Auteur Sujet: Trois ans hier  (Lu 13543 fois)

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FeeViviane

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Re : Trois ans hier
« Réponse #15 le: 04 septembre 2014 à 23:16:00 »
Bonsoir Béa.... oui, un message appelle un message. Car nous sommes sensibles à ceux qui viennent, nous savons que ce n'est pas toujours simple d'écrire, de raconter, de se raconter. Et que les mots amènent parfois des larmes (mais aussi parfois des sourires).

où sera ma douleur dans 2 ans ? Qu'en aurais-je fait ? Au bout de 7 mois de deuil, je n'en sais rien.
Une personne que j'apprécie m'a écrit ceci "la douleur est un escalier circulaire". C'est imagé et je crois que c'est ça : on avance pas linéairement, il y a des tournants et, lorsque l'on est dans ces tournants, on croit que l'on régresse. On regarde sur le côté et on y voit un ravin ...
Mais si la douleur est un escalier circulaire, il peut descendre ou monter. On le descend et, peu à peu, on le remonte, on le parcours, vers le haut, là où l'air est moins oppressant, plus pur ...
Le parcours peut prendre un an, 2, 3 ... et arrivé là haut, on s'aperçoit peut-être qu'un "fond" de douleur restera toujours là parce qu'on ne la terrassera jamais, qu'il faut juste parvenir à la transformer, ne pas la retourner contre soi. Peut-être qu'il ne faut pas se souhaiter de ne plus souffrir mais d'être serein un jour, apaisé.

Reviens quand tu veux en tout cas. Ici c'est un peu comme un café virtuel ou une auberge espagnole... y vient qui veut, tel qu'il est... il ne manque que le café et le thé en fait (et la soupe chaude aussi certaines nuits  ;-)  ).

Bises

meszouzous

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Re : Trois ans hier
« Réponse #16 le: 04 septembre 2014 à 23:45:10 »
Merci FeeViviane pour tes mots  :)
A ce jour, je ne sais pas toujours où je suis...dans un escalier circulaire, pas encore. Cela ressemble plus à un arrêt sur image...triste image de ma vie qui s est arrêtée ce 27 novembre 2012. Difficile de changer cette image... j essaye pourtant mais l énergie,  l envie, le courage me manquent trop souvent. Travail, enfants et petits enfants, amis ne remplacent pas celui qui était tant pour moi et ne suffisent pas toujours à me tourner vers l avenir. Un jour peut être ? Je voudrai y croire, vraiment. Il faudrait aussi que je laisse sur le bord du chemin cette terrible culpabilité,  cette horrible colère qui me collent à la peau. Bref, beaucoup trop de sentiments mêlés. Et qu en est il de cette force qui nous fait défaut pour accomplir les tâches les plus anodines du quotidien ? J en ai presque honte  :(
Je te souhaite ainsi qu à vous tous la plus douce nuit possible.
Béa

Hors ligne qiguan

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Re : Trois ans hier
« Réponse #17 le: 05 septembre 2014 à 11:02:03 »
Oui venir sur le forum pour être aidé, ou tendre une main ...
je ne sais pas où j'en serai dans 3 ans ... je ne peux pas me projeter !

Oui le chagrin et l'escalier circulaire c'est de Linda Pastan
j'ai 2 livres sur mon chevet pas encore entamés (me font ils peur?)
sur le chemin dudeuil de Kübbler Ross et Kessler http://www.amazon.fr/Sur-chagrin-deuil-David-KESSLER/dp/2266203339
et
sortir du deuil de Schützenberger et Bissone Jeufroy http://www.amazon.fr/Sortir-deuil-Surmonter-chagrin-r%C3%A9apprendre/dp/2228903604/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1409902941&sr=1-1&keywords=sortir+du+deuil
va falloir que je m'y mette ...

