bonjour à tous,

J avance depuis quelques temps et, si je ne peux pas vraiment dire que je me sente mieux, je me sent en tout cas moins mal depuis que je suis près de vous.
Petit à petit, des choses s eclaircissent, des sentiments émergent, et je crois que j ai pleuré tout mon saoul les premiers temps où je suis enfin parvenue à me poser sur ma peine ici.
Mais il me reste ce sentiment étrange qui me met très mal à l aise quand je vous lis.
Beaucoup d entre vous evoquent leur histoire avec des details très précis, et celà me ramène à cette impression qui m angoisse: mes trous noirs.

Je ne saurai comment dire ça.J ai des flashs qui me reviennent maintenant par moment sur ces évènements, mais dans l absolu, tout cela reste un grand vide.Des trous de mémoire, des oublis, à tel point qu aujourd hui je ne saurai plus vous dire ce que j ai fait, qui j ai vu , ce que j ai dit après ce moment de tragédie.
Je me souviens vaguement mon arrivée sur les lieux, l attente à l hopital, le diagnostique du medecin, ma visite aux soins intensifs, et ce bip lancinant quand la vie a quitté son corps.
Je ne sais plus qui etait là exactement, ce qui s est passé apres , ce que j ai fait les jours suivants.
Je n arrive plus à me rappeler les premiers instants de notre fils (heureusement, n ayant pas de photo de nous 3 je l ai mitraillé petit et j ai des videos pour m aider de ce coté ci).
Je n ose pas en parler à mes proches, j ai peur de leur demander de m aider à retrouver l ordre des evenements, peur que cela puisse etre trop douloureux pour eux ou que leur réveler ce detail ne fasse que les inquiéter.

Je ne sais plus quoi faire fasse à ce vide béant.C est comme si j étai morte moi aussi ce jour là.
Après, il n y a plus rien de construit ni de logique, plus de chronologie des évènements, et ça me fait horriblement peur

Bonsoir, 

Ayant moi même vécue le décès très traumatisant de l'homme de ma vie, je peux vous dire que je connais les moindre détails de l'avant, le pendant puis c'est aussi le trou noir, j'ai souvent demandé autour de moi, Tient, peux-tu me rappeler comment j'ai annoncé son décès, car je ne m'en souviens plus. J'ai appelé l'école pour donner les points avant la délibération et suis restée au téléphone un long moment avec ma directrice mais je ne me souviens absolument pas de ce qui a été dit. Je crois que c'est normal car le ciel nous tombe sur la tête et nous sommes dans un état second. Enfin si tu n'es pas normal alors moi non plus. Nous serons donc au moins 2 ;-) Je te souhaite une soirée plus paisible en tout cas

Bonjour Tiobob,

Etrange coïncidence que ton message car j'ai cherché à me rappeler,pendant une bonne partie de la nuit certains "détails" qui me manquent. L'esprit veut il nous protéger lorsque le choc est trop brutal ? Avons nous inconsciemment "creusé" ces trous noirs ?

Comme toi, le "seul avant" dont je me souvienne, c'est le bisou de ce jeudi matin, sa petite phrase qui disait "J moins 1 " car nous devions partir en week end le lendemain, en amoureux, puis le coup de téléphone...
L'arrivée aux urgences, oui je me rappelle très bien, mon entretien avec le médecin réanimateur, la première visite à son chevet que nous n'avons pu partagé puisqu'il avait été placé dans le coma aussi, mais ensuite, pendant les deux jours qu'ont duré ce calvaire, le flou total... le dernier souvenir précis est mon entretien avec le médecin coordinateur pour le don d'organes.
Souvent, certaines personnes me disent "mais tu ne te rappelles pas ?", hé bien non.

Il reste que dés le premier jour, j'ai écrit, écrit, et je sais que dans ces textes se trouvent mes souvenirs. Malheureusement pour moi, je suis toujours incapable de les lire même sept mois après, le douleur est bien trop forte.
 J'en ai donc conclu que le blocage de tous ces moments est une protection inconsciente de notre organisme, sinon, je pourrais me relire. Un jour peut être, ou peut être pas...

C'est vrai qu'il n'est pas agréable de voir ses souvenirs amputés, surtout ceux là, mais j'ai décidé de faire confiance à mon corps. Tout me sera restitué lorsque je serais prête.

J'ignore si c'est une bonne façon de voir les choses mais je n'en ai pas trouvé d'autre, et je te la donne telle que je la ressens.

Hum, je crois bien que ce matin je ne suis pas très claire, je te prie de m'en excuser, c'est le résultat d'une nuit destructrice. Ce matin, j'ai mon premier rendez vous chez une psy et ça m'angoisse aussi beaucoup.

Je t'embrasse bien fort Tiobob, compagne d'infortune,

Cathy

merci Yohann pour ton témoignage.Je ne sais pas si il me rassure, mais en tout cas il décrit bien ce que je ressent.
Quant à toi Cathy, je pense comme toi que c est dans ma tête que ça bloque pour ne pas que j ai a gérer une douleur trop lourde.Etre devenue maman et veuve presque en même temps, ça fait beaucoup.Je pense que je me suis mise en mode survie pour pouvoir être suffisament disponible pour mon bébé.
Maintenant qu il a grandit et  que j ai traversé d autres epreuves difficiles, le cerveau commence à laisser certaines informations filtrer, et peut etre qu a force tout finira par me revenir.
En attendant,comme dit Yohann, on a l impression de devenir fou.
J ai passé une nuit très agitée.Ce ne sont plus les larmes mais les cauchemards qui m assaillent, et la semaine promet d etre longue.vivement les vacances!

bises à vous deux et encore merci pour vos réponses.
Merci à toi aussi ephemere

bonne journee

tiobob

Bonjour à tous,

C'est tout simplement un déni, on ne veut pas que ça arrive et on pense très fort au contraire, on a cette impression que c'est un mauvauis rève , on est tétanisé, et comme tous ou le plupart des mauvais rèves on oublie les détails et bien tout n'est plus là..

Je crois que quand tu seras prête les souvenirs reviendront encore douloureux, parles en avec ta famille proche bien sûr, c'est douloureux mais comme n'importe qui ici on a besoin d'y retourner, jusqu'au moment où on accepte, l'innacceptable...

Laisse toi aller à cette souffrance par laquelle il faut passer et tout reviendra et toutes ces choses te permettront d'avancer..
Il va y avoir 2 ans que Jacques est parti, j'avance, il me reste une grande douceur, de la mélancolie dans laquelle je me complaît parfois, j'ai rencontré quelqu'un de totalement différent, qui accepte cette amour de "fantôme", je les aime tous les 2.

Je vous envoie plein de tendresse

Pascale la Louve