Auteur Sujet: Le 10 novembre 2016  (Lu 4014 fois)

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Le 10 novembre 2016
« le: 31 décembre 2016 à 17:39:23 »

Mon épouse est partie il y a presque 2 mois à 42 ans, d'une crise d'épilepsie en pleine nuit. Je suis dans un moment assez confus dans ma tête. J'ai fait en sorte de faire tout ce qu'il fallait au mieux pour nos 2 enfants (8 et 10 ans). Je pleure beaucoup moins mais je suis maintenant une véritable larve, je me dit qu'il faut que je me bouge, mais j'ai du mal. J'ai des photos de mon épouse dans notre appart (j'ai du déménager en urgence, nouvelle école ... ). J'ai du mal à me faire à la situation. J'ai l'impression que la période avec elle n'a pas existé, c'est difficile à expliquer ce que je ressens. Je n'ai pas de famille ni d'amis proches de chez moi, donc dur dur. Je n'arrive pas à voir les autres prendre du bon temps, je ne supporte pas que les couples se prennent la tête pour des choses sans importance, Je sais que je ne m'occupe pas de mes enfants aussi bien que je le devrais. J'ai envie de laisser tomber mon boulot, de prendre un camion et voyager avec les enfants. La vie boulot, métro, dodo n'a aucun sens. Je n'ai plus d'objectif, mon épouse était le centre de ma vie depuis 20 ans, la première femme que j'ai connue, unique. Je n'arrive même pas à être présent auprès de mes enfants comme il le faudrait, c'est ce que mon épouse me dit dans ma tête. Nos enfants étaient tout pour elle, elle y consacrait 100% de son temps.
Est ce que j'ai intégré que mon épouse ne reviendra pas ? je ne suis pas sur, j'en ai l'impression. En tout cas, je supporte mal d'être seul. Dès que je suis en présence d'une personne féminine proche de moi, je suis attiré comme un aimant, je la prends dans mes bras, ça en devient gênant et perturbant. J'étais plutôt très distant jusqu'ici.  J'ai l'impression que mon épouse me regarde avec ses gros yeux. Est ce que ce qui nous arrive est réel ou pas ? Je balance d'un extrême à l'autre. J'ai 2 enfants qui me rappellent qu'elle était là, les films, photos et en même temps ce vide, je ne le supporte plus mais j'ai du mal à vouloir rencontrer d'autres personnes, je ne peux plus regarder les couples, j'ai des larmes quand je vois dans la rue des femmes de l'age de mon épouse. Mais bon, la réalité est là, mon travail, mes enfants me le rappellent tous les jours et la vie continue, les choses sont vite oubliées ou laissées de coté par les autres personnes.

Hors ligne qiguan

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Re : Le 10 novembre 2016
« Réponse #1 le: 31 décembre 2016 à 20:46:32 »
triste bienvenue
dans http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/en-guise-de-table-des-matieres/
il y a des liens vers des messages masculins qui peuvent t'aider un peu ...
continuer à écrire ici devrait t'aider aussi ...
le deuil est si difficile ! je souhaite que tes enfants cheminent au moins mal et ne rajoutent pas de soucis en plus à ton deuil
la perte du conjoint c'est une telle déchirure !
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
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Hors ligne Numis56

