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 17 janvier 2018 à 16:47:44
Citer
Mais puisque ce manque, à sa manière, est plein de lui, alors j'apprendrai à aimer même ce manque...

je suis sur le même chemin
Citer
Pas besoin de tout accepter de la vie, de tout comprendre, de tout aimer même.... pour continuer de défendre cette existence qui nous est donnée.
Petit à petit, je crois que j'arrive à accepter que ce que j'ai entre les mains, c'est ça, et rien d'autre. Pas plus, pas moins, pas mieux, pas pire... J'ai eu la chance extraordinaire de rencontrer, d'aimer et d'être aimée par un homme exceptionnel
Citer
Je n'idéalise pas notre histoire..
Citer
. Et tout de même, au creux de tout, je garde le fait que si la vie a mis sur ma route une rencontre d'une telle beauté, c'est que j'ai et conserverai pour toujours une preuve indéniable qu'il y a des choses ici bas qui en valent la peine.
je partage aussi tout cela
bonne route pour
Citer
A moi désormais de me mettre en route pour les trouver...

moi j'ai choisi que ce sont mes petites filles et notre fille !
je t'embrasse fort
Titre: Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: 3 pommes le 17 janvier 2018 à 17:59:35
Hanaël me manquera toute ma vie et pourtant il est avec moi et je crois que petit à petit, j'apprends à ne plus avoir peur d'avancer. Ce n'est pas simple... mais je comprends que vivre est ma responsabilité... Une responsabilité que souvent, je ne veux pas regarder en face... par peur d'échouer. Mais c'est bien une responsabilité. Une liberté à assumer. Un pari à prendre. Un saut dans l'inconnu, chaque matin au réveil. Pendant des mois, j'ai cru que la perspective de ce saut serait pour moi source de terreur pour le restant de mes jours. Certains jours encore, l'angoisse me paralyse... et dans ces moments là, je fais de mon mieux


Ela ,
Si tu me le permets je pourrais juste remplacer le prénom tellement je partage ton message.
Hanael est   parti en avril 2016, le mien est parti début mai 2016 .
Un saut dans l'inconnu oui c'est bien  ça et cela fait tellement peur. Avons nous le choix de ne pas sauter ????
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 18 janvier 2018 à 21:17:01
Chère Etoile9: je suis heureuse que mes mots t'aient touché, même jusqu'aux larmes. Elles sont précieuses ces larmes, lorsqu'on arrive à les laisser perler aux coins de nos yeux, à les laisser couler. Je t'envoie toute mon affection, et te remercie pour ce précieux retour.
 Chère Martine: quel réconfort d'avoir toujours un petit message de toi, lorsque je repasse par ici. Ta sensibilité est une douce lueur qui finit toujours par rejaillir, même au creux de tes jours les plus sombres. Une lueur que tu offres sans calcul ni retenue. Merci pour ta générosité.
Chère Qiguan: tant de parallèles entre nos ressentis! Merci pour ta constance dans le soutien que tu apportes à toutes et tous ici. Cette même constance dont tu fais preuve sur ton propre chemin, afin de garder la tête haute en toutes circonstances. Ça m'inspire beaucoup.
Chère 3 pommes: Là encore, tu ne peux savoir à quel point cela me rend heureuse de découvrir que mes mots entrent en résonance avec le vécu d'autres personnes ici. Bien sur, tu peux mettre le nom de ton amour à la place de celui d'Hanaël, dans ton cœur, sur le papier ou sur l'écran si cela correspond à ce que tu ressens. Tu te demandes si nous avons le choix de ne pas sauter... Je ne sais pas trop... je crois que la réponse est plus nuancée que oui ou non.... Je crois qu'on n' a pas le choix lorsque le courant nous emporte, mais qu'on peut toujours influer sur la manière dont on se positionne face à ce courant... Va-t'on s'épuiser à lutter contre ce qu'on ne peut pas maîtriser, ou laisser la vie nous emporter dans son cours et briser en nous tout ce qui l'empêche de couler? Merci à toi pour ce partage...
Chères toutes et tous: je vous embrasse et vous envoie toute mon amitié. Si vous lisez ces lignes, c'est que vous avez fait le choix de continuer, une heure, un jour de plus. Et ce n'est pas rien. C'est une précieuse parcelle de terrain gagnée sur le néant. Prenez soin de vous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 24 janvier 2018 à 19:02:18
Je passe et repasse ici... et je vous lis toujours. J'avoue ne plus toujours savoir quoi écrire, alors je fais parfois le choix de garder le silence. Mais pas un silence indifférent... non. C'est simplement que... je n'ai pas toujours de mots nouveaux à poser sur tous ces ressentis, les vôtres, les miens, les nôtres...  Surtout sur vos peines, vos histoires. Si délicates que j'ai parfois peur de les toucher avec mes doigts qui me semblent encore trop gourds. Alors, si nous étions côtes à côtes, resterait la présence.  Mais en ce lieu virtuel, la présence silencieuse demeure invisible...  Alors je pose ici, pour vous et vos aimés, cette petite bougie...
(http://idata.over-blog.com/4/01/00/81/second/hhhhhh/divers-bougie-coeur-img.jpg)
Plus j'avance et moins je sais.... Je "ressens" toujours, ça, c'est indéniable. Mais je ne sais plus grand chose. Je laisse venir ce qui vient et tente de ne rien bloquer. Mes larmes ne se tarissent pas...  mais elles n'empêchent pas systématiquement les éclaircies. Apprendre à aimer, même le mauvais temps. Et un jour, peut-être, parvenir à oublier jusqu'au sens même de cette expression. Clin d’œil à mon aimé pour qui "le mauvais temps" n'existait pas. C'est ce que je me souhaite. Arrêter de craindre, tour à tour: que la fontaine se tarisse ou que je finisse par m'y noyer. C'est ce que je me souhaite.
Je ne sais plus grand chose mais je ne crois pas en rien pour autant. Je crois en l'amour et en la possibilité de se libérer, de gagner en authenticité... Je crois que le bonheur existe même si dans son essence la plus pure, il reste encore un idéal... et je crois que nous ne sommes pas démunis sur le chemin pour y accéder. J'avoue cependant avoir encore beaucoup à apprendre pour y parvenir. Car me répéter que le ciel est bleu ou que les nuages sont mes amis ne suffit pas à ôter durablement ce poids qui parfois écrase ma poitrine.
Je tente de faire la paix avec mes paradoxes... J'observe que les conseils et les  encouragements me stimulent et m'agacent tour à tour. Je tente d'accepter que moi-même, je puisse être source de motivation ou d'agacement pour les autres, tour à tour, à cause d'une parole prononcée ou d'un acte posé. Je tente de ne pas m'empêcher de continuer à m'investir dans ce monde pour autant. Je tente d'arrêter de me comparer aux autres, en les idéalisant ou en les rabaissant par des jugements hâtifs. Je tente d'essayer de me suffire et d'arrêter de vouloir me suffire.... D'accepter que la solution m'échappe encore... Que certains paradoxes m'apparaissent encore comme des contradictions.
Et j'admets que parfois, c'est dur.... Dur, dur, dur...  Que vivre me demande tant d'efforts. Trop d'efforts peut être?  Que je ne sais pas encore ce que c'est que de vivre sans combattre. Que je n'ai qu'une perception totalement partielle des forces qui m'animent, autant que des résistances auxquelles je me heurte pour me relever et avancer.
Et j'observe que si certains jours, je me sens tellement "ours", tellement ermite... d'autres jours je me sens liée aux autres bien plus qu'avant... Parce que j'ai vraiment conscience que nous sommes sur le même bateau et qu'il n'existe plus une seule personne dont je pourrais dire, en fin de compte et si je reste honnête: que j'aurais mieux fait à sa place...
Et pourquoi je suis là? Comment j'en suis arrivée là? Et bien il y a Lui... au centre de mon centre. La présence immense d'un absent... Le poids énorme d'un vide... Hanaël... Partout, nulle part.... Un vide trop plein que je désire, qui m'aspire.... Une envie d'enlacer, d'étreindre qui dévore.... Un espace où les mots s'arrêtent... Une solitude à assumer.... Le manque...
C'était déjà là bien avant lui.... sans doutes... surement. Ce vide, cet espace. Mais peut être qu'il faut prendre le risque de laisser quelqu'un y entrer... et souffrir de devoir le laisser partir pour avec conscience que c'est là...
Et face à cette prise de conscience, une considération un peu masochiste : c'est beau et ça fait mal.
Je vous embrasse toutes et tous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 24 janvier 2018 à 20:14:54
 :-* affectueuses
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Federico le 25 janvier 2018 à 00:26:31

Chère Ela,

Ma soirée est un peu mouvementée mais  L'ESSENTIEL est dans ton merveilleux message : c'est beau et ça fait mal !

