Jours de silence mais jours de parcours...
Je ne cesse de vous lire et de voir que pour nombreux d'entre vous, pour ne pas dire tous cette douleur n'a pas de fond. Je me suis aussi beaucoup documentée sur le deuil, c'est à la fois rassurant de savoir que ce vide qui se niche là au plus profond de moi est normal et c'est à la fois terrorisant de constater que la raison n'a strictement aucune prise !
Moi qui croyais avoir vaincu la peur de la mort je me retrouve avec la peur devant ma vie sans lui.
Ou plutôt avec une grande frustration de ne pas pouvoir poursuivre ce chemin qui était si bon à ses côtés. Pour l'instant son absence m'enlève le goût de TOUT ! Et je constate à mon corps défendant que je pénètre dans une spirale. Je deviens amère, mon plus grand cauchemar !
Et je dois me battre contre moi-même pour ne pas céder à cette amertume.
L'amertume pour moi si elle demeure serait mon échec ! Je la combats au quotidien, je fais des efforts pour la mettre à distance et cela m'épuise.
Pourquoi cette lutte contre l'amer ?
L'amer est pour moi une forme de renoncement, d'abdication et de victimisation, toutes ces choses dans lesquelles je refuse de me reconnaître.
Je veux pouvoir retrouver cet élan vital qui m'a toujours animée et je sais que le chemin est long. Alors en ce moment, mon chez-moi devient une sorte de retraite où je m'isole, où j'accueille cette douleur sourde où je lui laisse l'espace et le temps de jaillir. Je la défends jalousement contre toute tentative de dérivation de mon entourage. J'ai un besoin impératif d'être seule. Le seul espace que j'autorise est cet espace réservé à notre fille.
Pour elle, je veux demeurer la mère entourante et aimante, part qui m'échoit toute entière maintenant puisque Pierre n'est plus pour jouer sa partition, lui si présent dans l'éducation de sa fille, lui si tendre et compréhensif avec notre ado. Alors je la regarde être et c'est bon de voir comment elle arrive malgré sa douleur à s'épanouir dans sa nouvelle vie de lycéenne.
Voilà chers compagnons de route où j'en suis aujourd'hui sur ce terrible chemin qu'il nous est donné de parcourir. Je vous serre virtuellement mais tendrement dans mes bras .