Auteur Sujet: Mon amour est parti au mois d'avril  (Lu 129494 fois)

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Hors ligne Ela

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Mon amour est parti au mois d'avril
« le: 28 juillet 2016 à 01:19:09 »
Bonsoir à tous... Mon chéri m'a quittée brutalement, le 14 avril dernier, suite à un arrêt cardiaque alors que nous étions partis nous balader sac au dos. Il avait 33 ans. Pour ma part, j'en ai 26.  J'ai hésité à m'inscrire sur ce forum et hésite encore au moment d'écrire ces mots. C'est que j'ai beaucoup de mal à communiquer autour de ce que je vis. J'ai le sentiment que cette séparation, autant, voir plus encore que le reste de notre histoire est tellement intime que lui seul peut réellement comprendre ce que je vis. Je lui parle beaucoup, lui écrit... Sa disparition est si récente et pourtant, depuis quelques jours, j'ai l'impression de traverser une sorte d'accalmie dans ma souffrance. Je pleure moins, j'arrive même à ressentir une sorte de joie timide, qui se rattache à une foi, une confiance encore vacillante en l'existence d'une force qui nous dépasse, pleine d'amour, et qui détient le sens de toutes ces épreuves que nous traversons. Lorsque je ressens ça, assise seule dans ma chambre ou quand je me promène, je me sens proche de lui d'une certaine manière. C'est un homme qui, sans être rattaché à un dogme religieux, avait une foi extraordinaire, et cette foi me porte. Et puis, notre rencontre en avril 2014, en plus d'être une rencontre entre un homme et une femme, a réellement été une rencontre entre deux âmes. Elle m'a totalement bouleversée. Notre rapport au monde, aux autres, à la spiritualité était toujours présent dans notre relation. Seulement, j'ai connu dans ma vie des épisodes de profonde angoisse et j'ai une tendance à culpabiliser excessivement. Du coup, j'ai du mal à accueillir ces épisodes d'accalmie, de sérénité. J'ai peur d'aller mieux et que cela signifie que je ne l'aimais pas assez, qu'il se sente trahi, abandonné.... Je suis très (trop) cérébrale et cet aspect de ma personnalité fait que j'ai parfois tendance à inhiber mes émotions... Je sais que ça peut paraître étrange, mais j'aimerais tellement être submergée, secouée de sanglots, encore et encore... J'ai peur de continuer sans avoir pris la réelle mesure de ce que j'ai perdu, d'aller mieux, d'oublier... Et pourtant, j'ai connu ces dernières semaines des moments où la douleur était si forte que je sais bien que c'est impossible. J'ai aussi, par moment, rejeté en bloc la sérénité que j'ai pu trouver en moi et ai traversé quelques épisodes de colère noire. J'ai envie qu'il sache à quel point je l'aime, que les gens sachent qui il est et ce qu'a représenté notre amour pour moi mais j'ai l'impression que c'est si difficile de dire, de communiquer... tous les mots me semblent creux, et quand je parle de lui et de ce que je vis au gens autour de moi, j'ai souvent l'impression que mes paroles sont vides, incomplètes... Aujourd'hui, je me sens perdue... J'ai l'impression d'avoir la force en moi d'accueillir et d'accepter les épreuves qui se présentent, et en même temps j'ai parfois envie de saborder tout ce travail intérieur que j'ai accompli pour choisir consciemment de m'enfoncer dans la douleur, de creuser... Il avait tant de choses à dire, à apporter, à défendre... Je suis parfois impatiente d'aller mieux pour l'honorer en continuant à porter ses projets dans la joie et en même temps, l'idée d'accepter les choses tellement vite me fait peur, mal, me révolte... S'il était avec moi, il rirait de voir à quel point je me complique la vie et trouverais certainement un moyen d'empêcher mes neurones de me tyranniser... Comme j'aimerais qu'il soit là...

Hors ligne loma

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #1 le: 28 juillet 2016 à 07:35:06 »
Ela,
j'ai lu ta profonde tristesse, et hélas le seul avec tu aurais pu partager cela est précisément celui qui vient de disparaitre.

