bonsoir,-
LE
Le 31 janvier, cela fera 2 ans. Mais, pour moi, c'est hier.
Personne ne m'en parle, par peur de me faire mal, sans doute. Et je n'en parle jamais à personne, sauf à ma psy, parce que personne n'a vécu un tel deuil autour de moi.
Il est mon AUTRE. J'ai beaucoup de mal à parler de lui, à écrire sur lui, à lui parler au passé. Il fait partie de moi, de mon présent.
Il m'accompagne dans tous les gestes de la vie quotidienne. Il est là : dans ma tete, dans mon coeur, dans mes tripes.
Nous devions nous mariés le 6 février et il est parti, en 2mns, dans mes bras, d'un AVC massif le dimanche d'avant.
Alors, plutôt que d'être dans les préparatifs de notre mariage, j'ai organisé ses obsèques.
C'était si brutal, si violent que je n'ai pas vraiment réalisé ce qui nous arrivait.
Tout en sachant parfaitement ce qu'il en était : étant infirmière, professionnellement, je savais.
Je n'ai pas vraiment de souvenir de la semaine "d'après". Les visites plusieurs fois par jour au funérarium pour le voir, lui parler, le toucher, lui expliquer les décisions prises, me ressourcer auprès de lui, faire un "plein de courage" pour pouvoir repartir.
Je me souviens parfaitement, en revanche, de la cérémonie et de la crémation qui suivait. J'avais écrit mon texte et le connaissait par coeur. Un texte court, rédigé pour les "AUTRES", pour qu'ils comprennent le lien nous unissant.
Je ne me suis pas éffondrée. J'ai tenu le coup : je suis forte, parait-il.
Je n'ai pas touché ni embrassé le cercueil : mon amour n'était pas là dedans...pas dans cette boite hermétique.
Maxou, le saxo, le jazzman, libre comme le vent, léger, joyeux, souvent insaisissable...impossible.
Mon métier nous avait imposé de parler de tout et de nos choix "APRES" la mort : heureusement, je savais ce qu'il voulait. J'ai donc pu guider ses fils dans ces décisions si délicates.
Ses cendres ont été dispersées entre les 2 cyprés au pied de la piscine de sa maison.
Mais, pour moi, il n'est pas là. Il est partout et nulle part. Il est près de moi. Sinon, comment pourrais-je continuer à vivre ? à me lever le matin, à aller bosser..à faire bonne figure...
à accompagner certains patients et leur famille, en fin de vie.
Je n'en parle jamais. A mes collègues parce qu'il n'est pas "prof" de se montrer faible.
A mes patients : la barrière thérapeutique, n'est ce pas.
A mes enfants : pour ne pas leur faire prendre conscience de l'intensité de ma douleur, qu'ils croient atténuée avec le temps....
A mes frères : indifférents et si étrangers à ma vie.
A mes parents : empétrés dans l'Alzheimer naissant de mon père.
A la famille de Maxime : pas mariés....donc même pas veuve, je ne fais pas vraiment partie de la famille pour ses 2 fils, plus focalisés sur l'héritage que sur le gouffre immense laissé par le départ de Maxou.
Seule sa soeur (et son mari urgentiste) se disent là pour moi, tout en espacant leurs appels pour 'm'aider à avancer, à rebondir...."
Je ne veux pas avancer, rebondir
? sans lui
?
J'emmagasine tout mon courage pour aller bosser. Je ne peux pas m'arreter de travailler : j'ai besoin de mon salaire.
Je m'évertue à poursuivre nos rèves à tous les 2...pour continuer à le faire vivre....
Je bosse ou j'hiberne dans mon appart. , avec mes 2 p'tits mecs (2 matous adorables).
Je ne peux pas dire que la souffrance, le manque soient toujours présents. Parfois, la vie est belle. Je me sens légère.
Mais, si je pense, j'Y pense....je pense à LUI, à NOUS, à l'amour de ma vie, à tous nos échanges, à tous nos voeux, à ma vie avec lui....alors j'ai l'impression d'avoir un trou au milieu du bide de la taille du TEXAS.
Mais je n'en parle pas....je suis forte, parait-il !
Co
Lui, 60 ans et mois 10 années de moins.