FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: suzy le 24 août 2011 à 23:06:05
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Ce soir, je réalise à quel point toute la vie, tout le bonheur s'en est allé de ma maison...Ma belle, grande maison...toujours impeccablement rangée, mais...vide...On n'entend plus personne parler, plus personne ne rit...La télé marche rarement...et la musique...j'ai plus envie d'en écouter...La seule pièce qui est allumée le soir, c'est mon bureau où je me trouve, cantonnée derrière mon ordinateur...
Quand je passe dans le couloir, mon chat me regarde tristement...Il a l'air de me demander pourquoi le séjour reste obstinément vide, où est la belle époque où nous y faisions des petits jeux le soir, où nous plaisantions où il faisait si bon vivre...où lui, le chat venait se vautrer entre toi et moi qui étions toujours prêts à lui donner des caresses...
Je ne supporte plus ce silence...je ne supporte plus cette maison sans âme...cette maison tellement pleine de souvenirs que ça en devient insupportable...Au début, ma maison me rassurait...c'était là que j'avais mes repères...Oui mais...que sont devenus mes repères sans toi, mon amour ? Si c'est me rappeler jour après jour la belle vie que j'avais avec toi et qui ne sera plus...c'est trop dur...Cette maison me rappelle chaque jour davantage tout ce que j'ai perdu...
Pourquoi est-ce que je replonge ainsi, 20 mois après ton départ ? Aide-moi mon amour, aide-moi...C'est juste insupportable...
Suzy
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bonjour Suzy
je te donne toutes mes forces pour te soutenir
moi aussi ma maison est vide, mais la musique est présente ( cela fait du bien)
bon courage a toi
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Oui, j'ai aussi connu ça. Au bout de 3 ans, je suis partie... et quand je retourne dans notre maison, j'y retrouve cette tristesse, ces souvenirs des jours heureux, les endroits que nous connaissions si bien, les relations d'avant... Même mes enfants ne veulent plus y vivre pour le chagrin qui nous terrasse à chacun de nos passages. Je l'ai louée et dans 2/ ans, je pense, je la vendrai, quand les enfants seront d'accord et quand nous aurons pris l'habitude de vivre ailleurs... Mais il faut du temps pour prendre de telles décisions. Je comprends que ce soit très dur, parce que partir c'est aussi tourner la page. Il faut être prêt...
Et puis, chacun fait en fonction de sa personnalité et je comprends aussi très bien que partir soit impossible...
Je te souhaite plein de force pour aller vers ce qui sera le meilleur pour toi.
Je t'embrasse.
M.
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Je vis la mm chose..... ça fait 13 mois que mon amour est partie, et c toujours aussi dur! je peux pas dire que chez moi ça soit calme car avec mon fils ça fait beaucoup de bruit..... mais il y a ce manque, cet absence et ne plus entendre sa voix..... :'(
J'ai prie la décision de vendre notre appartement et franchement ça pas été facile, en conclusion c'est vendu!!!!!
j'appréhende quand je vais partir..... pourtant j'ai pas envie que cet page tourne.... mais j'ai pas le choix il faut que je me rapproche de ma famille......
comme tu dis si bien dans ton titre: JUSTE INSUPPORTABLE!!!!! mais que faire???????
bon courage a toi.... et a vous toutes..... prenez soin de vous!!!!
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Oui, je sais que pour moi, le temps est venu de prendre une grande, une ultime décision: celle de vendre, de tourner la page...sans vouloir oublier, non, juste changer totalement d'environnement pour me permettre d'avancer...Car j'ai compris que, tant que je resterai ici, il me sera impossible de me reconstruire...
Mais ça me fait tellement mal de devoir tourner définitivement cette page de ma vie....J'ai été tellement heureuse dans cette maison...
Pourquoi, mais pourquoi dois-je vivre cela ? Comment franchir ce pas ? Est-ce que je serai mieux après ? Toutes ces questions qui se bousculent dans ma tête sans me laisser aucun répit ? Ces questions lancinantes qui m'ôtent toute envie de lutter et qui m'empêchent de dormir...Dites-moi, vous qui avez vécu la même chose...où avez-vous trouvé la force de le faire ? Et...Est-ce que cela valait le coup ?
Je me sens si seule, si perdue...J'aurais juste envie de me mettre en boule dans un trou, me faire toute petite pour ne pas déranger, et dormir, dormir...jusqu'au bout de ma vie...pour enfin retrouver mon amour...
Suzy
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Que te dire, Suzy, sinon de ne pas prendre de décision qui te fasse encore plus mal... Quitter la maison, votre maison, où vous avez connu le bonheur n'effacera pas les souvenirs, ni les images qui inlassablement défilent dans notre pauvre tête. En plus, je me demande si ce serait vraiment moins dur car s'éloigner du lieu où nous avons connu le bonheur doit être comme un déchirement. Que faire ? Je crois que n'importe quoi qu'on fasse hélas, rien ne comblera la terrible absence.