Mais ici nous traversons les mêmes états d'âme que toi, les mêmes tourments, les mêmes épreuves et pourtant chaque deuil est différent.
Tu seras lue avec bienveillance et comprise, certains et certaines te répondront, beaucoup n'oseront pas par peur de mal exprimer leurs pensées et blesser alors qu'ils espèrent réconforter.

N'hésite pas à lire les chemins des un(e)s et des autres, leur lecture éclaire un peu le notre. Aussi surtout ne crois pas que nos aimés veulent nous voir mourir de chagrin, et ne ressens aucune culpabilité à ne pas être effondrée de douleur à chaque instant. Le nombre de larmes versées n'a jamais été proportionnel à la profondeur de notre amour.

Prends soin de toi avec douceur, ne t'impose rien, un pas après l'autre.
La lecture de " Vivre le deuil au jour le jour  Christophe FAURÉ"  m'a bien aidée, tu peux regarder sa conférence :
https://www.youtube.com/watch?v=aIuL7GTSnXM

Reviens vers nous quand tu le souhaites, déposer ici un peu de ta peine afin d'alléger ton fardeau

tendrement loma
"si un jour je meurs et qu'on m'ouvre le coeur, on pourra lire en lettres d'or ... je t'aime encore"  William Shakespeare

Hors ligne kompong speu

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #2 le: 28 juillet 2016 à 08:49:58 »
Loma
J'ai perdu mon fils de 19ans il y a 9mois , il avait deux sœurs la première chose que je leur est dit c'est que l'on est triste mais qu'elles peuvent avoir des bons moments avec leurs amis ou profiter de petit bonheur , elles passaient toutes les deux le bac cette année , ils fallait des moments de repis.
Je compare souvent ce chemin avec la marée et son ressac
Pensees

Hors ligne loma

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #3 le: 28 juillet 2016 à 10:31:47 »
Oui kompong speu, j'aime bien cette image avec la marée et son ressac, des vagues, des creux, des hauts, des bas, et on ne peux pas lutter ... juste se laisser porter ... et nous, nous sommes juste le petit bouchon de liège qui flotte ...
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Hors ligne Orfila

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #4 le: 28 juillet 2016 à 11:34:30 »
tu réussis à dire que tu veux l'honorer...
bravo.

Hors ligne Stana

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #5 le: 28 juillet 2016 à 17:14:21 »
  Bonjour Ela. J'espère que le forum t'apportera l'aide dont tu as tans besoin, comme chacun d'entre nous.

  Ton deuil est tout récent, il est naturel-aussi insoutenable que ça puisse être dans un premier temps-que tu souffre autant. Je ne sais que trop ce que c'est, et à quel point ces premiers mois sont déchirants. N'hésite pas à t'exprimer aussi souvent que tu peux en èprouver le besoin, même si c'est difficile de mettre des mots sur nos maux, et de les accepter en les mettant noir sur blanc, c'est, en même temps, un soulagement très bienvenu dans les moments difficiles.
  Je comprend ce que tu veux dire-j'ai eu la même impression à un moment donné, mais je sais maintenant que mes craintes étaient infondées: une partie de toi voudrait te sentir mieux, et acceuillir avec soulagement les moments où tu te sens moins mal, et en même temps tu crains que moins souffrir, connaître de petites joies  sois synonyme d'"oubli", du moins périodique, d'une sorte de trahison parce-que ça te paraît trop tôt...
 
