Bonjour à vous tous, chers endeuillés,
Je crois bien que ma troisième étape tire vers sa fin... je commence à reprendre goût à la vie. Par là, je veux dire que j'accomplis des tâches, des activités normales de la vie sans y penser, sans me dire que c'est si difficile. La société toute entière est moins coupable de ne pas m'avoir soutenue quand j'en avais besoin. J'ai été chercher l'aide là où elle était. Des fois, c'est une personne que je ne connais pas qui me donne la chance de parler de Lowell. Certaines personnes sont éveillées. Je dirais que c'est une personne sur 50 rencontrées (statistique personnelle
).
Je pleure moins, quoique si je parle de Lowell, du deuil, de la mort, des larmes viennent sans que je ne puisse les contrôler.
Reste que je trouve que mes tâches sont énormes: à élever seule ma fille, il faut que mes objectifs soient moins élevés. Lou veut tant de la vie que je ne peux pas tout fournir. Je devrai faire des choix. Surtout que j'ai des dettes maintenant, chose que je n'avais pas avant. Présentement, elle est aux États-Unis (elle a pris l'avion seule avec un transit à Chicago!), et je pars aujourd'hui la rejoindre dans le coin de Minneapolis, chez les grands-parents. Elle fera des camps d'été et il ne faut rien oublier... la liste des "choses à faire" est encore longue et personne pour m'aider à remplir le véhicule.
Voilà, je recommence à trouver la vie difficile... Ça vient, ça va. Mais je reprends vie plus rapidement qu'avant. Je sais que je peux aller me coucher si je n'en peux plus.
J'avoue ne pas avoir pris mes comprimés (contre la dépression) de manière correcte. En fait, je recommence en ce moment. Je vais vraiment les prendre sérieusement maintenant. Ce qui me fait dire que oui, c'est une aide très certainement, mais que si notre deuil est "normal", si on peut parler de normalité, alors, les choses avancent aussi normalement et arrive un moment où le lourdeur de la vie devient moins pressante.
On fait une activité et puis... on se souvient: "Je devrais trouver ça difficile, mais non, là, j'aime ça!". C'est assez agréable comme sensation.
Le sentiment d'avoir accompli un travail de deuil, dans l'ordre, avec acceptation, avec douleur, avec des pleurs, avec des arrêts tellement longs...
Maintenant, je vais vers la 4ème, je ne sais pas trop à quoi ça va ressembler.
Je vous embrasse, je pars pour 2 semaines et puis reviendrai chargée de beaux souvenirs de camping dans les parcs nationaux américains, en route vers la famille à Lowell.
J'irai pleurer sur sa tombe, bien sûr.
Caroline