FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Emma1206 le 12 septembre 2016 à 11:07:03

Titre: L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Emma1206 le 12 septembre 2016 à 11:07:03
Bonjour. Je m'appelle Emma. J'ai 37 ans, bien que je me sente plus vieille que les pierres.
J'écris ici un peu par hasard car je ne sais plus très bien à qui, comment et où parler. Je ne suis pas familière du système de forum même si j'aime l'idée de la Rome antique.  Et effectivement quand je vois les 16 smileys à disposition au dessus de cette fenêtre,  je me dis que je dois m' être perdue. Même si parfois il y a trop ou pas assez de mots, un visage jaune peut-il témoigner du gouffre qui s'ouvre?
La vérité c'est que je me suis perdue partiellement en octobre dernier à l'annonce du cancer de mon mari. Mon compagnon de 18 ans. Le papa de ma fille de 4 ans. 10 mois de plongée dans l'inconnu, l'inconnu de la maladie, des blouses blanches, de la souffrance morale et physique, de la perte de l'envie. Il restait l'espoir cependant...qui faisait vivre selon l'expression consacrée. Il est mort le 19 août après une nuit d'agonie lente et discrète, à son image. Une longue nuit durant laquelle ma belle-mère et moi  l'avons accompagné jusqu'à la barque de Charon. Et l'avons laissé partir, le masque mystérieux de la mort imprimé sur son visage. Là je me suis perdue. Je le suis toujours d'ailleurs. Je dois remonter doucement de ces rivages sombres pour ma fille que je chéris mais je ne sais pas quel visage, quelle voix présenter. La douleur infinie m'a éparpillée aux quatre vents. Je le cherche partout et nulle part. J'enchaîne les états d'hébétude et de révolte, j'ai envie de tout  brûler, et pourtant je m'accroche à chaque objet comme à des reliques sacrées.
Et cette tristesse comme une eau à température variable.  Que faire de tout ce reliquat d'amour, de projets avortés, de promesses en suspens, de ce désir mort? Et comment continuer à regarder les yeux de ma fille, ses deux flaques de mer bretonne  dans lesquelles je vois mon amour perdu et dans lesquelles se reflètent mon impuissance à être une maman fonctionnelle?
Les limbes.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Orfila le 12 septembre 2016 à 11:56:03
Je t'embrasse Emma
J'aimerais tant pouvoir prendre une barque pour aller sur le Styx
j'aimerais tant n'être que dans le cycle des Atrides
comme tu le dis: les mots, les plus belles paroles ne consolent pas de la stupéfaction terrifiante qui nous abat.

Je t'embrasse, toi et ta petite fille.
Je n'ai pas cette chance.
C'est ainsi.
Courage à toi et à elle;
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: qiguan le 12 septembre 2016 à 14:06:37
triste accueil
ton deuil est si récent ...
ici tu pourras écrire
lire
passer du temps à satiété
fouiller les écrits des un(e)s et des autres
et voir
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/en-guise-de-table-des-matieres/
tu seras maman par la seule magie de la présence de ta fille et les choses se feront sans le calculer pour elle
affection
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: nous le 12 septembre 2016 à 16:32:26
C'est tellement triste Emma,
Quelques mots et nous plongeons dans ta souffrance. Nous la recevons si fort.
Je ne sais quoi te dire. Sinon que c'est une abomination et que sans ce forum, j'aurai pu croire être seule au monde à souffrir de la sorte. Alors que chaque deuil est terrible. Chaque jour est une montagne.
Tendrement
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Doudouzoe le 12 septembre 2016 à 19:21:14
Je te lis et j ai l impression que c est ma vie, je m appelle emmanuelle et mon mari est aussi parti d une longue maladie en 11 mois. Nous aussi nous avons déambuler dans les hôpitaux, appris à connaître et apprécié ces blouse blanche. Apprivoiser cette douleur, espéré et puis sombrer cette soirée du 28 juin.
Auprès de sa mère, de sa fille de moi Il est parti pour un voyage dont l on ne revient pas et nous a laissé à cette souffrance.
Il avait 40 ans nous avons 40 ans sa fille à vu mourir son père à 6 ans et elle est beaucoup plus courageuse que moi.
Depuis je vis dans la douleur le vide l absence je me bat tout les jours pour survivre. Ici tu trouveras de l aide en tout cas moi j en ai trouvé lire fait du bien.
J ai moi aussi mes rituels il en faut pour continuer.