En te lisant, j'ai eu l'impression de me lire : comme toi je ne vis plus dans notre maison comme avant. Je ne supporte plus d'allumer la télé le soir : m'installer dans le salon, regarder les émissions que nous aimions, je n'y arrive pas. J'ai déjà essayé mais j'ai très vite éteint car je me sentais trop mal, et je me réfugie derrière l'ordi tout en culpabilisant devant le regard de ma chienne qui voit la porte de la chambre se refermer.
Je sais bien que tout cela ne va pas mais comment lutter ? Oui s'endormir avec l'espoir de ne plus se réveiller, nous avons toutes et tous à un moment ou un autre cette pensée, ce souhait, mais la vie est là, même si elle nous parait très moche et insupportable, et il faut garder l'espoir qu'elle s'améliorera... peut-être parce ce que nous allons essayer d'en faire. Tu me diras, tout ceci ce n'est que des mots et sans doute as tu raison mais IL FAUT Y CROIRE.
Je t'embrasse très fort.
Christine
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Très chère Suzy,
Tu es désemparée face à une telle décision : Partir ? Rester? Partir ?! Rester ?! et la réponse n'arrive pas quand tu te la poses; la réponse vient d'elle même, du fond de ton coeur.
J'ai eu une "révélation" lorsque je suis allée en vacances auprès de ma famille en Normandie, j'ai compris une fois là-bas que je devais y retourner pour me reconstruire. Toi aussi tu emploies ce terme. Comme toi, je sens et je sais que si je reste dans l'appartement où mon fiancé et moi avons vécu, je ne pourrais pas me reconstruire; mais laisser derrière soi cet appartement où nous avons été heureux ne sera pas facile; je le sais, alors ce que je fais, en ce moment, je donne petit à petit ses affaires à la belle-famille, à l'association Emmaus, je me déleste de ce qui est un poids du passé mais c'est un vrai déchirement. Je sens pourtant que c'est nécessaire. Je vais garder l'essentiel, un peu mais pas trop. Et dans 3 mois je serai partie.
Je sais que c'est LA décision que je devais prendre, mon Amour me porte et conforte dans ce choix, je le sens.
Mais comme le dit bien Marico, c'est une décision personnelle, et personne ne peut la prendre à notre place.
De toute façon, notre Amour, à toi, à chacun de nous est en nous où que nous allions.
Alors ici ou là-bas, ici ou ailleurs, nos Amours sont là et veillent sur nous. Ils sont notre lumière intérieure. Notre force.
Un jour tu trouveras - et nous trouverons - cette paix intérieure qui te permettra de regarder devant toi, sans culpabilité, sans souffrance car tu auras réintégré l'absence de ton Amour en présence à l'intérieur de toi.
Tu n'es pas seule, nous ne sommes pas seuls.
Je t'embrasse Suzy, je vous embrasse tous.
Steph
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Bonjour a toutes et tous,
Vous parlez de quitter votre maison, peut-être!!
Moi, je ne pourrais pas quitter la maison, je sais que ce n'est pas encore acquis, mais c'est la maison du bonheur, pas celle dont je révais non plus, mais tant de bonheur la première où j'ai eu envie de rester.
ET elle est immense et j'en ai besoin, c'est une boulangerie en bas il y a l'atelier et la moitié de l'étage en haut le magasin, je sais que je dois faire tourner la boulangerie si je veux garder la maison, que je vais travailler comme une tarée jusque ma pension mais je m'en fou.
C'est chez nous, c'est chez moi...
Je ne choisis certainement pas la solution de facilité, mais faire sans ne me viens pas à l'esprit.
C'est vrai que parfois je descends et je vois toute une série de souvenir, je pleure mais ça me donne plein de force.
C'est lui qui était ma force comme j'étais la sienne et il reste ma force et même si j'ai encore besoin d'aimer, ou que je donnerai encore de l'amour à quelqu'un, je n'oublierai jamais que c'est avec lui que j'ai appris à aimer , à vivre, à se donner, être heureux... et la réciprocité est vraie aussi.
On s'est trouvé.
Quelle chance!!! combien de personne ont vécu cela, combien ont eu tant de bonheur.
Aimer quelqu'un pour ses qualités et aussi ses défauts et être aimée pour ses qualités et nos défauts.
C'est inestimable, alors perdre tous ses souvenirs, non moi je ne pourrais pas.
Mais là c'est mon avis et je respecte les vôtres , car je sais que ce n'est pas facile....
je vous embrasse tous et toutes bien fort.
Pascale
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Cher(e)s ami(e)s du forum...
Merci à vous tous de votre soutien, de votre écoute, de votre compréhension...C'est dur à dire, mais ça fait du bien de voir qu'on est pas seule à vivre l'horreur...Quand tu racontes, Christine, ta façon de passer tes soirées, ton manque d'envie de t'installer derrière la télé, le sentiment de culpabilité que tu éprouves par rapport à ton chien ( pour qui la vie n'est sans doute plus la même), et ta façon de t'isoler derrière ton ordinateur, je me dis que c'est le "copié, collé" de ma vie...Et de sans doute de beaucoup d'autres...
