Bonsoir Lili 44, Chlog et Cabochon,
Je vous remercie pour votre accueil, vos réponses, le retour de votre vécu et vos conseils.
Qu'il est bon de coucher par écrit son desespoir avec des personnes aussi altruistes, pleines de douceurs et de compréhension.
Si je suis venue ici, c'est que j'avais envie de me faire violence pour avancer, d'être plus actrice de notre vie plutôt que spectactrice. Cette impression de stagnation qui est envahissante.
Je suis perdue, je n'avance pas, une partie de moi est partie avec mon mari, car quand l'on fait tout à 2, lorsqu'on pense à 2, que l'on s'aime comme on s'aime, c'est juste irréel surtout quand on pratique la politique de l'autruche comme je le fais... Je vais écouter le Dr FAURE que vous me conseillez, ça me fera certainement avancer. La vie n'est pas prête de reprendre son cours tellement mon amour me manque.
On m'a envoyé une citation de Bob Marley "Tu ne sais jamais à quel point tu es fort, jusqu'au jour où être fort reste ta seule option". Oui être forte pour nos enfants mais quand on est dans le déni ce n'est pas facile. Nous avons pourtant assisté tous les 3 à son dernier souffle et je devrais intégrer son départ, mais je n'y arrive pas, je piétine, je ne me projette pas. Je ne devrais plus utiliser le mot "partir" car il ne reviendra plus, je le sais mais mon inconscient refuse de l'admettre, je ne sais pas si je me fais bien comprendre... Il y a des mots que je n'arrive pas à prononcer : décès, veuve, mort.
Alors oui la vie continue autour de moi, même en cette période de crise sanitaire. Je lui ai promis d'être forte pour nos enfants, promesse que je n'arrive pas à tenir et j'en culpabilise.
Je ne parviens pas à réver de lui, notre fille a déjà révé de son papa, d'autres personnes de notre entourage m'ont dit qu'ils avaient révé de ma moitié et pas moi, pourquoi ? Est ce les médicaments que je prends ?
J'ai également un questionnement concernant l'urne de mon mari, avant le confinement je ne suis allée qu'une seule fois et je ne suis pas parvenue à me recueillir, je n'ai pas réussi à lui parler, c'est kafkaïen, je n'arrive pas à intégrer qu'il soit dans cette boîte. Je lui ai demandé pardon de ne pas être allée là bas plus souvent mais physiquement je ne le représente pas. Alors j'attends la fin du confinement pour pouvoir enfin récupérer mon amour et pouvoir disperser à la mer selon ses volontés. Peut être que cette étape m'aidera à accepter ?
Je me nourrissais de lui, de ses paroles, de ses sourires, de ses odeurs, de son amour et tout nous a été violamment et brutalement arraché.
Lorsque mon chéri est parti le 22 février, je n'avais pas de colère, juste le vide (le 14 février, nous avons eu le plus beau des cadeaux de la Saint Valentin car le tep scan montrait une diminution des métastases et les médecins étaient plutôt rassurés, l'espoir qui nous a jamais quitté a été encore plus fort. Et maintenant, je n'ai plus confiance en la science, j'ai cette colère qui surgit en moi.
Bien me nourrir, c'est en dent de scie, tantôt boulimique, alors que parfois rien ne passe. Quant à mes nuits, elles sont plus longues que mes journées...
J'ai baissé mon traitement afin d'être plus lucide, ce qui me fera j'espère avancer. C'est ce que je souhaite pour le bien être de nos enfants.
Encore merci et à bientôt