  Mon compagnon est décédé le 2 mai 2015, à l'hôpital, des suites d'une chute accidentelle. Je me souviens à quel point la douleur a été déchirante, à la limite du supportable, dans les premiers mois, et en même temps il me semblait que cette souffrance c'ètait lui, quelque part, et mon amour pour lui. Cela dit, j'ai accepté, acceuilli les premières lueurs, les embellies d'abord infimes, puis plus marquées, à peu près au bout du même laps de temps que toi. J'ai pus ressentir, peu à peu, des petits moments de quelque chose qui ressemblait à de la joie, puis en est devenue. J'ai accepté de goûter, petit à petit, les petits plaisirs simples de la vie quotidienne. J'avais un peu peur dans un premier temps, pour les mêmes raisons que toi, mais j'avais tort:
  Mon ami n'a jamais quitté un seul instant mes pensées, mon amour envers lui, nos merveilleux souvenirs communs n'ont absolument pas diminués. Ce mieux-être (je me sens à présent, la plupart du temps, en paix avec mon deuil) n'a en aucun cas amoindri tout ceci. Vu de l'extèrieur, les gens se disent qu'on "tourne la page, passe à autre chose, "oublie" etc mais c'est faux. C'est juste que penser à lui en permanence, avec une tendre et constante intensité, m'apporte à présent plus de douceur, de sérénité, de reconnaissance envers lui, envers ce que la vie a pus nous apporter, que de douleur. Il y a encore des moments très difficiles, mais en règle générale c'est très doux.
  Comme toi je suis très croyante à ma manière-j'ai ma spiritualité, même si je ne me réclame d'aucune religion-et j'ai la quasi-certitude qu'il y a bien une vie après la mort, pas incompatible d'ailleurs avec certaines nouvelles découvertes scientifiques. Ce qui m'a permis de tenir-et même d'être dans une sorte d'acceptation dès les premiers jours, en dépit de la douleur extrême-c'est cette conviction que de là où il est, il ne peux pas vouloir que ma vie s'arrête maintenant. Il voudrait à tous les coups-il veux je pense, et personne ne peux nous prouver le contraire, donc tout reste ouvert-que je continue ma vie et profite pleinement de tout ce qu'elle peux m'apporter de bon. Je veux me montrer digne de lui, de nous, de notre amour, de tout ce qu'il m'a apporté. Je veux qu'il puisse être fier de moi, et heureux pour moi. Pour lui j'ai pus garder la tête hors de l'eau et ne pas perdre ma dignité.
  J'espère que tu pourras voire les choses sous cet angle, et accepter ces petites embellies.
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #6 le: 29 juillet 2016 à 01:22:37 »
Merci à toutes, du fond du cœur pour vos messages. Votre écoute, la douceur avec laquelle vous avez accueilli mes paroles ainsi que  la rapidité avec laquelle vous m'avez témoigné vos marques de soutien me touchent beaucoup. J'ai pris le temps de lire un peu les récits de certaines d'entre vous aujourd'hui et suis très touchée par ces témoignages.  J'aimerais un jour, prendre le temps d'apporter à d'autres la même écoute que celle qui m'est accordée. En attendant, je tiens à vous dire que je suis sincèrement désolée que chacune ait à endurer de telles épreuves et en même temps, je trouve du réconfort à retrouver dans certains messages les mêmes émotions, craintes et espoirs que ceux que je rencontre sur mon chemin. Aujourd'hui, j'ai oscillé entre des moments de lassitude, de tristesse, d'angoisse et d'accalmie... J'ai malgré tout réussi à me motiver à dessiner: un portrait de mon amour, moi et sa fille, lors d'une sortie à la neige, que je tacherai d'envoyer à sa puce dès demain. Car oui,  il a également du quitter sa merveilleuse fille de 11 ans, issue d'une précédente union et qui vit désormais entièrement chez sa maman, dans le Var. Quant à moi, je suis retournée vivre chez mes parents en Alsace, à l'autre bout du pays... Je me sens parfois dans la 5ème dimension: téléportée ici, du jour au lendemain, si loin de tous les repères de notre vie commune, après avoir du faire précipitamment le tri dans ses affaires et quitter notre appartement. Et sa fille, que j'aime tant et qui est si loin, à qui j'aimerais apporter mon soutien du mieux possible tout en me sentant impuissante du fait de la distance... C'est terrible, d'être si loin des lieux, des atmosphères, des personnes, de toutes les petites choses empruntes de nos souvenirs. J'ai souvent l'impression, du fait de ce déracinement géographique, que nous sommes séparés depuis une éternité. En même temps, je sens bien que pour mon propre équilibre, il me fallait revenir ici. Que je n'aurais pas supporté de rester "seule" dans la ville où nous avions emménagé ensemble il y a moins d'un an, d'autant plus que malheureusement, au lendemain de son départ, de vieilles tensions irrésolues se sont réveillées dans sa cellule familiale. Ici, j'ai le soutien de mes parents, qui tentent de m'accompagner tant bien que mal. Je suis au repos, à la campagne. Je me laisse "chouchouter"... En même temps, je réalise bien que je suis en train de me lover dans un univers coupé du monde. Je réalise que les accalmies dans ma souffrance qui me donnent parfois l'impression d'oublier mon chéri viennent aussi de ce que je me maintiens dans un univers très solitaire, fait de silence et... de silence, dans lequel je suis totalement coupée du monde extérieur. Mais ce silence, s'il m'est souvent pesant, je le recherche également  car j'ai l'impression de l'y retrouver. Seulement, je sais que cette situation ne pourra pas durer éternellement.  