Mon Dieu (et si il existe, j’espère qu’il a une bonne excuse !),
mon Dieu, Orchis, peur en plus d’être reconnue. Après toutes ces douleurs et ces souffrances ? Mais tu a le droit de marcher la tête haute et de mépriser les petits esprits malsains.
Mais nous respecterons ta décision.
Je me rends compte avec un peu de honte et beaucoup d’humilité qu’il peut m’être facile de
tenter de soutenir ceux qui sont dans le deuil, car j’ai eu tant de chance jusqu’ici. De l’amour en quantité et des chagrins si rapidement apaisés. J’en ai toujours eu conscience d’ailleurs.
Pour toi, Orchis, toute cette souffrance remonte à la surface avec le départ de ton Amour. Tout se mélange et se mêle, questions, révoltes, culpabilité, peur, angoisse… Mais je lis que tu ne réagis pas aujourd’hui de la même façon, et c’est important. Ce deuil là, est le plus douloureux, le plus injuste, le plus cruel, mais heureusement tu prends le temps de le vivre, de le crier, le hurler, au moins avec nous puisque ta famille « se protège » au lieu de te protéger.
On ne peut pas vraiment forcer les gens à faire ce que l’on attend d’eux.
Souvent il vaut mieux ne rien attendre des autres, les vrais viendront à toi sans te le demander.
Nous aussi nous avons peur, mais nous avons vécu le pire et toi, plus que beaucoup d’entre nous. Ta peur est légitime et il te faut l’apprivoiser en même temps que la douleur.
Ouvre les vannes de ces digues que tu as construites pour te protéger artificiellement, laisse couler les larmes jusqu’à épuisement. Parfois, je ne me demande plus pourquoi le niveau des mers du globe remonte, nous versons tant de larmes, nous tous !
La solitude est la peur de tous, mais avant de penser à demain, nous devons nous reconstruire et de cette reconstruction viendront des lendemains différents, d’autres choix, des révélations, des pulsions comme Suzy et l’Afrique, le bel exemple.
Les mauvais choix sont notre quotidien, nous avons si peu de recul, et l’esprit si peu clair. Je crois qu’il faut prendre longuement son temps avant toutes décisions importantes, consulter des spécialistes, ou des personnes honnêtes, mais ne rien faire de précipiter. Encore une fois, nous ne sommes pas en état d’être lucides et clairvoyants. Tant de personnes cherchent à en profiter.
La colère peut te soulager, les hurlements, mais elle est mauvaise conseillère. Si elle est tournée vers toi, ou ton homme, elle ne peut que te blesser, vers ceux qui ne s’occupent guère de toi, elle peut les éloigner d’avantage.
La culpabilité fait partie du processus. On a toujours en tête des « si j’avais… », « si je n’avais pas… », c’est un sentiment humain, mais qui n’est pas productif, mais plutôt destructeur. Tu as fait ce que tu croyais bon de faire, et si tu as « raté » certaines choses c’est parce que tu es un être humain avec ses immenses qualités et ses défauts aussi, et la fatigue, le ras-le bol, les limites.
Ton Amour a fait un geste terrible. Ce n’était pas pour te punir, te blesser, te détruire. C’est son choix, atroce et profondément égoïste, mais pas un choix raisonné, un choix impulsif et violent. Tu en connais les motivations profondes, tu n’as aucune responsabilité, et ce choix, aussi épouvantable qu’il soit, tu dois le lui laisser, il lui appartient. Il aurait pu partir au petit matin sur la route, te laisser, seule avec le travail, les enfants, disparaitre sans te donner la moindre nouvelle, ta réaction aurait été différente et pourtant, c’est la même fuite. Cela ne change rien à votre histoire, à tout ce que vous avez construit, bâti, à votre amour, tout cela est acquis, en toi et c’est cela que tu dois garder en toi.
Le tournant de ta vie, tu le prendras plus tard, quand tu auras repris courage, et que tu pourras envisager un lendemain.
Pour l’instant, toi seule compte, Orchis, tu dois écouter ton cœur, et ton corps.
Et prendre soin de toi.
Marina