Merci infiniment pour cette petite bougie... "la présence silencieuse demeure invisible" mais évidente, palpable, réelle !

Ton message est un trésor ... quelle richesse, quelle émotion ! MERCI Ela.

" Clin d’œil à mon aimé pour qui "le mauvais temps" n'existait pas."

"Je crois en l'amour et en la possibilité de se libérer, de gagner en authenticité..."

" Car me répéter que le ciel est bleu ou que les nuages sont mes amis ne suffit pas à ôter durablement ce poids qui parfois écrase ma poitrine."

" Je tente de faire la paix avec mes paradoxes... J'observe que les conseils et les encouragements me stimulent et m'agacent tour à tour. Je tente d'accepter que moi-même, je puisse être source de motivation ou d'agacement pour les autres, tour à tour, à cause d'une parole prononcée ou d'un acte posé. "

" Et j'admets que parfois, c'est dur.... Dur, dur, dur...  Que vivre me demande tant d'efforts. Trop d'efforts peut être?  Que je ne sais pas encore ce que c'est que de vivre sans combattre. Que je n'ai qu'une perception totalement partielle des forces qui m'animent, autant que des résistances auxquelles je me heurte pour me relever et avancer. "

" Et j'observe que si certains jours, je me sens tellement "ours", tellement ermite... d'autres jours je me sens liée aux autres bien plus qu'avant... Parce que j'ai vraiment conscience que nous sommes sur le même bateau ... "

"  Mais peut être qu'il faut prendre le risque de laisser quelqu'un y entrer... "

Je suis ému jusqu'aux larmes.

Douceur & tendresse

Je t'embrasse.
Federico


Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 25 janvier 2018 à 07:25:01

   Ah que l'on se sent bien chez toi, Ela ...
   Tu n'écris pas tous les jours et alors.
   On te connait par tes mots qui témoignent de ta sensibilité personnelle, de tes sentiments profonds, tu nous parles tellement bien, et tu nous lis tellement bien.
   Compréhension, échanges totalement sincères et éprouvés ...
   Absence de remparts égotiques ...
   Vive le partage, l'amitié sans fard, la solidarité ...
   Que de richesses dans nos deuils assumés ...
   Viens là que ch'te fasse un gros poutou, bah, y a déjà Caramel dans mes bras, alors ce sera un câlin avec nounours !
   A + ma Belle, M.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 26 janvier 2018 à 22:36:20
Merci à vous <3. Je partage avec vous ce petit texte écrit ce soir... qui fait écho à cette étrange sensation qui m'accompagne parfois, lorsque je regarde le monde autour de moi... Celle d'être restée debout au bord d'une autoroute... Ce drôle de rapport au temps qui s'instaure... Je vous embrasse.
 

Eden

Eden, toi ma patrie, toi ma maison, mon havre et mon ailleurs…

Faut-il que je t’oublie pour avancer? Faut-il que je t’oublie pour mieux te revenir ?
J’observe le monde qui se précipite, assise au bord du chemin. Autour de moi, les regards graves et sidérés, de ceux que tu as fait trébucher.
Nous regardons, ensemble, la course folle qui inlassablement se poursuit… Vers quoi courent tous ces gens ? Courent-ils vers toi ? Le savent-ils seulement ?
A mes côtés, des silhouettes, muettes et immobiles. D’autres, effrayées, s’écrient : « attendez-moi ! ». Des ombres qui s’élancent, trop tôt, retombent…

Eden, toi ma patrie, toi ma maison, mon havre et mon ailleurs…

Je me relève et marche, hésitante. Je passe devant le sage, assis au pied de l’arbre. Il me sourit, mystérieux et confiant. Je contemple la foule et la foule se déverse, sans me voir.
Que faire ? Rester ou partir ? Le sage dont les yeux pétillants semblent vouloir parler… demeure silencieux. La foule est sourde à mes questions…
Alors je marche à ses côtés, étrangère à son mouvement, son roulement, son tumulte.

Eden, toi ma patrie, toi ma maison, mon havre et mon ailleurs…

Dans l’errance, ne me ferme pas tes portes. Ne te soustrais pas à ma vue.
Donne moi la force et la sagesse de te faire vivre en moi. Autour de moi.
Donne-moi de supporter la solitude et pose un sourire sur mon visage, au creux de ma misère.
Un sourire sincère et humble.
Non pas de ces sourires victorieux qui ne savent reconnaitre la valeur des larmes.

Eden, toi ma patrie, toi ma maison, mon havre et mon ailleurs…

Moi je ne désire pas gagner, je veux apprendre à perdre.


Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 26 janvier 2018 à 22:45:12
Ton texte m'a beaucoup touchée Ela, merci pour le partage  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 27 janvier 2018 à 13:45:16
c'est très beau !
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 11 février 2018 à 19:32:00
Tu me manques mon ange... Tu me manques tellement... Qui suis-je et où suis-je aujourd'hui sans ta présence à mes côtés? Mes rires me donnent envie de pleurer... mes larmes sont pleines de sourires que j'envoie à l'univers, sans connaitre l'adresse... Je fais ce que j'aurais aimé te voir faire si j'étais partie... J'essaye... Je fais des choses que je ne faisais pas avant. J'ai passé mon code, j'ai commencé la conduite... Je m'affirme, j'apprends à dire "non" lorsque je ne veux pas de quelque chose. J'apprends à dire "je t'aime", à mes parents, à ta fille, à mes amis.... et je trébuche. Sans arrêt. Mais je me relève, malgré tout. J'ai grandi un peu je crois.  Et je verse des larmes sur le goût amer de toutes ces petites victoires que je ne peux plus partager avec toi. Je verse des larmes sur ce que je n'ai pas eu le courage de te dire, sur ce que je tente de devenir et que j'aurais aimé être davantage à tes côtés... Je verse des larmes sur ce que j'aimerais partager avec toi encore...
J'ai appris une leçon immense grâce à toi. Qu'il faut donner, donner, donner, donner. Ce qu'on ne donne pas est perdu. Ce qui me rend triste c'est qu'aujourd'hui j'ai cette envie de donner sans retenue. Mais c'est à toi en premier lieu que j'aimerais faire ce cadeau... Je te connais mon amour. Et je sais que ce que tu désirerais le plus au monde pour moi, c'est que je me serve de ce que j'ai appris pour aimer encore. Aimer, aimer, aimer, autant que possible... Et ça me déchire le cœur... Parce que je sais que tu as raison et qu'il n'y a pas de retour en arrière possible...
Hanaël, quel être extraordinaire tu es... tu as été..... Je ne sais pas si j'en serai capable, mais si je parvenais à ne porter en avant qu'une petite parcelle de ce que tu avais à apporter sur cette Terre, alors je n'aurais pas fait tous ces efforts pour rien...
Je t'aime infini-vrai <3
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 11 février 2018 à 22:16:23
Citer
mais si je parvenais à ne porter en avant qu'une petite parcelle de ce que tu avais à apporter sur cette Terre, alors je n'aurais pas fait tous ces efforts pour rien...
chère Ela
me permets tu de l'extérieur de te dire que je crois que tu le fais ... et que ce n'est pas pour rien ...
je viens d'écouter des vidéos sur les différences âmes soeurs/flammes jumelles ...
Être plus soi quand on est seul ... l'autre n'est plus là pour que l'on vive cela, apprenne cela  ... nous sommes des apprenties ...
c'est très difficile mais c'est le chemin
je t'embrasse fort
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 13 février 2018 à 15:23:11
Ela,
je crois que Qiguan a raison,
si tu savais comme te lire m'a émue, tes partages ici sont un cadeau pour nous qui les lisons
tendrement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 14 février 2018 à 18:34:41
Entièrement d'accord!  :-* :-* tes textes sont magnifique Ela, d'autant plus beaux et parlants qu'on les ressens spontanés, naturels, plein d'amour et d'émotion. Emotion que j'èprouve moi aussi en les lisant, je m'y retrouve en plus d'un point  :( :) ce sont de très beaux témoignages d'amour, un amour que tu maintiens vivant par tes écrits.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 19 février 2018 à 23:15:39
Je vous remercie du fond du cœur... Si mes mots parviennent de temps en temps à vous atteindre, c'est un vrai cadeau pour moi. Sachez que je vous lis toujours. Toujours. Et que bien souvent, lorsque je me sens coincée, embourbée dans une situation, un état d'esprit... c'est ici que je reviens pour puiser un peu d'énergie... alors merci.
Je vis des choses qui me déstabilisent en ce moment... Un regain d'énergie, quelques envies, davantage de sérénité et de joie... et en même temps... je ne peux m'empêcher de regarder sans arrêt avec inquiétude dans le rétroviseur... Peur de le laisser... Tellement peur de le laisser. Même si bien sur, ensuite, je réalise qu'il est encore là. Dans chaque petite décision que je prends... Comme si une part de lui vivait désormais en moi...Mais je ressens... qu'à chaque pas, il y a quelque chose en moi qui résiste. Qu'il faut que je rassure... Peut être que je reviendrai, pour en parler davantage. Mais pas ce soir...
Ce soir, je veux juste laisser ma petite empreinte, vous dire que je pense à vous. A ceux dont les noms et les histoires m'accompagnent depuis un certain temps... que je remercie pour leur présence et leur soutien.... à ceux qui viennent d'arriver ici, bouleversés et déboussolés. Puissiez-vous trouver dans ces pages un peu de réconfort. Je vous envoie toute mon amitié.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: arfaca le 19 février 2018 à 23:46:42
Pour moi aussi ici les mots de chacun sont un réconfort et une source d énergie,comme toi ela ,je vis en ce moment embourbée dans des sentiments  qui me bouleversent. Apres bientôt 4 ans de deuil ,la route de la reconstruction est pleine d obstacles et embûches,on croit prendre de l envol et ce regard dans le rétroviseur freine tout la peur au ventre ,il faut se battre.Mais c est dur le combat est long,les munitions se tarissent et soudain un nouvel elan surgit. .
Voilà venir ici permet d eclaircir un peu la route .Je me retrouve souvent dans les ecrits de vous tous..merci pour ce partage je vous transmets mon amitié et comme je vous comprends. !!
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 21 février 2018 à 01:26:50
Merci Arfaca. Je suis heureuse de trouver ce petit mot de toi en repassant par ici... Oui, ce fameux regard dans le rétroviseur et ce coup dans le ventre qu'il vient nous donner parfois... je les connais bien moi aussi... Merci de partager ton ressenti avec moi. Et reviens écrire ici, quand tu veux. Parler de toi, de ton histoire, si tu en as envie bien sur. Je t'envoie, moi aussi, toute mon amitié.
J'ai besoin, quant à moi, d'écrire ce soir. J'ai passé une étrange soirée hier et une étrange journée aujourd'hui et j'ai besoin d'en parler... Je décide de déposer tout ça ici, un peu en vrac.... Car moi-même, je me sens "en vrac" ce soir...
Hier, après avoir déposé quelques paroles ici, je suis allée me coucher... préoccupée par le rapport que j'entretiens avec nos souvenirs, avec mes souvenirs en général.... J'ai l'impression que tout ce qui touche à mon passé et en particulier tout ce que j'ai partagé avec mon aimé.... et enfoui quelque part au fond de moi... Tellement profondément. Federico, j'ai lu le message que tu as publié un peu plus tôt dans ton monastère... et j'espère que tu ne m'en voudras pas d'utiliser tes mots pour décrire ce que je ressens, tant une part de ce que tu exprimes fait écho à ce que j'ai moi-même intimement éprouvé: "Bien évidemment, je pense toujours à son visage, sa silhouette, son corps mais rarement je le revois en train de faire ou de dire des choses... "
C'est quelque chose qui me travaille depuis un long moment... Je n'arrivais pas à mettre de mots sur ça... Disons que dans les premiers mois, je me souviens vaguement que nos souvenirs étaient très présents en moi... Vivants. Intacts. A ce moment là, il m'arrivait également de regarder, quasi quotidiennement, des photos, des vidéos... Mais depuis un certain temps... je ne sais plus bien depuis quand... j'ai arrêté de regarder les photos. Il y a celles que j'ai accrochées au mur, celles que je suis habituées à voir, chaque jour... mais je ne regarde plus de "nouvelles photos". Je ne regarde plus de vidéos...  Je ne peux pas... Ou alors, pas sans forcer, sans affronter quelque chose en moi. Et j'ai l'impression que mes souvenirs s'enfuient et s'enfouissent au fond de mon esprit, hors d'atteinte. Ils reviennent, parfois, par flash... Mais quelque chose manque... la couleur, le grain... le ressenti, la chaleur, les odeurs... Même ces flashs, souvent, ce ne sont que des images animées. Ils ont perdu de leur réalité.
Et hier, après avoir lu le message de Stana... je n'arrivais pas à m'ôter ce besoin de la tête. Celui de vérifier que mes souvenirs sont encore là. Alors j'ai essayé de me concentrer... de faire remonter des choses à la surface... et c'était terrifiant pour moi. Tout bonnement terrifiant de ressentir tout ce qui en moi semblait résister... s'interposer entre moi et mon désir de me souvenir. Comme si quelque chose tirait dans l'ombre pour empêcher tout ça de remonter à la surface... J'ai eu si peur pendant un instant, que mon cerveau ait tout bonnement décidé de tout supprimer. Une peur panique... Et puis là, en quelques secondes, la vague de peur s'est transformée en vague de douleur et j'ai éclaté en sanglots. J'ai commencé à trembler, à me tordre dans mon lit. J'avais envie de hurler... Ça faisait un moment que je n'avais pas ressenti ça, comme ça... et je me suis entendue supplier à haute voix "pitié, ne me laissez pas oublier"... "je t'en supplie, ne me laisse pas t'oublier"... J'ai répété ça pendant plusieurs minutes, sans réussir à me calmer. Je ne sais pas exactement pendant combien de temps... Ou plutôt... je me suis entendue répéter ça... J'ai l'impression qu'à ce moment là je ne contrôlais vraiment plus rien... Et au bout d'un moment... pendant quelques instants... j'ai eu la sensation de tout retrouver. De retrouver son odeur, sa voix. Tout. Comme si j'y étais. L'impression que je n'avais qu'à tendre le bras pour l'atteindre, de l'autre côté de mon lit.
Je me suis endormie d'épuisement... et ce matin... tout ça m'a semblé tellement irréel. Je ne sais vraiment plus où j'en suis avec tout ça. Ni ce que je dois faire, ou ne pas faire... Est ce que je devrais réessayer? Refaire cet exercice encore et encore, même si ça m'oblige à me faire violence? Est ce qu'il faut que j'accepte de laisser certains souvenirs s'estomper et et Hanaël devenir cette présence, ce compagnon invisible à mes côtés... même si cela implique que je le laisse se "désincarner", toujours un peu plus, même dans ma mémoire? Ça me perturbe tellement.... Le pire, c'est que lorsque les souvenirs me reviennent, d'un coup, comme hier... je retrouve en même temps, instantanément, ce manque physique, terrible. Mais c'est une douleur que j'aime ressentir aussi... ce manque physique. Un besoin de le toucher, de le sentir... mais la plupart du temps, lorsque mes souvenirs demeurent hors d'atteinte... le plus terrifiant c'est que même mon corps semble avoir oublié ce que c'est que d'éprouver physiquement le manque de lui. Ca ne veut absolument pas dire qu'au quotidien, il ne me manque plus. Oh que non. Il me manque chaque jour... Mais ce manque est fait de bien des choses... et disons que, cette "soif de lui", physique, s'est comme muée peu à peu en autre chose au fil du temps.  Devrais-je m'en réjouir? Dans ce cas, c'est une joie difficile à accueillir..., car même cette soif, ce manque... sont devenus addictifs pour moi. Même cette soif me manque parfois.
Je ne sais pas... ce que j'ai ressenti, c'est comme si... l'espace d'un instant, j'étais assaillie par une faim terrible... et que la seconde d'après je ne me souvenais plus que vaguement ce que c'est que de manger. Mais suffisamment pour que ça me rende triste... C'est tellement, tellement étrange. Et j'aimerais savoir... ce qui est le mieux, pour lui, pour moi, pour nous... et je ne sais pas... J'étais tellement heureuse, l'espace d'un instant, hier, quand j'ai eu la sensation de tout retrouver. Mais, en même temps... c'était comme revivre une journée du passé. M'extraire de ma réalité présente pour m'immerger dans un doux rêve qui ne correspond plus à ce que je découvre chaque matin en ouvrant les yeux...
Surtout douce Stana, ne t'inquiète pas en lisant mon témoignage. Je suis vraiment heureuse de ce que tu as partagé, de ta façon de ressentir les choses avec Pierre. Et je ne sais pas si je peux dire que je suis heureuse de la façon dont cet "exercice" s'est déroulé pour moi, mais en tous cas je ne le regrette pas. Absolument pas... J'avais sans doutes besoin de réaliser quelque chose à travers tout ça... c'est juste que pour l'instant, je ne comprends pas quoi...
Voila... Je ne sais pas vraiment s'il existe une "bonne" réponse, à ces questions qui me travaillent... mais rien que d'écrire tout ça et de le partager avec vous me fait du bien. Vraiment... Merci encore à toutes et tous de partager ici vos ressentis... et d'accueillir ce que je viens déposer. J'ai l'impression que le fait d'avoir pu poser des mots sur ce qui s'est passé hier soir donne à cet épisode un aspect moins terrifiant...
Je voulais encore vous parler d'autre chose... J'ai passé un entretien aujourd'hui... Un deuxième entretien. J'avais déjà réussi à franchir la première étape.... Elle s'était bien passée... j'ai commencé à espérer... et ce soir, je me sens vraiment mitigée... Même si rien n'est joué et que j'attends encore une réponse... Bref, j'en reparlerai peut être... C'est juste que ce soir... je me suis sentie extrêmement lasse. J'ai eu cette impression, toute la journée, d'être un alien. Un alien, à la peau verte, avec des antennes sur la tête... qui ne comprend plus grand chose aux codes, aux attentes, aux règles établies dans cette société... Alors que je réussis enfin à mobiliser suffisamment d'énergie et de courage pour refaire un pas dans le vaste monde.... je découvre que pour beaucoup, je ne suis qu'un "profil atypique". Une pièce mal ajustée du puzzle qu'on ne sait plus trop ou caser...
Mais vous savez quoi? Je m'en balance. Je m'en tamponne... Je ne me laisserai pas ou plus affecter par toutes ces conneries. Ils n'auront pas ma peau verte à pois rose d'extraterrestre, et je continuerai à exhiber fièrement mes antennes de martienne, quoi qu'on me dise.
Ami(e)s extraterrestres, je vous embrasse.... Je ne sais pas, à la relecture, si mon message sera cohérent... S'il est un peu chaotique... vous m'excuserez. Je sais qu'ici, je n'effraierai personne avec quelques paroles un peu chaotiques et mon "profil atypique"...   ;) Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Eric38 le 21 février 2018 à 06:35:13
Ela,

