Oh non Nora, je ne parle ni passionnément ni pour remettre en cause ce que tu penses. Tu sais, J'étais avec mes certitudes moi-aussi avant que tout cela m'arrive. Jacques disait toujours que l'on ne peut juger d'une situation qu'après l'avoir vécue. A vrai dire, je n'ai jamais cherché plus loin, cela ne m'intéressait pas. Comme tu le dis si bien, nous avons tous besoin de trouver un sens à la mort de l'autre. Tout ça ne peut être anéanti pour rien, sans raison aucune. Je me méfie des adultes, prédicateurs en tous genres et autres. J'ai été interpelée par la parole d'un enfant. Et cette omerta qui existe sur ce sujet aussi me dérange. Tu as raison les humains sont égocentriques et moralisateurs. Ils croient tout savoir, s'estiment rationnels s'ils ne croient en rien. Je ne veux plus être de ceux-là. Je veux laisser venir à moi des choses que ma sensibilité aiguisée n'avait seulement pas détectées avant ça parce que polluée par les rituels d'une vie de fou, métro-boulot-dodo ! Je crois maintenant que nous sommes ici pour une mission, et qu'une fois cette mission finie ou simplement passée à un autre, nous avons le droit de monter nous reposer, on ne m'enlèvera plus ça de la tête depuis une petite série d'évènements depuis le départ de mon cher époux. Je n'étais pas prête à ça, je n'étais pas réceptive, je ne l'ai jamais été, je ne le cherchais pas ni ne le voulais spécialement. Parfois, devant des évidences, il faut pouvoir accepter les défis, s'incliner, faire montre d'ouverture. Mon fils a fait des études de psychologie (c'est dire comme il est fermé à tous ça). Néanmoins il reconnait ne pas pouvoir expliquer certaines choses. Un hasard arrive rarement en escadron... Il y a des choses, des problèmes à régler que je n'aurais jamais pu faire seule, je n'ai jamais pu, pour une raison bien définie. Je sais que d'où il est, Jacques a réglé les choses pour moi, TOUTES les choses. Même mes proches ont étés surpris et ne l'expliquent pas, dans toute leur rationalité. C'est donc "classé sans suite" ici, suivi de ce fameux silence. Quant à moi, j'ai retrouvé un peu d'espoir. Avoir fait ce chemin me permet de ne pas rester seule, je ne me considère plus jamais seule. Je ne peux le voir, bien sûr, mais je le sens, je sais qu'il est là. Quand je pars, je lui dis où l'on va ! Il me suit partout, il n'est plus jamais fatigué, plus jamais malade, il est bien, il peut me suivre. Sa présence spirituelle me rassure et m'encourage à avancer. Quand je lui demande de venir me chercher, il me répond que je dois être patiente, que j'ai encore des choses à vivre. Là tu vas me prendre carrément pour une contemplative, mais tu rirais si tu me connaissais. Je ne suis qu'une jeune grand-mère stupidement branchée et les pieds bien sur terre. Aussi j'ai conscience de la difficulté à convaincre les septiques et c'est bien normal. Je m'estime juste chanceuse d'avoir pu être assez ouverte à un moment de ma vie pour accueillir des possibilités nouvelles et par cela m'enrichir. J'espère que ta journée sera douce, avec un peu de soleil comme chez moi ce matin, et je t'embrasse amicalement. Ally