Lilou, je découvre seulement ce soir ton message sur mon fil... Alors je m'excuse de ma tardive réponse. Je viens très peu sur le forum depuis quelques temps. La reprise du travail y est sûrement pour quelque chose. Tant mieux si mon histoire a pu te "rassurer" un peu. J'avais apprécié lire les récits moi aussi. Ça m'avait fait tellement de bien de voir que ce que je ressentais était normal, que je n'étais pas seule et surtout qu'il y avait, comme tu le dis, une lumière au bout du tunnel.
J'irai lire ton fil. Je l'ai peut-être déjà fait, mais sans m'en souvenir. On est si nombreux sur ce forum qu'il m'arrive de mélanger les histoires.
Cette reprise du travail me fait du bien. Je retrouve une vie sociale et une certaine stabilité. Par contre, ce fut compliqué pour mes filles. Pour elles, ça ne change rien dans l'organisation de leurs journées car je les emmène et je vais les chercher à l'école tous les jours. Mais elles savent que je ne suis pas à la maison et surtout, j'ai fait le rapprochement quelques jours après, elles ont, je pense, peur pour moi. Peur que je fasse comme leur papa car il était censé aller au travail ce jour-là... Je ne comprends pas comment je n'ai pas pensé à le dire autrement, du genre "je vais reprendre le boulot." En même temps, je ne sais pas si ça aurait changé quelque chose.
Après près de 2 mois, je dirais que c'est un peu mieux maintenant, mais mon aînée m'en a vraiment fait bavé. Elle était et l'est toujours (un peu moins fort j'ai l'impression) en colère contre moi et sa sœur. La moindre contrariété l'a met dans une colère, et le résultat c'est de la violence. Des coups (elle a 6 ans donc c'est pas fort, mais le geste est là), griffures, parfois elle essayait de mordre, des débuts d'insultes (elle n'est pas assez grande pour que ce soit de réelles insultes) et elle commençait à rigoler lorsque je lui faisais des remarques ou que je l'a grondait. Il y a 3 semaines je n'en pouvais plus, j'avais le sentiment de perdre ma fille et ça fait très mal et très peur. D'autant plus que ma 2ème, pour se défendre, s'est aussi mise à taper. Et c'est à ce moment là que j'ai eu le 1er rdv en CMP pour mon aînée. Sur le coup je me suis dit que ça allait m'aider avec elle, afin d'arranger les choses. Mais je suis sortie de ce rdv avec encore plus de remise en question qu'en y allant... La pedopsychiatre n'a franchement pas été très à l'écoute. Elle m'a demandé pourquoi je venais et s'est contenté de noter ce que je lui disais en me disant "et vous voyez autre chose" "qu'est ce qui vous amène là aujourd'hui"? Ça m'a choqué. D'abord le rdv, je l'ai demandé en mai. C'est pas de ma faute si je l'ai qu'en décembre... Et puis quoi, c'est pas assez pour elle, ce que ma fille a vécu et traverse ? Elle ne mérite pas d'être aidée ? Elle m'a aussi demandé si j'avais vu que Julien était dépressif. Je n'ai pas compris pourquoi cette question. Où est le rapport avec ce que ressent ma fille ? Elle ne se dit pas que je me le reproche assez comme ça de n'avoir rien vu ?