cette histoire de souvenirs qui s'estompent et s'affadissent, qui deviennent des instants figés, fait echo en moi.
Merci d'avoir partagé ton ressenti.

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: loma le 21 février 2018 à 07:13:05
Chère  Ela,
surtout garde ta peau verte et tes antennes roses, le monde a besoin de petites martiennes comme toi. A quoi bon se laisser formater, à lisser toutes nos différences au point d'être sans personnalité, sans saveur, standardisé.

Une petite citation de Maya Angelou pour toi :
"Si tu essaies toujours d’être normal, tu ne sauras jamais à quel point tu peux être extraordinaire."

Pour ce qui est des souvenirs, j'ai eu cette phase où tout s'estompait, palissait, se figeait. J'en étais triste, j'avais même perdu le son de sa voix. Et depuis quelques temps, tout revient, avec netteté, même des souvenirs "oubliés", sans les invoquer, ils déboulent sans prévenir. Ce qui est nouveau c'est le plaisir et la douceur qu'ils me procurent, alors qu'auparavant je m'imposais presque de regarder nos photos, pour "user" cette fichue douleur.

Et je me dis que même si un jour je perds des souvenirs, il y aura toujours quelque chose que je n'oublierai jamais, c'est ce que j'ai ressenti pour lui et la façon dont il m'a fait me sentir.

Tendrement
loma

PS bonne chance pour tes entretiens
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 21 février 2018 à 15:21:32

   Comme c'est bizarre, moi j'ai l'impression que c'est la vie maintenant qui est bien fade, ou pire, assaisonnée de poison,
   alors que les souvenirs sont accompagnés des sentiments purs, gorgés de vie et innocents éprouvés alors ...
   Ce ne sont pas tant les détails qui me reviennent, mais la plénitude de mon cœur de tata ... ma croyance naïve d'avoir considéré que Kalahan était un ptit gars fortiche et heureux comme tout de vivre ...
   Je n'ai rien perçu de dangereusement négatif ... de trop fragile ... d'ailleurs, je voulais toujours me montrer rassurante, joviale, positive, rigolote ...
   Et puis le suicide nous a explosé à la gueule ...
   Et me vlà une étrangère de l'espace aussi ...
   M.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 21 février 2018 à 20:03:45
je voulais Elsa juste te dire
reste la martienne à pois roses ... l'univers en a besoin
je reviendrai te dire des choses sur la gestion des souvenirs là je vais m'absenter et je ne fais que mettre ce petit mot
peut être as tu lu ce que j'avais mis comme infos/la mémorisation
c'est utile
rappel chacun(e) est unique ... dans son deuil
ne rien figer
 :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 21 février 2018 à 23:46:36
Je me répète mais... merci. Merci. Du fond du cœur. Merci... Qiguan,  ton message m'a apporté un vrai réconfort à l'issue d'une sombre journée... Je t'envoie toute mon affection. Martine... tu es et seras toujours la bienvenue à bord de mon vaisseau spatial... Bien sur, chacun de nous expérimente des choses différentes... car nos vécus... nos souffrances... nos bagages ne sont pas les mêmes... Mais ici, malgré ces différences, je ne me sens pas... totalement en décalage. Totalement Alien. Et ça, c'est grâce à des personnes comme toi... qui viennent témoigner sincèrement de ce qu'elles ont au fond du cœur. Merci à toi aussi Loma... Tes mots me rassurent tellement. Ils me laissent entrapercevoir que tout n'est pas perdu... Que peut être un jour, je parviendrai moi aussi à développer un rapport... plus doux... à mes souvenirs. Merci à toi. Et Eric: merci d'avoir déposé ici ces quelques mots, que j'ai accueilli avec beaucoup de gratitude... car je me suis sentie bien seule ces derniers jours... Et de trouver quelques paroles amicales en passant ici, c'est un vrai rayon de soleil. Et merci à tous ceux qui alimentent humblement et avec sincérité les pages de ce forum... J'ai revêtu mon costume de bisounours ce soir, aussi rose que les pois sur ma peau verte, et vous savez quoi? Je me sens bien dedans... Il m'aide à vous dire ce que je ne répèterai jamais assez: A quel point le soutien que je peux trouver ici m'est précieux... Je ne le réalise pas toujours. Parfois je prends même mes distances. Parfois je n'ai pas l'énergie, parfois je me sens en décalage avec le monde entier et même ici je ne sais plus quoi dire... mais malgré tout, ce forum demeure une main tendue... bien plus palpable, bien plus réelle que certaines poignées de main que j'ai échangées dans le monde extérieur.
Aujourd'hui était une journée difficile.... vraiment difficile. J'ai retrouvé la trappe pour descendre au sous-sol... ou plutôt c'est elle qui m'a retrouvée... J'y ai retrouvé aussi... l'espace d'une journée... une partie de mes souvenirs. Je comprends qu'il me faudra encore bien du temps et du courage pour parvenir à remonter certaines images du sous-sol et les garder avec moi dans la lumière... Mais... malgré la douleur et le fait de ressentir aussi fortement, aussi incroyablement puissamment... la pesanteur... ce poids écrasant dans ma poitrine... je suis heureuse d'avoir retrouvé cette trappe. J'avais peur de l'avoir perdue et d'y avoir laissé toutes les belles choses que je n'ai pas encore réussi à remonter.
Bonne nuit à vous chers amis. Je vous embrasse et vous envoie toute mon amitié.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 22 février 2018 à 08:34:53
oui, une belle martienne à poids roses, c'est sûr, l'univers en a besoin, les enfants adorent, eux n'en ont pas peur, ils ont encore leur âme pure et ne sont pas effrayé, ce sont les adultes qui ont du mal à retrouver leur âme d'enfants qui sont effrayés par ceux qui ne rentrent pas dans leurs cases ! A quel moment l'enfant perd sa pureté, qu'est ce qui se joue à l'adolescence, ou à un autre moment pour que cela disparaisse.
Heureusement que certains adultes leur montrent que c'est possible, que tout est possible

tendrement
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: arfaca le 22 février 2018 à 09:53:47
Oui l enfance est quelque chose de merveilleux
car ils sont tjrs ds la vie .Certains enfants traversent des épreuves  (guerre pauvreté maltraitance...)et ils jouent encore parfois qu avec un bâton  et ils sourient...j aimerai être une enfant et sourire à la vie pourtant ni guerre ni pauvreté chez moi. .
L enfant replonge à plein dans la vie  et c est bien
Pensée du matin

Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 22 février 2018 à 17:54:02
  Adorable le pyjama  ;D ce genre de vêtement a un côté regressif qui peux faire un bien fou. Je m'habille toujours un noir, par choix et parce-que je me sens bien dans cette "couleur", outre le symbole de mémoire que cela représente pour moi, je m'y sens comme dans un cocon protecteur, rassurant  :) mais le soir ou le matin, avant de m'habiller, j'apprècie aussi d'avoir des vêtements de nuit clairs, dans lesquels je me sens bien aussi, comme s'il y avait une sorte d'"innocence" là-dedans^^j'aimerais bien m'acheter un pyjama rose, peut-être avec des nounours ou des petits lapins imprimés  :D le côté tendre et régressif qui fait du bien.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 23 février 2018 à 20:26:30
Je me sens... tellement triste depuis quelques jours... Après un regain d'énergie ces trois dernières semaines qui m'a beaucoup surpris... j'arrive en sommet de côte... je m'essouffle... et depuis quelques jours... la redescente... Mes parents sont là... heureusement... mais... la solitude me pèse. La solitude me pèse tellement... J'ai l'impression de ne plus avoir d'âge, de ne plus avoir de genre non plus.... La femme que j'étais avec lui est blessée à mort. D'autres parts de moi ont survécu, tant bien que mal... et continuent d'avancer du mieux possible... Mais la "femme" en moi est dévastée... Je suis encore fille, sœur, amie... J'apprends à être belle-maman... Mais femme...  je ne sais plus ce que c'est... En dehors du petit cercle affectif si précieux qui est resté... qui s'est redessiné autour de moi.... et bien en dehors de ce cercle j'ai la sensation de ne plus exister. J'essaye de me ré-ouvrir au monde... mais certains jours... je dois bien admettre que ce que je ressens.... c'est que je suis morte aux yeux du reste du monde et que le reste du monde est comme mort pour moi... Rien n'est figé, je sais... mais c'est ce que je ressens... et c'est ce que je m'autorise à vous partager... Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 23 février 2018 à 22:33:15
 :-* voir mail  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 27 février 2018 à 19:48:46
  J'espère que tu ne vas pas trop mal ces temps-ci Ela, mais je sais qu'il y a forcément des moments plus durs que d'autres, on ne peux pas tout contrôler  :( 
  Douces pensées  :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 21 mars 2018 à 20:15:19
Merci à vous, Stana, Qiguan... Je réalise que mon dernier message ici remonte déjà à presque un mois. Et j'aimerais pouvoir répondre différemment aujourd'hui à ta question Stana. Dire que je ne vais pas trop mal en effet. En réalité, je ne sais pas bien... La séparation entre "aller mal" ou "bien" n'est plus très nette dans mon esprit.
Je suis... triste en réalité. Infiniment triste. Et pourtant, en considérant la souffrance endurée au courant de ces bientôt 24 derniers mois... je n'arrive pas à m'autoriser à dire que "je vais mal". Je suis... triste. Infiniment triste, oui. J'ai le cœur endolori. Ce n'est pas qu'une image... Le manque et la tristesse m'enserrent la poitrine et mon amour pour Hanaël gonfle mon cœur, toujours plus... Mouvements contradictoires, antagonistes... alors j'ai mal... si mal au cœur.
Les jours, semaines, mois passent... et chaque jour un peu plus, je prends conscience de ce que j'ai perdu. De qui était véritablement cet homme pour moi. Et l'immense gratitude d'avoir pu vivre une telle rencontre m'envahit toujours plus, en même temps que la sensation d'avoir été amputée d'une part de moi.
J'ai également, je le crois, fini d'ouvrir les yeux sur toutes les ombres qui planaient encore, à la relecture de notre histoire. Ces ombres qui parfois nous empêchaient d'être parfaitement épanouis ensemble. Tous ces "j'aurais dû...", ces "si seulement..." qui malgré moi me hantaient sans toujours révéler leurs vrais visages.  Maintenant, il me reste une vie entière pour apprendre à me pardonner vraiment mes manquements et pour croire qu'il n'est pas vain, même après son départ, de tenter de devenir une meilleure personne. Plus intègre. Plus assumée. Plus libre... Pour lui. Car aussi ironiquement cruel que cela puisse me sembler parfois, c'est bien pour lui désormais que j'ai envie de devenir meilleure, maintenant que son absence m'a apporté la certitude inébranlable de mon amour pour lui.
Cet amour était toujours là. Immense. Seule la certitude me faisait défaut... Je comprends désormais. L'amour était là, trop souvent masqué par la peur... Aujourd'hui il n'y a plus de peur, car le pire est advenu... Alors que pourrais-je craindre encore? Et c'est parce que la peur n'est plus là que la certitude apparait. Et c'est pourquoi je réalise que mon cœur savait, a toujours su ce que ma tête ne faisait que masquer. J'ai lu Pascal pourtant. Je connaissais l'adage "le cœur a ses raisons que la raison ignore", mais il faut plus que de la théorie pour guérir les failles les plus profondes.  Hanaël me le disait si souvent... "Je n'ai aucun doute sur l'amour que tu me portes... Il rayonne si fort, toutes les fois que "tu t'oublies"... Que tu lâches prise..." Qui dois-je blâmer de n'avoir pas appris, autant que je l'aurais désiré, à écouter mon cœur plutôt que ma tête? A être capable, dans l'instant et non après coup, de faire la différence? Il n'y a probablement personne à blâmer en vérité... Je réalise seulement jour après jour, qu'il me reste encore beaucoup à apprendre, et beaucoup à désapprendre aussi...
Car il n'y aura pas de retour en arrière possible, ni de seconde chance. Et je comprends que pour lui, pour moi... ce constat ne doit pas se transformer en regrets, en amertume. Je n'ai pas le droit de me murer dans la culpabilité. Tout ce que je n'ai pas assumé en étant avec lui, je dois le mettre au travail désormais. Tout ce qui constitue encore une entrave à ma liberté, je dois le mettre au travail désormais. Toutes les barrières qui se dressent encore entre moi et la personne que je sens devoir être, je dois les abattre.
Il avait ses défauts aussi. Il n'était pas parfait, je n'étais pas parfaite. Mais je réussis désormais à affirmer ce que je n'osais pas toujours m'avouer. Que cet homme était parfait pour moi. Absolument parfait pour moi. Il n'était pas juste un merveilleux soleil sur ma route. Il est celui qui m'a révélé l'existence de ces milliers de soleils cachés, dans les petites choses du quotidien. Des soleils que je ne savais pas voir. Dont j'avais oublié qu'ils étaient cachés là, depuis la nuit des temps sans doutes... Il était véritablement ma moitié... Comme si j'avais passé une partie de ma vie borgne et que je retrouvais soudainement tout un pan de vision jusqu'alors inaccessible.
J'essaye de rester juste avec moi-même... J'ai fait de mon mieux. Et j'étais là, auprès de lui, quand il est tombé. J'étais là et j'espère que cette ultime fois, il a su voir en moi, bien mieux que je n'étais capable de le faire moi-même, mon amour pour lui.  Comme il a toujours su le faire. Il faut que je parvienne à être en paix avec cette idée.
J'ai fait de mon mieux. De mon mieux pour me jeter à l'eau dans cette relation qui m'a tant ébranlée. Ébranlée jusqu'aux tréfonds de l'âme. En m'envoyant cet homme exceptionnel, c'est comme si la vie m'avait arrachée au rocher sur lequel je m'étais réfugiée... Refuge illusoire où rien ne se passe mais où l'on ne peut demeurer éternellement... Elle m'a arrachée de mon rocher pour me jeter à la mer avec lui. Et j'ai paniqué. Tellement de fois. Mais il est resté auprès de moi. Pas une seule fois il ne m'a laissée. Il est resté pour m'apprendre à nager. Avec ses mouvements à lui... Et sans doutes que je lui ai enseigné mes propres mouvements... Sans doutes que nous étions destinés à nager ensemble. A danser ensemble, en parfaite harmonie, entre les remous...
Aujourd'hui, je ne peux que nager encore.... riche des mouvements qu'il m'a enseignés... avec la volonté de parfaire cette chorégraphie qui n'appartient qu'à nous. Je le fais car il n'y a pas d'autre possibilité. Parce que la vie n'est qu'une répétition ininterrompue de ce choix fondamental: nager ou couler. Et je le fais parce que je nourris, sans le comprendre, cet espoir fou qu'un jour nous serons à nouveau réunis pour danser ensemble, plus libres, délivrés de nos peurs.
Qui autour de moi se doute que c'est là, tout au fond de l'abîme, que je puise chaque matin la volonté nécessaire de faire face aux plus petits aléas du quotidien? Peu de personnes en vérité... Ma mère.... Une amie... Avec les autres, même s'il m'est à nouveau possible de passer de jolis moments, "en surface"... il y a toujours ce "décalage". Je n'en veux à personne pour ça... Je ne suis plus en colère je crois. Elle revient me visiter de temps à autre, cette colère, mais elle se consume comme un feu de paille. Je crois que c'est parce que je me suis résignée à ne pas pouvoir changer certaines choses. La vie est ce qu'elle est, les gens sont ce qu'ils sont...
En étant avec Hanaël, je crois que ce dont j'avais le plus peur c'est qu'en assumant de devenir davantage moi-même, en le suivant sur ce chemin d'absolu... dans cette quête éperdue d'intégrité qui était la sienne... et bien je finirais irrémédiablement par m'éloigner des gens.  De la "foule bienheureuse", que je ne cessais de critiquer par principe mais dont je craignais malgré tout la sentence, le rejet... Peur de me marginaliser. Peur de couper avec mon apparente "sociabilité"... Une sociabilité exacerbée que je devinais, au fond de moi, superficielle, mais sans laquelle je ne savais pas me définir. Sans laquelle j'avais peur de disparaitre. Un caméléon effrayé d'être arraché à son décors... Obligé de s'exposer, sans très bien savoir ce que cela impliquerait.  Voilà ce que j'étais en rencontrant Hanaël.
Ironie du sort, une fois encore.... Aujourd'hui, c'est de par sa mort que mon aimé est parvenu à m'arracher à mon décors. Et je réalise que désormais, effectivement, je ne pourrai plus me contenter d'un décors. Que je ne pourrai plus m'autoriser à faire marche arrière. Et qu'en effet, la route vers la réalisation de soi est solitaire. Terriblement solitaire. Qu'on ne peut la suivre en se dissimulant dans la "foule bienheureuse". Et ce qui me rend triste, c'est que finalement, ce à quoi je craignais de m'exposer en assumant d'être avec lui... je dois tout de même y faire face aujourd'hui. Et sans lui à mes côtés... Seule... Cela me rend triste mais je n'ai aucun regret. Je suis heureuse de n'avoir pas eu le choix de rester à l'abri sur mon rocher... Car il valait la peine que je me jette à l'eau. Le rencontrer valait toutes les peines du monde. Et ce que nous avons partagé vaut des millions de fois la souffrance que je dois endurer aujourd'hui...
Ce témoignage va peut être vous paraître bien triste... Il l'est sans doutes oui, inévitablement. Comme je le suis moi-même. Mais, aujourd'hui, moins d'un mois désormais avant le deuxième anniversaire de son départ... ce 14 avril que je vois se rapprocher, la boule au ventre... et bien je peux dire que je n'ai pas baissé les bras. Que je suis toujours en vie. Que les choses sont toujours difficiles et le seront sans doutes encore pendant un moment... mais que malgré tout.... ma vie ces deux dernières années a gagné en authenticité. Je vois moins de monde, mais je sais désormais qu'il existe quelques rares personnes avec qui je peux descendre, lorsque le besoin s'en fait sentir, au fond de "mon puits". Dans cette zone, tout au fond de moi, où des lucioles lumineuses surgissent parfois des ténèbres les plus épaisses... Et je suis capable aussi, peut être plus qu'avant, de percevoir cette cavité chez d'autres. Et même si je ne sais pas toujours quoi en faire, je sais désormais que c'est dans cet espace, qu'il faut apprendre à ne pas craindre, souvent dissimulé aux premiers regards, que réside la vraie valeur de l'humain.
J'étais venue, comme toujours, mue par un besoin aux contours incertains d'écrire... Je réalise qu' en écrivant, il m'est impossible de parler de choses pragmatiques, et de ne pas m'infiltrer dans cet espace, sous la surface... Cet espace m'attire, m'aspire... Et en écrivant je cède à cet appel irrésistible. Mais je réalise aussi qu'au quotidien, ce besoin de me réfugier en moi-même ne doit pas m'empêcher de sortir de ma carapace à la rencontre du vaste monde... Je fais de mon mieux... Je vais recommencer à travailler lundi. Un emploi à temps partiel dans une unité accueillant des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. C'est ce qu'Hanaël faisait, avant que son cœur ne s'arrête... Il se mettait au service de ces personnes, entièrement. Sans retenue. Passionnément. Je ne peux être lui. Je ne peux le remplacer. Je vais juste essayer de continuer mon propre chemin en me servant, avec une infinie gratitude, de tout ce qu'il m'a appris.
Je vous embrasse...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 21 mars 2018 à 21:41:07
Ela
je vais te dire : laisse toi guider auprès de ces personnes ... tu y trouveras tant de choses
j'ai pu travailler aussi (à masser) ces personnes, j'en garde un souvenir si réconfortant !
Jean avait lu
http://www.psychologies.com/Couple/Vie-de-couple/Amour/Livres/J-ai-commence-mon-eternite
et j'ai lu
tu le connais ?

