Auteur Sujet: L'amour et la mort.  (Lu 12877 fois)

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Hors ligne Marina Saboya

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Re : L'amour et la mort.
« Réponse #15 le: 17 octobre 2012 à 05:15:04 »
Yohann, ton message aura eu le mérite de … nous ramener Caroline et Sylvette et… et … !

Et bien oui, nous nous inquiétions, tout en nous disant que derrière le silence, il peut – et  Yohann l’a bien exprimé – y a voir un besoin d’autre chose que de ressasser la douleur.

Je reste très attachée à ce forum. C’est un lien unique, ténu mais très résistant, avec le monde et pas seulement un partage de larmes.  C’est une grande leçon de courage, d’humanité, de tolérance, de générosité et de solidarité.
Où peut-on trouver tout cela aujourd’hui ? Où ?

Ce forum, pour moi, c’est tout simplement…,  C’EST LE CHEMIN.
Celui qui va de la mort à la vie, le l’obscurité à la lumière, du désespoir à la renaissance.
Et des prénoms, tout au long de ce chemin, les nouveaux qui poussent les anciens, les anciens qui tirent les nouveaux. Des allers retours, des arrêts, des regards en arrière et surtout des regards vers l’avenir, de nouveau.

Certains, arrivent et repartent, sans chercher à voir la souffrance des autres, parce que la leur les aveugle, et parce que pour donner il faut avoir reçu.
D’autres s’attardent, et le dialogue s’installe, la discussion, le partage, les questions, les ébauches de réponses …

C’est vrai que la façon d’écrire change au fur et à mesure des arrivées, et des départs. Mais c’est aussi une nouvelle vision des choses et de nouvelles questions et de nouvelles réponses.

Parfois, nous ne faisons qu’échanger une phrase de soutien, envoyer un baiser, sans aller plus loin.
Parfois, je reste muette devant une nouvelle vie brisée, incapable de redire encore et encore à quel point je suis touchée, blessée, incapable de redire que le temps va faire son travail, tellement cela me parait incongru devant tant de chagrin, comme cela m’a paru totalement impossible à moi, il y a deux ans.
Parfois, je fuis et laisse à d’autres le soin de tendre la main.

Mais je reviens toujours.
Je donne un peu de moi, de mon énergie retrouvée, encore fragile. Et je reçois encore beaucoup.

... ... ...

Claire, avons-nous besoin d’une présence visuelle, physique, palpable pour aimer ?

Que serait la foi, si c’était uniquement cela l’Amour ? Et je ne parle pas que de la foi religieuse qui aime sans aucune certitude de ce qu’elle peut aimer, qui aime dans le doute le plus absolu et qui fait faire tant de choses aux croyants.

La foi en l’Amour que nous donnons et recevons.
L’homme de ta vie, n’est peut-être plus que des cendres, mais tu ne le vois pas comme cela, tout au long de tes journées, il est toujours Bruno. Et ce qui vous a uni, lié pendant des années (ou pour certains, trop peu de temps), reste unique, et éternel.
Même si la vie continue, la nôtre, même si d’autres joies viennent, heureusement, s’ajouter à notre histoire.

Je suis si « imprégnée » de Pierre, que je ne me pose même pas la question. 
Nous sommes indissociables, inséparables, Amour et amants pour l’éternité.

 :-*

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

alsy

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Re : L'amour et la mort.
« Réponse #16 le: 17 octobre 2012 à 09:12:03 »


Amour et amants pour l’éternité.  :)

c'est tellement vrai et si joli ce que tu as écrit Marina....

 :-* :-* Sylvette


mc59

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Re : L'amour et la mort.
« Réponse #17 le: 17 octobre 2012 à 10:04:53 »
bonjour à tou(te)s
j'ai commencé un message hier soir , et puis mauvaise manoeuvre j'ai effaçé..
alors j'essaie ce matin de reprendre ce que m'a inspiré ce fil .
Peut-on encore aimer celui ou celle qui n'est plus présent physiquement ?
En ce qui me concerne c'est oui ...
je parle à Jean-Marie , et je lui dit 'je t'aime'
je lui parle parce que je crois (indépendemment de toute croyance religieuse) que Jean-Marie continue son chemin de Vie , autrement ;
on avait souvent parlé de la mort, bien qu'il ne soit pas malade;
et il était persuadé que la vie se poursuivait d'une autre manière ; un peu comme l'enfant dans le ventre de sa mère ne peut imaginer sa vie ensuite , nous aussi nous ne pouvons imaginer la suite .. mais je crois que suite il y a ...
et je lui dit 'je t'aime ', parce qu'il est vivant en moi ;  il n'a jamais été aussi présent dans ma vie, dans mon coeur, dans mes choix,  que depuis ces, bientôt, 21 mois...
Je l'aime pour tout ce qu'il m'a donné , tout ce qui m'a fait grandir.
je l'aime à travers nos enfants, nos petits-enfants à qui je veux transmettre ce qui était essentiel pour leur Papy : le respect de l'autre et la tolérance .
il est présent à travers la musique , toutes  les musiques qu'il aimait
Et je m'endors tous les soirs en lui parlant , en lui demandant de m'aider à poursuivre ce chemin que nous avons commencé à tracer ensemble .
je vous souhaite à tou(te)s une journée la plus douce possible
marie-claire

