Bonjour Lulu
Je viens moi aussi de rejoindre votre grande famille d' endeuillés.
Je me suis un peu reconnue dans le parcours de la maladie de ton mari.
Pour Guy, après un infarctus il y a 13 ans, tout allait à peu près bien. Il consultait régulièrement le cardiologue qui ne trouvait rien d' anormal.
J' aurais juste voulu lui faire changer de médecin traitant car je la trouvais vraiment trop laxiste mais il refusait. Il l' aimait bien car "elle le laissait tranquille". Ils parlaient de leurs vacances etc... Ça, ça va bien pour soigner un rhume mais quand on a des antécédents cardiaques!!!
Je l' ai supplié en vain pendant des mois. Au mois d' avril, les choses ont commencé à se gâter : Il ne tenait pas allongé, des nuits à la fenêtre à chercher l' air, quand on marchait un peu, obligé de s' arrêter tous les 50 mètres, je trouvais qu' il avait grossi (oedème), enfin des signes d' alerte. Il a vu ce médecin plusieurs fois pendant cette période. A chaque fois, elle est restée bloquée sur de l' insuffisance respiratoire en lui donnant à chaque fois des broncho-dilatateurs de plus en plus forts qui ne servaient à rien...
Si je l' avais sous la main, je serais capable de meurtre!!!
Le jour de l' ascension, j' ai réussi à le traîner aux urgences. Je crois qu' il se rendait compte qu' il n' avait plus le choix.
Là, ils ont tout de suite détecté une insuffisance cardiaque et non pas respiratoire. Une semaine d' hospitalisation et avant de le laisser rentrer à la maison avec un traitement, les médecins ont quand même tenu à l' envoyer à Caen passer une coronarographie (ça ne se fait pas à Cherbourg). Là, le médecin n' a même été jusqu' au bout de l' examen. Le verdict est tombé tout de suite : extrême rétrécissement des artères au niveau du tronc commun juste à la sortie du coeur.
Le 12 juin jour de sa fête, triple pontage en urgence qui a bien réussi. Après une semaine d' hospitalisation, séjour de 3 semaines en centre de réadaptation cardiaque. Un jour, pendant les exercices de rééducation, il a prévenu les soignants qu' il avait froid, il y avait des courants d' air dans la pièce. Ils ont refusé d' en tenir compte. Au bout des 3 semaines, il est rentré à la maison avec une bronchite.
Il a ensuite entamé une série de séances de rééducation en ambulatoire 3 fois par semaines à l' hôpital de Cherbourg mais toujours avec cette bronchite qui avait du mal à guérir et qui lui provoquait des quintes de toux atroces.
Et puis, ce maudit lundi 4 août, il est allé faire ses exercices à l' hôpital le matin. Le soir vers 19h30, il m' a dit qu' il montait au premier dans la salle de bains faire les 15 minutes d' aérosol prévu pour sa bronchite et là, il a tout de suite crié. Je me suis précipitée. Il était sur un tabouret, accroché à la vasque du lavabo, il ne pouvait déjà presque plus parler, j' ai compris quelque chose comme "ça ne va pas". J' ai juste pu le retenir de tomber et l' allonger par terre sur le carrelage pour courir appeler les secours. Le temps m' a paru très long mais je crois qu' en 1/4 d' heure ils étaient là et moins d' une heure après le premier scanner était déjà fait : AVC massif sur le tronc cérébral, au plus mauvais endroit possible.
Il serrait ma main à la casser de sa main droite, je crois que le côté gauche était déjà paralysé. Les médecins l' ont intubé et mis sous respirateur pour aider à respirer, toujours à cause de la bronchite et ils l' on endormi artificiellement. Il n' a jamais repris conscience. Le médecin réanimateur, une femme formidable, m' ai dit qu' en fait, très peu de temps après son arrivée, il était déjà "parti". Il a été maintenu en vie tout le reste de la semaine. Tout a été tenté mais l' oedème s' était étendu, faisait pression sur le cervelet. A chaque scanner, les dégâts étaient plus importants. Le médecin m' a dit que s' il s' en sortait, ce serait à l' état végétatif. Il ne resterait même pas le clignement des yeux indiquant une "présence".
Le vendredi après-midi, après un dernier scanner, il a été décidé d' arrêter les traitements et de garder uniquement "le palliatif".
Le samedi matin, je suis arrivée à 11h avec ses deux filles. Quelques secondes après notre arrivée, l' infirmière nous a dit : "Je crois qu' il vous attendait pour partir". Il est décédé à 11h05.
Il a été enterré le 12 août, jour de ses 66 ans.
Moi, je suis en miettes....
A qui en vouloir? Le médecin traitant qui n' a pas été f......... de déceler son insuffisance cardiaque? Le centre de réadaptation qui l' a laissé attraper cette bronchite? Je me suis toujours demandé si les quintes de toux n' avaient pas décollé un caillot qui se serait ensuite logé dans l' artère cérébrale. On me dit que non, mais bon, ils ne diront pas le contraire!
Bien sûr, je m' en veux à moi-même. J' aurais dû insister encore plus pour qu' il change de médecin, insister encore plus pour qu' il aille plus vite aux urgences, remarquer quelque chose d' anormal que je n' ai pas vu....
Toutes ces spéculations ne vont pas me le rendre mais ça tourne en boucle dans ma tête, encore et encore...
Voilà ma triste histoire. Aussi tristes que toutes celles que j' ai lues ici.
Je vous envoie toute ma compassion, à vous tous et toutes
Jocelyne