Auteur Sujet: Mes premiers six mois sans lui.  (Lu 3266 fois)

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Hors ligne CamiSoke

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Mes premiers six mois sans lui.
« le: 25 octobre 2020 à 17:51:36 »
Je ne suis pas très à l'aise dans ma façon de rédiger mes pensées donc je m'excuse d'avance sur la lourdeur potentielle du contenu. Ou même le manque d'émotions.

Le 5 mai dernier, j'ai perdu mon compagnon brutalement d'une rupture de l'aorte. Il avait 35 ans, aucun antécédent.
9 ans de vie commune, de beaux projets construits ou en cours... Envolés.

Pour vous donner le contexte, nous nous sommes rencontrés un peu par hasard lors d'un festival de musique. J'étais dans le flou à cette époque, à un moment de ma vie où je remontais doucement la pente suite à un accident de voiture. Et j'ai trouvé par hasard cette force tranquille, qui m'a aidé à me remettre en selle. Et qui a su s'adapter à ma personnalité plutôt... spéciale. Je n'étais jamais tombé amoureuse. Pour moi l'amour était une énigme que je n'avais jamais réussi à résoudre dans mes précédentes relations. Je ne suis même pas sûre aujourd'hui que c'était cela, "être amoureuse" mais je suis sûre que ça s'en rapproche beaucoup.

Depuis, on a voyagé, on a acheté une maison, on s'est pacsé, on devait se marier.
Et puis ce 5 mai, je le vois soudainement convulser sur sa chaise. L'appel des secours, le massage cardiaque qui m'a semblé interminable jusqu'à leur arrivée... Puis cette longue attente. Même si je savais. J'ai su dès le moment où j'appelais les secours qu'il était parti. A commencé le ballet des proches.  Les décisions qu'on te demande de prendre quelques heures après le drame. Les obsèques en pleine période de confinement.

J'ai renvoyé très vite les amis, la famille vers leur propre vie pour me laisser le temps de prendre conscience de ma nouvelle réalité. Etant autiste, je ne suis pas à l'aise en société et cette période m'a rappelé combien ma différence est parfois une charge inexplicable. Je sais que j'ai choqué certains par ma prétendue froideur et mon pragmatisme dans mes réactions. La même semaine, de façon plus anecdotique, j'ai aussi perdu mon chat chéri. Et j'ai juste haussé les épaules quand je l'ai annoncé à mes amis. Au point où j'en étais déjà...  Je me suis écroulée plusieurs fois, mais toujours seule. Parce que ce n'est que quand je suis seule que je m'autorise à être moi-même et à exprimer mes émotions. Encore aujourd'hui, je suis en angoisse à l'idée de devoir encore justifier mon choix de ne pas participer aux fêtes de fin d'année sans lui que ce soit à ma famille ou à la sienne, de vouloir partir seule quelques jours ailleurs ou de vouloir être seule le jour de son anniversaire.

J'ai rangé ses affaires dès le premier mois, réorganisé notre maison. J'ai refusé de participer à des évènements en sa mémoire car selon moi, il les aurait détesté. J'ai fait une liste de projets tous plus impossibles les uns que les autres pour tenir le coup. Encore plus compliqué en cette période de pandémie. Mais je le sais, je ne fais pas face. J'encaisse. Mon rapport aux autres s'est encore durci. J'entends cette petite voix qui me répète que je n'attends plus grand chose de ce que la vie peut proposer. Je lui répétais souvent qu'il était la seule chose bien que j'ai pu ressentir. J'ai toujours eu la sensation de ne pas savoir profiter des choses, cette sensation est décuplée. Et je n'ai que 34 ans.

Il me manque au quotidien. Bien sûr, j'arrive à retrouver un semblant de rythme. Mais j'ai l'impression d'avoir mis ma vie en pause. Je n'arrive plus à prendre du plaisir dans mes hobbys habituels. J'ai bien conscience que je survis mais qu'on ne peut clairement pas dire que je vis. J'ai encore des moments d'absence, 6 mois après. Des moments où en plein milieu d'une conversation, je dois fuir parce que les souvenirs surgissent en raz-de-marée. Certains jours je me trouve forte de tenir le cap seule, d'autres je me dis que je me voile la face par lâcheté. Parfois je lui parle. Alors que soyons claire, j'ai une approche de la spiritualité et de la mort des plus fatalistes. Donc je suis persuadée qu'il n'est plus nulle part.

J'espère qu'en lisant et partageant un peu de vos expériences sur ce forum, je pourrais retrouver un peu de motivation. Et puis d'une certaine façon, cela me fera probablement du bien de parler de lui à des gens qui ne l'ont jamais connu.

Hors ligne malome

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Re : Mes premiers six mois sans lui.
« Réponse #1 le: 25 octobre 2020 à 20:26:24 »
Bonsoir CamiStock

Rassures-toi tu t'exprimes très bien , j'ai bien compris ta douleur du drame encore bien récent et violent que tu vis , chacun(e)  essaie de le vivre   à sa façon avec son vécu, pas à pas , jour après jour
Prendre le temps de penser à toi , comme tu l'as si bien dit les raz de marée sont fréquents ,  n'enfouis pas tes émotions aussi fortes soient-elles , tu dis lui parler , je pense que nous le faisons toutes et tous

je te joins un lien pour une vidéo qui nous a beaucoup aider   du     Dr Fauré
https://youtu.be/Ljq4_GZM3EI

Prends soin de toi
Reviens ici à chaque fois que tu en sentiras e besoin

Amitiés

Hors ligne Alexandria

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Re : Mes premiers six mois sans lui.
« Réponse #2 le: 26 octobre 2020 à 17:34:01 »
Bonjour Camisoke,

Juste quelques mots pour te dire que je te comprends tellement, et que, tout comme certaines personnes me l'ont dit ici, te dire que tu n'es pas seule, et qu'ici tu seras lue et comprise.
N'hésite pas à venir écrire et à y déposer ta peine ou à parler de ton amour..

(( J'avoue que  je t'avais écrit un beau texte mais hélas, j'ai mis trop de temps à l'envoyer, et lorsque j'ai voulu le transmettre, j'avais dépassé les 60 min de connexion...donc tout mon message aux oubliettes, effacé..je tâcherai de faire mieux la prochaine fois... :( ))

Et surtout, ne soit pas fermée sur le fait qu'il y ait quelque chose après, personne n'est jamais revenu nous le dire, certe, mais personne non plus ne peux justifier qu'il n'y ait rien.
Il y a des signes, parfois, je te l'assure, soit y attentive, car lorsque cela arrive, cela t'emplit d'un sentiment de bien-être, furtif, mais il est bon à prendre...

Je te souhaite beaucoup de courage
Affectueusement