FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Caroline3 le 08 juin 2012 à 21:05:33

Titre: La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 08 juin 2012 à 21:05:33
Je relis toujours ce bon Dr Fauré... Dire que ça peut durer des années... c'est épouvantable! Je veux dire: j'ai une vie à vivre, ma fille aussi et me voilà dans cette période dite "dépressive" où semble-t-il rien ne se passe, que le goût de ne rien faire...

Je suis épuisée de vivre cela.

C'est raide. Pour la temps que ça dure. Voici un extrait du site:

Citer
3ème étape :

Mais les semaines et les mois passent et progressivement, le ventilateur ralentit car il n’est plus alimenté par l’électricité… et il finit par s’arrêter. Il en va de même pour votre relation : vous réalisez progressivement que la relation que vous essayez de préserver extérieurement « tourne à vide » car la personne que vous aimez n’est plus là pour nourrir et entretenir le lien avec vous. De là, privé de son énergie, votre mouvement relationnel va, lui aussi, se tarir et s’arrêter.

C’est là, en moyenne 6 à 10 mois après le décès, que vous comprenez, au plus profond de vous-même, que la relation extérieure avec cette personne aimée est définitivement interrompue. (...) Cette pleine prise de conscience est tardive par rapport au moment du décès. Ceci est normal. C’est le début de la 3ème étape du processus de deuil : « la phase de déstructuration ».

Ce « retour vers vous » est, par lui même, douloureux : il a une coloration dépressive. A ce moment là, le manque et l’absence atteignent des niveaux que vous ne vous attendiez plus à connaître. Vous avez alors l’impression que vous êtes en train de devenir fou/folle et que votre vie perd tout son sens. Vous avez aussi l’impression de faire marche arrière car votre douleur devient de plus en plus vive. Tout est vain, vide et absurde…

Il est essentiel de comprendre qu’il ne s’agit pas d’une régression dans votre deuil. Vous n’êtes pas en train de sombrer, même si vous en avez la très forte impression. Aussi terriblement douloureux soit-il, ce ressenti est normal et prévisible : c’est votre processus normal du deuil qui est en train de suivre son cours naturel.

Cette 3ème étape dure pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, sans que cela soit pathologique.

Cette période est souvent pleine de désespoir et remplie d’une intense détresse. C’est là où vous comprenez combien il est utile d’être accompagné(e) sur votre chemin. En ces temps de souffrance, les programmes d’accompagnement que vous trouverez sur le site de « Traverser le deuil » pourront vous être d’une aide considérable.

Ce que je fais, heureusement. Je garde espoir, bien sûr :)

Caro xx
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: cello59 le 08 juin 2012 à 22:31:31
Caroline,

Comme toi, j'ai lu et relu le livre de C. Fauré, et je crois bien que c'est le premier que j'ai alors eu en mains. Il m'a beaucoup aidé, d'abord à comprendre ce qui se passait véritablement en moi, à exprimer ce qui me paraissait de l'indicible.
J'ai ensuite poursuivi par d'autres lectures, concordantes ou complémentaires.

Mais je ne crois pas qu'il faille faire une lecture trop littérale des écrits de C. Fauré (et ce sont là les limites de l'exercice de l'écriture) : dans la vidéo que tu as pu visionner, tu auras remarqué qu'il y ajoute nombre de nuances.
Pour ma part, j'ai compris que C. Fauré nous donne des repères. En particulier, il définit 4 étapes, tout en prenant soin de préciser que leurs limites ne sont pas toujours bien nettes, qu'elles peuvent se chevaucher, que leurs durées varient en fonction de l'histoire de chacun, de son environnement.
Car notre histoire est unique, et nous sommes également uniques.
S'il nous dit que, parfois, la durée de la 3ème étape (qui te fait si "peur"!) peut aller au-delà d'une année, c'est d'abord pour rassurer, pour éviter que ceux qui connaissent un "deuil difficile" s'inquiètent inutilement.

Je veux aussi retenir de l'expérience douloureuse que nous vivons tous, chacun à notre façon, et dont je prends de plus en plus conscience, c'est que nous ne serons plus comme avant. L'expérience douloureuse de la perte de l'être aimé nous a changé profondément, nous amenant à abandonner la "carapace du superficiel" pour laisser s'exprimer pleinement notre dimension humaine : nous en témoignons tous ici sur ce forum. Je n'imaginais pas, auparavant, être capable d'écrire ce que j'y ai écrit.
Pour nous la vie ne sera plus comme avant, comme elle l'est encore pour beaucoup de ceux qui nous entourent, car nous savons aujourd'hui que souvent elle ne "tient qu'à un fil", qu'elle est très précieuse et qu'elle a une fin. Nous sommes ainsi conduits (et non pas condamnés!) à la vivre désormais plus intensément, avec toujours au fond de nous une douleur apaisée.

Alors, Caroline, avance au jour le jour. Apprécie les progrès que tu accomplis, même s'il y a parfois quelques petits retours en arrière.

Très cordialement.  Daniel
Titre: u
Posté par: Caroline3 le 09 juin 2012 à 00:05:50
Et non, Karine, je ne couche pas avec une photo de qui que ce soit  ;D

Et je ne crois pas être obsessionnelle par rapport à lui. Ses idées, ses écrits sont des références pour évoluer, avoir une idée plus nette de la situation. Je vois sont approche comme un repère et un heureux repère. Tu sais, quand ça va mal, je le relis, je l'écoute et je me sens rassurée.

Quand j'ai décidé de rédiger ce post, c'est la phrase "Ça peut durer des années et ce n'est pas pour autant pathologique" qui m'a fait du bien, j'ai voulu en parler à quelqu'un...

Dis, à qui est-ce que je peux en parler? Où aurai-je un retour sinon ici?

Savoir que ça peut durer plusieurs années, c'est tout de même une révélation! Alors qu'autour de moi, on espérait, après quelques semaines, que je sois "guérie"... Dire que je l'ai cru...

Quand il écrit qu'on croit devenir "fou", j'ai tout à fait compris:  ça m'est arrivé. Je ne vais pas bien au point de penser que je serais vraiment folle, mais c'est pas loin..

Qui donc m'a fait comprendre ça? Qui utilise les mots qui donnent un sens à ma vie actuelle (pas toute, mais par rapport au deuil)? Difficile de trouver mieux. En fait, on est drôlement chanceux de pouvoir y avoir accès.  Comme ses écrits et ses vidéos (il y en a beaucoup!) sont ceux qui sont les plus accessibles (en français) et qu'il s'adresse directement et facilement à l'endeuillé, ça reste une référence qui me fait du bien.

Alors que je n'avais que mon psy deux fois par semaine (mais vraiment personne d'autre) ce site et les écrits et les vidéos sont arrivés comme une bouée, j'étais en train de me noyer et ça ne fait pas si longtemps que ça (deux mois?): Je le cite:
Citer
C’est là où vous comprenez combien il est utile d’être accompagné(e) sur votre chemin. En ces temps de souffrance, les programmes d’accompagnement que vous trouverez sur le site de « Traverser le deuil » pourront vous être d’une aide considérable.

Voilà, c'est considérable. Dans mon cas, ça faisait tout de même deux ans que j'étais dans un vide quasi total.

Reste qu'il y a d'autres lectures complémentaires que je fais - j'en ai un autre et je vais à la bibliothèque consulter. Et puis, je vois le psy aux deux semaines. Lui ne me donne pas de réponse, je dois les trouver moi-même.

Le fait de le rédiger, ici, Karine et Daniel, c'est bon pour moi.  Je ne m'attends pas tant à des conseils - quoique certains m'aient aidée - mais à un soutien, et vous êtes bien là.

Lorsque ça cafouille dans ma tête, je prends la décision de rédiger ici, en me disant que j'aurai un sourire, un développement, une idée nouvelle, une écoute.

---

Maintenant, j'irai dans le sens contraire de ce que tu dis, Karine: lire, relire, écouter, réécouter et puis, pourquoi pas ne pas prendre un sujet, une présentation d'une étape, de ce qu'on a lu dans une livre ou entendu dans une vidéo et essayer de comprendre où on en est rendu, à notre étape du deuil. Faire un lien entre ces apprentissages et notre vie.

Je crois que pour plusieurs, nous sommes aussi ici, non seulement pour échanger, mais aussi pour avancer, pour comprendre.

Vidéo 5 du module 8

http://traverserledeuil.com/etre-accompagne/les-modules-daccompagnement/module-8--vivre-avec-autrui-et-avec-soi-meme :

(plus ou moins selon les mots lus par la dame):
Citer
"Prendre le temps de rester seul et ressentir la douleur, pour s'en libérer. Entrer dans la douleur pour en sortir. Temps de silence: moment de ressourcement intérieur, temps de convalescence intérieure. Comment faire pour se ressourcer? Écrire, ne rien faire, accomplir un rituel, respirer, inspirer. Puis recommencer.

Alterner les moments de solitude avec des moments avec les autres.

Ce n'est pas du temps perdu: c'est du temps gagné sur la souffrance. "

Cette dernière phrase m'a touchée: on peut donc gagner du temps? Ne pas rester bloqué, si on suit un processus connu? Ça, je ne le savais pas non plus :)

Et l'écrire, et le relire me permet de l'appliquer, du moins, en partie.

---

Merci encore pour votre soutien, et j'espère que vous dormez en ce moment, ici, c'est l'heure du souper :)

Caro
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Chris-ka le 09 juin 2012 à 08:40:11
Caroline,

Après coup, j'ai regretté de t'avoir écrit un tel message qui n'avait pas pour but de te blesser et je l'ai d'ailleurs effacé, tu as raison, il n'a aucune utilité ici.  J'avoue n'avoir été ni délicate, ni pédagogue.

Tu as raison, c'est grâce à lui que tu vis pleinement ton deuil aujourd'hui, que tu en as compris les étapes.

Je m'excuse sincèrement si je t'ai blessé.

Amicalement,
Karine
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Marina Saboya le 09 juin 2012 à 09:07:43
Bonjour,

Ce que j’ai retenu de la lecture du livre de Ch.Fauré… c’est que j’étais à peu près normale.
    Que ne pas être au plus profond du désespoir dans les premiers mois était normal.
    Que s’effondrer soudain après 6 mois était normal.
    Que pleurer, parler, écrire et demander de l’aide étaient nécessaire.
    Que les étapes pouvaient être plus ou moins longues, et par forcément dans le même ordre pour tout le monde.
    Que jamais je ne « ferais mon deuil », mais que je l’apprivoiserais, le dompterais, le canaliserais.
    Qu’après un deuil si difficile, rien n’est impossible.

Ce que j’ai appris depuis le départ de Pierre, c’est que la mort fait partie de la vie.
    Que les conférences du type de celle de Fauré devraient être faire partie de l’éducation de nos enfants, être diffusées à la télévision, ou sur les radios, … et par la médecine du travail, plus particulièrement aux dirigeants d’entreprises.
    Que l’ont devrait reprendre les anciennes traditions de veillées, de réunions de famille pour aider et soutenir le veuf ou la veuve.
    Que la société est égoïste. Que l’argent mène vraiment le monde. Que les vrais amis ne sont pas là où on les pense.
    Que pour nous, nous laisser le temps est essentiel, indispensable, vital. Que pour les autres, le temps c’est de l’argent.

Ce que j’ai appris sur ce forum, c’est que nous sommes très nombreux à avoir vraiment Aimés et que nous sommes très nombreux à souffrir terriblement.
    Que nous ne sommes jamais préparés à cela.
    Que la solidarité et la générosité existent… chez ceux qui ont le cœur brisés.
    Que nous ne pouvons pas nous en sortir seuls.
    Que de la discussion peut jaillir une étincelle d’espoir.
    Que le corps et le cerveau humain ont des ressources insoupçonnées.

Et ce qui m’entraine vers demain, c’est que le soleil va encore se lever et moi avec.

