Bonjour Tiobob,
La peur d'infliger un nouveau choc à mon fils (qui est pourtant bien plus vieux que le tien !), voilà ce qui m'a retenue lorsque j'avais des pulsions suicidaires.
Il s'agit là d'un "sentiment" que nous pouvons "maîtriser" puisque l'acte ne dépend que de nous.
Enfin, là aussi il y aurait matière à débattre, mais ce que je veux dire, c'est que lorsque je sentais que je risquais très vite de basculer, (il suffisait pour ça que j'appuie sur l'accélérateur et donne un violent tour de volant), l'image de mon fils s'imposait alors : comment lui infliger la perte de sa maman après celle si douloureuse de son père ? Les choses rentraient ensuite dans l'ordre, je m'arrêtais, essayais de respirer à fond et appelait toutes mes ressources pour continuer de survivre.
Après, il y a les circonstances extérieures que nous ne maîtrisons pas, nous sommes bien placées toi et moi pour le savoir...
Il est vrai que le choc d'une disparition brutale, dans sa violence, nous fait voir la vie sous un autre angle, et même si nous savions auparavant que la vie est précaire, nous vivons maintenant avec un conscience aiguë que tout peut s'arrêter à n'importe quel moment, je crois bien qu'il s'agit là de la perte de l'insouciance dont parle Christophe Fauré. Ce poids est difficile à porter car nous savons que nous n'avons aucune "prise" et nous ne voulons pourtant pas faire de mal à nos enfants.
Je t'avoue Tiobob que je n'ai pas encore trouvé le moyen de composer avec cette peur, de l'apprivoiser. C'est ce que j'essaie de faire avec la psy, qui me donne des pistes, mais comme tu le dis, pas facile de trouver la clé.
J'ai malgré tout trouvé un moyen (bien dérisoire) de faire face à cette angoisse sur un plan purement pratique. Dans un premier temps j'ai fait toutes les démarches nécessaires pour que mon fils soit à l'abri matériellement, c'est peu de chose, mais ça permet de se poser et de réfléchir à l'après disparition pour lui, et surtout ça permet de passer de l'émotion pure aux choses purement matérielles.
Dans un deuxième temps, j'ai rédigé pas mal de lettres, pour lui, en espérant que les mots que j'ai choisis pourront adoucir sa peine. Pour le vivre aujourd'hui, je sais bien que rien n'apaise la souffrance, mais, justement, forte de ce constat, j'espère avoir trouvé le
bon langage.
Mon message est un peu brouillon, il ressemble bien à la confusion de mes émotions lorsque j'évoque la peur de laisser mon enfant seul.
Encore une fois, je lutte avec mes pauvres armes en essayant de faire au mieux, bien consciente de mon impuissance ; car dans ce domaine, nous ne pouvons faire aucune promesse à nos enfants.
Parle de cette angoisse avec ta nouvelle psy Tiobob, peut être te donnera t elle les moyens d'accepter et de trouver un peu d'apaisement.
Je t'embrasse bien fort
Cathy