Auteur Sujet: maintenant,....comment menez-vous votre vie au quotidien face à son absence?...  (Lu 40033 fois)

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Tinou

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Bonjour à tous.

Moi, je suis en "pilotage automatique" pour le travail, les corvées du quotidien.
Dès que je suis "moi", il ne reste qu'une loque, en manque terrible de l'homme de sa vie parti brutalement il y a 8 mois...

Martine

Asseline

  • Invité
Dominique, Gertrude, Claire et les autres,

Merci de vos messages de soutien. Depuis lundi après-midi, les vannes de larmes et de chagrin sont ouvertes. Hier matin, ma responsable m'a demandé de prendre soin de moi et d’arrêter de m'inquiéter pour le boulot. Elle m'a demandé de rentrer chez moi et de contacter mon médecin. J'ai rendez-vous jeudi matin...

Je ne sais pas si c'est une bonne chose mais en tout cas, toutes ces larmes que je retenaient sortent enfin.

Je vous embrasse fort et vous remercie encore de ces échanges et conseils.

Hors ligne alberte

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Bonjour
seules les torrents de larmes me soulagent, ces larmes nous permettent de remonter à la surface prendre un bol d'air, il ne faut pas les refouler au contraire les accueillir comme une bonne thérapie.
Alberte

alicia

  • Invité
bonsoir à tous,
oui..le quotidien est dur à porter.. on avance parce qu'on ne peut pas faire autrement, on sait tout simplement que les autres attendent cela de nous tous.; on l'assume...mais dans quel état.. on se veut fort devant les enfants qui ont tant de chagrin qu'elles ne veulent pas nous voir nous écrouler;alors, on fait des efforts..;mais à quel prix!!
le quotidien, c'est aussi retrouver la maison vide.; " fais toi un bon petit plat !! " me dit une collégue : mon dieu, sil elle savait comme c'est impossible, juste de préparer un potage pour plusieurs jours et de baisser les bras comme ce soir avec une envie de me coucher sous ma couette pour pleurer et essayer de ne plus penser.. Alicia

chrisam

  • Invité
N'importe quoi,
comme si un bon petit plat allait faire oublier la mort de l'être aimé
la bêtise humaine

c'est simple, il faut déjà avoir envie de continuer à vivre, et puis, on pensera peut-être à se nourrir, pour survivre, essayer de rester présent.
« Modifié: 06 février 2013 à 19:23:28 par chrisam »

gertrude

  • Invité
bonsoir à tous,

parler de lui à qui veut bien l'entendre parce que c'est le seul sujet qui intéresse vraiment

et quand ca fait trop mal, crier, hurler sa douleur qui explose les entrailles,jusqu'à en avoir mal à la gorge , comme un animal
 ca fait beaucoup de bien

les premiers jours ou semaines je ne sais plus tous les matins je me levais plus tot j'allais marcher dans la fraicheur du matin simplement un quart d'heure et je criais intérieurement sans bruit (pas toujours facile de faire du bruit)
Plus tard j'ai réellement hurlé dans les moments de grande détresse quand je sentais que la tension intérieure grimpait ...je l'ai appelé, je l'ai supplié de revenir...

maintenant je n'ai plus ce besoin, peut etre suis je redevenue un etre humain, une adulte capable effectivement de vaquer au quotidien

amitiés









alicia

  • Invité
bonsoir Chrisam
et oui ....cela montre à quel point ceux qui ne savent pas ne comprennent pas ;
je dis toujours qu'il faut le vivre pour comprendre,
je n'essaie même plus à présent de leur  expliquer. .Alicia

djack

  • Invité
alicia

C'est bien vrai, personne ne peut comprendre notre souffrance , il n'y a que ceux qui l'ont vécu qui comprennent, c'est pourquoi, je lis tous les jours sans execption vos messages, même si je ne réponds pas, mais le coeur est avec vous tous.

sylvie 

Hors ligne alberte

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alicia

C'est bien vrai, personne ne peut comprendre notre souffrance , il n'y a que ceux qui l'ont vécu qui comprennent, c'est pourquoi, je lis tous les jours sans execption vos messages, même si je ne réponds pas, mais le coeur est avec vous tous.

sylvie 

Je suis avec vous tous.
Amitiés
Alberte

chrisam

  • Invité
Comment menez-vous votre vie au quotidien face à son absence ?

