Bonjour à tous,
mon compagnon, l'amour de ma vie, mon âme soeur, ma moitié... est décédée le 28.05.2019, d'un oedème cérébral.
Depuis son incinération le 05.06.2019, je n'ai pas versé une larme et je me demande si je suis normal ?!

Il venait de fêter ses 40 ans, le 14.05 et nous venions de fêter 18 ans d'amour le 26.04.
N'ayant aucun revenu, j'ai du rendre notre appartement où nous vivions depuis + de 10 ans et je suis retourné vivre avec ma mère. Celle-ci ne comprend pas mon dueil. Pour elle, sous prétexte que ces derniers temps nous avions des problèmes dans notre couple et que je n'étais pas heureuse, je ne devrais pas le pleurer.

Mais nous nous aimions !! Il était tout pour moi, mon monde, mon pillier, mon 1er et seul amour.

Et pourtant je ne pleure pas, pourquoi !!!

Je reste debout, j'avance, je fais des projets.
Mais il est dans mes pensées à chaque seconde. Je n'ai jamais cru aux esprits, en Dieu ou quoique ce soit de ce genre, mais j'ai la sensation qu'il est près de moi, qu'il veille sur moi.

Pourquoi ne suis-je pas effondré par sa mort ? Est-ce que mon coeur ou mon cerveau à déployé une sorte de bouclier de protection pour m'empêcher de trop souffrir ? Suis-je encore dans le déni ?

Mes amis, ou plutôt ceux de mon compagnon car je suis du genre solitaire, m'ont tous dit le jour de l'incinération "t'inquiète pas, vit pour lui, c'est ce qu'il voudrait. On est là si tu as besoin de quoique ce soit"...
Sauf que depuis, plus aucune nouvelle de personne...

Je me sens seule dans cette épreuve, je me sens abandonnée, et pourtant je maintiens le cap et je ne comprends pas comment c'est possible moi qui me pensait faible, incapable...

Est ce quelqu'un peut m'aider à comprendre la façon dont je gère mon dueil svp ? ;(

Oui c'est normal moi je n'ai pas pleuré avant un bon mois , quand enfin j'ai pu être seule et me laisser aller.

Bonsoir,
je vous remercie de votre soutien.
Oui effectivement comme je vis chez ma mère, je m'interdis de pleurer et d'être triste car je ne veux pas rendre les gens malheureux autour de moi, c'est dans ma nature de sourire à tout le monde surtout quand ça va mal parce que je ne veux pas "déranger" les autres avec mon chagrin ou ma tristesse. j'ai hâte de trouver un travail et surtout décrocher un CDI pour pouvoir me prendre mon appartement, je crois qu'une fois enfin seule, je pourrais faire mon deuil réellement, me laisser aller à pleurer :/

Chère Yufa,

Oui c'est normal... le cerveau fait bien les choses... au tout début il nous  anesthésie pour  nous  mettre  à l'abris de la violence du drame qui s'abat sur nous... nous ne pourrions survivre si nous devions encaisser instantanément ce que nous allons mettre des mois à réaliser,  comprendre, mesurer, appréhender...

Pour moi ce n'est que un mois et demie après le décès que le sol s'est ouvert sous mes pieds et que je suis tombée de la falaise.... c'était le jour de mon anniversaire.... les 50 ans....et il n'était pas là.... c'est ce jour là que j'ai commencé à prendre conscience qu'il ne reviendrait pas et de tout ce que cela impliquait.... cela fait maintenant presque 18 mois et je n'ai pas encore fini de faire le tour de tout ce que cela implique.

Tu as du aussi quitter votre appartement, votre nid d'amour... cela a peut être nécessité que tu te sépares de ses affaires bien trop tôt,  bien trop vite.... tu n'as donc plus tout ces repères dans lesquels on se plonge les premiers mois pour garder le lien physique, c'est  une épreuve en plus et pas la dernière puisque de surcroît  tu vis pour l'instant chez ta maman où tu t'interdis d'exprimer ton chagrin pour la préserver... ça fait beaucoup tout ça.... vraiment beaucoup.

