Auteur Sujet: Le fond du désespoir...  (Lu 9278 fois)

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Marico

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Le fond du désespoir...
« le: 14 juin 2011 à 10:16:45 »
... il y a des jours où je pense aller mieux, et puis des jours où je plonge au fond du désespoir.
Et je pleure, seule chez moi, pour pouvoir ensuite montrer un visage serein et souriant à l'extérieur.
Je pleure sur ma vie qui depuis la mort de mon mari, se trouve sur le fil du rasoir. A chaque instant, tout peut basculer... Et je dois tenir bon et trouver en moi les ressources pour que les enfants avancent, quand moi, je fais du sur-place.
Je pleure parce que personne ne peut imaginer mes difficultés, personne ne veut savoir comment je vais en "vrai". Parce que je ne peux dire à personne la réalité de mon quotidien, que je cache comme une maladie honteuse. Les fins de mois difficiles, les doutes sur mes choix, les notes scolaires des enfants et leurs revendications bien normales, les trucs insurmontables que je surmonte comme faire une déclaration d'impôts sans erreurs, gérer la voiture ou un déménagement (personne pour me filer un coup de main, tout le monde a des plannings chargés), organiser l'été, penser à la rentrée, tous ces soucis qui, à deux, seraient divisés et que j'assume, depuis près de 5 ans, seule et dans le silence.
Pour quelqu'un qui va bien, ça l'air anodin comme ça, mais mis bout à bout, tous ces petits rien sont, pour moi, comme des montagnes à franchir.
Pour les autres, je gère comme un chef... pour moi, je survis...
Parfois, je me demande pour combien de temps j'en ai à tenir le coup. Ce matin, je devais aller faire des courses, et puis je suis rentrée chez moi pour écrire ce post, parce que les courses étaient au-dessus de mes forces, parce qu'ici, je peux enfin le dire. Je n'en peux plus !...
Personne ne me tend la main, jamais, parce que : "quand on a la chance de faire un boulot chez soi, avec un salaire correct en plus, on n'a pas de raison d'être malheureuse !!! On arrête de se plaindre et on se cherche un mec pour "penser à soi" ! 5 ans de veuvage, faut aller de l'avant maintenant...  on ne pleure pas quelqu'un de mort aussi longtemps !..." 
Quelle connerie !...
Je sais que les gens, la famille, les rares amis voient les choses comme ça... sauf que leur vision n'est pas réaliste et ne m'aide pas !...
Mon épuisement moral est tel que parfois, je pense qu'il serait plus simple pour les enfants, d'être pris en charge par d'autres que moi, pour que je puisse enfin me reposer, vider mon esprit, dormir éternellement pour oublier enfin mes soucis, mes angoisses, ma solitude... Et puis cette idée me révolte, et je me donne un coup de pied aux fesses. Encore un !...  Ma mort viendra bien assez tôt. J'ai encore envie de partager des choses avec eux... Alors ça repart, comme une voiture qui tournerait sur une seule bougie et "crachoterait".... mais roulerait quand même.
Je sais que c'est mon chemin et que la vie ne m'envoie QUE ce que je peux supporter....  Mais elle est où la limite ? J'ai l'impression de relever un défi contre la mort, de me battre contre des ennemis invisibles qui veulent ma peau. "Ils" gagnent du terrain et je m'efforce de "garder la main" et de me battre contre ce qui est écrit. Je refuse de céder, ce serait trop facile ! Mais je vois bien que les vagues rognent peu à peu le sable.... Ca me terrifie et je compte les années qui me restent avant que les enfants soient en âge de s'assumer, et ça me semble insurmontable... et je sais aussi que je surmonterai, parce que je les aime plus que tout au monde et que je veux les voir grandir.
Seulement, chaque accroc me met sur les genoux et de plus en plus souvent. C'est ce qui me fait peur, ne pas tenir sur la distance !... Les mettre en danger parce que je ne saurais pas faire les bons choix, bien gérer mes modestes finances pour qu'ils suivent les études qu'ils voudront, et voir au bout du compte dans leur regard que je suis nulle...
J'aurais aimé, parfois, trouver un regard extérieur, bienveillant, désintéressé, froid et objectif, qui analyserait ma vie comme un banquier le ferait de mes comptes, et me dirait : "Voilà, ça c'est bien, ça c'est danger, ça c'est mauvais..." Mais on ne trouve pas ça, chacun conseille l'autre en fonction de sa propre vie, et ce qui va à l'un n'ira pas à l'autre... forcément, on ne peut pas se comprendre et il est impossible de prendre en compte tous les paramètres.... On est désespérément seuls !
Bref, c'est une mauvaise journée. Je me sens triste et vide, je ne vois aucune solution autre que celle de prendre les choses au jour le jour, en les résolvant l'une après l'autre. Pas le choix. C'est comme ça.
Bon, je ne vais pas aller plus loin, ça va mieux... J'ai vidé ce sac trop lourd pour aujourd'hui...
Je me dis que malgré tout j'ai de la chance. D'autres que moi sont dans des situations pires.
Demain est un autre jour, Scarlett.
Allez, il faut que je les fasse, ces courses, pendant qu'il y a classe.
A bientôt.
M

