Auteur Sujet: Jeune veuf enfin pas vraiment...  (Lu 2744 fois)

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Dayde

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Jeune veuf enfin pas vraiment...
« le: 14 mai 2013 à 01:39:58 »
Bonsoir à tous,

Voilà maintenant un an et demi que ma Marie est partie. Nous étions alors ensemble depuis deux ans et trois mois. Nous venions d'emménager ensemble trois mois auparavant sur notre campus où elle n'avait plus mis les pieds dans sa chambre depuis plus d'un an puisqu'elle avait élu domicile dans la mienne. Dans ma bien courte vie (22ans et elle en avait un de plus) elle est mon unique amour et bien que nous n'avions rien prévu de concret pour la suite nous savions tous les deux que nous voudrions passer notre vie ensemble. Elle était bien plus que ma petite amie, elle était ma confidente, elle était ma force, elle me rendait meilleur...
Mais elle était épileptique et malgré les nombreuses fois où j'ai pu être là pour m'occuper d'elle lors de ses crises, elle est partie pendant son sommeil le 28/12/2011 date à laquelle elle était rentrée chez ses parents pour les vacances de Noël. On m'a dit que je n'aurais rien pu faire même si j'avais été là.
L'été d'avant elle était resté à l'hôpital quelques jours pour mieux diagnostiquer son épilepsie et voir s'il n'était pas possible de l'opérer. Son dossier n'était pas encore arriver à son terme quand elle est partie...

Depuis je ne suis que l'ombre de celui que j'étais. J'ai parfois l'impression d'être un machine sans sentiment qui se lève mange travaille et se recouche pour aller à la journée suivante. Parfois l'émotion me submerge. Quand ça ne va pas trop mal, j'essaie de m'occuper tant bien que mal, j'ai repris le sport je devrais bientôt être diplômé, je passe mon permis. Mais à mesure que j'entreprend des choses je perds ma motivation. A quoi ça sert? Pourquoi se lever chaque matin? J'ai perdu ma raison de vivre. Je voudrais pouvoir la serrer dans mes bras, la voir sourire, l'entendre à nouveau rire, sécher ses larmes, la réconforter, lui dire que tout ira bien.

Mais quand je ferme les  yeux et que j'arrive à rappeler ces souvenirs à ma mémoire ma souffrance n'en est que plus grande encore.

J'ai beaucoup de mal à en parler à mes proches j'ai même arrêté d'essayer à cause d'une réponse un peu brusque d'un ami qui pensait bien faire... Marie était ma confidente et avant elle jamais je ne m'étais ouvert à quelqu'un de la sorte. J'ai peur que mes amis et ma famille ne comprennent pas. Je ne veux pas non plus qu'ils s'inquiètent pour moi. Alors je fais bonne figure et on n'y voit que du feu... Mais je ne sais pas combien de temps encore je pourrai tenir.

J'ai trouvé beaucoup de réconfort à lire les messages sur ce forum, et me suis reconnu dans certains. Cela fait un moment que j'hésite à poster moi-même un message et ce soir ça n'allait vraiment pas alors voilà... Quelquefois je lui écris des messages, ça m'apaise un temps mais je ne trouve pas grand chose à lui dire à part à quel point elle me manque et je me sens alors un peu con.

Nous n'étions bien entendu pas mariés, nous en avions parlé et étions d'accord qu'il fallait attendre d'être autonomes financièrement et donc elle n'était pas ma conjointe au sens légal du terme. Je ne suis donc pas veuf au sens strict mais c'est bien ainsi que je le ressens... C'est vraiment très bête mais j'ai parfois l'impression d'être un imposteur quand, en recherchant des témoignages comme le mien, j'écris "veuf" dans la barre de recherche.

En vous remerciant d'avoir pris le temps de lire mon message,
Je vous souhaite la meilleure nuit possible

Cédric

Dayde

  • Invité
Re : Jeune veuf enfin pas vraiment...
« Réponse #1 le: 14 mai 2013 à 12:40:47 »
Bonjour,

Merci pour vos réponses qui me réchauffent le cœur. Ça m'a fait du bien de vider mon sac bien trop lourd depuis trop longtemps. Il ne met cependant pas longtemps à se remplir à nouveau.