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Re : Le 10 novembre 2016
« Réponse #2 le: 31 décembre 2016 à 23:13:57 »
J'ai déjà été voir certains liens et je n'arrive pas à comprendre tout.
Pour mes enfants, c'est le contraire. heureusement qu'ils sont là. Je suis dans l'obligation d'avancer pour eux. Et c'est cette situation qui est difficile à vivre. Je suis tellement à devoir faire des choses tous les jours que j'ai l'impression de ne pas penser assez à mon  épouse. Je vais faire suivre mes enfants. Ils parlent très peu du décès. C'est mon fils de 8 ans qui a découvert sa maman le matin. Moi je m'étais absenté pour le travail. Je ne pense pas qu'il a vu la crise mais je n'en suis pas sur. Mon épouse n'a jamais voulu qu'ils soient au courant pour ne pas qu'ils s'inquiètent, elle faisait toujours ses crises la nuit, jamais le jour. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé cette nuit là, mon fils m'a dit qu'elle avait son médicament dans la main, elle n'a pas eu le temps de le prendre. Ce que je sais, c'est que mes deux enfants se sont endormis près de leur maman alors qu'elle était déjà décédée. Je ne sais pas s'ils en avaient conscience.
J'ai énormément de regrets sur ce que j'aurais du faire, ne pas faire. Mais je me rappelle aussi que j'ai passé d'excellents moments, pleins d'amour avec elle et les enfants les semaines avant.
Mon plus gros regret, ne pas avoir été là. Je m'en veux terriblement. Elle était tombé dans un mal épileptique il y a 15 ans de cela et j'avais pu appeler les pompiers. Elle avait été à deux doigts d'y passer, plus de 15 jours de comma artificiel. Cette fois-ci j'aurais pu intervenir de la même manière si j'avais été là. Mon absence lui a couté la vie, et à mes enfants leur maman. Je savais comment lui donner son médicament en cas de besoin et je savais détecter lorsqu'il y avait danger. J'avais comme habitude de me réveiller à chaque crise et d'attendre d'être sur que ça passe avant de me rendormir. J'aurais su le faire si j'avais été là lors de cette nuit. Et mes enfants auraient toujours leur maman. J'ai le sentiment de l'avoir tué par négligence et j'ai du mal à la regarder en face. Cette foutue maladie lui pesait, les médicaments aussi. J'ai accepté cela lorsque je me suis marié avec elle mais je me dit que je n'étais peut être pas la bonne personne, elle serait encore là autrement. Je l'imaginais comme ses grands mères vivre jusqu'à 85 ans.
Mais j'ai deux enfants et je lui ai promis et je continue à lui promettre que je ferai tout ce qu'il faut pour eux. Mais j'avoue que ce n'est pas facile, le temps est dur à trouver.

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Re : Le 10 novembre 2016
« Réponse #3 le: 01 janvier 2017 à 00:00:39 »
Bonsoir Numi,
Pour un parent endeuillé, les enfants sont à la fois une sources d'obligations et  un soutien ;  une raison de continuer le chemin.
Il semble que vous ayez trouvé une aide psychologique pour vos enfants, mais il ne faut pas vous oublier.
Vous avez  sans doute besoin de soutien vous aussi.
Y compris peut-être dans la gestion du quotidien ?
Est-ce possible ?
Avez-vous de la famille près de vous ? Des amis ?
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Re : Le 10 novembre 2016
« Réponse #4 le: 01 janvier 2017 à 12:16:51 »
Merci pour votre message

Malheureusement, ma famille et mes amis sont assez loin de moi. Et en même temps, je n'ai pas envie d'en voir. Je ne sais pas ce dont j'ai besoin, de quelle aide j'ai besoin. Dès fois, j'ai juste besoin qu'une personne soit là et ne dise rien, juste être présente. Mais c'est difficile à concevoir pour eux, ils se sentent inutiles malgré que je leur dit que c'est le contraire.
Dans la gestion quotidienne, c'est impossible. Tout le monde a une famille, travaille.

Je me dit qu'il faut que je me bouge, mais c'est dur et je dois me faire violence.

Pour une aide me concernant, je n'en sais rien. Pour quoi faire, personne ne ramènera mon épouse. La culpabilité, tout le monde en a. Pour l'instant je dois laisser aussi passer ma colère, surtout envers ses parents. Je sais que ce n'est pas juste car ils ne savaient pas non plus comment faire avec cette epilepsie. J'ai a de nombreuses reprises dit qu'il fallait faire quelque chose. Mon épouse vivait très mal sa maladie, ne se sentait pas comme tout le monde, elle ne pouvait pas vivre comme tout le monde. Je me dit que j'ai fait tout ce que je pouvais. J'ai fait en sorte qu'elle n'ai pas a travailler, qu'elle puisse s'occuper des enfants à temps complet. Mais ce n'était pas assez, elle avait tendance a vite se fatiguer et les médicaments n'étaient pas bons, ils lui donnaient des trous de mémoire, l’affaiblissaient. Je n'ai pas répondu à tous ses rêves, elle voulait faire le tour du monde avec les enfants. Moi j'avais peur que l'on soit en manque de médicaments, donc j'étais réticent. Et au bout du compte, ce que je redoutais est quand même arrivé, la sécurité n'existe pas. Mais quand on vit comme cela depuis 20 ans avec une personne, on se dit que l'on prend les bonnes décisions et qu'elle va pouvoir voir grandir ses enfants. Je me suis totalement trompé.
Alors une aide, je n'en sais rien. Je suis loin d'avoir été un mari parfait, mais elle était ma moitié. Tout tournait autour d'elle dans ma vie, toutes mes décisions étaient en fonction d'elle, d'une sécurité maintenant que je vois comme illusoire. Si c'était possible, je voudrais la prendre très fort dans mes bras et lui dire que je l'aime, que j'ai compris, que c'est elle qui a raison et que je vais faire tout ce qu'elle veut. Mais je ne peux pas. Elle me manque énormément, c'est égoiste car elle n'a plus ses enfants, c'est pire.