Hors ligne bruno

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Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #1 le: 14 juin 2011 à 11:16:19 »
       Marico, tu as raison,pour moi aussi les gens changent,apres 9 mois ils comprennent de moins en moins que toutes mes pensees soient vers quelqu'un mort "il y a si longtemps"...Avec les beaux jours en plus,ils oublient encore un peu plus,et maintenant on me le dit plus franchement :"pense a toi maintenant,tu ne va pas rester seul encore longtemps"....Les pauvres!!La plupart sont divorces,et melangent separation plus ou moins voulue ou acceptee,avec notre histoire...Ils pensent que refaire une vie fera accepter ce qui est...C'est sur que des gens qui savent remplacer des gens par d'autres ne peuvent comprendre longtemps...Peut etre ont ils raison apres tout!
       Quoiqu'il en soit Marico,tu dis que tu as releve un defi contre la mort,non.Personne ne peut la defier,tu as ete comme nous confronte a elle,on connait son visage,on a senti son souffle au plus pres de nous,mais ca ne veut pas dire qu'on l'a defiee,car tout est involontaire.
       Non Marico,quand je te lis,je vois plutot quelqu'un qui a releve un defi contre la vie,qui se bat,et qui doute par moments.Nous  sommes tous ici dans ce defi.Et oui ca fatigue,oui c'est souvent desesperant et surtout solitaire,mais chaque jour est un pas vers la victoire,car quand on releve un defi,c'est volontaire et c'est pour le remporter.Ne serait- ce qu'en memoire de nos Amours qui eux sont partis...De la maniere que l'on veut ou peut,sans crainte de jugement,car comme tu ecris,on est juges par les autres seulement en reflet de leur propre vie,et ce ne convient pas souvent...
       J'ai lu quelque part ceci:       "La mort est la regle,la Vie l'exception car par definition menacee"
Donc,lorsque l'on se pose la question (legitime a mes yeux dans notre souffrance)de combien d'annees encore sans lui ou elle,la reponse est dans cette phrase!Ne plus se la poser,ca nous pollue,se la posait- on avant tout ca?Ou alors ,lorsqu'on y pensait,on devait se la formuler dans un autre sens,ou on ne la "souhaitait pas"mais ou on aurait voulu avoir de nombreuses annees....
       Courage Marico,regarde le ciel aujourd'hui(puisqu'on a le meme (06)et respire!!!ca va aller...Quand?aucune idee,mais ca viendra,c'est sur!
        Tu vois,aujourd'hui,ca fait 9 mois...Et il me semble que c'etait hier...

                                Bruno a Sandrine.
 

Marico

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Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #2 le: 14 juin 2011 à 11:45:32 »
Merci Bruno de tes paroles réconfortantes.
Merci de me répondre aujourd'hui, qui est un jour important pour toi.

Je pense que ce site nous permet, des uns aux autres, de nous renvoyer la balle. Quand un va mal, un autre lui remonte le moral et inversement. C'est un grand soulagement, par moments.

