Auteur Sujet: je suis une femme en deuil "tout simplement"  (Lu 108592 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

Hors ligne piera

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 170
  • Le forum d'entraide durant un deuil
je suis une femme en deuil "tout simplement"
« le: 13 décembre 2015 à 19:06:59 »
Chers compagnons de route, je reviens vers vous après ces mois de silence et de retraite du forum mais non de présence silencieuse à vos côtés dans  vos souffrances et vos interrogations. voilà je vous livre mon cheminement parce que je pense que les échanges nous portent un peu dans notre déroute.
Est-ce que le deuil passe ? Question récurrente.
Que veut dire le deuil passe ?
Cela voudrait-il dire que le deuil passe ? Qu'un jour cette douleur qui taraude, qui sourd en nous, s'arrête un jour ?
Et quand on vous pose cette question de manière affirmative à moins de 6 mois de votre séisme, alors c'est passé ?
Cela voudrait-il dire qu'il y aurait un temps pour le deuil ? Un temps déterminé ? Un temps social défini, communément accordé , consenti? Un temps politiquement correct du deuil ?
Pourquoi cet écran d'incommunicabilité avec les autres ?
Les « autres » parlent du deuil comme on parle souvent de tout, avec des  présupposés, des a priori, des certitudes qui  rendent sourds, étanches au vécu de l'autre. On a lu, entendu des histoires de deuil, on a soi-même vécu des deuils alors on croit savoir de quoi on parle. Mais là, je parle du deuil sismique, du deuil qui fend, du deuil qui tue, du deuil qui fait tabula rasa de notre vie, de notre moi.
Du deuil qui remet TOUT en question et bien je pense aujourd'hui que seuls ceux qui ont vécu ce séisme-là peuvent accéder à  cette compréhension du deuil. Compréhension veut dire prendre avec soi et c'est bien ce que nous faisons, prendre avec nous et parfois par devers nous cette douleur de la mort de l'aimé, cette douleur de notre vie sans lui.
Le deuil moi me traverse, me transperce, me dépouille de toute ma construction avec l'autre, de toute une partition de la vie qui se jouait à deux et qui désormais se joue seul et ainsi détonne. Chaque note se rejoue à moi, désormais dans une mélodie bancale  et discordante. Parfois concentrée dans mes tâches, impliquée dans une activité, la mélodie me traverse dans toute son harmonie, sa puissance et sa beauté me donnant ainsi l'illusion, un instant, de ma vie antérieure et tout à coup une note discordante s'impose, électrique pour me tirer de ce mirage et me donner en pâture au marasme de ma vie sans l'autre.

