Jour 16
J'ai pleuré à ne plus pouvoir respirer. Les cris me déchirent sans pouvoir sortir. il y en a trop. Pas de place dans ma gorge pour les laisser exploser.
Je n'ai pu que dire : 'je t'aime, je t'aime, je t'aime'...
J'ai eu 2 jours de paix (ou d'inconscience ?). Soumission devant la Mort. Quel choix a-t-on ? J'ai toujours vécu en pensant que si je voulais très fort quelquechose, je finissais par l'obtenir. Mais cette-fois, pas d'issue. Tu ne reviendras pas. Et je ne trouve pas les mots pour décrire cette souffrance. Aucun vocabulaire ne correspond. Le mal est trop profond. Il n'y a que des superlatifs.
J'ai peur. Cette douleur est si violente que mon corps ne peut la contenir. Comme un barrage qu'on ouvrirait dans une rivière trop petite. Raz-de-marée...
Je n'ai pas encore pleinement pris conscience de ce que ton Absence veut dire, ce que cela implique.
J'écris nos débuts depuis quelques jours pour ne rien oublier, pour revivre les émotions si belles qui y sont liées.
Une copine m'a écrit hier une chose qui m'a fait mal. Elle me dit que si je n'ai pas souhaité approfondir la langue Allemande, c'est parce que je ne souhaitais aucun avenir avec toi. Que je restais juste parce que tu m'as soutenue dans un moment de crise existentielle.
Je me remets chaque jour en question. J'analyse notre histoire. Et heureusement que j'écris ce journal, que je revis mes émotions, que je me confronte à mon vécu. Les gens ne comprennent rien et ne sont pas dans ma peau. Notre relation leur paraît étrange. Pour moi, la distance ne faisait qu'entretenir le feu de cet Amour. Le quotidien fait que, parfois, certains oublient de se regarder. On oublie de se dire qu'on s'aime. Je refusais cela. J'aimais partir pour mieux te retrouver. Pour m'émouvoir à chaque retour vers toi. Pour que tu me manques. Je voulais que le feu reste à jamais ardent. Qui peut comprendre cela ?
Oui, j'avais du mal à m'adapter à votre culture, à votre langue si difficile et mon cerveau était fatigué. Mais quelles montagnes n'ai-je pas déplacées durant ces 4 années ? je ne peux pas en 4 ans parler une langue comme si j'avais toujours vécu dans le pays.
Mais je t'aimais, Toi. Je te voulais pour la vie. Je ne voulais pas de l'Allemagne mais je te voulais Toi, ailleurs, heureux, et pour la vie. Je n'ai pas connu de relation aussi belle, aussi pleine, aussi sereine. Je crois qu'on avait compris que la vie c'est d'aller à l'essentiel. Pas de futilités. Faire que chaque instant partagé soit beau, exceptionnel, profond, électrique. J'ai voulu rester 'en Amour' tout le temps. Je voulais que tu me manques pour brûler tout le temps. Hé bien voilà, bien fait pour moi : tu me manques. TOUT LE TEMPS...
Retour à nos débuts.
Notre histoire n'a pas commencé. J'attends fébrilement de te revoir. Je t'ai quitté ami en octobre.
Et tu me rappelles. Jusqu'au jour où je n'en crois pas mes oreilles : tu m'invites à nouveau, après Noël. Et cette-fois, pour une semaine ! Tu as pris congé pour te consacrer à moi et tu m'attends !
Je ne me souviens pas de ce Noël. Sans doute étais-je seule comme depuis 4 ans déjà ? Ces fêtes n'avaient aucune importance pour moi.
Mais le retour chez toi ! Ooh quelle joie ! Une semaine avec toi ! UNE SEMAINE !!
Je suis arrivée, j'ai retrouvé ton appartement, le parquet qui craquait sous mes pieds nus. De quoi grignoter simplement, un petit verre de vin pour accompagner. Rien de plus et c'était merveilleux. Et je t'aimais toujours autant !
Et pourtant, tu ne te décidais pas ! Tu me répétais encore que 'c'était bien que je sois là'. En Allemand, ça sonne mieux. En Français, les mots sont un peu creux.
