Bonsoir Zabou,
Ce que tu ressens, ce vide, cette peur, cette souffrance, tous et toutes ici nous le ressentons.
Quand arrive le WE, qui avant était un moment de complicité, d'échange, ou après une dure semaine de travail on pouvait relâcher la pression est être tout simplement là, l'un pour l'autre...Oui ces moments sont atroces.
Je suis comme toi, le silence assourdissant, la grande maison jadis espace de vie et de bonheur et maintenant froide, hostile...
Mais ai confiance Zabou, je crois que ces moments sont inscrits dans ce processus très lent de reconstruction.
Je suis comme toi, je ne peux penser aux beaux moments qu'en ayant immédiatement des sanglots dans la gorge.
Et puis lentement très lentement, trop lentement, ces images nous les garderons comme de merveilleux souvenirs sans qu'ils nous détruisent de douleur.
J'ai perdu mon Amour il y a juste deux mois. D'autres sont dans le même cas (je pense aujourd’hui à Marie qui affronte cette fichue date fatidique). Je vis, ou plutôt je survis entre désespoir et bribes d’espérance, pour mes enfants, pour mes petits-enfants, et un tout petit peu pour moi.
Nous sommes tous solidaires Zabou. Le destin nous a amenés dans cette confrérie que nous n'aurions jamais voulu rejoindre. Mais elle a le mérite d'exister, d'être un lien magique, fort, indispensable entre nous Tous et nous Toutes.
Je pense à toi Zabou, nous pensons à toi et  nous sommes là à ton écoute.
Gérard

Oh oui, tu as raison.... Yohann

Le cerveau est loin d'être à l"arret bien au contraire ... Ce sont les connexions qui ne vont plus...
J'ai bien l'impression d'être déconnectée de tout.. de la réalité...
Le temps oui s'est arrêté...

Mais les pensées, les états d'ames, les émotions arrivent en meute... la peine le chagrin, la révolte...'
Comme dans un tourbillon.

Je suis sortie faire une course tout à l'heure.. au dernier moment comme d'habitude... et au feu rouge une envie de crier ... d'hurler... de pleurer..  Mais que fais-tu!  Alexandre ! ça ne va pas ! ne vois tu pas !..... et j'ai pleuré....

Un moment calme et soudain imprévisiblze... un coup de calgon !
Le cerveau n'est pas au repos oh non

Bisous à vous tous

Tititou

   Marie,

  JE pense moi aussi à toi, mais je ne savais pas que cette journée avait des relents de souvenirs "marquants".

  Alors , je te fais un gros gros bisou,
 

  Daniel

 ....qui va finir par aller se coucher!

Je reviens de la boite aux lettres, où je suis allée poster, mon arret de travail.
J'ai acheté du pain, je ne sais pas pourquoi, je ne mange rien, sans doute par habitude, comme, quand il était là.
Je suis passé au cimetière, la aussi pourquoi? je n'arrive pas à l'imaginer dans cette boite enfouie sous terre,QUELLE HORREUR!!!
Après je pleure , je me dis que je dois l'accepter, que c'est la réalité, qu'il n'existe pas de cauchemar, que je ne vais pas me réveiller, et tout sera comme avant.
le 27 janvier, j'irai feter les 3 ans de ma petite fille et cela fera exactement 3 mois qu'il est parti.
Parfois je voudrai lui en vouloir, que peut etre cela me soulagerai?
Mais, je ne peux pas, il voulait rester, et moi aussi, longtemps, longtemps.
Je me sens si mal.
JE VOUS EMBRASSE;
zabou

avec le recul , je n'y ai pas pensé sur le moment et je n'aurai jamais osé pour ne pas choquer mais j'aimerai avoir des photos je rentre derrière lui entourée de nos enfants , la mariée était en noir, moment de douleur mais aussi encore là tous les deux entourés de l'affection des "invités" ensemble pour la dernière fois
encore unis un peu ...pour le pire
pouvez vous me dire ce que vous en pensez macabre, sordide, vous partagez

Je partage complètement Gertrude, et je te comprends. Moi je ne trouve pas ça ni morbide ni macabre. Surprenant pour certains peut-être mais certainement pas pour moi!

 Je suis une malade de la photo, j'en prends à tords et à travers presque à tout instant comme pour ne pas oublier que le temps passe et qu'on ne peut le rattraper. Très souvent c'est plus genant qu'autres choses , pour les autres qui se lassent ou que cela agace parfois, mais pour moi aussi car je suis tellement concentrée derrière mon appareil photo que j'en oublie de vivre le moment que je photographie, en quelque sorte je le rate ce moment, je n'en profite pas. A la cérémonie d'adieu à l'église pour mon papa (il y a deux mois), j'avais bien sur mon appareil dans la poche de mon manteau mais je ne l'ai pas utilisé bien que j'étais tout devant et que ce serait peut-être passé inaperçu. Je ne l'ai pas fait parce que je voulais vivre intensément ces moments d'adieu, être toute disponible en émotions pour mon papa que j'aimais tant et qui nous a quitté brutalement (infarctus massif). Je m'étais souvenu des funérailles de ma grand-mère, la maman de mon papa justement où j'avais joué du violon à la fin de la cérémonie (la méditation de Thaïs) tout le monde dans l'église en avait été très content sauf moi car cela m'avait demandé un effort émotionnel surhumain et surtout que j'avais loupé ce moment de recueillement où tout le monde est venu déposer une rose sur le cercueil. Moi je n'ai pas pu déposer de rose et ça m'a fait mal, je sais c'est bête.

