Bonjour,
Je me retrouve aussi dans ce vécu.
Février 2011, pancréatite, mon mari s'en sort d'extrême justesse, puis analyses et là , découverte d'un nodule cancéreux au poumon, opération juillet 2011 en se disant que c'était une chance de l'avoir découvert si vite, chimio, re , métastases et un an plus tard, jour pour jour et jour de notre 39 ème anniversaire de mariage, on nous dit que c'est fini, que l'on ne peut plus rien,et qu'il va falloir se préparer.
Les projets de voyage , la vie détendue de retraités, envolés aussi, mon mari n'aura eu que 7 mois de retraite.
Ensuite j'ai vécu dans le déni pendant deux mois, les papiers etc, et comme la très bonne image du DR Fauré, le ventilateur ralentit et on se retrouve face à soi, seul, l'absence, le manque. Que faire ? Et qui est-on quand on a vécu si longtemps en osmose ? Comment vivre ? Et le regard des autres qui change, ceux qui ont fui la maladie, ceux qui fuient la mort, ceux auxquels on ne s'attendait pas et qui sont là, les bienveillants, les maladroits, il faut tout encaisser pêle-mêle.
Et petit à petit on commence à faire le tri, on a des ressources parfois insoupçonnées, ne pas aller trop vite, s'écouter, se faire aider aussi par un professionnel.
Chacun réagit à sa manière, personnellement j'ai continué toutes les activités que j'avais commencées ou que je souhaitais faire avant. C'est un peu dur d'affronter le regard des autres mais après ça va et tant pis pour ce qu'ils peuvent penser. ça va de "quel courage!" à " elle s'en sort bien!"plus ou moins gentil. Au moins pendant un temps, la douleur est suspendue, on a des contacts extérieurs et le soir on réendosse notre manteau de douleur et on peut se laisser aller chez soi, pleurer, écrire, lui parler et lâcher la soupape, lire les livres sur le deuil, venir sur ce forum...
Voilà, cela fait 5 mois et j'ai l'impression de vivre 2 vies, une vie " publique" et une vie avec mon mari en moi, intime. Chaque jour est un jour gagné car il n'aurait pas aimé que j'abandonne et me l'a dit, alors je m'accroche, et aussi pour les enfants qui, même grands, souffrent énormément et ont encore besoin de nous ( à 26 ans, 30 ou 33 ans, le manque est énorme).
Amitiés et courage pour les mois à venir. N'hésite pas à t'exprimer sur ce forum quelque soit ce que tu ressens.
Dominique