Mais voilà, tu ne me prenais pas dans tes bras, tu ne t'approchais pas de moi...Mais je lisais pourtant en toi l'envie.
J'ai craqué. Je n'en pouvais plus de t'espérer, de t'attendre, de patienter ! Je ne tiendrais pas une semaine à tes côtés, juste à te regarder. Impossible ! Je ne comprenais plus pourquoi tu m'avais invitée, conscient de mes sentiments pour toi.
J'ai pleuré. Je voulais te respecter mais je souffrais trop. C'était insupportable de sentir que tu voulais de moi mais que quelquechose te bloquait.
J'ai compris par la suite que les femmes t'ont fait trop de mal. Que la vie t'a fait trop de mal. Que tu étais convaincu que le Bonheur ne t'était pas destiné.
Mais moi, je mourais à petit feu de t'avoir à portée d'Amour et de te voir hésiter.
Comme j'ai pleuré ! Tu étais ému devant mes larmes, si désemparé. Tu me disais que ta dernière rupture t'empêchait d'avancer.
Je ne voulais pas t'importuner avec tout mon Amour. Je t'aimais et je ne pourrais pas rester une semaine ainsi à tes côtés. J'ai décidé, la mort dans l'âme, que je partirais le lendemain. Fuir. Tout était au-dessus de mes forces. Mais aussi pour te provoquer...
J'ai appelé ma meilleure amie, en larmes. Qui m'a rassurée. Elle me disait d'être patiente, que tu allais réfléchir, que tu allais comprendre qu'être à ce point aimé te ferait réfléchir. Elle me disait que tu avais peur. J'étais un peu rassérénée. Mes larmes ont cessé de couler.
Tu t'étais isolé pour me laisser parler avec mon amie.
Puis, timidement, tu m'as demandé de venir à tes côtés. Tu m'as prise dans tes bras et tu m'as gardée serrée contre toi, dans ton lit. Je m'apaisais. Tu m'as gardée ainsi serrée un temps infini. C'était doux. Tellement apaisant...Et enfin, avec une infinie douceur, tu m'as embrassée. Hésitant. Je n'ai jamais rien goûté d'aussi délicieux que cet instant. Le début de tout. Le début de NOUS. Tout était surnaturel. J'en pleure. Tout était d'une telle intensité...
Plus tard, tu m'as remerciée d'avoir insisté, de ne pas être partie. Tu m'as dit que c'était bien d'avoir fait tomber tes barrières; que seul, tu n'y serais pas arrivé. Et que tu n'as rien regretté...
Chaque jour qui a suivi a été rempli de ton attention. Tu étais tellement doux, attentionné, tendre. Je croyais rêver. J'avais peur que cela ne soit réservé qu'au début de notre relation. Mais non : nous avons vécu 4 ans de douceur l'un envers l'autre. Au début, tu avais peur de trop me donner et que je te fasse souffrir. Mais on s'est tout donné, sans compter, sans faiblir. L'attention l'un pour l'autre et toujours. Des gestes simples, doux et quotidiens.
Merci de ce que tu m'as donné. Merci d'avoir vécu cela. J'étais réellement folle de toi. Et le suis encore...
Je repense à tout cela et le flot de chaleur et d'Amour me submerge à nouveau. Une vague chaude qui envahit mon coeur et ma tête.
Puis, il y a eu Nouvel An 2009. 4 ans, jour pour jour.
Chez Arthur et Claudia, qui me rencontraient pour la seconde fois. C'était leur petite maison à la côte, le froid terrible (-30°), la mer gelée. Le petit déjeuner ce 1er janvier à 4. La balade sur la côte l'après-midi. Le vin chaud sur la plage parmi la foule qui supportait les 1ers baigneurs de l'année.
4 ans comme si c'était hier.
Ce soir, Arthur et Claudia prendront le bâteau où nous devions nous trouver. Tu n'y seras pas. Je n'y serai pas. Les feux d'artifice élcateront leur joie sans nous.
Zazie :
'Un p'tit peu,
amoureux...'
Chanson : Un peu amoureux.