J'aime bien la phrase "la Mort est la règle, la Vie est l'exception, car par définition menacée"...
Oui, c'est vrai qu'on oublie que la mort nous suit à la trace toute notre vie et que chaque heure gagnée est exceptionnelle... sauf qu'elle est bien souvent polluée, la Vie. Si elle allait tranquille son petit chemin, ça la rendrait moins difficile !
Non, ne pas oublier que la "Mort est la règle"....
Avant, on ne se posait pas la question, on faisait comme tout les "nonendeuil", on évitait d'y penser... c'est sûr.
Ce qui est certain, c'est que c'est jamais gagné...
Un rien réactive le chagrin, c'est ce qui rend le quotidien si dur...
Tu as raison, il fait beau. Ca va aller.
A bientôt.
M.

ergé

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Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #3 le: 14 juin 2011 à 11:55:36 »
Bonjour Marico, bonjour Bruno,

C’est vrai que ce serait plus facile si l’on pouvait à chaque instant se livrer à ceux qui nous entourent, vider son sac ; mais non seulement ils ne peuvent pas comprendre, mais en plus, ils ne veulent pas entendre ce qui les dérange et dont, sans doute inconsciemment,  ils ont peur que ça perturbe leur propre vie. Depuis que j’ai perdu ma femme, j’ai réalisé que je m’étais parfois comporté comme ça aussi auparavant, sans finalement m’en rendre compte vraiment ; c’est vrai qu’on se sent tellement impuissant devant la maladie ou la mort, que l’on préfère souvent les ignorer et ainsi se protéger quand elles ne nous touchent pas directement ; qui n’a pas cherché que dire à un malade ou à son conjoint, qui n’a pas hésité ou renoncé à  téléphoner, faute de pouvoir trouver les mots,  qui n’a pas eu hâte de raccrocher à l’annonce d’un décès?!

C’est sûr que le plus dur, en dehors du manque physique de celui  ou celle qu’on avait à nos côtés, c’est de ne plus pouvoir partager, le meilleur comme le pire, comme dit le maire ; ne plus pouvoir partager les petits ennuis du quotidien, qui ne s’arrangent pas forcément mieux à 2, mais qui sont plus facile à supporter, sans compter qu’on est alors 2 à y réfléchir ; ne plus pouvoir partager les petits plaisirs non plus, des vacances aux sorties, et jusqu’au simple fait de discuter d’un livre, d’un évènement de l’actualité, d’un film, de l’éducation des enfants, etc…

Alors Marico, à moi de te rendre aujourd’hui ce que tu m’as donné hier ; à moi aussi de te réconforter maintenant et de te donner un petit coup de pied aux f… pour avancer  ;)(rien de macho là-dedans ! ;) ;)).  Au risque de répéter une banalité, tu sais qu’ici tu peux partager et que personne ne te diras que 5 ans c’est bon et que tu dois obligatoirement passer à autre chose et ne plus nous rabâcher ton malheur. T’entendre c’est m’entendre, te lire c’est me lire, comme chacun ici ; tant mieux si ça te fait un tout petit peu de bien, dis toi que ça me fait du bien aussi.
Tes larmes cachées, on les connait, tes difficultés, on les vit, ta souffrance, on la partage. Tu vois que tu n’es pas toute seule…

Lauren

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #4 le: 14 juin 2011 à 12:23:59 »
Oui c'est le fond du désespoir. Ca fait 3 mois seulement qu'il est parti et je me dis que je ne tiendrai pas des années comme vous. Je ne peux pas partir encore car ma fille entame tout juste ses études. Pourtant je ne peux plus. Je m'ennuie partout à mourir sans lui. Travailler, rentrer, m'occuper de ma fille, faire semblant de m'intéresser à ses soucis, sortir avec des amis, sourire, dire que ça va
( que dire d'autre?), rentrer, retourner travailler. Je croyais que ça allait mieux et puis je replonge plus profond. Vraiment je ne peux pas. Sans lui rien n'a de sens. Je me dis que partir le rejoindre c'est mon choix et que je suis libre de le faire. Et puis le lendemain je me dis non, attends encore un peu pour ta fille. Mes fils sont grands et autonomes. Je voudrais bien continuer mais je n'y arrive pas. Je suis déjà sous antidépresseurs. Que faire de plus?
Je suis complètement paniquée, épuisée à force de lutter contre moi-même. Envie de partir au bout du monde mais je sais que ça sera aussi fade qu'ici. Où aller? J'espérais que travailler beaucoup ça m'occuperait mais je sature. Plus envie de rien. Ras le bol. Envie d'en finir pour ne plus me traîner. Comment faites-vous pour tenir si longtemps? J'ai peur de moi.

