Chère Lilas,
N'aie crainte. Tu ne m'as pas blessée. Juste interloquée.
Quel que soit notre vécu, la douleur est intense et, comme tu le dis, réelle palpable. Et elle me submerge.
Nous sommes le 20, et 2 jours après cette date "anniversaire", j'ai l'impression d'avoir mené une bataille toute la nuit du 17 au 18. Je me sens courbatue, comme si tout mon corps avait été à l'oeuvre, à l'épreuve, soumis à de terribles forces, contraintes, que sais-je ... comme si j'étais passée dans une machine à laver, programme essorage, 1300 trs/minute ! Je n'en suis pas ressortie "lavée" mais juste "essorée".
Ceci-dit, pour revenir à ton message, Lilas, croire en un au-delà adoucirait la peine. Mais, sans au-delà ... Et bien je crois que nos amours ne sont pas morts puisque nous les portons en nous. Le poids est tantôt lourd, nous plombe ... parfois, quand on est un peu apaisé, ce poids s'allège. A quoi cela tient-il ? Je ne sais. Je commence à me dire que je ne saurai jamais.
Pour nos amours perdus, qui ne sont nulle part ils ne peuvent souffrir. C'est un soulagement pour eux, surtout pour nous qui restons. Et s'il existe un monde des esprits, leur esprit ne peut être affligé, si ce n'est par nos tourments mais certainement pas ou plus par la souffrance physique et morale qu'ils ont vécue au cours de leur "fin de vie".
En tout cas, à l'issue de ma nuit d'insomnie, ponctuée de pleurs, de hurlements intérieurs, d'effroi (comme dirait Yohann), de peur, d'angoisse, et aussi d'images très précises et claires du bonheur vécu, il m'apparaît que JL est en moi. En étant en moi, il n'est pas mort. C'est peut-être cela, l'éternité. J'ai enfin beaucoup moins peur de le perdre de nouveau.
Tout ceci est très fugace et peut-être m'effondrerai-je demain. Je ne sais pas. Je ne peux pas regarder loin devant comme me le conseillent les amis qui pensent pouvoir m'aider mais qui sont encore et toujours dans l'erreur. Et j'ai toujours l'impression que les étapes du travail de deuil rentrent en collison les unes avec les autres. Que je passe de l'une à l'autre sans arrêt, et sans trêve.
Bien affectueusement.
Angela