Jour 28
Je ne mesure pas encore l’ampleur de la douleur de t’avoir perdu. Je ne sais pas ce que ça veut dire… Mon intellect comprend que tu n’es plus là, mais mes émotions dorment. Je pressens le volcan qui va éclater, mais quand ? En ayant peur, je l’attends.
J’agis chaque jour, je fonctionne, et l’éclair d’une seconde, parfois, une joie m’envahit en pensant que bientôt, je prendrai le train pour venir vers toi, pour me serrer contre toi. Puis, je réalise que plus jamais ça n’arrivera. Mais je ne comprends pas encore ce que ça veut dire, tout ce qui me manque. Parfois aussi, je me réjouis à l’idée de pouvoir penser à toi… Aimer une présence physique qui n’est plus… Absurdité, vide, néant…
Je n’en reviens pas. Je ne peux croire que tu n’es plus là. Ta photo est là, près de moi, ton regard si doux qui me fait croire que tu vis…Mais tu n’es plus là.
Ta ville me manque, mes balades avec toi, la foule, les terrasses de café, l’eau, la ‘nouvelle ville’ ou tu aimais te promener. L’Orchestre Philarmonique tout neuf ou tu devais m’emmener…Le froid, l’air doux, la lumière du ciel, ta tendresse, ta main, tes regards, tes sourires, ta joie…Nos balades à vélo…Hambourg avec toi, c’est si beau…Tu roules trop vite, je te perds, je t’en veux…mais tu m’attends. Soulagée, je souris.
Le vent dans tes cheveux, l’air sur ton visage, tu te réjouis…
Ta cigarette sur le balcon, la fumée que tu empeches de voler dans ma direction.
Le parquet qui craque dans ton appartement.
Ton appartement que j’ai rénové, ton regard ébloui devant cette nouveauté. Te faire la vie dorée…
Assis dans le canapé, tu regardes autour de toi, émerveillé.
Notre vie, les fleurs, les bougies, le café au lait, les petits déjeuners, t’attendre le soir, t’aimer, se serrer dans nos bras, déposer sur nos joues les petits baisers, c’est si bon de se retrouver…
M’allonger près de toi,
dans le creux de ton épaule me blottir,
ta main caressante dans mes cheveux, accueillir ,
t’entendre murmurer des mots si doux…chaque jour, des mots si doux, des mercis…
Simplicité.
J’ai revé ? Se peut-il que cela ait existé ?…
Toi, à peine dans ma vie, toi, tant espéré, revé, attendu,
à peine le temps de me souvenir des débuts,
et tu n’es plus…
Pas le temps de construire, ni de se lasser. Le Bonheur, la magie, les émotions, à peine effleurées, savourées, appréciées,… et disparues…
Les spectacles que nous avons vus, les danses, les acrobaties, le verre de vin rouge, la détente, ta main sur ma cuisse, nos doigts enlacés ; moi, belle pour toi…
Petite plage aménagée dans cette brasserie au bord de l’Elbe. Fauteuils, chaises-longues, sable fin et blanc, petit verre de vin, détendus, le regard perdu, nous sommes bien. Toujours, tu me gardes serrée contre toi.
De toi, je ne garderai que ces souvenirs-là : serrée contre toi.
Tes bras, tes baisers, te toucher …L’émotion de t’aimer…de t’attendre…Tout me manque.
Parfois, on ne sait pas que le Bonheur est là. Mais avec toi, chaque jour, je savourais la chance que j’avais d’etre là, près de toi.
Mes journées là-bas étaient longues sans toi, mais te retrouver le soir était une telle joie ! Apaisement du manque de toi…
Ne plus jamais, désormais, prendre le train, te rejoindre et dans tes bras me réchauffer.
Pas le temps de s’installer, ni de s’habituer, de se lasser.
A peine le temps de s’apercevoir, de s’aimer, de tout se donner.
Métamorphose de nous,
Osmose de toi et moi.
Rupture,
Brulure.
...Incompréhension. Mesurer l’ampleur du manque éternel de toi.
Vivre…
Calogero
Une dernière cigarette,
Un verre de vin,
Ramasser les miettes du festin.
Faire avant que tout s'arrête,
La fête jusqu'à la fin.
Danser encore.
Avancer toute voile dehors.
Et danser encore.
Envoyer valser la mort,
Dans le décor
Chanson : Danser encore