Auteur Sujet: Les vacances, encore un dur moment à passer  (Lu 8497 fois)

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ergé

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Les vacances, encore un dur moment à passer
« le: 01 juillet 2011 à 13:49:46 »
Les vacances, on ne parle que de ça autour de moi : les amis, les enfants, la presse.
« Tu vas où ? Tu fais quoi ? Tu pars quand ?... » Moi ce serait plutôt : « Aller où? Pour quoi faire ? Avec qui ? »

Partir, voyager, se reposer, se détendre, se distraire, s’amuser : autant de mots qui n’ont plus de sens pour moi actuellement.

Mon quotidien c’est plutôt déprimer, pleurer, s’interroger, douter ; c’est aussi solitude, incrédulité, injustice, cimetière. Comment penser vacances avec un tel programme ?

Et puis toujours les autres, leur regard sur moi, compatissant parfois, voire apitoyé, cette empathie à la fois gênée et forcée. Et puis mon regard, à moi, sur eux, heureux, détendus, amoureux, main dans la main pendant quelques semaines de détente.
Même jouer les papys qu’on traine derrière soi avec les meilleures intentions ne m’inspire pas. Je préfère rester seul, là, à me souvenir des vacances passées, tous les deux ma Michelle.

Vivement la rentrée!

Hors ligne bruno

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #1 le: 01 juillet 2011 à 14:15:27 »
   Erge,la rentree ne changera rien,juste les paroles des autres qui ne parleront plus de vacances,mais pour nous rien...Moi mes moments de repit,sont lorsque je suis devant sa tombe et j'arrose le petit jardin que je lui ai fait avec les plantes et les fleurs qu'elle aime.(j'ai meme reussi a bouturer ceux de la maison,comme ca ce sont vraiment les siens..)Un peu pueril peut etre,mais moi ca me va...
  Le seul truc qui me derange,c'est que maintenant les cigales chantent dans ce cimetiere,et ca oui ca me ramene a l'ete avec elle,avec toutes les petites choses qu'on faisaient,et elle qui me disait :"regarde Amour,on a pas besoin de partir pour etre en vacances,parceque tous les jours les cigales chantent chez nous.."
  Et bien elles chantent encore!       

ergé

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #2 le: 01 juillet 2011 à 14:20:36 »
Bonjour Bruno,

Tu as raison pour la rentrée, ça ne changera rien pour nous. Ou plutôt, c'est moi qui ai tort, car les autres... pourront encore nous raconter leurs vacances. Pourvu qu'ils nous épargnent leurs photos !  ;)

Marico

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #3 le: 02 juillet 2011 à 07:19:30 »
Bonjour Ergé, bonjour Bruno,

Et oui, l'été n'est pas une bonne période pour nous tous. La légèreté des autres nous pèse. Pour moi aussi, il est difficile de me projeter, d'organiser les activités de mes enfants et les miennes. Je tourne toujours un peu en rond, l'été. Souvent, je m'oblige à partir pour m'occuper l'esprit et les occuper eux. De toute façon, pour nous l'été est toujours un mauvais moment, jusqu'à la rentrée des classes. Ensuite, et bien la vie repart comme en 14, avec son lot de soucis quotidiens. C'est comme ça.

Mais cet été, je déménage, ce qui avec deux enfants, est une "bonne grosse prise de tête" quand on est seule !!! Aller récupérer mes cartons et meubles à Bordeaux, les ramener ici, m'installer, et tout ça avant fin août !...
C'est vrai que forcément, ma vie est pleine d'organisations en tous genres, et je n'ai pas beaucoup de temps pour me poser, pour pleurer (sauf en voiture ou sous ma douche) et pour m'intéresser aux projets des autres, qui, par ailleurs, ne s'intéressent guère aux miens... Du coup, leurs vacances, je m'en fous...

Et puis Ergé, qui dit qu'ils sont "heureux, détendus, amoureux, main dans la main pendant quelques semaines de détente".... Moi je vois aussi beaucoup de fin de couples et de la façon dont ça se passe, je ne les envie pas !!! Que votre histoire ait été une belle histoire, ne signifie pas que celle des autres l'est aussi, je ne vous apprend rien... Ils sont deux, certes mais à entrer dans leur intimité, on serait peut-être surpris ! Lol !