Je te souhaites plein de réconfort, je sais que tu sentiras ton aimé t'épauler.
Ton introspection est très profonde, lucide mais pleine de résolutions et c'est ce qui compte
je fais partie, tu le sais, de ceux qui ne doute pas de toi
je t'embrasse fort
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: loma le 22 mars 2018 à 07:20:20
Ela,
dans le cadre de mon activité de chambre d'hôtes je rencontre des personnes qui exercent des métiers souvent surprenants : inspecteurs des stups, pilote d'hélicoptère, futur cycliste professionnel, cultivatrice d'orchidées ...

Je me souviens d'un jeune couple adorable cet été, et lui travaillait dans une maison de retraite et s'occupait plus précisément des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Et bien il était heureux, et heureux d'y travailler. J'en étais étonnée quand je vois comme je suis empêtrée dans ma relation avec ma maman qui commence à être bien atteinte. Il m'expliquait qu'avec eux il n'y avait pas de faux semblant, pas de masque, pas d'hypocrisie, ils sont durs , mais vrais. Et pour cela il aimait vraiment son job.

Je te souhaite bonne chance dans ta nouvelle activité, je suis sûre qu'elle va parfaitement te correspondre.
Tendrement
loma
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 23 mars 2018 à 22:28:23
Merci du fond du cœur pour vos messages. Bien sûr, il y a de l'appréhension à recommencer une activité... et ce constat que la souffrance, le manque, la tristesse ne disparaissent pas simplement parce qu'on prend des décisions pour réinvestir cette vie... Que c'est même le contraire par moment, car revivre des situations auxquelles je ne m'étais pas confrontée depuis longtemps me rappelle inévitablement qu'il n'est plus là pour les vivre avec moi... Et malgré tout... il y a cette petite étincelle, fragile... Cette envie imperceptible... Je me réjouis d'aller à la rencontre de ces 14 résidents que je vais apprendre à connaitre, à apprivoiser. Je me réjouis de les rencontrer dans leurs fragilités et d'explorer une nouvelle manière de faire fleurir les miennes... Qiguan, Loma, je vous remercie sincèrement pour vos encouragements... Je vais essayer de ne pas me perdre dans tout ça... car le chemin est encore long. Douceur à toutes et tous...
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 23 mars 2018 à 22:30:23
Et merci pour ce lien vers cet ouvrage, que je ne connaissais pas et que je me ferai un plaisir de découvrir... D'autant plus qu'il entre en écho avec toutes ces questions que je me pose en ce moment, sur ce qu'il reste du lien par delà les souvenirs... Ces souvenirs auxquels je ne parviens pas toujours à me fier. Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 28 mars 2018 à 08:42:39
 Tous ces jours j'ai pensé à toi
J'ai traversé des moments très éprouvants mais vois tu le fait de penser à toi m'aidait à continuer :-*
C'est la richesse de ce rôle du forum
Bien sûr de manière associée je pensais à tout le monde ici même à celles et ceux qui ne viennent plus
Prenez soin de vous
Titre: Re : Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Eric38 le 28 mars 2018 à 10:50:57
Bien sûr, il y a de l'appréhension à recommencer une activité... et ce constat que la souffrance, le manque, la tristesse ne disparaissent pas simplement parce qu'on prend des décisions pour réinvestir cette vie... Que c'est même le contraire par moment, car revivre des situations auxquelles je ne m'étais pas confrontée depuis longtemps me rappelle inévitablement qu'il n'est plus là pour les vivre avec moi...

Je comprends cela très bien.
Je tente un début de vaguement-peut-etre-presque activité. Mais je ne peut plus partager cette activité avec Elle, je ne peut plus en parler, avoir un avis, une opinion, de sa part. C'est douloureux d'essayer de se faire un peu de bien.

