Jour 25

Autour de moi dans la salle à manger, des photos de toi. Je ne les ai pas encore vraiment regardées depuis que je suis rentrée. Parfois un regard, mais sans m’appesantir, sans doute parce que j’ai peur…Peur de réaliser que tout ça, c’est du passé…Dépassé…Il y a celle sous le soleil d’hiver, chez tes amis, le 1er janvier 2009…Notre histoire avait commencé depuis 6 jours. Nous sommes tout sourire, joyeux, détendus. Tout est nouveau pour toi. Une relation. Une femme dans ta vie…Moi, tellement, TELLEMENT heureuse d’etre enfin avec toi ! Et fière ! Tu ne peux pas imaginer à quel point j’étais fière ! Tu étais mien et j’étais à toi. Pour toujours, toute la vie…Vieillir avec toi…

Le manque de toi. Si je n’écris pas, si je ne fais pas quelque chose, je vais tomber. Ma bougie est allumée, elle brule pour toi, comme mon Amour pour toi dont je ne sais quoi faire. Je veux croire que cette flamme te représente un peu, que tu es à mes cotés. Et puis je continue dans tes pas : tu aimais les bougies, allumées chez toi tous les jours. Signe de bien etre et d’apaisement.

Une autre photo : ma première fois à la mer avec toi. Tu me souris. Il y a du vent : l’été chez vous, c’est froid !

Ta main dans la mienne me manque. Ta ville, nos balades, l’eau, tes pas rythmés sur les miens. Tes regards, tes histoires. Tout ce que tu m’expliquais sur le port de Hambourg. Le banc au bord de l’eau ou nous nous sommes assis, moi dans tes bras, la tete posée sur ton épaule, la vue si belle la nuit sur les lumières des docks, elles scintillent, les bruits sourds des containers qui s’entrechoquent. Tout est paisible, les bruits lointains du port nous parviennent assourdis, et je suis bien. C'est à peine si j'ose croire à ce Bonheur-là, cette chance d'etre avec toi.  De loin, le ronronnement des bateaux…Je suis amoureuse, infiniment. Je t’ai, je t’ai voulu et nous sommes tous les 2. Les petits lapins qui courent dans l’herbe derrière nous, libres dans la nuit. On s’arretait devant eux, attendris, parlant à voix basse pour ne pas les effrayer. Leurs petits yeux ronds nous observaient à la dérobée, leurs petites machoires grignotaient l’herbe. Leurs petits museaux si mignons…

Réaliser que tout cela ne sera plus…Je n’y arrive pas. Ca me fait si mal !! Mais on était bien, bon sang ! Pourquoi fallait-il que ça s’arrete ainsi ? Pourquoi quand la vie nous fait du bien, elle nous le reprend ? Pourquoi abattre le Bonheur en plein vol, en plein essor ? C’est tellement inacceptable ! Aberrant !

Et aujourd’hui, j’ai peur. Parce que je suis jeune, que je peux vivre encore 20 ou 30 ans ! Et que deviendra notre histoire ? Une broutille sans importance dans une vie ? Un vieux souvenir périmé ? Jauni par les années sur un vieux papier…Toi, remplacé par un autre ? Un autre écraser/effacer toute la Tendresse que tu m’as donnée ? Comme si ça n’avait jamais existé, une idylle…Rien…Du vent. 4 ans. Il n’y a pas de mot qui dit la Nourriture de toi. La Plénitude de toi. Emplie de toi. Mais tellement en manque de toi.

Mon corps hurle à l’intérieur. Des cris silencieux qui font si mal. Des rasoirs dans mes poumons.

Je suis malheureuse, tout simplement. Je pleure. Tu me manques, tu me manques, tu me manques TELLEMENT !

La vanité de prendre tes vetements dans mes bras, de les serrer contre moi et de pleurer…Devant ta photo, pleurer…Te trouver beau et pleurer…Ton corps n’est plus. Et pleurer…Vouloir te dire, ne plus pouvoir… Et pleurer.

Ta dernière photo, la plus belle…de toutes : la plus belle. Tes yeux verts, tes yeux doux, ta tendresse. Pour moi. Dans ce regard, tu m’as tout donné. La dernière de toi. Ta tendresse rayonnante dans ce regard que tu as voulu me donner.
Chypre : octobre 2012.

Zazie :
J'ai remis en état
Ton portrait sur le mur
A l'entrée, y a que toi
Que je peux voir en peinture
Je te ferai du plat
Je suis bonne cuisinière
Je ne ferai plus que ça
De ton corps, si nécessaire,
A mon cœur

Chanson : Homme sweet homme