Par contre, je pense que partir quelque part est une bonne idée. C'est une porte qui s'ouvre vers autre chose que notre tristesse. Même seul. Même 3 jours. On peut faire des rencontres de gens intéressants, on peut ne pas aller loin, on peut juste se cultiver, en tous cas rompre avec le quotidien et flâner le nez au vent, choisir une destination qui tente vraiment, c'est un premier pas vers la vie qui va... et nous on est bien obligés d'aller avec... Ergé, il faut se donner des buts, des coups de pieds dans les fesses. Changer le regard des autres sur soi et au lieu de donner pitié, donner envie ne serait-ce aussi que pour votre regard à vous, sur vous-même (ceci dit, c'est peut-être ce qui fait que depuis 5 ans, peu de gens me tendent la main, je ne leur fais pas pitié sans doute !!!). Si vous êtes encore là, c'est que vous avez encore des choses à faire et à vivre... Courage...

Oui, Bruno, les cigales chantent encore. Et personnellement, j'aime les entendre chanter... C'est la Provence, où je suis heureuse de m'installer quelques années. Mon mari repose à Bordeaux, mais je n'ai pas l'impression de l'abandonner. Il est là-bas, il est bien dans le petit cimetière de notre village. Mon fils voudrait "qu'on ramène papa avec nous", mais je crois qu'il doit rester là ou sa vie s'est terminée et ne pas suivre nos pérégrinations de vivants. Nous lui rendrons visite une fois ou deux par an. Mais encore une fois, ma décision résulte d'un long cheminement qui dure depuis bientôt 5 ans...
J'ai tourné beaucoup de pages et mon chagrin est devenu différent. Il reste tapi en moi, mais en dépit de tout, la vie a repris le dessus...
Bon courage à tous pour affronter ces belles journées ensoleillées.
A bientôt.
M.

Lauren

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #4 le: 02 juillet 2011 à 08:34:17 »
Bonjour à tous,
Oui les vacances, quel bonheur c'était..
Je dois me faire opérer début août et rester ensuite 15 jours bloquée chez moi sans bouger. Ma fille aussi a des ennuis de santé et doit passer un scanner cérébral. J'ai une peur panique, complètement irraisonnée mais je ne peux pas m'en défaire, de ce qu'on va y trouver.
C'est l'année noire. Quand ça commence on ne sait pas quand ça va s'arrêter.
Désolée, en ce moment ça ne va pas du tout. Vous avez vos deuils à porter vous n'avez sans doute pas besoin de lire mes angoisses.
Même sur une site comme TLD l'empathie a ses limites je suppose. Je ne sais plus.
Bonne journée à tous L

ergé

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #5 le: 02 juillet 2011 à 10:28:30 »
Bonjour,
Je ne suis pas un naïf Marico, bien-sûr que tous les couples que je croise, main dans la main (ou pas), ne sont certainement pas dans le bonheur idéal, comme le mien avait aussi ses côtés plus sombres, que je ne retiens pas. Mais c’est l’image qu’ils projettent sur mon propre couple défunt qui me fait mal car, c’est certain, leur aventure à eux, leurs galères, leur amour, leurs disputes me sont complètement indifférents en eux-mêmes.

J’ai horreur d’inspirer la pitié ; plutôt faire envie que pitié ! Mais pour l’heure, tout oscille plutôt entre commisération et indifférence. Dans tous les cas, cela ne me convient pas.

Oui encore Marico, il faudrait faire quelque chose de cet été, mais pour tout ce qui m’inspire, je ne peux m’empêcher de me dire « c’était sympa ici, quand nous y avons passé des vacances » ou « nous nous étions promis de le faire ensemble quand elle irait mieux » ou encore « j’aurais tant voulu le faire avec elle, elle aurait tant aimé », comme ce matin même, par exemple, en voyant dans un hebdo,  une pub pour le Rajasthan par exemple. Sans doute donc ne suis-je pas encore prêt à franchir ce pas ; mais je sais que ça viendra.

Enfin, ce que tu dis au sujet de la sépulture de ton mari, à Bordeaux, m’a rappelé une anecdote que je ne peux m’empêcher de rapporter. Habitant près de Paris, tous mes morts (parents, grands parents, oncles et tantes proches et dont je suis le seul à honorer la mémoire) sont enterrés dans le même grand cimetière parisien, dans différentes tombes, en différents endroits du cimetière.  Il y a quelques années, j’avais projeté de faire un caveau familial et d’y réunir tous ceux que j’avais aimés. Quand j’avais parlé de ce projet à ma femme, elle m’en avait aussitôt dissuadé et m’avait dit avec conviction « il faut laisser les morts en paix ». J’ai donc renoncé et le jour où elle a disparu, j’ai fait une nouvelle sépulture pour elle, et moi le jour venu…

Lauren, comme disait Chirac fort justement « les emmerdes ça vole en escadrilles ». Nous sommes là pour libérer un peu notre parole, ce qui nous fait mal et qui hélas, n’est pas que le deuil du conjoint, et nous soutenir, quand cela est possible. Je souhaite que tes problèmes de santé se résolvent du mieux et le plus rapidement possible, et que tes inquiétude pour ta fille en restent au stade des inquiétudes injustifiées.

