Auteur Sujet: Mon amour est parti au mois d'avril  (Lu 123352 fois)

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #180 le: 19 avril 2017 à 22:56:15 »
Ela,
envie de te déposer quelques mots pour te partager un peu de chaleur, un peu de douceur
bien tendrement
"Tu ne sais jamais à quel point tu es fort jusqu'au jour où être fort reste la seule option". B. Marley

"Un arbre qui s'abat fait beaucoup de bruit ; une forêt qui germe, on ne l'entend pas." Gandhi

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #181 le: 27 avril 2017 à 13:17:28 »
Ela, voici qu'Avril s'achève jour après jour dans le gris et la fraicheur.
Le froid aussi certains matins de givre.
Avril, le mois des promesses.
Et le mois de la douleur pour certains d'entre nous.
Avril qui nous laisse parfois dans le silence des yeux humides.
Avril des anniversaires sans bougies.
Une pensée pour toi, Ela.
Avec l'envie d'avoir quelques nouvelles lorsque cela te sera possible.
Bien à toi.
*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #182 le: 03 mai 2017 à 01:17:34 »
Comme il est doux... de vous lire... de découvrir, vos marques de tendresses, vos encouragements, vos mains tendues... C'est comme rentrer chez soi après une longue absence, et découvrir que la boîte aux lettres n'est pas vide, mais que de jolies lettres s'y sont glissées... Ou bien trouver des fleurs sur la table en entrant... Alors, une fois de plus, MERCI. Ça me touche, beaucoup...
J'ai besoin de repasser par ici, discrètement, ce soir, pour vous dire que par delà mon silence, j'ai souvent pensé à vous, ami(e)s de ce forum... L'écriture m'a déserté, depuis quelques temps... Ce besoin, qui jusque là se montrait si impérieux, s'est peu à peu tari... Ça me rend triste... mais comme tout ce qui est survenu depuis le départ de mon amour, je tente de l'accueillir... de "faire avec"... Il reviendra, ce besoin, je l'espère... car je sens que j'ai encore tant à dire, et à redire... Qu'au delà de la souffrance qui s'est accaparé mes mots, il y a aussi toutes ces choses, de lui, de nous... que j'ai tant besoin, tout au fond de moi, de ramener à la vie à travers l'écriture...
Pour l'instant, je me sens désertée, de cet élan... Il y a pourtant tant de choses, de ces dernières semaines, de cette période si particulière, que j'aimerais confier, déposer ici... mais c'est comme si toutes ces vagues qui m'ont tant secouée ces derniers mois s'étaient retirées d'un seul coup... m'avaient désertée... pour me laisser dans un état si étrange... une sorte d'hébétude... Une bulle au cœur de laquelle la perception du temps, celle du bien être et de la souffrance, m'atteignent de façon déformée, distendue et discontinue, étiolée...
Peut être que ces quelques mots constitueront l'amorce d'une nouvelle salve... qu'ils m'aideront à retrouver le fil sur lequel il me faut tirer pour parvenir à exprimer ce qui m'habite, ce qui m'anime... encore...
Mais ce soir, je suis simplement revenue vous dire que je ne vous oublie pas... Que je ne pourrai jamais, disparaitre de ce forum et oublier ce que j'y ai trouvé. Oublier vos présences, vos mains tendus, vos cœurs lacérés et aimants et vos histoires. Merci à vous.