Prends surtout soin de toi je sais que psychologiquement voir et vivre une fin de vie est épuisant,  cette vie qui part, ces yeux vide ce masque de la mort. On a tout donné il ne nous reste que l épuisement et le sentiment que tout nos efforts n'ont rien donné.  Bizzz...
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Emma1206 le 13 septembre 2016 à 16:33:34
Pour le coup il n'y a qu'un mot: merci.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Juju1234 le 13 septembre 2016 à 22:15:10
Je franchis le pas  d'écrire sur ce forum que je lis depuis plusieurs mois malheureusement.. J'ai 38 ans, j'ai perdu mon mari en janvier 2016 après un an de cancer, comme vous l'hôpital, les traitements, l'angoisse, les urgences, les soins palliatifs, la mort qui prend son temps et n'épargne rien à mon mari comme à nous... J'ai deux enfants 17 et 10 ans.  Qqs mois apres son deces, j'ai été obligée de recourir aux médicaments, le travail à plein temps, la fatigue et le stress accumulés, les enfants, le quotidien à gerer ne laissent pas vraiment de place. Ma fille ne supportait plus de me voir m'effondrer tous les soirs et le week-end, elle m'a dit un jour en pleurant qu'elle avait besoin de moi. Les anxiolytiques m'ont aidés pendant qqs semaines et je n'en prends plus que ponctuellement. l'hypnose fonctionne bien pour moi, notamment pour "oublier" les images  obsédantes de mon mari en fin de vie.
J'ai pris l'habitude de remplir mes week-end, pas forcément avec amis (les relations avec l'entourage sont encore difficiles)  je prévois des sorties à l'extérieur, un ciné, un sport, une activité proposée par des associations diverses. On s'occupe pour combler le vide. Ma fille fait encore des cauchemars et j'ai encore besoin de somnifères... Mais bizarrement je suis encore "en vie", ce qui me paraissait impossible il y a qqs mois....
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: séléna le 13 septembre 2016 à 23:27:56
Bonsoir Emma.
J'ai 42 ans. J'ai perdu mon Olivier d'un cancer en moins de 10 mois. Il est parti le 25/06 à 44 ans.
Je me retrouve seule avec notre fille de 8 ans. Je suis complètement perdue. J'ai l'impression de tomber dans un gouffre sans fond.
Je me sens coupable de ne pas l'avoir sauvé, de l'avoir laissé partir même si je sais bien au fond de moi qu'il n'y avait aucune autre issue ...
J'ai sans cesse en tête ses derniers jours de vie, sa douleur, ses peurs puis son acceptation.
Je repense à ce jour où l'infirmière des soins palliatifs a parlé de fin de vie. J'aurai dû hurler, ne pas accepter cet état de fait. Mais, rien, j'étais comme anesthésiée.
Mais là, la douleur s'est bien réveillée ...
Je te souhaite beaucoup de courage.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Ela le 14 septembre 2016 à 00:40:58
Bonsoir Emma, Juju, Séléna et autres amis de ce forum... Je pense fort à vous et vous souhaite beaucoup de courage... Lorsque nous sommes vacillants, désaxés... je ressens que le soutien obtenu auprès des personnes de ce forum permet de ne pas s'effondrer... Comme si s'appuyer les uns sur les autres permettait de retrouver un minimum d'équilibre.

J'ai moi aussi perdu mon amour le 14 avril dernier. Ça fera 5 mois demain... Il est parti comme ça, d'un coup, suite à un arrêt cardiaque à l'âge de 33 ans... Comme pour vous, cet événement me laisse dans un état de sidération, d'impuissance, d'incompréhension... tant de questions, tant de souffrance, tant d'émotions qui se mêlent: tristesse infinie, colère, peur, culpabilité... Vide, absence, silence... Violence muette, sourde, insidieuse... Tant de paradoxes: fuite en avant et en même temps, peur de le perdre encore davantage... Ces journées qui n'en finissent pas, interminables, ce temps qui passe si lentement, qui parait si long... et qui passe si vite en même temps. Trop vite. Qui nous éloigne chaque jour un peu plus des moments partagés tandis qu'il emporte les autres et le reste du monde vers demain, nous laissant sur le carreau, dans un temps et un espace différent, où règnent le silence, la solitude, les questions sans réponses...

Puis il y a parfois d'autres petits instants. Des petites lueurs timides dans les ténèbres... La beauté nue, timide, sans artifices de la vie qui parfois vient nous trouver quand on ne l'attendait plus... Dans mon cas c'est souvent dans ces cours instants d'apaisement après les larmes que je les perçois... Lorsque je réussis à évacuer un peu ce que j'ai sur le cœur... Je ressens alors pendant quelques instants une sorte de douceur qui m'enveloppe et je me plais à croire que c'est dans cette douceur que mon amour vit à présent. Et que c'est dans cette douceur qu'il aimerait m'envelopper... Je trouve cette beauté aussi dans d'autres petites choses, toujours dans ce calme qui succède et précède la tempête. Dans la nature, dans certaines musiques... et quand j'y parviens dans l'évocation des souvenirs heureux, même si pour l'instant, ça reste très difficile.

Voila, ce sont des petites lueurs fragiles... Quand je suis au plus mal ou dominée par la révolte, je ne peux pas les voir ou alors de rage et de frustration, je les fais disparaître... Ce soir je préfère reconnaître leur existence au milieu des ténèbres et vous offrir de vous réchauffer un peu à ces petites flammes vacillantes...

Je pense fort à vous.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Doudouzoe le 15 septembre 2016 à 12:42:27
Quand quelqu'un meurt, ou que l'on subit une perte horrible, on passe tous par les 5 étapes du deuil.
Tout d'abord, le déni, parce que la perte est si inconcevable qu'on ne peut pas croire que c'est vrai.
 Puis, on est en colère contre tout le monde, contre les survivants, contre nous même.
 Ensuite, on négocie :
On supplie, on implore, on offre tout ce qu'on a.
On offre nos âmes en échange d'un jour de plus.
Quand la négociation échoue, et que la colère est trop difficile à contenir, on tombe dans la dépression, le désespoir jusqu'à ce qu'on accepte enfin qu'on a fait tout notre possible.
On abandonne.
On abandonne et on accepte.


