Auteur Sujet: Le fond du désespoir...  (Lu 9277 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

slm

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #15 le: 16 juin 2011 à 19:49:21 »
Bonsoir à toutes et tous.

Cela fait deux jours que je lis vos messages sans avoir le courage d'y répondre.
Le fond du désespoir je crois bien l'avoir touché moi aussi. Pourtant je me suis battue pendant des années pour continuer ma route,
luttant contre le manque d'argent, le chômage, les travaux de la maison, ma fille à élever du mieux possible. Quand je me retournais sur
ces 22 ans j'étais fière du travail accompli. Je disais souvent à mon ami que malgrè le choc d'avoir retrouvé mon mari pendu, je ne m'en
sortais pas si mal, tant physiquement que psychologiquement, j'avais réussi comme même à m'en sortir, je méritais bien le droit de me
reposer enfin.
Aujourd'hui je me retrouve projetée 22 ans en arrière, encore plus seule, plus de travail, pas vraiment d'amis sur qui compter, ma fille
n'est plus à mes côtés pour m'obliger à aller de l'avant. La même incrédulité, les mêmes questions, la même angoisse quant à l'avenir. Cette bataille n'aura servi à rien, j'ai perdu la guerre contre cette chienne de vie qui m'a enlevé les deux seuls hommes que j'ai aimés, de la même manière, comme une histoire sans fin.
Hier j'ai passé la journée chez ma fille pour garder mes 2 petis enfants, une petite trève avant de retourner à ma solitude, même si je ne
peux m'empêcher de penser à la phrase de mon compagnon quelques mois avant son suicide "si çà devait mal finir entre nous et qu'un
jour on se sépare çà me ferait vraiment mal de ne plus voir les petits"....
Voilà où j'en suis, aucune confiance en la vie, pas de projet, pas d'avenir, plus envie de me battre.
Merci à ceux qui prendront la peine de lire "mon roman", il faut bien que tout cela sorte, pour éviter que je devienne folle à force de ne
plus parler à personne et puis surtout désolée de ne pas vous apporter de réconfort en ce moment.

Merci dêtre là.
Sylvie

escouba

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #16 le: 16 juin 2011 à 20:55:32 »
Bonsoir,


Juste quelques mots, Sylvie.
Si, tu parles à quelqu'un.
Nous sommes tous là et même si notre présence ne s'exprime que par des mots, nous ne sommes pas virtuels mais réels. Nous partageons tous la même douleur même si le ressenti est différent pour chacun et nous sommes tous ici pour t'aider et te faire comprendre que tu n'es pas seule et que tu peux compter sur nous.
C'est difficile mais il FAUT continuer à te battre car tu as une fille et des petits-enfants ... et tu as aussi une vie ce qui n'est pas donné à tout le monde. Nous comptons tous sur toi car il y a toujours une possibilité d'aller de l'avant. Courage à toi et nous sommes là.

Laurence

ergé

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #17 le: 16 juin 2011 à 21:18:08 »
Bonsoir,

A chacun "son roman" Sylvie. J'imagine combien le tiens est difficile à parcourir. Ceux que tu as aimés ont choisi leur fin, sans laisser le destin choisir à leur place; il faut respecter ce choix, même si je devine ce qu'il a de douloureux pour toi.

Dans "mon roman"à moi, c'est la maladie qui a emporté ma femme et s'est chargée de choisir à sa place. Ca n'est ni meilleur ni pire, c'est juste autre chose.

Les histoires sont différentes, mais hélas les derniers chapitres se ressemblent: c'est nous, là, avec notre  tristesse, notre douleur et notre solitude; avec ces questions aussi : pourquoi lui ou elle, pourquoi nous, pourquoi maintenant? Et ces angoisses pour l'avenir, quand on se dit qu'on se retrouve là, encore jeune malgré tout, mais sans horizon ni projet quand les autres semblent en avoir tant.

Moi non plus je ne vais pas te remonter le moral; comme beaucoup ici en ce moment, je ne suis pas trop enclin à l'optimisme; c'est peut être la saison, plutôt gaie, qui sied mal à notre malheur. Mais comme l'ecrit escouba, il faut se battre; a t-on le choix d'ailleurs?

