Auteur Sujet: Mon amour est parti au mois d'avril  (Lu 122797 fois)

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #165 le: 12 mars 2017 à 20:46:24 »
Merci Ephémère... Du fond du cœur. Merci à toi de me lire, de prendre le temps de me répondre... Ça me touche tellement. Ça me touche que dans l'épreuve, certains parviennent aussi naturellement à s'ouvrir à la souffrance des autres. Ça me touche car chacun a déjà tant à faire avec sa propre peine, mais malgré tout, beaucoup de personnes ici manifestent cet élan, cette intelligence du cœur, cette générosité.
Je cherche moi aussi la force de tendre la main. J'admets que c'est difficile parfois. Difficile de lutter pour ne pas se laisser happer par une forme d'égocentrisme. J'ai parfois l'impression qu'il n'y a plus que moi, et lui, et moi, et lui, et moi... Ça m'attriste de ne plus ressentir aussi fortement qu'auparavant cet élan qui me portait vers les autres. Cette curiosité, cette empathie... L'élan est toujours là, mais il est comme '"essoufflé"...
Je tente d'accepter de ne pas encore être en mesure de soutenir autant que je le souhaiterais. Je donne ce que je suis en mesure de donner et à côté de ça, j'apprends à recevoir... J'apprends:  l'humilité de recevoir...
Alors j'accueille. J'accueille ton soutien Ephémère. J'accueille le soutien de Qiguan, de Souci, de Mononoké, de Stana... pour n'en citer que quelques un(e)s. J'accueille le soutien de toutes celles et ceux qui viennent semer leurs douces paroles de réconfort ici et partout ailleurs sur ce forum. Le soutien de ceux qui parviennent à donner. Vous êtes merveilleux. Recevez simplement ma sincère et profonde gratitude.
Quant à ceux que la souffrance empêche, comme elle m'empêche parfois, de se tourner vers les autres: ne vous jugez pas trop sévèrement. Je crois qu'il faut s'écouter, en premier lieu. Apprendre à se donner à soi-même, l'amour qu'on sera à nouveau un jour capable de répandre autour de soi...
Je pense bien fort à vous tous, solidaires dans l'épreuve. Je vous embrasse. Prenez soin de vous. Prenons soin de nous.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #166 le: 13 mars 2017 à 00:50:47 »
merci Ela,
dans ton message tu nous donnes beaucoup.

"Difficile de lutter pour ne pas se laisser happer par une forme d'égocentrisme. J'ai parfois l'impression qu'il n'y a plus que moi, et lui, et moi, et lui, et moi... Ça m'attriste de ne plus ressentir aussi fortement qu'auparavant cet élan qui me portait vers les autre"
je pense vraiment que le retour sur soi n'est en rien égoïste, et qu'il nous est nécessaire, c'est un énorme traumatisme qu'il va nous falloir apprivoiser. et je pense que tu as raison,  la première personne de qui nous devons prendre soin est nous-même.
tendrement
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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #167 le: 13 mars 2017 à 16:01:07 »
Prendre soin "correctement" de soi même est si difficile
entre ne pas succomber aux injonctions des autres
pour leur faire plaisir ou ne pas les peiner plus ...
nos injonctions internes que l'on se fabrique autour de "il aurait voulu, aimé, préféré"
l'attente d'un frémissement d'envie ...
tout cela nous est bien compliqué ...
avec vous
très chaleureusement
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Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #168 le: 14 mars 2017 à 01:04:58 »
Merci à vous. Merci... Je sais, que vous savez... et c'est si réconfortant...