Je sais que je vivrai sans doute des jours meilleurs...je suis une battante, et même si aujourd'hui, j'ai un passage à vide, je sais que j'ai déjà fait une avance considérable sur le chemin de mon deuil. Je suis persuadée qu'un jour, je trouverai quelle est ma mission; je redonnerai un sens à ma vie, sans doute dans l'humanitaire...mais pour l'instant, je me sens lasse...lasse de cette vie sans saveur, lasse de ma maison triste, lasse de ma solitude. je crois que je vais faire comme toi, chère Steph: Je vais peu à peu me débarrasser des objets superflus. Les vêtements de mon amour, je les ai apportés en Afrique où ils ont fait plaisir à mes nouveaux amis. J'ai aussi pleins d'objets qui encombrent mes combles que je vais apporter à une brocante. Comme j'ai décidé que je prendrais un congé sabbatique durant l'année scolaire 2011-2012 ( je suis enseignante), congé durant lequel je vais partir ds une ONG quelconque, j'essaierai de vendre avant mon départ et je mettrai mes meubles en garde-meubles. Et après mon année sabbatique, je me chercherai un nouvel appart et je recommencerai un nouveau chapître de ma vie. Je pense que pour pouvoir en commencer un nouveau, il faut déjà fermer l'ancien...Mon amour m'aidera à franchir ce pas, je le sais. Il m'a déjà aidée à faire beaucoup de choses jusqu'à ce jour. C'est vrai Christine, nos amours sont notre lumière intérieure, notre force...Dans tout ce que j'ai entrepris jusqu'à ce jour, j'ai toujours senti qu'il m'approuvait complètement...Cet après-midi, en faisant mes courses, je me suis acheté un bouquet de fleurs. Jean-Daniel m'en rapportait pratiquement chaque semaine. Aujourd'hui, il m'a soufflé à l'oreille de m'en offrir un...Et cela égaye mon séjour... J'ai aussi remis de la musique ( c'est vrai Dom, que cela fait du bien...) Et ce soir, je regarderai la télé et peut-être que mon chat viendra se vautrer auprès de moi sur mon divan...Peut-être que si je me force un peu au début, les choses redeviendront naturelles et peut-être que ma vie me paraîtra moins insupportable...
Je vous embrasse tous...Merci d'être là...!
Suzy
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Petite rectification: J'ai dit que c'était Christine qui avait dit que nos amours étaient notre lumière intérieure, notre force...
En relisant les messages, je constate que c'est en fait Steph qui a relevé cette réalité. Toutes mes excuses, même si, dans le fond, je pense que nous sommes plusieurs à penser cela...
suzy
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moi non plus je ne pourrai partir de notre maison, celle conçue par nos soins , cette maison en bois que l'on voulait tellement, ce projet à
nous deux, je lui est promis avant que mon amour parte, je lui est promis que notre maison sera toujours fleurie, arrangée, belle en
quelque sorte!cette maison nous ressemble !
pour nous s'était très important, je crois que c'était notre bébé, ( on s"est connu le 5/05/05) pour rappel
je l'aime tellement mon bibi, mon amour qui me manque terriblement,à chaques secondes, minutes, heures, jours, mois qui passent
j'ai des photos de mon bibi partout dans la maison, je me demandais si vous c'était pareil?
Je vais sur sa tombe tous les jours et vous?
SAMEDI je vais choisir sa stèle, une décision que j'ai prise cette nuit, je ne veux plus voir cette terre, il faut une stèle pour que la
famille se recueuil
je n'avait pas compris, que personne venait voir mon bibi,je pense que comme on va mettre une stèle, je pense que les personnes
ont besoin d'une pierre tombale pour aller se recueuillir
je vous embrasse toutes et tous et bon courage
dom
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Bonsoir Dom,
moi aussi j'ai des photos de mon amour plein la maison. C'est d'ailleurs une des premières choses que j'ai faites. J'ai besoin de le voir partout, et je lui parle, je l'embrasse. Peut-être que certains trouveront ça idiot mais c'est déjà tellement dur...
Dur aussi de penser que bientôt, le 5 novembre, il n'y aura plus d'endroit pour me recueillir, hormis l'immensité de la mer dans ce coin de Bretagne que nous aimions tant où je vais l'emmener selon son désir. Mais je pense aussi qu'ils ne sont pas seulement là où ils reposent, nos amours, mais surtout tout prêts de nous.
Plein de pensées à toutes et tous.
Christine
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Bonsoir à toutes et tous, oui, insupportable, cette absence toujours et encore, 10 mois et 6 jours !!! Notre maison, tu as tellement
travaillé pour que nous ayons NOTRE maison et maintenant je me retrouve seule ! bien sur notre fille ainée est revenue vivre avec
moi mais je veux qu'elle vive sa vie, qu'elle se trouve quelqu'un qui l'aime et qu'elle aime, je veux que nos 4 filles soient heureuses !
