Auteur Sujet: La réalité en pleine face  (Lu 3912 fois)

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Lauren

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La réalité en pleine face
« le: 01 juillet 2011 à 12:56:13 »
Bonjour à tous,
je crois que je suis en train de changer de phase. Jusqu'ici j'avais des grosses crises de larmes mais le reste du temps je crois que je planais un peu, une sorte d'hébétude, anesthésiée, en fait je n'y croyais pas encore vraiment. Depuis quelques jours j'ai des sortes de coups au coeur, quand quelque chose me le rappelle; et alors là c'est une vraie nausée. La réalité bien réelle m'arrive en pleine face. Il est mort. Rien d'autre à dire. Je suis tout le temps dégoûtée de tout, écoeurée de ce qui m'est arrivé, en colère souvent. Je suppose que j'aborde la phase numéro 2. Rien que de dire ça j'en ai des hauts le coeur. Pourquoi devoir passer toutes ces étapes toutes plus douloureuses les unes que les autres? Je déteste subir et là je n'ai pas le choix. Impossible de contourner le chemin tout tracé du deuil. Je déteste les chemins touts tracés.
On est tous sur la même route, certains devant, d'autres derrière. L'image qui me vient c'est celle des réfugiés qui marchent le long des routes, épuisés et hagards, portant leurs enfants et leurs valises. Je n'ai pas envie de suivre cette route mais je n'ai pas d'autre choix. C'est ce qui m'écoeure le plus.
Pas réjouissant tout ça. Amitiés à tous. L

mc59

  • Invité
Re : La réalité en pleine face
« Réponse #1 le: 01 juillet 2011 à 14:29:26 »
bonjour Lauren;
eh oui ,nous sommes tous sur ce chemin que nous n'avons pas choisi...
avec ses jours de pluie et de nuages , et puis des jours où perce un petit rayon de soleil !
on avance doucement ; parfois on a l'impresssion de reculer;
les crises de dénis, d'angoisse , de colère reviennent ..
mais la vie est là !
quand je vais un peu mieux , je me dis qu'il faut que j'arrête de 'm'enterrer avec lui' en creusant les 'manques'
et qu'il faut faut que je fasse fleurir toutes les belles choses que nous avons semées ensemble!
pas évident tous les jours !!
mais aujourd'hui c'est un jour positif , alors je veux t'envoyer un  rayon de soleil pour adoucir ton chemin ;
saches que tu n'es pas seule sur ce chemin de souffrance ;
je t'embrasse
marie-Claire

Lauren

  • Invité
Re : La réalité en pleine face
« Réponse #2 le: 02 juillet 2011 à 08:36:27 »
Merci Marie-Claire, ça fait du bien de te lire même au fond du trou. Profite à fond de tes jours positifs.
je t'embrasse L

slm

  • Invité
Re : La réalité en pleine face
« Réponse #3 le: 02 juillet 2011 à 09:28:44 »
Bonjour à tous

6 mois aujourd'hui que mon chéri m'a appelée pour la dernière fois, pour me souhaiter une "bonne année" (quelle bonne blague!!!)
avant de m'abandonner pour toujours. La souffrance se fait de plus en plus pesante, j'ai pris pleinement conscience des "plus jamais",
des projets qui ne verront jamais le jour, tout ce que l'on ne partagera plus. Chaque matin je sais que la journée sera aussi vide que
la précédente et que la suivante. Des bouffées d'angoisse me serrent la gorge quand j'essaie d'imaginer le chemin qui reste à faire,
des accés de violence aussi, où je voudrais crier, frapper et casser, mais où rien ne sort. Il fait beau, c'est l'été, les vacances et tout
me ramène à lui, le dernier été qu'on a passé ensemble, nos dernières vacances, il avait l'air heureux, qui aurait pu imaginer que
quelques mois plus tard il se donnerait la mort. Je sais par expérience qu'il faut du temps, mais voir sa vie détruite pour le deuxième fois c'est peut être trop pour garder encore de l'espoir, moi non plus je n'avais jamais imaginé que je devrais emprunter cette route, mais
pour arriver où ???

