Au-delà du fait que la tristesse est immense, le manque une torture, je dois reconnaître qu'il y a de plus en plus de moments où plutôt que les moments où cette douleur n'entrave pas toute action, soit physique, soit de pensée, sont de plus en plus longs.
Je reconnais aussi que, parfois, je dois m'auto-déterminée à me laisser aller au bien . C'est là un des points de l'impossible du deuil, comment précisément être bien alors que l'être auquel on tenait le plus au monde n'est plus ?
Jusque là, j'étais dans le comment être tout simplement ? maintenant, je passe au comment être bien ? Pas facile, parce que l'humeur fluctue, je suis bien, absorbée dans une activité et tout à coup, une pensée, un air musical me rappelle l'absence et là, je m'effondre, je sombre dans mon gouffre.
Je m'interroge aussi sur le droit à être bien malgré l'absent.
Est-ce renoncer au lien, que de choisir de vivre, et vivre ne veut pas dire survivre seulement pour moi. aujourd'hui ?
Ai-je le droit d'aller et d'être bien ?
Arriverai-je à m' autoriser à l'être, à aspirer à une vie pleine dans tous les sens du terme, remplie de mes aspirations, de mes passions alors que Pierre n'est plus ?
Et comment faire pour aller bien alors que jusque là tout se construisait à deux ?
Il faut désormais se penser seul, se projeter seul, et c'est une grande difficulté, parfois elle semble même insurmontable parce que cette solitude ne découle pas d'un choix. J'ai le sentiment qu'on m'a arraché mon homme. Oui, la mort est violence parce qu'elle impose à jamais pour toujours cette insupportable absence!
Je l'avais élu amour de mes jours et de mes nuits, on avait enfin trouvé un équilibre harmonieux, doux, bon, joyeux. Ma vie avait et prenait tout son sens, précisément, dans cet amour-là.
Comment retrouver le sens ?
Pierre est mort mais l'amour lui n'est pas mort à sa mort, je le sais et je le sens aujourd'hui.
Je me sens encore portée par cet amour et je le sens encore tellement présent dans notre vie.
J'ai lu les messages de Federico et de Fleurdecoton à propos du lien avec nos chers morts.
Et ces messages résonnent très fort aujourd'hui.
Se libérer de la peur de la perte du lien, c'est peut-être cela le sens que je croyais perdu et c'est à ça que je veux m'attacher aujourd'hui.
J'ai envie de croire que ce sera précisément grâce à ce lien et malgré la douleur de son absence, que je parviendrai à être, à être bien aussi et vivre ma vie avec mon Pierre, désormais, à jamais en moi, comme intégré dans toutes mes actions et décisions en harmonie et en lien avec cet amour exceptionnel et inconditionnel. La route va être longue, je le sais mais c'est vers ça que je veux tendre aujourd'hui.
Je vous embrasse tendrement.