Je vous souhaite, une infinité de douceur, de tendresse... dans l'espoir qu'au final, quelques bribes de mes intentions parviennent à destination et viennent réchauffer vos cœurs. Je vous embrasse. Prenez soin de vous.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #183 le: 03 mai 2017 à 10:36:25 »
oh Ela tes mots font écho, écrire ici m'est moins facile ces temps si, et je pense si souvent à vous tous,
la tristesse prend le dessus pour ma part et les envies, besoins se font moins présent, accueillir, et laisser faire

tendrement
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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #184 le: 09 mai 2017 à 16:20:18 »
Le 14 avril, cela faisait un an... Un an. Et je ne peux exprimer avec des mots ce que ce "un an" signifie. Ce n'est pas quantifiable, mesurable... C'est à la fois "rien", et à la fois "énorme"... Un an qu'il n'est plus là... Non, ce n'est certainement pas "rien", c'est "énorme"... Le 14 avril, c'était "vendredi saint".... Et l'an dernier, tu es parti, à tout juste 33 ans, tandis que nous gravissions ensemble le Mont Faron... Je sais mon chéri, ton amour pour les symboles, les mystères... et pour les taquineries subtiles... Je t'imagine en train de rire, fier de cette énorme plaisanterie. Toi qui te montrait toujours si agacé, lorsque les gens te faisait remarquer ton petit "côté christique"... Tu es parti comme tu étais, dans un coup d'éclat, de théâtre... Dans un élan imprévisible... J'ai été en colère... Mon désarroi était énorme... Il l'est encore, parfois. Et puis parfois aussi, je ne peux m'empêcher de sourire... Comme lorsque j'ai découvert cette "coïncidence" du vendredi saint... De tes 33 ans... C'est comme si quelque part, tu étais parti dans un grand éclat de rire... Ça m'a fait repenser, à cette scène... lorsque nous marchions ensemble dans les rues de Toulon et que nous sommes tombés sur cette procession d'église... Des prêtres en rangs, chantant et fixant le sol d'un air morose... Et toi, avec ton espièglerie et ton impertinence, tu t'es mis à danser en faisant de grands moulinets avec tes bras et à hurler avec une joie provocante: "Alléluia mes frères!! Alléluia!" Mon grand fou. Comme je t'aime. Comme tu m'as agacé parfois. Et comme je t'aime.
Le 14 donc, je suis allée marcher à la Sainte Baume... J'ai réservé trois nuits au monastère... J'ai réussi à faire abstraction, des moments où le cadre d'église prenait le dessus sur le fond... mettant à nu l'orgueil des hommes qui pensent détenir la vérité. J'ai fait de belles rencontres... L'une d'elle, totalement improbable: le coup de cœur de S., dont elle me parle depuis si longtemps... Au milieu de cette foule, il a fallu que je tombe sur ce type, qui a ressenti le besoin de se confier à moi.... Tu n'imagineras jamais sa surprise, lorsque je lui ai demandé "tu ne connaitrais pas S. par hasard?", alors qu'il pensait se confier depuis plus d'une heure à une parfaite inconnue venue qui plus est de l'autre bout de la France... Enfin si, tu imagines sans doutes... Tu devais être là, près de nous, heureux de cette nouvelle plaisanterie, de ce nouveau tour de magie improbable... J'en ai parlé à S. bien sûr, par la suite. Et apparemment, cette rencontre providentielle a fortement ébranlé l'esprit cartésien de son ami... Tu as bien réussi ton coup. Bravo ;)!
Et puis, j'ai parlé à cette dame, d'une douceur incroyable... qui a fini par me confier que son mari était parti lui aussi, il y a trois ans... De belles rencontres, donc.
Le jour J, je me suis levée aux aurores pour arpenter cette forêt que tu aimais tant, que tu arpentes encore.... Du moins, mon cœur en est-il convaincu.... Et je t'ai senti. Partout. Partout. Tu me disais toujours à quel point tu trouvais cette forêt magique. Tu tentais toujours de me décrire ce qui se produisait en toi, au contact de cette nature si ancienne, si préservée... Cette vague de joie, de confiance qui s'emparait de toi. J'avais du mal à comprendre... Je tentais d'analyser, d'intégrer ce lien privilégié à la nature dont tu ne cessais de me parler, mais je ne le comprenais pas. Pas vraiment... Et je peux bien te le dire maintenant, souvent, j'étais à la fois curieuse, fascinée, mais aussi frustrée. Jalouse même.... De ne pouvoir te suivre totalement là où ta sensibilité exacerbée te portait...
