Mon petit cœur,
Demain cela fera 3 mois que tu es parti mais avant tout je voudrais encore et encore te dire combien je t’aime.
Je pense qu’au fond de toi tu savais que tu te préparais à faire le grand voyage vers le ciel, mais tu t’accrochais pour tes enfants, tes petits enfants et ta petite femme.
Tu te rappelles de notre premier baiser il y a 48 ans dans le petit chemin derrière le cimetière. On s’est arrêté et presque en même temps des mots simples mais pleins d’amour sont sortis de notre bouche « je suis si bien avec toi, je t’aime ». Je voudrais tant encore te crier que je t’aime et que tu me le cries également.
Un amour qui par la suite allait passer par beaucoup d’obstacles. Nous étions en Août 1971 et moi je devais repartir pour mes études et toi pour les tiennes. 500 km nous séparait.
Mais nous nous aimions tellement que nous étions prêts à nous battre pour nous voir, nous écrire et nous aimer. A cette époque, le téléphone portable, internet, les SMS, cela n’existait pas encore. On s'envoyait tous les jours une lettre par la poste, nous étions tristes car séparés mais oh tellement heureux quand on arrivait à se retrouver dans les bras l'un de l'autre.
Maintenant c’est encore l’histoire qui se répète, je n’arrive pas à t’envoyer des messages au ciel, mais je te parle et je suis persuadée qu’ils arrivent jusqu’à chez toi. Seulement je ne peux plus te serrer dans mes bras, t'embrasser.
Tu te rappelles que 2 ans après, nous nous sommes mariés, j’ étais prête à tout quitter pour toi, mes parents, mes amis, mon pays et te suivre partout, t’aimer et te faire le plus grand cadeau qu’une femme puisse faire à son mari, deux adorables petits garçons. Les amours de notre vie. Tu te souviens comme tu étais fier d’eux, c’était ton Totophe et ton Babi.
Tu as beaucoup travaillé pour nous, tu étais un homme courageux mais la maladie était là et pointait son nez sournoisement chaque jour un peu plus.
Ton cœur qui pourtant débordait d’amour pour nous ne voulait pas suivre physiquement.
Nous nous sommes battus ensemble avec nos enfants pour vivre, pour ralentir cette maladie, mais elle était plus forte que nous.
De ce fait nous ne vivions plus comme des gens normaux, mais nous étions ensemble et l’amour nous donnait la force de nous battre.
Quand les enfants sont partis de la maison, tu étais fier de leurs réussites professionnelles, il est vrai qu’ils voulaient réussir pour toi et ils avaient cette force en eux.
Ensuite, les petits-enfants ont pointé leurs petites frimousses. Tu les aimais profondément mais la fatigue de ton cœur t’empêchait de supporter un peu leurs cries, leurs jeux d’enfants et je savais que cela te faisait de la peine.
Tu me manques mon amour, je ne vois toujours pas ma vie sans toi, même si les enfants et petits-enfants m’aident pour tenir le coup, mais je te promets, je cherche toujours la volonté comme toi et pour toi de les aider et de les aimer jusqu’à ce que les anges m’appellent pour venir te rejoindre.
Tu m’as promis de garder une petite place là-haut et je suis persuadée que tu me vois, que tu vas m’aider pour continuer mon chemin.
Tu reposes en haut de la grande falaise. J’ai déjà beaucoup grimpé en Octobre et Novembre pour venir te voir, mais il fallait que je revienne un peu à la maison pour me battre avec les tracasseries de l’administration.
Mais les enfants vont m’amener bientôt en voiture car avec les grèves, les trains ne roulent pas. Une vraie galère la région parisienne. Je sais que tu m'attends avec impatience, mais je serais là pour toi, car rien ne peut me séparer de toi. De toute façon cette foutue grève va tout de même s'arrêter à un moment donné et là je ferais les allers-retours par le train tout le temps. Quand tout sera réglé à la maison je resterais de plus en plus dans le studio et je te verrais de la plage déjà et toi tu me regarderas me promener sur les galets et dans la mer. Patience mon amour. J'arrive, j'arrive aussi vite que possible.
N'oublies jamais tu étais mon premier amour et tu resteras mon seul amour.
Je t’aime, je t’aime mon cœur et reposes en paix et j'arrive très très vite,
Ta petite fleur pour toujours