Auteur Sujet: Ma douleur  (Lu 55988 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

lulu

  • Invité
Re : Ma douleur
« Réponse #45 le: 22 juin 2014 à 23:07:27 »
Bonsoir à vous toutes et tous

Vendredi, j'ai passé le cap des trois mois enfin des trois mois officiels, car pour moi la vie a basculé le 5 mars et non le 20. J'ai l'impression que c'est plus difficile qu'au début où je me sentais anesthésiée par la douleur. Même si j'arrive toujours à donner le change extérieurement, je sens qu'à l'intérieur l'absence est plus lourde à porter, le vide s'est transformé en abime. J'ai beau user cette douleur comme je peux, en fait elle s'est épaissie, je ne l'ai pas entamée, pas même une petite griffure.

Je sais bien que c'est irréversible, mais je n'y consent pas, je sais seulement que je dois survivre avec ce cauchemar. J'ai toujours ces pourquoi, pourquoi nous, pourquoi on a rien vu venir, pourquoi on a pas eu droit à une alerte... sans réponse possible. Quand on fait quelque chose dans la vie, en général cette chose a un sens mais là je me dis qu'il faudrait arrêter de chercher un sens à ce qui est arrivé car il n'y en a pas. Il faudrait, mais je n'y arrive pas encore, pourtant il faudrait car c'est une torture. Les mots sont bien pauvres pour décrire tous ces sentiments.

Il y a 110 jours, il me restait quelques heures de non souciance. Le coeur de mon amour était encore sur 1. Nous avions prévu un weekend prolongé pour aller nous balader en moto, le premier vrai weekend ensoleillé de l'année. Je voyais ce weekend arriver avec plaisir. Le coeur de mon amour est passé sur 0 et depuis, les ténèbres. Les belles journées que nous avons en ce moment sont sans saveur.

J'ai la chance d'avoir mes enfants qui me soutiennent, organisent un peu ma vie et me font aller de l'avant ainsi que des amis très précieux et très présents juste ce qu'il faut. Il y a aussi les absents... et les trop présents qui me donnent à moi l'impression d'attendre ma chute.

Je garde quand même en mémoire tous vos messages d'espoir, et peut être qu'un jour je pourrais vous en donner aussi...

Je vous embrasse mes compagnons

Lulu
« Modifié: 22 juin 2014 à 23:11:39 par lulu »

Hors ligne zabou

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 1182
  • DANS MON COEUR A JAMAIS
Re : Ma douleur
« Réponse #46 le: 23 juin 2014 à 00:35:31 »
Bonsoir Lulu,

Trois mois, si récent , comment accepter,alors que la douleur nous ronge, que les pourquoi fusent et nous usent, sans réponse.

Moi, dans les trois premiers mois, je pleurais, je criais, je le suppliais de revenir, et cela à durer comme cela des mois durant...

J'avais beau savoir qu'il ne reviendrai plus ,rien n'y faisait, je ne voulais pas y croire, les 6 mois ont été très difficiles et les neuf déchirants.

Une partie de nous sais, l'autre ne veut pas le savoir, les deux sont en conflit, permanent, la douleur nous taraude, la réalité,ne l'est plus, finalement nous vivons pendant des mois entres deux mondes, en mode survit, une partie veut rester ,l'autre veut partir....

Reprendre pieds dans la vraie vie, celle qu'on occulte pendant des mois totalement investie par la souffrance,cela se fait crois moi mais si lentement, un pas en avant, l'autre en arrière, un jour bien , un autre l'horreur....

On ne prend conscience de nos avancées, si petites soient elles, que bien après, même si les pas se font chaque jours un petit peu.

Un jour crois moi, le soleil réchauffe à nouveau, ses rayons nous éblouissent, et l'on regarde autour de nous étonnée de voir la beauté, que nos avions totalement occulté par ailleurs.

On survit repliée sur soi, plus rien n'a d'importance, que cette douleur innommable, que cette injustice, petit à petit on se redresse, jusqu’à arriver à tenir droit, alors on aperçois l'horizon, on voit des perspectives, on empreinte un nouveau chemin, que l'on s'est inventé bien des mois en amont.