Quand accepterais-je?

Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: séléna le 15 septembre 2016 à 21:50:38
Bonsoir à toutes et tous,
Doudouzoe, ce que tu dis me parle ...
Depuis des années, j'avais l'habitude de téléphoner à Olivier en tout début d'après-midi. Mardi, je suis sortie m'aérer pendant ma pause déjeuner et j'ai repensé à ces coups de fil ... j'ai pris comme un coup de poignard en plein ventre qu'il n'y en aurait plus, plus jamais.
Je me suis effondrée, j'aurai tout donné pour l'entendre encore une fois ...
Depuis quelques jours aussi, je vois une silhouette passer au travail ou à la maison, mon coeur fait un bond "c'est lui" et l'instant d'après, la chute est brutale et cruelle.
Ca vous est aussi arrivé de croire une fraction de seconde qu'il pouvait revenir ?
Je vous embrasse fort.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Juju1234 le 15 septembre 2016 à 22:28:35
Bonsoir,
Oui ca m'a fait ca aussi,  je le voyais partout, entrain de marcher, de rire, je croyais le reconnaître de loin....un jour j'ai essayé de lui téléphoner en sortant du travail, par automatisme.  Et puis après seules les images de lui malade et endurant des douleurs atroces, me revenaient, ca a été très dur. Maintenant c'est un entre deux suivant le jour, l'heure mais j'essaye de penser à autre chose afin de pouvoir travailler et  m'occuper au mieux de mes enfants sans trop vaciller.

Pensées
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: séléna le 16 septembre 2016 à 23:13:58
Bonsoir Juju,

Moi aussi, je n'arrive pas à me sortir de la tête les images de ses tous derniers jours ...
Et puis je me dis, qu'est ce qu'il a dû souffrir mentalement, à l'idée de nous laisser, sa fille de 8 ans et moi.
Il était très angoissé les derniers temps mais je pense que, même si on était très proches, il me protégeait en ne me disant pas tout, pour ne pas en rajouter à ma douleur.
J'essaie de me mettre à sa place au moment où tout bascule, je ressens de la terreur.
Comme toi j'essaie de tenir le coup pour notre fille. Elle ne dit pas qu'elle est triste ou que son papa lui manque mais on dirait que tout est prétexte à pleurer ... elle exprime sa peine comme elle peut.
Je pense à toi et ta famille.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: tony36 le 17 septembre 2016 à 01:20:47
Bonsoir Juju,

Moi aussi, je n'arrive pas à me sortir de la tête les images de ses tous derniers jours ...


C'est horrible ces images... je sais pas comment vous faites pour vivre avec.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Doudouzoe le 17 septembre 2016 à 09:24:53
Il en va de même pour moi,il est parti le 28 juin chez lui, les médecins nous avaient dit que la sedation ferai son travail qu il s endormirai tranquillement mais cela n'a pas été le cas. Mon dieu qu il a souffert, je lui tenais la main et puis d un coups ses magnifiques yeux vert ont révulse et il est parti. Je ne m y attendais pas enfin s y je savais qu il allait mourir mais ce n était pas prévu à ce moment là...Il se sentait près je pense, si vous lisez mes contributions vous connaîtrez mon histoire...

Prenez soin de vous
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: séléna le 17 septembre 2016 à 09:25:42
Bonjour Tony,

Je n'ai pas le choix, je dois faire avec ces images ...
Mais il n'y a pas que celles là, il y a les images des jours heureux aussi.
Mon deuil est encore très récent (25/06/16), mes pensées sont en dents de scie.
Pensées à toi.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: séléna le 17 septembre 2016 à 09:27:23
Bonjour Tony,