car
C'est pour moi de plus en plus clair que j'ai envie que mon deuil serve à quelque chose et que je veux y contribuer ... ce sera je ne sais quoi dans l'associatif autour du deuil mais indispensable  !
j'ai écrit sur mon fil
Un truc angoissant pour moi ce que les anciens racontent souvent
"vous allez vivre ceci ou cela" et on se met à l'attendre alors que peut être ça ne viendra pas ne viendrait pas si on ne le savait pas ... comme si on le provoquait pour tomber dans une certaine "norme"
je ne veux pas basculer là dedans.
zabou m'a faite 1 bienveillante réponse ! et je lui dis ensuite :
Vrai que je peux noter que mon souhait de ne pas me programmer/vécu de mon deuil est déjà signe de sortir de la passivité, je sais que des choses viendront mais je ne veux pas en faire une règle une attente.
Quand je me suis formée à l'accompagnement en 93/97 j'ai appris qu'il y avait toujours ce que l'on nomme
la réalisation des prédictions ou Prophétie autoréalisatrice http://fr.wikipedia.org/wiki/Proph%C3%A9tie_autor%C3%A9alisatrice et que ça c'était terrible : le malade qui attend telle chose, l'ado idem etc ... pour entrer dans une normalité car peur de l'a-normalité ...
non on doit vraiment dans le deuil se libérer de tout on a bien assez à vivre avec !

Plus j'y vais plus je surveille mon vocabulaire pour ne pas alimenter certaines choses négatives !
tout ça parti de la phrase lue au début du deuil : "Le temps en soi ne guéri rien, parce que ce n’est pas le temps qui guérit, c’est ce qui se passe pendant ce temps". lue là http://www.cefem.be/lectures/deuil/les_douleurs_du_deuil

je en sais donc pas ce qui sera là dans 3 ans mais je veux me situer dans être et non subir même si c'est douloureux de faire ce choix

Je crois que sera longue la période de culpabilité de vivre/défunt ! et que la lutte justement pour vivre, le faire vivre à travers ce que je vais faire est une longue quête !
le chemin pourra me permettre de reconnaître la réalité de ma perte et de lui accorder une place dans ma vie, même si je me révolte encore contre ce qui s’est passé. 
 faire une place à ma douleur et à la formuler pour en atténuer son intensité et la rendre plus supportable. Pour un jour enfin la dépasser…

Que le vide ne soit pas celui du désespoir mais creuset d'un nouveau possible ...
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

QUENOUILLE87

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Re : Trois ans hier
« Réponse #18 le: 05 septembre 2014 à 11:37:43 »
Bonjour,

C'est vrai que j'ai rencontré un homme relativement rapidement après le décès de mon mari (1 an). Rien n'a été prémédité, cela s'est fait par hasard. Je ne peux vous expliquer l'énorme sentiment de culpabilité qui m'a rongé pendant des mois et des mois, culpabilité vis à vis de mon mari tant aimé, vis à vis de mes enfants, de mes amis.

Le fait que mes amis n'acceptent pas mon ami a été très difficile à vivre. J'ai même perdue une amie de 30 ans, qui m'a dit qu'elle ne l'appréciait pas, que c'était beaucoup trop dur pour elle de me voir avec un autre homme, et que du coup je ne revoie plus. Avec le temps, ça s'arrange un peu, mais mes amis, quand nous sommes réunis, s'adressent très peu à mon ami, le laissent un peu à part, n'osent pas parler de nos souvenirs communs, sont sur la réserve. Certains m'en ont parlé franchement, d'autres préfèrent ne plus nous inviter….. Pas facile

J'ai dû consulter un psy pour savoir où j'en étais, surtout que cet homme ne correspondait pas du tout aux valeurs que j'accorde à un homme. Je pense qu'au début, cette relation m'a fait du bien dans la mesure où je retrouvais une épaule sur laquelle me reposer. Je ne supportais plus la solitude, le silence de la maison, les week ends seule sans parler à personne, plus de projets de quoi que ce soit (ciné, vacances, resto), plus personne avec qui discuter…

Aujourd'hui, j'avoue ne pas en savoir plus sur ce que je ressens. Il ne se passe pas une heure dans la journée sans que je pense à mon mari. J'ai beau me raisonner, j'appelle de toutes mes forces à retrouver ma vie passée, si joyeuse, si harmonieuse, si fusionnelle, ponctuée de fous rires en famille ou non, d'engueulades évidemment, de partage avec les enfants.