Et bien le 14, je me suis sentie plus proche de toi que jamais, parce que j'ai compris je crois. J'ai compris vraiment.... Sous ces arbres, au cours de cette journée, j'ai senti toute appréhension me quitter, et je me suis sentie guidée... Et submergée, littéralement submergée par tant d'amour et de beauté.... Je me suis surprise à pleurer à grandes eaux, puis à rire comme une démente en criant "merci" au milieu de ces arbres... Nous n'étions que tous les deux, et cette nature... et peut être y avait il, un peu plus loin, hors de ma vue, quelque promeneur étonné, quelque observateur décontenancé par ces élans de folie... et bien je m'en fous. Tant mieux, tant pis... Je sais que toi, tu aurais regardé amoureusement cette percée victorieuse de la déraison à travers ce carcan raisonnable, moralisateur qui m'empêche de respirer.
Mon amour, cette joie que j'ai ressenti... je la note ici pour ne jamais l'oublier.... Car c'est étrange comme des sensations aussi fortes deviennent insaisissables, fugaces... lorsqu'on tente de les enfermer dans notre mental... Comme il est facile, de dénaturer un ressenti aussi authentique par des analyses empruntes de doute, d'anxiété et d'incrédulité...
Ce jour là, j'ai ressenti de la joie, une joie énorme. Et cette joie était la tienne. C'est cette sensation que j'ai eu, dans cette forêt où nous avons dispersé tes cendres... C'est cette sensation qui s'est imposé à moi, et il me faut admettre que cette sensation restera sensation... Qu'aucune preuve rationnelle ne pourra la rendre plus vraie, plus réelle que ce qu'elle a été en cet instant.
Et puis la veille de Pâques, après avoir regardé une derrière fois toutes ces magnifiques fleurs qui poussent désormais près de ton arbre, dans cette clairière où nous allions ensemble... j'ai pris le chemin du retour... Je suis arrivée en Alsace le samedi soir.
Le jour de Pâques, j'ai ressenti le besoin de me lever aux aurores, une fois encore, pour me joindre à ce rituel auquel je n'ai plus participé depuis des années... La vigile pascale... Un peu avant 6h, nous nous sommes assis dans l'église, pour chanter tout doucement, en attendant la lumière du jour... Puis nous nous sommes retrouvés autour d'un feu de camp, sur le parvis... Tu aurais aimé ça, je pense... Je ne crois plus à l'église en tant qu'institution depuis longtemps... mais ce jour là.... j'ai ressenti à nouveau, la chaleur discrète de la communauté se raviver en moi. Cette chaleur qui nait de l'amour et de la solidarité, qui peut jaillir n'importe où, n'importe quand, indépendamment des dogmes et des cultures qui tentent de la dominer... Je t'ai senti avec moi, là encore.... A ta place. Dans cette atmosphère aussi puissante qu'éphémère de réconciliation, d'accueil, d'acceptation...
Et puis nous avons pris le petit déjeuner, ensemble, et je me suis retrouvée face à ce Monsieur. Ce Monsieur d'un certain âge... Avec ses yeux bleus profonds. Comme les tiens... Et pendant un temps que je ne saurais déterminer, nous avons eu un échange sincère, authentique....  Comme si une bulle s'était formée autour de nous. Comme si l'information passait entre nous au delà des mots, sans entraves... Cette impression d'un voile qui l'espace d'un instant, s'est levé, déchiré... Comme lorsque tu m'avais emmené, l'été de notre rencontre, dans les Pyrénées, à la rencontre de tes amis... Des chercheurs de vérité, comme toi... Je me souviendrais toute ma vie de cet été... De ce cadeau que tu m'as fait, de ré-ouvrir une porte en moi... entre moi et les autres, entre moi et le monde.... Toutes les fois que je vis un moment de cette intensité, un moment de rencontre véritable... Tu es là. Plus que jamais. C'est à toi que je le dois. J'ai tant appris de toi. Aujourd'hui encore, j'apprends tant de toi.

