Bonjour à toutes et tous, compagnons d'infortune...
J'ai perdu mon fiancé il y a un an, et je viens régulièrement sur le forum sans participer. Aujourd'hui si j'écris c'est pour partager avec celles et ceux que ça intéresse mon parcours de jeune survivante (j'ai 29 ans) pour obtenir le mariage à titre posthume.
Chacun aura son opinion sur le sujet, pour ma part nous discutions de l'organisation de notre mariage quelques heures avant l'accident, et j'avais besoin de pouvoir aller au bout de notre projet et de pouvoir porter son nom comme je lui avais promis. Mais c'est là une démarche très personnelle et c'est surtout sur les aspects pratiques que je souhaite vous écrire, car j'avais trouvé très peu d'informations fiables sur internet, et très peu d'interlocuteurs pour me répondre (puisque je n'ai pas pris d'avocat).
Le mariage à titre posthume peut etre autorisé selon l'article 171 du code civil. Il faut remplir 2 conditions: prouver la volonté du défunt, et pour des motifs graves (sur ce point je n'ai toujours pas compris ce qu'ils mettent derrière). Le mariage est à titre symbolique dans le sens où il n'ouvre pas de droit à la succession. Mais vous pourrez trouver ces informations dans le code civil.
Dans un premier temps j'ai prévenu la mairie où nous devions nous marier (par "chance", nos bans étaient déjà publiés donc je n'ai pas eu de difficulté à prouver la volonté de mon compagnon). J'ai ensuite écris au Président de la République. 2 mois plus tard, j'ai reçu une liste de documents à fournir au Procureur du TGI de ma ville de résidence. J'ai donc constitué à un dossier comprenant les documents administratifs d'état civil, tous les justificatifs de notre vie commune, un courrier expliquant ma demande, l'avis de mes parents sur la demande, l'avis de mes beaux-parents sur la demande. J'ai également été convoquée au commissariat, où j'ai remis un double de ce dossier. J'ai été auditionnée pendant une heure et demie: j'ai dû retracer notre vie depuis notre rencontre jusqu'à l'accident, et motiver ma demande (moment très éprouvant, surtout à la fin lorsque le policier sans délicatesse sort un PV de 10 lignes qui est censé résumer tout notre amour). Ensuite il y a eu 8 mois sans nouvelle, aucun moyen de contacter une personne pouvant simplement répondre à la question: "est ce que ça a une chance de marcher?". Parceque sur internet on voit tout et son contraire, et je voulais juste savoir les statistiques (nombre de demande et nombre d'autorisations), je n'ai jamais eu de réponse... Bref, j'ai enfin reçu une lettre du procureur il y a quelques jours, m'invitant à venir chercher le décret présidentiel autorisant notre mariage. J'étais très émue en arrivant auprès de la greffière qui m'a tendu le papier comme si c'était une liste de courses, et sans un sourire... Et depuis je suis en contact avec la mairie pour organiser la célébration, car c'est là où c'est c'est assez difficile, la loi oblige à une vraie cérémonie. Ne pas l'imaginer à mes cotés et devoir dire "oui" seule comme ça, va etre cruel, mais c'est la dernière étape pour pouvoir enfin dire aux gens "mon mari", ce qu'il était déjà dans mon coeur. Au final, la procédure aura duré presqu'un an.
Voilà, j'espère que mon expérience pourra aider celles et ceux qui s'interrogent sur cette démarche. Pour moi en tout cas, je sais qu'elle va m'aider à avancer, en achevant quelque chose qui était resté en suspens, et pouvoir envisager d'ouvrir un autre chapitre un jour. C'est donc à la fois de la joie, et à la fois de la peine, puisque d'une certaine façon, c'est lui dire un peu plus aurevoir...
Courage à tous, mes amitiés