Nos petits enfants parlent beaucoup de leur Papy, Il manque tellement ! Notre caniche Kimi est partit 1 mois après mon mari, comme
disent les petits "Kimi ne voulait pas laisser Papy seul!" Nous avons un labrador maintenant, elle est gentille et quand elle sent que je suis
en détresse, elle vient poser sa tete et me regarde avec l'air de vouloir dire "je suis là moi !", une grosse boule de poils pleine d'amour !
François m'avait demandé de veiller à ce que "notre maison reste le nid de nos enfants" et j'y veille !! mais tout est tellement dure sans
mon Amour, je sais qu'il m'aide, sinon je n'arriverais pas à faire ce que je fais ! Bientot les vendanges !! la seule vigne que nous avons gardé
il va falloir la vendanger et ce sera dure, très dure, tellement de souvenirs en 42 ans, la première fois sans mon mari ! Mon dieu, ça me fait peur, cette absence, encore et toujours cette absence !!!Aujourd'hui, au cimetière, j'ai regardé les tombes autour et je me suis dit "ils en ont de la chance, eux, ils sont avec François !" je sais que c'est n'importe quoi, que je dois me battre pour les filles et les petits, que François veut
que je sois heureuse mais ma vie c'est LUI ! Je l'ai tellement aimé et je l'aime toujours tellement ! Je vois notre photo de mariage et je me
demande "mais où sont passées toutes ces années ?" nous aurions enfin eu du temps "pour nous" et puis voilà, fin de l'histoire !! Si j'avais su!!!!!!!!!si, si, si,!!!!j'aurais fait ceci, j'aurais dit celà !!!!!trop tard !!!!!on ne revient pas en arrière, et comme a dit François "je ne regrette rien de ma vie!" moi non plus, sinon les regrets détruiraient tous les bons souvenirs et ça, il n'en est pas question !!! Pour moi, mon mari est
dans cette maison, notre maison, notre nid et dans mon coeur, nos coeurs ! Il est et sera toujours l'Amour de ma vie. Je ne peux parler que de ce que moi je ressent, chacun et chacune à sa façon de s'en sortir du mieux possible car il n'y a pas de remède miracle ! Je vous
remercie tous et toutes de ces échanges que nous faisons sur ce forum, ces échanges qui me permettent de "dire" ce que j'ai au fond de moi. Une douce nuit à tout le monde, nos Amours sont avec nous, pas très loin, à notre écoute.
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Des photos, j'en ai partout et une bougie qui brule au cimetière et une à la maison ! bisous tous les soirs avant de m'endormir et je
lui parle tout le temps ! pourquoi pas ? pour moi, Il est AVEC moi ! Je Lui demande aide et conseils ! Je ne vois pas comment je pourrais
vivre autrement ! Bises à tous
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Oui Chantal, moi aussi, je lui parle tout le temps. Je lui demande de me guider, de me conseiller et souvent, je trouve des réponses à mes questions, de l'énergie pour aller de l'avant...
Des photos...je n'en ai pas partout dans la maison. Non, des photos de lui, j'en ai surtout dans mon bureau et dans ma chambre. dans les pièces qui sont bien à moi...Je n'ai pas envie que la maison ait l'air d'un sanctuaire. Je ne veux pas que les personnes qui me rendent visite soient mal à l'aise. Et, de toute façon, photo ou pas, il est constamment présent dans mon coeur...
Au cimetière, j'y vais régulièrement, mais pas tous les jours. Je veille à ce que sa tombe soit toujours bien fleurie... Je lui dis qu'après tous les bouquets qu'il m'a ramenés en 24 ans de vie commune, c'est bien à mon tour de lui en apporter...Au cimetière, je me sens étroitement en connexion avec lui...Et là-bas, je pleure beaucoup...Et ça me fait du bien de pleurer..
Mais je sais aussi que, de l'endroit où il est, il souhaite que mon chagrin s'apaise; il désire que je redonne un sens à ma vie en attendant que j'aille le rejoindre. Et , même si c'est difficile, je vais me donner les moyens de retrouver une raison de vivre. En aidant ceux qui vivent dans la misère, en apportant de moi et de mon énergie à autrui...Je sais que c'est ainsi que je parviendrai , peut-être, à me reconstruire... Pour l'instant, je continue de vivre dans ma belle maison, ma maison que je continue d'entretenir et de fleurir...J'ai décidé que , tant que j'y vivrais, elle serait bien entretenue. Mais plus le temps passe et plus je me rends compte que je devrai me séparer de cette maison si je veux trouver vraiment une paix intérieure. Non que je veuille oublier ma vie d'avant, non, car mes souvenirs du temps du bonheur vivront en moi éternellement. Mais je veux vivre , avec mes souvenirs, ailleurs...Je veux pouvoir vivre dans un endroit où il n'y aura pas chaque pièce, chaque objet qui me rappellera en permanence ce que j'ai perdu...Je veux pouvoir vivre d'autres choses, sereinement; je sais que c'est ce qu'il souhaite pour moi...Et il va me donner la force de le franchir, ce pas, j'en suis convaincue...
Suzy
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Ma chère Suzie,
20 mois , c’est encore très proche et les montagnes russes sont toujours là avec leurs creux et parfois, de plus en plus fréquemment, des sommets qui réconcilient avec la beauté de la vie. Et sur ces sommets il y a ton magnifique travail, plein de joie en Afrique, cet endroit où tu as tant donné et reçu.