Qiguan, lorsque tu parles de "nos injonctions internes que l'on se fabrique autour de "il aurait voulu, aimé, préféré" ", cela résonne tellement en moi... Je m'en veux souvent, lorsqu'il m'arrive de déformer qui il était dans mon esprit... Lorsque ma peur de le décevoir le rend presque tyrannique, lui qui pouvait être si doux, si indulgent. Lui qui probablement, souhaiterait simplement me rassurer... Cette peur de ne pas être à la hauteur, ce manque de confiance... se sont mes propres jugements, et c'est à lui que je fais porter ce masque de juge!
Et j'ai beau m'en apercevoir, c'est si difficile de se défaire de cette peur d'être doublement abandonnée... Abandonnée de par sa mort, et potentiellement abandonnée au-delà de sa mort... Cette idée que désormais, il pourrait avoir accès à toutes mes pensées et être déçu, voir rebuté par mes idées noires. Cette idée que j'ai une part de responsabilité dans cet abîme impossible à combler qui nous sépare... Des culpabilités qui se succèdent: culpabilité d'être en vie, culpabilité de ne pas mieux gérer cette vie... Paradoxe absolu qui parfois me paralyse. Je ne peux, je ne sais, je ne veux, je n'ai le droit: ni de vivre, ni de mourir...
Tout ça, ce ne sont bien que des idées, des peurs, des illusions... Et pourtant, comme elles paraissent menaçantes... Il y a cette séparation réelle, terrible, impossible à résoudre... et toutes ces "fausses croyances", ces abîmes imaginaires qui se rajoutent... C'est contre eux que je lutte... C'est eux que je veux anéantir, dans l'espoir d'un jour, pouvoir contempler l'abîme de sa mort, dans ce qu'il a de plus cru, dans sa vérité implacable, sans artifice... Et peut être alors pourrais je m'apercevoir qu'en vérité, le fossé qui nous sépare n'est pas si grand...

Mon amour, ça y est... Alors que j'écris, nous sommes le 14.... Il y a onze mois, à cette heure ci, tu dormais paisiblement sur le canapé du salon. Et moi, j'étais là, serrée contre toi, en train de regarder une série... Tu n'arrivais jamais à garder les yeux ouverts devant un film, après une certaine heure... Moi, je regardais les images défiler, tout en écoutant ton ronflement, en passant ma main dans tes cheveux, en déposant de temps à autre un baiser dans ton cou... Demain ou plutôt, déjà aujourd'hui... devait être une belle journée... Une ballade, sacs et guitare au dos, un pique nique au sommet du Mont Faron... Un jour, peut être, je finirai cette ballade, et peut-être aussi que tu seras là...

Je t'aime.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #169 le: 14 mars 2017 à 13:19:01 »
Citer
Qiguan, lorsque tu parles de "nos injonctions internes que l'on se fabrique autour de "il aurait voulu, aimé, préféré" ", cela résonne tellement en moi... Je m'en veux souvent, lorsqu'il m'arrive de déformer qui il était dans mon esprit... Lorsque ma peur de le décevoir le rend presque tyrannique, lui qui pouvait être si doux, si indulgent. Lui qui probablement, souhaiterait simplement me rassurer... Cette peur de ne pas être à la hauteur, ce manque de confiance... se sont mes propres jugements, et c'est à lui que je fais porter ce masque de juge!
Et j'ai beau m'en apercevoir, c'est si difficile de se défaire de cette peur d'être doublement abandonnée... Abandonnée de par sa mort, et potentiellement abandonnée au-delà de sa mort... Cette idée que désormais, il pourrait avoir accès à toutes mes pensées et être déçu, voir rebuté par mes idées noires. Cette idée que j'ai une part de responsabilité dans cet abîme impossible à combler qui nous sépare... Des culpabilités qui se succèdent: culpabilité d'être en vie, culpabilité de ne pas mieux gérer cette vie... Paradoxe absolu qui parfois me paralyse. Je ne peux, je ne sais, je ne veux, je n'ai le droit: ni de vivre, ni de mourir...
Tout ça, ce ne sont bien que des idées, des peurs, des illusions... Et pourtant, comme elles paraissent menaçantes... Il y a cette séparation réelle, terrible, impossible à résoudre... et toutes ces "fausses croyances", ces abîmes imaginaires qui se rajoutent... C'est contre eux que je lutte... C'est eux que je veux anéantir, dans l'espoir d'un jour, pouvoir contempler l'abîme de sa mort, dans ce qu'il a de plus cru, dans sa vérité implacable, sans artifice... Et peut être alors pourrais je m'apercevoir qu'en vérité, le fossé qui nous sépare n'est pas si grand...