Amicalement à toutes et à tous

Marico

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #6 le: 03 juillet 2011 à 08:18:43 »
Moi, ce ne sont pas les couples main dans la main qui me font mal, ce sont les familles, parents et enfants, qui rient, qui partagent des moments de joie, les pères avec leurs fils... ça m'est insupportable.
A certains moments, je les déteste.
Je voudrais que ce soit les enfants des autres qui n'aient plus de père.
Je ne supporte pas les gestes de tendresse devant moi, les "papa" à la sortie de l'école, les enfants sur la moto paternelle, les enfants roses épargnés par la vie, qui grandissent sans savoir combien ça fait mal la mort...
J'ai encore beaucoup de colère en moi, par rapport à ça, même si mes enfants, eux, semblent aller bien et acceptent de ce que la vie leur donne. Ils ont plus de sagesse que moi !...
M.

ergé

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #7 le: 03 juillet 2011 à 10:54:43 »
Oui Marico, quand je parle des couples main dans la main, j'entends "l'image du bonheur", je dis bien l'image car tu avais raison de souligner que derrière l'image il y a parfois des choses moins roses. Mais quand je parle de cette image, je sous entend aussi, plus ou moins consciemment, tout ce qui va avec, tout ce qui est autour, tout ce qui n'est pas que le couple lui-même. Je m'imagine sur une plage, à regarder des joggeuses plus vraiment jeunes pour certaines (pardon mesdames!) mais encore alertes et sportives, courir le long de la mer; ou pire encore, ces  grand-mères qui promènent leurs petits enfants, leur offrent une glace, un jouet, un petit vêtement, ces tablées familiales au restaurant... toutes ces petites choses qui semblent insignifiantes, que l'on vit en vacances et que ma Michelle ne connaîtra jamais et que moi je ne verrai jamais non plus avec elle. Je vois tout ça dans ces couples, main dans la main, et bien d'autres choses encore... qui font que, pour l'heure, je sais que je ne suis pas prêt à les voir de mes propres yeux.

romelik

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #8 le: 03 juillet 2011 à 11:50:20 »
J'ai encore beaucoup de colère en moi, par rapport à ça, même si mes enfants, eux, semblent aller bien et acceptent de ce que la vie leur donne. Ils ont plus de sagesse que moi !...
M.
Je ne sais quel âge ont vos enfants - mais ils me semblent assez jeunes d'après vos différents posts - et je ne suis pas certain que cela soit la sagesse qu'il leur fasse accepter la vie comme elle vient mais juste peut-être l'insouciance, l'innocence dû à leur jeunesse - tant mieux pour eux - . Avant que le malheur ne frappe je prenais la vie comme elle venait, et jouissait de ces moments de bonheur partagé sans penser que ceux-ci s'arrêteraient si tôt et si brusquement. Aujourd'hui j'en veux à la vie, je m'en veux, j'en veux à mon amour disparu si tôt, j'en veux " aux bonheur des autres"..., pensez-vous que l'on soit moins sâge pour autant..., la sagesse est-elle d'accepter sereinement les malheurs les plus atroces que la vie nous donnent à affronter? Je ne pense pas
Etre capable d'affronter les petits désagréments du quotidien, faire face à la petitesse des gens, de la société... oui c'est être sage, d'accord.
Mais affronter l'enfer sur terre, ou ce qui doit-en être le plus proche à mon sens, je ne pense pas que cela soit signe d'une quelconque sagesse.
Si être sage c'est comme on me demande autour de moi d'accepter, de me résigner. Et bien non, je suis bien loin de vouloir accéder à cette sagesse qui voudrait que je fasse semblant!!!
Pourtant justement Ma Cath aimait en moi cette prétendue sagesse, cette manière posée de prendre les choses de la vie en pleine face et de les affronter. Mais là, la vie nous a balancé l'inimaginable...
Tout cela pour vous dire que je partage votre colère et la comprends.