Mais comment prendre avec soi cette douleur quand précisément le deuil est un état dont vous êtes tout à la fois sujet et objet  livré en pâture à cet absurde désormais tangible, nouveau compagnon de vos jours ? Quand précisément ce deuil vous dépossède de votre moi construit, savamment, avec cet autre qui désormais n'est plus là pour l'harmoniser, le valoriser, le faire advenir et lui donner sa raison d'être. C'est un compagnon exigeant qui ne manque pas de se rappeler à vous dans chaque geste apparemment anodin de votre quotidien. Du réveil au coucher, il vous harcèle, vous perce à jour dans vos efforts, dans vos vaines tentatives pour essayer de faire avec. Il vous réfléchit votre image vacillante, chancelante de pantin désarticulé qui se meut alors que le moteur intérieur est mort dans cette mort-là.
La mort de Pierre a rendu toutes mes certitudes mouvantes et inopérantes. Toutes ces certitudes qui reposaient sur une vie faite de sens dans tous les sens du terme. Il était un de mes points d'ancrage, mon attache la plus tendre et la plus solide avec la vie. Je vivais au travers de son regard. Oui, son regard m'insufflait ma raison d'être au monde. Ses bras me protégeaient de l'absurde. Son corps était mon refuge et sa pensée une douce évasion.
Les amarres sont larguées et je tangue tel un bateau ivre sans gouvernail aucun et dont le pilote automatique ignore le cap. Je suis essorée par cette tempête intérieure qui ne ménage aucun effort pour me faire sombrer. Elle me laisse pantoise, exsangue sur des rivages dont je ne reconnais plus ni le paysage ni les règles et les codes. Ils ont volé en éclat et chaque éclat me blesse immanquablement, irrémédiablement chaque jour, un peu plus. Je suis vulnérablement nue, offerte en pâture à l'absurde de ma vie. Je suis écartelée entre des souvenirs qui se bousculent, souvenirs doux d'une vie amoureuse délicieuse faite de tendresse et de sensualité, souvenirs ravageurs aujourd'hui devant l'absence de ces échanges et la force de ce désir qui n'est pas mort à sa mort. Dialogue, discussion qui se poursuivent dans le silence et dont l'écho me rapporte l'absence et le vide.
Le deuil c'est ça aussi, savoir accueillir cette détresse-là qui vous neutralise telle une tempête intérieure mais aussi ces accalmies où la vie reprend son cours dans cette nouvelle partition d'une  vie désormais seul mais où l'écho de l'autre trouve écho en nous parce que sa mort n'a pas tari cet amour qui n'est pas mort à sa mort et qui peut encore se vivre dans un dialogue silencieux et dans une écoute et une réception attentives. Je suis désormais seul réceptacle de cet amour vivant encore après sa mort et je sens  que sa présence se fait jour dans des nuances insoupçonnées et qui m'apportent un peu de baume en constatant que je peux tricoter l'absence à la présence par la force du lien qui demeure, au-delà de la mort biologique.
Et dans ces moments de retrouvailles avec la vie, je sens que la présence de mon homme m'habite toujours un peu plus chaque jour, subtilement, profondément comme s'il trouvait en moi une terre d'asile où peut résider encore notre amour.
Mon homme est mort et je le porte, triste et magnifique trophée de notre amour, dans un amour encore à devenir.
Voilà, je suis une femme en deuil, tout « simplement », et je n'accepte aucun autre qualificatif à mon état parce que précisément le deuil est loin d'être simple et se caractérise justement par cette altération de notre « être » au monde et de notre moi propre. Aussi, j'aimerai tout simplement qu'on entende et qu'on reconnaisse cet état qui ne se laisse  réduire à aucun autre qualificatif ou analogie facile dans l'illusion  ou de le comprendre ou de le circonscrire.
Je vous embrasse tous tendrement.


 


Hors ligne Eva Luna

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3265
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #1 le: 13 décembre 2015 à 20:23:22 »
Je suis en deuil , en deuil d'enfant tout simplement ...autre deuil donc..mais une grande part de ce que tu écris me parle férocement de ce deuil...
"là, je parle du deuil sismique, du deuil qui fend, du deuil qui tue, du deuil qui fait tabula rasa de notre vie, de notre moi. "
I l y a tant de points semblables dans ces deuils d'un essentiel à nos vies...qu'il soit fils ou époux...

fleurdecoton

  • Invité
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #2 le: 13 décembre 2015 à 20:34:43 »
@pierra

Avouer cette vérité " suis en deuil" ... "Un deuil sismique"......."Un deuil qui fend" ..... "La perte du moi" ....  "Je suis en deuil ".... Non ce n'est pas une maladie , non cela ne se traite pas par des pilules , il ne s'inscrit pas non plus dans un temps précis ..... Je suis en deuil ....... Ton récit me parle  énormément....

Quelle vérité ... Merci

Hors ligne souci

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 2728
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #3 le: 13 décembre 2015 à 21:01:58 »

   " L'écriture a ceci de mystérieux qu'elle parle" , dixit Paul Valéry.

    L'écriture parle, elle chante, parfois, aussi ...

    Elle chante la voix des larmes et des rires, la voix des songes et des visages ...

    Elle dit et souplement elle danse, aussi, autour des mots autour du sens et ...

    Elle flotte comme une flamme, elle dit sans toujours dire, elle se tait sans arrêter le fil du silence ...

    Calligraphie modeste et têtue, dépôt des armes ... à jamais.

    JE SUIS UNE FEMME EN DEUIL.

