Auteur Sujet: les secondes commes des heures  (Lu 7575 fois)

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sofyoan

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Re : les secondes commes des heures
« Réponse #15 le: 11 avril 2012 à 15:19:47 »
merci pour vos messages a tous et toutes.

aujourd'hui je ne voulais pas sortir de mon lit, trop fatiguée , trop malheureuse...trop seule...et puis comme vous tous j'ai enfilé mon masque pour la journée.
j'ai souris avec les collegues quand chacun a evoqué son week end

je viens de voir les photos prise ce week end, et là je me suis faite peur....l'impression d'avoir pris 10 ans, me voir en photo avec ce teint livide, cette expression de tritesse. j'suis moche, j'suis vieille,... j'suis a moitié morte...sans lui.

Au risque de choquer certain d'entre vous, je ne suis pas d'accord avec ce que dit Sylvette. moi je pense que c'est celui qui reste qui est le plus a plaindre! dans mon cas , Yoann n'a pas connu la maladie, il a été emporté subitement, et il m'arrive parfois de penser que lui a eu une vie heureuse, beaucoup trop courte mais heureuse, il n'a pas connu de gros malheurs dans sa vie, il n'a pas connu la maladie, la souffrance, le deces d'un proche, pas de soucis d'argent, pas de licenciement, il etait heureux en amour , avec un beau petit garcon.
Comme le dit Caroline, c'est nous qui devons supporter la souffrance, les soucis materiels, le travail, la succession, l'education des enfants, les responsabilités, les vieux jours des parents, les etats d'ames des autres en plus des notres...alors je pense avoir le droit peut etre pas de me plaindre , mais de me faire plaindre par des ames charitables et compatissantes.

certes, nous sommes en vie, mais a quel prix?
lequel d'entre nous ne voudrait pas revenir à sa vie d'avant? je suis admirative de la volonté et des projets de Suzy et Pascale, j'espere avoir un jour cette force.

oui, quand parfois la fatigue et le decouragemement parfois me prennent,  je me dis que j'aurai preferé que ce soit moi qui parte

bof pas terrible encore aujourd'hui?
je vous embrasse tous
sofi

alsy

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Re : les secondes commes des heures
« Réponse #16 le: 11 avril 2012 à 15:46:40 »
Non Sofyoan  tu ne choques pas... là tu as raison quand on n'a pas connu la maladie....ce n'est pas le même cas tu as raison !
Alain quand il voyait des enfants malades du cancer... il disait toujours "je n'ai pas le droit de me plaindre... regarde les enfants... ils n'ont rien demandé !" 
oui nous sommes en vie mais à quel prix ??
c'est ton  petit garçon qui a besoin de toi... vis pour lui... et pour toi !
courage......... si je pouvais t'en donner.....?
Sylvette

Claudahoa

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Re : les secondes commes des heures
« Réponse #17 le: 11 avril 2012 à 15:54:47 »
Bonjour Sofi,

Je suis d'accord avec toi,j'aurais préféré partir à la place de ma fille car moi je vis l'horreur et comme me disait un écrivain pour ma Loulou soit il n'y a plus rien après la mort et elle ne souffre plus,soit l'au-delà existe et il ne peut être que meilleur et celle qui souffre c'est moi!Moi qui en pleine crise boulimique me goinfre de chocolats,de "cochonneries" pour remplir mon ventre douloureux,vide,inutile...Je  n'arrive pas à quitter mon lit aujourd'hui que pour fumer!!!J'aurais préféré ne jamais naître ,c'était le souhait de ma mère mais je ne sais pourquoi j'ai réussi!!Le soleil brille dehors ,je ne suis même pas capable de l'apprécier.............
Tendres bises à vous tous et toutes
Claudia

Hors ligne Marina Saboya

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Re : les secondes commes des heures
« Réponse #18 le: 11 avril 2012 à 18:16:02 »
Et bien quant à moi, si au début je hurlais : pourquoi nous, et pourquoi la maladie l’a frappé, lui, aujourd’hui, après ces mois de douleur, de chagrin, de souffrance intense, après ce chemin chaotique, maintenant qu’un peu de calme me permet de réfléchir, je suis contente (cela n’est pas vraiment le mot juste, je vous l’accorde) d’être « la dernière survivante » comme disent les notaires.

Loin de minimiser les douleurs physiques et morales, les épreuves des examens, des soins, le stress de l’hôpital, les effets secondaires… je sais que cet enfer vécu par moi depuis son départ, je ne le souhaite à personne et surtout pas à lui.

Comme l’a dit Thierry, j’aurais donné la moitié (voire la totalité) de mes organes pour le sauver, et comme l’a dit Dom, j’aurais vendu mon âme au diable.

Mais nous étions deux.
Moi sans lui, je ne suis rien et lui sans moi n’aurait rien été non plus.

Bien sûr que l’enfer est sur terre pour nous, oui, Sofi, moi aussi je préfère ne pas me regarder dans un miroir, j’ai aussi vieilli de 10 ans, et autant je trouve attendrissant un visage doucement buriné par les années, autant un visage de « souffrance » est … terrifiant. Je suis aussi peu inquiète de ma santé et me nourrie mal, les kilos s’installent. J’ai perdu toute coquetterie.

Il n’est pas possible de se battre sur tous les fronts en même temps.
Retrouver les couleurs de l’arc en ciel, c’est une priorité, ensuite… si…

Demain, il fera jour.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.