Merci mon amour, mon ange. Je t'aime. Tu danses dans mon cœur.
« Modifié: 09 mai 2017 à 18:40:31 par Ela »

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #185 le: 09 mai 2017 à 21:22:52 »
tu as bien fait Ela d'écrire ces moments "magiques" et tu pourras les cultiver à ta manière
je t'en souhaite plein d'autres et te serre fort  :-*
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #186 le: 11 mai 2017 à 00:49:19 »
Merci Qiguan... Pour cette attention, cette présence bienveillante, discrète. Je pense souvent à toi... à Jean, à ta Maman.  J'ai disparu pendant un temps du forum.... je ne sais pas bien pourquoi, comment...  Moi qui pendant un temps que je n'arrive pas à déterminer trouvais dans ces pages la seule bouée à laquelle raccrocher ma vie et mes journées...Je crois que je tente tant bien que mal de suivre ce qui en moi demeure vivant... Comme un pilote automatique qui m'indique les directions à prendre, mais dont j'ignore le plan de route...
Oui, je suis heureuse d'avoir trouvé les mots pour graver ces instants magiques... Car ils sont comme des lueurs fugaces... Des lueurs fugaces qui me laissent croire que notre amour n'est pas condamné à devenir une histoire triste... Elle l'est déjà bien assez... j'ai besoin de noter ces lueurs pour injecter des couleurs dans ce tableau en noir et blanc... Pour moi, pour nous, pour lui qui aimait tellement les couleurs. Qui s'habillait toujours de couleurs vives, d'accessoires multicolores... pour éclabousser encore plus les autres de vie, de vie et encore de vie...
Au fond de moi, c'est bien plus compliqué... Bien sur... Ça l'est toujours. Je porte à l'intérieur, comme chacun de nous, une palette complète de jaune, rouge, vert, bleu... mais aussi un incroyable nuancier de gris... Et tenter de faire ressortir chaque jour le meilleur de moi, de maintenir, de ramener de la couleur dans ma vie est un tel effort. Un tel effort pour ramener du sens dans l'absurdité... Un peu d'ordre dans le chaos.
Et puis, j'ai peur de le sentir s'éloigner. De le laisser s'éloigner... De me laisser cicatriser de l'obsession de son départ...  J'ai peur de ça... Si peur.... Peur de pleurer moins, peur de devenir froide... robotique.... De ne plus trouver quoi faire de tout cet amour, peur qu'il s'épuise à force de monologues sans réponses... de silence... Peur d'être à cours de combustible... De ne plus réussir à raviver la flamme qui me maintient, non pas en vie, mais vivante. Vibrante...
Où aller désormais? Que faire désormais? Comment accepter, ce silence qui s'installe de plus en plus? Cette mer de quiétude qui après un an, finit par dérober totalement les décombres à la vue du reste du monde?
A toutes ces questions, je n'ai pas de réponses... Le chemin est encore bien long... Alors, avant d'aller tenter de rejoindre les bras de mon aimé (Morphée peut bien aller se faire voir), j'envoie toute mon affection à celles et ceux qui passeraient par là. Et une pensée particulière ce soir aux "anciens" "anciennes" de ce forum... A celles et ceux qui se voient contraints d'accepter qu'avec le temps qui passe, le monde recouvre peu à peu leur perte d'un voile de silence.... Comme si c'était réglé.... Comme si c'était possible...
Je ne vous oublie pas, et j'aimerais tant que jamais ma souffrance ne soit oubliée et à travers elle: lui, lui, lui... Hanaël... mon amour...
Je vous embrasse.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #187 le: 11 mai 2017 à 10:23:41 »
chère Ela
j'ajoute en tant qu'ancienne que oui on peut (avec chacun sa manière) mettre de la couleur dans ce tableau
mais d'abord le noir blanc se nuance
du pastel vient comme une aquarelle (faite avec nos larmes
puis ça avance malgré nous
quant au silence il se garni aussi ...
la peur d'aller mieux ...