Mais la perspective de rechercher du travail(car je suis pour l'instant sans emploi), de recouvrer mon autonomie me semble pour le moment inaccessible... Si je ne suis pas tout à fait effondrée, c'est aussi parce que je ne me suis pas encore confrontée à cette réalité: Il me faut tout redémarrer. J'ai bien revu quelques amis, à l'une ou l'autre reprise, mais souvent, ces rencontres m'épuisent. Je me sens en décalage total. J'entends les gens parler de leurs projets de couple, leurs vacances, leur boulot... J'ai deux bonnes amies avec qui j'ai pu parler un peu, mais personne dans mon entourage ici ne connaissait réellement mon chéri, du coup, parler de lui ne me vient pas aisément, et les conversations retombent vite sur ma souffrance, ma peine, etc. ce qui tantôt peut m'aider un peu, mais me fatigue également. En fait, je réalise en l'écrivant que de ne pas avoir auprès de moi un ami, quelqu'un qui le connaîtrait bien et avec qui je pourrais parler de lui me pèse énormément. Mon chéri était un être exceptionnel (et je ne le dis pas juste parce que je l'aime ^^). Un personnage, totalement atypique. Il était à la fois incroyablement sociable, proche des gens, et totalement "électron libre", un peu (beaucoup diraient certains) marginal. Il laissait rarement les gens indifférents, marquait les esprits. A la cérémonie, pour lui rendre hommage, beaucoup de personnes de tous horizons se sont déplacées et m'ont évoqué avec sincérité à quel point leur rencontre avec mon homme les avait marqué. Ce qu'il y a, c'est que mon chéri était quelqu'un de totalement entier, intègre, qui ne mâchait pas ses mots et ne se pliait pas aux pressions des groupes, aux modes... n'arrondissait pas les angles par peur des jugements, ne posait aucune parole et aucun acte s'il ne trouvait pas en lui même une bonne raison de le faire. Quitte à parfois être incompris ou sembler totalement en décalage. Il renvoyait beaucoup de choses aux gens en miroir, ce qui fait qu'il avait systématiquement des discussions très profondes et à coeur ouvert, même avec de parfaits inconnus, mais le rendait également agaçant ou dérangeant par moment, aux yeux de certains. Moi même j'ai pu ressentir tout cela en étant avec lui, ce qui m'a énormément enrichi même si ça n'a pas toujours été simple pour nous de trouver un équilibre. Il avait une foi énorme, en la vie, l'Homme, la nature. Il écrivait énormément: de chansons, de poésie. Il avait vraiment un petit côté déjanté: toujours original dans ses réponses, sa façon d'analyser les choses, de résoudre un problème... Un côté presque un peu "mystique" aussi (allez, j'ose le mot), qui le rendait parfois incompris, même jugé, moqué (ce qui pour moi était insupportable) alors que dans le fond, ses paroles étaient toujours pleine d'une infinie sagesse. Il parlait à tout le monde: sans distinctions d'âge, de religion, de nationalité, d'origine sociale... J'étais toujours étonnée de voir toutes les personnes qui le saluaient et qu'il saluait. Il avait un lien particulièrement puissant avec les gens de la rue, les galériens, les incompris, ceux qui ne cadrent pas avec les attentes de notre société. Cependant, s'il avait quelques personnes autour de lui, dans le sud, qui sont restées proches de lui au quotidien, beaucoup entretenait avec lui une relation en dent de scie... D'après moi, beaucoup le voyait un peu comme un feu: qui attire quand on a besoin de se réchauffer ou de lumière, et qu'on fuit parfois: parce qu'il nous aveugle ou peut nous brûler. Ce qui fait qu'il y a très peu de personnes avec qui je peux partager des anecdotes du quotidien le concernant. Et pourtant, comme j'aimerais qu'il y ait davantage de gens conscients de qui il était dans toutes ses nuances. Qu'en plus de sa douce folie , de son intégrité, de son côté borné/obstiné, colérique parfois aussi, il avait en lui des trésors de joie, de bienveillance, d'humour, de douceur, de réserve, de fragilité... Je suis immensément, incroyablement heureuse et pleine de gratitude de l'avoir rencontré. C'est la première fois de ma vie que j'ai autant le sentiment d'avoir fait une "rencontre". Comme si c'était écrit, que cela devait avoir lieu. Et il y a tant de signes, de petites choses survenues au courant de ces deux dernières années qui me confortent en ce sens. Et maintenant, que faire? Que faire de tout ça? Je sais déjà que ma vie sera changée à jamais, et j'ai l'espoir et la volonté de tirer quelque chose de positif de tout ce qui arrive. Je crois réellement comme toi Stana que la mort n'est pas une fin, mais une transformation. Que mon amour est encore là quelque part, autrement, différemment et que nous ne sommes pas totalement séparés, voir même que nous nous retrouverons. Cependant, c'est si dur parfois, de poser toutes ces questions et d'avoir ce silence assourdissant pour réponse... Je vais en rester là pour l'instant je crois. Ca m'a fait tant de bien de parler de lui. Je crois qu'une partie de la clé est là: réussir à se tourner vers lui, vers qui il est et vers les autres et se décentrer de sa souffrance. Demain, j'essayerai de me remettre un peu au jardinage pour prendre soin de cette Terre qu'il aimait tant (et qu'il continue à aimer, j'en suis sure). Bonne nuit et une pensée affectueuse pour vous toutes.

