Bonsoir Source,
J'aurais pu écrire ton message il y a huit mois, huit mois que mon mari est parti dans les mêmes conditions que le tien, mais loin de moi. Mes enfants ont aussi 4 et 8 ans et je suis enceinte de notre dernier enfant qui devrait voir le jour d'un jour à l'autre...
Sa mort m'a laissée aussi désemparée que toi. Mes enfants m'ont aidée à tenir, à me lever le matin pour eux, en allant les chercher à l'école, en devant avoir un minimum de vie sociale. Au début je pleurais beaucoup et ils me demandaient si un jour j'arrêterai de pleurer...Et le premier jour où je n'ai pas pleuré, ils m'ont dit "tu n'es plus triste maman?"...Si seulement c'était si simple...
Ecoute-toi, je crois que notre instinct de mère nous aide, car avant tout on doit les protéger, et en même temps c'est si difficile, parce que le seul à qui on aurait voulu se confier et qui aurait pu nous comprendre et nous consoler n'est plus là...Nous aussi on aimerait que quelqu'un prenne soin de nous, et il n'y a que Lui qui savait le faire...Si bien le faire...
Nos enfants sont la vie, quelqu'un m'a dit de ne pas m'inquiéter pour eux, qu'ils avaient une vie d'enfants, qu'ils pouvaient parler de leur papa librement, qu'ils pouvaient parler de la vie, de la mort (c'est parfois quand on s'y attend le moins, genre le matin au p'tit déj et c'est parfois difficile !!!), et qu'ils avaient toujours leur vie d'enfants, qu'ils allaient bien, et c'est rassurant.
C'est notre vie d'épouse, d'aimée, d'aimante qui sera, elle, à jamais différente. Et puis il y a tout ce qui est matériel (papiers, affaires) qu'il faut gérer : ça prend une énergie folle, ça fait mal si souvent que parfois on aimerait juste dormir et ne plus rien ressentir...
Mais crois moi, avec le temps, les petits moments de douceur dont tu parles se font plus longs, et les moments de profonde tristesse plus rares, même si la douleur pour moi ne diminue pas en intensité dans ces moments là. Comme on va mieux, et qu'on retombe, la chute n'en n'est que plus grande et on a l'impression d'avoir plus mal encore, mais je ne crois pas qu'on puisse avoir plus mal qu'au moment où on a appris leur mort, dit au revoir à leur corps. J'ai emmené mon petit dire au revoir à son papa et je crois qu'après ça je ne pourrai pas connaître de douleur plus grande, qu'il n'y aura plus aucun moment pour moi sur cette terre où je me sentirai plus seule...
Je crois qu'on a vécu le plus difficile, on a le courage de vivre, d'imaginer une vie la plus joyeuse possible pour nos enfants et c'est déjà beaucoup.
J'espère t'avoir aidée un peu et reste à ta disposition pour converser. Tu n'es pas seule, je te comprends à 100%.
M
PS : comme toi, j'ai eu peur de la mort et j'ai donc tout mis en place très vite (testament, tuteur) pour le cas où il m'arriverait quelque chose et cela m'ai aidée à ne plus être obsédée par cette question...
Me voilà ce matin à venir me dire...
Nommer cette souffrance qui m'habite depuis bientôt 3 semaines.
Moi mari et moi avions réservé un petit week-end pour se retrouver , nous sommes allés manger le soir, prendre un petite marche ensuite et de retour à la chambre d'hotel, il a eu un malaise... Il m'a dit qu'il ne se sentait pas bien , il est devenu blanc, en sueur et paf! Il est tombé sans que je n'ai pu intervenir. Je suis allée rapidement chercher de l'aide , appellez les secours, ils ont tenter de le réanimer mais le sort était jeté. Aucun signe précurseur si ce n'est que la fatigue et le stress des derniers années.
Mon conjoint avait 43 ans... Un amoureux merveilleux, un homme dévoué, un père présent et aimant.
Je suis anéantie, déstabilisée... j'ai mes deux petites de 8 et 4 ans et j'ai peur. Peur de ne pas être en mesure de me remettre de cela. Peur d'être malade de mourir a mon tour laissant mes filles orphelines. Je vis de la culpabilité aussi.. N'avoir pu intervenir plus rapidement pour le sauver. Ne pas l'avoir aidé davantage au quotidien lui qui faisait pratiquement tout à la maison.
Peur de demain. Je dois cesser de me projeter dans l'avenir et je dois m'occuper d'aujourd'hui.
Il me manque, son odeur, sa chaleur, son regard, sa voix...Tout me manque. Parfois , je ressens une petite lueur de douceur en moi et ensuite, la brûlure revient. Je deviens parfois même étourdie en me disant que ça n'a pas de sens , que c'est impossible, que c'est un cauchemar. Je dois prendre une journée a la fois, une heure à la fois... Je me sens seule et pourtant bien entourée... Il me manque