Pensées.

zabou
Le souvenir, c'est la présence invisible.
Si j'avais su que je t'aimais tant, je t'aurais aimé davantage.
Mon amour, plus qu' hier et moins que demain.

lulu

  • Invité
Re : Ma douleur
« Réponse #47 le: 22 août 2014 à 12:15:02 »
Bonjour à tous

Me voila rentrée de mes quelques jours de vacances chez mes amis. Nous avions l'habitude de passer des vacances magiques entre amis à 3 couples de motards depuis quelques années. Cette année nous étions 5 au lieu de 6 et les balades en moto se sont faites en voiture  tous ensemble...

J'ai senti le manque de mon amour de manière très intense pendant toute la semaine. Toujours en irréel et réalité j'aurais voulu voir mon mari sortir de la maison comme les autres années, même si je sais bien sûr que ce n'est pas possible. Nous avons évoqué des bons souvenirs, trinqué à lui, une manière de le garder encore un peu près de moi. J'ai aussi retrouvé mon chez moi avec plaisir car je retrouvais les photos sur les murs, nos petites affaires, notre chez nous.

Le lendemain du retour a été difficile quand même avec la solitude et aussi les 5 mois de son dernier battement de coeur avant-hier.

Je vous ai lu pendant ces quelques jours mais je ne me sentais pas capable de venir poster. Sur un autre fil j'ai vu vos échanges de recette, je crois que moi aussi je vais user des soupes pour les mois à venir.

J'ai lu aussi vos échange sur la distance des autres, ce que vous dites tous est très juste. Je sais à présent sur qui je peux compter ou non malgré les "tu nous appelle si tu as besoin". Je ne me retiens pas de parler de mon mari si l'occasion se présente et si cela dérange quelqu'un tant pis pour lui, moi ça me fait du bien de dire "tiens, on avait fait telle ou telle chose" par exemple.

Amitiés à tous,

Lulu

Hors ligne qiguan

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 6808
Re : Ma douleur
« Réponse #48 le: 22 août 2014 à 13:42:25 »
justes d'amicales et douces pensées pour toi
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Josline