Hors ligne piera

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 170
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #4 le: 13 décembre 2015 à 23:23:25 »
Oui Eva Luna, Fleurdecoton, Souci, nous vivons des deuils qui nous ont désormais basculés dans une autre dimension de la vie; compagnon de vie, enfant, neveu, ils nous font toucher du doigt cet invisible, cet innommable  qui ne se laisse pas définir mais qui se vit seulement et nous transforme à tout jamais.
Je suis devenue étanche face à certains aléas de la vie qui pouvaient m'atteindre avant. Je fais dorénavant le tri sans état d'âme entre le superflu et l'essentiel. Je ne m'encombre plus de faux problèmes ni de relations bancales. Cela avait déjà commencé avec l'annonce de la maladie.
Mais maintenant, je me sens étonnamment, paradoxalement plus forte, je n'ai plus peur. Je ne tremble plus à l'idée de demain, à l'idée d'une nouvelle souffrance que lui distillerait sa maladie, d'une nouvelle torture morale que lui infligera son épreuve. Je ne tremble plus de le voir seul devant sa mort inéluctable. Je ne tremble plus de mon impuissance à le protéger et à partager cette épreuve qui ne peut se vivre que seul. Je ne tremble plus devant ma vie sans lui. J'y suis.
La maladie est morte à sa mort, et sa mort me restitue  Pierre. Je peux enfin le penser sereinement même si c'est dans l'immense frustration de son absence. Je peux ressentir enfin sa douce présence, son regard indulgent et tendre qui me soutient et me réconforte.
Je n'ai pas peur de la solitude, d'ailleurs je ne me sens pas seule, aussi étonnant que cela puisse paraître. Et je suis devenue intraitable aussi sur tout ce qui concerne le deuil.
Je poursuis mon chemin de vie fidèle à nos valeurs. Je soigne ma fille, je l'éduque, je l'entoure, la gâte et la tance. Je soigne mes amis intimes orphelins d'un ami précieux. C'est une manière pour moi de le faire vivre encore.
Je vous embrasse tendrement.

Hors ligne agapimou

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 147
  • " Le souvenir du bonheur, c'est encore du bonheur"
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #5 le: 14 décembre 2015 à 11:04:47 »
Chère Piera,
Merci pour ce magnifique et si émouvant témoignage d'amour, si fort, si vibrant!
Je ressens tout ce que tu dis, écris, ressens,...
Merci Piera, et à bientôt sur ce forum!

Belle et douce journée à toi,
Agapimou

Hors ligne milou

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 206
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #6 le: 14 décembre 2015 à 12:12:57 »
Chère Piera,

Tes messages sont d'une grande acuité et d'une force qui me touchent profondément.

Je ne tremble plus devant ma vie sans lui. J'y suis. . Cette phrase me bouleverse depuis que je j'ai lue. Elle décrit si bien  ce que je ressens confusément.

Puis me permettre une question ? Que veux tu dire quand tu écris  :
 Et je suis devenue intraitable aussi sur tout ce qui concerne le deuil.
Je sens quelque chose de primordial dans cette phrase sans arriver à bien le saisir.
Si tu as un peu de temps, je serais très heureuse de te lire.

Infiniment merci, ainsi qu'à toutes celles et ceux qui apportent tant d'amour sur ce forum.

Milou


nina68

  • Invité
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #7 le: 14 décembre 2015 à 14:56:44 »
Piera, je suis nouvelle sur ce forum mais je me retrouve dans ce que tu dis. Moi aussi je plus forte en quelque sorte, car je n'appréhende plus les souffrances que sa maladie lui a faite endurer,  depuis sa mort j'essaie de penser à lui à ce que qu'il était avant sa maladie (qui nous a  pris tant de choses).
J'ai pleuré en te lisant mais cela m'a fait du bien