Nous avons toujours dit ici, que la chose la plus importante était d’être doux et patients avec nous même.
Trier, ranger, donner, jeter… Réorganiser la maison ou la quitter… ça prend du temps. Il y a des choses qu’on arrive pas à faire et puis un jour, sans que l’on sache pourquoi, ça se débloque et c’est faisable. Il ne faut pas forcer, le bon moment pour faire, pour décider, arrive toujours si l’on est à l’écoute de soi, si on a la chance de ne pas être « obligé », de pouvoir prendre son temps.
Au début de l’été, j’ai fait une liste, une liste de tout ce qu’il y avait à encore à faire concernant Oli. Vetements encore et toujours à donner, dossiers à trier, reorganisation et sauvegarde des photos et vidéos, travaux dans l’appartement etc… dans cette liste je n’ai pas oublié les choses qui pouvaient me faire du bien, lectures, massages, piscine, diners avec les amis…
J’ai rayé, au fur et à mesure et j’arrive au bout (bien qu’il reste le plus difficile ;), mais je vais le faire! ) Mon objectif étant d’arriver au bout de cette liste pour le troisième anniversaire de la mort d’Oli le 10 septembre prochain. D’aborder cette date en ayant fait de la place chez moi, en ayant intériorisé tous les liens extérieurs. Faire de la place c’est aussi très symbolique, c’est décider de m’ouvrir pleinement à ce que la vie va m’offrir. Et tu sais quoi ? jamais je n’ai fait d’aussi beaux reves avec lui. Maintenant, il me prend dans ses bras, me fait tournoyer, me câline, sa voix chatouille le creux de mon oreille. Avant lorsque je revais de lui, jamais on se touchait et là je retrouve l’entièreté de notre relation. Le reveil est difficile, très, mais je sens de la joie dans mon cœur, et ça c’est tellement bon.
Nous avons bien le temps de les rejoindre, nous savons qu’ils nous attendent mais si nous sommes encore là c’est que nous avons encore à faire ici bas. Fais confiance dans le lien que tu as toujours avec lui où qu’il soit.
Je t’embrasse fort
Adèle
Edit : tout ce que j'ai fait ces derniers temps, j'étais incapable de le faire, ni même de l'envisager l'an dernier alors que j'approchais du deuxième anniversaire. Il faut du temps, beaucoup de temps, de patience et de douceur. Et surtout ne jamais se juger.
Bon courage à tous.
je vous envoie mes pensées les plus douces
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Bonjour,
Je suis désolée d'arriver comme ça, comme un cheveu sur la soupe. Je lis régulièrement vos posts, certains me font du bien d'autre me rappellent que nous vivons bien souvent les même émotions. Ca fait 9 mois le 24 que j'ai perdu mon mari et j'ai l'impression que c'était hier. Je repense très souvent à cette nuit où les infirmières m'ont révéillé pour me dire que c'était fini. Fini pour lui mais j'ai maintenant tous ces jours qui se ressemblent. Adéle j'ai l'impression que tu as fais du chemin et j'en suis heureuse pour toi mais le fait de m'imaginer qu'un jour (peut être) je serait comme toi me fait peur, je n'en éprouve pas le droit. Pas le droit de vivre sans lui et bien sur pas le droit au "bonheur".
Bises à toutes et à tous
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Bonjour Chagrin,
Lorsque j’étais comme toi, à 9 mois de deuil, j’avançais un jour à la fois, voir une heure à la fois quand ce n’était pas un décompte à la minute.. il a fallu que je passe le premier anniversaire, que je sente que j’étais à la limite du petage de cable pour aller demander de l’aide à un psy. Tu es hantée par l’annonce, j’étais aussi hantée, obsédée, par d’autres événements traumatisants liés à lui, à sa maladie. Ensuite je suis entrée dans un processus, celui de travailler sur ces traumatismes, de parler, parler encore parler de lui, de nous et malgré moi j’ai commencé à agir.
Le chemin est long et très difficile. Avant de m’autoriser à vivre, à vivre sans lui, il m’a fallu tout revisiter pour qu’il ressurgisse dans ma mémoire et dans mon cœur, en bonne santé, plein de joie. Et c’est sa joie de vivre à lui, qui me porte. Son amour de la vie qui me dit que la vie est courte et qu’il faut la vivre le plus pleinement possible et en faire quelque chose. Il a vécu, malgré la maladie, intensément, jusqu’au bout. Il voulait que je fasse pareil.
Mais à 9 mois, lorsqu’on me disait que je retrouverais ma gaité et l’envie de continuer, non seulement je ne le croyais pas mais je le prenais très très mal. Je devais d’abord vivre ma souffrance, jusqu’au bout.