  • Invité
Re : Ma douleur
« Réponse #49 le: 22 août 2014 à 16:24:03 »
Bonjour Lulu
Je viens moi aussi de rejoindre votre grande famille d' endeuillés.
Je me suis  un peu reconnue dans le parcours de la maladie de ton mari.
Pour Guy, après un infarctus il y a 13 ans, tout allait à peu près bien. Il consultait régulièrement le cardiologue qui ne trouvait rien d' anormal.
J' aurais juste voulu lui faire changer de médecin traitant car je la trouvais vraiment trop laxiste mais il refusait. Il l' aimait bien car "elle le laissait tranquille". Ils parlaient de leurs vacances etc... Ça, ça va bien pour soigner un rhume mais quand on a des antécédents cardiaques!!!
Je l' ai supplié en vain pendant des mois. Au mois d' avril, les choses ont commencé à se gâter : Il ne tenait pas allongé, des nuits  à la fenêtre à chercher l' air, quand on marchait un peu, obligé de s' arrêter tous les 50 mètres, je trouvais qu' il avait grossi (oedème), enfin des signes d' alerte. Il a vu ce médecin plusieurs fois pendant cette période. A chaque fois, elle est restée bloquée sur de l' insuffisance respiratoire en lui donnant à chaque fois des broncho-dilatateurs de plus en plus forts qui ne servaient à rien...
Si je l' avais sous la main, je serais capable de meurtre!!!
Le jour de l' ascension, j' ai réussi à le traîner aux urgences. Je crois qu' il se rendait compte qu' il n' avait plus le choix.
Là, ils ont tout de suite détecté une insuffisance cardiaque et non pas respiratoire. Une semaine d' hospitalisation et avant de le laisser rentrer à la maison avec un traitement, les médecins ont quand même tenu à l' envoyer à Caen passer une coronarographie (ça ne se fait pas à Cherbourg). Là, le médecin n' a même été jusqu' au bout de l' examen. Le verdict est tombé tout de suite : extrême rétrécissement des artères au niveau du tronc commun juste à la sortie du coeur.
Le 12 juin jour de sa fête, triple pontage en urgence qui a bien réussi. Après une semaine d' hospitalisation, séjour de 3 semaines en centre de réadaptation cardiaque. Un jour, pendant les exercices de rééducation, il a prévenu les soignants qu' il avait froid, il y avait des courants d' air dans la pièce. Ils ont refusé d' en tenir compte. Au bout des 3 semaines, il est rentré à la maison avec une bronchite.
Il a ensuite entamé une série  de séances de rééducation en ambulatoire 3 fois par semaines à l' hôpital de Cherbourg mais toujours avec cette bronchite qui avait du mal à guérir et qui lui provoquait des quintes de toux atroces.
Et puis, ce maudit lundi 4 août, il est allé faire ses exercices à l' hôpital le matin. Le soir vers 19h30, il m' a dit qu' il montait au premier dans la salle de bains faire les 15 minutes d' aérosol prévu pour sa bronchite et là, il a tout de suite crié. Je me suis précipitée. Il était sur un tabouret, accroché à la vasque du lavabo, il ne pouvait déjà presque plus parler, j' ai compris quelque chose comme "ça ne va pas". J' ai juste pu le retenir de tomber et l' allonger par terre sur le carrelage pour courir appeler les secours. Le temps m' a paru très long mais je crois qu' en 1/4 d' heure ils étaient là et moins d' une heure après le premier scanner était déjà fait : AVC massif sur le tronc cérébral, au plus mauvais endroit possible.
Il serrait ma main à la casser de sa main droite, je crois que le côté gauche était déjà paralysé. Les médecins l' ont intubé et mis sous respirateur pour aider à respirer, toujours à cause de la bronchite et ils l' on endormi artificiellement. Il n' a jamais repris conscience. Le médecin réanimateur, une femme formidable, m' ai dit qu' en fait, très peu de temps après son arrivée, il était déjà "parti". Il a été maintenu en vie tout le reste de la semaine. Tout a été tenté mais l' oedème s' était étendu, faisait pression sur le cervelet. A chaque scanner, les dégâts étaient plus importants. Le médecin m' a dit que s' il s' en sortait, ce serait à l' état végétatif. Il ne resterait même pas le clignement des yeux indiquant une "présence".
Le vendredi après-midi, après un dernier scanner, il a été décidé d' arrêter les traitements et de garder uniquement "le palliatif".
Le samedi matin, je suis arrivée à 11h avec ses deux filles. Quelques secondes après notre arrivée, l' infirmière nous a dit : "Je crois qu' il vous attendait pour partir". Il est décédé à 11h05.
Il a été enterré le 12 août, jour de ses 66 ans.
Moi, je suis en miettes....
A qui en vouloir? Le médecin traitant qui n' a pas été f......... de déceler son insuffisance cardiaque?  Le centre de réadaptation qui l' a laissé attraper cette bronchite? Je me suis toujours demandé si les quintes de toux n' avaient pas décollé un caillot qui se serait ensuite logé dans l' artère cérébrale. On me dit que non, mais bon, ils ne diront pas le contraire!
Bien sûr, je m' en veux à moi-même. J' aurais dû insister encore plus pour qu' il change de médecin, insister encore plus pour qu' il aille plus vite aux urgences, remarquer quelque chose d' anormal que je n' ai pas vu....
Toutes ces spéculations ne vont pas me le rendre mais ça tourne en boucle dans ma tête, encore et encore...
Voilà ma triste histoire. Aussi tristes que toutes celles que j' ai lues ici.
Je vous envoie toute ma compassion, à vous tous et toutes
Jocelyne

Hors ligne JBNB

  • Membre Junior
  • **
  • Messages: 54
  • "elle avait le souci des autres"
Re : Ma douleur
« Réponse #50 le: 22 août 2014 à 16:35:53 »
Bonjour à tous - vos récits sont déchirants.