Marico

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #9 le: 03 juillet 2011 à 12:57:41 »
Hello Romelik,

Mes enfants ont aujourd'hui 12 et presque 16 ans et ils avaient 7 et 11 ans à la mort de leur père.

Mon deuil est plus ancien que le vôtre, Romelik, c'est pour ça qu'à votre différence, j'ai (en partie) "accepté et me suis résignée" à la disparition de mon mari, parce qu'à l'évidence, je n'ai pas d'autre choix sinon celui de mourir aussi. Mais les enfants me tiennent debout... Ils méritent d'avoir une belle vie, un bel avenir, plus que n'importe quel autre (détesté - Lol !) enfant-roi à la vie sans heurt, et je m'y emploie...

Ce que vous racontez, je l'ai vécu il y a 3 ou 4 ans. L'incommensurable douleur à laquelle je me demande comment j'ai réchappé, la révolte, l'incompréhension, le sentiment d'injustice, les hurlements d'insultes, la haine même envers Dieu et tout ce qui peut exister au-dessus de nous (???), la colère envers mon mari qui m'abandonnait avec 2 jeunes enfants... et j'en passe, il n'y a pas de mot assez fort...

Pour être honnête, moi aussi, j'en veux toujours "au bonheur des autres"... et pourtant le temps a passé... et pourtant SI, j'accepte le malheur que la vie me balance... Mais j'évite de me faire mal en fréquentant les gens "heureux" !... En vérité, les gens heureux me "gonflent au plus haut point" avec l'étalage de leur belle et bonne vie toute lisse, leurs vacances en famille, leur prétendue réussite familiale et professionnelle, et bien sûr financière (le sujet de prédilection). Tout ça n'est pas ma vie, je n'ai plus cette patience à écouter, à partager leur formidable bonheur, à admirer les gens "normaux", ils ne m'intéressent plus pas plus que je ne les intéresse, d'ailleurs... mais pas pour les mêmes raisons !!! J'ai fait beaucoup de vide autour de moi, et la mort m'y a bien aidé, je dois dire... Lol !

Je vois dans mes enfants, qu'ils ont "accepté", grâce à leur jeunesse, bien sûr, à la mémoire qui s'efface peu à peu aussi... Leur vécu avec leur père était moins long que le mien. Ca n'enlève rien au trou que sa mort à creusé, mais ils ont une vie à remplir d'autre chose que de chagrin et de souvenirs...
Pour moi Si, la sagesse, c'est l'acceptation de l'inimaginable, affronter vaillamment "l'enfer sur terre" et tout ce qui nous est arrivé... parvenir à ne plus en vouloir à personne, ni à Dieu (ou ???), ni aux humains indifférents, ni à mon mari qui a agi inconsidérément, ni à moi de mes erreurs...
 
Bon, je vous rassure, il y a des moments où la vieille colère ressurgit, y'a des "couacs" et des rechutes...
Et puis, il y a des périodes plus propices aux blues que d'autres (merci l'été ! merci Noël !...)
Mais vraiment, j'y travaille et je vois bien que je peux partager des vrais moments de joie avec les enfants ou les rares ami(e)s... Il m'arrive même de ne pas "parler" à mon mari pendant une journée... parfois même, de ne pas penser à lui... il arrive que le chagrin se repose...

Cyrulnik parlerait de "résilience" sans doute. Faire de notre malheur un marchepied pour un autre bonheur...
Ouais, ouais, ouiais... je vous rassure, j'ai encore un sacré boulot avant d'y être !... Mais je ne désespère pas d'y être un jour !...

Pffff, allez... fini la nostalgie pour aujourd'hui, nous filons nous détendre à la piscine et profiter du soleil voilé avant l'orage.
A bientôt.
Je vous embrasse.
M