Hors ligne kompong speu

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #7 le: 29 juillet 2016 à 06:40:35 »
Eh bien Ella quelle belle déclaration d'Amour, je suis émue  merci a toi d'avoir entrouverte un pan de cette relation solaire
Pensées

Hors ligne Romane

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #8 le: 29 juillet 2016 à 07:53:49 »
Oui ton témoignage est très émouvant , remplit d'amour .

Hors ligne Stana

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #9 le: 30 juillet 2016 à 01:07:54 »
  Si nous t'avons un peu aidée Ela, j'en suis heureuse  :) oui comme tu dis, nous vivons tous la même chose.

  Ton témoignage est vraiment poignant  :'( :)
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Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #10 le: 01 août 2016 à 18:33:54 »
Je vous envoie mes pensées les plus affectueuses... J'ai pris le temps de lire certains de vos témoignages... vos histoires... Je réalise à quel point il m'est essentiel que d'une façon ou d'une autre, mon amour: Hanaël, ne sombre pas dans l'oubli. Qu'il ne disparaisse pas des coeurs et des mémoires. Alors voilà, sachez que ce soir, je fais moi aussi une place dans mes pensées et mes prières pour Marc, Sam, l'amoureux de Orfila, Pierre et Tommy. Courage à toutes.

Hors ligne dom1

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #11 le: 02 août 2016 à 09:04:07 »
Bonjour,
Je suis très touché par le portait que tu fais de ton chéri car il ressemble à Nathalie.
Elle, atypique, différente, avec ce besoin immense d'être aimée et d'aimer. Elle était belle et aussi fragile.
Elle qui s'est donnée la mort, voilà 6 mois, et là encore je ressens les mêmes émotions que toi.
Je la vois à mes côtés très souvent et vis des moments et dans des lieux où elle se serait épanouie.
Injustice de cette mort, gâchis, regrets, culpabilité, tous les ingrédients sont là. Toutes ces sensations, toutes ces pensées qui taraudent.
Hier, j'ai sauté en parapente.
Hier, j'ai pensé à elle. Nous devions le faire ensemble...
Hier, dans les airs, elle était avec moi, et tellement loin à la fois, dans l'horizon verdoyant de la Chaîne des Puys, dans les nuages qui masquait le soleil qui brillait.
Demain, je sais qu'elle va s'éloigner de moi, petit à petit, et de plus en plus, et malgré tout, elle sera avec moi, elle sera encore plus en moi pour ne faire plus qu'une personne avec moi.
Je ne sais pas encore à quoi ressemblera cette personne, mais je sais aujourd'hui qu'elle sera formée par elle et moi, par la fusion de nos deux âmes.
Oui, je le sais maintenant, nous ne ferons et ne formerons qu'une seule et même personne.
C'est peut être ce qu'elle souhaitait en se donnant la mort.