Je n'ai pas le choix, je dois faire avec ces images ...
Mais il n'y a pas que celles là, il y a les images des jours heureux aussi.
Mon deuil est encore très récent (25/06/16), mes pensées sont en dents de scie.
Pensées à toi.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Stana le 17 septembre 2016 à 10:47:17
Bonjour. Je m'appelle Emma. J'ai 37 ans, bien que je me sente plus vieille que les pierres.
J'écris ici un peu par hasard car je ne sais plus très bien à qui, comment et où parler. Je ne suis pas familière du système de forum même si j'aime l'idée de la Rome antique.  Et effectivement quand je vois les 16 smileys à disposition au dessus de cette fenêtre,  je me dis que je dois m' être perdue. Même si parfois il y a trop ou pas assez de mots, un visage jaune peut-il témoigner du gouffre qui s'ouvre?
La vérité c'est que je me suis perdue partiellement en octobre dernier à l'annonce du cancer de mon mari. Mon compagnon de 18 ans. Le papa de ma fille de 4 ans. 10 mois de plongée dans l'inconnu, l'inconnu de la maladie, des blouses blanches, de la souffrance morale et physique, de la perte de l'envie. Il restait l'espoir cependant...qui faisait vivre selon l'expression consacrée. Il est mort le 19 août après une nuit d'agonie lente et discrète, à son image. Une longue nuit durant laquelle ma belle-mère et moi  l'avons accompagné jusqu'à la barque de Charon. Et l'avons laissé partir, le masque mystérieux de la mort imprimé sur son visage. Là je me suis perdue. Je le suis toujours d'ailleurs. Je dois remonter doucement de ces rivages sombres pour ma fille que je chéris mais je ne sais pas quel visage, quelle voix présenter. La douleur infinie m'a éparpillée aux quatre vents. Je le cherche partout et nulle part. J'enchaîne les états d'hébétude et de révolte, j'ai envie de tout  brûler, et pourtant je m'accroche à chaque objet comme à des reliques sacrées.
Et cette tristesse comme une eau à température variable.  Que faire de tout ce reliquat d'amour, de projets avortés, de promesses en suspens, de ce désir mort? Et comment continuer à regarder les yeux de ma fille, ses deux flaques de mer bretonne  dans lesquelles je vois mon amour perdu et dans lesquelles se reflètent mon impuissance à être une maman fonctionnelle?
Les limbes.
Bonjours Emma. Ton histoire m'a profondément émue. J'espère que ça continueras à te faire du bien-ne serait-ce qu'un peu dans un premier temps-de venir nous parler. Ici nous vivons tous la même chose, nous savons tous ce que tu èprouve. Les personnes qui n'ont pas vécu ce drame ne peuvent pas comprendre ce que nous vivons-celles qui l'entrevoient sont dotées d'une extraordinaire empathie, et sont d'autant plus précieuses qu'elles sont rares  :)j'espère que tu as quelques personnes de ce genre dans ton entourage.
  Ton deuil est tout réçent, ces premières semaines sont les pires parce-qu'aprés l'état d'hébétude où nous a plongé la perte de l'être aimé, nous commençons à réaliser ce que représente vivre sans lui, nous commençons à le vivre et nous comprenons que nous allons devoir faire avec tout le reste de notre vie  :'(  c'est un passage tristement obligé, aussi déchirant que ce soit. Nous nous sentons comme amputé-sans anésthésie-d'une partie de nous-même, et pourtant nous devons continuer à effectuer les gestes du quotidien, jour après jour, malgrès ce vide immense.
  J'ai vécu, plusieurs mois, cette étape-j'allais dire insupportable, et c'est effectivement ce que nous éprouvons sur le moment, mais il faut croire que c'est supportable puisque nous survivons  :(; j'ai perdu mon compagnon le 2 mai 2015, après qu'il ai été dans un coma profond dont il n'est pas sortis depuis le 23 avril au soir: il était tombé accidentalement dans ses escaliers alors qu'exceptionnellement j'ètais absente pour la nuit. Le choc initial, tellement traumatisant à l'annonce de son décès, puis la profonde stupèfaction, incompréhension incrédule des premières semaines, avant la pleine prise de conscience.
  Peu à peu, pas à pas j'ai pus non pas "faire mon deuil" (je hais cette expression parce-qu'elle donne une impression d'oubli, pour ma part je dirais: vivre mon deuil en paix, plus confortablement), mais apprendre à vivre avec, à vivre le quotidien, chaque instant avec son souvenir indélébile en moi, mais avec plus de sérénité, teintée d'une douce mélancolie. J'arrive à sourire avec plus de joie que de tristesse à l'évocation de notre amour, de nos merveilleux souvenirs, de la personne qu'il a été. Il y a des hauts et des bas, mais je peux témoigner qu'avec suffisament de patience, de ténacité, de résistance passive-car il ne s'agit pas de brûler les étapes ou de refouler quoi que ce soit, ça aurait l'effet inverse-de petites embellies, puis un mieux-être, une certaine paix intérieures sont possibles.
  J'ai bien conscience que ce doit être pire encore pour toi parce-que ton conjoint a souffert, et que tu as assisté à sa mort  :'( ce n'est peut-être pas une grande consolation, mais ses souffrances sont terminées et, tout au long de sa maladie puis de sa fin de vie, tu as été là pour lui, tu l'as accompagné avec tout l'amour possible; il le savait et, même dans son état, ce devait être un don merveilleux pour lui, vous avez toujours eu conscience de votre lien.
  Ta petite fille est le témoignage vivant de votre amour; tu dis toi-même qu'elle a ses yeux, et je comprends que ça ravive la douleur de la perte, de l'absence, mais c'est aussi la preuve qu'elle est une partie de lui  :)j'espère qu'avec le temps, cette ressemblance t'apportera plus de joie que de douleur. Vous avez besoin l'une de l'autre, et il sera toujours présent dans vos cœurs. Ce qu'il aurait voulu plus que tout, c'est votre bonheur (c'est impossible dans l'immédiat, je le sais, mais lorsque de l'eau aura coulé sous les ponts...et encore une fois je ne parle pas d'oublier, de cesser d'honorer la mémoire de l'Autre), et, pour commencer, que vous continuez à vivre. Ce que tu aurais voulu pour lui, si c'était toi qui ètait partie la première.