Je vais te parler des groupes de paroles pour endeuillés car ce pourrait être un bon endroit pour toi pour aller déposer quelque part toute cette douleur qui a besoin d'être  exprimée. Il existe plusieurs associations. Je connais Jalmalv, c'est celle à laquelle je me suis adressée et qui m'a accueilli pendant un an au sein d'un de leur groupe, ils ont un réseau national. Les rencontres sont animées par des bénévoles endeuillés eux même et qui ont reçus des formations spécifiques pour l'accompagnement du deuil.
On se rencontre une fois par mois par groupe de maximum 10 personnes, toujours les mêmes, ce sont des groupes fermés une fois qu'ils sont constitués.... là on peut parler, pleurer sans peur d'être jugé et trouver l'écoute et la bienveillance dont nous avons tant besoin. Si tu veux en savoir plus, si tu as des questions,  n'hésite pas je serai ravie d'y répondre.

Et puis il y a ce merveilleux forum aussi ou l'on peut venir à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit déposer son cri de douleur qui sera sans aucun doute entendu par l'un ou l'autre de nos ami(e)s de tristesse.

Je t'embrasse,

Affectueusement,
BEBE

Merci encore une fois à tous, votre soutien, vos témoignages me font du bien, évidemment, je sais que je ne suis pas la seule à vivre un tel drame, mais lire les témoignages d'autres personnes endeuiller m'aide à commencer à comprendre ce que je ressens. Je garde tout à l'intérieur, oui je supporte beaucoup, je dois aussi supporter le faite, que je n'ai aucun endroit pour me recueillir auprès de lui, ses parents vivant dans le sud ont bien évidemment emporté ses cendres avec eux, moi je suis dans le nord, même si je pourrais toujours descendre 1 ou 2 fois dans l'année, je ne pourrais jamais me recueillir chaque fois que je le voudrais ou que j'en aurais besoin. C'est vrai que je me pose énormément de question. Pourquoi cela nous arrive à nous ? Pourquoi devait t'il partir si tôt, si jeune ? Et les remords aussi, aurais-je pu dire ou faire quelque chose différemment qui lui aurait sauvé la vie ?, je ne sais pas et je ne le saurai jamais. Toute ma souffrance est intérieur, rien ne transparaît de prime abord, j'arrive encore à sourire face aux autres et je ne sais pas ni comment, ni où je puise cette force :/

Yufa
Moi non plus je n'ai pas pleuré les premiers temps, j'étais en état de sidération totale, je faisais les choses mécaniquement, comme en pilote automatique. Rien n'est anormal,  chacun.e vit les choses à son rythme et à sa manière. J'arrive aussi à afficher un visage souriant face aux autres, tout le monde ou presque doit penser que je vais plutôt bien, je garde mes larmes pour les moments de solitude. Ce que je ressens, je l'écris dans mon journal ou ici, je l'exprime à ma psy et dans un groupe de parole. On apprend à gérer ces différents lieux/moments car rapidement, l'entourage passe à autre chose et n'a plus envie d'entendre la douleur.
Les cendres de mon chéri sont loin aussi. Je me suis fait un petit jardin de souvenir avec des photos, une plante fleurie et... une petite voiture car il aimait les voitures. Tous les matins en me levant je lui dis bonjour et je l'embrasse.
Tu trouveras comme nous tous ton propre chemin et tu pourras compter sur notre soutien.
Affectueusement
Elisa

Bonjour yufa, est ce que tu vois un psy ? Il me semble important que tu puisses parler en vrai à quelqu'un qui puisse t'entendre, t'écouter et te permettre de te lâcher car, oui, tout ton chagrin et ta colère vont te revenir en boomerang. Demande à ton médecin, il te fera un courrier à remettre à ce professionnel qui pourra te recevoir assez vite.
Courage
Affectueusement
Nicole