Je ne suis pas encore « reconstruite ». Il y a encore beaucoup de choses qui restent difficiles. Mais je peux dire qu’au stade où j’en suis, je fais ce qu’il faut pour qu’une reconstruction soit possible et harmonieuse. Il me manque toujours autant mais j’apprends chaque jour à vivre non pas sans lui mais avec lui dans mon cœur. Et en avançant vers une certaine forme de sérénité je sens que je suis en accord avec lui et, mais là c’est très difficile de trouver les mots justes pour l’écrire, c’est comme si mon lien avec lui, se renforçait.
Je te souhaite bon courage Chagrin. Reste ici sur ce forum et si tu le peux, écris le plus souvent possible. Cet endroit protégé, ou tout peut être dit et compris est tellement réparateur.
Merci à tous de le faire vivre.
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Merci Adèle, merci pour ce message qui me permet de garder espoir ! Au bout de 10 mois et 7 jours je sais que je ne suis qu'au
début de ce long chemin sans la présence de mon Amour ! Ma psy m'avait dit un jour "vous etes comme la goutte de pluie qui tombe
dans la mer en furie ! la petite goutte est ballotée de tous les cotés, elle coule, elle remonte pour trouver sa place dans cet océan
immense et elle finie par trouver l'harmonie quand la mer se calme, elle trouve SA place !" c'est cette place que je dois retrouver, je sais
qu'il me faudra beaucoup de temps, qu'il y aura encore beaucoup de larmes, de chagrin, de douleur, de révolte mais quand je vous lis
je sais que François retrouvera sa place, cette place qu'il n'a jamais quitté dans mon coeur mais qui me fait encore trop mal maintenant !
je sais que je dois apprendre à apprivoiser cette douleur pour la transformer en océan de souvenirs et d'amour de notre couple ! Je vous
embrasse. Merci
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quand je vous lis je pleure, pas de vos messages mais des souvenirs qui remontent a la surface
quelle misère!! mon bibi me manque tellement
demain je vais choisir sa stèle, il le faut. c'est très important(je me répète) au début je ne pensais pas, mais ce besoin de la couvrir,
comme ,si elle avait froid,comme si la tombe servait de lit pour se reposer pour l'éternité, c'est bizarre comme réaction non? quand
pensez vous ? merci de me répondre
quelle femme !!!!!!!
gros bisous à vous toutes et tous
dom
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Bonjour Dom, non, je ne trouve pas ca bizare de vouloir couvrir sa sepulture.Quelqu'un ici a dit que la tombe etait "la maison de son corps".Donc tu as pris soin d'elle de son vivant,pourquoi cela s'arreterai maintenant.
D'aucuns,se voulant rassurants,m'ont rapidement dit pour me "soulager"que ca ne sert a rien d'aller souvent au cimetiere,qu'il n'y a que son enveloppe la bas,et qu'elle,elle est ailleurs.Mais vois tu,si j'aime le contenu de la lettre,j'aimais aussi "l'enveloppe".
Alors,prends le temps de choisir sa stele,rien ne presse,mais fais le si c'est ce que tu ressens...De toutes facons,rapidement tu verra que pas grand monde n'ira fleurir souvent sa memoire,donc ce sera ton endroit,comme une continuite de votre maison.
Si elle n'y est pas(je veux dire que bien sur que l'ame ne reste pas coincee dans une tombe,heureusement!!!)elle verra quand meme que tu lui porte un grand amour par dela ce qui est arrive,et surtout,toi tu continue a faire pour elle....
Dom,accroche toi,tu sais on a un peu tous l'impression de vivre l'enfer de par leur perte,mais souvent on oublie que c'est eux qui l'ont vecu,et pour la plupart en se plaignant rarement...
Force et honneur. Bruno a Sandrine.
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Bonjour Dom, le fait de ressentir le besoin de faire poser une stèle n'a rien de bizarre. Nos filles et moi - meme étions impatientes
que celle de François soit mise en place. J'en avais choisi une ou la pierre avait des stries, comme le bois, Lui qui adorait
travailler le bois et bucheron de métier ! J'ai fait graver un paysage, un village niché au creux des montagnes, la foret, une petite biche
et un petit brocard. J'ai laissé un chemin de terre ouvert afin de pouvoir planter des fleurs. Je ne supportais plus de voir cet amas de terre !
c'est la "maison" de mon mari et la mienne plus tard ! C'est par respect pour ce corps que j'ai aimé et que j'aime toujours autant et bizarrement, quand il pleut ou quand il vente, je me dis "François est à l'abri" Je sais qu'Il est avec nous, dans nos coeurs mais son corps,
l'absence de son corps ...........rien de peut Le remplacer mais je sais que ma place auprès de Lui est prete ! En rentrant un soir, en voiture, la nuit tombait et comme toujours je parlais à François, je lui disais qu'Il me manquait horriblement, je pleurais et Lui disais "s'il te plait, fais moi un petit signe, tu me manques trop, j'ai trop mal!" et j'ai vu une petite biche traverser tranquillement la route ! j'avais l'impression de
voir celle de la stèle ! en 42 ans c'est la première fois que j'en vois une à cet endroit ! petit clin d'oeil de mon Amour ! Faites ce que votre coeur vous dit ! Je vous embrasse. Chantal.