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/peur-d%27aller-mieux/
un tel programme paradoxal
tant de choses à gérer : nos changements voire transformations radicales, nos questionnements anxieux/avenir faire face à cet être nouveau qu'on devient mais qui change encore et encore, jamais de certitude, ...
affectueusement
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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #188 le: 23 mai 2017 à 15:26:05 »
Je passe par là... Je me sens perdue... Je me sens tellement perdue, depuis quelques temps... La souffrance a tellement de visages... Elle est métamorphe... Quand on croit l'avoir cernée, elle emprunte une forme nouvelle pour nous apprendre qu'il est vain de chercher à la contrôler... Il faut la laisser passer. Oui. Je sais. C'est tout... Parfois j'y arrive. En ce moment: j'ai du mal. Je me sens nue et misérable.
Mes yeux sont souvent humides, mais je les sens secs. J'ai parfois envie de me les arracher... J'aimerais arracher tant de choses en moi qui me dérangent, comme on le fait avec les herbes du jardin... Mais le jardin est bon professeur: il me montre chaque jour que ça ne sert à rien. Que ce qu'on arrache finit toujours par repousser.
Accueillir, accepter... oui, oui, bien sûr.... Si c'est vers là que je dois marcher, mes pieds m'y porteront tôt ou tard. Mais présentement: j'ai tellement de mal à m'accepter sans lui. Avec lui, je n'y arrivais pas bien non plus... Il y a cette intransigeance, cet arbitre impitoyable qui vit dans mon crâne et ne me laisse pas beaucoup de répit... Mais avec lui, je me sentais soutenue... Je pensais avoir amorcé un vrai travail, de guérison, d'acceptation... Avec lui j'avançais. Nous avancions.
Là, je stagne... Je m'enlise... ou du moins, j'ai la sensation de stagner, de m'enliser.... Est ce vraiment le cas? N'est ce qu'une impression? Comment savoir?
Pendant des mois, je l'ai cherché. Je ressentais comme un bouillonnement au creux de ma souffrance... Une envie de chercher, de comprendre... nourrie par l'illusion que j'allais obtenir une sorte de réponse ultime... Connaitre un dénouement, un événement par lequel je me sentirais libérée... J'attendais la "chute" de l'épreuve en quelques sortes... Mais cette chute ne vient pas... Il n'y a que cette lente érosion. Cette lutte de fond. Ce marathon....
Tout ça n'est que sensations... et au fond, je sais que comme tout le reste, elles passeront... Comme tout le reste, elles passeront... mais moi je cherche à retrouver un petit quelque chose "qui reste" . Un petit quelque chose "qui reste" auquel m'amarrer, me rattacher pour avancer à travers toutes ces années sans lui qui s'annoncent...
Ce qui reste, c'est sans doute l'amour... Ce qu'on appelle "amour"... Mais de l'autre côté: la souffrance, le mal-être... Une source blanche et une source noire.... Et je n'en peux plus, d'être balancée, écartelée entre les deux. J'ai beau être immobile, apathique la plupart du temps, je me sens en permanence écrasée, sous pression, tendue entre deux pôles... Et c'est tellement fatigant...
Désolée pour ce message, pas très reluisant... Compte rendu d'un instant T, d'un ressenti... Tentative d'immobiliser des sensations toujours fluctuantes...