Mais quand même, pour mon papa, à la fin de la cérémonie, au moment où les gens commençaient à sortir de l'église, j'ai pris une photo en gros plan de la photo encadrée de mon papa qu'on avait choisi de mettre sur le cercueil, entourée des bougies que l'on avait déposées autour (ma maman, ma soeur et mon beau-frère, mon frère, ma belle soeur et leur petite fille, mes petits jumeaux et moi même) et les fleurs que tous mes oncles et tantes (mon papa avait 10 frères et soeurs) et mes cousins/ cousines . J'ai voulu le faire car c'est sur cette image là je me suis concentrée pendant toute la durée de la cérémonie, cette image de mon papa VIVANT (la vue du cercueil m'était insupportable!) les yeux brillants de tendresse...Mais fianelemnt je me rends compte que c'était peut-être inutile de prendre une photo car justement c'est image, elle est dans ma mémoire pour toujours.

Tu vois Gertrude, ces photos que tu aurais aimé avoir faits, ce film même, où tu rentre tout en noir avec tes enfants pour entourer ton mari d'affection avec tous les invités, tu l'as, il est dans ta tête avec tous ses détails et toute l'émotion qui va avec!

Quelques jours après l'enterrement de mon papa, on est tous (la famille proche) allés se recueillir ensemble devant sa tombe recouverte des fleurs (couronnes etc...) de toute la famille proche ou plus lointaine, des amis, des collègues,... et là aussi j'ai voulu faire une photo pour immortaliser ce moment-là, alors je suis allée mettre mon appareil sur une tombe plus loin derrière celle de mon papa pour que l'on soit tous cadrés, malgré que mon frère a ralé...malheureusement, ça n'a pas fonctionné, dans la précipitation, je n'ai pas mis le retardateur comme il faut. Je n'ai pas la photo que je souhaitais mais finalement ce n'est pas grâve, ce qui compte c'est qu'on était tous là, tous ensemble auprès de mon papa et ça c'est inoubliable.

  J'adore la photo. J'en ai des milliers ,depuis les vieux albums que sortaient ma grand mère  , en passant par les diapos de ma jeunesse , avec mon amour , toute jeune , et tellement jolie ... jusqu'aux dernières , prises deux semaines avant son grand départ vers l'Infini... Après j'ai arreté de photographier , les deux dernières après sa .... après , quoi ! , représentent son fauteuil , vide , et ma main ,avec ses bagues que l'on récupère à l'hopital .  Depuis , j'ai remis l'appareil dans son étui...A quoi bon , maintenant?

  Daniel

J'ai fait aussi des photos de mon papa dans la chambre funéraire. A un moment où j'étais seule avec lui et avec mon fils de 5 ans qui tenait chaque jour à m'accompagner (sa jumelle a refusé dès le premier jour disant que cela lui faisait trop mal au coeur). Bien sur, je l'ai fait parce qu'il était tel que lui même, comme endormi et très beau. Et j'avais peut-être aussi besoin de le faire car quand mon papa est décédé, il se trouvait exceptionnellement seul depuis 2 mois loin de nous. Nous devions nous retrouver avec une immense impatience 3 jours plus tard pour les vacances de La Toussaint et pour fêter avec lui son anniversaire. Ma frustration était énorme. Prendre une photo c'était essayer de retenir un petit quelque chose, de lui, de nous (j'ai pris mon fils lui faisant un baiser, lui m'a pris lui caressant les cheveux!). Et j'ai prélevé aussi une mèche de cheveux bouclés dans son cou (c'était moi qui toujours lui coupait les cheveux), en le faisant j'ai ressenti un grand moment d'intimité et me suis rappelée une anecdote qu'il ne manquait jamais de me rappeler à chaque fois, quand je lui faisais remarquer qu'il avait de beaux cheveux. les photos, je sais que je les ai mais peut-être que je ne les regarderai jamais. Je pense que je ne les détruirait pas non plus.

Longtemps avant j'avais vu par hasard des photos prises dans une maison à Madagascar de notre ami malgache qui avait perdu un proche. Il y avait des photos du mort et des photos de la famille autour de leur défunt. Cela m'avait beaucoup surpris.
Et quand ma grand-mère est décédée il y a une dizaine d'année, ma soeur avait dit qu'elle regrettait de ne pas l'avoir prise en photo sur son lit de mort. Elle avait eu la chance de l'avoir vue "préparée", bien habillée et bien coiffée. Moi je l'avais vues 2 jours avant encore avec sa chemise de nuit d'hôpital, la bouche ouverte, sans son dentier, cela avait été pénible. La photo de ma soeur m'aurait fait du mieux je pense. Bien sur avoir des photos n'ote aucune douleur...cela aide peut-être à apprivoiser l'intolérable réalité?

Pardon de m'être racontée, je sens que je m'éloigne peut-être du sujet de départ?