mariej

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #5 le: 14 juin 2011 à 12:28:06 »
Marico,

Ton message me parle beaucoup car  ton désésespoir, ton découragement sont des passages "obligés", la réalité est difficile à vivre, on donne beaucoup d'énergie pour faire face, rester debout, mais l'énergie a beau être "renouvelable", il faut prendre les moyens de la renouveler et comme en période de deuil on dépense beaucoup, il nous faut veiller à la renouveler souvent...
Moi je sors d'un arrêt de travail de 3 semaines car je n'arrivais plus à assumer mon boulot et mon chagrin, c'est la 1ère fois que je m'arrête pour cette raison et mon médecin a bien compris...
Tu donnes beaucoup pour tes enfants, quand je lis ce que tu écris, je vois la vie de ma mère car mon père est mort d'accident de voiture et elle est restée veuve à 30 ans avec 4 enfants dont je suis l'ainée, elle s'est battue seule pour nous élever et la tâche a été difficile car nous ne lui faisions pas de cadeaux ! A l'adolescence, nous étions comme les autres, moi en particulier j'étais une révoltée et j'étais très indisciplinée!!!! A l'époque (j'avais 8 ans) on ne parlait de soutien psychologique pour la maman, ni pour les enfants, maintenant on peut se faire aider et toi aussi, dans ton message tu dis:
"J'aurais aimé, parfois, trouver un regard extérieur, bienveillant, désintéressé, froid et objectif, qui analyserait ma vie comme un banquier le ferait de mes comptes, et me dirait : "Voilà, ça c'est bien, ça c'est danger, ça c'est mauvais..." Mais on ne trouve pas ça, chacun conseille l'autre en fonction de sa propre vie, et ce qui va à l'un n'ira pas à l'autre... forcément, on ne peut pas se comprendre et il est impossible de prendre en compte tous les paramètres.... On est désespérément seuls !"
Ce rôle de conseil dans ta vie, tu peux l'avoir auprès d'un psychothéapeuthe qui a ce regard bienveillant sur ta vie et à qui tu peux te permettre de dire tous tes ressentis, toutes tes pensées, même celles que l'on ose dire à personne, lui il ne juge pas, il est là pour aidre. Personnellement depuis la mort de mon fils je me fais aider par une psychothérapeute, car même si je suis en couple, mon mari ne peut pas tout entendre, il a aussi son propre chagrin à gérer, elle m'apporte une aide réelle et réconfortante.

A elle je peux dire que certains jours j'aimerais aller revoir mon fils, que certains jours je compte le nombre d'années qui me restent à vivre sans le voir.... N'hésite pas à trouver de l'aide, nous ne pouvons pas être sans cesse des "superwomen", tu as le droit d'en avoir marre, de le crier, de le dire et d'être entendue... surtout !
Bien affectueusement

Nouveau

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Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #6 le: 14 juin 2011 à 12:43:21 »
Bonjour Marico, bonjour à tous,

Je te comprends, que c'est pénible, on croit aller mieux et on replonge. Personne pour nous soutenir, nous comprendre, que c'est difficile d'être seul après avoir été en couple pendant des années !

Que savent-ils les autres, de la douleur, du manque, du chagrin ? Non Marico 5 ans, 10 ans, 20 ans quelle importance, la souffrance sera toujours là, atténuée certes, mais toujours présente.

Moi aussi je suis fatiguée, mes garçons ont toujours besoin de mon aide et de mes conseils, alors que j'aimerais tellement qu'ils soient indépendants, qu'ils s'assument, ne penser plus qu'à moi...

Et puis tous ces donneurs de conseils, qui ne sont jamais là pour filer un coup de mains.