J'ai effectivement visionné les vidéos qui m'ont aidé à tenir le coup dans les pires moments. Je dois vous avouer que j'appréhendais pas mal vos réponses car bien que je vive la même chose que vous en parcourant le forum je ne pense pas avoir vu de membres de mon âge et pour beaucoup vous avez vécu une bien plus longue vie commune avec vos conjoints respectifs. Vous avez vu juste j'ai l'impression de manquer de légitimité.

Sans parler des idées noires qui reviennent régulièrement, j'envisage de temps en temps de tout lâcher. Je me surprends à en vouloir à ma chérie de m'avoir laissé ainsi. Et ce n'est pas juste pour elle.
Je ne sais plus comment le sujet était arrivé mais un jour nous nous étions demandé ce que nous ferions s'il arrivait malheur à l'un de nous. Mais je me rends compte aujourd'hui que j'aurais préféré qu'on parle de ce que nous aurions voulu pour l'autre une fois l'un parti...

Je me reconnais bien dans le "serrés dans une chambre universitaire, amoureux comme c'est pas permis, remplis de projets", effectivement, 18m² à deux ça ne fait pas très grand. Et oui nous en avions des projets. Je voulais lui faire partager mon amour des grands espaces. L'emmener faire des randonnées en montagne en sa seule compagnie. Nous deux, seuls, loin de tout. Ç'aurait été le paradis. Mais nous n'avons eu le temps d'y aller qu'une fois avec mes parents. Je n'avais qu'une peur c'est qu'elle n'apprécie pas autant que moi ces ballades au grand air mais elle a tout de suite accroché à mon plus grand plaisir.
J'ai l'impression de ne plus rien avoir d'elle. Je m'accroche au bracelet qu'elle m'a offert et son chapeau que je lui piquais déjà avant qu'elle ne parte. Je me demande des fois si je ne l'ai pas tout simplement rêvée. Elle n'était pas parfaite, elle était naturelle, spontanée, ce qui lui portait parfois préjudice. Elle se faisait belle pour moi, elle s'occupait de moi autant que je prenais soin d'elle. Nous étions devenus inséparables. Elle m'a tellement donné pendant ces deux années ensemble.
La question des enfants s'était posée même si ce n'était pas pour tout de suite. Nous savions que ç'aurait été une épreuve difficile car son traitement pour l'épilepsie lui interdisait de porter un bébé. Mais j'avais réussi à la rassurer. Je lui ai dit qu'il y aurait une solution, que ce soit l'opération pour son épilepsie ou un changement de traitement même si ç'aurait été éprouvant car changement de traitement = crises à répétition le temps de trouver le bon dosage...
Son traitement qui l'obligeait à se réveiller à 7h du matin et à être toujours vigilante pour avoir ses médicaments à portée à 19h... Ses quelques gouttes de rivotril qui la clouait au lit quand elle faisait une crise. Et pourtant elle était pleine de vie.

Je culpabilise pour les quelques mots méchants que je lui ai dit sur le coup de la colère même si je sais que c'est me reprocher de ne pas été parfait... C'est dur à accepter.

Je réfléchis beaucoup (trop) à l'avenir. Je m'étais fixé l'objectif de mon diplôme quand elle est partie. Je suis à quelques mois de l'obtention et j'ai peur. Je suis en stage de fin d'étude et j'aurai sans doute une proposition d'emploi à la sortie mais j'ai peur de ne plus avoir d'objectif après. Alors déjà qu'avec celui-ci j'ai du mal à me lever chaque jour, j'ai beau aimer le boulot que je fais (et je sais la chance que j'ai à ce sujet, j'ai trop lu de personnes qui en plus d'avoir perdu leur amour ne supportaient pas leur job), j'ai peur de ne plus trouver la force... Je n'ai jamais bien vu plus loin que "dans 3-4 ans" avant que Marie me trouve. J'ai goûté au plaisir de me projeter à une dizaine d'années en avant. Et maintenant je ne vois pas à quelques mois. J'ai l'impression d'être aveugle sans elle.
En plus de cela je m'en veux de réfléchir à cet avenir sans elle. C'est ce qu'elle voudrait je le sais mais vous qui traversez la même épreuve, vous savez qu'on ne peut pas choisir nos émotions...