Je n'ai pas été confronté à la mort subite de mon être cher, puisque son calvaire a duré tout juste un an (365 jours).
Mais, pendant une année, celle durant laquelle l'épée de Damoclès pendait au dessus de nos têtes, je ne faisais que penser à ça. J'étais hyper malheureux. Elle, elle me voulait auprès d'elle, nuit et jour, et pour cause.... Sitôt le diagnostic fait, le chirurgien a fixé immédiatement la date de l'intervention.
Et dès ma première visite lorsqu'elle était en soins intensifs, j'ai bien compris que je ne la retrouverais plus jamais comme avant.
Il me fallait la ré-éduquer pour tout ; et c'est terrible de constater sans cesse l'aggravation de l'état de la personne. Elle avait bien compris qu'elle aurait besoin de moi, jusqu'à la fin... et moi j'avais bien compris que je lui serais indispensable jusqu'à la fin.

Vous parliez des effets vestimentaires. Rapidement, j'ai donné tout ce que je pouvais donner. Mais j'ai oublié certaines choses : une robe de chambre, par exemple.....  Et puis, et surtout, une brosse à cheveux pour bébé, qu'il m'avait fallu acheter dans les jours qui ont suivi l'intervention. Une brosse très souple... que je lui passais tout doucement là où les cheveux repoussaient. Ca me fait encore mal de vous décrire cela....  En fin de compte, cette brosse est devenue, pour moi, un objet précieux.. Il représente toute la douceur que je me devais de lui prodiguer pendant son année de douleur.

Vous parlez aussi du dilemme de séparation de votre bien immobilier.
Je suis confronté à cela, moi aussi.  Je suis très partagé, , entre le fait de devoir : garder ou vendre .... Que faire ?
J'habite en zone rurale, dans une maison conçue par nous deux, hyper confortable, dans laquelle j'ai même installé tout un système de domotique de haut niveau.
Ce bien, nous l'avons créé, fait vivre ; il regorge de souvenirs.
Mais seulement voilà : l'âge avance ; les forces s'amoindrissent. Or, la maison est si grande, le parc si vaste...Trop pour une personne seule.  Je ne sais pendant combien de temps je pourrai encore m'en occuper.
Vendre, puis acheter en plus petit... oui, certes, mais quel déchirement !

En plus des peines de cœur, il y a donc les peines "matérielles"...  quelle galère.

Vos soucis, aux uns et autres, sont bien, hélas, communs à nous tous, compagnons dans la douleur.
Je le constate quotidiennement, à la lecture de tous vos messages.

Ne nous laissons pas abattre ; il est bien trop tôt pour cela.... Luttons tous ensemble.  Soutenons-nous avec tout notre coeur.

Bien à vous...

Jacques
Jacques

FeeViviane

  • Invité
Re : Ma douleur
« Réponse #51 le: 22 août 2014 à 21:03:30 »
Chaleureuses pensées à Lulu et Josline, submergées par la peine ces derniers jours. Le chemin est ainsi fait : la douleur nous terrasse un jour, se calme un autre, revient... Comme le dit Jacques "soutenons nous".

Bises

Viviane

Hors ligne qiguan

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 6808
Re : Ma douleur
« Réponse #52 le: 22 août 2014 à 21:35:45 »
les parcours douloureux n'ont pas pris les mêmes voies mais la douleur est similaire
alors oui soutenons nous.
Oui Jocelyne la colère est une étape, faut que tu l'évacues tu l'as écrite ici c'est très bien.
Oui les soucis matériels s'ajoutent à la peine de coeur et il faut survivre ...
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

lulu

  • Invité
Re : Ma douleur
« Réponse #53 le: 22 août 2014 à 23:13:32 »
Bonsoir à tous et toutes, bonsoir Josline

Je te souhaite la bienvenue sur ce forum avec une grande tristesse. On se reconnais tous un peu dans les messages des autres sur ce forum car nous vivons tous cette douleur déchirante même si les circonstances sont différentes. Au final nous connaissons tous la colère, la culpabilité, le terrassement, l'incompréhension et encore bien d'autres sensations et sentiments qui vont et viennent au fil des heures. Combien de fois en lisant un message je me suis dit que j'aurais pu l'écrire... Et c'est pour ça que ce forum est si précieux car on est compris, personne ne viendra nous dire il faut faire ci ou ça, il y aura toujours quelqu'un pour te répondre car nous savons bien que le soutien est si précieux. Bien sûr il y a des jours où la force nous abandonne mais tu trouveras toujours une main tendue.