Mais un jour Marico, quand on se retournera sur notre chemin chaotique, nous serons fiers de nous, de nous être battus, d'avoir été à la hauteur, ce jour là viendra Marico, tu verras !

Je vous embrasse tous.

Marico

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Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #7 le: 15 juin 2011 à 09:49:21 »
Bonjour et merci à vous tous, Bruno, Ergé, Lauren, Marie J et Nouveau pour vos paroles bienveillantes et réconfortantes, merci de votre soutien.
Ce qui est terrible, c'est que les années ne changent rien. L'absence est moins douloureuse au quotidien, bien sûr, parce qu'on a appris à vivre avec, mais le moindre accroc nous renvoie à notre solitude et à chaque fois, c'est prendre en boomerang la réalité de la situation. Solitude, silence, indifférence... Il faut jongler et se débrouiller. Se taire et avancer...

J'ai rencontré des professionnels en d'autres temps. J'ai parlé, mais ça n'a rien résolu. ll y a des jours où ça va, et d'autres où ça ne va pas du tout... Voilà... Il faudrait alors, avoir un psy à la demande, ce qui est impossible.

Tu sais Ergé, je ne crois pas que la mort que nous avons rencontrée nous rend plus à l'écoute de ceux qui sont dans notre cas. Je vois autour de moi des veuves, qui, lorsque je discute avec elles, me racontent ce que moi, j'écris ici... Sauf que leur douleur est très dure à entendre, parce qu'elle réactive la mienne. Du coup, je préfèrerais qu'elles se taisent. Leur peine est un poids de plus sur la mienne. La douleur, quoi qu'on fasse, ne se partage pas, même si nous sommes plus à même de la comprendre.

Il me semble, personnellement, plus facile au fond de parler ici, dans l'anonymat, parce que lit qui veut, répond qui veut, et entend mes mots/maux qui veut. Celui ou celle qui trouvera mes posts trop durs, il lui suffira de cliquer et de passer à autre chose. Ca donne à tous une grande liberté...

Merci Lauren de ton témoignage de petite fille orpheline. Je me demande parfois comment grandiront mes enfants, même s'ils vont bien. Mais tu as raison, il y a 1 an, ma fille qui avait 14 ans a été odieuse et ne m'a pas fait de cadeaux. Je me demande, parfois, si elle ne voulait pas juste tester ma solidité... se rassurer. Ca va mieux avec elle, elle passe en 1ère S avec les Félicitations, elle est autonome, intelligente et nous parlons énormément ensemble. Mais bon, je m'attends à d'autres difficultés avec mon fiston qui a juste 12 ans !... Je me dis que la mort de leur père n'empêche pas mes enfants de se projeter dans l'avenir, d'être heureux, de s'amuser, de travailler en classe, et que je ne fais pas QUE des erreurs ! Lol !...

Oui, en plus de notre chagrin, nous avons à porter notre vie pas toujours facile, parfois nos enfants et leurs problèmes, c'est lourd, lourd, lourd... il faut une bonne dose de courage, d'énergie, de volonté. Comme si aux yeux des "nonendeuil", la mort nous conférait une force surhumaine. On a survécu à ça, on survivra à tout le reste !... Et en plus, on le fera avec le sourire !...

Les années ferment la cicatrice mais dessous, la trace est là, indélébile. J'espère néanmoins qu'un jour le chagrin lâchera prise, que les soucis s'éloigneront, que le sommeil reviendra, que la fatigue ne sera qu'un lointain souvenir, que des projets dynamiques m'occuperont l'esprit... que je sortirai de cette spirale de tristesse qui n'est pas moi. J'étais quelqu'un de gai et d'optimiste qui voyait la vie à travers des lunettes roses... C'est si loin, tout ça !