Pour toi, la mort de ton ami, par la brutalité et la violence subie te donnent forcément les mêmes difficultés que je rencontre pour vivre son Absence.
Je te sens très intelligente et pleine de vie et bousculée par ce drâme, comme en déséquilibre. Je voudrais ici te soutenir comme un ami qui te prend le torse pour te tenir debout.
Te donner un peu de la force que j'ai en trop pour t'aider.

dominique
« Modifié: 02 août 2016 à 23:32:46 par dom1 »

Hors ligne Stana

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #12 le: 03 août 2016 à 18:35:59 »
Merci ela, ça me touche profondément  :)
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #13 le: 04 août 2016 à 01:03:26 »
Merci Dominique, merci Stana...
Ce soir, je me sens perdue... Tout est gris. Rien, rien, rien, absolument rien dans ma vie ici pour me rappeler que notre histoire   a réellement existé... Même pas 4 mois sont passés, et j'ai l'impression d'avoir vieilli de 1000 ans. De m'être réveillée d'un rêve, ou plutôt, de m'être endormie dans un cauchemar qui ne se termine pas. Qui me secoue moins violemment qu'il y a un mois encore, mais qui repeins les contours de ma vie en noir et blanc. Mon arc en ciel, c'était lui. Et cette douleur sourde, tapie dans l'ombre,  c'est presque pire que l'insoutenable souffrance du tout début qui me donnait au moins l'impression d'être vivante.  Ce soir: plus rien n'a de couleurs ni de saveurs.
Je sais que je me renferme, que je ne peux pas blâmer qui que ce soit, mais il n'y a personne à qui j'ai envie de me confier, personne avec qui j'ai envie de passer du temps. Si ce n'est sa fille, qui est si loin de moi. Ici, personne ne me parle de lui... Je sens bien que mes parents, mes amis d'enfance, se font du souci pour moi... mais la plupart du temps, ils ne savent pas quoi faire de ma peine, et moi je ne sais pas quoi faire de leur gêne. Je ne ferai sans doutes pas mieux à leur place, mais la vérité c'est que pour le moment, je m'en fous. Je m'en fous qu'ils soient mal à l'aise en ma présence, je m'en fous que ma situation les mette dans l'inconfort... J'en suis désolée, mais je n'ai pas l'énergie de sans arrêt chercher à les rassurer et les aider à se sentir mieux. Ca m'oppresse... Cette semaine, j'ai jardiné. Mon amour et moi étions engagés dans différentes assos, dont les Incroyable comestibles, alors j'ai fabriqué une jardinière que j'ai installée devant la maison de mes parents. Pour ne pas rester sans rien faire. Pour lui montrer que malgré tout, j'ai la volonté de me relever, pour moi, pour lui, pour nous. Pour honorer cette vie qu'il aimait tant. Pour qu'il soit fier de moi. Mais voila. Je montre que je vais un peu mieux et j'ai l'impression qu'autour de moi, tout le monde se dit: ouf, c'est réglé. Je projette un peu, peut-être, je manque d'indulgence ce soir: surement... Depuis mon retour, mon père me fuis constamment... Dès que je montre le moindre signe de tristesse, il change de pièce, ou s'en va carrément de la maison... Je sais qu'il est mal à l'aise, qu'il n'y arrive pas... Ma mère essaye de m'écouter davantage. Ca me fait du bien. Mais elle a tendance à se culpabiliser beaucoup (tendance dont j'ai malheureusement hérité). Du coup, j'ai souvent l'impression de marcher sur des oeufs et de ne pas pouvoir me confier réellement. Aujourd'hui, je lui ai dit que j'avais mal, parce que si peu de choses me rappellent mon amour ici. Que personne ne parle de lui, que son nom n'est quasiment jamais prononcé, que c'est comme s'il n'avait pas existé. Je voulais juste lui faire part de ma souffrance et tout de suite, j'ai senti qu'elle se mettait sur la défensive. Comme si je l'attaquais. Je n'en peux plus d'avoir ce sentiment que les gens se sentent attaqués par ma douleur. De me sentir comme une pestiférée. Je sais que c'est injuste, je sais que c'est égoïste, mais je suis en colère. J'ai l'impression qu'il était le seul qui me connaissait réellement. On s'engueulait pas mal mon chéri et moi, mais c'est parce qu'on ne se cachait rien: de nos défauts, de nos caractères, de nos opinions. Et surtout, je réalise à quel point c'est rare de trouver une personne à qui on peut se montrer entier: avec ses qualités et ses zones d'ombres, qui ose nous dire quand il n'est pas d'accord avec nous et à qui on ose nous aussi remettre les pendules à l'heure, parce qu'on a confiance dans l'amour que l'on se porte... C'est même plus que rare. Pour moi, cette personne, c'était lui. Et il a emporté toute une partie de moi avec lui. Ici, je ne me fâche jamais avec personne, pour ne pas vexer, ne pas faire de vagues, ne pas froisser... Mais j'ai l'impression de n'être plus tout à fait moi.... Je sais que je ne suis pas totalement objective. Même pas du tout. Mais là, tout de suite, j'ai le sentiment qu'il y a tant de choses fausses, superficielles dans ma vie, dans mes relations... Tant de paraître. Tant de non-dits. J'ai parfois envie de tout faire voler en éclats et de m'enfuir. Mais pour aller où? Aucun endroit ne le ramènera.