 :-*

Marina
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: mc59 le 09 juin 2012 à 09:47:37
merci Marina !
tu as souvent les mots que je voudrais écrire et qui bien souvent ne sortent pas ...
oui , nous ne sommes jamais prêt(e)s à vivre le deuil,
et en même temps la Vie continue , et nous avançons pas à pas , jour après jour, avec des creux de vagues , mais avec des rayons de soleil parfois .
pour moi , après bientôt 18 mois , le manque est toujours là, mais j'apprends à construire une nouvelle vie, riche de tout ce que j'ai vécu avec Jean-Marie; quand je fais quelquechose comme il le faisait  les enfants me le font remarquer ,  et on sourit ensemble.. signe qu'il fait vraiment partie de moi ;
J'apprends aussi chaque jour à tenir compte de mes limites;
le deuil c'est un 'tsunami' qui nous traverse et nous sommes anéantis , émotionnellement , physiquement , intellectuellement.
il faut savoir nous donner du temps, et savoir dire aussi aux autres qu'il faudra lontemps avant d'avoir récupéré tous nos moyens.
Lire , parler avec ceux qui savent écouter ,  venir se dire ici sur le forum, tout cela nous aide à vivre un peu mieux chaque jour .

je vous souhaite une douce journée ;
amicalement
marie-claire
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: elo73 le 09 juin 2012 à 09:55:37
Oui Marina tu as raison sur ton apprentissage du deuil et ce que tu as pu en retire. Pour tout vous dire moi je n ai pas encore lu le bouquin de C Faure mais j ai beaucoup apprécie la conference et les vidéos du site qui m ont rassure et apaisse comme le fait ce forum. Comme le dis bien Daniel je ne crois pas qu il faille faire une lecture stricte et rigide du livre de CFaure. C est a chacun de trouver son chemin, nous nauront pas tous besoin des même éléments pour nous "en sortir". Je dois avouer cCaroline que moi le message de Karine m a fait un rire et ça fait du bien, c est vrai que tu cites souvent C Faure et je comprends ce besoin de t imprégner de ces mots pour soulager tes maux mais on doit bien reconnaitre qu on est un peu obsessionnel avec le deuil. Moi je pourrais parler pendant des heures et des heures de johan et de ma souffrance. Bises Elodie
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: mamita le 09 juin 2012 à 10:05:15
Tout est dit

Merci Marina de ta générosité ... ton esprit de synthèse permet d'aller à l'essentiel, un excellent résumé. Je suis entièrement d'accord quand tu dis que tous ces aspects de la vie devrait faire partie de l'éducation des enfants, nous en parlions avec des amis qui accompagnent les familles endeuillés, très récemment.

Pour moi et pour bien d'autres ici, qui avons dans la soixantaine, la mort a toujours fait partie de notre vie :
J'ai veillé avec toute la famille mon père à 6 ans, mes grand-mères à 8 ans, puis l'autre à 14 ans et mes grands pères vers 30 ans et ensuite adulte ce furent mes beaux parents, une belle soeur, un neveu, mon frère en 2010, Antoine en juillet 2011.

Quand j'étais enfant, avec mes frères, mes cousins et cousines, nous visitions les cimetières à chaque fête religieuse et pour nous cela n'avait rien de morbide. Je suis allée fleurir la tombe de mon père avec ma grand'mère chaque semaine et c'est elle qui m'a appris à composer de très jolis bouquets.

Cet accompagnement des morts a fait partie de notre vie, les rites étaient forts ... est-ce ce chemin qui nous a donné "une Force", qui m'a donné la Force d'accompagner mon fils Antoine qui a regardé la mort avec courage et lucidité.
A 20 ans, il avait veillé l'une de ses grand-mère avec moi, ça ne l'effrayait pas ...  

C'est vrai que j'ai essayé, avec mon mari de faire comprendre à mes enfants que "la mort fait partie de la vie". Mes petits enfants l'ont compris eux aussi, j'espère qu'ils seront "armés" et n'étant plus "croyants" nous avons inventé d'autres rites, dans notre famille pour que nos êtres chers restent bien vivants dans nos coeurs.

Oui la mort fait partie de la vie, ne jamais l'oublier pour VIVRE jour après jour et s'émerveiller de chaque instant, même si nos "êtres chers" nous manquent terriblement !

Bon week-end à toi et  à tous et toutes,

Marithé
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: lilas52 le 09 juin 2012 à 10:28:18
Je ne peux rien rajouter à tous ce que vous avez déjà dit les uns et les autres. Vos mots sont réconfortants. Cela va faire 1mois et 3jours que j'ai perdu mon compagnon. Eh oui j'en suis à compter les jours. J'ai découvert ce forum et les vidéo bien tôt et cela est un grand réconfort pour moi.
Karine j'ai lu ton 1er message, il m'a ouvert les yeux: ne pas être obsédée par les étapes du deuil, chaque personne est différente et à un vécu différent je ne pense pas que l'on peut se fondre dans un moule. T'inquiète je connais depuis peu caroline mais je suis persuadée qu'elle a bien pris ton message.
Bonne journée à vous tous.
LILAS
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: thierryv88 le 09 juin 2012 à 11:36:33
Bonjour a tous
une fois de plus Marina a les mots justes, je t en remercie. Bon courage a tous
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: alsy le 09 juin 2012 à 11:56:42
eh oui MARINA tu résumes exactement  ce que nous pouvons savoir et apprendre ... sur le deuil !
celui ou celle qui n'est pas passé par là...ne peut pas comprendre !
Il faudra l'apprivoiser ce deuil  ???
mais au moins,nous avons aimé.....d'un amour sincère et fort....
bon courage à tous.... :-*
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Chris-ka le 09 juin 2012 à 12:10:42
Merci lilas, tu me rassures car j'avoue être mal à l'aise depuis ce matin. Je suis la première à dire que le but de ce forum est de n'apporter aucun jugement les uns envers les autres et j'ai été très maladroite envers caroline. Je le regrette.

Mais par contre, tu as parfaitement compris ce que je voulais dire, et Daniel aussi, "ne pas faire une lecture trop littérale" car chacun d'entre nous est différent, a une histoire différente. J'avoue que mon humour était très déplacé.

Mea culpa
Karine
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 09 juin 2012 à 15:06:15
BOnjour Karine,

Non, non, ne te sens pas coupable en plus!!! Je n'ai pas grand temps ce matin, mais je tenais à ta rassurer: tu as bien fait de t'exprimer et non, tu n'étais pas du tout déplacée! Tes mots sonnaient doux, pas du tout agressifs :)

Tu sais, je suis plus ouverte que ça. Ton mot m'avait au contraire fait prendre conscience que je dois lire plus, prendre encore mon temps, pour arriver vers une lumière plus douce.

C'est vrai, chacun est différent, mon chemin est celui-là, le tien est le tien, mais les étapes du deuil sont les mêmes et c'est long... c'était ça mon mot: c'est si long!

Sur ce fil, je veux continuer un peu encore à parler de la troisième étape, j'en ai besoin :)

---

Pas une lecture trop littérale... peut-être que je ne suis pas encore arrivée là. Je n'en suis pas à faire des poèmes, ils ne me sont pas utiles en ce moment. J'ai besoin des mots de tous les jours, des réalités que je vis. Du direct, et c'est bien ce que tu as fait! Au contraire, merci Karine.

Passe une belle journée ensoleillée :)

Caroline
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: cello59 le 09 juin 2012 à 15:17:06
Caroline,

Je viens de relire les notes que je prends au gré de mes lectures, afin de pouvoir de temps en temps relire ce qui me paraît essentiel.
Aussi, pour continuer à te rassurer, je te cite cet extrait du livre d'E. Kübler-Ross, "Sur le chagrin et le deuil".
"Nous devons accepter la tristesse comme une étape inhérente au processus de deuil, sans la laisser s'installer sur le long terme et nuire à notre qualité de vie.
Aussi difficile à endurer qu'elle soit, la dépression comporte des éléments susceptibles de nous aider dans le travail de deuil en ce sens qu'elle nous 'ralentit' et nous permet de faire le point sur la perte, nous amène à nous reconstruire totalement. Elle initie une évolution, nous pousse à explorer le tréfonds de notre âme."


Comment reçois-tu ces réflexions, Caroline?

Cordialement.  Daniel
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 10 juin 2012 à 04:41:43
Bien sûr, Daniel, ça me rejoint. Par là, je veux dire que je me suis obligée à arrêter de travailler pour me mettre sous une sorte de "perfusion artificielle à connotation dépressive".

Justement parce que je ne veux pas que ça dure tout le restant de mes jours (long terme). Or, pour ça, comme écrit Kübler-Ross, il me fallait ralentir. J'étais dans la course pure pour une période de  deux ans après le décès de Lowell. J'ai dû stopper. J'aurais pu continuer, mais je serais alors tombée, avec des séquelles plus importantes que ce que j'ai maintenant.

Je crois sincèrement avoir pris la bonne décision d'arrêter de travailler (et donc, de réfléchir, de ne rien faire..) et entrepris le processus du deuil là où j'étais rendue, mais de manière plus rationnelle qu'avant.

Rationnel... ça semble un peu bizarre, puisqu'on parle d'émotions, mais j'ai besoin d'explications et je les ai eu par les lectures - Kübler-Ross, je la lisais à mes 20 ans ;) et aussi Le livre tibétain de la vie et de la mort - mais je devrais les relire avec plus d'acuité, vu le vécu. Je les ai aussi par... vous. Que ce soit Marina, Yohann, toi, Marie-Claire, Suzy, Chriska, Élodie, bref, tous ceux qui m'ont aidée et les vidéos, bien sûr.

Le soulagement que j'ai ressenti est incomparable, Daniel, et sache que même si tout ça semble virtuel, pour moi, il n'en est rien: il est réel. J'ai senti un réel éveil.

---

Daniel, je sais que tu ne parles pas beaucoup de toi, chacun son rythme, chacun sa façon. Ce que j'apprécie de ce site, justement, c'est que chacun peut avoir la place qu'il est en mesure de prendre, au moment où il en est rendu.

Merci de ton écoute, de tes mots.

Bonne nuit,

Amicalement,

Caroline
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: hulottes le 10 juin 2012 à 22:40:44
bonsoir Caroline
je vis aussi cette 3ème étape que je trouve la plus difficile depuis le début .... j'ai l'impression que je ne sais plus ce dont j'ai besoin ; d'être avec des proches ou seule, dans l'action ou sans rien faire...je dormais de moins en moins bien , alors j'ai décidée de prendre  quelques jours de congés ... et je me suis juste retrouvée toute seule sans liste de 36 000 choses à faire, sans objectif particulier, juste pour me reconnecter avec moi même ... j'ai marché, je suis allée là ou mon mari allait souvent faire son jogging, j'ai lu... et je me rends compte à postériori du bien que cela m'a procuré ... je pense que je vais essayer de passer plus de temps avec moi même car cela m'a renforcé intérieurement ....je ne sais pas comment expliquer mais l'impression d'être plus proche de mon mari, connectée à lui, avec plusde recul sur la vie
je ne sais pas si cela peut t'aider ...
Sylvie
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 11 juin 2012 à 18:07:02
Bonjour Yohann,

Merci, merci pour ton beau mot.

Citer
...les mots vont au-delà de l'écrit par leurs précisions, souvent par leur douceur et beaucoup par leur conviction.

C'est vrai que la conviction est aidante: avoir devant soi une personne solide, qui pose des affirmations qui sonnent enfin clair dans ma tête, c'est presqu'un réveil spirituel.

Je voudrais tellement avoir une belle énergie, naturelle, qui vienne "du dedans de moi", qui parte de l'intérieur et qui me permet d'accomplir de belles choses.

Aujourd'hui, je n'ai pas l'impression d'avancer. Je regarde simplement les minutes s'écouler sur l'horloge du mur.

À + Yohann,

Caroline
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 11 juin 2012 à 18:11:06
Bonjour Sylvie,

Tes mots correspondent parfaitement avec mon vécu, en ce moment: le besoin de ne plus avoir cette maudite liste des 36 000 choses à faire. Sur le mur, j'ai ma liste de rédigée et je le regarde. Elle est sournoise cette liste, elle sait que je ne la ferai pas en totalité... Les semis de citrouille, par exemple, sont en train de jaunir, ils auraient besoin d'être repiquer. Bien sûr, je fais le plus urgent, heureusement, mais la pile de linge est époustouflante.

Partir quelques jours, et marcher seule, je sais bien que ça me ferai le plus grand bien. En ce moment, ma Lou a besoin de moi.

Merci aussi pour ton joli mot, oui, les mots personnalisés soutiennent toujours.

Passe une excellente journée, Sylvie la hulotte :)

Caroline
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 12 juin 2012 à 18:30:00
Je continue mon cheminement au sujet de la troisième étape.

