Bonsoir Didouama,
Oui, ce forum est l'endroit où vous allez pouvoir exprimer vos ressentis et être comprise car tous nous avons vécu ou vivons la douleur de la perte d'un proche. C'est si récent pour vous, vos ressentis sont justes, anesthésiée, décalée, épuisée... cette sensation de faire les choses comme un robot, juste parce qu'il y a des choses à faire ; le besoin de toucher, sentir ses affaires... tout ça est normal Didouama.
Vous avez besoin de parler ? Parlez-nous de lui, de vous, de votre vie en duo, quel est son prénom, que s'est-il passé ce 25 décembre ?
Parlez-nous de ce que vous avez envie et/ou pouvez nous dire, il y aura toujours quelqu'un pour vous écouter.
Si vous ne l'avez pas encore fait, vous pouvez aussi regarder les videos du site qui sont rassurantes car elles nous montrent que ce que nous vivons est normal et elles peuvent aussi aider votre entourage à vous accompagner dans votre détresse.
A vous lire et que la nuit vous soit la plus douce possible
Blandine

J'étais partie manger en famille à 2h30 de notre ville. Il travaillait le 25, il était d'aprés-midi. Nous devions fêter notre noêl le soir-même.
J'étais partie 2 jours avant, je me rappelle qu'il m'avait dit que ça allait être long! Le jour de mon départ on a passé la journée ensemble, j'avais pas envie de partir. On a fait une vidéo ce jour là, je l'ai faite. En général c'était tout le temps lui qui faisait des vidéos, prenait des photos, il passait du temps a les refaire, et je lui disais " c'est bon maintenant on vit ensemble, on a tout le temps pour en refaire". Bref le 25, je termine le repas et mets mes affaires dans la voiture. Il ne répondait pas à mes messages, je décide d'appeler. Et là je reçois un message de sa soeur me demandant ou je suis. Je la rappelle, je lui explique que je suis encore chez ma famille, je lui demande que s'est-il passé? Elle me dit :"ll y a eu un accident au travail, Serge est décédé". Là je suis tombée et j'ai hurlé, je ne sais pas combien de temps.. Ma famille est arrivée pour me soutenir et moi j'ai rappelé sa soeur pour lui demander à quel hôpital je devais me rendre... Je ne voulais pas comprendre. Non mon amour t'es pas parti comme ça, au travail en plus, un aprés-midi de noel... J'arrête là pour l'instand, ça fait trop de mal d'en reparler... il faut que je fasse une pause...

Merci pour vos messages. Je comprend que ça va être long, y a pas 5 mins j'étais euphorique en me disant je suis forte....Et là baisse de tension, retombée direct dans mon élan. J'ai pas envie de croire qu'il est mort. J'ai pas envie de faire ce deuil. Je suis jeune, je rêvais que de fonder ma famille avec lui. Et pour les autres qui m'entourent, une grande partie ne veut pas être confronté à notre chagrin, à la mort. Je le ressens que trop. Je préfère garder pour moi toute cette tristesse car je crois qu'il n'y a que moi qui ai la clé. Et j'en ai marre de me justifier auprès des gens qui ne veulent qu'entendre qu'on va mieux. Alors que là ça fait plus mal que hier. C'est même infernal, et les vannes se sont ouvertes, quand j'ai commencé sur ce forum. Peut être parce qu'enfin j'ose parler. Il faut vraiment que j'y arrive à faire ce deuil, il va y avoir plein d'autres étapes, comptes rendu de l'accident, détails sordides, procès... Bref, je me suis jamais autant sentie seule: comme on dit un seul être vous manque et tout est dépeuplé.... En tout cas ce qui est sûr, c'est que la mort nous ampute, nous assome, nous casse, nous détruit, nous apeure mais en aucun cas elle nous coupe le lien avec l'être aimé. Je le ressent , je ressent tout l'amour que j'ai pour lui... je l'aime au delà de cette mort....

Là j'ai envie de crier!!!! Je ne supporte plus: " mais il ne t'avais pas demandé en mariage, tu ne voulais pas d'enfants, ça ne faisait pas 20 de vie commune, tes sentiments sont exagérés car il est mort, tu vas pas restée seule, tu retrouveras quelqu'un car tu dois avoir des enfants quand même". Je dis m.... à tous cela. Comment ne pas comprendre qu'on n' est pas des animaux ( et c'est une mauvaise expression car  ils sont plus sensitifs et sensibles que nous souvent)! Ca me regarde l'amour que je lui porte, seulement lui et moi savons ce qu'on a vécu et l'attachement qu'on avait l'un pour l'autre. Heureusement que certains témoins de notre amour sont conscients de cela et me rappelle le bonheur qu'il avait d'être avec moi et de se projeter. Mais pour les autres pourquoi si peu de compassion et de tact. Pourquoi tant de morale alors que je suis vulnérable et eux dans une force supposée et imaginaire. Cela fait de moi et je ne pleure devant personne, je fais bonne figure, mais mon coeur saigne car la réalité déjà si cruelle et accentuée par si peu de compassion.

 Si, dans notre douleur, on n'a pas le droit de pleurer, on a le droit quand alors?

Fathio !
Quelle phrase merveilleuse ! elle est évidente et pourtant il me semble la comprendre maintenant seulement ! nous vivons le pire, alors oui, nous avons le droit de pleurer

vous n'aviez pas 20 ans de vie commune ? et alors ? cela ne change rien à la force et à la sincérité de votre amour. Justement cet amour était encore jeune et fort ! toi tu sais combien tu l'aimais et combien il t'aimait, le nombre d'années ou d'enfants n'y change rien. justement, vous aviez la vie devant vous et cela te paraît encore plus injuste.

N'écoute pas les donneurs de leçons. Ecoute-toi, toi. et prends soin de toi surtout.

je te souhaite une nuit aussi bonne que possible

muriel