romelik

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #10 le: 04 juillet 2011 à 14:02:02 »
Vous avez raison mon deuil est moins ancien - près de 8 mois - mais j'ai justement très peur de devoir me résigner, d'être obliger de me dire que tout est bel et bien fini, qu'elle ne reviendra plus jamais, que rien ne sera plus comme avant, que je vais devoir continuer cette route seul sans elle, sans nos présence côte à côte...
Hier, j'avais un déjeuner de famille - grands-parents, cousin, cousine -, le 1er où j'ai fait l'effort de me rendre, tout le monde était en couple semblait éprouvé du bonheur à être réunis, je me sentais vraiment perdu au milieu de ce " cirque ". Je crois que j'étais plus souvent dans mes pensées qu'à leur côté, mais je ne peux faire semblant que tout va bien dans le meilleur des mondes ; comme ils ne faisaient pas trop attention à moi, je n'ai pas dû trop plomber l'ambiance.
J'espère que vous avez pû profiter de cette journée ensoleillé au bord de la piscine, mais personnellement même cela je n'y trouve plus aucun goût. ;)
Nous avons un grand jardin dans lequel nous nous baladions souvent main dans la main; elle me montrait avec fierté toutes ces fleurs et m'apprenait leur nom, j'essaie de l'entretenir, mais je ne m'y promène que très rarement même par beau temps, je reste plus souvent cloîtré dans notre maison.
Bonne journée

Marico

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #11 le: 04 juillet 2011 à 15:48:58 »
Cher Romelik,

Ce que vous vivez, et que j'ai vécu il y a plusieurs années maintenant, c'est l'évolution normale de ce travail de deuil que nous avons tous entamé à notre corps défendant, hélas.

8 mois c'est très peu de temps. Il n'y a que moi (je crois), sur ce site, qui ai le recul de presque 5 années de veuvage et pourtant, je viens régulièrement parler ici. Avant j'allais sur un autre site (que je n'ai pas retrouvé quand j'ai cherché) après une interruption de 2 ans environ. Comme quoi, même avec le temps, on reste veuf/veuve dans sa tête encore longtemps et rencontrer, même virtuellement, des personnes qui partagent cette terrible expérience, nous est nécessaire.

C'est vrai que les premières années, on se replie sur sa douleur, on est "absent par la pensée" dans les réunions amicales ou familiales, on est avec à notre conjoint et, même, on ne comprend pas comment les autres peuvent si vite rire et oublier celui/celle qui est parti. Ca nous semble injuste, égoïste et révoltant, alors qu'on ne voudrait parler que de lui/elle, le garder vivant, là près de nous, lui rendre hommage, y penser avec tout le monde. Mais hélas, ça ne fonctionne pas comme ça et au bout d'un moment, ça casse l'ambiance.... Le cafard, ça va un moment, quoi !!!  Mais pour nous, impossible d'accepter cette disparition, on espère tout le temps que le cauchemar va cesser. Ca dure longtemps. Et pendant ce temps, les "nonendeuils" poursuivent leur route sans savoir ce qui se bouscule dans notre coeur et dans notre tête.
Moi aussi, je préférais rester chez moi à m'occuper de mes enfants, plutôt que faire semblant d'aller bien. Ca m'a fermé des portes...

Je dirai que la nature humaine est ainsi faite que le temps nous réorganise malgré nous, cautérise nos plaies doucement mais sûrement. On est veuf/veuve pour la vie, mais avec des moments de sérénité, heureusement. Ca ne veut pas dire qu'on oublie, loin de là, mais on vit... autrement, avec cette tristesse au coeur permanente, les larmes au bord des yeux au moindre coup dur, sur le fil du rasoir tout le temps, mais avec des projets et moins de culpabilité à être vivant, quand l'autre dort si près de nous, juste à quelques mètres... et pourtant si loin....
Ca se fait petit à petit. Avec les mois qui passent inexorablement.  

Nous pleurons tous un compagnon ou une compagne qui ne reviendra jamais. On le sait. C'est terrible à accepter. Je voudrais vous parler du futur mais je sais que le futur est un mot qu'on n'entend pas, au début d'un veuvage. Je me souviens qu'on me parlait de remariage, de rencontres, d'avenir... et je trouvais ça déplacé, irréel, inenvisageable... remarquez, 5 ans plus tard, je ne suis pas remariée (les prédictions étaient nulles !!! Lol !)... les enfants, ma loyauté envers mon mari, les plaies longues à cautériser... le futur s'appelle aussi "patience", dans notre cas... Donner le temps au temps, apprivoiser la douleur, toucher le "fond de la piscine" et boire la coupe jusqu'à la lie avant d'aller mieux... c'est comme ça...