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Re : Le 10 novembre 2016
« Réponse #5 le: 03 janvier 2017 à 02:35:21 »
Comment réagir face à ma certitude que je n'ai pas fait ce qu'il fallait. Que si j'avais été plus sérieux, si j'avais pris mieux soin d'elle, mon épouse serait encore là. Ca me ronge de l'intérieur et je voudrais être puni pour cela. C'est insupportable car je ne peux rien réparer.

Hors ligne Alexandra

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Re : Le 10 novembre 2016
« Réponse #6 le: 03 janvier 2017 à 10:01:37 »
Bonjour Numis,
je ne sais pas si je pourrai trouver les mots pour t'aider avec cette saleté de culpabilité qui s'accroche à nous quand tout bascule... Elle s'accroche pour moi aussi depuis des mois et je lutte tous les jours contre elle.

Mon compagnon a fait un "déni de cancer" comme j'aurais pu faire un déni de grossesse. En Décembre, il me parle d'une boule au sein et je me dis tout de suite que ce n'est pas possible, que c'est un cancer du sein. Ce n'était pas le sein, mais le testicule et le médecin traitant a dit a mon compagnon que c'était une simple inflammation... Des mois à se disputer parce que je voulais que mon compagnon retourne voir le médecin. Et au milieu de tout ça, ma thèse à rédiger et mon compagnon qui râle sans arrêt contre tout, et moi qui lui répète qu'il m'emmerde, qu'il n'est pas le centre du monde, que je m'occuperai de lui après avoir terminé d'écrire. L'envie de le planter, souvent, la peur qu'il ne m'aime plus, la colère. Et puis je rends ma thèse en Mai et j'arrive enfin à ce que mon compagnon aille voir mon médecin traitant. Quelques semaines qui nous amènent à ce 17 Juin où l'échographie ne me laisse pas de doute sur ce qui arrive. Et mon compagnon qui lutte, ce déni, ce foutu déni qui s'accroche. Et comme un déni de grossesse où quelques heures après avoir mis les mots la grossesse devient évidente, quelques jours après avoir mis les mots sur le cancer, le corps de mon compagnon le lâche. Le 19 Juin, mon compagnon perd peu à peu l'usage de ses jambes et on doit lui enlever une énorme masse qui comprime sa moelle épinière. Et il y a des métastases partout, après seulement 3 semaines, c'est déjà fini.

Pourquoi je te raconte notre histoire? Parce qu'elle est pleine de cette culpabilité que tu vis aussi et parce que je pense que tu pourras y trouver des similitudes. Depuis des mois, je vis avec des "et si" qui tournent en boucle. Et si je n'avais pas rédigé ma thèse à ce moment précis, est-ce que j'aurais pu mettre un bon coup de pied aux fesses de mon compagnon? Et si je lui avais dit que je l'aimais au lieu de lui dire qu'il n'était pas le centre du monde, est-ce qu'il aurait eu envie de se battre? Et si je ne lui avais pas reproché de ne pas avoir fait ce qu'il fallait pour se battre, est-ce qu'on aurait évité la colère dans ses derniers moments? Et si j'avais mis bout à bout tous les symptômes, est-ce que je n'aurais pas pu toute seule savoir que c'était si grave? Et si j'avais été là pour lui comme il a été là pour moi? Pour moi, tout est source de culpabilité...

Numis, je sais que c'est très douloureux, que tu cherches sûrement des réponses pour comprendre au moins intellectuellement ce qui vous est arrivé. Et peut-être que parce que tu n'en trouves pas, tu t'accuses d'être responsable, parce que ça au moins c'est une réponse. Oui, il y a une raison, c'est parce que ce jour-là, cet instant-là, tu n'étais pas là. Non Numis, non je t'assure tu n'es pas responsable et tu n'as pas besoin d'être puni, tu as déjà assez de souffrance comme ça. La lutte contre la culpabilité va peut-être être douloureuse et épuisante pour toi. Il faudra apprendre à supporter l'idée qu'il n'y a pas de coupable et pas de raisons valables pour expliquer pourquoi la femme que tu aime(ais) n'est plus là. Accepter qu'un concours de circonstances est venu tout faire basculer, mais pas toi, toi tu n'as pas de pouvoirs magiques pour lire dans l'avenir.

Tiens bon Numis, je suis de tout cœur avec toi.
« Modifié: 03 janvier 2017 à 10:24:16 par Alexandra »