On chemine tous à notre rythme, moi Jacques je ne me suis séparée que de la moto car j'avais trop mal de la voir rester dans le garage tous les jours, mon mari y tenait trop pour que je la laisse s'abimer... mais ça a été un crève coeur! Et j'ai toujours un regard pour les motards, surtout ceux avec un casque blanc... Pour le reste, je n'ai rangé que ses lunettes et sa montre le reste est tel qu'au 5 mars. Jacques tes oublis ne le sont peut être pas complètement ?

La maison, je me suis posée la question ou plus exactement ON m'a posé la question. A ce moment là j'ai paniqué en me disant est ce que je saurais l'entretenir, seule les choses sont plus difficile, je n'ai pas la force d'un homme pour certains travaux. Alors JE me suis posé la question et j'ai bien fait le tour du sujet, je suis encore jeune (enfin je crois) et pour le moment il est hors de question que je quitte notre maison dans laquelle nous avions emménagé en octobre 2012 après un coup de coeur. Il me faudra probablement un peu d'aide pour certaines choses mais mes enfants ne sont pas loin et ils pourront toujours me donner un coup de main. Plus tard peut être mais maintenant non.

Merci à FeeViviane et Qiguan pour vos pensées.

Pendant mes vacances, j'ai lu dans un roman : Le travail de deuil se fait malgré lui, la marée se retire doucement, chaque jour nouveau apporte quelques secondes supplémentaires de sursaut de vie, de sérénité, ou d'oubli fugace.
Oui j'ai un peu l'impression d'en être là même si je garde encore une grande fragilité

Nous avons tous et toutes un lien à présent grace à nos messages, à plusieurs on est plus forts.
Je vous souhaite une douce nuit

Amitiés

Lulu

Hors ligne Mimie

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 181
  • Dur de survivre
Re : Ma douleur
« Réponse #54 le: 23 août 2014 à 22:49:55 »
Bonsoir
je vous ai lus tous sur cette page, je vous ai lus en pleurant alors je n'ai aps vraiment de mots sinon que ma douleur est la même.
Pour ma part je vends ma maison, je viens de faire des travaux de remise au gout du jour, bien sur que cela me déchire quelque part mais me soulage d'un autre coté, je m'épuise dans cette maison et les problèmes de santé s'ajoutent les uns aux autres! c'est comme cela! mais c'est dur c'est sur d'être seule pour tout ça. mardi dernier j'ai vu le cardiologue qui me dit de me reposer, grosses extrasystoles, mais quand il y a tant à faire qu'on est seule pour le faire !!!
Bon courage à tous et toutes
Mimie

La nuit n'est jamais complète, il y a toujours puisque je le dis, Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte
Paul Eluard

Hors ligne qiguan

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 6808
Re : Ma douleur
« Réponse #55 le: 24 août 2014 à 08:45:02 »
Bonjour
j'imagine (là aussi tant qu'on ne connait pas je dis humblement on ne peut qu'imaginer) votre douleur/destruction de vos nids à faire par obligation car vous ne pouvez pas le garder (âge, fatigue, charges financières, matérielles) et je "comprends" vos désespérances et douleurs. La difficulté du passage à l'acte avec tout ce qui suit se défaire de choses meubles,objets, faire des cartons = un nouvel ouragan pour vous.
Partir dans un lieu où il n'y a pas de souvenirs communs ...
j'imagine comme la personne âgée qui part en maison de retraite.
Comment être bien dans un lieu nouveau, comment faire un nid ?
Tant de questions de douleurs pour vous
soyez assurés de ma compassion même si je en peux plus consciente de ma part de trésor que j'ai à ne pas avoir à faire cela pour le moment ... ! du moins.
Je vous suggère peut être sue vous vous fixiez un RDV de conférence téléphonique pour en parler entre vous ...
parler fait tant de bien avec ceux qui comprendront
amitiés
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

lulu

  • Invité
Re : Ma douleur
« Réponse #56 le: 08 septembre 2014 à 18:18:46 »
Bonsoir à tous