oui Ela cette quête dure ... pour moi et je crois durera encore
Le deuil de ma maman me permet de comprendre plus "facilement" ces injonctions et fausses croyances/mon aimé en "jugement" de mon attitude dans son deuil ...
car je ne sens pas la même chose/deuil de ma maman ...
l’irréversible est la perte de sa corporalité ... tout le reste n'est que travail du lien, de gestion d'émotions, ...
la plaie de la déchirure n'est pas cicatrisée ... je peux vivre avec elle, respirer

Comme toi Ela imaginer des choses à finir seule qu'on aurait fait à deux ... se sont installées dans mes pensées à voir si je les reconsidèrerais ...

affection amicale à toutes et tous
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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #170 le: 15 mars 2017 à 21:34:42 »
Bien sur, Ela, qu'il sera là,  lorsque tu finiras cette ballade.
Bien au chaud, bien à l'abri dans ton cœur et tes pensées.

Que ta nuit soit sereine et sans pluie salée sur l'oreiller...
*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #171 le: 16 mars 2017 à 17:12:20 »
Merci à vous, chères amies de ce forum...

Aujourd'hui, je me sens ballotée entre les possibilités extrêmes, offertes par cette vie... La beauté qui subjugue, l'incommensurabilité de l'horreur, la douceur infinie des instants de grâce, la souffrance de l'angoisse extrême...

Je me dis parfois que tout ça est trop grand, trop énorme pour mes petites épaules... pour ma petit personne... J'ai le vertige, le souffle court... l'impression que balancée entre des cimes vertigineuses et des abîmes sans fond, mon cœur pourrait éclater...

Je me demande parfois, mon amour, si dans le fond, ce n'est pas ce qui t'es arrivé...  Si ce n'est pas ainsi, que tu es parti.

Et je me demande aussi, si le plus terrible, ne serait pas que ça s'arrête... La fin de ce va et vient incessant... Serait-elle synonyme de sérénité absolue, ou de néant? Y a t'il de la vie dans l'équilibre parfait, ou la vie n'est elle pas justement permise par le déséquilibre... A cela je n'ai pas de réponses...

J'aimerais peut-être juste, pouvoir dessiner moi-même, les contours de mes propres sommets et plus encore, de mes abîmes... Mettre ton visage partout, dans mes joies comme dans mes peines et effacer tout le reste...

Mais malheureusement, je ne crois pas avoir ce pouvoir...  Et lorsque je crois l'avoir, le constat de mes échecs est trop lourd à assumer.

Plus, ou moins que jamais, je ne sais pas vraiment ce que "je peux"... Je respire, voilà tout. Et j'attends de comprendre ce qui m'anime... ou je me laisse "animer" à défaut de pouvoir même le comprendre...

Journée étrange... entre ciel et terre, en suspend, en attente...

Je t'aime.

Hors ligne Mononoké

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #172 le: 17 mars 2017 à 23:19:23 »
Ela,

tu le dis si bien :
Aujourd'hui, je me sens ballotée entre les possibilités extrêmes, offertes par cette vie... La beauté qui subjugue, l'incommensurabilité de l'horreur, la douceur infinie des instants de grâce, la souffrance de l'angoisse extrême...
tendrement
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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #173 le: 18 mars 2017 à 13:02:54 »
Oh oui, Ela...
Je respire, je marche,
Mon corps tient debout.
Il se rappelle à moi, et me fait peur, parfois.
Douleurs inconnues,
Dont il faudrait s'inquiéter, peut-être.
Mais je respire, je marche,
J'avance.
"Et j'attends de comprendre ce qui m'anime".
Tout en respectant la vie.
Cette vie qui m'a été laissée, quand elle fut volée à  mon aimé.