lilas52

  • Invité
Re : L'amour et la mort.
« Réponse #18 le: 17 octobre 2012 à 10:37:55 »
Bonjour,
D'accord avec toi Marie-Claire, la différence c'est que mon mari m'a préparé pendant toute sa maladie qu'il n'y avait rien après la mort. Les souvenirs bien sûre. Je pense que même l'idée d'autre chose ne lui aurait pas plus. Je ne peux lui dire plus qu'avant que je l'aime. Nous étions une unité. Maintenant je dois apprendre à avance seule, mais pas être son moi sur cette terre. Exciter en tant que moi. Le chemin est long, douloureux, pas d'oublie car même sur ce nouveau parcours il restera en moi.
Ou j'arrive à vivre en temps que personne entière ou je parts dans le néant.
Cordialement LILAS

cathy

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Re : L'amour et la mort.
« Réponse #19 le: 17 octobre 2012 à 10:56:06 »
Yohann bonjour,

Etant "nouvelle" sur ce forum, je me garderai de commenter la partie où tu exprimes ta lassitude vis à vis de ces échanges que je découvre depuis lundi et qui déjà m'apportent un peu de réconfort, chacun poursuit son chemin.

En revanche, je cherchais moi aussi depuis longtemps une définition de l'Amour qui me conviendrait et je n'en trouvais aucune  qui corresponde à ce que nous avions vécu Xavier et moi. Merci à toi de l'avoir trouvée, elle me semble maintenant tellement évidente !
Ce qu'elle induit par contre est dérangeant, s'il est vrai que les trois critères doivent être réunis pour former l'Amour, nous sommes bien amputés.
Il va donc me falloir partir en quête d'une nouvelle "définition", qui elle, inclurait la possibilité et même la certitude que nous continuons à aimer après la mort...

Tant de choses à faire, de chemin à parcourir encore.

Merci  à toi
Cathy

Caroline3

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Re : L'amour et la mort.
« Réponse #20 le: 18 octobre 2012 à 06:00:42 »
Yohann, par ce superbe fil qui me fait vibrer, j'aurai certainement le désir d'aller un peu plus souvent à la bibliothèque, parceque échanger au sujet de mes états d'âme sur un iPhone n'est, ma foi, pas du tout tentant...

Sinon, en ce moment, je suis dans un creux de vague. Je voudrais aller plus vite que le train, mais ça ne fonctionne pas du tout.

Marina, thanks pour le clin d'oeil. :)
« Modifié: 18 octobre 2012 à 06:03:07 par Caroline3 »

ROUBOU35

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Re : L'amour et la mort.
« Réponse #21 le: 18 octobre 2012 à 08:51:29 »
Bonjour,
Hier j'ai vu le psy et verbalisé ce que je savais et refusais; mon mari athée m'a redit quelques jours avant de mourir qu'après la mort , il n'y avait que le néant. Agnostique, j'aurais aimé peut-être tricher un peu et croire qu'il me répond de là où il est et me regarde, est près de moi. Mais je ne peux pas et me dis que tout n'est qu'une construction de mon esprit, que ce n'est que moi qui fais les questions et les réponses. Qu'est-ce que ça fait mal ! Bien sûr, chacun vit  différemment selon sa culture, ses croyances et je préfèrerais penser qu'il est ailleurs, que je peux communiquer avec lui etc. Malheureusement ça n'est pas possible pour moi et je ne peux que le faire vivre en parlant de lui autour de moi et espérer avoir appris de lui et modestement, qu'il continue de vivre à travers moi. Je ne veux pas être "lui" (j'en suis incapable) mais être "moi et lui" si possible. est-ce possible ? je suis perdue et j'ai tellement mal ! Je pense que plusieurs d'entre vous sont dans la même situation, , non croyants, pouvez-vous m'aider ?
Merci
Dominique