  Pour ce qui est des smileys, personnelement quand j'èprouve des émotions contradictoire, je mets ces deux-là:  :( :) ou  :'( :) mais si la vraie souffrance est là,  :( ou même  :'( n'y suffisent pas. Je verrais bien  :( :'(...
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Orfila le 17 septembre 2016 à 12:08:14
ces mots "sédation"
ah oui comme ils m'ont assommée la cervelle
et celui là "l'hypnovel" ah dieu vous bénisse de ne jamais l'avoir entendu
oh les bio bio des perfusions
oh ces images
et ces sons
ces sons qui me crient dans la cervelle
ces sons impitoyables
qui assassinent tout espoir

je vous embrasse.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Stana le 17 septembre 2016 à 13:09:22
  Ces mots doivent être particulièrement atroces pour toi Orphila  :'( à mon èchelle-je sais que pour toi et ton conjoint ça a été bien pire, mais selon mon expèrience-certains sons me hanteront toujours, réveillerons toujours en moi le souvenir plus douloureux cette semaine où mon compagnon était en fin de vie; le bruit des appareils qui le maintenaient en vie, qui m'effrayait et m'émerveillait à la fois parce-que pour moi ces petits bruits, ces clignottements intermittents, c'était "sa vie", je voulais m'y accrocher  :( le bruit du souffle  qui gonflait artificiellement ses poumons, aussi. Et des mots comme "coma", "soins intensifs" puis "soins continus", des phrases comme "Il faudrait prévenir sa famille", et finalement "Il est décèdé ce matin à 10H30". Je sais que tout ceci restera gravé en moi de façon indèlèbile, et que parfois-pour le moins-ils ressurgiront avec plus de douleur.
  C'est juste qu'avec le temps ce n'est plus permanent, qu'on a droit à un peu de repos.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Doudouzoe le 17 septembre 2016 à 13:17:15
Ah oui! Hypnovel morphine.
Madame faut t il augmenter ou pas? Si vous voyez que cela ne vas pas utiliser le bolus.... Hospitalisation à domicile appeler infirmière en urgence attendre attendre qu elle arrive....La souffrance, la poche est vide l infirmier à mal dosé trop de bolus....oh mon dieu plus jamais ça...
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Orfila le 17 septembre 2016 à 13:24:02
- N'hésitez pas à appuyer hein
bolus
bolus
pour qu'il ne souffre pas
n'hésitez pas hein
n'hésitez pas....
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Juju1234 le 17 septembre 2016 à 14:28:55
Oui les bolus, pour ce que ca a servit... Mon mari était aux soins palliatifs les derniers jours mais ils ont refusé la sédation, pas le courage : trop jeune, des enfants et "il vous aime tellement Madame..." je les ai haïs ces médecins... Mon mari avait des métastases cérébrales il avait perdu la tête, seule la souffrance subsistait, et cela faisait déjà des semaines que je ne pouvais plus amener les enfants le voir tellement son état physique et mental était dégradé
Selena, ma fille est plutôt introvertie et sa tristesse sort plutôt la nuit sous forme de cauchemars. Je n'ai pas de solution miracle, mais on m'a dit que les enfants ont une capacité de résilience plus importante que les adultes, peut-être, j'espère.... Elle aussi a vu et entendu son père très malade quand l'hôpital n'avait pas de place. Elle ne supporte plus la vue d'un médecin, ni de voir la moindre faille chez moi sinon elle angoisse. J'hésite à l'amener voir un psychologue, je cherche qq1 en ce moment.
Pour les images mentales, l'hypnose m'aide mais j'avoue que sans anxiolytiques je ne m'en sortirai pas. Maintenant que je sais que ce monde existe, j'ai dû mal à me réinsérer dans le monde des autres, avec les petits tracas du quotidien et leurs insouciance (j'en rêve d'un cachet d'insouciance)  Mais qd même les petits bonheurs arrivent parfois jusqu'à moi, et mes enfants sont magnifiques
Des pensées pour vous toutes et tous, surtout en ces jours de week-end qui ne sont pas les plus simples (en tout cas pr moi, au moins la semaine les journées sont remplies par le travail)
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Doudouzoe le 17 septembre 2016 à 16:05:58
Pourquoi les week-ends sont-ils si dur?
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: séléna le 17 septembre 2016 à 18:06:53
Juju, Orfila, Doudouzoe ... ça fait chaud au coeur de voir qu'il y a des personnes qui peuvent me comprendre ...
Morphine, Hypnovel, bolus ... tout ça résonne en moi. Je ne sais pas pour vous mais il n'y a que sur ce forum que je puisse en parler.
J'ai l'impression que les gens évitent de me parler d'Olivier (je ne veux pas parler de ses derniers moments, c'est trop intime, mais juste parler de lui). Ont-ils peur que la mort soit contagieuse ?
Doudouzoe, pour moi aussi les weekends sont plus difficiles que la semaine, les vacances n'en parlons pas ! Il me faut un rythme soutenu, sinon je m'écroule.
Juju, ma fille consulte une psychologue de temps en temps, elle n'a pas un réel suivi psychologique. La psy ne l'estime pas nécessaire pour l'instant. Mais ses conseils sont utiles, je peux parfois adapter mes réactions. Elle me déculpabilise aussi car ma fille dort avec moi depuis que son papa a été hospitalisé (mi-juin), elle trouve que ce n'est pas grave !
Je pense tout de même prendre RDV avec sa maîtresse pour savoir si tout est OK à l'école.
Ce midi il m'est arrivé un truc nouveau alors que nous mangions toutes les deux au restaurant. Je regardais les gens autour de nous boire de l'alcool, manger des frites bien grasses, fumer dehors ... et j'ai ressenti une grande injustice car Olivier est décédé d'un cancer digestif, à 44 ans, lui qui ne buvait pas, ne fumait pas, avait une vie saine. Je me suis dis qu'il y en avait d'autres qui auraient du partir avant.
C'est pas joli joli ces pensées, mais je ne les maîtrise pas ...
Bon samedi soir à vous. Je vous embrasse.

Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: kompong speu le 17 septembre 2016 à 18:14:26
séléna
 ne culpabilise pas pour les pensées au combien réalistes qui te viennent rien n'est dans l'ordre des choses ; la vie est si injuste parfois et on avale le bol jusqu'au fond la lie avec
 courage a toutes
une maman désanfantée  :'(
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: MJ2610 le 17 septembre 2016 à 18:14:38
Je m'appelle Marie-Josée et j'ai perdu mon amoureux Eric après 11 mois de maladie le 17 avril, 5 mois aujourd'hui.  Il avait 50 ans et moi 44 ans. Je me retrouve beaucoup dans vos mots. J'ai également vécu les rendez-vous à l'hôpital, les traitements, l'angoisse de l'incertitude et de voir mon grand amour souffrir physiquement et psychologiquement. Le 14 avril, le médecin nous annonce qu'il n'y a plus rien à faire et qu'il ne lui reste plus que quelques semaines à vivre, il est décédé 2 jours plus tard. Je n'ai pas eu le temps de comprendre ce qui se passait, nous vivions dans l'espoir qu'il aille mieux et peut être même un miracle et qu'il guérisse...J'ai été à ses côtés jusqu'à son dernier souffle à le flatter, l'aimer, lui apporter du réconfort. Heureusement, sa famille qui habite à l'extérieur a eu le temps de venir faire leurs adieux. Je garderai toujours en mémoire son visage illuminée de bonheur et son beau sourire lorsqu'il les a vu entrer dans la chambre d'hôpital. Je serai éternellement reconnaissante que mon chemin ait croisé le sien, il m'a fait connaître le vrai, le grand amour.  Mais maintenant je dois composer avec la réalité de cette absence et de ce manque de lui, des projets partis avec lui. Je suis bien entourée de ma famille et j'ai de précieux amis très présents, cela aide mais n'enlève pas la douleur, la tristesse, le vide laissé par son départ. Je vis du mieux que je peux au jour le jour et je ne me projette pas dans l'avenir. J'ai espoir qu'un jour la douceur reviendra dans mes journées.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: MJ2610 le 17 septembre 2016 à 18:19:30
@selena, Eric aussi est décédé d'un cancer digestif et avait un rythme de vie sain. Je me dis aussi parfois qu'il y a bien des gens qui méritaient de partir avant lui, lui qui était si gentil avec tous, un homme généreux, drôle,... J'ai appris que ça ne va pas au mérite...
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: qiguan le 17 septembre 2016 à 20:59:24
sur la pointe des pieds et sans vouloir heurter qui que ce soit
et parce que j'ai côtoyé
les "Morphine, Hypnovel, bolus ..." en soins palliatifs
je voudrai vous dire ou redire que l'utilisation de l'EMDR (simplement par internet sans avoir recours à un thérapeute le pratiquant) m'a permis de supprimer ces émotions destructrices
dans http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/en-guise-de-table-des-matieres/
il y a le lien outils
= http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/boite-a-outils/msg55656/#msg55656
où on trouve le lien
EMDR utile pour diminuer affect avec souvenirs trop durs
https://www.youtube.com/watch?v=a2z9uydo3x8 (ajout en Mai 2015)
https://www.youtube.com/watch?v=AxQMnpxNGTw
j'ai osé l'utilisation pour plein de choses horribles du deuil qui me hantaient et chaque fois cela a été d'une très grande aide
il est possible que certain(e)s personnes aient besoin d'un pro pour pratiquer ou pour qui cela ne fonctionnera pas pareil
mais je tenais à le redire simplement et avec affection à tout le monde
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Doudouzoe le 17 septembre 2016 à 21:20:26
juju, je comprends pas pourquoi pas de sédation? Trop jeune? David n'avais que 40 ans et une petite fille de 6 ans et pourtant c l'oncologue qui nous a parlé de sédation alors qu"ils l'avaient déjà commencé on ne nous avait pas demandé notre avis....Elle n'a pas fonctionné, pourquoi? il est vrai que je refusais qu'ils augmentent les doses, je voulais continuer de lui parler, pensant  avoir le temps...je m'en veux....
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: loma le 17 septembre 2016 à 21:24:43
Je ne connaissais pas l'EMDR, si ce n'est que de nom, j'ai suivi le lien donné par Qiguan, :
https://www.youtube.com/watch?v=a2z9uydo3x8 (
à essayer, cela ne dure qu'une douzaine de minutes, cela semble ridicule, on suit des yeux un petit ballon jaune, mais je me suis retrouvée en larmes, en sanglots devant mon écran au milieu de la séance, et apaisée ensuite, je pense que cela libère les émotions.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Juju1234 le 18 septembre 2016 à 01:40:45
Doudouzoe, l'équipe des soins palliatifs n'a pas eu le courage d'augmenter les doses jusqu'à provoquer le décès, ils me l'ont avoués entre 2 portes. Officiellement  ils me disaient ne pas avoir le droit d'intervenir sur une fin de vie. Et puis, un des médecins a finit par me dire la raison..j'essaye de ne pas y penser ca n'y changera rien
Un médecin aussi m'a parlé de l'EMDR pr les traumatismes psychologiques, je vais essayer, merci pr les liens internet.
Selena, moi aussi j'ai eu ce genre de pensées et voir tous ces couples et ces papas avec leurs filles... Le plus dur parfois, sont les amis qui sans se rendre compte disent des énormités, et plus le temps passe et moins l'entourage fait attention à ce qu'ils disent,  pour eux 8 mois c'est une éternité.  Parfois je suis tentée  de leurs répondre  vertement,  j'avoue le faire qqs fois mais ça ne me soulage même pas, je me rappelle immédiatement combien ils sont présents et gentils, mais voilà je suis  inadaptée à leur monde maintenant et  ils n'y sont pour rien.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Orfila le 18 septembre 2016 à 09:27:37
Ah. Comme je pense à vous en ce dimanche
Oui Séléna, moi non plus je ne peux pas dire ces mots ailleurs qu'ici.
D'ailleurs qui voudrait les entendre ces mots d'horreur pour qui n'est pas "au courant"