Hier, j'ai vu le psy et aujourd'hui, le docteur. Semble que je contrôle... que je n'arrive pas à "lâcher prise", puisque je me culpabilise à ne pas travailler, à vivre mon deuil comme il le faut. Je crois bien que ce soit vrai: je me sens terriblement "pas correcte", au vu de la société qui fourmille tant, de prendre le temps.

Je sais bien que j'ai raison, qu'il le faut, mais l'émotion (le verdict?) est bien réelle: coupable.

Ma maison est propre, mais il y a la traîne dans plusieurs pièces. Plusieurs petites choses à bien ranger, toujours le fameux linge à plier, le bel exemple à donner à ma Lou... je me dis que je devrais peut-être trouver une 5 pièces pour que ce soit plus facilement gérable: plus de neige, plus de gazon, plus de travaux de maison, moins de coûts... mais qualité de vie qui serait en pente descendante en même temps.

Quand je dis "Lowell", les larmes me viennent encore aux yeux. Hier, je disais au psy: je ne crois pas encore qu'il soit vraiment mort, même si je sais bien pourtant. Il n'avait pas le droit d'être malade, d'avoir le cancer, la tuberculose, d'être épileptique... moi, quand je l'ai pris, il était parfait... ou presque bien sûr. En tout cas, c'est un homme fort.

Voilà pour le moment.

Amicalement à vous tous, qui lisez :)

Caro
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Marina Saboya le 12 juin 2012 à 19:30:25
Et oui, Caroline, Ton chemin n’est pas le plus facile. Tout est en décalage et ton entourage n’arrange pas tes affaires !

Coupable ? Mais de quoi mon Dieu ?
Coupable d’avoir cru que tu parviendrais à dépasser ta souffrance dans le déni et le silence ?
Qui peut te mettre des idées pareilles dans la tête ? >:(
Te voilà comme ces femmes violées qui disent : C’est de ma faute. ::)

Pas coupable, victime, oui.

Regardes toi donc dans un miroir, Caroline. Ce que tu vois, c’est une femme, une mère, submergée par une multitude de sentiments différents et contradictoires. Une violente envie de s’en sortir, une écrasante envie de ne rien faire pour cela. Une femme qui a perdu son homme, presque parfait… enfin, presque, et qui doit tout assumer, son rôle de veuve, de maman, de wonder woman, de femme de ménage, de jardinière, de cuisinière, de bricoleuse, plieuse de linge, repasseuse, ramasseuse de neige, planteuse de fleurs… Bon enfin beaucoup trop de choses ! Tout en apprenant à vivre sans lui. Et en tête à tête avec elle (Lou).

Qui ne serait pas abattu par l’ampleur de la tâche ?

Moi, je pense qu’avant toute chose, il te faut te retrouver, toi, Caroline. Ne pas vivre en fonction des étapes, des psy, du linge et de la neige. Te retrouver, réapprendre à vivre TA vie à toi, et à y trouver des petites joies, petits cailloux de couleurs qui te mèneront naturellement vers le reste.
A force de chercher, tu ne trouves rien que des reproches à te faire. Stop.

Fi de tout cela. Ne paie pas plus que tu ne l’as déjà fait, perdre Lowell est déjà très cher, cela ne doit pas te détruire mais te construire, riche de votre histoire et de votre vie, qui n’a pas été ordinaire. Prends le temps de te valoriser, de faire le point de tout ce que tu as fait de bien, de tout ce que tu peux faire encore, de penser à ton avenir et celui de Laure.

Voilà, pour le moment, mais je t’attends au tournant !!! :D

 :-* :-*

Marina

Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 12 juin 2012 à 22:14:50
C'est vrai que je me sentirais coupable si j'avais été... enfin...  ::) ::) En fait, c'est le noeud de ce que je vis: je suis coupable de ne pas être "une bonne fille", dixit maman...  ::) Du vieux stock quoi. Bonne fille = travailler, être active, souriante, généreuse...

Victime? Non, pas autant que ça Marina. Juste que je n'ai pas été éduquée à vivre mes émotions comme étant de quoi de tangible, de vrai, et de bien.

---

Ça me rejoint beaucoup en ce moment, Marina:
Citer
Une violente envie de s’en sortir, une écrasante envie de ne rien faire pour cela.

C'est parfaitement bien exprimé.

---

C'est bien le hic: "me retrouver, moi", je ne sais même pas ce que ça veut dire. Les petits cailloux de couleurs, ils sont où? C'est ce que je cherche.

Bisous Marina, Caro xx
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 15 juin 2012 à 05:30:52
Bonsoir (vous dormez, enfin, j'espère),

Aujourd'hui c'est une assez bonne journée. J'ai amené ma fille à l'école, puis suis arrêtée prendre un café dans un des meilleurs pub de Québec. J'ai déambulé dans les vieilles rues du Vieux, ai stoppé dans une boutique de cuisine, pour me procurer quelques ustensiles. Suis revenue à la maison: une amie avec son fils de 9 mois sont venus déjeuner (on dit dîner au Qc pour le midi). Je lui ai préparé un bon petit plat), puis, on est allés se promener (ma copine, son bébé et moi). Une collègue de travail. Ça m'a fait du bien, on a un peu parlé du deuil, enfin, de ce que je vivais

Puis, suis repartie chercher ma titoune et ma soeur est arrivée pour le souper. Je lui ai concocté un petit repas aux brocuettes de boeuf et pommes de terres rissolées. Avec gras de porc...  Elle est venue pour visionner avec moi le vidéo de Dr Fauré. Elle a apprécié, vu le charisme et la facilité d'élocution du monsieur. Et son message (enfin, c'est mon avis).

Elle a bien écouté. Ce qui est biz, c'est que je croyais qu'elle me poserais les questions de base indiquées dans le vidéo: qui est mort? (notre relation), Qu'est-ce qui s'est passé (le moment du décès) et Comment ça va (est-ce ça, je ne me rappelle plus).

Enfin, non, elle n'a pas abordé le sujet d'elle-même. Elle m'a parlé de son fils durant une demie-heure ou plus. Difficile...  C'est moi qui ai abordé, par la suite, certains événements de la vie de mon mari, mais pas trop. Elle m'a dit qu'elle ne se rappelait pas des moments où il n'était pas malade... et pourtant, on a voyagé ensemble deux semaines dans le sud du Sénégal avant l'accident. Enfin, elle a oublié.

Bref, ça m'a fait pensé que finalement, j'avais honte de lui. Honte de le voir dormir partout (comme mon père), suite à son traumatisme crânien), honte de le voir boire tellement, honte qu'il ne parle pas, honte, honte...

De l'écrire, c'est difficile.

C'est peut-être pour ça que je n'ai pas eu de soutien (proche du zéro pur): je n'abordais jamais le sujet moi-même...

Enfin, voilà pour ce soir.

À plus,

Caroline
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 15 juin 2012 à 08:12:53
Chère Caro,
je me retrouve beaucoup quand tu dis je me sens coupable de n'être pas la bonne fille, c'est quelque chose qui me poursuit depuis enfant le sentiment de ne jamais faire bien, de ne jamais en faire assez, d'être coupable des conflits , je lutte contre ça, car intellectuellement, je sais qu'il n'en est rien, mais c'est tellement enraciné en moi.

En même temps il faut retravailler notre souvenir de notre relation avec notre conjoint, ne pas l'idéaliser ou l'inverse. Pour moi, je n'ai que son terrible geste en tête, il m'a fait une des pires choses qui soit se donner la mort, il m'a abandonné, il m'a rejeté,alors je travaille à reconstruire une image juste de l'homme que j'aimais que j'avais choisi pour être le père de mes enfants et que mon amour n'a pu retenir je veux arriver à lui faire une belle place dans mon coeur et il faut que j'arrive à lui pardonner, à me pardonner....

prends bien soi de toi, sois douce pour toi
Amicalement
orchis
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 15 juin 2012 à 21:49:52
Ah, bien sûr, la honte, la culpabilité, tellement pénible à vivre et presque impossible à s'en débarrasser.

C'est vrai, Yohaan c'est un bon point,: Lowell avait un riche vécu, mais il avait des faiblesses que lui-même ne reconnaissait pas. Et donc, des dépendances (car on n'a jamais qu'une seule dépendance, quand il y en a une, il y a en presque toujours une seconde...).

Sinon, il était vraiment gentil. Doux, souriant. Une bonne personne.

Être "la bonne fille", pour plaire aux parents... ça me suit tellement aussi. J'espère m'en libérer, pour justement, être libre dans mes pensées, mes actions, mes choix de vie.

Merci pour le lien, c'est certain que je le regarderai! Bonne soirée, Yohann!

---

C'est vrai Marie-o, ce qu'il a fait est terrible et violent, autant pour lui que pour les autres personnes qui le connaissaient de près... vivre avec cette pensée doit être si lourd, j'espère tellement que tu es bien accompagnée... as-tu souvent raconté comment s'était passé le suicide? C'est important de le verbalisé, pour en faire sortir la charge émotive, du moins, en partie, c'est certain.

Bon courage, Marie-o et merci pour ton mot.
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 15 juin 2012 à 23:48:26
Chère Caro
Une petite phrase du "bon docteur Fauré":le chemin de la raison à l'affectif est long et tortueux, c'est vraiment ce que je ressens ; je peux être si logique, si raisonnable, si raisonnée sur le plan intellectuel et en même temps si irrationnelle si incontrôlable sur le plan émotionnel et affectif.
Et , oui nous sommes tous avec nos qualités et nos défauts, avec nos forces et nos failles, et ceux que nous aimons aussi et nous les avons aimé et nous les aimons , car ils étaient profondément humains
Comprendre pourquoi j'ai choisi et aimé et aime Michel et  comprendre une partie de son histoire (il emmènera avec lui sa part d'ombre et de mystère)  c'est aussi me découvrir et  comprendre le couple que je formai avec lui , c'est le long travail que j'ai entrepris avec ma psy  et j'espère continuer ainsi d' avancer sur le chemin de ma liberté en laissant tomber ces chaines que sont les sentiments de culpabilité et de colère et ce besoin de reconnaissance  et qui sont tellement ancrés en moi
Ce chemin de liberté que j'avais initié il y a déjà si longtemps et où je puise un peu de force , il va falloir le reprendre et aller encore plus loin dans mon cheminement dans ma recherche dans mon histoire .
J'espère sortir plus grande de ce deuil, avec au fond de mon coeur une image réparée et juste de Michel et de mon couple en ayant cicatrisé les blessures profondes de la petite fille  et de la femme meurtrie
Mais c'est si peu dire que j'ai peur des jours à venir, mes protections tombent petit à petit, et je me sens pas très douée pour surfer sur les vagues de violence et de souffrance qui se dessinent
mais bon je m'étais dit " à chaque jour suffit sa peine" alors ....je vais essayer de garder le cap en laissant mes émotions s'exprimer
Et, oui , Caroline, Lowel  avait ses failles et ses blessures qui lui appartenaient et qui étaient liées à son histoire, mais il avait aussi de  grandes qualités , il t' est peut être nécessaire de revenir à une image plus juste de lui, car c'est ce qui le rendait si humain et attachant
amicalement
orchis
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 16 juin 2012 à 17:17:22
Tu as bien raison, Marie, revoir la beauté de cet homme, c'est important.

Devenir non pas une "bonne petite fille", mais à une femme équilibrée (est-ce vraiment possible)? En tout cas vivre ma vie selon ce que je suis, mais ça, je ne le sais peut-être pas encore. Je suis donc à le recherche de la vraie "moi".

---

Hier, j'ai fait un vrai travail de deuil. Je suis retournée, pour le première fois, à l'hôpital où j'ai appris qu'il allait mourir et où... il est décédé.

Premièrement, je suis montée au département où j'avais appris son décès. Le 26 février 2010, le pneumologue nous dis assez rapidement qu'il reste 7 semaines de vie, s'il n'y a pas de chimio. Je reste quelques minutes dans la pièce, mais il n'y a pas de mouchoirs, que du papier rêche brun. Je sentais venir le "tsunamie" de douleur en moi et je suis sortie, pour pleurer dans le corridor. J'ai pleuré très fort. Une infirmière travaillant en recherche est venue me voir et m'a donné des mouchoirs, on a un peu parlé et elle m'a dit que je serais mieux (intimité) de pleurer dans les toilettes. Je crois que ça m'a fait encore plus mal...