Un bisous à toutes et tous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 28 mars 2018 à 17:31:24
  J'aime cette volonté que tu as de continuer de vivre, de continuer à être quelqu'un de bien, de mettre en pratique tout ce que ton amour t'a apporté, pour lui. Je m'y retrouve beaucoup: moi aussi ma motivation est principalement de continuer à être la personne que mon bien-aimé m'a appris à être (celle qui sommeillait en moi peut-être, mais qu'il a sus révèler, patiemment) , à continuer à être digne de lui, de ce que nous avons vécu. Et pour moi, parce-que je sais ce qu'il m'aurait dit, et que c'est une manière de respecter sa volonté, ses volontés, donc d'honorer sa mémoire adorée.
  C'est bien que tu ai des buts dans ta vie, je suis sûre que tu est capable de les atteindre.
 :-*
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 14 avril 2018 à 09:48:55
Envie de te témoigner de mes douces pensées affectueuses
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 14 avril 2018 à 14:13:43
Merci Qiguan. Merci infiniment, infini-vrai comme disait Hanaël. Merci de penser à moi en cette journée. 2 ans aujourd'hui... Je n'ai pas les mots, là, tout de suite. Je ne réalise pas. Mais j'ai besoin de partager cette journée avec vous. Et de découvrir ton message, chère amie, en venant me recueillir ici... c'est un vrai cadeau <3.
J'ai des fleurs que je vais planter au jardin.... Ce besoin de calme et de silence que j'ai envie d'honorer, alors je vais probablement m'asseoir dehors, dans l'herbe et accueillir.
Je ressens de la douceur en cet instant. Beaucoup de douceur...
J'en dépose ici, pour vous.
Je vous embrasse.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: loma le 14 avril 2018 à 17:24:21
Oh Ela ,

Merci à Qiguan de nous évoquer le souvenir d' Hanaël

Aujourd'hui, après une pénible semaine de pluie parfois violente, j'ai pris des tas de photos de fleurs sauvages dans mon jardin et aux alentours. Bourrache, dame de 11heures, lilas, myosotis , petites fleurs jaunes dont je ne connais pas le nom, arabette des dames ... de magnifiques tapis de fleurs, quel dommage de passer la tondeuse !

La nature nous apporte tellement de douceur et de consolation.

J'en cueille un bouquet virtuellement pour toi et Hanaël
tendrement
loma
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: souci le 14 avril 2018 à 19:49:10

    Bon, une petite peluche rigolote
    pour consoler d'un grand malheur
    c'est pas grand' chose
    mais voici quand même

    (https://www.aht.li/3214943/peluchri.jpg)
     :-* M.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Mononoké le 14 avril 2018 à 23:39:56
Ela,
2 ans, je ne trouve  pas les mots, alors si tu le permets, je m'assois à côté de toi, en silence et te partage à mon tour un peu de douceur  et de tendresse
Tendres pensées
Mononoké
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Stana le 15 avril 2018 à 15:31:57
  Bonjours Ela  :) :-* une pensée particulière pour toi en ces jours si importants, si délicats pour toi. Et pensées pour Hanael aussi  :-* je suis heureuse que tu èprouve plus de douceur actuellement-enfin, j'espère que c'est toujours le cas aujourd'hui-que tu puisse vivre cette ètape avec une certaine sérénité. Je comprends l'apaisement, le "rayon de soleil" que représentent les fleurs, surtout celles que tu fais pousser  :) prends soin de toi.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 18 juillet 2018 à 00:23:31
2 ans, 3 mois et 4 jours... Mes larmes coulent encore. Dehors ce soir, dedans toujours... Il me manque à chaque instant. L'amour reste, l'amour m'accompagne, l'amour me porte, l'amour me consume... La vie est ce qu'elle est. Belle parfois. Belle souvent. Belle toujours. Lorsqu'elle me laisse la voir. Et puis dure. Dure aussi. Les gens autour de moi sont comme la vie. Ils sont ce qu'ils sont. Ces derniers mois, j'ai quitté mon écran, j'ai quitté ma maison, j'ai quitté ma retraite... J'ai quitté ce cocon de fortune que je m'étais forgé et je suis allée me confronter au "vaste monde". Chercher quelques baffes peut être... Pour tenter de sentir! Sentir la vie qui coule encore en moi. Et j'en ai pris des baffes. De celles qui réveillent, qui nous font émerger l'espace d'un instant de la torpeur... de celles qui font mal aussi... Je n'ai toujours pas de réponses, pas de certitudes... Les questions et la foi en cet amour que j'ai eu la chance de vivre... en l'amour qui perdure et qui ne se laisse enfermer par aucune définition... et bien ces questions et cette foi aux contours imprécis sont mes seuls bagages, mon seul carburant. Il me faudra désormais continuer à avancer en apprenant à me contenter de ce qu'il reste, lorsque l'on s'est dépouillé de tout le reste... Ce soir je reviens ici comme après un long voyage... et m'autorise à apprécier cette sensation de poser mes bagages dans un univers familier... Je pense bien fort à vous... De nouveaux noms apparaissent, et d'autres sont et resteront gravés en moi. Quigan, Souci, Mononoké, Stana Federico et tant d'autres. Prenez soin de vous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 18 juillet 2018 à 01:59:35
Ela
un retour à la vie oui
c'est une étape du deuil : reconstruction
avec des baffes oui
ça secoue de sortir du cocon où on peut se réfugier le temps où la déchirure saigne trop
et le deuil qui continu
le manque qui se conjugue à la force de l'amour qui s'exprime en soi
autrement
sans corporalité
cette foi seul bagage
oui
tu le réalises
moi je l'entrevois
ce seul bagage au début il est là mais semble inacceptable tant le manque physique est fort (euphémisme)

bagage qui est carburant car amour
oui

chance de l'avoir eu tant ne l'auront jamais ...

tu as la force à ta manière de combattre dans cet univers dur
et tu trouveras où dresser des îlots avec ta force

La générosité qui t'entoure, où ton aimé comme un "jardinier" attentif, en prends soin, va être toujours le terreau où la plante blessée pourra manifester qui tu deviens par ce deuil et grâce à l'amour d'Hanaël
j'avais écrit déjà
"La meilleure manière de se rappeler
une personne, c’est d’être tel ou telle que celui-ci a contribué à nous faire devenir, et de mener la vie qu’elle a aidé à façonner [...]
 c’est honorer [les défunts] qui méritent de rester dans nos mémoires que de devenir celui ou celle dont ils ont favorisé l’éclosion.
"
Mark Rowlands, Le philosophe et le loup