Hors ligne Marina Saboya

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Re : L'amour et la mort.
« Réponse #22 le: 18 octobre 2012 à 10:49:53 »
Dominique,

Le dialogue est difficile entre croyants et non croyants. Nous ne parlons pas le même langage. Les athées ont l’habitude de répéter que «La religion est l’opium du peuple », autrement dit, un nuage de fumée douce capable d’apaiser les douleurs du cœur. Ceci dit pourquoi pas? Tout est bon pour apaiser un souffrance, placebo ou chimie?...

Il est vrai que « croire » en quelque chose, croire qu’il y a autre chose peut être tellement rassurant quand le malheur nous frappe. 
A l’inverse, il y a ceux qui croyaient et qui ont perdu cette foi face à l’insupportable. J’en suis.

Pierre était croyant, mais peu pratiquant dans le sens religieux du terme, il pratiquait au quotidien en étant juste, généreux, attentif, tolérant…  De mon côté j’ai reçu une éducation religieuse enfant, et j’ai trouvé autant de réponses  que de questions , mais à l’adolescence tout est si entremêlé. Et plus tard, il m’a paru plutôt intéressant de vivre en respectant mon prochain plutôt que d’aller au temple (je suis protestante) pour débattre et négocier le pardon de pêchers qui me semblaient bien mineurs, ce bon Dieu devrait normalement s’occuper de chose plus graves, non ?
Bien que croyante dans ma jeunesse, j’ai toujours pensé comme ton époux que la mort était une fin. Après, le rien, le néant, le grand sommeil. Le Paradis et l’Enfer et tout le tintouin autour… non, pas assez crédule.

La mort de Pierre a été un point de rupture avec la croyance.
Enfin, je dis cela mais je continue à Lui parler pour Lui dire que je ne crois plus en lui !
Et je l’ai même envoyé au Diable, tiens !

Les premières semaines, c’était si lourd, tout était lourd, épouvantablement lourd et malgré le soutien des miens, je me sentais si seule. Mon seul secours, c’était de parler à Pierre, j’avais même très peur d’en faire mon icône, mon Dieu à moi, peur de devenir folle à n’avoir que lui dans mes pensées.
Et puis, quelques mois plus tard, la souffrance au maximum, le cerveau redevenu clair et lucide, cette étrange sensation de ne pas être seule, le sentir près de moi, mon Pierre, des réponses à des questions, sans pour autant l’entendre ou le voir. Un certain réconfort, on s’accroche à si peu quand le désespoir est au maximum. C’était presque magique de me sentir « deux ».

Et puis, et je l’ai raconté mille fois, un jour, la claque dans la figure, de nouveau la solitude, un nouvel abandon. Comment t’expliquer Dominique, c’est une sensation, un ressenti, très fort, là, et puis plus là. La peur qui me reprend, je le supplie, je ne suis pas prête, au secouuuuurs ! Et il revient, je le sens contraint et forcé mais il revient et encore plus proche, je le sens. Nous avons avancé ainsi pendant 3 mois. Une fusion parfaite et un bonheur intense.

Et puis de nouveau, le départ, très progressif cette fois, tout doucement, l’éloignement, sans regard en arrière, … et moi, je l’ai laissé partir cette fois, j’ai senti qu’il en avait besoin, et que je pouvais le faire. Après 21 mois.
Période difficile, je l’avoue, tout en pleine figure, tout très violent. Mais pas le choix.

Cette expérience a changé mon point de vue sur la mort, radicalement.
Dieu, Mahomet, ou n’importe qui d’autre,  je ne sais pas, et cela n’a pas d’importance en réalité. Mais un autre monde, après la mort, oui.
Je ne sais rien, où, comment, pourquoi, dans quel but… ??? Je le saurais quand j’y serais.
Ce que je sais, c’est que pour moi à présent, la mort n’est que la fin de la vie terrestre, et pas ce grand vide auquel je croyais. Pierre est resté avec moi, m’a soutenu pendant les moments les plus durs et ce n’est pas seulement dans ma tête que cela c’est passé. J’ai reçu des vrais messages, des vraies réponses, je l’ai senti aller et venir, nous avons presque eu des « discussions », je veux dire par là, que je me posais une question et j’exprimais « sa » réponse, je rétorquais que … et de nouveau je parlais pour lui. Sans pour autant entendre sa voix, bien sûr.
Parfois, je lui disais, mais bon sang, où puis-je trouver ce carton de carrelage ? Et en arrivant dans la grange-à-foutoir, je me dirigeais sans hésiter vers le bon endroit, le carton, bien planqué, introuvable sans un indice.