Hier, je suis donc retourné dans son bureau. La jeune dame qui était là ne savait pas qui était cette dame. Semble qu'elle ait pris sa retraite. Elle m'a donné des mouchoirs et elle m'a écouté avec gentillesse, douceur. Ça m'a fait du bien.

Après, je suis allé dans le département où Lowell est décédé... je suis rentrée dans la chambre où une dame faisait le ménage. Elle ne m'a pas parlé, ne comprenait pas (je lui ai expliqué, mais je pleurais trop). Elle a continué son travail. Je ne suis restée que quelques secondes. En sortant, je pleurais beaucoup. J'aurais dû être accompagnée par quelqu'un... juste pour être prise dans les bras. Mais le fait de pleurer m'a fait du bien.

Par la suite, la journée s'est bien déroulée, je n'ai pas fait tout ce que je devais, mais j'ai acheté des jolies fleurs. J'ai fait à manger à Lou et on a écouté un film pour enfant "Beethoven". On a beaucoup apprécié.

Voilà! Bonne journée à tous, ici, l'été est bien installé (enfin!). Il fera beau encore pour quelques jours. J'espère avoir le courage de réaliser certaines tâches importantes.

Caro xx  :-* :-*
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Marina Saboya le 16 juin 2012 à 19:03:49
Caroline, Marie-O, Yohann et tous…

Je repense à la visite de ta sœur, Caroline.
Ses non-interrogations sur ton état moral est la preuve même de la peur que nous inspirons maintenant aux « vivants » ( !). Ce silence qui nous traumatisme n’est pas une précaution pour éviter de nous faire souffrir, mais un rejet pur et simple pour éviter de SE faire peur. Ils oublient, tout simplement. C’est tellement pratique. Il n’y  a pas de malignité, simplement une grosse, très grosse part d’égoïsme qu’ils masquent derrière un « Je n’en parle pas, cela te ferais trop mal ».
Bon, une fois qu’on le sait, on parle aux autres, à ceux qui savent.

Honte parce que Lowell n’était pas l’image du mari parfait ?
Coupable car tu n’as pas été la fille parfaite ?
Qui peut prétendre être parfait ? Bonne fille, bonne épouse, bonne maitresse, bonne mère, bonne salariée, bonne patronne…

Bannis donc de ton vocabulaire ces mots terribles et destructeurs.
Dans la foulée bannis aussi « regrets », « remords »…
Mais si tu dois l’écrire pour le rayer de ton esprit, alors écris tout ce qui te bloque et rayes, ratures, noircie...

Ceci dit, les gens que j’aime, je les aime autant pour leurs qualités que pour leurs défauts, que pour leurs faiblesses, que pour leurs forces, la platitude n’a aucun intérêt.
Qui tombe amoureux d’une carpe ?
C’est cool, une carpe et pas difficile à vivre…



Tu as raison, Marie-O, c’est difficile de mêler sentiment et raisonnement.
« Je peux être si logique, si raisonnable, si raisonnée sur le plan intellectuel et en même temps si irrationnelle si incontrôlable sur le plan émotionnel et affectif. »
C’est si terrible ce qu’il a fait.

Avant de perdre Pierre, j’avais un jugement sévère sur le suicide.
Aujourd’hui, je fais mon mea culpa.
En 22 mois, j’y ai pensé 100 fois, 1000 fois au suicide. Et je me suis arrêtée à la dernière seconde, plusieurs fois. Je peux dire que ces instants là, d’extrême limite, au bord de l’action, je ne suis pas moi-même, hors du monde, hors de moi-même, étrangère à ce qui m’entoure et incapable de penser, de réfléchir et d’imaginer les conséquences. Plus d’instinct de survie. Plus de raisonnement. C’est presque… animal.
Et soudain, une étincelle me ramène sur terre et je prends conscience de la situation. Je parle au présent car je ne suis pas sûre d’avoir totalement passé le cap, mais je sais que l’étincelle m’arrêtera toujours.
Je voulais te dire cela Marie-O, simplement pour que tu saches qu’au moment où il a fait cela, il n’était pas lui. Il ne t’a pas rejeté, il ne t’a pas abandonné, il a perdu pieds et personne n’aurait pu l’en empêcher. Il n’a pas vu l’étincelle.
Tu es formidable d’entreprendre ce terrible travail, afin de  reconstruire l’image de ton amour en occultant son geste, car l’homme de ta vie, le vrai, c’est celui d’avant.
Et tu arriveras à lui pardonner, parce que celui qui a fait cela, ce n’est pas lui. Et parce que tu as une énorme générosité au fond de toi.

Yohann,

« Prendre de la distance vis-à-vis du passé ».  Qui eu cru il y a quelques mois que tu nous suggèrerais une telle vidéo.
Je suis dans un si petit village, si mal placé, et si mal desservi, je ne parviens pas à la visionner et j’enrage.

Tu as raison Yohann de « reprocher » à Caroline sa recherche de la perfection.

« Pourquoi attends-tu de toi un sans faute ? »… … … … … … Oui, Yohann, c’est toi qui a écris cela.

Et autres extraits de ton message : « Recherche ta paix, pas ta perfection ! »
… … … … … …

Ah, oui, nous avançons, nous avançons.


Tendresse à tous.


 :-* :-* :-*

Marina
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 17 juin 2012 à 05:54:05
 Bien sûr, vous êtes un exemple rédempteur (pour moi), bien sûr, on se contredit, et on se répète, et bien sûr, ça fait du mal et ça fait du bien.

---

Attnends... Marina, tu arrives difficilement à visionner les vidéos parce que tu es dans une zone éloignée?

---

Je reviens demain,il est trop tard!


Bisous, Caro xx
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: sofyoan le 17 juin 2012 à 09:38:55
bonjour à tous,
et un autre bonjour plus particulier à Yohann, ravie de te retrouver sur le forum.

me voici de retour apres quelques temps passé dans ma famille pour preparer mon demenagement de cet été. malgré l'amour et le soutien des miens, je traverse de nouveau un creux, cette fameuse 3 eme etape, cela faisait 6 mois dimanche dernier et tous les images sont revenues: celles de ce matin là, le samu, le corps dans ce sac gris, la chambre funeraire...et aussi maintenant la question, son corps dans cette boite, dans ce trou, à quoi ressemble t i l mon bel amour maintenant? oui je sais c'est morbide, mais cette pensée revient souvent ces jours...pffffff.
et puis cette vie, dont je ne veux meme pas, pas meme cette nouvelle qui se profile, ce n'est pas celle dont j'ai besoin, non j'aimerai tellement qu'il revienne...tout comme mon fils qui attend son papa, il se met à la fenetre et regarde le portail, il guette puis prend le telephone pour appeller papa. il y a quelques temps j'arrivai encore a etre calme et lui expliquer que non il ne reviendrai pas , mais maintenant cela m'explose le coeur et n'amene que mes larmes.

je vais vous lire , prendre connaissance de vos echanges de ces derniers. j'y puiserai du reconfort, comme vous savez si bien le faire.
bises a tous

sofi
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 17 juin 2012 à 10:19:20
bonjour à tous
je lis vos réponses

il n'est pas question d'occulter le geste de mon hommel c'est l'aboutissement de son histoire, c'est ainsi que finit notre vie de couple , je dois reconstruire en moi une image juste de mon homme, je l'ai aimé , je l'aime avec ses qualités ses défauts, avec sa part de lumière et d'ombre son humanité
mais son geste occulte sa part de lumière et tout le positif tout le merveilleux de notre vie commune pour l'instant
et je suis en colère contre lui, contre moi
contre lui,d'avoir tant tarder de prendre soin de lui , de ne pas s'occuper de l'enfant abimé qu'il était au fond de lui, et d'en arriver à ce geste terrible , par lequel il m'abandonne , il abandonne mes enfants, comment vont ils pouvoir avancer et continuer de se construire
il attendait toujours de moi les solutions que je le "soigne" que je le soutienne et  je n'ai pas pu  je n'ai pas su, c'était trop violent, je lui ai dit que je ne pouvais pas faire pour lui, que lui seul pouvait faire  
Quand il a basculé dans cette dépression si brutale , le 7 janvier il faisait des projets sur ce pavillon avec ses 3000 m2 de jardin que nous venions d'acheter, un projet dont il était à l'initiative, Avec une vue imprenable, de la lumière, du soleil jusqu'au dernier moment de la journée,la nature tout autour de nous, un sentiment d'évasion de liberté,  de bien être d'être à ma place m'envahissait et Michel  ressentait de même me disait il et je le croyais et je le crois toujours
le 15 janvier, il voulait vendre, il metttait la même force de conviction que pour l'achat, je n'ai pas compris , j'ai été très en colère, perdue , puis j'ai réalisé et il était si mal et je me sentais si démunie il a vu son médecin 3 fois, il a vu une psychologue, le 1er février il s'est pendu entre 6h55 et 7h 35 il avait rendez vous le soir chez un psychiatre , il a été victime d'un raptus , mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il a eu peur d'ouvrir sa boite de Pandorre... Il aurait fallu qu'il s'occupe du petit garçon qui était en lui, qui était abîmé par ses parents d'une manière inconsciente, car eux même abîmés.
je vais aller vivre dans ce pavillon , quand je me sentirais prête, je ne peux rester dans notre maison où il a fait tout de ces mains où nous avons tant de souvenirs, mais où j'ai désormais ce qui va être le pire souvenir de notre vie commune car il s'y est pendu.
Quand à l'obligation d'être la bonne petite fille, je pense que cela remonte à mon enfance, à l'attente de mes parents, j'y ai déjà beaucoup travaillé, mais je dois encore prendre soin de cette petite fille pour  l'aider à grandir
 La conclusion du livre du Dr Fauré nous dit bien que nous devons prendre en main notre travail de deuil pour arriver là ou nous voulons arriver, devenir qui nous voulons
Je sais qu'il a raison , j'ai déjà vécu  2 deuils : celui de mon père il y a 9 ans et celui de mon amie d'enfance il y a 6 ans et je sais que j'ai fait des choix de vie ,des choix de façon d'être ou de faire . je veux que cette période la plus  terrible de mon existence la vivre à fond pour en sortir: être une femme plus humaine, plus responsable , plus respectueuse, plus tolérante, plus indulgente tournée vers les autres , vers la vie, et sans colère, sans culpabilité, sans rancoeur, sans ressentiment
Ouf! quel programme!!!!
Quel cheminement en perspective, c'est une montagne à gravir!!! et non un chemin de campagne!!! mais j'aime la montagne
Alors un pas après l'autre, un jour après l'autre  en essayant de garder le cap
je parle de montagne , d'autres évoquent l'océan par la tempête, le tsunami, le surf
merci de m'avoir lu ,
bonne journée à tous
orchis
  
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 17 juin 2012 à 15:00:07
Citer
Tu as raison Yohann de « reprocher » à Caroline sa recherche de la perfection.

« Pourquoi attends-tu de toi un sans faute ? »… … … … … … Oui, Yohann, c’est toi qui a écris cela.

Et autres extraits de ton message : « Recherche ta paix, pas ta perfection ! »
… … … … … …

Je vais peut-être y arriver, mais par obligation. Je veux dire... tout mon corps, tout mon esprit désire non pas la perfection (je ne le vois pas ainsi) mais une vie accomplie... mais oui, je veux accomplir de quoi, sur cette terre. Je ne sais pas encore quoi. Et pas juste élever ma fille, parce qu'un jour, elle partira (c'est l'objectif de l'éducation). En ce moment, je travaille beaucoup plus sur le deuil, je fais des actions en ce sens. C'est difficile, mais comme je suis soutenue maintenant par les écrits, la théorie, le site, et maintenant, un certain réseau (plus que 3!).

Aujourd'hui, ce sera peut-être un peu difficile, je suis fatiguée.