Hier soir, je me suis mis des coups de pied aux fesses. Et je me suis dit qu'il fallait peut-être que je rencontre des gens comme moi, veufs, divorcés, séparés... J'ai un peu cherché et j'ai trouvé un site (qui peut peut-être aider d'autres que moi). Pas un site de rencontre, genre Meetic, ou "je contacte" ou (??)... mais une association de gens exclusivement veufs ou divorcés qui se réunissent une fois par mois pour faire connaissance, organisent des activités, au choix des adhérents. Je vous donne le lien...

http://www.asso-des-solos.fr/

Il y a une antenne dans ma région. Je vais chercher en moi le courage d'y rencontrer d'autres personnes solo, histoire de rompre un peu ma solitude et de voir du monde. Sage décision...

Merci à tous de votre disponibilité et de votre écoute.
De tout coeur avec vous.
Je vous embrasse.
M.






ergé

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #8 le: 15 juin 2011 à 11:39:03 »
Bonjour Marico,

Ecrire, c’est dire, dire ce que nous avons en nous et que nous ne pouvons pas supporter de garder, seul, au fond de nous.

J’ai commencé à tenir un journal quelques jours après que ma femme soit tombée malade et il m’arrive encore souvent d’y écrire; ça fait du bien de sortir tout ça, ça soulage. Sans compter qu’à se relire,  ça met un peu d’ordre dans les souvenirs, parfois chamboulés par les émotions liés à ces moments parfois heureux, mais surtout souvent difficiles et intenses.

Pourtant, j’éprouve le besoin de venir aussi ici, sur ce forum, dire mes humeurs, parce qu’ ici, en étant lu, par qui voudra, comme tu le dis si justement ,   j’ai le sentiment de rompre la solitude et de pouvoir partager ce que j’ai en moi, ce que je ne peux faire, ni en tenant un journal, ni en m’adressant à ceux qui me côtoient .  Et lire les uns et les autres ici, contrairement à ce que tu écris, ne ravive pas ma douleur, mais au contraire l’apaise, car je sais qu’elle est partagée (non pas que je me réjouisse de voir les autres dans le même malheur, mais simplement parce que je sais que je ne suis pas seul à éprouver ce que j’éprouve).

Tout ça pour dire que, pour ce qui me concerne, je pense être plus réceptif qu’auparavant à ceux et celles qui sont dans mon cas ; je ne dis pas que je partage tout leur malheur, et heureusement, car le mien me suffit, mais j’imagine ce qu’ils ressentent, ce que tu ressens toi Marico, alors qu’auparavant je ne me posais pas vraiment la question. Je crois les comprendre un peu et être capable de les écouter et donc d’apaiser un peu leur souffrance, sans pour autant, encore une fois, la prendre pour moi. J’ignore si ces quelques lignes t’apporteront quelque réconfort que ce soit, mais je te lis, comme beaucoup ici, et donc c’est qu’il y a des oreilles (et des yeux) pour t’entendre. C’est peu, mais c’est mieux que de rester dans sa tour d’ivoire.

Quant aux assos, c’est peut être une bonne chose pour en sortir justement, de l’isolement dans lequel nous plonge le deuil ; n’hésite pas si tu t’en sens capable. Pour ce qui me concerne, ce n’est pas encore le cas.

Amicalement

Marico

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #9 le: 15 juin 2011 à 13:38:24 »
Oui Ergé, bien sûr que nous sommes tous réceptifs au malheur de ceux qui viennent sur ce site, ou même à celui partagé au-dehors dans la "vraie" vie. Sauf, qu'ici, si c'est trop lourd, si le moral n'y est pas, si un jour on ne se sent pas la force de parler à celui/celle qui vient crier "au secours", c'est pas grave. Quelqu'un d'autre le fera... Si notre oreille n'est pas attentive, une autre le sera... Nous allons tous au gré de notre état d'esprit, de notre souffrance qui, de temps en temps, nous lâche un peu la bride et nous permet, justement, de nous rendre compte que nous ne sommes pas seuls à vivre ce que nous vivons. Et que c'est dur pour les autres aussi...

Moi aussi, sur les conseils d'une psy, j'ai ouvert un journal à la mort de mon mari. Les enfants et moi y mettions tout ce que nous voulions, quand nous le voulions. Les enfants des dessins, des petits mots d'amour... Moi mes sentiments de l'époque.  Ca faisait du bien, en effet... Le relire est très émouvant et c'est un beau témoignage "à chaud" de ce que nous avons vécu, des détails anodins et oubliés. J'y écris encore quelquefois, mais plus rarement quand même. Je le garde précieusement pour les enfants, qui eux aussi ont oublié beaucoup de choses.