26 mois après son départ terrestre et 4 mois après son départ virtuel, la dépression me guettait comme une bête malfaisante. Oui, j’avais appris tant de choses en 26 mois, ne plus l’attendre, ne plus l’entendre, ne plus l’apercevoir dans la foule, ne plus me blottir dans ces bras quand la vie est blessante. J’avais retrouvé les larmes au quotidien et l’envie de rien. Grosse fatigue du corps et de l’esprit, urgence à agir.
En 24 heures, ma sœur décide pour moi et m’emmène dans la Drôme chez une amie de longue date mais chez qui je n’avais jamais mis les pieds.

Je dis souvent : Il n’y a pas de hasard, juste des rendez-vous. J’avais un rendez-vous sans le savoir  – programmé par qui ? – avec des personnes spirituellement avancées. Immédiatement le contact avec eux a été fort, et, sans le chercher, les réponses sont venues, avec douceur et tranquillité et assurance, je n’avais rien à dire, mes interlocuteurs répondaient, ils semblaient être là pour moi. Etrange sensation. Les discussions se passaient dans la joie et les rires, autour d’une bonne table et arrosées de vin du pays, le ciel était au diapason, soleil le jour et merveilleuse voute étoilée le soir. Rien de conventionnelle, pas de cartes de tarot, de boules de cristal, juste une discussion pleine de réponses et de silences aussi.
Quel apaisement.
Bien sûr, j’étais peut-être prête inconsciemment à entendre cela… où bien mon chemin devait me mener là.
Là encore peu importe.

Depuis, j’ai totalement  libéré Pierre et comme tu l’exprimes, je vis pour moi, car du coup, je me suis libérée aussi. Tout n’est pas rose et facile, car le manque de lui est toujours difficile, mais il est là où il doit être, et je le pense heureux et … m’ayant oublié, parce qu’il a compris qu’il pouvait me laisser, pour se consacrer à autre chose. Je dois à présent assumer seule. Des hauts et des bas mais je lutte pour ne pas me laisser de nouveau écraser, pas question.
Son Amour reste ma force, mon énergie, ma chance, et d’une manière ou d’une autre, je sais qu’un jour j’aurais l’occasion de donner ce que j’ai reçu. Et peut-être aussi la chance de le retrouver comme il me l'a été dit.

Dominique, ce n’est que mon expérience.

 :-*

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

ROUBOU35

  • Invité
Re : L'amour et la mort.
« Réponse #23 le: 18 octobre 2012 à 11:21:04 »
Merci, Yohann et Marina, d'avoir pris le temps de me répondre, je vais essayer de croire en la Vie.
Amitiés
Dominique

marcel09

  • Invité
Re : L'amour et la mort.
« Réponse #24 le: 18 octobre 2012 à 19:03:17 »
Bonsoir Yohann, Dominique,

La vie , la Mort, L'Amour, nos croyances, notre incertitude face au néant.
Que tant de questionnemnets, et que tant de réponses. Le présent le passé, tout s'entreméle pour ne faire que ce que l'on vit au jour le jour.
Ce que je sais de mes propres sensations, c'est que j'aime toujours Claudine, et que je l'aimerais jusqu'à mon dernier souffle. Il en sera ainsi, et ce n'est pas une décision prise, c'est pour ma part une évidence. Aprés tout ce que nous avons traversés ensemble, l'amour est toujours là, présent.
Je ne suis pas croyant, pas pratiquant, mais malgré tout je pense qu'il existe un je ne sais quoi aprés notre passage sur cette terre.
J'en veux pour prueve que ces moments à ressentir une présence, comme dit Dominique, avoir une réponse à une énigme que l'on se pose.
Alors que l'amour se conjugue au passé ou au présent, peu m'importe. Il est toujours présent au fond de soi
Et merci à ce forum d'exister, merci aux anciens qui acceuillent les nouveaux membres, mêmes s'ils sont moins présents. Ils nous ont tendus les mains dans des moments particulièrement délicats. Sans eux, certains d'entre nous auraient empruntés un chemin différents et certainement plus difficile.
Ce bateau a le mérite d'exister, merci à ceux qui l'ont crée, merci à ceux qui le font vivre avec des histoires du passé.
 :-* :-*
Marcel