Caroline
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Claudahoa le 17 juin 2012 à 15:16:25
Bonjour Caroline,
Je suis sûre que tu as déjà accompli beaucoup de choses et je n'ai aucun doute que tu continueras ainsi quand tu auras pris le temps de traverser le deuil de ton mari mais aussi de toute une vie africaine.Je ne te connais qu'à travers ce forum mais je perçois en toi quelqu'un qui se demande beaucoup et s'accorde peu alors pendant ces quelques mois gâte-toi,laisse-toi aller et tu sauras alors ce que tu veux faire de toi,de ta vie ...
Tendres bises
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Claudahoa le 17 juin 2012 à 15:45:13
Bonjour Marie-Jo,

Quand tu parles de ton mari,petit garçon abîmé par des parents eux-mêmes abîmés cela m'interpelle,me tord le ventre car j'ai vécu la même enfance,la même vie adulte en ce sens d'abîmée. J'ai eu beau essayer d'épargner mes enfants de cette destruction je n'ai pu que leur offrir des pères qui les ont abîmés,l'un amenant ma fille sous terre!Je ne pouvais pas réussir,ce n'était pas une montagne à escalader,c'était l'Everest ,le Mont-blanc,le Kilimandjaro à escalader sans être encordée!!Je ne le savais pas,je me croyais plus forte,meilleure que les autres,aujourd'hui je sais que j'étais trop démolie pour aider ma Loulou et que je n'ai pas eu la chance de rencontrer les bonnes personnes pour nous aider.Aujourd'hui il me reste les larmes,les insomnies,l'envie de dormir dans sa jolie petite maison mais aussi des enfants,petits-enfants à qui je ne dois plus infliger de nouvelles souffrances...
Excuse-moi,je voulais t'aider et les mots se sont alignés dans un automatisme incontrôlable face à toute cette douleur lancinante....
Très tendrement
Claudia
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 17 juin 2012 à 18:22:30
Merci Clauda, je crois bien que j'avais besoin de tes mots, pour me donner une meilleure énergie. J'ai acheté pour 100$ de plantes, des semis qui ont germés et les voilà grandes plantes et elles sèchent... il faut absolument que je les mette en terre.

Passe une magnifique journée!

Caroline  :-* :-*
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 17 juin 2012 à 20:05:10
Claudia
Ne t'excuse pas, surtout, j'ai beaucoup hésité à parler de mon mari ,  et de son enfance ; car je craignais de blesser des parents endeuillés par le suicide d'un enfant, et je n'imagine rien de pire que de perdre un enfant par suicide. Mais cela m'était nécessaire et mon 2ème fils a voulu un mois après le décès de son père le rejoindre, il a encore des mouvements pulsionnels et c'est tellement difficile d'aider mes fils alors que je suis moi-même avec mes propres blessures d'enfant et ma souffrance d'avoir perdu leur père , ma culpabilité.
Mais , mon mari était adulte,pour l'aider quelle alternative avais je ? je comprenais certaines réactions son manque de confiance en lui, mais pas tout , lui seul savait ce qu'il en était au plus profond de lui et il n'a jamais voulu l' affronter

Je sais que mes enfants sont sûrement blessés par ce père abîmé et moi-même qui traîne mes blessures d'enfance ( un de mes frères vient d'être hospitalisé en psychiatrie , et j'avais réalisé au décès de mon père il y a 9 ans qu'il avait déjà des problèmes graves psychiques et que si j'avais été un garçon , j'aurai été à sa place, j'ai'une famille toxique)

Mes enfants sont blessés par ce geste irréparable , le suicide  de leur père. ils ont la crainte un jour de faire la même chose.
Nous avons un peu  parlé , mais je ne peux leur dire ce que je sais de l'histoire de mon mari avec ses parents , je leur suggère de parler avec eux de leur père de son enfance, pour qu'ils comprennent d'eux même, je les rassure en leur disant qu'ils étaient des enfants très différents de leur père .Mon 2ème fils me dit qu'il a le sentiment que son père est un étranger, je lui dis que je dois, et lui aussi, travailler  une image juste  de lui, non idéalisée ou détériorée pour la garder au fond de nous
C'est bien les choses se disent petit à petit,
 
Malheureusement, Claudia,  tu ne peux que  continuer, pour tes enfants et tes petits enfants, et pour toi . Que ces blessures  soient soignées, que cette souffrance trouve un apaisement , un sens pour leur permettre d'avancer! tu peux leur montrer le chemin ...

Tu m'as aidé , car tu m'as lu  et répondu et ces échanges sont tellement importants pour moi, ils m'aident à avancer

Alors sois indulgente avec toi, sois douce avec toi
un pas après l'autre
amicalement
orchis
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Claudahoa le 17 juin 2012 à 22:46:28
Coucou Caroline,

C'est bien que tu plantes des fleurs,Lou dit se régalera à te faire des bouquets et s'il y a des salades,des tomates,des haricots à les ramasser.J'ai une de mes soeurs qui est arrivée aujourd'hui dans ton beau pays!Son fils vit avec une canadienne alors j'ai beaucoup pensé à toi entre deux flots de larmes aujourd'hui!!!
Bon je n'ai plus la vue pour les touches car mes yeux sont trop embués mais je t'envoie plein de bisous avec une citation de ma cousine chérie:
                           "Ceux qui se battent peuvent perdre, ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu ".

Claudia
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 18 juin 2012 à 07:45:52
Yohann
bien sûr, mon maril avait occulté beaucoup de choses dans son inconscient, ce que j'appelle sa boite de Pandorre, il n'a jamais voulu s'y confronté et quand il a été au plus mal , il a fait la démarche de prendre rendez vous. Il nous a manqué du temps,tout s'est joué en quelques minutes ce matin du 1er février. Et il emporte avec lui cette part de mystère.
j'étais confiante car il avait fait une démarche qui nous promettait des jours meilleurs. S'il avait réussi à prendre soin du petit garçon en lui alors les années à venir auraient été encore plus belles, nous partagions tant, des valeurs, des goûts, des projets, nous communiquions tant , sûrement pas aussi bien que je le croyais.
Il y avait tant d'amour entre nous, mais tout a basculé si vite, je fais le projet de vivre dans cette maison de mener ce projet que nous avions débuté ensemble, en même temps je me dis où serai-je  dans un an dans 10 ans dans 20 ans. Je me voyais vivre chaque jour à venir avec lui, m'émerveiller avec lui de la beauté de la nature, marcher sur les chemins, écouter de la musique devant le feu de cheminée ou en concert, découvrir , partager les moments priviligiés avec nos enfants, alors , à quoi bon?
continuer seule , pour que mes fils puissent se réaliser, s'épanouir malgré tout

Bonne journée et bon courage a vous tous
orchis
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 18 juin 2012 à 18:16:48
Bien sûr, Yohann, "si" elle n'avait pas été ce qu'elle est, avec ces forces, ces incertitudes, son histoire... auriez-vous formé un couple? C'est la Monique "totale" qui t'a séduite, c'est elle que tu aimes de toutes tes forces.

Ma boîte de Pandore est aussi sortie suite à la mort de Lowell. Mon enfance a été marquée par un papa bipolaire sévère et une maman avec un fort trouble narcissique (a eu une enfance bien pire que la mienne). Par contre, j'en suis consciente depuis mes 8 ans, et je travaille toujours pour mieux comprendre. Le décès de Lowell a en effet fait ressortir des éléments importants, et c'est bien pour mon avancée.

---

Aujourd'hui et toute la semaine, ce sera caniculaire - rare ici... Je m'occupe de mes fleurs, de mon toit, du rangement (pas encore, mais je me le souhaite).

Aujourd'hui, j'ai été prendre un bon café dans un bistrot du Vieux-Québec et ai rencontré un vieil ami du temps où j'étais serveuse. Il est flyé, mais c'est un artiste. Je lui ai parlé de mon deuil. Il m'a bien reçue, lui-même connaissant très bien le processus.

On était assis à côté du grand chef Jean Soulard (personnalité très connue à Québec), un Français, qui a un restaurant gastronomique. Une petite fleur dans mon lundi!

Voilà pour ce matin.

À +

Caro xx
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Marina Saboya le 19 juin 2012 à 08:30:12
Bonjour Caro,

He ! Tu vas dans les bars discuter avec des mecs « flyé » !

Plus sérieusement, je te vois avancer à grands pas, mettre des mots sur tes douleurs, trouver des explications et … des excuses, car lorsque l’on dit « Prends soin de toi », cela veut dire aussi, sois indulgente avec toi.
Nous ne sommes pas égaux devant la vie, dès la naissance et cela décide ensuite d’une multitude de choses de notre avenir que l’on ne peut imaginer. Ton enfance marquée par un papa bipolaire t’a peut-être mené vers un Lowell brillant mais « compliqué », secret, entier, passionné. Ta maman à  forte tendance narcissique t’a fait peut-être perdre tout confiance en toi, ce qui te mène à toujours te demander plus qu’il ne faut et à culpabiliser si tu n’agis pas comme tu l’a décidé.
Tout cela établi, tu peux poser ton lourd bagage d’enfant et retrouver ta vraie personnalité, celle qui va discuter dans les bars avec des mecs « flyé » !

Tu vois, tu as mis 2 ans à démarrer ton chemin, mais maintenant, tu coures vers ta liberté, celle où tu décides de ta vie, en compagnie d’un Lowell éminemment présent mais ne remplissant plus ton espace vital au point de t’étouffer.

Bonne journée, Caro.


Marina xxx
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: lilas52 le 19 juin 2012 à 08:50:46
Bonjour à vous tous,
je lis et relis vos messages cela m'encourage et m'aide à lutter. Je me sens très proche de vous tous et pourtant je ne vous connais pas. Je voudrais savoir ce que veut dire "un mec flyé"?
Cordialement lilas
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Marina Saboya le 19 juin 2012 à 18:49:03
Sur le site Facebook de Suzy :

Concentre-toi sur le chemin que tu as à parcourir, ne regrette pas ce que tu as vécu.
Toutes les expériences et les cicatrices ont fait de toi la personne que tu es.

 :-*
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 19 juin 2012 à 20:14:01
Merci 1000 fois, Marina, comme d'hab, tu est soutenante, et ça me soulage de te lire. J'ai un beau sourire en ce moment.

Lila, une personne flyée est une personnalité hors norme, qui parle fort, qui exprime librement ses pensées, qui exagère sûrement, mais qui est souvent authentique. Les artistes, acteurs sont souvent ainsi.

Et Marina, Québec est une petite ville, facile de côtoyer les mêmes personnes durant des années, même si j'ai quitté 15 ans. Et comme j'ai été serveuse 5 ans dans un secteur archi touristique et où le café était connu pour être le meilleur de la ville, je reconnais certains clients. Mon ami flyé, c'était un ancien client (qui squatte maintenant tous les bons café du coin hé!).

Caro xx
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 20 juin 2012 à 08:26:41
Bonjour
Je suis seule, mes fils ne sont pas là cette semaine
comme ce sera de plus en plus souvent dans l'avenir,
comme je le souhaite pour eux.
 c'est le 3ème deuil que je vis
mais celui est terrible car pour les 2 premiers mon mari était à coté de moi, il était avec moi

le premier c'était mon père il y a 9 ans: une rupture d'anévrisme , la veille il était en forme, plein de projets ,heureux de vivre, comme rarement je l'avais vu
le lendemain il n'était plus là c'était une belle semaine ensoleillée de mars
je n'ai jamais eu de relations proches avec mon père, il était plus que" compliqué", mais j'avais fait la paix en moi, j'avais fait"le deuil de mon père idéal" et je l'acceptais tel qu'il était et il le savait . Pour ses 70 ans, je lui avais offert un tableau qui s'était imposé à moi quelques mois auparavant, sans que je sois dans une recherche quelconque Quand je lui ai offert , il était entré dans une joie débordante," tu m'as compris, c'est toute ma vie" et il m'a pris dans ses bras ce qu'il ne faisait jamais
3 mois après son décès, j'ai fait des crises d'angoisse très fortes, puis en août sont apparus des problèmes avec ma famille pour la succession, je me suis trouvée   être le soutien de ma mère elle ne voulait pas voir quelqu'un d'extérieur, j'essayais de prendre une posture respectueuse vis à vis d'elle de ne pas lui dire ce qu'elle devait faire ou non, je ne la jugeais pas; à savoir que nous nous sommes beaucoup rapprochées ,je suis restée moi pendant cette période , j'ai fait mes choix en fonction de moi . Elle , par contre , ne m'est d'aucun soutien depuis le décès de mon mari, mes soeurs et frères n'ont plus ilsne peuvent me soutenir, les conflits liés à la succession nous ont éloignés, mes soeurs  voudraient m'aider  , mais elles ne savent pas,et depuis les 75 ans de ma mère, fété en famille comme j'ai laissé percer mon chagrin d'une manière violente, elles croient m'aider en ne me donnant pas signe de vie,je les ai rappelé , mais elles refusent de décrocher ou de me rappeler, c'est elles qu'elles protègent
un an après le 1er février , je suis tombée dans un escalier la nuit, ma 1ère pensée a été " enfin , c'est arrivé" j'avais trop tiré sur la corde, et la corde   s'est cassée...; fracture du col de fémur

2ème deuil : mon amie d'enfance il y a 6 ans de cette maladie le cancer , je n'ai pu être aussi présente que je l'aurai voulu elle habitait loin, j'étais prise par ma vie familiale et professionnelle de plus elle était très pudique, elle voulait que je la vois quand elle allait bien
j'ai changé de travail dans les 6 mois qui ont suivi.

