Merci Arfaca. Je suis heureuse de trouver ce petit mot de toi en repassant par ici... Oui, ce fameux regard dans le rétroviseur et ce coup dans le ventre qu'il vient nous donner parfois... je les connais bien moi aussi... Merci de partager ton ressenti avec moi. Et reviens écrire ici, quand tu veux. Parler de toi, de ton histoire, si tu en as envie bien sur. Je t'envoie, moi aussi, toute mon amitié.
J'ai besoin, quant à moi, d'écrire ce soir. J'ai passé une étrange soirée hier et une étrange journée aujourd'hui et j'ai besoin d'en parler... Je décide de déposer tout ça ici, un peu en vrac.... Car moi-même, je me sens "en vrac" ce soir...
Hier, après avoir déposé quelques paroles ici, je suis allée me coucher... préoccupée par le rapport que j'entretiens avec nos souvenirs, avec mes souvenirs en général.... J'ai l'impression que tout ce qui touche à mon passé et en particulier tout ce que j'ai partagé avec mon aimé.... et enfoui quelque part au fond de moi... Tellement profondément. Federico, j'ai lu le message que tu as publié un peu plus tôt dans ton monastère... et j'espère que tu ne m'en voudras pas d'utiliser tes mots pour décrire ce que je ressens, tant une part de ce que tu exprimes fait écho à ce que j'ai moi-même intimement éprouvé: "Bien évidemment, je pense toujours à son visage, sa silhouette, son corps mais rarement je le revois en train de faire ou de dire des choses... "
C'est quelque chose qui me travaille depuis un long moment... Je n'arrivais pas à mettre de mots sur ça... Disons que dans les premiers mois, je me souviens vaguement que nos souvenirs étaient très présents en moi... Vivants. Intacts. A ce moment là, il m'arrivait également de regarder, quasi quotidiennement, des photos, des vidéos... Mais depuis un certain temps... je ne sais plus bien depuis quand... j'ai arrêté de regarder les photos. Il y a celles que j'ai accrochées au mur, celles que je suis habituées à voir, chaque jour... mais je ne regarde plus de "nouvelles photos". Je ne regarde plus de vidéos... Je ne peux pas... Ou alors, pas sans forcer, sans affronter quelque chose en moi. Et j'ai l'impression que mes souvenirs s'enfuient et s'enfouissent au fond de mon esprit, hors d'atteinte. Ils reviennent, parfois, par flash... Mais quelque chose manque... la couleur, le grain... le ressenti, la chaleur, les odeurs... Même ces flashs, souvent, ce ne sont que des images animées. Ils ont perdu de leur réalité.
Et hier, après avoir lu le message de Stana... je n'arrivais pas à m'ôter ce besoin de la tête. Celui de vérifier que mes souvenirs sont encore là. Alors j'ai essayé de me concentrer... de faire remonter des choses à la surface... et c'était terrifiant pour moi. Tout bonnement terrifiant de ressentir tout ce qui en moi semblait résister... s'interposer entre moi et mon désir de me souvenir. Comme si quelque chose tirait dans l'ombre pour empêcher tout ça de remonter à la surface... J'ai eu si peur pendant un instant, que mon cerveau ait tout bonnement décidé de tout supprimer. Une peur panique... Et puis là, en quelques secondes, la vague de peur s'est transformée en vague de douleur et j'ai éclaté en sanglots. J'ai commencé à trembler, à me tordre dans mon lit. J'avais envie de hurler... Ça faisait un moment que je n'avais pas ressenti ça, comme ça... et je me suis entendue supplier à haute voix "pitié, ne me laissez pas oublier"... "je t'en supplie, ne me laisse pas t'oublier"... J'ai répété ça pendant plusieurs minutes, sans réussir à me calmer. Je ne sais pas exactement pendant combien de temps... Ou plutôt... je me suis entendue répéter ça... J'ai l'impression qu'à ce moment là je ne contrôlais vraiment plus rien... Et au bout d'un moment... pendant quelques instants... j'ai eu la sensation de tout retrouver. De retrouver son odeur, sa voix. Tout. Comme si j'y étais. L'impression que je n'avais qu'à tendre le bras pour l'atteindre, de l'autre côté de mon lit.
