Jour 22

Ces 3 derniers soirs, ça ne va pas du tout. Impression de sombrer davantage chaque jour. Je te parle, je pleure, je fais le bilan de ma vie. Comme il est inutile de se lamenter. J’ai envie d’appeler au secours mais pour dire quoi, et à qui ?

Quel est le sens de ma vie ? Si je regarde en arrière, il semble que mon rôle soit de vivre seule puisque toute petite déjà, j’ai du apprendre à grandir seule, sans protection des adultes qui m’ont donné la vie. Et dès que je crée une vie affective, l’être cher m’est arraché…Tu es parti.  Mon ex-mari est parti l’an dernier. J’aurais été veuve 2 fois si je n’avais pas divorcé. A 1 an d’intervalle. Oui, si je n’avais pas divorcé, je ne t’aurais pas non plus rencontré…

Tu étais mon baume au cœur. Et j’étais le tien. 2 âmes-soeurs. Nous étions faits pour évoluer ensemble…

Ce soir, j’ai envie de tout casser, je dois maîtriser ma rage et mes cris. Je me sens tellement seule ! J’aurais besoin de parler à des amis, être soutenue, mais tout est désespérément vide, personne à mes côtés. Quand vais-je me remettre de ça ? Cette vie m’épuise. Je crois vraiment qu’elle tente de me pousser à bout pour que j’en finisse. Et c’est terrible ces reproches que tu lis partout et qui interdisent de se donner la mort, parce que c’est mal, parce que ce n’est pas la volonté de Dieu, parce que c’est rompre la chaîne avant l’heure, parce que je n’ai pas le droit de décider cela pour moi ! … Si je le fais et que ça marche, ça veut quand même dire que cette Force cosmique m’accorde la Mort, non ? Je n’ai pas une force surhumaine et ce que la vie me demande depuis le début est inhumain.
Tu te demandais d’ailleurs comment, avec ce parcours, je n’avais pas sombré dans la drogue ou l’alcool.

J’ai vu une amie hier qui me dit pour la seconde fois que ‘tu me laisses la chance de faire autre chose de ma vie’ !!!!!
Parole d’une personne qui n’a jamais vécu de deuil ! Tu parles d’une chance !! Je saurais tellement mieux faire quelque chose de ma vie si tu y étais encore ! Je pourrais faire quelque chose pour moi car je saurais que je serais soutenue par ton Amour, je serais forte et nourrie de cela, je saurais qu’en rentrant du bout du monde ou je voudrais me rendre, tu serais là, à la maison, prêt à m’accueillir, à m’écouter parler de mon expérience loin de toi. Ou peut-être même m’aurais-tu rejointe là-bas ?
A présent, je vais continuer d’avancer, de faire des projets, juste pour être debout dans la vie, pour continuer le chemin alors que je trébuche à chaque pas…Qu’est-ce que j’ai envie de me laisser tomber et de ne plus me relever !

Vie de m… !
Ma psychologue me dit que des parcours comme le mien ne courent pas les rues…
Cette vie me fracasse. Je n’ai plus rien en moi pour tenir debout. Je suis comme un sac qui porterait un contenu complètement fracassé. On ne voit pas ce qu’il y a à l’intérieur du sac, on ne voit pas que tout est cassé. Mais le sac peut continuer de transporter une chose complètement brisée. Et tant que le sac tient, l’objet détruit peut être transporté. Mais qu’y a-t-il encore d’intéressant à conserver un sac ou tout est détruit ? Quand ce sac va-t-il enfin lâcher ?

Un deuil est déjà suffisamment pénible, alors ajouter à cela le poids de mon vécu…
Ai-je gagné mes points pour le Paradis ?

Je suis contente de ton parcours. Tu peux être fier de toi. Tu t’es sorti de tout. Tu aurais pu sombrer dans la déchéance mais la beauté de ton âme a triomphé de tout. Tu n’as jamais su voir la beauté de ta personne. C’est cela qui m’a fait t’aimer si fort : la beauté de ton âme. Et tu ignorais comme elle était belle… Combien de fois m’as-tu dit que tu aimais mon âme…mais tu ne voyais jamais la tienne. Nos âmes se sont trouvées parce qu’elles étaient pareilles. Tu as gagné ton paradis. Tu t’es battu avec noblesse, tu t’es redressé là où d’autres sont tombés, tu as combattu tes démons. Mais tu n’as jamais su t’aimer toi-même. J’espère que mon Amour a pu te prouver que tu étais digne d’être aimé ?

Je suis née à la vie avec toi, tu es né à la vie avec moi.

Ton Absence me meurt.

Zazie :
Je lègue mon coeur à la science
[Ma douceur et ma violence]
Ma force, ma défaillance
Tout pour abréger mes souffrances
Chanson : je lègue mon cœur à la science

Bonsoir chers vous 3,
merci infiniment de vos mots doux dont j'ai bien sur grand besoin, comme de trop nombreux autres ici.
mais c'est vrai que cette semaine, j'aurais besoin de centaines de mains pour prendre la mienne. Lire le soutien, l'empathie...y a des fois ou l'accumulation de tout est lourde à porter. Cela laisse tant d'interrogations, tant de recherche de sens à tout cela...
Vous ne comptez pas pour du beurre, bien sur que non !! mais je crois que cette semaine je suis extremement en demande...Pardon.
Si je jette la brisure qu'il y a dans mon 'sac' corporel, que restera-t-il pour continuer le chemin ? A force de casser, casser et re-casser, les forces pour continuer s'amoindrissent...Ca devient de plus en plus fragile non ? Moi je n'ai pas l'impression de me renforcer. Pas du tout...
Et 'jeter' hors du sac mon histoire, malheureusement, je ne peux pas. C'est elle qui fait ce que je suis et je la traine avec moi...J'aimerais tout effacer et repartir à zero...Je voudrais qu'elle ne m'achève pas mais en ce moment je chancelle sous le poids...J'ai donné trop tot les forces qu'on devrait donner tout au long d'une vie, et pas en condensé dans les premières années. Je me sens de moins en moins armée pour la suite...
Merci à tous,
christine (besoin de vous...)