Et, aujourd'hui mon homme ,29 ans de vie , ....

lui il a aussi trop tiré sur la corde , mais il s'est pendu avec... un 1er février. Pure Coïncidence!!!
Et, j'ai si peur...
         peur de la souffrance, qui arrive par vagues mes digues tiennent encore beaucoup,je sais qu'elles vont lacher encore plus et c'est déjà si difficile
         peur de la solitude
         peur des mauvaix chois,je sais que ma vie est à un tournant, qu'il va falloir la regarder sous un angle nouveau
         peur de la colère
         peur de la culpabilité
         peur de m'enfoncer
         peur de ne pasretrouver au fond de mon coeur une image juste de l'homme que j'aimais , pour l'instant, tout le bon tout le positif tout l'amour vécu avec lui est comme effacé par ce geste horrible, rayé
         peur que ce deuil éloigne mes fils
j'ai changé de nom car trop évident pour les personnes qui me connaitraient et viendraient sur ce site
donc de marie-o je passe à orchis

Bonne journée à tous
Orchis


Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: lilas52 le 20 juin 2012 à 08:29:36
Merci Caroline pour l'explication, j'ai une copine qui n'est pas artiste mais qui ressemble à une personne flyée et crois moi que cela me fait du bien de l'entendre. Aujourd'hui en Picardie un soupçon de soleil ce matin cela change tellement de la pluie. Ce que nous gagnons avec ce temps,  c'est de la pelouse bien verte.
Bonne journée ou peut-être bonne nuit?
Cordialement LILAS
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Marina Saboya le 20 juin 2012 à 09:35:19
Mon Dieu (et si il existe, j’espère qu’il a une bonne excuse !),
mon Dieu, Orchis, peur en plus d’être reconnue. Après toutes ces douleurs et ces souffrances ? Mais tu a le droit de marcher la tête haute et de mépriser les petits esprits malsains.

Mais nous respecterons ta décision.

Je me rends compte avec un peu de honte et beaucoup d’humilité qu’il peut m’être facile de
tenter de soutenir ceux qui sont dans le deuil, car j’ai eu tant de chance jusqu’ici. De l’amour en quantité et des chagrins si rapidement apaisés. J’en ai toujours eu conscience d’ailleurs.

Pour toi, Orchis, toute cette souffrance remonte à la surface avec le départ de ton Amour. Tout se mélange et se mêle, questions, révoltes, culpabilité, peur, angoisse… Mais je lis que tu ne réagis pas aujourd’hui de la même façon, et c’est important. Ce deuil là, est le plus douloureux, le plus injuste, le plus cruel, mais heureusement tu prends le temps de le vivre, de le crier, le hurler, au moins avec nous puisque ta famille « se protège » au lieu de te protéger.
On ne peut pas vraiment forcer les gens à faire ce que l’on attend d’eux.
Souvent il vaut mieux ne rien attendre des autres, les vrais viendront à toi sans te le demander.

Nous aussi nous avons peur, mais nous avons vécu le pire et toi, plus que beaucoup d’entre nous. Ta peur est légitime et il te faut l’apprivoiser en même temps que la douleur.

           Ouvre les vannes de ces digues que tu as construites pour te protéger artificiellement, laisse couler les larmes jusqu’à épuisement. Parfois, je ne me demande plus pourquoi le niveau des mers du globe remonte, nous versons tant de larmes, nous tous !
           La solitude est la peur de tous, mais avant de penser à demain, nous devons nous reconstruire et de cette reconstruction viendront des lendemains différents, d’autres choix, des révélations, des pulsions comme Suzy et l’Afrique, le bel exemple.
           Les mauvais choix sont notre quotidien, nous avons si peu de recul, et l’esprit si peu clair. Je crois qu’il faut prendre longuement son temps avant toutes décisions importantes, consulter des spécialistes, ou des personnes honnêtes, mais ne rien faire de précipiter. Encore une fois, nous ne sommes pas en état d’être lucides et clairvoyants. Tant de personnes cherchent à en profiter.
           La colère peut te soulager, les hurlements, mais elle est mauvaise conseillère. Si elle est tournée vers toi, ou ton homme, elle ne peut que te blesser, vers ceux qui ne s’occupent guère de toi, elle peut les éloigner d’avantage.
           La culpabilité fait partie du processus. On a toujours en tête des « si j’avais… », « si je n’avais pas… », c’est un sentiment humain, mais qui n’est pas productif, mais plutôt destructeur. Tu as fait ce que tu croyais bon de faire, et si tu as « raté » certaines choses c’est parce que tu es un être humain avec ses immenses qualités et ses défauts aussi, et la fatigue, le ras-le bol, les limites.
           Ton Amour a fait un geste terrible. Ce n’était pas pour te punir, te blesser, te détruire. C’est son choix, atroce et profondément égoïste, mais pas un choix raisonné, un choix impulsif et violent. Tu en connais les motivations profondes, tu n’as aucune responsabilité, et ce choix, aussi épouvantable qu’il soit, tu dois le lui laisser, il lui appartient. Il aurait pu partir au petit matin sur la route, te laisser, seule avec le travail, les enfants, disparaitre sans te donner la moindre nouvelle, ta réaction aurait été différente et pourtant, c’est la même fuite. Cela ne change rien à votre histoire, à tout ce que vous avez construit, bâti, à votre amour, tout cela est acquis, en toi et c’est cela que tu dois garder en toi.

Le tournant de ta vie, tu le prendras plus tard, quand tu auras repris courage, et que tu pourras envisager un lendemain.
Pour l’instant, toi seule compte, Orchis, tu dois écouter ton cœur, et ton corps.
Et prendre soin de toi.

 :-*

Marina
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 20 juin 2012 à 22:48:45
merci pour ta réponse, marina
j'ai changé de nom non pour me protéger mais pour protéger mes enfants ou mes proches, en effet je laisse traîner les livres du Dr Faure , et , qui sait mes enfants viendront sur ce site chercher du réconfort et ils sont pudiques de nature
orchis : clin d'oeil de notre tendresse et notre émerveillement  pour ces orchidées sauvages si étonnantes si rares si variées que nous croisions sur les chemins
j'ai déjà mis beaucoup de mots sur ces évènements, mais le chemin de ma raison n'est pas encore arrivé à celui des émotions,je ne sais s'ils se croiseront un jour, j'ai besoin de les déverser, de les exprimer ici
,je fais beaucoup déjà à l'extérieur
la solitude est pesante à la maison , le soir, le week end ,  cette maison me pèse sa présence est partout,son geste aussi.
 je ne trouve pas la force de faire le ménage, le linge , les papiers.je me remplis en mangeant jusqu'à l'écoeurement ,  par instant boire me tenterait pour oublier, mais je n'y touche pas
c'est un passage obligé à vous lire

nous parlions beaucoup ensemble, nous plaisantions beaucoup sur ce sujet , nous faisions rire nos amis à ce sujet , car nous trouvions le moyen de nous disputer pour prendre la parole,même seuls tous les 2
alors ce silence: le soir , le matin,les repas sa présence,
j'ai envie d'être prise dans les bras et de pleurer, mais il n'est plus là
j'ai envie de rire , il nous faisait rire il savait raconter une anecdocte avec une telle dérision , quelles belles parties de fou rire,
existe-t-il des stages d'humour?cela s'apprend -il? j'étais bon public
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 21 juin 2012 à 00:45:37
Ce soir, j'ai un coup de blues. Pas le goût de grand chose. J'ai pensé un peu trop à Lowell, lui qui adorait la chaleur comme en ce moment. Aujourd'hui, on était sur le bord d'une piscine, avec ma Lou...

Je nous revoyais en Guinée-Bissau dans des campements fantastiques, devant des immenses fleuves. Au Zimbabwe, visitant un pays de rêve avec les chutes Victoria, des sources d'eau chaudes, les arbres jacaranda en fleur (mauve) le long de toutes les routes des grandes villes (à l'époque...), quand on louait des vélos, juste pour faire une petite promenade, toutes les plages qu'on a faites... à Saint-Louis du Sénégal, où nous avons souvent été, dans le Siné Saloum... à pêcher, voir des centaines de dauphins. En Gambie, à manger dans le meilleur restaurant indien, à visiter des parcelles de Moringa, toujours, en Tanzanie, devant le Kilimandjaro... Quand on a traversé à pied la frontière entre le Zimbabwe et l'Afrique du Sud, c'était tellement magique! Avec tout le monde, on traversait à pied des régions spéciales. Et la magnifique ville de Cape Town, et Stellenbosh, avec ses vignobles... les centaines d'éléphants dans des zones éloignées, des animaux sauvages, dans de nombreux parcs et notre lion... qui nous a pris si longtemps avant de pouvoir l'observer...

Et j'en passe... dont la France, Sarnia, et tout autour, les Pyrénées avec lui... j'ai tellement de photos de tout ça... on était beaux, on était fort.

Puis l'accident de scooter en 2009, alors que Lou n'avait que 9 mois, où je travaillais au Nord du Sénégal, en pleine brousse. Tout a été alors bousillé.

---

Alors, le bord de la piscine municipale à Québec, ça m'est rentré dedans: paf, retour à la réalité.

J'arriverai donc jamais à dépasser tout ça? En plus, mon doc, a écrit aux assurances que je vivais un deuil pathologique... c'est sûr, c'est mieux pour recevoir mon salaire, mais ça aussi, ça m'est rentré dedans.
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 21 juin 2012 à 07:52:33
Caro
tu as vécu tant avec lui , tous ces souvenirs toute cette richesse de vie
oui tu fais le deuil de l'homme que tu aime, mais aussi de cette vie si riche, si pleine de découvertes, d'expériences que vous partagiez ensemble
alors sois douce avec toi et bisous à ta Lou
 
amicalement
orchis
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 21 juin 2012 à 17:42:01
Merci Orchis. Aujourd'hui, pas grand énergie non plus. Il y a pourtant tant de choses à faire dans cette maison!!! Et le bordel est si facile à faire, sans que je ne lève le petit doigt.  ::)

Caro
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 21 juin 2012 à 23:34:14
Chère Caro
j'aime ta façon de dire les choses, eh oui il est plus facile de mettre le bazar que de l'ordre , mais ne serait-ce pas à l'image de notre tête de notre vie qui est sans dessus dessous
merci de me faire sourire, malgré tout .
Je devine par ta façon de t'exprimer une femme spontanée et tellement vivante et vraie , et, je sens que tu trouveras ton chemin parmi les embuches du deuil , que tu en sortiras grandie
Amicalement
Orchis
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 22 juin 2012 à 05:04:18
On se soutiens, Orchis, des fois, sans le savoir ;) C'est vrai qu'ici, le mot a souvent une saveur colorée.

---

Le rangement est depuis plusieurs années une obsession, si on moins ça paraissait (que c'est rangé)  ::). Meu non... c'est toujours à recommencer!

Allez, bonne nuit, me reste quelques minutes encore avant d'y aller à mon tour.

Caro
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 22 juin 2012 à 16:54:13
Travail de deuil: je suis dans le flou, dans un certain vide. J'entends dans ma tête: fait de quoi, move-toi le derrière... et la voix du travail de deuil me dit: "Fout rien, attends que l'énergie revienne".

Et si ça ne venait jamais? Si le désir d'agir, celui qui est plaisant ne se présentait jamais?

Voilà pour ce moment. Peur au ventre.

Caroline
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 22 juin 2012 à 18:59:26
Caro,
Mais si ,Caro, je sens à te lire que tu as les ressources en toi, les ressources  que tu avais petite fille qui t'ont amenée à l'âge adulte, pour vivre une belle vie avec ton homme faite de voyages  et de rencontres et d'engagement, malgré une famille toxique, Ces ressources sont toujours là , il faut seulement que tu panses les plaies de la femme blessée par la perte de son conjoint et de la petite fille qui est en toi. Tu avances, tu continues de grandir, aie confiance en toi, malgré la peur
Amicalement
Orchis
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 23 juin 2012 à 20:54:15
Merci orchis.