Hors ligne piera

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 170
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #8 le: 20 décembre 2015 à 10:26:18 »
Voilà, chère Milou, ma réponse tardive à ta question.
Je suis intraitable sur ce qui concerne le deuil.
Oui, je dois admettre ce constat.
Si je retiens une leçon de notre épreuve, c'est bien d'avoir appris à m'écouter, prendre le temps de m'entendre, et de me faire confiance. Pierre m'a laissé un bien, sacrément précieux, merci mon amour. Tu as su ne jamais te laisser prendre par la frénésie médicale, ni entrer en matière pour des thérapies qui ne te convainquaient pas, t'écouter d'abord, et faire le tri pour préserver l'essentiel. Quelle sagesse, mon homme ! 
J'essaie de poursuivre sur cette voie parce qu'elle est sage et me correspond maintenant, je l'ai faite mienne. Est-ce cela l'héritage de nos défunts ? J'aime à le croire, j'intègre mon homme, je le fais moi.
Je me suis écoutée en interrompant mon travail alors qu'on me l'offrait comme dérivatif.
J'ai refusé d'entendre mon médecin qui me proposait une reprise en novembre pour m'éloigner de mon deuil.
J'ai refusé des invitations qui me coûtaient et accepté celles qui me faisaient du bien.
J'ai écarté les gens toxiques et choyé les amis.
Je vis au rythme de ma nouvelle vie.
J'ai besoin de longs moments de solitude pour apprivoiser son absence et je les défends bec et ongles. J'ai besoin de prendre pleinement la mesure de son absence. D'ailleurs, je me refuse même à faire des escapades qui me blessent plus qu'elles ne m'apportent.
Au comment ça va ? Je m'autorise à répondre, invariablement, précisément que je ne réponds plus à la question parce que je ne peux pas y répondre. Mon état est tellement fluctuant.
Le traditionnel sapin de Noël ne trône pas dans notre salon, c'était Pierre qui s'en occupait avec notre fille. Ils le choisissaient et le décoraient ensemble. Alors, j'en ai confectionné un avec des bouts de bois glanés sur la terrasse  histoire de faire dans la continuité mais dans le changement pour le marquer, l'inscrire.
J'ai fait le tour des psy, avec des demandes bien précises et je me retrouve au point de départ. Ils ont eu, pour la plupart, la fâcheuse erreur de me dire qu'il n'y avait pas besoin d'être « spécialiste » du deuil pour ma thérapie. Et cela n'a pas manqué, on me parle dépression ce que je n'admets pas. Une m'a dit que je ne voulais pas lâcher mon homme ! Facile, trop simpliste à mon goût ! Quel topos !
Voilà le deuil est résumé,  circonscrit chez les psy (enfin les incompétents que j'ai vus), dépression  !
Alors, oui, je suis intraitable, je n'accepte pas ces lieux communs, faciles et rassurants pour les autres.
Une autre chose à laquelle je développe une allergie, ce sont les soi-disant phases du deuil.
Elles disent tout et  rien en même temps, et surtout brouillent les pistes. Le deuil pour moi est un continuel va-et-vient. Des jours, je me sens d'une énergie débordante, la vie me semble possible et ne me coûte pas d'efforts, et des jours, je sens une chape de plomb sur moi et tout m'insupporte, me semble insipide, vain, vide, et j'invoque mon homme, je l'appelle, je le hèle désespérément.
Le deuil est une chose bien plus subtile qui ne se laisse pas enfermer dans des carcans rassurants.
Il mobilise tellement de choses. La mort nous confronte à l'impossible. Cette fluctuation m'épuise et en même temps, je dois reconnaître que quelque chose se passe, évolue, c'est encore très ténu mais je sens dans ces jours où je vais bien que c'est parce que je sens, que au-delà de sa mort,  mon homme est là, je sens son regard bienveillant sur moi comme pour me soutenir dans mes efforts de vie. Et je veux croire qu'il sera toujours là et que rien n'y personne ne pourra me ravir cette douce présence, au-delà de la mort.
Je lis dans tous vos témoignages, toute cette souffrance pour essayer de tricoter avec l'impossible, tous ces questionnements, ces désespoirs mais dans chacun j'y lis un tel amour, une telle recherche de vrai, aussi bien dans la colère, la rage et la douceur, j'y vois, là, la vraie humanité. Merci à vous tous.
Je vous embrasse tous tendrement.







Hors ligne Eva Luna

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3265
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #9 le: 20 décembre 2015 à 15:27:47 »
merci de cet éclairage puissant...

Hors ligne milou

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 206
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #10 le: 20 décembre 2015 à 20:29:22 »
Chère Piera,

Infiniment merci pour ta réponse.  Elle est d'une grande intensité et d'une grande vérité.

C'est tout à fait ce que je ressens, avec bien sûr les nuances propres à ma vie, à ce qu'était notre couple, notre histoire.

Oui, nous sommes en deuil. Des êtres humains confrontés  à la mort. Tout simplement. Il n'y a pas de travail à faire, d'étapes à franchir.

Et nous avons le droit des continuer à décider ce qui est bon pour nous, avec nos moyens, dans le chaos de nos émotions. 