Pourtant tu ne parles pas dans le vide; je t'ai lue, je te comprend et je partage ta douleur pour la vivre moi aussi. Je ne doute pas que c'est le cas de bien d'autres ici, qui s'expriment ou n'ont pas la force de la faire.

Amicalement

Marico

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #18 le: 16 juin 2011 à 22:27:02 »
Ce qui revient énormément dans nos sujets de posts, celui-ci et les autres, c'est notre immense solitude à tous dans le malheur qui nous a frappé, et quelle que soit la façon dont il a frappé d'ailleurs. C'est aussi l'impossibilité de parler aux "nonendeuils" de la profondeur de notre douleur que nous cachons comme une maladie honteuse, pour ne pas les déranger, eux qui ne savent pas encore...
Comme le dit Sylvie : "il faut bien que tout cela sorte, pour éviter que je devienne folle à force de ne plus parler à personne".
Ne plus parler à personne...
C'est tellement la vérité.
Vider son sac trop lourd près de quelqu'un qui peut comprendre, écouter, ne pas juger et soutenir, c'est hélas ici, parmi vous, amis anonymes que c'est le plus facile...
Heureusement que ce site existe. Il est d'un grand secours pour nous tous. Merci à lui, merci à vous qui malgré votre douleur, le faites vivre.

Ce soir, une amie m'a appelée. Elle vient de perdre son boulot, elle est seule, elle a 58 ans et se demande de quoi demain sera fait. Elle m'a parlé une heure de son angoisse, de ses envies de suicide et de sa peur de l'avenir... Je l'ai écoutée et rassurée autant qu'il le fallait. Ca m'a paru normal. Je ne veux pas qu'elle fasse de bêtise.... Mais elle n'a jamais passé autant de temps avec moi que moi avec elle, quand mon mari est mort, et même après... Nous ne parlons pas des mêmes choses... On peut parler de la perte d'un travail ou d'un patron con, on ne parle pas de la mort de la même façon... On n'en parle pas, c'est tout !
A la fin de la conversation, juste avant de raccrocher, elle m'a demandé comme j'allais. J'ai répondu : "Très bien, tu sais ce sont les vacances, ça fait du bien, nous en avons tous besoin...". Comme d'habitude !

Bonne nuit.
M.

thalie72

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #19 le: 16 juin 2011 à 22:31:59 »
Bonsoir Sylvie,

Je vous comprends, je vie moi-même au jour le jour depuis le suicide de René. J'ai aussi peur de l'avenir, pour trouver du travail, pour continuer à vivre et à 39 ans se remettre en question quand on à pas beaucoup travailler et qu'on vie chez ces parents c'est pas facile tout les jours. Je m'accroche à ce code de la route tout les jours, c'est ma seule occupation pour le moment. Dimanche 19 juin celà faira 9 mois et c'est toujours aussi présent, je pense tout les jours à ce dimanche 19 semptembre, à son regard, les derniers mots, rien ne laisser présager son geste. J'ai le moral en dents de scie. Je ne sait que vous dire Sylvie mais je suis comme vous desespérée. Je consulte tout les jours ce site pour me retrouver avec les seules personnes qui peuvent comprendre ma souffrance.
Je vous souhaite bon courage. Thalie.

Marie75

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #20 le: 17 juin 2011 à 02:02:22 »

Marico, pourquoi réponds-tu "Très bien, tu sais ce sont les vacances, ça fait du bien, nous en avons tous besoin..." à cette personne que tu dis être une amie? Si tu considères qu'elle ne peut pas supporter de t'écouter au moins quelques minutes, ce n'est pas une amie...
Pourquoi ne pas parler de la mort? Jusqu'à preuve du contraire, ce n'est ni infamant, ni contagieux...
OK, je sais, lorsque mon mari est mort et que je disais, très simplement ces quatre mots: "Mon mari est mort", ça faisait comme un froid dans la conversation. Et c'était souvent à moi à continuer de parler pour meubler le silence gêné. Mais, il faut bien les habituer à la mort, les pauvres nonendeuils...
Quand on se retrouve seul(e) sans l'Autre, on est, en plus du chagrin de la séparation et du manque, pris de panique, persuadé(e) que l'on ne sera jamais capable de gérer le quotidien. Je vous assure que si, on peut. Mais il faut du temps pour retrouver confiance en soi...
Biz à tous et toutes.

