Merci Sylvette, Karine, Pascale, Véro, Alexandra, Tiobob, Gérard et toi, Yohann.
Merci pour votre soutien. Je crois bien que je n'ai pas tout "dans l'ordre" depuis quelques temps. J'ai beau connaître la théorie, la pratique m'est difficile. Parler, me confier, ressasser toujours ma douleur. Je l'ai fait au début. Et puis, petit à petit, pour ne pas souffrir, ponctuellement, j'ai éloigné les souvenirs précis.
Son prénom, les "mon coeur, tu me manques" et d'autres petites phrases me viennent à l'esprit non stop. Mais pendant des mois, j'ai visualisé (construit mentalement car je ne "vois pas les images dans ma tête, je ne sais pas faire comme je l'ai déjà expliqué...) ses 2 morts. La violence du débranchement. Ce choc post traumatique, je crois que je suis arrivée à le dépasser puisque je pense à Bruno, vivant mais, je repousse les pensées trop précises qui me font monter les émotions.
Parce que je n'arrive pas à les maitriser et que dans le quotidien, c'est impossible à supporter, au travail, notamment, avec la famille aussi.
Je repense aux beaux souvenirs, mais, l'odeur de son parfum, le son de sa voix, la pensée précise des calins, de nos retrouvailles chaque soir, moi blottie contre lui, cela je m'est trop douloureux.
Rien que de vous l'écrire je pleurs encore...
Pour les gens qui m'entourent, c'est incompréhensible, au bout de 6 mois...
Finalement, et si ta fille avait raison de te reprocher de ne pas parler ?
Et en disant ça de sa part, te forcer alors à lâcher un peu de pression ?
Tu as parlé avec elle; enfin; et maintenant tu pleures ?
Mais, n'est-ce pas là, justement, cette fameuse soupape qui commence à s'ouvrir pour alléger ?
Oui, c'est vrai Yohann, je le sais bien, mais entre savoir, comprendre et appliquer....
Je viens d'appeler ma fille. Nous devions, suite à la conversation d'hier, faire une brocante ensemble. En écrivant ce message, je m'aperçois que je suis incapable d'aller voir des gens. Alors, je l'ai appelée, lui ai expliqué sincèrement que ce n'était pas par rapport à elle mais que je n'étais pas bien.
Elle est formidable ! nous avons un peu parlé. Nous ne nous verrons pas aujourd'hui mais pour chacune, le plus important est d'avoir parlé.
Laisse toi vivre, laisse toi enmener par tes émotions même irraisonnable, fais toi confiance..
Que j'aimerais pouvoir, Pascale ! mais comment faire au travail ? dois je me faire arrêter ? Cela voudrait dire me retrouver encore plus seule, m'isoler de la vie sociale... j'ai eu tellement de mal à reprendre après 1 mois et demi d'absence au décès de Bruno.
Et puis, je serai en congés bientôt. Si ma tante de 80 ans n'a pas d'injection pour la DMLA à cette date nous partirons toutes les deux à Madère. Sinon, je resterai là...
J'espère, Véro, que les propos de ta collègue ne t'ont pas trop blessée... et pour répondre à ta question, oui j'allume quasiment tous les jours ma bougie... mais pas hier.
Probablement toujours un refus inconscient.
Je ne suis peut être pas normale, j'agis à l'inverse, je me replis... moi qui suis pourtant si bavarde ! mais quand j'ai mal, il me faut du temps pour que ça sorte ! pour mettre des mots sur mes ressentis.
j'avais l'impression d'aller mieux, une sorte de détachement, de ne rien ressentir...
le besoin de prendre du recul par rapport à la douleur des autres, au forum. L'impression de n'être plus en phase avec vous. Car je n'avais plus "mal".
Avez vous déjà ressenti cela ? l'impression de ne plus être vraiment en deuil ? Comme si cela ne m'était pas arrivé à moi. Le besoin de me mettre en retrait. N'avoir rien à raconter. Du mal à tenir une conversation.
J'essaie de me concentrer sur les actions du quotidien. Le travail. Les messages personnels sur ma boite. Mais tant de mal à me concentrer. La mémoire qui part en vrille. La fatigue surtout. me lever. Aller bosser. Rentrer, m'occuper des petites bêtes de ma fille dont une malade... l'impression d'un ralenti dans tout ce que je fais.
Il a suffit que ma fille hier me " fasse me dépécher", cela m'a stressée, puis ses reproches , j'ai craqué...et depuis hier, je pleurs non stop. Sans penser toutefois à des souvenirs précis. Simplement cette solitude immense. Ce manque. Ce vide.
Et puis, le manque de contact physique. Ses bras qui me serrent, ma tête sur son torse. Pas envie d'être serrée par n'importe qui. Mais hurler cette atroce réalité :plus jamais.
mettre des mots sur les ressentis...
Pourtant, pour les autres, j'y arrive, mais peut être pas sur ce thème du deuil et pas quand je suis concernée ! pas quand cela me touche de trop près...
Merci d'être là
Je vous embrasse tous tendrement.
Claire