Merci pour votre soutien, je suis assez entouré au quotidien et pourtant je me sens si seul sans ma moitié.
Ça fait du bien d'être compris, merci encore du fond du cœur.

Cédric

Aliotis

  • Invité
Re : Jeune veuf enfin pas vraiment...
« Réponse #2 le: 14 mai 2013 à 19:59:40 »
Bonjour Cédric,
oui, c'est une bien dure réalité avec laquelle tu as à faire toi aussi...merci d'être venu nous rendre visite.

Tu parles de légitimité, je te comprends. Et pourtant, l'amour s'affranchit des lois, il est la plus belle des lois. Et vous vous aimiez, c'est ce qui compte, qui est à l'origine de la souffrance, et qui pourra la dissoudre aussi. Je sais, ça peut paraître décousu, cette phrase, et pourtant...

C'est bien de cheminer, d'ouvrir un peu ce sac si lourd que tu portes depuis tout ce temps. C'est important pour toi et pour le souvenir et les cadeaux de Marie que tu garderas à tout jamais.
Un décès si prématuré, c'est vraiment cruel. Tu auras peut-être encore des moments de colère, contre la terre entière, contre Marie, contre le destin, l'univers ou même le divin si cela fait partie de tes croyances, et contre toi même...pas cool, mais c'est comme ça. Et puis, petit à petit cette colère (si elle est exprimée, pas étouffée) s'érodera, et laissera une place au pardon, et à l'amour inconditionnel pour Marie, qui restera à jamais avec toi, et pour le souvenir de vos années d'amour partagé.
Tu écris de belles choses sur des souvenirs que tu as d'elle, cultive-les (et je sais ô combien cela peut parfois arracher des litres de larmes), tu verras ils te rempliront le cœur de plus en plus, ils t'enrichiront. Marie te rendait meilleur (comme tu l'as écrit) et t'a rendu meilleur pour toujours, elle t'a changé de son vivant, elle te change depuis son départ. Elle ne sera jamais loin de toi.

Je te souhaite la Paix, Cédric, et je pense bien à toi en ces moments âpres.
Prends soin de toi, je suis sûre qu'elle t'aidera pour cela.
Je te souhaite la meilleure soirée possible,

Nath

raph

  • Invité
Re : Jeune veuf enfin pas vraiment...
« Réponse #3 le: 14 mai 2013 à 23:34:42 »
Bonsoir Cedric,

Que je te comprends.

Nous non plus nous n'étions pas mariés, nous non plus nous n'étions pas enemble depuis des années et des années, à peine 3 ans et seulement 2 ans de vie sans avoir mon appart au cas ou...
moi aussi je me sens veuve et pourtant, comme toi je ne pense pas qu'on me considère comme telle.

Mon Amour m'a tout apporté, il était aussi mon confident, ma béquille, je n'ai pas eu le temps de lui dire combien il était important à mon équilibre, à ma vie tout simplement. Il était tout pour moi. je l'avais attendu tellement longtemps .
Il m'a tellement appris.
Nous avions tellement de projet et notamment celui d'un enfant.
J'écris et je pleure.

Tu dis que tu n'ose pas parlé à ta famille, que tu fais "bonne figure". je crois qu'on le fait tous plus ou moins. Tous les jours mes collègues me demande "sa va ?" et je leur repond souvent avec un sourire en disant "oui", oui parce qu'on ne peut pas toujours dire non.

Je comprends que tu n'oses pas en parlé à ta famille, si je regarde la mienne, c'est malheureusement pareil : abonné absent. Mais je crois que personne ne peut comprendre ce que l'on traverse sans l'avoir vécu.

Cela fait plus d'un an que ta douce est partie sans que tu puisses en parlé et je te conseillerai de voir un psychologue ou psychiatre car il faut parlé pour évacuer et crier sa douleur.
Courage à toi, il parait que le route est longue pour nous, alors tiens le coup pour elle.

raphaelle