La semaine prochaine, je vais passer 3 jours dans une maison de retraite: pas de bruit, pas de parole, pas d'ordi, quelques livres et peut-être mes photos, que je me mettrai dans des cahiers de scrap book. Peut-être mon vélo, aussi.

Ma Lou sera gardée par ma soeur.

J'ai senti un beau soulagement en sachant que j'avais pris cette décision: la paix, pas de maison à ranger, pas les 25 projets à mettre en branle dans cette maison...

---

Belle journée de la veille de la Saint-Jean aujourd'hui. Demain, c'est la fête des Québécois et ça va fêter très fort, vu le conflit politique important du Québec.

À +

Caro
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 23 juin 2012 à 22:25:51
Prendre un peu le large, bravo Caro,belle et sage décision: te recentrer sur toi,  en dehors  des affres du quotidien, n'oublie pas un cahier et un stylo pour écrire pour exprimer tes ressentis et tes émotions, tes réflexions

J'ai un projet sous le coude une semaine de randonnée en montagne avec travail sur marche consciente ou afghane ('beaucoup de silence en perspective) yoga du souffle et sophrologie hébergement dans un chalet avec piscine , hamman,etc...J'ai réussi à négocier chambre individuelle , je ne me voyais pas pendant 7 jours en groupe sans un moment de solitude, le guide a compris parfaitement mes motivations,
 Retour à la montagne, plaisr et gout partagé avec mon homme j'espère y retrouver une image plus juste plus vraie de mon mari, j'espère qu'il sera là à chaque pas et que chaque  fleur, chaque paysage, je les ressentirai avec lui comme à ces quelques concerts où j'ai été sans lui, il était là assis à coté de moi, et je savais ce qu'il m'aurait soufflé à l'oreille, ce qu'il aurait ressenti à chaque note car nous partagions les mêmes goûts musicaux
Orchis
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Claudahoa le 25 juin 2012 à 01:07:04
Bonsoir Caroline,

C'est bien ton idée de trois jours de retraite,trois jours que pour toi,sans repassage(lol) mais trois jours à te retrouver en communion avec toi-même!J'ai souvent envie de faire comme toi mais je n'ai pas le courage de rechercher un lieu.
Reviens-nous si tu peux apaisée.
Tendrement
Claudia
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 25 juin 2012 à 04:54:10
Bonsoir (bonne nuit!) à vous,

Chère Orchis, c'est bien cette douce balade, quelque part dans les saines montagnes de la France (les montagnes de France me fascinent), si en plus il y a le hamman... et si tu peux y retrouver, en partie, ton homme, ce sera un soulagement, une douceur inespérée.

---

J'ai rêvé à Lowell, la nuit passée. Je pleurais beaucoup, et il ne me prenait pas dans ses bras. Il n'a jamais su aider quand l'émotion était à son comble. Mais dans ce rêve, c'était bon de le voir et en même temps, il y avait un bienfait de le sentir là, doucement, simplement, normalement.

---

Claudia, pour le repassage, je ne le fais jamais, il y a tant d'autres tâches à régler dans une grande maison...

Pour la recherche d'un lieu de retraite pour quelques jours, quand on y arrive, ça devient d'une évidence, quand il est temps. Des événements qui arrivent "par hasard": ma soeur qui me propose de garder 5 jours ma Lou. Par la suite je me demande ce que je ferai durant ces 5 jours... Saint-Benoît-du-Lac... la petite retraite solitaire, sans bruit, dans la nature, pour 60$ tout compris (logement, trois repas), c'est impossible de faire mieux.

À +

Caroline xx
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Benedicte le 25 juin 2012 à 10:41:15
Travail de deuil: je suis dans le flou, dans un certain vide. J'entends dans ma tête: fait de quoi, move-toi le derrière... et la voix du travail de deuil me dit: "Fout rien, attends que l'énergie revienne".

Et si ça ne venait jamais? Si le désir d'agir, celui qui est plaisant ne se présentait jamais?

Voilà pour ce moment. Peur au ventre.

Caroline

Oh que oui, la date arrivant à grands pas (29 juin), que cette lassitude, ce manque d'entrain, cette tristesse sont lourds à porter. Je me demande si un jour j'y arriverai.

cela me fait peur, j'ai l'impression d'être un poids pour mes proches.
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 29 juin 2012 à 15:28:40
Bonjour à vous,

(je récapitule un tout petit peu: mon mari est décédé en avril 2010, nous avons eu une petite fille qui a maintenant 9 ans. J'ai stoppé le travail en juillet 2010 pour 3 mois afin de m'occuper des affaires en plan laissé par mon mari américain -- on avait vécu en Afrique durant des années, toutes nos affaires y étaient - et y sont encore... -- et ce n'est qu'en fin avril de cette année que j'ai "flanché" - que j'ai laissé tomber mes valises, comme dit mon psy que je vois depuis un an, épuisée physiquement et mentalement. J'ai donc demandé un arrêt de travail. En ce moment, je fais un travail conscient de deuil. Je ne sais pas où je m'en vais, mais j'y vais par étape

---

Je suis de retour chez moi, un peu plus tôt que prévu.

Mardi, je suis aller porter ma fille chez ma soeur à Laval et par la suite, j'allais partir vers le Monastère, mais il était trop tard, alors je suis aller dormir chez ma mère. C'était bien, elle a maintenant une plus belle ouverture qu'avant.

Le lendemain, je me suis donc rendue au Monastère pour y rester quelques jours, mais la soeur qui m'y a accueillie m'a dit qu'à partir de jeudi, il fallait partir. Alors, j'y suis restée une seule journée (deux jours, un dodo). Il y a un protocole à suivre: ne pas parler, arriver à l'heure aux repas (ne pas parler) mais pour le reste, on est libre. J'ai marché un peu autour du Monastère (un parcours de prière assez beau, même si je n'ai pas du tout la foi), me suis occupé un peu de mes photos et ai beaucoup-beaucoup dormi. J'ai un peu pleuré. Pas en regardant les photos, non, c'est assez joyeux, mais plutôt en pensant à la route de ma vie à faire seule. Au fait que depuis plus de 10 ans et même plus (depuis l'accident à Lowell), je suis dans la solitude extrême, la sensation de l'échec à son pire, l'idée que cet homme ne s'occupait pas vraiment de moi, ne voulait pas comprendre ma détresse - la sienne devait être pire.

D'ailleurs, je dors beaucoup, ça me questionne: pourquoi? Je m'aperçois que finalement, j'ai besoin d'au moins 9 heures de sommeil, sinon, après, je suis épuisée. Hier, j'ai tout de même fait de la route 9 heures, presque sans arrêt (je visitais la région et je voulais trouver une place où rester, mais c'était vraiment inabordable). Je suis donc revenue chez moi, et j'en suis très heureuse.

Ça valait la peine de partir, de voir un autre ailleurs. J'ai pourtant tant et tant voyagé, mais là, je partais pour aller encore "chez moi", au Québec. Même si la nature, au sud, est plus verdoyante, les arbres plus grands - méchante différence dès qu'on descend au sud, j'ai eu l'impression, peut-être parce que j'étais seule, que j'étais très loin.

En revenant, hier soir, à Québec, j'ai senti un soulagement. Comme un besoin d'être en sécurité, chez moi, devant mon beau jardin rempli de magnifiques fleurs. Même si je suis seule, sans ma fille pour encore quelques jours.

---

Mon patron m'a appelée alors que j'étais au Monastère pour me dire "On a hâte de te revoir" et un autre supérieur, qui m'a aussi appelé lundi passé... Ça me bouscule, je sais très bien qu'ils ne veulent pas mettre de pression, mais tous mes contrats sont donnés à des employés de ma boîte qui ne connaissent rien de rien au développement international, ça va faire des beaux dégâts quand je vais revenir... si je reviens.

Aujourd'hui, je ne sais pas encore si je fais quelque chose d'actif.

Caroline

Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 30 juin 2012 à 00:11:44
Caro,
Contente de te retrouver,profite encore de ces quelques jours de solitude
et des fleurs de ton jardin
amicalement
Orchis
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: cello59 le 30 juin 2012 à 06:31:54
Bonjour Caroline,

Déjà de retour!!!   ;)

Avant de prendre toute décision quant à une reprise de ton activité professionnelle, ne devrais-tu pas tenter l'expérience d'une véritable "retraite", suffisamment longue? ….. en arrivant à l'heure, cette fois!!!  ;) ;) ;)

Dans l'immédiat, profite bien de ton jardin fleuri.

Cordialement.    Daniel
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Marina Saboya le 30 juin 2012 à 11:07:43
Bonjour Caroline,

Plein de choses intéressantes dans ton message, une fois de plus.

C’est avec plaisir que nous constatons que tes relations avec ta maman s’améliorent. Voilà, tu attends moins d’elle et elle se sent moins oppressée de ne pas toujours te comprendre. Avec l’âge, l’amour se dévoile dans son plus simple appareil, teinté de tolérance mutuelle.

Dommage que tu n’es pas pu rester davantage au Monastère. J’ai eu un jour l’occasion de faire une retraite aussi, dans un couvent, silence et réflexion, un jardin magnifique et une sérénité contagieuse. Oui, plusieurs jours sont souvent nécessaires pour faire un vrai break.

Parfois aussi, c’est l’occasion d’une douloureuse prise de conscience, comme tu l’as fait avec ta grande solitude dans les bras d’un Lowell trop occupé à gérer sa propre vie bien compliquée mais riche. Une toute petite place pour une Caroline amoureuse, mais si cette Caroline là, prête à tout pour son homme, n’avait pas été là, Lowell n’aurait pas été Lowell. Cette Caroline là, l’a soutenu, épaulé, encouragé, suivi, boosté… au point qu’il ne pensait même pas qu’elle, sa petite Caroline avait aussi besoin de douceur et d’attention.

Tu dors beaucoup ? Normal. Tu récupères des années de stress et de « toute vitesse », de réveils, de rendez-vous, d’obligations. Là, rien. Toi et Lou. Lou et toi. C’est exactement ce qu’il te fallait.
Tu profites enfin de ton beau jardin rempli de fleurs, tu as posé tes valises.

Alors d’accord avec Daniel : exit le boulot pout l’instant.
Ne te laisse pas de nouveau vampiriser par ton boss.
Quoi qu’il se passe pendant ton absence, ils doivent gérer sans toi.
Soit, les dossiers seront correctement bouclés et tu n’as pas à t’en faire.
Soit ils seront bâclés et ton boss te fera "un pont d’or" pour revenir.
Fais-toi désirer, c’est trop bon ! Tu prendras ta décision quand tes nuits ne ferons plus que 7 ou 8 heures, et plus envie de faire la sieste, signes que tu auras suffisamment récupéré.

Profites, profites.

Je t’embrasse.

Marina
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 01 juillet 2012 à 07:03:32
Orchis, Daniel, Marina, merci de vos bons mots, ils me soutiennent.

Parce que justement, j'ai le sentiment toujours plus clair que je n'ai pas été soutenue. Mais alors là, pas du tout. J


Depuis toute petite, je fais tout pour ne pas jouer la victime (je pleurniche en me disant que je suis bien ridicule de pleurer seule), ayant une super-conscience du ridicule, de la fin, de l'ultime, depuis si longtemps. Même à 3 ans, au décès de ma petite soeur, puis au méga-désastre familial à 8 ans, "nous" n'avons pas été soutenus. Mes 2 soeurs et mon frère. Et la petite, dans le giron de ma mère.

Hier, au téléphone, cette petite soeur me dit: "Au décès, tu as vraiment été abandonnée". Or, ça fait deux ans.

Et aussi 40 ans.

Tout ça, c'est bien long.