Puis elle m'a demandé si je parlais facilement de lui. Je lui ai répondu que oui, qu'on en parlait à peu près tous les jours et j'ai senti à sa tête que ça ne lui allait pas trop. Alors j'ai ajouté qu'on ne parlait pas que du décès mais aussi de bon souvenirs comme ça ou en tombant sur un objet ou photo de lui et que c'était aussi bien les filles que moi. Ensuite elle m'a demandé si j'étais encore fragile... Genre après un an, on doit être passé à autre chose ! Bien sûr que je suis fragile... Et ça le sera toujours, je le sais. Plus forte psychologiquement mais Beaucoup plus fragile émotionnellement. Et direct elle m'a dit qu'elle pensait que j'avais besoin d'être suivie, que je parlais sûrement trop de Julien. Bah voyons, la conclusion est vite faite ! Elle a ensuite vu ma fille, seule, puis je suis revenue. Apparemment ma fille lui aurait dit que je parlais trop de lui (je pense plutôt qu'elle lui a induit cette réponse), car un enfant a besoin d'être dans le présent. Que lorsque j'aurai repris le travail (je lui avais pourtant dit que c'était fait...), que je recommencerais à inviter des gens (ça fait bien longtemps que j'ai du monde à venir régulièrement sans que je fasse un repas certes, mais on reçoit quand même) et qu'elle ne me verra pas toujours triste, elle même sera mieux. Et que c'est un cercle vicieux. Plus elle me sent triste et plus elle sera en demande.
Et oui tout est de ma faute, le décès de son papa, le déménagement, le changement d'école... tout ça c'est rien, c'est ma tristesse qui engendre son comportement... Grr, ou comment me plomber un peu plus !
Et elle a fini le rdv en me disant "en même temps vous avez 3 enfants en bas âge"... J'avais envie de lui dire "t'es con ou quoi ? ". Heureusement, que je ne suis pas au fond du trou, car ça m'aurait cassée un peu plus.
Au final elle ne m'a été d'aucune aide. Je n'ai rien eu de concret. La chose que j'en déduis c'est que, comme rien n'est sorti de particulier pour ma fille, je me dis que finalement on doit assez bien communiquer toutes les 2. Pour moi, c'était ma reprise du travail et le manque qui l'a met dans cette colère. Surtout qu'elle vient de fêter ses 6 ans sans lui, qu'il y avait Noël en perspective, sans lui également.. Et à 3 semaines du rdv, je me dis que j'avais bien vu. Elle a régulièrement changé de place la photo de son papa dans sa chambre (photo qui était dans le salon d'ailleurs et qu'elle m'a prise) et a chaque fois, elle l'a mise dans des endroits bien visibles. Et c'est pas moi qui lui ai dit de le faire. L'autre jour elle a pris un coussin sur le canapé et a dit "je fais un câlin à papa"!! Et hier, alors que j'allais la chercher chez ma sœur où elle a passé 3 jours, elle m'a dit dans la voiture (donc quasiment aussitôt après l'avoir récupéré) "papa, c'est une étoile dans le ciel. C'est la plus près et la plus grosse des étoiles pour qu'il nous voit bien". Je ne lui ai jamais dit ce genre de chose alors je lui ai demandé si elle en avait parlé avec ses cousins, mais non. Et en se couchant elle était contente de me dire "moi j'ai dit bonne nuit papa".
Enfin, je raconte ma vie, mais toutes ces choses me prouvent que contrairement à ce qu'a dit la psy, elle a besoin d'en parler. La psy n'a rien compris. Ni à ma fille ni à notre situation. Et pourtant c'est son métier !
Donc on dois y retourner en janvier pour "faire le point après les vacances", mais si ce n'est pas plus concluant, je pense que je lui demanderai si elle est en deuil et (j'imagine qu'elle ne l'ai pas), qu'elle n'a rien compris au deuil.
Autre grand changement en perspective, j'ai signé hier une promesse de vente pour notre maison.... Pas un compromis car il me faut encore l'accord du juge des Tutelles, mais il n'y a pas de raison, à moins que ce soit le prêt des acheteurs qui ne passe pas. Je suis "contente" car ils voulaient notre maison. Donc contente qu'elle plaise et je me dis qu'ils en prendront soin. Satisfaite que ça se fasse si rapidement. La 3 visite en à peine 3 mois. Mais ça me fait bizarre aussi. Je ne veux pas me projeter au risque d'appréhender la remise des clés, mais je pense que ce sera compliqué.
Bonne nuit à ceux qui me liront. Et courage à nous tous !