Bon courage à vous. Je crois que s'il y a bien une chose que le veuvage nous apprend, c'est le courage...
C'est terriblement dur ce qu'on vit, insoutenable, c'est un chemin qu'on ne souhaiterait pas à son pire ennemi (quoique... des fois !!!). Nous en sommes tous là, sur ce site, hélas.
A bientôt.
Cordialement
M

Unita

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Re : Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #12 le: 05 juillet 2011 à 10:45:42 »
Souvent, je m'oblige à partir pour m'occuper l'esprit

Par contre, je pense que partir quelque part est une bonne idée. C'est une porte qui s'ouvre vers autre chose que notre tristesse. Même seul. Même 3 jours. On peut faire des rencontres de gens intéressants, on peut ne pas aller loin, on peut juste se cultiver, en tous cas rompre avec le quotidien et flâner le nez au vent, choisir une destination qui tente vraiment, c'est un premier pas vers la vie qui va...
Je suis de cet avis aussi. Je susi malheureusement en deuil depuis 4 mois mais je m'oblige à partir en vacances. C'est le seul plaisir qu'il me reste. On était de grands aventuriers avec mon homme et on aimait découvrir d'autres cultures. Après, ce n'est pas une fuite parce que notre souffrance nous suit pendant le voyage mais cela permet de changer d'air, de ne plus croiser les mêmes personnes dans la rue avec ce regard de pitié insupportable et leurs sempiternels "salut, ça va?".

Hors ligne bruno

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #13 le: 05 juillet 2011 à 11:08:44 »
    A Romelik,

    Oui tu as raison,ce n'est pas la sagesse que d'ecouter les autres "qui vont bien"et de faire semblant pour leur etre agreable...

    Mais accepter,ca nous n'avons pas le choix malheureusement!
 
    Je ne sais pas si cela peut t'aider,mais tu vois moi aussi j'ai l'impression de vivre l'enfer sur terre,mais non!!!Ce sont eux qui ne sont plus la et qui ont subi qui l'ont vecu (maladie,handicap,etc..)
   
    La sagesse serait peut etre d'arriver a accepter notre manque,et de se dire qu'eux ne souffrent plus et qu'ils sont bien...Mais cela ne peut s'envisager sans une foi certaine en l'ame,a l'amour de deux etres qui peut etre survit a tout ca!!!Mais cette acceptation est et doit venir de nous,et non par les exhortations impatientes de nos entourages,meme les mieux intentionnes.

    La colere est souvent source d'erreurs,de confusion et de culpabilites naissantes ou a venir (regrets ou remords)Mais c'est normal de la ressentir et de l'exprimer.Pourtant,je pense qu'elle nous freine dans ce parcours si particulier que nous vivons,bien que j'en sois souvent rempli aussi...Mais tant qu'il y aura quelqu'un de vigilant pour nous redonner un peu de serenite qui permettra de recommencer a penser et a mediter sur la vie,sa fin qui sont indissociables,et que quoique on veuille,voudrait ou autre,d'accepter que justement nous n'avons par contre aucun choix de la duree,du moment et aussi des causes de cette finitude,qui nous permettra un jour de retrouver un apaisement dans  l'injustice ,la colere,et le pourquoi moi...

  J'ai du me perdre sur la fin,mais j'espere avoir apporter un peu d'eau au moulin commun..

               Bruno a Sandrine 

Lauren

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Re : Les vacances, encore un dur moment à passer
« Réponse #14 le: 07 juillet 2011 à 07:59:17 »
Bonjour à tous,

Un sentiment d'injustice et une colère sourde ce matin. Qu'est-ce que j'ai fait pour le perdre si vite alors qu'on s'aimait tellement? Je suis jalouse de ceux qui l'ont connu pendant 20, 30, 50 ans. Moi je n'ai eu que 2 ans et demi pour le regarder, l'écouter, rire avec lui. Je crois que je suis condamnée à la frustration sur cette terre. Le bonheur m'est donné puis tout de suite repris. Pourquoi? Je n'ai jamais le temps. Je me sens dégoûtée, écoeurée. Ceux qui marchent main dans la main devant moi je m'en fous. Tant mieux pour eux qu'ils en profitent. Ceux qui m'abordent avec un "Salut ça va?" je m'en fous. Qu'ils profitent de leur ignorance de ce que c'est que ce manque atroce. Ce n'est pas leur souffrance qui me soulagerait de la mienne.
La question ce n'est pas pourquoi nous? C'est pourquoi si peu? J'ai rêvé d'un visage qui me tendait les clés d'une maison. Il me disait avec une rire mauvais que pour moi ce ne serait qu'une nuit, que j'avais intérêt à me dépêcher.
Quelle vie pourrie :'( :'( :'( que de larmes pour arriver à quoi? Il me reste peut-être 30 ans à vivre. Sans lui. C'est déjà fini.