Je partage maintenant d'autres choses avec un autre homme, mais j'ai l'impression d'être malhonnête avec lui. Non pas que je ne ressente rien pour lui, mais mes pensées sont constamment ailleurs. Et j'ai l'impression de ne rien pouvoir faire, aucun efforts, pour que ces pensées soient dans le présent. Elles restent constamment dans le passé. Comme si je m'interdisais de vivre une vie "nouvelle", différente.

Je serais grand-mère dans quelques mois, et malgré l'immense bonheur que je ressens, je ne peux m'empêcher de le gâcher par ce sentiment que mon mari aurait été tellement heureux d'être un grand-père gâteau. Mes deux filles ressentent la même chose.

Arriverons nous un jour à retrouver un peu de sérénité ? de l'insouciance, non, c'est fini, je le sais. Mais juste un peu de calme dans la tête, sans se poser de questions….. J'admire beaucoup de gens qui, dans des situations plus dramatiques que la mienne (pas d'enfants, problèmes financiers, etc…) arrivent à refaire surface. Moi, j'ai deux filles en bonne santé dont je suis très très proche, mon ainée qui attend un bébé, la seconde qui reprend ses études après une année très difficile, une maison, un travail.

Je m'accroche, même si c'est difficile. Demain, il y aura 28 ans que nous nous sommes mariés……


Bonne journée à vous



Hors ligne Eva Luna

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Re : Trois ans hier
« Réponse #19 le: 05 septembre 2014 à 13:09:02 »

"Je serais grand-mère dans quelques mois, et malgré l'immense bonheur que je ressens, je ne peux m'empêcher de le gâcher par ce sentiment que mon mari aurait été tellement heureux d'être un grand-père gâteau. Mes deux filles ressentent la même chose."

ce que j'ai envie de te dire, c'est que ça va mieux quand on comprend que on peut ressentir les 2 émotions en même temps... être infiniment triste qu'il ne soit pas là pour partager le bonheur de ce bébé tout neuf qui arrive et il faut lui laisser plein de place à cette émotion là...et lui donner une forme en faisant quelque chose... ET ...être aussi contente de la venue de ce bébé qui a besoin d’être accueilli dans la joie...les deux en meme temps...
ma fille, enceinte après la mort de sa soeur très aimée .. a dit que le plus dur à cette période a été de faire coexister ces 2 émotions dans un seul cœur... on apprend  à le faire, ça fait mal... mais petit à petit on réussit à les vivre l'une après l'autre, ces deux émotions...à lui dédier un temps et un lieu à celle qui nous arrache le cœur, la douleur des regrets de l'absence et du futur à jamais interdit...
courage, vous y arriverez...

Hors ligne qiguan

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Re : Trois ans hier
« Réponse #20 le: 05 septembre 2014 à 15:21:25 »
QUENOUILLE  relis dans le livre du Dr Fauré p 162 ... à 166 cela pourra t'aider je pense.
il dit notamment "on peut voir ces individus qu'on rencontre comme des "passeurs" qui faciliteront la transition entre le vécu de solitude du deuil et le retour à une vie affective.
Il est rare que l'on refasse sa vie avec eux, mais cette expérience marquera une étape importante dans le travail de deuil
"
en parlant quelques fois avec certaines veuves j'ai compris qu'il fallait s'assurer d'abord d'une relation discrète, à ne pas imposer à la famille trop vite, aux amis ..., la cultiver que pour soi, qu'elle soit claire avec le partenaire et serve à s'auto analyser ...
tu dis
"J'ai dû consulter un psy pour savoir où j'en étais, surtout que cet homme ne correspondait pas du tout aux valeurs que j'accorde à un homme. " tu fais bien de demander l'aide du psy effectivement et je te souhaite de sortir grandie de toutes ces difficultés !

Pour le côté grand mère je suis à 100 %, OK avec ce que dit Eva Luna même si c'est très difficile !

courage !
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"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne zabou

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Re : Trois ans hier
« Réponse #21 le: 06 septembre 2014 à 00:43:35 »
Quenouille,

J'ai moi aussi  fait une rencontre qui m'a rendue heureuse, comme le dit si bien Eva Luna il peut cohabiter en nous plusieurs émotions, personnes jamais ne remplacera mon mari, il reste et restera la personne avec qui j'ai fusionné, avec qui je pensais finir mon existence, celui qui m'a durant 22 ans rendue heureuse, avec qui aussi je me suis souvent disputée, celui pour qui j’aurais tout donné , mais voilà la vie me la prit , impuissante je n'ai rien pu faire....