Je me suis endormie d'épuisement... et ce matin... tout ça m'a semblé tellement irréel. Je ne sais vraiment plus où j'en suis avec tout ça. Ni ce que je dois faire, ou ne pas faire... Est ce que je devrais réessayer? Refaire cet exercice encore et encore, même si ça m'oblige à me faire violence? Est ce qu'il faut que j'accepte de laisser certains souvenirs s'estomper et et Hanaël devenir cette présence, ce compagnon invisible à mes côtés... même si cela implique que je le laisse se "désincarner", toujours un peu plus, même dans ma mémoire? Ça me perturbe tellement.... Le pire, c'est que lorsque les souvenirs me reviennent, d'un coup, comme hier... je retrouve en même temps, instantanément, ce manque physique, terrible. Mais c'est une douleur que j'aime ressentir aussi... ce manque physique. Un besoin de le toucher, de le sentir... mais la plupart du temps, lorsque mes souvenirs demeurent hors d'atteinte... le plus terrifiant c'est que même mon corps semble avoir oublié ce que c'est que d'éprouver physiquement le manque de lui. Ca ne veut absolument pas dire qu'au quotidien, il ne me manque plus. Oh que non. Il me manque chaque jour... Mais ce manque est fait de bien des choses... et disons que, cette "soif de lui", physique, s'est comme muée peu à peu en autre chose au fil du temps. Devrais-je m'en réjouir? Dans ce cas, c'est une joie difficile à accueillir..., car même cette soif, ce manque... sont devenus addictifs pour moi. Même cette soif me manque parfois.
Je ne sais pas... ce que j'ai ressenti, c'est comme si... l'espace d'un instant, j'étais assaillie par une faim terrible... et que la seconde d'après je ne me souvenais plus que vaguement ce que c'est que de manger. Mais suffisamment pour que ça me rende triste... C'est tellement, tellement étrange. Et j'aimerais savoir... ce qui est le mieux, pour lui, pour moi, pour nous... et je ne sais pas... J'étais tellement heureuse, l'espace d'un instant, hier, quand j'ai eu la sensation de tout retrouver. Mais, en même temps... c'était comme revivre une journée du passé. M'extraire de ma réalité présente pour m'immerger dans un doux rêve qui ne correspond plus à ce que je découvre chaque matin en ouvrant les yeux...
Surtout douce Stana, ne t'inquiète pas en lisant mon témoignage. Je suis vraiment heureuse de ce que tu as partagé, de ta façon de ressentir les choses avec Pierre. Et je ne sais pas si je peux dire que je suis heureuse de la façon dont cet "exercice" s'est déroulé pour moi, mais en tous cas je ne le regrette pas. Absolument pas... J'avais sans doutes besoin de réaliser quelque chose à travers tout ça... c'est juste que pour l'instant, je ne comprends pas quoi...
Voila... Je ne sais pas vraiment s'il existe une "bonne" réponse, à ces questions qui me travaillent... mais rien que d'écrire tout ça et de le partager avec vous me fait du bien. Vraiment... Merci encore à toutes et tous de partager ici vos ressentis... et d'accueillir ce que je viens déposer. J'ai l'impression que le fait d'avoir pu poser des mots sur ce qui s'est passé hier soir donne à cet épisode un aspect moins terrifiant...
Je voulais encore vous parler d'autre chose... J'ai passé un entretien aujourd'hui... Un deuxième entretien. J'avais déjà réussi à franchir la première étape.... Elle s'était bien passée... j'ai commencé à espérer... et ce soir, je me sens vraiment mitigée... Même si rien n'est joué et que j'attends encore une réponse... Bref, j'en reparlerai peut être... C'est juste que ce soir... je me suis sentie extrêmement lasse. J'ai eu cette impression, toute la journée, d'être un alien. Un alien, à la peau verte, avec des antennes sur la tête... qui ne comprend plus grand chose aux codes, aux attentes, aux règles établies dans cette société... Alors que je réussis enfin à mobiliser suffisamment d'énergie et de courage pour refaire un pas dans le vaste monde.... je découvre que pour beaucoup, je ne suis qu'un "profil atypique". Une pièce mal ajustée du puzzle qu'on ne sait plus trop ou caser...
Mais vous savez quoi? Je m'en balance. Je m'en tamponne... Je ne me laisserai pas ou plus affecter par toutes ces conneries. Ils n'auront pas ma peau verte à pois rose d'extraterrestre, et je continuerai à exhiber fièrement mes antennes de martienne, quoi qu'on me dise.
Ami(e)s extraterrestres, je vous embrasse.... Je ne sais pas, à la relecture, si mon message sera cohérent... S'il est un peu chaotique... vous m'excuserez. Je sais qu'ici, je n'effraierai personne avec quelques paroles un peu chaotiques et mon "profil atypique"...
Je vous embrasse.