je te serre fort
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 22 juillet 2018 à 14:38:29
Merci mon amie... Pour tes paroles et ta présence lumineuse sur ce forum. Pour l'attention que tu portes aux mots et au maux déposés par chacun ici.  Cette semaine, je me suis retrouvée seule pour la première fois depuis bien longtemps... Mes parents sont partis rendre visite à ma sœur. Ma cousine que nous hébergeons depuis bientôt 4 mois du fait de sa souffrance psy a tenté de réintégrer son logement avec son fils. Mon amie, aux prises avec une crise existentielle soudaine et qui a posé ses affaires chez nous il y a quelques temps est elle aussi partie quelques jours de son côté pour tenter d'y voir plus clair... Notre auberge des cœurs brisés semble amorcer un nouveau tournant... Le temps pour moi de réaliser les désirs qui m'habitent encore, les désirs que le départ d'Hanaël n'est pas parvenu à éteindre ou au contraire, qu'il a attisés ou implantés au fond de mon cœur... Désir d'être capable d'assumer cette solitude, qui n'est qu'apparente, tant elle est emplie de sa présence. Désir de recouvrer mon autonomie. Désir de reprendre mon sac à dos et la route. Désir de faire de nouvelles rencontres. De rencontrer d'autres personnes en quête d'essentiel. Désir de parvenir à aimer encore. Différemment. Sans être dans l'attente de quoi que ce soit, mais simplement parce que j'ai conscience que seule l'énergie que nous déployons à aimer, à donner, à (par)donner demeure... Je vous embrasse... De tout cœur.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 22 juillet 2018 à 14:50:05
Expérience de la solitude profitable
c'est un temps utile pour y voir clair ...
tu a bien défini ton plan de route
belle continuation à toi
avec toute mon affection
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 12 juillet 2020 à 11:56:37
Je reviens ici.... Attirée par ce lieu virtuel... Un besoin de venir m'y recueillir après tout ce temps. Comme on irait se recueillir près d'un arbre, d'un lieu, d'une chapelle qui aurait marqué notre mémoire. Comme on entreprendrait un pèlerinage... Tout ce temps qui s'est écoulé...  "Au moins 240 jours" me dit le forum... Plus encore... Mon amour est parti le 14 avril 2016.... Il y a plus de 4 ans désormais. Où en suis je aujourd'hui? Je suis toujours en vie, toujours là... J'avance. J'ai navigué ma barque au cœur de la tempête, des remous... Je me suis égarée... mais je suis toujours là. Est ce que j'ai atteint le rivage? Je ne crois pas non... Je me sens toujours en marche et la vie m'apprend, chaque jour, à accepter de marcher vers cet horizon qui se dérobe...
Je reviens ici... parce que même si pendant un temps, je n'ai plus ressenti le besoin de venir écrire... ou plutôt... même si pendant un temps, j'ai ressenti le besoin de m'éloigner.... d'avancer autrement... je ressens aujourd'hui, qu'ici, avec d'autres, j'ai semé au plus profond de mon être... des éclats de sagesse... des prises de conscience... des choses essentielles qui je l'espère trouveront leur chemin au creux de moi jusqu'à la fin de mes jours...
Toutes ces choses que j'avais comprises dans la douleur, j'ai besoin d'y revenir aujourd'hui. De renouer avec elles.... De venir reposer mes bagages ici. Car le chemin n'est pas linéaire... et le monde, dans sa complexité et dans ses déséquilibres... nous entraine parfois dans des lieux où nos repères s'estompent...
Je suis égarée en ce moment.... C'est ainsi... Alors je reviens sur mes pas, ici, pour retrouver l'essence de ce que j'ai cru entrapercevoir, jour après jour, dans mes échanges avec les jolies personnes rencontrées ici il y a déjà quelques temps: Qiguan, Stana, Souci, Mononoké, Loma, Nora, Federico et tant d'autres.... Merci à vous...
Hanaël est toujours là... Parfois, je perçois à nouveau comme une présence... plus forte.... presque palpable à mes côtés... Ces moments se font plus rares... Bien souvent, j'apprends à aimer et à ne pas craindre cette présence "en creux" qu'il m'a laissée.... Il est toujours là... dans mes vides et mes silences... au cœur de chaque aspérité....  L'absence et la présence ont fini par se confondre... et face à tant de paradoxes... je continue chaque jour un peu plus de me défaire de mes certitudes.
J'ai accepté, ces derniers mois.... cette sensation de vertige... D'être à nouveau perdue... Sans jamais l'être vraiment malgré tout... Car je sais que tôt ou tard, "quelque chose" finit toujours par nous retrouver...
C'est peut être ce "quelque chose" qui m'a poussée à revenir ici aujourd'hui...
Je vous embrasse.... Prenez toutes et tous grand soin de vous.
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: qiguan le 12 juillet 2020 à 21:15:49
 :-* tendresse
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Nicole595 le 12 juillet 2020 à 23:45:03
Bonsoir Ela, le temps n'efface rien, je m'en doutais déjà, tu confortes ce que je pressentais. Tu as raison de revenir sur tes pas,  tu peux voir le chemin parcouru,  et je pense, constater que les montagnes russes continuent, mais les creux, pour toi, semblent moins profonds. Tu en auras certainement encore, et ici, comme toujours tu seras lue et entendue. Moi aussi je fais des moments sans participer,  sans même venir , me croyant assez forte pour avancer toute seule, et je reviens toujours.
Amitiés
Nicole
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: Ela le 14 juillet 2020 à 00:15:21
Merci Qiguan, merci Nicole...  <3
J'apprends... Je continue d'apprendre qu'en effet, le temps n'efface rien. Longtemps, cela m'a fait peur... Lorsque l'on est dans cet état de sidération qui dure... qui dure... encore et encore après le départ de l'être aimé: on se dit qu'on ne pourra pas continuer indéfiniment en portant en soi le poids de cette absence.
Je sais aujourd'hui qu'en effet, ce poids demeure. Mais étrangement désormais, j'y trouve également une sorte de réconfort... Ce manque fera toujours partie de moi. Jusqu'à mon dernier souffle... Ce manque, ce vide... nous le portons tous en nous... bien avant d'avoir rencontré celui qui aura su s'y faire une place. Bien avant que son départ nous rappelle cruellement cette solitude que nous portons au plus profond et qui est le corrélat de notre condition humaine. Je me dis qu'au moins, j'ai eu cette chance: de rencontrer la personne qui aura su se frayer une place dans ce lieu qui n'appartient qu'à moi et qui pourtant me lie à tout ce qui vit... : cet abîme dissimulé dans le puits de ma conscience.
Les creux sont toujours aussi profonds, je crois... C'est moi qui ai appris à me faire plus grande, plus vaste, pour les englober, les embrasser et continuer à mener une existence qui ne se résume pas qu'à eux... Qui parvient à faire de la place pour autre chose.
J'ai vécu des jolies choses ces dernières années. Je tiens à l'écrire pour celles et ceux que la souffrance amène ici: quel que soit l'être aimé qu'ils ont dû laisser partir. Peu importe le temps qui s'est écoulé depuis... C'est dans la beauté je crois, que réside une partie de notre planche de salut.
J'ai éprouvé des joies profondes et sans remous... dans la danse, le voyage, la contemplation de la nature... J'ai laissé mes épaules tressauter et mon rire résonner, emportés par des gaietés de surface... une allégresse apparente qui souvent ne faisait que masquer mes larmes....
J'ai appris... J'apprends encore à me pardonner cet écart... ce décalage... entre ce que je vis dans le secret de mon coeur et ce que je donne à voir au monde... J'ai cherché et je cherche encore... comment réconcilier ces deux parts de moi. Comment vivre en accord avec tout ce que j'ai été, tout ce que je suis, tout ce que je donne à voir, tout ce que j'espère être...
 J'y suis parvenue parfois... en de rares et précieux instants... où d'un seul coup... il m'apparaissait avec une incroyable évidence que l'amour qui me lie à Hanaël se situe hors du temps. Véritablement hors du temps: dans un lieu ou rien ne peut l'atteindre, l'altérer ou le dissoudre.
Dans un quotidien où ce sentiment d'unité que j'ai effleuré me fait souvent cruellement défaut... je marche à la lueur de cette Vérité, éprouvée plus que je ne l'ai comprise. L'amour demeure... Et cela ne m'empêche pas de souffrir, d'être triste, en colère, perdue, incomprise... Mais malgré tout, ce n'est pas rien... L'amour demeure et ce n'est pas qu'une belle formule... C'est une réalité dont j'ai éprouvé le pourtour... même si les aléas du temps qui passent rendent ses contours imprécis... brumeux...
"Derrière les nuages, le ciel est toujours bleu..." L'amour demeure.

Ce soir, j'ai envie de vous partager cette chanson... que j'ai le sentiment d'avoir reçue... Qui est arrivée jusqu'à moi l'autre jour... Qui m'a réveillée tandis que j'étais assoupie. Puissions nous toujours retrouver le ciel derrière les nuages et être tirés de nos songes par une jolie petite musique...
L'oiseau (http://www.youtube.com/watch?v=QtVawhsipG0)
Titre: Re : Mon amour est parti au mois d'avril
Posté par: pscar13 le 14 juillet 2020 à 09:13:56
Bonjour Ela,

Je te remercie de revenir partager ces mots, cette jolie chanson.
Je suis arrivé ici quelques mois après ton dernier message, j'ai beaucoup écrit, j'ai aussi beaucoup lu, et ton fil m'avait beaucoup ému.
Tu as ce don d'écrire en trouvant les bons mots, ceux qui touchent, pour exprimer tes émotions.
Tu dois lire beaucoup, et tu écris sans filtre, sans gène ni pudeur, ici on peut faire ça.
Pour moi c'est différent, j'écris beaucoup parce que j'ai du mal à dire, je cherche mes mots, je corrige, j'efface, les hommes sont dans le "faire", les femmes sont dans le "dire", écrire est pour moi ce "faire" qui me permet de "dire", j'assume ainsi ma part de féminité.
En tout cas, je crois qu'écrire m'a sauvé de la folie et je remercie ce forum et tous ceux qui le font vivre, même en silence parfois.
J'ajouterai cette citation qu'a partagé mon amie BEBE
ÉCRIRE C'EST HURLER SANS BRUIT
                         Marguerite DURAS

Voilà, nos parcours se croisent, nos histoires sont différentes mais nous parlons le même langage, la douleur du manque qui perdure, le temps qui nous éloigne et nous rapproche, et ce lien d'Amour qui nous porte.
Je te souhaite de continuer à vivre de "jolies choses".