J'ai été présente tout en étant absente sur le forum ces derniers temps. Je vous ai beaucoup lu, j'ai eu assez de mal à poster et surtout à me poser pour poster. Alors je me suis contentée de petits messages parfois de soutien mais au final beaucoup pour user un peu ma douleur.
 
J'ai traversé une période très stressante, à cause de retards de travaux, du retard du notaire, de la fatigue, d'une mauvaise configuration au travail et diverses raison non liée au deuil, bref petit à petit le stress est monté, avec des douleurs physiques qui se faisaient de plus en plus fortes elles aussi jusqu'au point culminant vendredi dernier, où je me suis retrouvée très agitée. Bien sûr le sommeil en a souffert lui aussi avec des insomnies toutes les nuits pour la semaine écoulée.
 
Vendredi, 6 mois où la vie a basculé, je crois qu'inconsciemment j'avais fait de ce douloureux anniversaire une échéance importante. Fin mars et pour plusieurs semaines, j'étais anesthésiée, mais inconsciemment je crois que j'avais fait de cette rentrée un cap à franchir bien que je n'ai plus d'enfants en age scolaire. A ce moment là je n'avais aucune idée de où je pourrais en être en ce mois de septembre. Meme encore aujourd'hui, l'avenir ce n'est que demain...
 
Lors des obsèques, un ami m'avait dit "Tu as déjà fait preuve de beaucoup de force dans les épreuves passée de la vie, tu pourrais bien nous surprendre encore". Alors j'ai voulu me montrer forte une nouvelle fois, mais cette épreuve là n'a rien à voir avec les autres, vous le savez tous aussi bien que moi ! Pendant 6 mois, la seule aide extérieure a été le forum, aide combien précieuse qui m'a permis de comprendre que je n'étais pas devenue folle à cause de la douleur. Le forum m'a aidé à tenir debout et plein d'autres choses dont nous avons déjà parlé sur un fil dédié. Je n'ai pas fait appel à un groupe de parole, ni aux services téléphoniques d'une association spécialisée, peut être que j'ai cru que je pouvais "plus maline que les autres", comme dit l'expression.
 
Mais voilà, vendredi dernier je me suis retrouvée à bout de douleur physique et de stress et j'ai finalement décidé d'aller voir le médecin, chose que je fais très rarement. J'ai choisi un nouveau médecin, l'ancien je ne l'avais vu que 2 fois, ses horaires ne me convenaient pas et le courant n'était pas passé plus que ça. Bref, ce nouveau médecin m'a donné un traitement léger d’anxiolytiques pendant 10 j, histoire de faire redescendre le stress et croyez moi depuis vendredi soir, je sens que je vais mieux. Les douleurs physiques qui étaient continues ont quasiment disparu, du coup le moral remonte et tout ça me permet de gérer ma douleur psychologique bien différemment.
 
Mes amis, sans savoir que j'étais au bout du rouleau, on décidé un petit weekend en baie de somme pour le weekend prochain, histoire de profiter du soleil. Je suis partagée entre y aller et le plaisir de les voir et rester à la maison, continuer à me reposer et continuer à trouver mes marques maintenant que le moral semble plutôt sur la montée (combien de temps). En plus pour y aller j'ai le fameux "Paris" et sa circulation à franchir puisque j'habite au sud et franchement c'est un stress que je ne voudrais pas me rajouter alors que j'arrive tout juste à le faire diminuer. Eux seraient en moto, moi en voiture et je ne veux pas les priver d'un peut être dernier weekend en moto puisque l'on ne sait pas comment sera la météo ensuite. Je me laisse encore 1 ou 2 jours de réflexion.