Vendredi, cela fera 17 semaines qu'Anne-Marie est partie
17 semaines    4 mois ! ! !    on dirait hier    Le temps semble s'être arrêté
4 mois et toujours la même souffrance, je dirais plus forte encore qu'avant
Plusieurs fois par jour des larmes, parfois même des cris, mais je ne suis pas seul à la maison donc ...

Chacun évolue à son rythme, mais moi je n'évolue pas, je régresse il me semble
Je me sens bien quand je pense que je pourrai bientôt aller la rejoindre, les seuls moments que ça va

Sinon, envie de rien
aller quelque part, nous y allions ensemble
faire quelque chose, nous le faisions ensemble
tout me ramène à elle, quoi que je fasse, nous étions toujours ensemble
tout est souffrance

Chr Fauré l'écrit dans son livre :
1) c'est le degré d'attachement à la personne disparue qui entre en jeu
2) la nature de la relation avant le décès
3) le degré de dépendance par rapport à la personne décédée
4) le temps d'accompagnement, c'est-à-dire le temps passé avec la personne que l'on sait déjà malade
5) les circonstances de la mort

Pour une fois, j'ai 5 sur 5
Je ne crois pas pouvoir surmonter le deuil, trop horrible, j'essaie de penser aux enfants (28 et 25 ans) mais rien n'y fait.
Avec le temps, espérons ...

Et samedi, nous aurions dû fêter notre anniversaire de mariage ...
Christian
« Modifié: 07 février 2013 à 01:45:21 par chrisam »

choupinette

  • Invité
Bonjour à tous,

Pour ma part, voilà 20 mois que Marc s'est éteint et pour répondre à la question comment fait-on?

Ma réponse va peut être vous paraitre absurde, mais mon meilleur allié "malheureusement" a été le temps, oui le temps qui passe allège les douleurs, les rends plus supportable et transforme la relation au défunt, le temps fait que sa moitié prends une autre place dans son coeur, ni trop loin, ni trop prés.

Je pense tous les jours à Marc, il me manque, cela va de soi, mais la douleur est atténuée, beaucoup plus acceptable, faut pas croire, j'en pleure encore, parce que je n'ai rien pu faire pour lui, tout est allé trés vite, hemmoragie cérébrale à l'age de 35 ans, 15 jours de coma, et me voilà veuve à 34 ans...sans enfants.

Mais pour ma part, aprés être passé par beaucoup d'étapes: l'incompréhension, le déni, la colère, une sensation de folie, une perte de tous mes repères, le desespoir, la culpabilité d'être moi en vie et la rage contre lui de m'avoir laisser dans ce pétrin, bien qu'il n'ait jamais voulu ça pour moi.

J'arrive enfin à voir l'horizon, à me sentir mieux sans en avoir honte, à continuer de vivre tout simplement, mais différement...sans lui mais avec moi, celle que je suis devenue, pas si changée...mais quand même....

Il y a un an, jamais je n'aurais pu croire ressentir ce mieux être et puis le temps avance...et fait son oeuvre d'apaisement...tout doucement...mais il le fait.

Je pense trés fort à vous tous qui débutez votre deuil, accrochez vous, je sais, oh oui sais combien c'est dur et douloureux.
Je sais aussi comme l'on se sent imcompris et seul(e)...
Soyez en assurer, que tout doucement, les choses s'adoucissent...à leurs manières...

Je vous embrasse affectueusement.
Christelle

Tinou

  • Invité
Merci pour ce joli témoignage Christelle...