A défaut de pouvoir faire le ménage dans ma tête, je vais tenter de mettre un peu d'ordre dans mon potager... Je vous embrasse.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #189 le: 23 mai 2017 à 22:04:18 »
Ela c'est toujours aidant de poser des mots sur des maux
Ce que tu décris se vit à plusieurs reprise, avec des intensités différentes ensuite si j'ai bien compris notre capacité de résilience se met en route ... mais il faut TRÈS longtemps  pour beaucoup ... on en fait partie car plus sensibles plus ceci ou cela ...
bien affectueusement
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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #190 le: 23 mai 2017 à 23:54:31 »
Ela,
encore une fois pour ton partage
ce soir les mots ne veulent pas venir, alors
une petite marque d'affection
tendrement
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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #191 le: 24 mai 2017 à 00:42:50 »
Merci Qiguan, Mononoké... du fond du cœur. Je n'arrive plus à montrer à mes parents que je ne vais pas bien... J'ai peur de les inquiéter... et que leur inquiétude me revienne en pleine figure comme un boomerang. Alors pouvoir venir ici et être lue... ça ne règle rien mais ça me permet de survivre...
Je suis morte de peur depuis quelques jours... Parce que j'ai l'impression de régresser. D'être rattrapée par trop de choses... J'ai la sensation que j'arrivais à prendre davantage de distance vis à vis de mes pensées, de mes ruminations il y a quelques mois encore... Et je ne sais pas bien quand ça a basculé, mais depuis peu, j'ai l'impression de m'enliser. D'être rattrapée.
J'ai beau me rendre compte du caractère irrationnel de certaines de mes pensées, je n'arrive pas à m'en défaire. Je suis rattrapée par mes tocs d'agressivité. J'ai l'impression d'être mauvaise, perverse... Je m'accable sans arrêt, sans aucun motif apparent. J'ai une boule d'angoisse et de culpabilité au ventre et l'impression que quelque chose en moi est en train de dévorer mon humanité... Je fais des rêves angoissants. Même le sommeil ne m'offre pas de répit...
J'ai la sensation que mon chéri est à des années lumières... Mais je crois que c'est moi qui repousse son image et nos souvenirs... Parce que je me sens indigne de lui. Nocive... J'ai honte et je ne veux pas qu'il me voit ainsi. Je me sens abandonnée, jugée... Même si je sais que ces perceptions sont erronées... déformées... Que mon cerveau invente des menaces supplémentaires, là où il n'y a pas lieu d'en avoir...
Car une part de moi est consciente que toute cette culpabilité n'a pas lieu d'être... mais cette boule dans mon ventre... C'est plus fort que moi...
La psy m'a dit que le toc est une maladie chronique. Avec des causes chimiques, physiologiques... Déficit de sérotonine et tout le tintouin... Et cette décharge disproportionnée d'angoisses et de culpabilité: je sais bien que c'est le toc... Le plus fou, c'est qu'à chaque fois, je me dis que lorsque ça se représentera, je ne me ferai plus avoir, mais à chaque fois, cette saloperie arrive à me faire douter de moi. A me faire croire que j'ai de vraies raisons de me trouver misérable et de culpabiliser...
La méditation et la contemplation de la nature m'ont beaucoup aidé à démêler le vrai du faux ces derniers mois... J'étais même fière de parvenir à gérer mon anxiété. Mais là, c'est comme si cet équilibre était hors de portée... Je n'arrive plus à me relier à cette part de moi où toutes ces angoisses semblaient se vider de leur force. J'enrage de devoir encaisser cette nouvelle salve. J'ai l'impression de faire de mon mieux. Tous les jours. Je fais tout mon possible pour tenir bon. Alors pourquoi? Merde! Pourquoi?!
Demain, je retourne voir ma psy... Après tous ces efforts pour ne pas sombrer, je refuse de m'enliser dans cette impasse... Bordel! Comme si souffrir du manque n'était pas déjà suffisant.
Et je suis tellement désolée de déposer ces paroles dégoulinantes d'angoisses ici. Je ne veux pas faire peur à qui que ce soit... Ça va bientôt faire 14 mois qu'il est parti.... Je sais bien que j'ai déjà parcouru du chemin... C'est juste que présentement, j'ai l'impression de faire un prodigieux retour en arrière. Voir pire: de rechuter dans une zone cauchemardesque du passé que je pensais réussir à contourner.
