1 mois, c’est si court, si récent. J’ai perdu mon mari il y a presque 8 mois, très brutalement, mort pendant son sommeil alors que tout allait si bien la veille.
J’ai deux filles, jeunes adultes de 28 et 20 ans. La première paraît « bien », elle m’a toujours maintenu la tête hors de l’eau, étant très présente tout le temps, m’appelant plusieurs fois par jour, me faisant les courses, à manger, etc… Ce n’est sûrement qu’une façade, elle a toujours été comme ça, même quand son petit frère est mort, elle n’a jamais rien dit. C’est grâce à mes enfants que je ne me suis pas laissé sombrer. Je n’avais qu’une envie : avaler une plaquette de comprimés et le rejoindre.
Mais, je me suis dis que je ne pouvais pas les faire souffrir encore plus qu’elles ne souffraient.
Quant à ma plus jeune, c’est plus difficile. Elle s’est mise à avoir des crises d’angoisse importantes, avec des douleurs dans le bras gauche qui lui font penser qu’elle va avoir une crise cardiaque. Je l’aide de mon mieux depuis 8 mois, mais comme elle fait ses études à 500 kms de la maison, c’est dur. Le médecin vient de lui prescrire des anti-dépresseurs. Il dit que compte-tenu du temps passé, elle n’arrivera pas à s’en sortir seule.
Mais il m’arrive de craquer devant elle. Nous sommes humains, et je pense que nos enfants, même si nous devons leur montrer notre courage et les soutenir, peuvent supporter de nous voir craquer. Mes filles savent que leur père et moi nous aimions comme au premier jour. Elles en ont toujours eu conscience, se moquant de nous quand nous nous prenions dans les bras, nous embrassions devant elles. Et elles connaissent mon immense douleur, aussi forte que la leur. Elles adoraient leur père qui leur rendait bien.
Après 8 mois, les creux de vagues sont moins importants. Ils sont là, il arrivent quand on s’y attend le moins, quand on se dit qu’on avance, et paf, la douleur nous prend par surprise, les larmes jaillissent, mais on reprend le dessus.
Je ne sais pas si ce petit mot t’aidera. il y a quelques semaines encore, j’aurais été incapable de répondre à l’aide de quelqu’un. La preuve que l’on avance malgré soi, malgré le manque et la douleur constants. On y arrive, alors qu’au début tout semble impossible. J’ai mal, très très mal, mais je commence à mieux « gérer ».
Nathalie