"Et j'attends de comprendre ce qui m'anime"...

Merci à toi, Ela.
Encore une fois,
Pour ces mots-miroirs...

*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #174 le: 23 mars 2017 à 20:32:42 »
Merci Ephémère, de passer par ici, de lire ces mots...

Pardonnez moi chers amis de ce forum, si bien souvent encore, je ressens davantage le besoin de vous partager mes peines et mes souffrances que les éclaircies et les lueurs qui se présentent à moi... Peut être parce qu'elles sont encore si fragiles... J'ose à peine en parler, de peur de les effrayer, de les voir s'envoler à peine évoquées... Elles existent pourtant. Je tiens pour elles, grâce à elles... Grâce à l'intuition dont elles sont porteuses que la vie est plus grande et mystérieuse que ce qu'il m'est donné de voir... et de ce fait, grâce à l'espoir que lui, mon amour, mon cœur, existe toujours quelque part, différemment, peut être, sans doutes... Grâce à l'intuition que j'ai des choses à apprendre de ma souffrance. De toutes mes souffrances, qui aussi terribles soient elles, viennent révéler les failles qu'il me reste à mettre au travail, à soigner... Toutes ces intuitions dont je m'autorise à parler ici...

Mais présentement, j'ai besoin d'exprimer ma souffrance... Depuis quelques jours... Je ne sais pas bien quand... mais j'ai recommencé à m'enliser, à m'enfoncer... J'ai tellement mal. J'ai tellement peur... Il me manque tellement. Tellement. Tellement.... Et lutter contre cette fatigue, cette angoisse lancinante, ce découragement... tous prêts à m'engloutir me demande une énergie folle. Et c'est si difficile de ne pas me laisser happer dans l'immonde cercle vicieux qui se tapit en moi... Car l'absence d'énergie, qui devrait être compensée par un regain de bienveillance et d'attention à l'égard de mes besoins, attise mon manque d'indulgence. Vis à vis de moi, et des autres. De moi surtout... Le pire, le plus difficile à supporter, une fois de plus, ce sont mes angoisses. Mes tocs irrationnels. Qui viennent s'attacher à lui, à son image, à nos souvenirs. Je ne peux plus me tourner vers nos souvenirs sans avoir peur de les salir, de les dénaturer par des pensées honteuses, avilissantes... C'est la nature même des tocs, d'agir ainsi. D'isoler celui qui les subit. D'assiéger son esprit. De le priver des pensées réconfortantes. De les transformer en angoisses supplémentaires...
Souvent, j'accepte. J'accepte d'être ainsi.  De devoir faire avec.  De devoir assumer cette fragilité supplémentaire dans l'épreuve. Je fais de mon mieux pour me souvenir que je suis plus que ça. Que ces angoisses, cette maladie soi disant chronique, et ce découragement qui m'assaille... Je fais de mon mieux pour me convaincre que "nous" sommes plus que de simples souvenirs. Que notre amour subsiste ailleurs que dans mon mental. Dans mes tripes, dans mon cœur et dans une part peut être présentement inaccessible, mais bien vivante de mon esprit. Je fais de mon mieux pour lutter avec la seule arme efficace contre cette maladie: l'affrontement. Se repasser encore et encore les pensées angoissantes jusqu'à les rendre banales, plutôt que de les repousser... Thérapie choc dont j'aurais tant aimé me passer dans un moment où j'ai déjà tant à affronter. Seulement parfois je n'en peux plus. Je ne vois pas l'issue. Je ne vois que les épreuves, les souffrances... et ma vulnérabilité extrême face à ce qu'il me faut traverser. J'aurais tant besoin qu'il soit là pour me prendre dans ses bras, serrer ma main dans la sienne... et l'entendre me dire  qu'il m'aime avec mes défaillances... L'entendre me dire que je n'ai pas le pouvoir de détruire ce qu'il reste de notre amour.  Qu'aucune pensée ne le peut. J'ai besoin qu'il me rassure. Besoin de sa confiance...
