Bonsoir Tiobob,

Voilà de nouveau la preuve que le monde ne tourne pas rond... A moins que cela soit nous qui nous mettions de coté pour le regarder tourner lorsque le cataclysme nous tombe dessus.

Tu as fait face avec un courage inouï, (ou un aveuglement total du à la souffrance), sans t'apercevoir que refuser d'affronter ton deuil, sauver les apparences, consoler les uns et les autres te menerait dans cette impasse. Et à présent que tu appelles enfin au secours, que tu demande de l'aide, ta hiérarchie t'abandonne. C'est bien cela, non?
Nous non. Nous ne t'abandonnerons pas.
Caroline, une de nos canadiennes, a fait comme toi. Exactement.

Fermer les yeux, foncer tête baisser, s'occuper d'un bout de choux, retenir ses cris, ses larmes et tout garder au fond de soi... Nous avons des limites et notre corps plus encore. Il est temps que tu prennes soin de toi.
Tu as été trop "parfaite" il y a trois ans, ils ne se sont pas aperçu à quel point tu prennais sur toi, et maintenant il ne comprennent pas plus que tu craques, au bout de trois ans.
Oui, ils auraient pu avoir la délicatesse de te laisser reprendre ta place et ensuite te demander si tu t'en sentais la force. Mais cela se saurait si les dirigeants prenaient des gants pour nous manipuler.
C'est peut-être aussi une chance pour toi, si aujourd'hui tu te sens dépossédée, trahie, et injustement mise sur la touche, cela peut peut-être aussi te permettre de prendre enfin du recul sur la vie de fou que tu mènes depuis le départ de ton mari et avancer à ton rythme sur le chemin de ta nouvelle vie avec ton bout de choux. Ce suivi peut te permettre de discuter avec la médecine du travail, un psy et te laisser plus de temps pour t'occuper de toi.
Personne ne semble mettre en doute tes compétences.

Et cette collègue que tout le monde ménage, n'a pas ton caractère et elle vit un drame aussi. Peut-être pourriez vous en parler ensemble?

Donnes nous des nouvelles.

Marina

Bonsoir,
Les réactions de ta hiérarchie ne m'étonnent pas, Tiobob, malheureusement ...
Pour avoir vécu sensiblement la même chose (en vérité, au bout d'une semaine, je me suis entendue dire que, désormais, "tout ça" est histoire ancienne ...et j'en passe), je crois que nous dérangeons car nous représentons ce qui fait le plus peur : notre finitude, la mort. Au lieu de voir en nous toute la force que nous avons eue, et tous les efforts permanents que nous faisons pour avancer dans la tempête. Y compris au travail. Souvent, je crois que, même si nous prenons sur nous et objectivement ne craquons pas devant les autres, ils ont juste peur de leur propre mort et préfèrent ne pas avoir face à eux une personne qui leur rappelle qu'ils ne sont pas immortels. Alors avoir 2 collègues qui ont vécu plus ou moins le même drame dans le même service, c'est juste insupportable à leurs yeux. Bien évidemment, ce n'est pas ce qui nous est dit. Il faut bien trouver un autre motif, et donc trouver une faute qui nous incombe. Faute qui est totalement sans fondement, bien sûr.
Dans le même ordre d'idée, je crois que ceux de nos proches qui ne peuvent évoquer le nom du défunt ni nous laisser la place de le faire sont dans cette même situation de non acceptation de la mort (pour eux-mêmes), c'est plus une façon pour eux de se protéger que de vouloir nous faire du bien !
Je n'ai pas de solutions car il faut s'occuper de soi, s'occuper de son bout de choux, assurer le quotidien, se préserver aussi, ... Tout ça constitue un énorme travail ! Mais comme te le conseille Marina, prends soin de toi et rencontres ta collègue, vous serez sans doute plus fortes à deux ! Et émerveille-toi du regard de ton petit bonhomme, c'est bien plus riche et épanouissant !
Je suis à tes côtés.

Amitiés
Angela