Bonjour Chris, cela fera 39 mois le 19 que mon mari est parti. Nous nous aimions depuis mes 14 ans, j'en aurais 59 cette annnée, l'age qu'avait mon mari quand le cancer nous l'a pris.
3 mois entre "l'annonce" et la "fin".
Je ne sais plus comment je pensais durant ces trois mois, je sais que les médecins nous avaient dit "palliatif" mais pour moi ça voulait dire 4ans voir plus et meme guérison ! Impossible qu'il en soit autrement ! François était bucheron, un homme fort, courageux, lui, il savait.
Il me disait parfois "quand je ne serais plus là, tu feras......." comment ça, "PLUS LA"! Mon cerveau faisait "barrage"! IMPOSSIBLE, François ne pouvait pas partir......et pourtant !
Un jour il m'a dit "tu veilleras à ce que notre maison reste le nid de nos enfants et petits enfants", c'est ce que je fais maintenant.
Des regrets j'en avais énormément, des "j'aurais du dire, j'aurais du faire", de la rage aussi "pourquoi Lui, pourquoi nous, pourquoi pas moi ?"
Il m'avait dit "tu sais, c'est mieux comme ça, moi je ne pourrais pas." Il savait qu'il allait partir et il l'avait accepté mais il ne savait pas l'enfer que j'allais traverser et c'est mieux ainsi.
Je ne sais pas comment on "pense" face à la mort, mon mari y a fait face avec le sourire juste avant une hémorragie massive. Les médecins l'ont endormi et il s'est envolé lentement. Je lui tenais la main, je ne comprenais toujours pas vraiment, je pensais seulement "il n'a pas eu le temps de souffrir, heureusement" mon mari n'a jamais eu de douleurs, un peu mal mais pas de douleurs.
Avec le temps, beaucoup de temps, j'ai chassé les regrets, la culpabilité, pour laisser la place aux souvenirs, nos souvenirs.
François est avec nous, avec moi. J'ai été opéré d'un cancer il y a 3 mois, j'ai fini ma radiothérapie, on va voir la suite. Je n'ai pas peur de la mort, non, ce qui me fait peur c'est la douleur de nos enfants s'il devait m'arriver quelque chose. Autant je voulais rejoindre mon mari au début, autant je me bats maintenant pour rester avec notre famille. Je sais que je le retrouverais un jour, mais pas maintenant, pas encore.
La vie est ce qu'elle est, précieuse ! Elle nous fait rire et pleurer, souffrir et aimer, mais elle restera toujours précieuse.
Je vous souhaite une douce journée et un rayon de soleil dans votre coeur.