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Bonjour Dom,
Chacun le fait comme il le ressent, c'est toi qui doit savoir comme tu sens...
Jacques ne voulait rien me laisser de lui après sa mort, il voulait juste "vivre en mon coeur", si je meurs il ne restera plus rien de mon corps, il voulait être incinérer, il fut fait selon sa volonté.
pour moi, j'aurais aimé un endroit spécial où me recueillir, je suis retournée où ses cendres ont èté dispersées, à part le souvenir douloureux de sa dispersions il n'y avait rien, il est dans la maison et c'est à l'atelier que je vais me recueillir, je m'assieds sur la margelle du four et je pense à lui. Et je sais que si il est quelque part , ça ne peut-être que là.
Je sais aussi que plus tard, je mettrai une jolie sculpture de pierre au devant de la maison en son souvenir.
Maintenant, prends ton temps et choisit lui une belle demeure qui la représente, je comprends qu'on ai besoin de se recueillir à un endroit bien particulier, tant que tu aimes c'est toujours bien fait.
Plein de force Dom. On est avec toi de tout coeur.
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Merci Adèle,
Tu as dit exactement ce que je voulais dire de ce long parcours si douloureux et comme toi, maintenant, j'entrevois un espoir de retrouver la quiétude. Penser à lui avec tendresse, sans souffrir. Revivre tous les moments de bonheur sans fondre en larmes, le ventre tordu par la douleur. Moi aussi, j'ai fait ce parcours avec l'aide d'une psy, que je vois toujours et qui m'a accompagnée sur ce chemin, en me guidant dans la bonne direction. Et maintenant, 3 ans après, il fait partie de ma vie, autrement, mais si je sais que je ne l'oublierai jamais, il m'aide à avancer et à construire encore autre chose. Car nous avons la chance d'être en vie, pas eux . Et ils n'auraient pas voulu qu'on ne profite pas, même un tout petit peu de cette chance qu'ils auraient aimé avoir. Et il faut parler sans arrêt de ceux qui nous ont quittés, pour qu'ils continuent à vivre à travers nous. On n'a pas choisi ce qui nous arrive, mais il faut en faire quelque chose. Sinon c'est la mort qui gagne et ça je ne le supporte pas. Amitiés.Eiram.
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Merci à vous tous et toutes, de m'avoir parlé de votre avis, de votre parcours. Ca m'a aidée à faire le point, et surtout, cela m'a montré, devant la multitude d'avis différents, qu'au final, même si nous nous entraidons, nous avons chacun, chacune, notre propre parcours à faire seul(e) en suivant notre instinct et en écoutant notre coeur... Mais je me suis retrouvée dans les témoignages de certaines et j'ai surtout pris conscience que mes tourments, mes nuits sans sommeil font partie d'une étape incontournable...
J'en ai également parlé à mon thérapeute qui trouve, lui, que le fait que je commence à envisager de me séparer de ma maison est un pas de plus en avant, que je dois faire comme je le sens...Et peu à peu, les choses se font plus claires dans mon esprit.
Je sais que le fait de quitter l'environnement où j'ai connu tant de bonheur n'effacera en rien les souvenirs de ce bonheur, mais les souvenirs seront plus faciles à vivre...ils ne me guetteront plus à chaque coin de chaque pièce, sur la terrasse où nous passions de si bons moments...ils ne me rappelleront pas continuellement ce que j'ai perdu d'irrémédiable...Ils seront en moi , ces souvenirs, et j'y penserai avec tendresse depuis un endroit différent. J'ai pu remarquer que, chaque fois que je pars en Afrique et que je suis complètement hors contexte, je parviens vraiment à revivre normalement, à avoir du plaisir, à me sentir revalorisée...Mais lorsque je suis là-bas, mon Jean-Daniel est constamment près de moi; il me guide, me soutient, me protège...Et moi, je lui parle sans tristesse, car je sais qu'il est heureux de ce que je peux vivre là-bas. Quoique je fasse, je sais que jusqu'à la fin de ma vie, cet homme que j'ai tant aimé vivra en moi. Mais la souffrance s'atténuera peu à peu, au fur et à mesure que je me créerai de nouveaux souvenirs...de nouveaux souvenirs...de nouveaux projets qui m'aideront à redonner un sens à ma vie...Car, comme le dit si bien Eiram, nous avons la chance d'être en vie, pas eux! Et ils ne voudraient pas qu'on se laisse couler, qu'on ne profite pas de cette chance qu'ils auraient aimé avoir...
Soyons fortes et faisons en sorte qu'ils soient fiers de nous...
Suzy
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Merci adèle pour ton soutien, c'est vrai que je suis encore très loin de ton état d'esprit. Pour le moment je suis encore dans le refus, je suis tellement en colère contre cette maladie qui a emporté mon mari en si peu de temps. Je ne comprends plus rien, je m'en veux des rares moments de sourires que je peux avoir. Tout est injuste.