Caro.
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 01 juillet 2012 à 07:05:00
Moi, j'aurais même pas fait ça à un chien. Je l'aurais accompagné, pour qu'il se sente bien.
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: alsy le 01 juillet 2012 à 11:37:20
Bonjour Caroline

Les chiens... sont plus humains que certains humains... ils te restent toujours fidèles...
pas comme la famille... inexistante... ne pas parler de deuil... ça dérange trop...
et souffrir seule ... en silence !
Bon courage Caroline... dans notre monde de solitiude !  :-*
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 02 juillet 2012 à 08:35:15
Bonjour Caro
peut-être je me trompe,je me permets de reformuler , corrige moi si j'ai mal compris
 tu n'as pas reçu  tout l'amour toute la reconnaissance que tu méritais petite fille , tu as vécu  des choses terribles enfant , et, tu n'as pas été protégée, comme tu y avais droit. La perte de Lowell ravive cette souffrance , tu ressens de l'abandon sensation trop bien connue de ton enfance, tu dois de nouveau nager à contre courant, tu n'as jamais sans doute arrêté?
Mais ce que je comprends à te lire, c'est que la petite fille seule abandonnée, en mal d'affection est devenue une belle femme généreuse, qui ne reproduit pas  de ce qu'elle a vécu avec sa fille, qui est une mère aimante , attentive et protectrice.
Alors, si j'ose un conseil, soigne tes blessures de petite fille, et, j'ai le sentiment que la guérison n'est pas si loin; prends soin de la femme que tu es et qui est en devenir

Je suis en train de réfléchir à la solitude,
Ne serions nous pas seuls dès notre 1er souffle à notre dernier?
N'est ce pas nécessaire de lacher prise et d'accepter cette solitude ?

De tout coeur avec toi
Orchis
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 08 juillet 2012 à 16:17:11
Bonjour orchis,

Quel beau mot tu as écrit ici: oui, je sais aussi qu'on est seuls, du début à la fin, mais avec des accompagnements tout le long du processus de la vie vers la mort, plus ou moins réussis, selon les gens autour de nous et selon... nous aussi.

En ce moment, je travaille sur mon attitude face aux activités à réaliser: ne pas être énervée, nerveuse chaque fois que j'ai une mosus de liste à faire...

Demain, je pars dans un camp de vacances familial, et au retour, Lou prend l'avion seule (accompagnée d'une hôtesse de l'air) pour aller aux States rencontrer les beaux-parents et les cousins. Je partirai de mon côté en auto (2 000 km) la rejoindre. Après, elle ira dans un camp de vacances YMCA de là-bas, puis au retour, on passera un peu de temps chez les grands-parents et après, on reviens au Québec. Puis, re-départ pour elle dans un camp de 13 dodos en anglais, mais au Québec.

Donc, je suis énervée, j'ai peur d'oublier de quoi, j'avais perdu l'habitude de me dépêcher. Or, je veux faire les choses dans le plaisir et non pas dans la peur.

Voilà où j'en suis.

Merci à vous d'être là :)

Caro xx
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: marie-o le 08 juillet 2012 à 21:51:57
Bonnes vacances Caro avec ta Lou
Cool si tu oublies , ce n'est peut-etre pas si grave
Orchis
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: lo38 le 16 juillet 2012 à 22:32:43
bonsoir,
J'ai perdu l'homme de ma vie il y à un peu plus de 10 mois (le jour des 7 ans de notre fils....) d'un cancer fulgurant (6mois!) et mon papa il y a 5 mois(arrêt cardiaque au boulot!)....
je n'arrive pas à faire le deuil de mon compagnon, donc je ne vous parle même pas de celui de mon père....
Ces derniers jours sont très difficile, peut-être plus que les premiers mois et les post et vidéos m'ont fait beaucoup pleurer mais aussi relativiser!...... J'avais l'impression de reculer, de m'effondrer, je me rends compte que c'est une étape normale du deuil......
Je n'ai pas voulu annoncer la mort de son papa à mon fils le jour même (anniversaire...) je lui ai dit le lendemain (rentrée scolaire... pas mieux!!!!) par contre je sens que la question se précise ces derniers jours.... j'ai toujours dit que je ne voulais pas lui mentir, que le jour ou il poserait la question je lui répondrais, ne pas en faire un secret, un tabou......mais maintenant que çà se présente..... je n'ai pas envie de gâcher tous ses anniversaires....
voilà, un peu d'aide, des conseils.... je suis preneuse!!!
Bises et bon courage à toutes!
Laurianne
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 17 juillet 2012 à 00:19:46
Bonjour Laurianne,

Douleur, oui, il faut la vivre. Pleurer, s'effondrer, et remonter quelques minutes après, ou quelques heures. Être aidé: psy, pourquoi pas, si les proches sont "ailleurs". C'est long, horriblement long, mais ça marche, je te le jure. On reste marqué, plus fort, plus sensible aussi. Et les larmes viennent plus facilement, mais ne coulent pas aussi longtemps et pas aussi fort.

Moi aussi, pour mon mari: cancer fulgurant (7 semaines!) et petite fille de 7 ans à qui faire "vivre" correctement tout ça. Elle a été bien soutenue, aimée de plusieurs autres adultes que moi et qui sont toujours présents pour elle. Elle a rencontré d'autres enfants de son âge qui avaient perdu un de leur parent, et ce durant 10 rencontres. Puis, elle consulte 2 ou 3 fois par années, maintenant (elle a 9 ans).

Ma fille est plus forte maintenant.

---

Pour ton fils de 7 ans, l'aide que j'avais eu venait d'une spécialiste du deuil des jeunes (à Québec), et elle m'a répété: "Dis la vérité, mais la vérité qu'une enfant de 7 ans peut comprendre, ne laisse pas traîner".

Dis-moi, qu'est-ce que tu n'arrives pas à lui dire à ton fils par rapport au décès?

Bonne soirée Laurianne,

Cordialement, Caroline

Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 17 juillet 2012 à 15:34:56
Bonjour à vous tous, chers endeuillés,

Je crois bien que ma troisième étape tire vers sa fin... je commence à reprendre goût à la vie. Par là, je veux dire que j'accomplis des tâches, des activités normales de la vie sans y penser, sans me dire que c'est si difficile. La société toute entière est moins coupable de ne pas m'avoir soutenue quand j'en avais besoin. J'ai été chercher l'aide là où elle était. Des fois, c'est une personne que je ne connais pas qui me donne la chance de parler de Lowell. Certaines personnes sont éveillées. Je dirais que c'est une personne sur 50 rencontrées (statistique personnelle ;) ).

Je pleure moins, quoique si je parle de Lowell, du deuil, de la mort, des larmes viennent sans que je ne puisse les contrôler.

Reste que je trouve que mes tâches sont énormes: à élever seule ma fille, il faut que mes objectifs soient moins élevés. Lou veut tant de la vie que je ne peux pas tout fournir. Je devrai faire des choix. Surtout que j'ai des dettes maintenant, chose que je n'avais pas avant. Présentement, elle est aux États-Unis (elle a pris l'avion seule avec un transit à Chicago!), et je pars aujourd'hui la rejoindre dans le coin de Minneapolis, chez les grands-parents. Elle fera des camps d'été et il ne faut rien oublier... la liste des "choses à faire" est encore longue et personne pour m'aider à remplir le véhicule.

Voilà, je recommence à trouver la vie difficile... Ça vient, ça va. Mais je reprends vie plus rapidement qu'avant. Je sais que je peux aller me coucher si je n'en peux plus.

J'avoue ne pas avoir pris mes comprimés (contre la dépression) de manière correcte. En fait, je recommence en ce moment. Je vais vraiment les prendre sérieusement maintenant. Ce qui me fait dire que oui, c'est une aide très certainement, mais que si notre deuil est "normal", si on peut parler de normalité, alors, les choses avancent aussi normalement et arrive un moment où le lourdeur de la vie devient moins pressante.

On fait une activité et puis... on se souvient: "Je devrais trouver ça difficile, mais non, là, j'aime ça!". C'est assez agréable comme sensation.

Le sentiment d'avoir accompli un travail de deuil,  dans l'ordre, avec acceptation, avec douleur, avec des pleurs, avec des arrêts tellement longs...

Maintenant, je vais vers la 4ème, je ne sais pas trop à quoi ça va ressembler.

Je vous embrasse, je pars pour 2 semaines et puis reviendrai chargée de beaux souvenirs de camping dans les parcs nationaux américains, en route vers la famille à Lowell.

J'irai pleurer sur sa tombe, bien sûr.

Caroline

Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: lo38 le 17 juillet 2012 à 15:39:26
bonjour, caroline
Merci de ton soutien. La seule chose que je n'ai pas dite à mon fils à propos de la mort de son père c'est la date précise....celle-ci correspondant à son anniversaire.
Quand aux psys, je m'y refusais jusqu'à maintenant mais je commence à y réflèchir, pour mon fils et aussi pour moi.... J'aimerais beaucoup qu'il existe chez nous ces groupes d'enfants confrontés au décès d'un parent, c'est exactement ce dont il aurait besoin....
Cordialement
Laurianne
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Mammj le 17 juillet 2012 à 15:59:21
Bonjour Caroline et à tous,

J'ai suivi votre cheminement,  vos étapes,  votre progression... C'est tellement émouvant,  tellement méritant,  comme pour d'autres sur ce forum !
Continuez la méthode qui vous convient à vous, à votre Lou... votre petite  qui peu à peu aura une demande plus "accessible" !
Ma petite fille de 10 ans (le mois prochain)  cherche toujours à compenser l'absence de sa maman et a une forte attente, ou demande, des autres ;  même son grand-frère s'impatiente souvent ! Je sais que ça s'arrangera tout en douceur  ... qu'elle comprendra qu'elle ne peut tout exiger, tout  obtenir...
Bonne route et bonne visite des parcs nationaux américains, une merveille dont je garde un magnifique souvenir, nous avions
encore le bonheur d'être ensemble, mon conjoint, notre petite et moi ! Oui,  un inoubliable  souvenir.... Tiens voilà qu'ils reviennent
tout à coup...
Que vous soyez bien accueillies par la famille de Lowel, que  tous vos efforts fassent en sorte que l'avenir vous sourie de nouveau...
Bonnes vacances et affectueuses pensées pour vous deux.     Mamm'j
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: Caroline3 le 17 juillet 2012 à 18:03:28
Bonjour Mammj et Lo,

Que d'émotions, j'espère que toi, tu prends soin de toi, Mammj. Lo, il ne faut pas hésiter, et si tu peux avoir un psy recommandé, pas n'importe lequel, dans ta région, ce serait bien. Avancer, petit à petit. Pour la date, attends, tu fais très bien, je ne l'aurais pas dit non plus, surtout qu'à cet âge, ils ne le demandent pas. Attends qu'il te le demande.

Je vous embrasse.

(et j'ai bien fait de ne pas partir, j'ai eu un dégât d'eau dans le sous-sol... une gouttière bouchée...)
Titre: Re : La troisième étape: si longue!
Posté par: sofyoan le 17 juillet 2012 à 23:27:48
Bonjour Laurianne,
cela fait un moment que je ne suis pas venu sur le site, j'avais besoin de prendre de la distance. je suis egalement en plein demenagement aussi.
je ne sais ce qui ce soir m'a poussée a venir vous lire, mais je tombe sur ton histoire, et je ne peux pas ne pas repondre.
Yoann est mort il y a 7 mois, le jours des 2 ans de notre petit garçon...encore aujourd'hui je me suis dit, cela aurai pu etre la veille, ou le lendemain.mais non il a fallu que ce soit ce jour là! je n'ai pas de reponse a te donner, car j'ignore encore comment les choses vont se passer. comme toi je me dis pas de mensonges, s'il pose la question, je lui dirai sauf que j'ai seulement un peu plus de temps devant moi. Mais je m'interroge deja sur comment je reagirai dans 3 mois lors de ce premier anniversaire. c'est effroyable d'imposer un tel poids sur un enfant innocent, lui voler l'insouciance de ses gouters d'anniversaire. Non nous n'avions pas en plus besoin de ça...comme une peine supplementaire.
faisons nous confiance, et faisons egalement confiance a nos bambins. nous avons le droit de nous tromper, si tu n'as pas la force de lui dire MAINTENANT, il faudra lui expliquer le jour venu que tu as fait ce que tu jugais preferable pour lui
Pour ma part, je crois que je vais adopter un temps le mensonge par omission (pas besoin de s'etendre sur cette concordance de dates)emotionnellement je me dis que mon fils est devenu ma seule raison de vivre alors a moi de prendre ma souffrance ce jour là et de lui tordre le cou, pour offrir de beaux anniversaires. Facile a ecrire! n'est ce pas? seul l'avenir me dira si j'y parviendrai.
je te souhaite beaucoup de courage
chaleureuses pensees
Sofi