Les Assos ne sont pas la panacée, je le reconnais. Et puis, pour vous qui vivez un deuil récent, il est compréhensible que ce ne soit pas envisageable. Pas envie, pas le courage d'être sociable au-delà du nécessaire, pas l'énergie, pas le temps... je sais. Ca dure longtemps...

Moi, j'appréhende un peu quand même de rencontrer des gens en souffrance, mais je "DOIS rencontrer des gens", si je veux retrouver un semblant de vie sociale. Mon moral vacille trop souvent, j'arrive dans une région où je ne connais quasiment personne, alors ce ne sera qu'une nouvelle marche à franchir !... En haut de toutes les marches de l'escalier que je m'acharne à grimper, qui sait, il y a peut-être le paradis ?? (entre nous, bien mérité, le paradis !!!)

En tous cas, aujourd'hui, ça va mieux. Jusqu'à la prochaine crise, comme chaque année à cette époque. Mon mari est mort un jour de rentrée scolaire, autant vous dire que d'une année sur l'autre, quand la date approche, forcément c'est une période difficile pour nous 3 ! Nous détestons l'été, parce que ça nous rappelle toujours le dernier !

Bon courage à tous.
A bientôt.
M.

ergé

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #10 le: 15 juin 2011 à 14:16:02 »
Marico, je te souhaite le paradis, tu le mérites certainement, mais pas tout de suite quand même. Pour le moment, contente toi d'un petit coin de ciel bleu, et pourquoi pas de quelques moments de bonheur; tu les mérites aussi certainement.

Tu nous parles de l'été, de la rentrée, et de ce que ça représente pour toi. Je te comprends; moi aussi, je me souviens de nos dernières vacances, de nos dernières fêtes de fin d'année, de toutes ces dates qui nous chamboulent; j'ai d'ailleurs inauguré une file sur ce sujet.

Pour ton assos, et sans vouloir t'obliger ni être indiscret, j'aimerais bien que tu nous racontes, si et quand tu auras décidé de franchir le pas. A moins que tu ne préfères garder ça dans ton jardin secret...

Bon après-midi

Hors ligne bruno

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Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #11 le: 15 juin 2011 à 14:30:17 »
     oui ce serait bien si tu pouvais nous dire un peu tes ressentis et ceux des gens que tu pourrais rencontrer dans ce genre d'association,et de voir si le courant passe aussi bien en "vrai"par rapport au virtuel represente ici,ou nous tous nous exprimons a visage cache,donc (mais peut etre pour moi)plus facile de se devoiler....
     Enfin,je ne suis pas sur de m'etre bien exprime...

 PS:Marico,nous sommes presque au meme endroit,et ton idee me donne presque envie de suivre ce chemin....Enfin...Si tu hesite car seule a faire la demarche,n'hesite pas a me le faire savoir,car peut etre que moi aussi seul j'aurais du mal a le faire...

Marieroger

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #12 le: 15 juin 2011 à 19:08:18 »
Bonjour à vous tous

Gros coup de blues ces derniers temps et qui dure......., comme vous tous,   .....une envie de pleurer incontrôlable.... Pourquoi moi, pourquoi nous?J'aimerais appuyer sur pause, avoir un moment de répit, retrouver un peu de cette énergie qui m'habitait, remonter au plus vite la pente .... mais que c'est dur, et toutes ces fêtes de fin d'année qui approchent et se succèdent, toutes ces premières fois sans mon Amour: première fête des pères, premier spectacle des enfants sans ma moitié, première kermesse, premier départ pour un voyage scolaire que les enfants auraient du faire avec leur papa (qui était aussi leur maître)....... toutes ces premières fois qui font si mal; j'essaie de faire face ne laissant rien paraître mais je n'y arrive pas .... et je craque... alors je laisse couler mes larmes en silence ..... quand vais-je retrouver un peu de sérénité? Je suis toujours très entourée, je vis pour nos enfants, au jour le jour, j'essaie de ne pas me projeter dans un avenir lointain..... J'ai mal alors je viens vous lire chaque jour et je me retrouve dans vos mots, ces sentiments que vous savez si bien décrire et que, pour ma part, j'ai du mal à retranscrire... alors continuez à venir témoigner, j'ai besoin de vous tous....
Prenez soin de vous
@ très bientôt
Marieroger