Est ce que d'autres ont ressenti cette sensation de régression, d'effondrement au courant de la deuxième année de deuil? (indépendamment de mes problèmes de tocs).
Je sais bien que chacun avance à son rythme, c'est juste que, pour être honnête: en ce moment: j'ai peur. Je ressens plus que jamais à quel point mon identité s'est comme effondrée... Je me sens étrangère à moi-même... Ces derniers mois, par delà la souffrance: je me sentais habitée par l'envie de lire: sur la mort, sur le deuil, sur les peurs, sur la vie... sur pleins de choses. Habitée par l'envie d'être au contact de la nature... Habitée par l'envie de méditer. De penser à lui. Par l'envie d'écrire... Des envies simples, mais des envies tout de même. En ce moment, je me sens vide. Je n'ai plus d'envies. Seulement des automatismes, qui parviennent plus ou moins à faire illusion.
Tout le monde pense que petit à petit je vais mieux... mais au fond de moi, j'ai la sensation que c'est l'inverse qui se produit...
Je ne veux pas mourir... Enfin, ce que je veux dire: c'est que je n'envisage pas d'en finir. En sachant ce que perdre un proche implique: je ne pourrais pas faire ça, à mes parents, ma sœur, mes proches . Mais en même temps, je dois bien admettre que par moment: j'ai vraiment du mal à renouer avec ce qui en moi: a encore en-vie. Envie de vivre...
Et c'est dur pour moi d'admettre que j'en suis là. Si loin de ce que j'ai été, si loin de celle qu'il a aimée...

Je suis tellement désolée mon chéri...

Et voila que je pleure...  Un peu de pression en moins avant d'aller dormir...
Je vous embrasse. Prenez soin de vous. Il y aura un lendemain...

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #192 le: 24 mai 2017 à 00:58:20 »
ce soir je te lis Ela,
et tu vois je pleure avec toi,
et te lire n'est nullement effrayant, j'ai bien compris qu'un deuil, c'était à vie alors, des retours en arrière, des effondrements, des plus-goût à rien, des ... oui je sais qu'il y en aura encore et encore
mais des moments de douceurs aussi,
alors savourons les uns pour pouvoir subir les autres
subissons-les, ils nous maltraitent, allez -y gaiement, mais partez, la porte est grande ouverte, allez pfff, faisons un courant d'air, peut-être ça les fera fuir
prends bien soin de toi Ela
 :-*  :'( :-* :'( :-* :'( :-*
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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #193 le: 24 mai 2017 à 06:41:57 »

    Chère Ela,

    Tu es forte jusque dans tes effondrements, parce que tu les identifies, tu sais à quel moment ils deviennent "maladifs", et c'est là que tu rebondis vers l'équilibre. Cette lucidité te permet d'être coopérative dans les soins, l'ouverture d'esprit est indispensable pour gérer ton énergie psychique qui a tendance à s'emballer.
    Le deuil ne nous rapproche pas de la "normalité", cha chè chûr ...
    Mais "normal", c'est quoi, et ça produit quoi !
    Les créatifs ont tous "un grain", et tu es loin de le réduire à un puits d'angoisse, tu es généreuse, attentive aux autres ... une super-personnalité.
    Tu as tout mon soutien, Titine.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #194 le: 24 mai 2017 à 09:59:20 »
Oh, Mononoké, Martine. Merci <3. Et voilà, je chouine de nouveau... Ce matin il fait un peu plus doux... alors je vais tâcher d'employer mon énergie à cultiver mon "grain"... En douceur si possible...
Et merde, là tout de suite, je vous ferez bien une super accolade. Un élan du cœur qui parle. Mais il n'y a que cet écran et sa tête au carré qui me regardent bêtement... Alors je vous fais un "câlin éthéré", puisqu'il parait que la vie a choisi de faire de nous des super-spécialistes de l'éther. Pour le diplôme, c'est pas gagné...
Je vous embrasse. Avec toute mon affection.