Martine

chrisam

  • Invité
Merci Christelle,
Merci pour ton témoignage, qui mérite d'être aussi inséré dans la rubrique      " Après la grande souffrance, la reconstruction " 

Ta réponse n'est pas absurde, pas du tout, je penserais naturelle, le temps aide. Il n'y a pas de temps limite, ni de prescription, cela dépend de chacun.
Il y a un " avant " et un " après "

Encore merci pour avoir partagé ta progression à nous les écorchés, les naugragés de l'amour, cela nous met un peu de baume au coeur
Christian

chantal67

  • Invité
Bonjour Chrisam, Alberte et tous (tes) les autres. Les "autres", les "non-endeuillés" ne peuvent pas comprendre notre
douleur, comme nous nous ne le pouvions pas "avant".

Le temps, il n'y a que le temps qui est notre allié, ce temps que l'on voudrait pouvoir remonter, stopper, faire avancer très vite
pour arriver au moment de rejoindre celui où celle qui nous manque tant, ce temps qui, en fin de compte, continue d'avancer
à son rythme.

J'avais une médecin qui me disait "il faut vous reconstruire, faites vous des petits plats, faites vous plaisir !"

Mon dieu, que savait-elle de ma douleur, de mon coeur déchiré, écrasé, de mon corps douloureux du manque, de l'absence
de mon mari, de ma tete prete à exploser à force de me demander "comment je peux faire sans toi ? pourquoi ? tu n'as pas le droit
de me laisser, ça suffit maintenant, reviens à la maison !"

Manger, comment pouvait-on me demander de manger alors que François n'arrivait plus à manger avant de partir !

Reconstruire, reconstruire quoi ! ma vie ? mais il n'y avait plus de vie, elle était partie avec mon mari !

Le rejoindre, c'était un peu ma sortie de secours. Je me disais "bon, le jour où tu n'arriveras vraiment plus à supporter tout
ça, eh bien, tu vas le rejoindre !" mais j'avais toujours cette petite voix au fond de moi qui me disait "François a dit que tu
devais etre forte, il t'a confié la famille, il t'a demandé de faire à ce que la maison reste le nid de nos enfants et petits-enfant"
 
Par moments, je disais à voix haute "rien à faire de ce que François m'a demandé, il n'avait qu'à rester avec nous !!!!!"

Mais, mais, mais .......le temps passe, la terre continue de tourner, d'autres personnes autour de nous sont touchées par
cette horrible douleur. Maintenant je comprends parce que je sais, je connais.

27 mois et 19 jours, je ne me "reconstruis" pas, je ne comprends pas bien ce mot. Pour moi "reconstruire" veut dire enlever,
démolir, faire de la place pour reconstruire.

Je garde tous mes souvenirs, les bons petits plats je les fais pour nos enfants et petits-enfants, par contre, il m'arrive de faire un resto
avec mes collègues de l'usine, chose que je pensais impossible au début !!

Je ris, je racontes des bétises (comme avant), il m'arrive d'engueuler François quand je me trouve face à un problème et je lui
demande de m'aider, de ne pas me laisser tomber, et il m'aide. J'ai l'impression de l'entendre me dire "alors toi, quand tu rales
c'est que tu es en bonne santé !" grande raleuse, je le reconnais !

Le temps qui passe m'a permis "d'accepter cette séparation momentanée", nous nous retrouverons ! Quand ? le temps nous le dira !

Les autres qui ne comprennent pas, c'était nous avant ! et c'est très bien ainsi, ils sauront assez tot !

Laisser le temps au temps. Crier, pleurer, hurler autant qu'il faut, sortir cette douleur qui se nourrit de notre vie, ouvrir les vannes,
crier sa douleur en voiture, dans sa maison ou n'importe où mais laisser sortir, ne pas enfouir, ne pas cacher. Nous avons MAL
et tant pis pour ceux que ça peut "déranger", nous devons déjà etres forts devant nos enfants alors "les autres"......

Je vous souhaite une douce journée et vous embrasse tous et toutes.
 

Tinou

  • Invité

Les "autres", les "non-endeuillés" ne peuvent pas comprendre notre

Les autres qui ne comprennent pas, c'était nous avant ! et c'est très bien ainsi, ils sauront assez tot !



Ton discours est sage Chantal... Et bien vrai ; merci !
Martine