Lauren

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #13 le: 15 juin 2011 à 21:20:50 »
Bonsoir Marieroger, bonsoir à tous,
Moi je trouve que tu retranscris très bien ce que tu ressens, Marieroger. J'ai l'impression qu'on est un peu tous en plein blues, en ce moment  Peut être l'été qui approche. En tous cas moi je redoute ces longs mois d'été sans lui. Je crois que je préfèrerais l'hiver, au chaud chez moi avec ma tristesse, plutôt que ce grand déballage d"énergie, de rires, de danses, d'apéros, bref de joies estivales que je sens arriver autour de moi.
Il me manque chaque jour plus. J'aimerais que le temps passe très vite.
Amitiés à tous. Lauren


Marico

  • Invité
Re : Le fond du désespoir...
« Réponse #14 le: 15 juin 2011 à 22:12:04 »
Hello Lauren, je crois que tu expliques dans ton dernier post est bien vrai. Nous avons tous un coup de blues en ce moment, avec l'été qui arrive et ce décalage que nous ressentons par rapport à ceux qui ont encore la chance d'être deux, ou de former une famille complète... Il y sûrement un peu de ça aussi qui rajoute à nos tristesses ...

Bonsoir Marie Roger. Quelle que soit la façon dont tu retranscrits ta douleur, l'essentiel c'est que tu la dises. Après, si nous étions tous Baudelaire (qui n'était pas mal, lui non plus, dans le spleen), nous le saurions. Oui, les premières fois sont éprouvantes, et si tes larmes coulent ce soir, moi elles coulaient hier... Quand je te lis, je me lis : "Faire face, vivre pour les enfants, retrouver un peu de sérénité..." les mêmes questionnements et le même chagrin avec lequel il faut composer, jour après jour, mois après mois, parce qu'il faut avancer et qu'on n'a pas le choix. Bon courage à toi et n'hésite pas à venir nous parler, il y aura toujours quelqu'un pour t'écouter et te répondre. Je t'embrasse.

Bonsoir Ergé. Non, votre proposition n'est pas indiscrète. On se dit ici, des choses bien plus personnelles, je pense... Donc, en m'inscrivant sur ce site de "solos 06", j'ai accepté d'aller à leur RDV obligatoire en ma qualité de "nouvel adhérent", le 08 juillet. Je me suis inscrite, mais l'adhésion n'est payable QUE sur place, ce qui permet d'en rester là, si finalement le contact là-bas ne passe pas vraiment....  J'ai confirmé par mail ma présence, ainsi que demandé par la coordinatrice. Ce n'est pas un site de "rencontres et + si affinités" comme on le voit par ailleurs, mais plutôt un RDV convivial, dans un esprit "copains", à ce qu'il me semble. Les enjeux de séduction ne sont pas les mêmes, et ça me convient très bien. Oui, si ça peut vous intéresser, c'est avec plaisir que je vous ferai un compte-rendu de cette mystérieuse aventure....

Et si Bruno veut se joindre à moi, pourquoi pas ?
Ca nous permettra de faire connaissance autrement que sur le net. Je n'ai aucune idée de ce qui m'attend (genre réunion Weight Watcher's où tout le monde déballe ses kilos superflus ??... Gasp !!! J'espère que ce sera plus gai qu'une psychothérapie de groupe !) De toute façon, y aller n'engage à rien sur le long terme et si c'est trop ringard ou triste, moi je ferai demi-tour. Mais je n'y crois pas... Je pense au contraire que chacun doit y mettre du sien, sachant que nous venons tous plus ou moins de la même galère... Après... y retourner ou pas, là sera la question... Bref. On verra bien !...

Je vous embrasse. Amitié chaleureuse à tous.
A bientôt.
M.