En ce ui me concerne j'ai déjà fait poser une stèle, il est protégé de la pluie et du froid. J'ai souvent l'impression qu'il est là et qu'il m'entend. Je lui raconte les petites choses de la vie, "j'entends" ses réponses qui me font sourire, je suis bien à ce moment précis, j'ai gardé le lien, je m'assois, je discute ou pas mais c'est bien. quelques fois je pourrais même m'allonger auprès de lui mais j'ai peur que les gens me prennent pour une folle.
Merci à toutes et tous pour votre soutient
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Se séparer de sa maison ou de son appartement est une décision qui se mûrit. Cela fait partie du processus de deuil, j'en suis certaine, pour l'avoir expérimenté.
Pendant les 3 ans qui ont suivi la mort de mon mari, j'ai fait des travaux d'amélioration de notre maison, je la bichonnais, je l'améliorais, je ne voulais pas la quitter, elle était pleine de nos souvenirs des jours heureux. Et puis, surtout, elle me donnait un autre but hormis celui de m'occuper des enfants. Je n'avais plus d'avenir, tout tournait autour du cimetière, de la maison, de notre reconstruction et je voulais que les enfants aillent aussi bien que possible. Déménager n'était pas envisageable du tout, je n'y pensais pas, je m'acharnais à faire tourner notre trio, point final.
Nous descendions souvent à Antibes voir le frère de mon mari, qui est attaché à mes enfants.
ET puis au bout de 3 ans, un jour, j'en ai eu assez. Un immense ras-le-bol et l'envie de la vendre et de partir. Hélas, le juge des tutelles m'a mis des bâtons dans les roues, et les éventuels acheteurs se sont lassés des "requêtes" et des "ordonnances" que le notaire devait faire et obtenir pour chaque proposition... ça prenait des mois.
Du coup, sur un coup de tête, pour faire le vide et me retrouver avec moi-même, loin de la famille, des faux amis et des portes qui se fermaient, j'ai pris 3 billets d'avion pour Tahiti et en 2 semaines nous étions partis, moi et les enfants et 150 kg de bagages. Nous avons vécu à Moorea pendant toute une année scolaire. En rentrant, notre maison nous était devenue étrangère et nous ne voulions plus y vivre du tout. Trop dur de renouer avec les souvenirs tristes et heureux. Il ne nous restait plus personne là-bas, en vérité.
Alors nous sommes repartis pour le Sud, dans un appartement qui nous a permis de voir, si là, nous nous plairions. Encore une année scolaire... Et pour finir, la réponse a été "oui". Alors, cette fois et au terme de 2 années de vie dans les valises, j'ai organisé notre "vrai" déménagement vers Antibes, où nous nous sommes posés depuis 3 semaines.
La maison "d'avant" n'a plus de sens. Ici, j'ai le sentiment de tourner vraiment la page. Mon mari reste dans mon coeur, je pense à lui tous les jours, même fugacement. Mais dans notre nouvelle vie, il n'a plus sa place et nous n'aurons pas de souvenirs communs. Nous repartons à zéro, à notre manière, tous les 3. Depuis notre arrivée ici, sachant que c'est un vrai départ, je me sens soulagée, pleine d'assurance. L'avenir ne me fait plus peur, je me suis prouvée que je pouvais le faire et même bien plus !!! Les enfants vont bien et sont heureux de ce choix.
Mais si je fais le compte, pour écrire ça, il m'aura fallu 5 ans !
Alors prenez votre temps pour décider. Rien ne presse et agir à la hâte risque d'être source de culpabilité, de soucis, d'erreur... Il faut faire confiance aux mois qui passent et qui aident à cicatriser la plaie. Et qui aident à la réflexion.
Ce qui est certain, c'est qu'au bout de 5 ans, je deviens sereine. Je n'ai pas remplacé mon mari, et je pense que c'est une erreur, mais l'occasion ne s'est pas présentée pour le moment et je ne cours pas les discothèques, même sur la côte !!! Mais j'ai acquis beaucoup de force, j'ai appris à dire non, à écouter ce qui est bon pour moi, à me faire confiance. Ce que j'ai vécu, seule avec les enfants, m'a rendue sûre de moi. Et comme vous, je vous jure que j'en ai bavé... Pour rien au monde, je ne referais le chemin à l'envers !... Mais je sais aussi ce qui est bon ou pas, ce que je veux et ne veux pas. Et je sais que je n'emmènerai pas notre ancienne maison avec moi dans la tombe. Je m'en débarrasserai dans 2/3 ans, quand ma fille commencera ses études supérieures. Pour le moment, je la loue, ça me donne l'illusion de pouvoir y retourner quand je veux, si besoin était... ce que je ne ferai plus, sans doute. Ca nous permet de nous détacher d'elle doucement...
Voilà. C'était surtout pour Suzy que j'écrivais ce post. Oui, à vivre dans un autre contexte, on recommence à faire des projets, à retrouver le goût des choses. Bien sur, on emmène son chagrin partout avec soi, mais au lieu de s'appesantir sur soi-même, on ouvre les yeux sur ce qui nous entoure et ça relativise. L'éloignement est aussi un bon thérapeute !
Bonne soirée à toutes et tous et à bientôt
M.