Le 14 avril prochain, cela fera un an qu'il est parti... Lorsque je repense à l'année écoulée... elle est comme recouverte d'un épais brouillard... Je sais qu'il y a eu dans ce brouillard des instants "hors du temps"... Des instants de beauté, la sensation de sa présence, des instants magiques... d'une richesse infinie. Je ne les oublie pas. Je ne baisse pas les bras... Je sais que probablement, vous comprendrez, vous accueillerez, ce dont je parle... Tout comme je sais qu'ici, sera compris mon besoin de lâcher du lest. De venir exprimer la souffrance. Encore, et encore. Cette impression, alors que cela fera juste 1 an, d'être sortie du temps tel que l'appréhendent la plupart des gens... Cette impression que chaque journée passée depuis son départ m'a fait vieillir de 1000 ans. Ce vertige écrasant qui m'envahit par moment, lorsque, consciente de ce nouveau rapport au temps, je pense à tous ces jours qui m'attendent. Toutes ces années sans lui... Tout ce silence, ce mystère... avec mon cœur et mon esprit si fragiles pour seules boussoles... Cette angoisse sourde qui parfois s'éloigne, puis qui revient se glisser dans mon lit, certains matins... Et qui m'accompagne, à chaque heure... Discrète au départ, lorsque la vague m'offre un peu de répit... jusqu'au moment où à nouveau, elle prend toute la place. Angoisse, peine oppressante...
Cet anniversaire inévitablement symbolique des "1 an" qui approche.... et qui sous la surface, en profondeur, me travaille, me laboure... Je le ressens, et je subis... Je me sens impuissante, démunie... Et je tâtonne... Je cherche un semblant d'équilibre entre la révolte et l'acceptation... "1 an" enfin... "1 an" déjà... "enfin" "déjà"... qui ne veulent rien dire. Il n'y a pas de mots... Je sais seulement que cette date approche. Je vois le chemin parcouru, mais celui qu'il me reste à parcourir est énorme. Un peu comme lorsqu'on gravit une montagne, par paliers... On finit une côte, et on en découvre une nouvelle.... Seulement, ce soir, j'appréhende. J'appréhende. Parce que je sais bien que pour moi, la route est encore longue. Mais pour tant d'autres, pour le "reste du monde", le plus gros est derrière moi. La vie "reprend son cours". La vie continue...
Pour moi,la vie n'a jamais cessé de continuer, mais ne pourra plus reprendre son cours. Le chemin qui s'ouvre à présent est tellement étroit. Il m'a rapproché de certains, peut-être, oui. Il m'a éloigné de beaucoup: assurément... Mais sur ce chemin, c'est toujours lui que je cherche... La sensation de sa présence, son image, sa voix... Dans les joies, comme dans les peines. Dans l'angoisse... et pas suffisamment encore: dans la confiance.
Vous écrire m'a fait du bien... Pour l'instant. Seul l'instant est à ma portée. Alors je finirai ce message par un "merci". Aux gens de ce forum. A ceux qui ont créé cet espace. Ce petit oasis. Qui permet des instants moins pénibles. Qui permet de se libérer un peu...
Je vous embrasse et je pense fort à vous toutes et tous.

Hors ligne Mononoké

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #175 le: 23 mars 2017 à 22:19:43 »
merci à toi Ela,
Si nous écrire t'a fait du bien,
te lire m'en a fait aussi (je parle en mon nom, mais je suis certaine que je ne serai pas la seule à penser ça)

Ce que tu dis es si vrai
Mais pour tant d'autres, pour le "reste du monde", le plus gros est derrière moi. La vie "reprend son cours". ça les rassure, ils vient qu'on relève la tête, ils sont rassurés.