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #14 le: 04 août 2016 à 14:47:54 »
Seule, seule, seule... Mon amour, je ne m'aime pas sans toi. J'essaye, mais je n'y arrive pas. Je ne m'aime pas sans toi et j'en ai honte. J'aimerais rester digne, forte. J'aimerais réaliser que mon amour était pur, désintéressé, à chaque instant. Que je t'aimais mais n'avais pas "besoin" de toi pour me combler. Mais ce n'est pas tout à fait vrai... Je suis désolée mon chéri. Tu es parti et je t'ai promis de rester forte. De prendre confiance en moi. D'être indulgente avec mes erreurs maintenant que tu n'es plus là pour me les pardonner, pour effacer mes soucis en me serrant contre toi. Je vais continuer d'essayer, toujours. Mais pour l'instant, je ne m'aime pas sans toi. Je n'aime pas ces pensées obsédantes qui me rongent. Je n'aime pas ce masochisme romantique qui me pousse à rechercher la douleur pour soi-disant "mieux t'honorer". Je n'aime pas ce besoin de rechercher l'assentiment des autres face à ce que je vis. Je n'aime pas cette souffrance égocentrique qui me coupe de toi plus qu'elle ne te rappelle à moi. Je n'aime pas ce combat à double vitesse que je mène, cette fracture en moi: entre mon cerveau qui analyse tout et cavale loin devant, et mes sentiments qui se traînent, s'épuisent loin derrière. Je n'aime pas mon manque d'indulgence qui rajoute une double peine à tout ce que je vis. Mon amour je ne m'aime pas sans toi. Je suis désolée... Mais ça va aller. Ca ira. "Indulgence", "légèreté". Je t'entends. J'ai l'impression de te voir rappliquer, cavaler: sur ton "cheval blanc du positivisme" (tu te rappelles?), pour me remonter le moral. Je t'aime. Je t'aime tellement mon amour. Je ne sais pas pourquoi je t'écris ici. Pourquoi je déballe tout comme ça. Je crois que je ne supporte plus ce silence quand je te parle. Je crois que je ne supporte plus qu'aucun regard ne se pose sur ma souffrance. Je crois que j'ai besoin de dire que je vais mal. Je crois que j'ai besoin de me plaindre, de me montrer faible et fragile devant tout le monde. C'est grave tu crois? J'aurai honte après sans doutes. Pour le moment j'ai honte et j'ai mal quoi que je fasse de toutes façons, alors tant pis... Je ne suis pas très douée pour la vie tu sais.... et je sais bien que c'est lâche et facile de dire ça. Que tu voudrais que je me lève pour prouver, pour ME prouver le contraire, mais je suis fatiguée... fatiguée...