Le chemin est long, difficile, chaotique. Je ne veux pas saper le moral de ceux qui viennent tout juste de rejoindre le forum. Malgré ces jours difficiles, je sens que j'ai progressé, que la douleur s'est modifiée. Elle est toujours là mais elle devient une compagne qui m'accompagne chaque jour. J'arrive à organiser mon quotidien maintenant et non plus à passer chaque minute de libre à m'abrutir pour ne pas penser à ce qui est arrivé le 5 mars dernier. Fort heureusement j'ai pu reprendre le travail rapidement et là aussi ça m'a bien aidé car même si on met un masque toute la journée, si on compose avec les maladresses des autres, notre esprit est occupé par moments et ça permet des pauses dans la douleur omniprésente. Je n'ai toujours pas touché aux affaires de mon mari, excepté la vente de la moto car il y tenait trop pour la laisser s’abîmer. Le reste est toujours à la même place et pour encore un bon bout de temps je crois.

voilà j'ai été un peu longue mais je voulais vous raconter ces derniers jours et vous redire encore combien votre présence m'est importante.

Je vous embrasse

Lulu

FeeViviane

  • Invité
Re : Ma douleur
« Réponse #57 le: 08 septembre 2014 à 19:35:09 »
Je t'embrasse très fort Lulu   :)

Il faut prendre comme des cadeaux que l'on se fait toutes les petites victoires. Je suis contente que tu ais trouvé des ressources, une petite béquille médicamenteuse passagère (on a le droit, peu importe ce que les autres pensent). Tu as su dire STOP je ne peux pas continuer ainsi toute seule. C'est un grand pas.

Pour ton WE baie de Somme, je suis tentée de te dire "Vas y" quand je revois comme la mer m'a fait du bien et apaisée cet été... et puis la présence de tes amis proches aussi peut être précieuse. S'ils te comprennent bien, ils te laisseront les temps de repos dont tu as besoin.
Bien sûr, il y a ces satanés "bouchons" (j'ai vécu 7 ans à Paris, je compatis   >:(  ).
Peut-être peux-tu essayer de partir et revenir un peu en décalé par rapport au trafic prévu sur les routes ?  Ou regarder du côté des trains (train plus bus parfois). C'est une formule que j'ai testé dans l'été à un moment où je ne me sentais pas de conduire seule (il n'y avait pas de bouchons en vue mais je ne me sentais pas l'énergie, l'envie ...).

Je ressens aussi, comme toi, une modification dans la douleur depuis peu. Je ne sais pas si ça va durer (j'aimerais tant) mais c'est tellement moins dévastateur. La douleur est toujours là, le manque aussi fort mais j'arrive à aller de l'avant en me faisant moins violence je trouve... A suivre.

Si tu vas en baie de Somme, marche un peu pieds nus dans l'eau pour moi veux-tu   ;-) 

Douce fin de journée à toi

Hors ligne qiguan

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 6808
Re : Ma douleur
« Réponse #58 le: 08 septembre 2014 à 21:00:38 »
Lulu
Tu as mis de la détermination à tenir puis vu qu'il te fallait de l'aide c'est une bonne progression me semble t'il !
Pour ta sortie suit ton coeur ... le physique suivra !
C'est bien que tu nous dises tes progrès ! même si la douleur est là plus facilement gérable.
oui la vie professionnelle aide !
je te souhaite une douce nuit la plus longue possible
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne Eva Luna

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3374
Re : Ma douleur
« Réponse #59 le: 08 septembre 2014 à 21:53:29 »
je ne pense pas que tu te sois crue plus maline que les autres... c'est surtout qu'on ne peut pas faire ce genre de démarches(médecin, médicaments, groupe de paroles ou appel à une asso...)  tant qu'on est effondrée... et il faut retomber encore plus bas pour trouver le sursaut qui fait demander l'aide utile... ce que tu as fait... si je te connaissais personnellment , je te féliciterais!