Il m'a rapproché de certains, peut-être, oui. Il m'a éloigné de beaucoup: assurément... oh que oui

et j'aurai pu citer d'autres passages!! Tu as raison de venir écrire cette douleur, l'écrire pour la fatiguer, l'écrire pour l'user, j'aime ce mot que j'ai souvent lu ici, et qui me semble si vrai : "user sa peine, user son chagrin, user son deuil "
le temps a érodé les roches, il érodera notre douleur

L'approche de cette fameuse date, les "1 an", date que je n'ose imaginer, tant certaines m'ont déjà faite tant souffrir!! Date que je ne connais pas encore, dont je ne peux rien dire, juste imaginer ce qu'elle peut engendrer, date(s) dont on se passerait bien. Alors j'ai une pensée pour toi en cette période difficile,
 je t'envoie un peu de douceur, de chaleur
tendrement
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Hors ligne Régine

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #176 le: 24 mars 2017 à 05:22:58 »
Votre témoignage et votre douleur me touche beaucoup!
 
Je comprends tellement votre peine. C'est si récent et si cruel. En écrivant,  c'est comme ci , vous donnez de l'espace å l'intérieur de vous å tout ce qui vous fait souffrir et vous affrontez cela courageusement.

Allez vers les personnes de votre entourage qui vous font un peu de bien..quelqu'un m'a dit un jour << dans tout désert,  il y a toujours un oasis>>. On pense que c'est le désert complet et il arrive quelque chose qui nous interpelle un peu, qui nous accroché un peu
Douceur, douce douce douce..un pas å la fois!



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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #177 le: 24 mars 2017 à 10:47:44 »
oui forum oasis dans le désert ... et il n'est pas un mirage !
une route si longue oui, le découragement à dire oui pour le supporter
la période si particulière de quelques mois avant et après les un an ...
partager oui
les éclaircies et la peur d'aller mieux  (http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/peur-d%27aller-mieux/) ...
les rechutes ...
les partager ici pour ne pas se sentir seule
je te serre fort
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Hors ligne Stana

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #178 le: 24 mars 2017 à 15:30:33 »
  Comme je te comprends Ela  :'( :) le passage des un an est une ètape importante, marquante. Je me souviens de cette date si particulière, le 2 mai 2016 (ce n'est pas si loin.. et même pas loin du tout,les deux ans inclus  :( :) ) : j'appréhendais ce passage obligé, je ne savais pas comment j'allais réagir. Au court de cette année, la souffrance presque insoutenable, implacable s'ètait peu à peu changée en douleur, puis en cette mélancolie qui s'est faite de plus en plus douce au il du temps, à part par intermittence. Quelles qu'aient été mes craintes, je savais désormais par expèrience que le fait que je pouvais maintenant sourire plus naturellement, savourer un petit moment agréable, èprouver de la joie-à èvoquer nos beaux souvenirs et aussi en d'autres occasions sans rapport-n'estompait nullement le souvenir de Pierre, ce n'était pas "tourner la page", "oublier" etc je pouvais tout simplement vivre son absence plus sereinement, comme je l'espérais. Je n'avais plus de craintes à ce niveau , mais je pensais que j'allais peut-être, à nouveau, souffrir énormément. En fait j'ai bien vécu cette journée spéciale, avec une douce mélancolie, j'ai honrer tout particulièrement sa mémoire, je l'ai d'ailleurs sentis plus proche  :-* :-* il y a eu un contrecoup peu après, je l'ai acceuilli, accepté, puis ça s'est de nouveau adouci.
  Il ne faut surtout pas culpabiliser lorsqu'il y a un mieux-être, c'est ce qu'ils auraient voulu, comme nous aussi l'aurions voulu pour eux le cas échéant  :)
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #179 le: 19 avril 2017 à 15:51:41 »
depuis un peu avant le 14 je pense plus souvent ou plus fort à toi
tu sembles ne pas être passée ici depuis 3 semaines
comment te sens tu
reçois mes affectueuses pensées
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