Avec cet homme qui aujourd'hui m'accompagne , les choses ont toujours été claire, je suis bien , je me sent bien a ses cotés , il n'est pas venu combler ma solitude , cette solitude , je l'appréciais, la liberté aussi, ce sont certainement les deux points positifs d'après, il ne remplace pas mon mari, c'est une personne différente que j'aime d'une manière différente, il le sait.

Néanmoins, je vais parfois très mal, je luis dis, j'ai besoin et me retrouver seule de vivre ce chagrin, il le sait aussi, c'est à prendre où à laisser, surement pas toujours facile pour lui, mais j'ai toujours été honnête, difficile aujourd’hui de faire des compromis et en tout cas pas celui là....

J'ai compris qu'il en sera ainsi le restant de ma vie....

Je lui parle de mon mari, j'ai surement la chance qu'il comprenne, un ménage à trois en quelque sorte, je ne fais jamais de comparaison, je n'ai jamais ressenti aucune culpabilité envers mon mari, il est une autre personne à laquelle je suis attachée.

J'ai eu moi aussi un petit fils, né après le départ de de mon mari, ce fut un bonheur et une déchirure en même temps, à son première anniversaire, j'ai du juste avant le gâteau, m’éloigner , pour pleurer, comme j’aurais aimé que mon mari soit là, le connaisse , le voit, puis j'ai séché mes larmes, pour ce petit bonhomme ,pour mes enfants, et le bonheur à pris place.

Après un deuil , je dirais même pendant, nos sentiments sont ambivalents, et le resteront parfois c'est très difficiles à gérer, parce que effectivement, je ne me reconnait, plus ,parce que j'ai irrémédiablement changé ,parce que la personne que j’étais avant, ne sera jamais plus.

Je vis parfois les choses pleinement, parfois en demie teinte, parfois je suis bien , d'autres je me sens si mal, j aurais tant voulu que mon mari reste près de moi....

Après avoir voulu partir, le rejoindre, après l'avoir supplié de revenir, j'ai choisi de vivre, pour moi, pour lui qui aimait tant la vie, c'est vrai ce n''est pas facile tous les jours , la douleur est là parfois si vive qui tenaille, et dans ces moments, il est vrai qu'il m'arrive encore de penser au pire.....

Je pense que tu as raison de voir une psy, cela m'aide beaucoup, à évaluer,les sentiments enfouis, à comprendre.....

Je ne sais pas si nous arriverons à trouver un peu de sérénité, en ce qui me concerne et en l’état , je ne le crois pas, mes des moments plus long dans le temps apaisée oui, ça je le crois.

Les dates sont, et resteront toujours, des rappels douloureux, des moments ou l'avant/après, se mêle et s’entremêle, que la journée qui s'annonce soit plus douce que tu ne le penses.

Accroche toi.

Pensées.

zabou
Le souvenir, c'est la présence invisible.
Si j'avais su que je t'aimais tant, je t'aurais aimé davantage.
Mon amour, plus qu' hier et moins que demain.

Hors ligne qiguan

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Re : Trois ans hier
« Réponse #22 le: 06 septembre 2014 à 12:24:35 »
je suis dans l'émotion
Zabou et les autres concernés je vous rejoints ...
ma fille vient de m'annoncer ce matin qu'elle attend un bébé ... pour la date théorique.. qui sera les un an du décès de mon amour (23Avril) ...
je sais que vous ami(e)s du forum serez là pour accompagner cette suite de parcours où je vais gérer tant d'ambivalence ! ...
faire cohabiter les émotions ... nouvelle tache !
là je me suis effondrée en larmes après son départ larmes de joies et de peine mêlées !
et je ne sais plus trop où j'en suis ...
si ce n'est que ça a renforcé ma décision d'être dans mon deuil et pas rester que sur le plan victime ...
meilleure journée possible à toutes et tous
je vous embrasse
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