Même les médecins ils passaient en coup de vent avec leurs mots que je comprenais à peine
presque avec le sourire
pas le sourire gai bien sûr
le sourire de ceux qui savent qu'il n'y a PLUS RIEN
À FAIRE
et qu'ils feront en sorte que ça se passe le mieux
et puis hop ils avaient d'autres lits, d'autres malades, leur tour à faire, leur réunion

puis je vous dire
puis je vous dire
que je n'ai pas entendu
que j'ai entendu
mais que je n'ai pas entendu
répétez s'il vous plait
répétez-moi encore
j'entends mais répétez moi Docteur Docteur
Docteur!
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Stana le 18 septembre 2016 à 11:06:45
 Bonjours Juju. J'espère qu'èchanger sur ce forum te fais un peu de bien. Tu sais qu'ici, nous comprenons tous ce que tu éprouve, nous savons ce qu'est un deuil, ce qu'on èprouve exactement, et que les personnes extérieures ne peuvent pas comprendre, pas vraiment. Tu peux t'exprimer autant que tu en èprouves le besoin.
  Tu as vécu une expèrience particulièrement traumatisante, puisqu'en plus de la perte, du manque incommensurables que représentent le décès d'un grand amour, tu as assisté à ses souffrances...et qu'en plus, tu as sus plus tard qu'elles auraient pus être vraiment soulagées  :'(
  Seul le temps pourra te permettre d'évoquer plus fréquemment-d'abord insensiblement, puis de plus en plus-vos plus beaux souvenirs que ceux si douloureux de sa maladie et de sa fin de vie. Ca peux prendre beaucoup de temps, personnes ici ne s'imaginera le contraire, ni ne pensera, comme le font tans de personnes "extérieures" que tu devrais commencer à tourner la page etc  ::) je ne peux que te souhaiter, de tout mon cœur, que ces petites embellies pour commencer arriveront dans pas trop longtemps.

  Oui je sais ce que dis, ce que pense l'entourage  >:( ils se disent qu'après tel nombre de mois, ça doit aller beaucoup mieux; pour eux la "page est tournée" , plus ou moins, ils ne comprennent pas que pour nous c'est tout différent, parce-qu'ils ne les aimaient pas comme nous. Huit mois ce n'est pas une éternité pour nous, ça aussi je le sais bien.
  Et oui, plus le temps passe, moins les gens prennent de précautions avec nous; la retenue, le respect de la douleur deviennent de moins en moins marqués, voire même plus du tout pour certains, puis pour beaucoup...mais nous nous savons. Comme tu dis, nous ne faisons plus vraiment partie du même monde qu'eux, nous n'avons pas la même notion du temps. Avec le temps nos impressions s'adoucissent, mais nous sommes toujours comme "de l'autre côté du miroir". Nous pouvons nous y habituer, et même le vivre le mieux possible avec le temps, mais beaucoup de gens ne nous comprendraient pas. C'est surtout ici qu'on peux vraiment parlé, c'est un fait^^
 :-*
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Emma1206 le 22 septembre 2016 à 01:29:24
Un peu plus d'un mois....j'ai repris le travail. Manifestement ça me fait du bien de chanter, d'être sur scène...mais dans le même temps c'est ahurissant à quel point c'est dur. Je pleure tout le temps dès que je peux m'isoler.
Comment se comporter socialement? Je suis toujours sur une autre planète.
"ça va?"...question rhétorique...que répondre? Et si on essaie de mettre des mots, quel inconfort se peint sur le visage de nos interlocuteurs...et puis incongruité. Que la vie est pleine d'activités triviales! Et le monde qui continue de tourner...je ne peux pas m'empêcher de trouver cela scandaleux.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Emma1206 le 22 septembre 2016 à 01:36:29
Hier ma fille a fait un dessin. Sous une pluie de pétales, elle se marie avec son Papa qui est à côté "dans sa boîte".
Sans commentaires
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Orfila le 22 septembre 2016 à 15:05:28
Emma !!! Et tu as la force  d être sur scène....chapeau....moi je n ai plus d apparence et la voix ne peut que pleurer. Bravo
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Juju1234 le 26 septembre 2016 à 13:16:21
8 mois plus tard, je peux confirmer qu'affronter les "ça va" est toujours aussi insupportable, maintenant je réponds "et toi?" . Je confirme aussi que le malheur isole, tant moi que ma fille, les invitations sont font plus rare, c'est vrai que je ne suis pas très sortable, les conversations sur leurs prochaines vacances ou leurs petits tracas de la vie quotidiennes m'ennuient et les seules fois où je tente de dire à des proches "non ça ne va pas, ma fille fait des cauchemars, c'est dur à la maison" j'ai le droit à 2 types de réactions 1/ bon ben je te laisse, tu dois avoir envie d'être seule ou 2/ va voir un psy et prend des médicaments (si seulement c'était miraculeux)  L'autre jour, une "amie" m'a dit "alors, vous n'arrivez toujours pas ré organiser à 3 ? Ca fait plusieurs maintenant pourtant"... Je suis restée stupéfaite
Quel enfer
Ces derniers temps, je songe à aller voir un groupe de soutien . Y êtes-vous déjà allés  ? 

Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Doudouzoe le 26 septembre 2016 à 13:24:27
Cher juju, je vais voir un groupe de soutien le 3 octobre.
Regarde s il n y a pas une maison de la santé près de chez toi, ici à Rennes c est une réunion tout les premiers lundi du mois.
Je te dirais si cela me fait du bien.
Titre: Re : Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Stana le 27 septembre 2016 à 21:15:40
8 mois plus tard, je peux confirmer qu'affronter les "ça va" est toujours aussi insupportable, maintenant je réponds "et toi?" . Je confirme aussi que le malheur isole, tant moi que ma fille, les invitations sont font plus rare, c'est vrai que je ne suis pas très sortable, les conversations sur leurs prochaines vacances ou leurs petits tracas de la vie quotidiennes m'ennuient et les seules fois où je tente de dire à des proches "non ça ne va pas, ma fille fait des cauchemars, c'est dur à la maison" j'ai le droit à 2 types de réactions 1/ bon ben je te laisse, tu dois avoir envie d'être seule ou 2/ va voir un psy et prend des médicaments (si seulement c'était miraculeux)  L'autre jour, une "amie" m'a dit "alors, vous n'arrivez toujours pas ré organiser à 3 ? Ca fait plusieurs maintenant pourtant"... Je suis restée stupéfaite
Quel enfer
Ces derniers temps, je songe à aller voir un groupe de soutien . Y êtes-vous déjà allés  ?
Je suis indignée par l'attitude de ces personnes dont tu parles Juju, même si j'y ai eu droit de nombreuses fois moi aussi ça me coupe toujours le souffle  :o
  Quand une personne demande à une autre: "Ca va?", elle s'attend à ce que l'autre lui réponde "oui", afin de pouvoir passer à un autre sujet  >:( c'est une formule de politesse...et si la personne intèrogée ne répond pas de la seule manière adéquate (pour eux  >:(), l'autre parle d'autre chose ou abrège, par gêne ou, tout bêtement (c'est le cas de le dire) parce-qu'elle n'a pas envie de se "prendre la tête".
  C'est dans l'adversité qu'on reconnaît nos vrais amis.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: christine75 le 28 septembre 2016 à 13:00:26
oui bien d'accord avec Séléna, je n'ose même pas vous dire que je pense à la maman de mon mari que j'aime beaucoup mais qui est malade alzheimer depuis 10 ans, qui ne nous reconnait plus qui  a 92 ans et qui est tjs là dans son monde, la seule chose elle ne sait même pas qu'elle avait un fils parti il y a 5 mois.....Elle, est toujjours là et pourquoi faire me direz vous.....
ces pensées là , je ne les reconnais pas comme les miennes et pourtant je les pense , tellment je
suis en colère et malheureuse.....

 :'(

Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: Stana le 28 septembre 2016 à 15:10:35
  Oui Christine, lorsqu'on est en deuil on a des réactions qu'on n'aurait pas forcément eues autrefois, puisqu'il y a un "avant" et un "après". Je comprends que tu ai pus avoir ces pensées.
  D'un autre côté, cette dame ne souffre pas puisqu'elle ne sais pas...bien que personnelement, je prèfère mille fois la douleur à l'oubli-je me disais ça même quand j'èprouvais une souffrance difficilement supportable-oublier ce que mon compagnon et moi avons vécu serait, à mes yeux, la pire des choses. Je suis heureuse de l'avoir gardé dans chacune de mes pensées, et c'était déjà une consolation lors des premiers mois: on m'aurait donné la possibiliter d'"oublier" que j'aurais refusé.
  Je suppose que c'est pareil pour toi, donc je vois ce que tu veux dire.
Titre: Re : L''émoticone de la tristesse insondable n'existe pas
Posté par: séléna le 29 septembre 2016 à 22:33:16
Que dire des collègues féminines de travail qui se plaignent toute la journée de leur homme ... J'ai envie de leur crier "mais arrêter de râler, profitez-en de votre homme, vous avez bien de la chance de l'avoir, moi je n'en ai plus !"
Elles sont gentilles mais elles n'ont aucune décence, aucun tact !