Lauren

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #21 le: 17 juin 2011 à 07:50:43 »
Bonjour Marie75, bonjour à tous,
Moi je comprends la réponse de Marico. Quand on me demande si ça va, je réponds parfois: "il me manque". Alors je vois face à moi des yeux vides comme ceux d'un poisson mort, j'entends le sempiternel "je comprends", ou "c'est normal", ou "il faut te distraire", alors que je vois bien que non, ils ne comprennent pas du tout l'abîme que la perte creuse en nous. Alors je dis que ça va et je garde le reste. A quoi bon? C'est un état qu'on ne peut pas comprendre tant qu'on ne l'a pas vécu.
J'ai vécu longtemps seule, je n'ai pas peur de ne pas pouvoir gérer, je ne manque pas de confiance en moi à ce niveau. Mais il me manque, il me manque, il me manque. Tout est fade sans lui.
Chaque histoire est différente. Mais il n'y a qu'ici que je suis sûre d"être comprise.
Amitiés à tous. L

ergé

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #22 le: 17 juin 2011 à 08:56:40 »
Bonjour,

Personnellement Marico je crois comprendre ton "aventure" avec ton amie, comme ta réaction, Marie 75. Mais les choses ne sont pas simples. En fait, on peut parler de tout avec ceux qui nous entourent et ils sont capables de tout entendre, sauf lorsqu'il s'agit de la mort, de celle du conjoint en particulier, pour ce qui nous concerne.

Je crois que cela tient à la possibilité  qu'a chacun de s'identifier plus ou moins à l'autre. Tout le monde peut compatir (souffrir avec) avec celui ou celle qui a perdu son travail, a des problèmes d'argent, d'éducation des enfants ou même de couple; tout cela on peut l'entendre car on peut se mettre à la place de la personne qui se trouve dans cette situation; inconsciemment, on imagine que ça peut nous arriver. Mais pour la mort d'un proche, plus encore que pour sa propre mort, je pense que c'est différent car inconsciemment, on refuse mentalement de l'envisager, c'est tabou, d'où l'impossibilité de se mettre à la place de l'autre, de l'écouter et donc de partager ses sentiments.

C'est ce qui est différent ici, car c'est l'expérience que nous avons chacun de la mort du conjoint qui nous permet de communiquer, de parler pour l'un, d'entendre pour l'autre et finalement de nous comprendre sans nous être jamais vus.

J'espère que vous me pardonnerez cette petite disserte matinale ;); j'ai du être influencé par les infos sur l'épreuve de philo au bac hier. :D

"Bonne journée" (si c'est possible) à toutes et à tous.

slm

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #23 le: 17 juin 2011 à 10:59:21 »
Bonjour à tous

Juste merci, merci de m'avoir lue et comprise, merci de m'avoir soutenue.
Merci à ce forum d'exister, à vous tous d'être là, compréhensifs, sans jugement.

Que cette journée vous soit la meilleure possible.

Amicalement
Sylvie

Lauren

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #24 le: 17 juin 2011 à 12:02:33 »
Ergé, la disserte de philo de ma fille ( série L) c'était: L'homme est-il condamné à se faire des illusions sur lui-même.
Tu nous fais une petite disserte sur le sujet? tu as l'air inspiré ;)  ;D
L

ergé

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #25 le: 17 juin 2011 à 13:44:44 »
Hélas Lauren, je n'ai plus l'âge de passer le bac, même si tu me trouves inspiré.
En plus, il y a longtemps que je ne me fais plus d'illusions, ni sur moi-même ni sur le monde qui m'entoure, même si je ne trouve pas tout complètement noir, je te rassure.
Je reviens du cimetière où il m'arrive d'aller me ressourcer; je n'en suis revenu qu'avec des larmes sèchées sur le visage.

J'espère que ta fille a été plus brillante que moi et qu'elle le sera pour la suite de ses épreuves; il n'est pas indispensable d'ajouter à notre malheur, les soucis scolaires des enfants.
Amicalement