Amicales pensées à tous ceux qui prennent le temps de me lire.

Sylvie

ergé

  • Invité
Re : La réalité en pleine face
« Réponse #4 le: 02 juillet 2011 à 10:57:26 »
C'est vrai Sylvie que notre vie est remplie désormais par tous les regrets de ce que l'on aurait pu faire si... et que l'on ne fera pas, en tout cas maintenant. Plus tard, peut-être...

Sur cette route de la vie, qui est rarement aussi rectiligne que tu la décris Lauren, la mort des proches, dont on sait qu'elle peut se produire, est certainement l'évènement auquel on est le moins préparé, en tout cas, pour ce qui concerne le conjoint, même lorsqu'il est gravement malade, comme ce fut le cas de ma femme. Perdre ses parents est dans l'ordre normal des choses et plus facile à accepter me semble t-il. J'adorais les miens et je n'ai pas ressenti le même vide lorsqu'il sont partis. C'était écrit dans le cours normal de la vie, c'était une étape obligée sur la route. Mais je n'ai jamais été préparé à envisager la mort de ma femme, en tout cas à un âge encore jeune et qui peut prétendre donner tout son sens au "jusqu'à ce que la mort vous sépare" que peuvent entendre ceux qui se marient ? C'est tant mieux d'ailleurs, aussi longtemps que cet évènement ne survient pas; mais quand il se produit, hélas, on se sent tout à coup désemparé.

Hors ligne bruno

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Re : La réalité en pleine face
« Réponse #5 le: 02 juillet 2011 à 11:28:05 »
     oui Erge,on se fait une idee par rapport a l ordre des choses,et finalement rien n'est a sa place.
Tu sais,un jour ou j'etais au reposoir avec ma mere mon fils et sa fiancee,nous etions devant le cercueil de sandrine,ma mere a cote de moi,mon fils et sa copine en face,et d'un coup j'ai regarde ma mere et je lui ai dit: "maman,il y quelque chose qui n'est pas a sa place".
elle m'a regarde,et m'a repondu :"oui,Bruno,tu as raison"!
     si l'ordre existait et etait immuable,alors c'est ma mere que j'aurais du pleurer a mon age avec la main de Sandrine dans la mienne...et notre fils et sa copine en face...

Marico

  • Invité
Re : La réalité en pleine face
« Réponse #6 le: 03 juillet 2011 à 08:05:01 »
Oui, je crois qu'on fait tous cette erreur de croire que nos vies suivront l'ordre établi (par qui ?) des choses. Perdre nos parents d'abord, et un jour, quand on sera très vieux, nos conjoints ou partir les premiers... en aucun cas perdre nos enfants et on les regarde grandir en espérant connaître nos petits enfants. Et on avance comme ça, sans trop se poser de question qui dérange et quand ça arrive aux autres, on se dit "pas de bol", "c'est triste", "le/la pauvre", etc... et on continue notre bonhomme de chemin.

C'est sûr que quand c'est notre tour, on n'est pas préparé !...

Moi j'étais d'une naïveté sans borne quand je croyais que l'adoption de nos enfants nous protégeait du malheur, parce que je me disais au fond de moi "ils ont déjà connu l'abandon, la vie ne peut pas leur prendre leur parent..." et j'allais comme ça dans ma vie, heureuse avec ma jolie famille, la fleur au fusil, à des années-lumière d'imaginer qu'une telle injustice fut possible pour eux et aussi pour moi... Mon mari était un roc sur lequel je me reposais... "mon bâton de vieillesse"... je me demande tous les jours comment j'arrive à continuer sans lui...

Comme le dit Bruno, aujourd'hui "rien n'est à sa place".

Bon, j'arrête là, c'était pas une bonne idée de répondre à ce post...

Bon courage à tous.
M.