Le fil, ifl, fli, ilf, le feu-il, il faut le prendre et le reprendre même et surtout à l'envers, se le tricoter, retricoter. détricoter sur une trame désormais béante, lui retrouver un sens, lui retrouver une forme et même si je sens que cette béance est et sera, je sens aussi que je dois continuer avec et malgré elle, pour moi, pour lui, pour notre fille.
Je marche seule dans ma ville, je me rappelle de cette hâte, de cette impatience qui m'habitait avant, cette envie d'être déjà de retour pour être avec toi.
Maintenant, je ne suis plus errante, titubante, aveugle comme il y a encore quelques temps, cette hâte, je la retrouve pour notre fille, je rentre pour elle, pour l'accueillir à son retour des cours, pour être présente à ses côtés, pour lui offrir une oreille attentive à ces discussions apparemment anodines sur ses anecdotes d'écoliers où elle se dit sans le savoir.
Cette présence à ses côtés est mon baume actuel. On se partage des anecdotes, on t'évoque maintenant sans que les larmes viennent brouiller mes dires et l'arrêtent dans ton évocation parce que tout comme toi elle est pudique de ses sentiments et n'aime pas que je pleure, défense ou protection...
Ce matin, rendez-vous avec le médecin et l'infirmière du service de santé du travail, et bien je dois dire que je suis scotchée de leur humanité, de leur capacité à m'entendre, je vais reprendre à dose homéopathique la casquette de mon métier. Je suis à la fois heureuse de cette reprise et pleine d'appréhension mais, c'est ma décision.
Aujourd'hui, jour gris sur la ville, crachin pas coutumier de la région, sentiment d'être ailleurs.
La cuisine fleure bon l'ail, notre fille rentre de l'école, nous aurons un petit moment ensemble autour d'un délicieux repas et chacune vaquera à ses occupations.
Voilà, mon coeur, tu vois, je suis debout...