Je t'embrasse.
Milou


fleurdecoton

  • Invité
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #11 le: 20 décembre 2015 à 22:29:20 »
@ Pierra

"La mort nous confronte à l'impossible ": je retiens cette phrase qui sonne en moi ... J'ai mis du temps depuis le 9 janvier 2013 à " accepter cette mort" et il arrive encore parfois à être arrachée de mon sommeil pour entendre " mais elle est morte"?!!!!!

J'ai pour impression que la mort nous explique bien des choses que tous les psy de la terre ont du mal à comprendre .... La mort au début c'est l'arrachement violent d'une partie de notre être ... Le psy ne peut qu'accompagner cette douleur ... Comme une infirmière qui change le pansement d'une plaie .... C'est tout ....mais c'est nous qui ressentons, vivons cette amputation .... Mais la mort aussi subtile qu'elle en est, transforme petit à petit cet arrachement en un autre lien comme si cette amputation se comblait de ce lien qui nous unissait à l'autre .......
Étrange un deuil .... Un deuil de quoi d'ailleurs ? Je me la pose la question .. Je fais le deuil de ce qui vit encore en moi ? Non c'est impossible ..., et c'est là que la mort nous confronte à l'impossible .... Nous ne pouvons faire le deuil d'un amour exceptionnel , il nous accompagnera jusqu'à la fin

Merci d'être sincère , et authentique

A bientôt
« Modifié: 21 décembre 2015 à 00:40:57 par fleurdecoton »

Hors ligne alberte

  • Membre Junior
  • **
  • Messages: 99
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #12 le: 21 décembre 2015 à 21:11:03 »
Bonsoir à tout le monde,
Votre récit me parle, je m'y retrouve. Mon époux, mon tendre amour, est "parti" il y a 4 ans et 3 mois et pour moi c'est hier.
Une personne m'a dit je vous vois toujours triste vous ne souriez pratiquement jamais, quel est votre problème ?
J'ai répondu, oui je suis triste, j'ai perdu mon mari.
Ah bon il y a longtemps ? Non ai je répondu, il y a 4 ans et trois mois le 13 décembre.
Réponse : mais c'est vieux ça, il faut oublier un peu !!
Je n'ai rien dit, je me suis tournée et je suis partie.
Voilà comment beaucoup de personnes réagissent envers les personnes endeuillées.
Je vous embrasse très fort.
Alberte

Gwenn8001

  • Invité
Re : Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #13 le: 30 décembre 2015 à 05:18:34 »

""...d'ailleurs je ne me sens pas seule, aussi étonnant que cela puisse paraître. Et je suis devenue intraitable aussi sur tout ce qui concerne le deuil...."
Je poursuis mon chemin de vie fidèle à nos valeurs. Je soigne ma fille, je l'éduque, je l'entoure, la gâte et la tance. Je soigne mes amis intimes orphelins d'un ami précieux. C'est une manière pour moi de le faire vivre encore.
[/quote]
MErci Piera, je suis complètement d'accord avec vous, mais moi je me sens seule vis a vis les autres ...je suis seule avec une fille de deux ans et une bebe de 3 mois...j'ai peur de n'est pas être forte,  de ne pas pouvoir leur protéger, je me sens vulnerable... maintenant, même si je sens sa présence en moi, cela ne me suffit pas, je besoin de lui ici, physiquement... comme avant
Et pour les phases de deuil!...je suis entièrement d'accord avec vous, merci, merci, de votre récit... je ressens les mêmes sensations... Merci de partager

Hors ligne piera

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 170
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : je suis une femme en deuil "tout simplement"
« Réponse #14 le: 30 décembre 2015 à 11:50:06 »
Chère Gwenn,
Je pensais souvent à toi, à toi enceinte, à toi donnant la vie alors que ton amour n'est plus et que tu as tant besoin de sa présence auprès de toi pour accueillir ce nouvel être.
J'aimerais lui souhaiter la bienvenue à ce petit bout, fruit de votre amour.
Je me sentais aussi très vulnérable aux premiers mois de vie de ma fille, parce que je me sentais pleinement responsable de cette vie que j'avais décidée pour elle.
Ta vulnérabilité est double pour toi. Tu as des enfants qui sont complètement dépendants de toi, je comprends, s'ajoute la fatigue des nuits discontinues, du rythme perturbé. La fatigue ajoute à la douleur parce qu'on est diminué.
As-tu des gens auprès de toi qui peuvent t'aider, te soulager un peu ?
Je pense très fort à toi et t'embrasse tendrement.